Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA RÉCONCILIATION DU MONDE PAR CHRIST

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Texte:

Dieu a réconcilié le monde avec soi-même par Christ. 2. Corinth. V, 19.

Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même... (V. S)

Il semblerait impossible, si l’on oubliait un moment les ténèbres naturelles de l’homme, que le pécheur put entendre sans un tressaillement de joie, ces paroles qui retracent toutes les merveilles de notre réconciliation avec Dieu par le ministère de notre adorable Rédempteur.

- L’enfer vaincu,

- l’aiguillon de la mort brisé,

- nos péchés expiés par une rançon ineffable,

- les portes des cieux rouvertes à la foi,

- un bonheur au dessus de toutes les conceptions humaines assuré aux âmes fidèles!

Et tout cela par les prodiges d’une miséricorde qui ne peut avoir de nom ici bas: voilà ce que renferment le peu de mots que nous vous avons lus.

Oh! comme en les entendant, tous les cœurs devraient être saisis d’admiration, de reconnaissance, et d’une joie supérieure à toutes les joies terrestres!

Mais hélas! plusieurs d’entre nous, un grand nombre peut-être, n’ont rien éprouvé de semblable.

Et parmi les âmes mieux disposées, laquelle a répondu par une gratitude assez profonde à l’immensité d’un tel bienfait?

Mon désir, ô mon Dieu, ah! mon désir ardent serait de sentir un peu moins imparfaitement tes gratuités suprêmes, et, s’il était possible, de les faire sentir également à mes frères.

C’est dans ce but que je viens les méditer à cette heure en ton auguste présence. Non que j’aie la présomption de croire, que par moi-même je puisse ni les connaître, ni en parler ainsi que je le dois.

C’est ton Esprit de lumière qui peut SEUL m’éclairer véritablement et sur l’étendue de nos misères et sur celle de tes miséricordes.

C’est ton Esprit de grâce qui, touchant avant tout mon cœur, peut SEUL me suggérer des paroles qui aillent au cœur de mes frères.

Je sollicite ces puissants secours de ta bonté infinie! Je les implore au nom de celui par qui nous pouvons tout espérer de toi, au nom de Jésus-Christ notre adorable Sauveur. Amen!


* * *


I. En créant l'homme, le Seigneur avait eu sur lui des vues admirables.

Il l’avait formé pour qu’il goûtât le bonheur le plus pur.

Il avait voulu que ce bonheur arrivât à lui par mille canaux divers.

Pour cela, il avait enrichi son corps d’organes merveilleux, destinés à lui rendre propres toutes les beautés de la création, à l’en faire jouir. Il avait doué son âme de facultés mille fois plus excellentes encore, que je peindrai d'un mot en rappelant, qu’il l’avait CRÉÉE À SA PROPRE IMAGE.

Il avait déposé dans son cœur le germe des sentiments les plus délicieux.

Après avoir placé cet être fortuné dans un paradis terrestre, où tout était enchantement pour ses sens, admiration pour son âme, attendrissement pour son cœur, il lui avait destiné un autre paradis où l’attendaient des délices bien autrement ravissantes.

Pour conserver la haute félicité qui lui avait été départie, l’homme n’avait qu’à demeurer invariablement uni à Celui de qui il tenait toutes ses facultés, et qui seul pouvait en diriger convenablement l’emploi, à Celui qui est la source unique de toutes les joies dignes de ce nom, et qui seul pouvait les faire arriver à son cœur, toujours nouvelles abondantes et pures.

- Mais hélas! c’est à lui-même qu’il voulut devoir son bonheur;

- c’est par ses propres lumières qu’il voulut se conduire;

- il ne rougit pas de se révolter contre les commandements du Seigneur.


La chaîne d’obéissance et d’amour qui l’unissait à son Père céleste,

une fois rompue,

tout fut perdu pour lui!


