Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PRÉDICATION DE l’ÉVANGILE À BÉRÉE.

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Texte:

Ceux-ci eurent des sentiments plus relevés que ceux de Thessalonique, et ils reçurent la Parole avec beaucoup de promptitude, examinant tous les jours les Écritures, pour savoir si ce qu’on leur disait y était conforme.

Plusieurs donc d’entre eux crurent, et des femmes Grecques de qualité, et des hommes en assez grand nombre. Actes XVII. 11-12.


Pour comprendre cette partie de l’histoire des Apôtres et en retirer instruction, il est nécessaire de reprendre de plus haut le récit de St. Luc.

L’Apôtre Paul et Silas son compagnon d’œuvre, ayant été divinement avertis (Actes XVI. 9) de passer en Macédoine, pour y annoncer le glorieux Évangile de Christ, avaient quitté l’Asie, et après avoir abordé à Néapolis, ils étaient arrivés à Philippe, première ville de l'Europe où l’Évangile fut prêché par eux.

Dans cette ville se trouvaient, comme dans presque toutes celles de l’Empire Romain, une colonie de Juifs, auprès desquels l’Apôtre s'était aussitôt rendu. Là comme partout il avait prêché cette croix de Christ qui est une folie aux Païens et un scandale aux Juifs.

Là plusieurs s’étaient convertis à Dieu, et les autres ayant suscité une persécution contre les messagers du Seigneur, ceux-ci avaient dû porter ailleurs la bonne nouvelle du salut.

Après avoir passé par Amphipolis et par Apollonie, ce fut à Thessalonique qu’ils s’arrêtèrent.

Cette ville très florissante, chef-lieu de la Macédoine, était la résidence du gouverneur romain, et les Juifs s’y trouvaient en assez grand nombre pour avoir une synagogue.

Selon sa coutume, Paul entra vers eux, et pendant trois jours de sabbat, il les entretint des Écritures, leur découvrant et leur faisant voir qu’il avait fallu que le Christ souffrit et qu’il ressuscitât des morts; et ce Christ leur disait-il, est Jésus que je vous annonce. Quelques-uns d’entre eux crurent la parole des apôtres, rendue efficace dans leur cœur par la grâce de Dieu, et ayant été ajoutés à l’Église des rachetés, ils se joignirent à Paul et à Silas, de même qu’une grande multitude de Grecs, et plusieurs femmes de qualité qui reçurent l’Évangile. (Actes XVII. 1-4)

Mais comme il arrive toujours, les Juifs qui n’avaient point cru, furent vivement irrités de ce qui se passait.

Ne pouvant souffrir la doctrine humiliante et toute sainte qui venait de leur être prêchée, condamnés en leur conscience par la conversion même de leurs proches, de leurs amis qui s’étaient repentis et qui avaient cru, ils cherchèrent à étouffer de vive force un mouvement religieux qui menaçait de mettre à nu tout ce que leur vie habituelle avait de condamnable. C’est pourquoi, étant émus d’envie, ils prirent avec eux quelques hommes méchants et fainéants; et ayant excité un tumulte, ils troublèrent toute la ville, et faisant violence à la maison de Jason (probablement nouveau converti,) ils cherchaient Paul et Silas, pour les mener vers le peuple.

Mais ne les y ayant pas trouvés, ils traînèrent Jason et quelques-uns des frères devant les magistrats de la ville en criant: «Ces gens, qui ont troublé tout le monde sont aussi venus ici. Et Jason les a reçus chez lui; et ils sont tous rebelles aux ordonnances de César, (de l’Empereur) en disant qu’il y a un autre roi, qu’ils nomment Jésus. (Actes 17. 6)


Vous l’avez entendu, mes frères: voilà l’acte d’accusation que la multitude porta contre les apôtres et leurs disciples. «Ces gens!» ils les traitent comme des inconnus, quoiqu'ils leur fussent bien connus. (2 Cor. VI. 9)

«Ces gens qui ont troublé tout le monde sont aussi venus ici!»

Le tumulte avait été excité par les accusateurs eux-mêmes;

- c’étaient eux qui, ayant pris quelques hommes méchants et fainéants avaient troublé toute la ville;

- c’étaient eux qui oubliant la première de toutes les lois de la Société, avaient violé le domicile d’un citoyen, et ils n’ont pas honte d’accuser les apôtres et les disciples d’avoir occasionné ce trouble.