Je ne dirai pas ici dans quel abîme de misères l’entraîna aussitôt sa rébellion contre l’Éternel.

Mais je rappellerai avec quel aveuglement ses descendants, tristes héritiers de sa chute, ont enchéri, si possible encore, sur sa première transgression. Corrompus par les penchants funestes qui naissent et grandissent avec eux, par leur volonté dépravée qu'avant tout ils sont jaloux de suivre, par les tristes exemples qu’ils se donnent les uns aux autres, ILS N’ONT CESSÉ D’ÉLARGIR LA BARRIÈRE QUI LES SÉPARAIT DE LEUR DIEU, et de se rendre tous indignes de sa communion bienheureuse.

Pour justifier ce que j’avance, je n’irai pas fouiller dans la conduite de ces hommes, qui ont atteint les derniers degrés de la dépravation; qui semblent ne connaître leur Dieu que pour élever leur voix impie contre ses décrets adorables; ou qui se jouent avec la plus froide insensibilité, de l’honneur, de la fortune, quelquefois même de la vie de leurs frères; ou qui se plongent dans des voluptés tellement infâmes, que les voûtes de ce temple ne pourraient en supporter le récit.

Non: ne vous reconnaissant pas à ces traits, vous vous croiriez peut-être exempts, pour votre part, de la condamnation qui pèse sur l’infortunée postérité d’Adam.

- Ce sera en portant vos regards sur les habitudes des hommes jugés par le monde les plus dignes d’estime, que je trouverai le motif de cette juste sentence: la mort est venue sur tous les hommes, parce que tous, tous sans exception, sont sous l’empire du péché.

Pour que nous pussions croire que nous avons échappé à cet empire funeste, et que nous sommes restés fidèles à notre destination, il faudrait d’abord que le premier sentiment de notre cœur fût naturellement un amour dominant pour le Dieu à qui nous devons tout; que, comme un enfant bien né se sent entraîné par un attrait irrésistible vers les auteurs de ses jours, de même et plus puissamment encore, nous nous sentissions entraînés par nos plus vives affections vers le meilleur, le plus tendre, le plus généreux des Pères, vers Celui qui ne cesse à chaque instant de nous combler de nouvelles faveurs.

Mais j’en appelle à votre témoignage, nos cœurs se portent-ils avec ce doux entraînement vers notre éternel Bienfaiteur?

- Sa pensée est-elle celle qui s’offre à nous de préférence, celle qui nous émeut de la plus douce joie?

- Ses grâces non interrompues éveillent-elles en nous une continuelle reconnaissance?

Hélas! je rougis d’en faire l’aveu: il y a dans notre cœur rebelle comme une opposition naturelle à nous élever à Celui que nous devrions chérir par dessus tout; ce n’est qu’avec effort que nous songeons à lui, et combien rarement! et avec quelle déplorable langueur!

(Il est peut-être nécessaire d’avertir, que dans ce qui suit, comme partout où il est question de la corruption naturelle de l’homme, cette expression, nous n’est qu’une manière commode et concise de désigner l’humanité prise collectivement, l’homme tel qu’il est lorsque la grâce de Dieu ne l’a pas encore régénéré.

L’homme converti retrouve sans doute en lui, les restes de toutes ces souillures dont il était jadis l’esclave; mais il les sent et il en gémit; il les combat, et souvent aussi il en triomphe par la puissance de l’Esprit de Dieu qui agit en lui.

Il déplore aussi chaque jour, combien il est lent à aimer Dieu et son prochain; mais il y a pourtant en lui, à un certain degré, tous ces sentiments auxquels il était étranger, lorsqu'il était encore mort dans ses fautes et dans ses péchés. Note de L’ÉDITEUR.)

Ses bienfaits? Nous les recevons presque tous sans regarder à sa main qui nous les dispense, sans lui en rendre la moindre action de grâces!

Ah! vous ne direz pas, j’espère, que L’INGRATITUDE n’est pas UN VICE ASSEZ ODIEUX: songez seulement à l’impression qu’elle produit sur vous, quand c’est vous-mêmes qui en êtes les objets: et jugez de quelle manière le Seigneur doit envisager notre conduite à son égard.

Lorsque nous nous trouvons avec une personne que nous chérissons, comme notre âme se sent à l’aise! comme nous sommes tout entiers, sans réserve, au charme de nos mutuels épanchements!

Mais venons-nous à penser à Dieu, à entendre parler de lui? s'agit-il de nous unir à lui par la prière ou de méditer sa Parole, aussitôt mille pensées étrangères, mille distractions diverses nous assaillent; il semble que tout commerce avec ce grand Être soit pour nous une tâche pesante dont il nous tarde d'être délivrés.

Et cependant c'est auprès de lui que se trouvent les plus délicieuses des joies.

Si nous savions encore les goûter, nous connaîtrions qu'elles seules peuvent rassasier pleinement notre âme. Voyez à quel point nous sommes déchus!

II n'est qu'une volonté parfaite, celle du Seigneur.

Elle devrait diriger notre vie dans tous ses détails; car il n'est aucune des facultés que nous possédons, que nous nous soyons donnée à nous-mêmes et que nous ne tenions de sa main libérale, aucune par conséquent dont il ne soit en droit de régler constamment l'emploi.

Cette volonté devrait d’autant plus captiver nos cœurs, qu'elle n’a pour but, nous le savons, que de nous acheminer au plus haut degré de bonheur que nous puissions atteindre.

Eh! bien, est-ce cette volonté que nous aimons à suivre?

Non, c'est la nôtre que nous lui préférons sans cesse; la nôtre, toute opposée qu'elle soit à celle de l’Arbitre suprême de nos destinées.

Étudiez les divers motifs qui nous font agir:

- tantôt c’est une aveugle complaisance pour nos penchants, quelque irréguliers qu’ils puissent être;

- tantôt l’espérance d’attirer sur nous les regards des hommes et de surprendre quelques suffrages;

- jamais, ou presque jamais, la pensée de plaire à l’Être auguste de qui nous dépendons.

Pouvions-nous porter plus loin l’oubli de notre destination véritable, des fins que le Seigneur s’était proposées en nous appelant à l’existence?

Je ne finirais pas si je continuais cet examen aussi loin qu’il devrait s’étendre.

Mais je m’arrête; j’en ai bien assez dit pour montrer sous combien de rapports NOUS AVONS ROMPU LES LIENS D’OBÉISSANCE ET D’AMOUR qui devaient nous tenir inviolablement unis à notre Créateur, à notre Bienfaiteur suprême.


Je n’ajouterai plus qu’une question:

Si nous voulions considérer de près notre vie, lequel de nous, je vous le demande, pourrait faire le compte:

- de tous les mouvements d’aigreur, d’irritation, de jalousie, qui ont agité son âme;

- de tous les ressentiments plus ou moins graves qu’il a nourris;

- de tous ses jugements téméraires;

- de toutes ses médisances;

- de tous les sentiments d’orgueil qui l’ont égaré;

- de toutes ses fautes de sensualité ou de mollesse;

- de tous les abus qu’il a faits des talents qu’il avait reçus;

- de tous les oublis où il a laissé tomber les bonnes résolutions qu’il avait prises;

- de toutes les résistances qu’il a opposées à l’Esprit de grâce et aux saintes inspirations que cet Esprit voulait exciter en lui?

À tous ces égards, à tant d’autres encore, de quelle foule de transgressions ne nous trouvons-nous pas chargés!


Songez que CES TRANSGRESSIONS SE RENOUVELLENT CHACUN DES JOURS DE NOTRE VIE, qu’un grand nombre d’entre elles échappent à notre attention, tant notre légèreté est grande; mais qu’aucune n’échappe à Celui dont les yeux sont continuellement ouverts sur nos voies.