Comment les messagers du Dieu de paix, comment des hommes prêchant un Évangile qui proclame le pardon des pécheurs et la paix faite entre Dieu et les hommes par le Prince de la paix, comment des hommes qui marchent sous les enseignes de celui qui est Charité, comment St. Paul et ceux qui croient et prêchent ce qu’il a prêché et ce qu’il a cru, pourraient-ils jamais troubler le monde?

Ah! sans doute qu’ils le troublent, quand leur obéissance à Dieu et leur amour pour les hommes, les forcent à crier:


CONVERTISSEZ-VOUS ET CROYEZ À L'ÉVANGILE!

SI VOUS NE VOUS CONVERTISSEZ, VOUS PÉRIREZ.


Sans doute que la conscience d’Hérode fut troublée, lorsque Jean Baptiste lui reprocha son crime, comme aussi le fut celle de Félix quand Paul lui parla de la tempérance, de la justice et du jugement avenir, (Marc. VI. 18; Act. XXIV. 25.).

Sans doute que la prédication de St Paul avait porté le trouble dans le cœur de ces malheureux Thessaloniciens qui, frappés de la force de ses discours, avaient cependant préféré les ténèbres à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises, (Jean III. 19.) et c’est ainsi que du temps d’Achab, ce roi impie accusait Élie le prophète d’avoir troublé Israël: (1 Rois XVIII. 17.) mais de ce genre de trouble, le magistrat civil n’a pas à s’occuper.

Aussi les incrédules de Thessalonique avaient senti la nécessité de provoquer du tumulte, et de l'imputer ensuite aux hommes pacifiques contre lesquels il était dirigé!

«Ces gens qui ont troublé tout le monde sont aussi venus ici et Jason les a reçus chez lui!»

Et pourquoi ne les aurait-il pas reçus! comment aurait-il pu ne pas les recevoir, ceux par le moyen desquels il avait trouvé la paix avec Dieu, ceux qu’il lui était ordonné d'accueillir et de traiter comme il l'aurait fait de Jésus leur Sauveur et le sien?

«Et ils sont tous rebelles aux ordonnances de César» ajoutent-ils «en disant qu’il y a un autre roi qu’ils nomment Jésus.»

À cette époque les Empereurs romains n'avaient point encore publié de lois contre les chrétiens. Aussi les adversaires des Apôtres n'en invoquent-ils aucune contre eux; mais profitant de l’ignorance où les magistrats de la ville étaient naturellement sur ces matières, (car ils suivaient la religion de leur Empereur, païen comme eux,) ils accusèrent les apôtres de vouloir substituer à César un autre roi; et cet autre roi c'était selon eux, Jésus-Christ notre Seigneur.


Véritablement M. F. Jésus est Roi, il est né pour cela; il est même LE ROI DES ROIS, ayant été établi au-dessus de toute principauté et de toute puissance; véritablement, il a les premiers droits à l'obéissance de ses rachetés, car il est selon l’expression de Thomas, leur Seigneur et leur Dieu.

Très certainement encore il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et personne sur la terre n'a le droit de nous prescrire ou de nous défendre, je ne dirai pas autre chose que ce qu'il nous ordonne ou nous interdit, (car ma pensée ne serait pas juste) mais des choses contraires aux saints commandements de sa Parole.

D’un autre côté, il veut lui-même que NOUS RENDIONS À CÉSAR CE QUI EST À CÉSAR, et St. Pierre ordonne expressément de sa part à ses disciples, d’être soumis à tout ordre humain, pour l'amour de Lui.

Comme Jésus ne nous commande rien, absolument rien, dont la pratique puisse compromettre l’existence de la Société, comme il ne nous interdit aucune chose qui soit vraiment nécessaire à la prospérité de l’État:

- César n’a nullement à craindre que ses sujets obéissent aux lois divines du Roi céleste, notre Seigneur;

- au contraire il doit désirer qu’avant tout ils se soumettent à Dieu et à sa Parole, se tenant pour certain qu’il aura dans son empire tout autant de vrais citoyens, qu’il y aura de vrais Chrétiens.