Songez encore qu’elles se présentent à ses regards toutes différentes de ce qu’elles s’offrent aux nôtres. Notre corruption d’un côté, la lâche complaisance que nous avons pour nous-mêmes de l’autre, nous voilent ce qu’elles ont de plus odieux.

Mais l’Être tout saint les découvre telles qu’elles sont, dans toute leur gravité. Il a pour le mal et pour l’apparence même du mal une haine invincible. Jugez dès lors, comment il considère et comment il doit punir des êtres couverts de souillures, qui ne se lassent pas d’ajouter à leurs fautes passées de nouvelles fautes.

Il est vrai que ses gratuités sont immenses; mais quelle que soit l’étendue de ses compassions:


SA JUSTICE, QUI EST INFINIE TOUT AUSSI BIEN QUE SA MISÉRICORDE,

exige impérieusement que toutes nos fautes reçoivent une punition exemplaire.


Que diriez-vous d’un roi de la terre, qui, après avoir promulgué les lois les plus sages, permettrait qu’elles fussent violées impunément les unes après les autres?

Quelle idée vous formeriez-vous de lui?

Et vous croiriez que le Monarque des cieux et de la terre, Celui dont la grandeur surpasse toutes nos pensées, souffrirait seul qu’on se jouât de ses volontés toutes saintes!

Et vous ne sentiriez pas qu’il se doit à lui-même que toute infraction à ses ordonnances soit suivie d’un châtiment proportionné,

- soit à sa majesté si grièvement offensée,

- soit à l’excellence de ses lois si indignement violées,

- soit à l’ingratitude des êtres qui ne rougissent pas de se révolter contre ses commandements, dans le temps même où ils sont comblés de ses grâces!

Mais de plus, si un oubli sans rançon fût venu effacer nos fautes, l’ordre moral de l’Univers aurait reçu la plus déplorable atteinte; le péché aurait cessé de paraître à nos yeux tel qu’il est en effet, ce qu’il y a au monde de plus odieux; on n’aurait plus craint de le commettre.

La sagesse du Tout-puissant exigeait donc nécessairement encore, que nos fautes fussent punies aussi sévèrement qu’elles le méritent.

Ce n'est pas tout.

Savez-vous quelle est la pureté de l’Éternel?

Pouvez-vous vous en faire une juste idée?

Quelque faible que soit l’image que nous pouvons nous en former, nous sentons néanmoins, pour peu que nous voulions y réfléchir, que cette perfection seule s’opposerait absolument à ce que des êtres souillés comme nous, fussent admis à la communion de cet Être adorable.

Assurément tous ceux d’entre nous qui, bien que souillés intérieurement devant Dieu, ont observé les dehors d’une vie décente, éprouveraient une répugnance invincible à contracter d’étroites relations avec l’homme couvert des plus basses souillures du vice. Mais ne voyez-vous pas que la distance qui vous sépare d’un tel homme est comme nulle (Rom. III, 22.) auprès de celle qui existe entre nous et Celui devant qui les esprits bienheureux se voilent de leurs ailes, comme n’étant pas assez purs à ses yeux?

Ainsi sa sainteté ineffable nous repousse de sa présence, comme nous en étant rendus indignes de mille manières.

Nous étions donc perdus, perdus sans ressources!

Ô mon Dieu, qu’ai-je dit? et de quoi ai-je été contraint de faire l’aveu?

Ô mon Père, j’aurais donc été pour toujours éloigné de toi; un abîme immense m’eût séparé de ta communion bienheureuse; jamais je n’eusse été admis à contempler ta face en justice et à être rassasié de ta ressemblance, à puiser près de toi la vérité parfaite qui émane de ton trône, les joies immortelles qui sont à ta droite, le bonheur pur et sans mélange dont tu es l’unique et l’intarissable source!

Non, jamais !... Tous, nous aurions péri, SI dans le sein même de la Divinité n’eût existé Celui auquel il semble impossible de songer sans ravissement,

Celui que tous ses rachetés adorent et bénissent avec des transports de reconnaissance et d’amour, le Verbe éternel du Très-Haut, son Fils.

Ce tendre Ami des hommes, voyant le sort à jamais déplorable que tous se sont préparé, l’abîme de misère où ils sont tombés par leur faute, et NE CONSULTANT QUE SA MISÉRICORDE dont aucun langage humain ne dira jamais l’étendue, N’ÉCOUTANT QU’UN AMOUR DONT NOUS NE POUVONS AVOIR L’IDÉE, parce que c’est l’amour d’un Dieu, c'est-à-dire un amour infini,

- résolut de revêtir notre nature,

- de se mettre à notre place,

- de recevoir tous les châtiments que nous avions mérités,

- d’expier par ses propres souffrances les transgressions de son peuple, toutes ces transgressions jusqu'à la dernière.

Ô dévouement ineffable, qui, de siècle en siècle et dans tous les siècles, fera l'admiration du ciel et l’objet des plus vives louanges des esprits bienheureux!

Vous savez comment il a accompli tout ce que lui avait suggéré sa charité sans bornes;

- comment il est descendu sur la terre, comment il s’est fait malédiction pour nous,

- comment il a acquis par son sang la pleine rédemption de tous ceux qui s’attachent à lui par une foi sincère,

- comment il a fait leur paix avec Dieu par le sang de sa croix.

Vous savez tout ce qu’il a souffert dans ce but: mais que dis-je? non, ce n’est pas à des créatures finies comme nous, à concevoir jamais ici bas, les douleurs infinies dont il s'est chargé pour effacer toutes nos offenses.

Par son merveilleux sacrifice, ce qui semblait inconciliable s’est trouvé concilié.


L’HOMME A PU ÊTRE SAUVÉ

SANS QU’AUCUNE DES PERFECTIONS DE L’ÉTERNEL

REÇÛT LA MOINDRE ATTEINTE.


Sa justice est demeurée inviolable: car le châtiment que le péché a reçu en la personne de l’Homme-Dieu a été mille fois plus éclatant que n’auraient pu l’être tous les châtiments supportés par les hommes pécheurs.

La sagesse du Très-Haut, qui s’occupe avant tout à conserver l’ordre moral de l’univers, a vu cet effet produit d’une manière admirable; car jamais le péché ne s’est offert sous des rapports aussi odieux, que depuis qu’il a fallu les souffrances même du Christ pour l’expier.

Enfin la sainteté ineffable du Tout-Puissant n'a plus été un obstacle à notre union avec lui; car combien la justice dont Jésus daigne couvrir nos souillures, ses propres mérites qu'il daigne nous imputer, ne sont-ils pas au-dessus de l'innocence même que nous aurions pu conserver!

Ô pécheur repentant! relève maintenant ta tête abattue sous le poids des misères dont tu étais chargé. TU PEUX ENCORE REGARDER LES CIEUX; les voilà qui se sont rouverts pour toi!

Si tu embrasses de toute ton âme PAR LA FOI, le grand moyen de salut qui t'est offert:


une éternité de bonheur peut encore devenir ton partage.



II. Nous venons de vous dire les effets merveilleux de l'amour divin.

À ces témoignages d'une charité sans bornes, ne devrait-on pas s'attendre à voir s’élever de toutes parts des transports de reconnaissance; à voir tous les hommes s'unir dans un même sentiment, offrir au Seigneur leurs vives actions de grâces pour le plus admirable et le plus grand des bienfaits, et n'avoir plus qu'un désir, celui d'en recueillir les fruits?

Ah! sans doute, on devrait s’y attendre. Et cependant, est-ce la conduite de la plupart des hommes?