Ces vérités doivent être de la dernière évidence pour nous, M. F.; cependant les ennemis du nom de Jésus ne les aperçurent seulement pas; les Magistrats eux-mêmes furent ébranlés; ils exigèrent que Jason et les autres leur donnassent caution; après quoi ils les laissèrent aller. Et incontinent les frères firent partir de nuit Paul et Silas pour aller à Bérée; où étant arrivés, ils entrèrent dans la Synagogue des Juifs.

Cette circonstance remarquable prouve que ce ne fut pas par une coupable timidité que les Apôtres abandonnèrent Thessalonique, mais que ce fut pour obéir à cet ordre de Jésus: quand on vous persécutera dans un lieu, fuyez dans un autre; car aussitôt qu’ils furent à Bérée ils entrèrent dans la Synagogue afin d’y prêcher Christ aux Juifs qui s’y trouvaient.

Ceux-ci eurent des sentiments plus relevés que ceux de Thessalonique, et ils reçurent la Parole avec beaucoup de promptitude y examinant tous les jours les Écritures pour savoir si ce qu’on leur disait y était conforme. Plusieurs donc d'entre eux crurent et des femmes Grecques de qualité, et des hommes en assez grand nombre.


Ici, M. F., s’ouvre devant nous une scène d’un genre tout différent que la précédente; et si la première n’a pas été sans intérêt et sans instruction pour vous, nous espérons qu’il en sera de même de celle-ci, sur laquelle nous nous proposons surtout d'attirer votre attention.

Les Juifs habitants de Bérée eurent des sentiments plus relevés, ou plus nobles que ceux de Thessalonique.

Autant les uns avaient fait voir l’ignorance, l’entêtement et l’intolérance, autant les autres se montrèrent disposés à recevoir l’instruction, à laisser librement prêcher les Apôtres, et librement croire à leurs paroles ceux qu’elles toucheraient.

Si l’on ne savait pas combien de telles dispositions sont contraires à l’état naturel du cœur humain, il n’y aurait rien à admirer dans cette conduite.

Mais nous sommes naturellement ignorants et naturellement orgueilleux;

- de là cette aveugle opiniâtreté avec laquelle on tient à ses opinions quelles qu’elles soient,

- cette résistance si générale à se laisser instruire,

- cette irritation qu'on éprouve quand on entend combattre victorieusement les erreurs dans lesquelles on est, et dont on ne veut pas sortir;

- de là ces violences auxquelles se livre la multitude, quand elle l’ose, contre les hommes paisibles qui censurent ses vices, comme on le vit à Thessalonique.

Il n’en fut pas ainsi des Béréens. Il paraît que le Seigneur avait incliné vers lui le cœur d’un grand nombre d’entre eux. Comme tous les Juifs d’alors, ils attendaient le Rédempteur promis, Celui qui était l’Espérance d’Israël, et ils savaient que ce CHRIST DE DIEU devait être venu ou ne pas tarder, car le temps marqué par le Prophète Daniel était accompli.

Leur ville étant voisine de Thessalonique, où Paul et Silas venaient de passer environ un mois, ils avaient sûrement ouï dire que des hommes arrivés de la Judée, et s’annonçant comme des messagers du Dieu Très-Haut, déclaraient que le Christ avait paru.

On les leur avait dépeints comme des gens sévères, graves, d’une conduite exemplaire, qui n’employaient pas la violence pour amener les esprits à embrasser leur doctrine, mais qui se bornaient à l’exposer avec calme, avec simplicité, et en priant pour leurs auditeurs.

Comment user de violence contre eux?

Comment ne pas les entendre?

Comment ne pas accueillir même avec empressement des hommes qui sans aucun intérêt terrestre, entreprenaient de tels voyages et affrontaient de tels périls, pour prêcher le salut?

Aussi nous est-il dit que les Béréens reçurent la Parole avec beaucoup de promptitude.

Cette manière d’agir vous paraît toute simple et toute naturelle peut-être; mais rappelez-vous Thessalonique, rappelez-vous Lystre, Éphèse et tant d’autres lieux où, anciennement et dans des temps plus rapprochés de nous, les choses se passèrent bien autrement, et vous verrez que cette conduite des Béréens est plus remarquable qu’elle ne le semble d'abord; et qu'elle suppose des cœurs qui commençaient d'être sous l'influence de la grâce de Dieu.