Chrétiens, ce n'est point à nous a condamner nos frères: Dieu sera leur Juge, il leur demandera compte et des grâces infinies qu'il leur dispensa, et de l'usage qu'ils en auront fait.

- Mais QUE CHACUN SE JUGE SOI-MÊME:

- qu'il considère devant Dieu comment il répond de son côté à la miséricorde du Très-Haut, et au moyen ineffable qu’il a mis en œuvre pour élever à sa communion bienheureuse de pauvres pécheurs tels que nous.

Rentrez donc maintenant en vous-mêmes; ô vous tous qui m’écoutez; sondez vos voies, et demandez-vous en toute sincérité quelles sont vos dispositions véritables?


Celui qui croit au Fils a la vie.

Croyez-vous sincèrement en lui?

Est-ce en lui seul que vous mettez toute votre confiance? et perdus sans lui, avez-vous cru dans votre cœur avec efficace, cette bonne promesse de Dieu: quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé?

Si vous croyez au Fils, votre foi se manifestera par des sentiments et par une vie en harmonie avec vos espérances.

Êtes-vous pénétrés d’amour pour le Dieu souverainement bon, qui, malgré la distance infinie qui vous séparait de lui, et votre indignité, a daigné prendre pitié de vos misères, et vous a aimés jusqu’à envoyer son propre Fils au monde pour vous rappeler à lui?

Êtes-vous pénétrés de reconnaissance pour ce Rédempteur divin, à qui rien n’a coûté pour opérer l’œuvre sainte de notre réconciliation avec son Père; qui, mesurant d’avance TOUTE L'ÉTENDUE DU SACRIFICE AUQUEL IL SERAIT APPELÉ POUR LE SALUT DU MONDE, n’a pas craint de s'y exposer; qui s’est abaissé pour nous jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix; qui a souffert, lui Fils de Dieu! tout ce que nous étions condamnés à souffrir?

En songeant qu’un tel sacrifice a été nécessaire pour que le péché ne fût plus un obstacle à votre introduction dans les tabernacles éternels, avez-vous conçu pour le mal, et pour tout ce qui en a l’apparence, la juste horreur qu’il doit inspirer?

- Avez-vous appris à ne rien craindre autant que les souillures du vice, à les regarder comme le plus grand des malheurs, comme le seul malheur véritable?

- Quand une faute a échappé à votre faiblesse, vous sentez-vous remplis de confusion et de regrets, vous abattez-vous aussitôt au pied du trône de la grâce pour y demander miséricorde?

- Vous relevez-vous en regardant au Chef et au Consommateur de notre foi, à Celui de qui seul vous pouvez recevoir la force nécessaire pour éviter de nouvelles chûtes?

- Le conjurez-vous, avec toute l’ardeur dont vous êtes capables, de déployer en vous sa grâce toute puissante, qui renouvelle votre cœur?

- Lui demeurez-vous inviolablement unis, afin de recevoir habituellement de lui cette vie spirituelle dont il est la source, et qu’il se plaît à communiquer à ceux qui lui appartiennent, et pour arriver enfin par lui à cette vie éternelle et bienheureuse, dont lui seul peut nous mettre en possession?


Mes frères, dois-je répondre? Faut-il le dire?

Plusieurs d’entre vous ne songent pas même à se prévaloir du plus grand, du plus admirable des bienfaits; C’EST LA DERNIÈRE PENSÉE QUI LES OCCUPE.

- EN VAIN le Dieu des cieux et de la terre, du haut de sa gloire infinie, a-t-il été ému de compassion en leur faveur;

- EN VAIN a-t-il sacrifié pour leur rédemption, son Fils, son Image;

- EN VAIN daigne-t-il les appeler aux suprêmes délices dont il est la source:

ils ne veulent point répondre à sa voix de miséricorde; ils n’en demeurent pas moins toujours éloignés de lui; ils continuent à lui préférer les plus misérables intérêts de la terre; ils regrettent souvent jusqu’aux moments si courts où ils lui rendent dans leurs maisons, où ils viennent lui rendre dans son temple de faibles et stériles hommages: que dis-je?

Lui rendent-ils même tous, dans leurs demeures, ces hommages extérieurs?

Plusieurs n’abandonnent-ils pas habituellement nos assemblées saintes, n’y paraissant que de loin en loin, comme par un reste de bienséance humaine?

En vain la Parole de l’Éternel, qui est immuable, dont il ne sera pas changé une lettre, leur déclare-t-elle expressément que nul n’arrivera au Père que par ce Rédempteur divin, qu’il n’y a de salut en aucun autre:

- croient-ils avoir besoin de ce salut?

- Connaissent-ils leur misère?

- Se sentent-ils travaillés par la conscience de leurs fautes?

- Recourent-ils avec empressement à celui qui les appelle pour les délivrer de ce triste fardeau?

- Tombent-ils au pied de sa croix pour y laver les plaies de leur âme?

- Cherchent-ils dans sa force toute puissante, qui leur est incessamment offerte, la force qui, leur est nécessaire pour mourir au péché, pour renaître en nouveauté de vie?


- Ceux d’entre eux dont l’orgueil dirige presque uniquement les actions, apprennent-ils de lui à se parer d’humilité?

- Ceux dont le cœur s’aigrit à la moindre offense, apprennent-ils de lui à pardonner?

- Ceux dont la bouche répand le fiel de la médisance, dociles à sa voix, ménagent-ils davantage la réputation de leurs frères?

- Ceux qui s’abandonnent aux basses convoitises de la chair, se souviennent-ils enfin que leur corps doit être le temple du St. Esprit, et que c’est une chose indigne que de le profaner?

Ou plutôt, les uns et les autres ne s’amassent-ils pas continuellement des trésors de colère pour le jour de la colère?

Quand Dieu leur montre les cieux qui pourraient s’ouvrir pour les recevoir; quand Jésus leur indique la route, arrosée de son sang, qui pourrait les y conduire, ne les voit-on pas demeurer INSENSIBLES à tout ce qu’une charité divine avait projeté d’admirable en leur faveur, et courir obstinément à leur perte?

S’ils persévèrent dans leur aveuglement, qu’ont-ils à attendre?

La mort est là qui, d’un jour à l’autre, peut les surprendre. La mort! ....

- Savent-ils donc ce que c’est que de tomber entre les mains d’un Dieu tout saint, d’un Dieu dont les compassions se trouveront épuisées, qui n’aura plus à pardonner, plus à attendre, qui se verra forcé enfin de punir?

Y ont-ils jamais réfléchi?

Se sont-ils représenté le moment où leur âme, arrachée à ses appuis terrestres, seule avec sa vie passée, citée devant le tribunal de la souveraine Justice, verra disparaître en un instant toutes les illusions qui l’égarèrent ici bas, apprendra à connaître à la fois, tout ce que le péché a de révoltant, à quel point le Tout-puissant l’abhorre, et quels terribles châtiments il lui prépare?

Le sort qui les menace, glace mon âme d’épouvante.

Je voudrais me persuader qu’il ne peut devenir le partage d’aucun de ceux qui m’écoutent.

Je le voudrais; mais puis-je bien me livrer à une telle illusion?

Et l’intérêt même que je vous porte, cet intérêt si vif, si pressant, me permet-il de retenir en ce moment la vérité captive sur mes lèvres?

Hélas! il faut donc le dire:

- il n’est que trop certain que plusieurs de ceux qui sont ici présents ne sont point à cette heure dans le chemin du ciel;

- que plusieurs, qu’un grand nombre s’en éloignent:

- et quelques-uns de nous pourraient se trouver un jour au nombre des rejetés du Seigneur!


Ah! mes frères, lesquels?