Ils reçurent la Parole avec beaucoup de promptitude; ce qui ne veut pas dire qu’ils la crurent dès le premier moment.

Les grains de la semence qui, étant tombés dans une terre légère, germent le plus promptement, ne sont pas ceux qui répondent le mieux aux espérances du laboureur.

Souvent, plusieurs de ceux qui croient à l’Évangile dès les premiers mots qu’ils en entendent, ne tardent pas à l’abandonner, parce qu’ils n’ont pas de racine en eux-mêmes (Matth. XIII. 20, 21.)

Ils reçurent la Parole avec beaucoup de promptitude; c’est-à-dire qu’ils l’écoutèrent avec empressement.

Cette parole était celle des Apôtres, et nous voyons au commencement du Chapitre, qu’elle était toute FONDÉE SUR LES ÉCRITURES. Paul leur montra sans doute, comme il l’avait fait aux Thessaloniciens, que tout dans la Parole de Dieu, et la loi et les Prophètes, annonçait que le Christ souffrirait, qu'il mettrait son âme en oblation pour le péché, et qu’après avoir été retranché, mais non pas pour soi, il devait régner éternellement, et pour cela ressusciter des morts.

Puis, il ajoutait que ce Christ, ce Rédempteur promis, à Adam, à tous les patriarches et par tous les prophètes, ce Christ en qui avaient cru, et en qui étaient morts, par la foi, tous les fidèles de l’ancienne alliance, que ce Christ était venu, et qu’après avoir souffert le supplice de la croix, il était ressuscité le troisième jour.

Lui, Paul, n’avait pas été un des témoins de cette résurrection; il avait même pendant longtemps détesté le nom de Christ et persécuté ses disciples; mais miséricorde lui avait été faite, et il avait vu le Seigneur glorifié; il avait eu une large part à sa révélation, et maintenant, lui Pharisien, lui homme instruit, lui jadis estimé de ses concitoyens avait tout abandonné, sa vie même, pour Christ, et il regardait toutes choses comme une perte en comparaison de l’excellence de la connaissance de son Sauveur.


Voilà, M. F., ce que les Béréens écoutèrent avec empressement, non seulement par une vaine curiosité, et parce que ces choses étaient nouvelles pour eux, mais parce qu'ils en sentirent dès l’entrée toute l’importance.

- «Si cet homme dit vrai, (durent-ils penser) quelle grâce Dieu nous a faite de l’envoyer auprès de nous! et d’une autre côté, quel crime affreux nous commettrions en refusant de l’entendre!

- S’il est vrai que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu;

- s’il est vrai qu’Il est le chemin, la vérité et la vie, en sorte que personne ne peut aller au Père que par lui;

- s’il est vrai qu’il est ce Descendant d'Abraham en qui toutes les nations de la terre doivent être bénies, cette postérité de la femme qui devait briser la tête du serpent et délivrer tous ceux qui par la crainte de la mort, sont toute leur vie assujettis à la servitude, ah! ne devons-nous pas nous hâter de croire en lui!

- Et comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut?»

Ils sentaient néanmoins en même temps que c'étaient là des choses qu’il ne fallait pas plus accepter que rejeter à la légère: c’est pourquoi ils confrontaient tous les jours les Écritures POUR SAVOIR SI CE QU’ON LEUR DISAIT Y ÉTAIT CONFORME.

S'il y a des gens qui rejettent toute vérité qui les blesse, il y en a d’autres qui disent oui et amen à tout, parce qu’ils sont indifférents à tout.

Ce n’était pas le cas des Béréens.

Ils écoutèrent avec empressement les Apôtres, estimant que de tels hommes, et de telles choses méritaient au moins d’être entendus;


mais dans la grande affaire de leur salut,

ils comprirent que leur foi devait être fondée sur la Parole du Seigneur

et non sur celle des hommes.


Aussi comparaient-ils la prédication de St. Paul avec les oracles de Dieu, décidés à ne la recevoir qu’autant qu’elle leur serait conforme.

Bien des choses dans la parole des Apôtres, pouvaient leur paraître tout à fait étranges. Ainsi, ils tenaient extrêmement aux cérémonies de leur Loi; et Paul avait dû leur dire que Christ les a toutes accomplies en sa personne et qu’il est la fin de la Loi en justice à tout croyant.

Ils attachaient un grand prix à leur qualité de descendants d’Abraham et se croyaient par là seuls enfants de Dieu; et Paul avait dû leur dire que s'ils ne naissaient de nouveau ils ne pouvaient entrer dans le royaume des cieux et qu'en Jésus-Christ, il ne sert de rien d’être circoncis ou de ne pas l’être pas, mais qu'il faut être une nouvelle créature.

Ils se regardaient comme la nation sainte, et ils pensaient que toutes les autres étaient pour toujours exclues de l’Alliance; et Paul avait dû leur dire que Dieu avait abattu le mur de séparation, des deux peuples n'en ayant fait qu’un, et qu'il appelait maintenant tous les hommes en tous lieux, païens et Juifs, à se convertir.

Surtout, comme presque tous leurs concitoyens, ils n'avaient remarqué dans l’ancien Testament QUE les prédictions qui se rapportaient à la gloire du Messie, et n’avaient pas même aperçu celles qui annonçaient son humiliation; et Paul leur avait parlé des souffrances, et de la mort ignominieuse de celui qui a été fait malédiction pour nous.


Vous pouvez donc très bien vous représenter, M. F., le combat que les anciens préjugés de ces Juifs livraient dans leur cœur aux vérités en apparence nouvelles que prêchaient les Apôtres.

C’est pourquoi n'osant rejeter le témoignage de ceux-ci, et répugnant à abandonner leur croyance, ILS RECOURENT À LA PAROLE DE CELUI QUI NE PEUT TROMPER, et ils y recourent TOUS LES JOURS.

Tous les jours ils se rendent dans la synagogue; tous les jours, seuls, ou en présence de St. Paul, ils examinent les Écritures de l’ancien Testament, les seules qu’ils eussent alors; et Dieu bénissant le zèle, l’impartialité qu'ils mettaient dans leur recherche, ce Dieu qui n'est pas loin de chacun de nous, ce Dieu qui dit: cherchez et vous trouverez; Dieu, dis-je, leur ouvrit le cœur afin qu'ils pussent comprendre les Écritures; et plusieurs d'entre eux crurent, et des femmes Grecques de qualité, et des hommes en assez grand nombre.

Ces Grecs étaient apparemment des païens qui avaient appris à connaître le vrai Dieu, par une suite de leurs relations avec les Juifs, et qui fréquentaient la synagogue; c’étaient des personnes que Dieu avait préparées par sa grâce à recevoir l’Évangile, quand il leur serait prêché: aussi nous est-il dit qu’ils crurent en même temps que plusieurs d’entre les Juifs de Bérée.


Or, M. F., quelles sont les choses qu’ils crurent alors, et qu’ils ne croyaient pas auparavant?

- Qu’il y a un Dieu Créateur du ciel et de la terre?

- Que Dieu jugera les hommes?

- Qu’il est miséricordieux?

Ils croyaient déjà toutes ces choses et l’on peut les admettre toutes sans être Chrétien. Mais ce qu’ils crurent et ce qui les fit Chrétiens, C’EST QUE JÉSUS EST LE CHRIST, LE FILS DE DIEU, LE SAUVEUR.

Ils crurent que la vie éternelle se trouve auprès de lui et nulle part ailleurs; et cette foi, effet de la grâce de Dieu en eux, leur donna la paix avec Dieu, comme elle le fait toujours. Elle fut pour eux le commencement d’une vie nouvelle.


Après cela, je vous demanderai, M. F., si vous pensez que ces Béréens se soient conduits comme ils le devaient, et si vous les estimez heureux dans ce qu’ils ont fait?

Je parle à des personnes qui font profession d’être Chrétiens, et conséquemment votre réponse ne me semble pas pouvoir être douteuse.

Mais, ce qui fut un devoir pour eux, n’en serait-il pas encore un pour vous?

N’avez-vous pas les mêmes motifs qu’eux pour écouter avec empressement la prédication de la Parole?

Ce ne sont plus, il est vrai, des hommes extraordinairement envoyés du Seigneur, qui vous parlent de sa part. Les Ministres qui vous prêchent l’Évangile n’ont pas été appelés à faire les mêmes sacrifices que les premiers ministres de Christ. Leur prédication n’est pas accompagnée comme autrefois d’une démonstration de puissance physique.