Parcourant cette assemblée avec un saisissement inexprimable, je répète encore: lesquels?


Que chacun de vous s’adresse à lui-même cette terrible question:

«SERAIT-CE MOI?»


Puis, au nom des angoisses qu’elle aura dû vous faire éprouver, je vous conjurerai d’éviter des angoisses mille fois plus épouvantables; j’étendrai vers vous mes bras suppliants, je vous solliciterai d’échapper, tandis qu’il en est temps, à une telle infortune.

Car voici, la miséricorde divine vous en laisse à tous les moyens: vous pouvez tous encore être réconciliés avec Dieu; le sang de Christ crie encore pour tous, grâce et pardon.

Aujourd’hui même ce divin Sauveur vous sollicite de prendre pitié de votre âme immortelle, de ne pas l'exposer au malheur le plus déplorable, de consentir à devenir heureux par lui, heureux dès cette terre, heureux pour toute l’éternité.

Vous pouvez obtenir de tels biens; et vous ne le voudriez pas!

Mes frères, il est impossible. Je ne vous laisserai point aller que vous n’ayez tous pris la sainte résolution d’aller enfin véritablement à Jésus, de vous jeter au pied de sa croix pour y chercher le remède seul propre à guérir les plaies de votre âme, et pour y puiser cet Esprit de vie qui convertit et qui régénère.


UN JOUR, IL SERA TROP TARD.

Maintenant que la voix de ses compassions se fait encore ouïr, n’endurcissez pas vos cœurs.

En vain vous seriez-vous bercés jusque ici de vaines illusions; en vain auriez-vous cherché à vous reposer pour votre avenir sur vous-mêmes, sur une réputation peut-être honorable, sur quelques actions louables semées çà et là, le long de votre vie.

Vous avez beau faire; une voix secrète ne vous crie pas moins (j’en appelle à la conscience intime de chacun de vous,) que si, à cette heure, le Seigneur vous apparaissait dans sa majesté; qu’il voulût entrer en compte avec vous; qu’il vous rappelât à la fois et le but pour lequel il vous avait accordé l’existence et l'usage que vous en avez fait, il vous serait impossible de subsister en sa présence, de ne pas rester confondus devant ses regards scrutateurs, et que vous ne trouveriez rien, absolument rien dans votre vie passée, qui pût raffermir et rassurer votre âme.

Eh! bien, ALLEZ SANS PLUS TARDER AU GRAND LIBÉRATEUR qui veut s’interposer entre la justice du Tout-puissant et vos transgressions sans nombre; allez, mais de tout votre cœur, à Celui qui ne demande de vous, que ce qu’il veut produire lui-même en vous par sa grâce, qui ne vêtit autre chose si non que vous connaissiez enfin vos misères, que vous sentiez le besoin que vous avez de lui, que vous écoutiez sa voix pour la suivre, et que, vous jetant dans ses bras, vous vous laissiez porter par lui dans le sein miséricordieux de son Père.

Si l’un de vous connaît quelque autre voie pour arriver au bonheur des cieux, qu’il la suive.

S’il se sent assez fort par lui-même pour se présenter devant le Saint des saints, qu’il y paraisse appuyé sur sa propre justice.

Pour moi, dans le sentiment profond de mon indignité (que je suis loin de connaître encore telle que Dieu la connaît), je n’ai d’autre ressource que de m’écrier du fond de mon âme:


Seigneur Jésus aie pitié de moi!

Seigneur Jésus, daigne te souvenir de moi dans ton règne!


Ô notre bon Sauveur, aie pitié de chacun de nous, et de celui qui parle et de ceux qui écoutent; attire à toi si fortement, ceux d'entre eux qui ne t’ont pas encore donné leur cœur, que désormais nous t’appartenions tous sans exception, tous sans aucun partage: et que nous te restions invariablement unis pendant la vie et à la mort, et pour le temps et pour l’éternité! Amen.



 

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