Cependant, M. F., tout autant qu’il y en a de fidèles dans la charge qui leur a été confiée, ils sont encore les envoyés de Celui qui a établi les uns pour être apôtres, les autres pour être pasteurs et docteurs, et qui conservera cette institution jusqu’à la fin du monde.

Ils sont prêts à faire tous les sacrifices, avec le secours de Dieu, à donner leur vie même pour Christ; et leurs paroles, quoique non accompagnées de miracles, ne sont pas sans efficace sur les âmes, j’en atteste plusieurs de ceux qui m’écoutent.

Ces Ministres qui vous prêchent maintenant l’Évangile, et qui ne sont pas, j’en conviens, tels que les Apôtres, vous prêchent néanmoins la doctrine même des Apôtres, et ils se donnent aussi, comme vous annonçant la Parole de Dieu, de la part de Dieu.

Ce sont des hommes qui, quelle que soit l’opinion que vous puissiez en avoir, ont fait des choses saintes une étude que vous n’avez sûrement pas faite; ce sont des hommes auxquels Dieu a fait miséricorde, afin qu’ils parlassent de paix à son peuple; en sorte que, tout pauvres pécheurs qu'ils sont, c’est un devoir pour vous de les écouter.

- Comme les choses qu'ils vous annoncent se rapportent toutes à l’éternité;

- comme ils viennent vous enseigner le chemin qui mène à la vie, et vous détourner de celui qui conduit à la mort;

- comme ils proclament cette nouvelle qui, si elle est vraie, doit faire tressaillir de joie de malheureux pécheurs tels que nous tous: savoir que Christ est mort pour nous et qu'il donne à tous ceux qui le reçoivent le droit d'être faits enfants de Dieu, il me paraît manifeste que vous avez tout autant de raison d’écouter nos prédications avec empressement, que les Béréens en avaient d’écouter celle des Apôtres.

Pour eux comme pour vous:


IL S’AGIT DU SALUT DE VOS ÂMES,

IL S’AGIT DE LA BÉNÉDICTION OU DE LA MALÉDICTION,

DU CIEL OU DE L’ENFER.


Mais si je dis que vous devez écouter ceux qui vous prêchent l’Évangile, je n’entends pas par là que vous deviez les croire sur parole.

Imitez la conduite à la fois si humble et si raisonnable des Béréens, qui ne pensaient pas n’avoir rien à apprendre des Apôtres, mais qui, d’un autre côté, confrontaient tous les jours les Écritures pour savoir si ce qu’on leur disait y était conforme.


Ce sont encore ces mêmes Écritures qui doivent vous servir à juger vos Prédicateurs.

Vous faites profession de croire que ces Écritures sont la Parole de Dieu, et vos prédicateurs croient fermement qu’elles le sont.

Eh! bien:

- il est clair que vous ne devez recevoir leurs enseignements QUE DANS LE CAS OÙ ILS SONT CONFORMES À LA DOCTRINE DES ÉCRITURES;

- et qu’il vous est non seulement permis, mais même EXPRESSÉMENT ORDONNÉ, DE REJETER LEUR DOCTRINE, SI ELLE EST CONTRAIRE À LA VÉRITÉ DE DIEU.

Ce n’est pas la parole de vos Ministres, ni celle d’aucun homme qui doit être la règle de votre conduite morale, si cette parole n’est pas selon la Parole de Dieu.

Ce n’est pas sur la parole de vos ministres que vous serez jugés, ce n'est pas leur parole qui peut vous régénérer et vous sauver, si leur parole n'est pas selon la Parole de Dieu.

Il faut donc ABSOLUMENT, qui que ce soit qui vous prêche, et quelles que soient les choses qu'on vous prêche:


IL FAUT QUE VOUS COMPARIEZ CE QU’ON VOUS DIT, AVEC LES ÉCRITURES.


Je suppose toujours que vous faites profession de croire aux Écritures, car si vous les rejetez positivement, alors M. F., vous ne pouvez plus juger de nos prédications, vous n’en avez pas le droit, parce que vous récusez la seule règle qui puisse servir à prononcer entre vous et nous.

Vous pourrez prononcer tant que vous voudrez sur la forme de nos discours, sur notre ton, sur nos gestes, sur notre style; vous pourrez dire que le choix de nos sujets, que notre manière de les traiter vous déplaît, mais quant au fonds, quant à savoir si nous disons la vérité ou non, vous ne pouvez en parler pertinemment, vous qui repoussez les Écritures, vous qui ne les lisez pas, vous qui croyez les connaître pour avoir entendu ou lu des plaisanteries sur ce quelles contiennent.


Nous, M. F., nous faisons tous nos efforts avec l’aide de Dieu, pour VOUS PRÊCHER L’ÉVANGILE, SELON L’ÉVANGILE, et vous vous voudriez un Évangile qui fût selon vos principes relâchés, selon vos goûts, selon vos idées: il est clair que nous ne sommes pas sur le même terrain, et je le répète, que vous ne pouvez pas nous juger.

Oh! combien nous voudrions que tous ceux qui nous entendent à l’ordinaire eussent autant de respect pour les oracles de Dieu que les Béréens!

Combien nous désirerions qu’il leur en eût été donné une assez grande intelligence pour que nous pussions leur dire comme l’apôtre aux Chrétiens de Corinthe: jugez vous-mêmes de ce que je vous dis!

Oui, quel bonheur quand tous seraient en état de discerner nos prédications, et même de nous redresser quand nous nous écarterions en quelque chose de la bonne Parole de notre Dieu! Car quel est l’homme qui ne soit exposé à l’erreur, et si les Béréens comparaient aux Écritures la parole de ces Apôtres que l’Esprit de Dieu préservait miraculeusement de tout écart et qui prouvaient leur infaillibilité par des œuvres puissantes, à combien plus forte raison ne devez-vous pas faire comme eux par rapport à nous?


Certainement, M. F., si vos pasteurs n’avaient pas à cœur de vous prêcher fidèlement l’Évangile, ils seraient indignes, non seulement du titre de Pasteur, mais même de celui d’honnêtes gens.

- Sans doute qu’ils étudient avec soin la Parole qu’ils ont a prêcher et qu’ils demandent à Dieu de les faire parler selon la vérité.

- Sans doute que s’ils sont vraiment ses ministres, ils doivent avoir cette assurance et vous aussi, qu'Il ne les abandonnera pas à leur ignorance naturelle et qu’il les préservera de vous induire en erreur.

Cependant, ils sont hommes, et s’ils se relâchent dans leurs travaux et dans leurs prières, s’ils s’écartent de la vie que doit mener un homme de Dieu, il peut arriver qu’avec de bonnes intentions, ils n’annoncent pas la Parole dans toute sa pureté.

Or, M. F., le Pasteur aura sans doute à répondre des âmes qu’il n’aura pas conduites auprès des bons pâturages, mais le troupeau n’en est pas moins responsable devant Dieu de son égarement, et l’âme qui aura péché, sera celle qui mourra.

Et pourquoi?

- C’est qu’il y a un souverain Pasteur des brebis SOUS LA CONDUITE DUQUEL VOUS DEVEZ VOUS PLACER, encore bien plus que sous celle de vos pasteurs, hommes mortels et pécheurs comme vous;

- C’est qu’il y a une Parole de Dieu qui vous a été donnée pour être une lampe à vos pieds et une lumière à vos sentiers;

- C’est qu'il y a un St. Esprit qui, à défaut de vos pasteurs, et même quand vos pasteurs vous enseignent la vérité, est là pour vous faire comprendre les Écritures qu’il a dictées.

Dans tous les cas, soit que vous ayez toute confiance en nous, soit que vous ayez lieu de vous défier de nous, vous devez confronter les Écritures pour savoir si ce que nous vous disons y est conforme.


Remarquez, M. F., que ce devoir vous est beaucoup plus facile qu’il ne l'était aux Béréens.

C’était la parole des Prophètes de l’ancien Testament qu’ils devaient comparer avec la prédication des Apôtres, cette parole des Prophètes qui était semblable à une lampe qui éclairait dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour commençât à luire.

Or personne n’ignore que l’étude des prophéties est une étude difficile, même actuellement que le jour est venu, même pour ceux dans le cœur desquels l’étoile du matin s’est levée.


Mais vous, M. F., pour savoir si ce qu’on vous prêche est conforme à la Parole de Dieu, votre travail est bien plus aisé.

Vous n’avez qu’à ouvrir le nouveau Testament, et voir s’il y est dit, comme nous vous l’annonçons:

1. que tous ont péché, et sont exclus de la gloire de Dieu;

2. que si quelqu’un ne naît de nouveau il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu;

3. que Jésus est le seul nom qui ait été donné aux hommes par lequel nous puissions être sauvés;

4. que personne ne va au Fils, si le Père qui l’a envoyé ne l’attire;

5. qu'il a donné à tous ceux qui l'ont reçu, le droit d'être faits enfants de Dieu;

6. que nous sommes sauvés par grâce par la foi,

7. que cela ne vient point de nous, mais que c'est un don de Dieu;

8. et que Dieu fait miséricorde à qui il veut, produisant en nous la volonté et l’exécution selon son bon plaisir. (Rom. III; Jean III; Act. IV, 12; Jean VI, 44; I, 12; Ephés. II, 8; Rom. IX, 18; Philip. II, 13.)

Il se peut que vous ne compreniez pas ces choses; il se peut encore que les comprenant, vous les rejetiez; mais ce qui est tout à fait en votre pouvoir et à votre portée, c’est d’examiner les Écritures pour savoir si ces choses y sont renfermées, ou si elles sont nouvelles et de notre invention.

Vous le pouvez d’autant mieux que vous avez un avantage dont les Béréens et bien d’autres après eux ont été privés.

Vous avez la Bible dans vos maisons, et eux ne l’avaient pas.

Il n’était pas encore inventé, cet art admirable de l’imprimerie par lequel on peut multiplier à l’infini et sans trop de frais les écrits dont l’étude importe aux hommes. Alors, celui qui voulait posséder les Saintes Écritures devait les copier, ou les faire copier, non sans une grande dépense; en sorte qu’il n’y avait que des gens riches qui pussent jouir de ce trésor spirituel.

On peut supposer il est vrai que par zèle pour la Loi de leur Dieu, les Juifs faisaient de grands sacrifices pour la posséder dans leurs maisons; il est probable néanmoins, que la plupart de ces Béréens dont parle notre texte, qui confrontaient les Écritures, étaient obligés de se rendre pour cela dans la Synagogue ou près de quelqu’un de leur frères, et cependant ils le faisaient TOUS LES JOURS!


Ici, M. F., je ne puis résister à vous parler d’un fait semblable qui a eu lieu dans un temps plus rapproché et de la part d’hommes qui vous intéresseront peut-être encore plus que les Béréens.

Il s’agit du temps de notre bienheureuse Réformation, et de nos Ancêtres.

Il y a trois siècles, vous ne l’ignorez pas, notre pays était plongé dans les ténèbres profondes d’une Religion faussement parée du nom de Christianisme. C’était l’oubli de la Bible qui avait amené toutes ces superstitions, ces erreurs monstrueuses, ces pratiques idolâtres et criminelles.

Ce fut le retour à la Bible et la lecture qu’on en fit alors, qui, accompagnée de la grâce de Dieu, ramena la lumière et la vie chrétienne. L’imprimerie venait d’être découverte, et dès lors la chandelle ne put plus être mise sous le boisseau. Mais dans ce temps, les Saints Livres n’étaient pas encore par leur prix à la portée de toutes les fortunes, et surtout il n’y avait que fort peu de personnes qui sussent lire.


Eh! bien, M. F., on rapporte que, nouveaux Béréens, NOS PÈRES SE RÉUNISSAIENT TOUS LES JOURS DANS LEURS TEMPLES, dont plusieurs sont encore debout, et lisaient ensemble la bonne Parole de Dieu, pour voir si ce que les Ministres de la Réforme leur disaient, y était conforme. Ainsi le concours des mêmes causes produisit les mêmes effets!


Voilà, M.F., cette religion de nos pères à laquelle nous voudrions vous ramener: la Religion de la Bible.

- Nous voudrions vous voir échapper à la double honte et au double crime, de repousser la Parole de votre Dieu, sans examen, ou de croire à la parole des hommes plutôt qu’à celle de votre Dieu; et pour cela nous voudrions que vous lussiez tous les jours les Écritures.

OUI, TOUS LES JOURS; car ce jour peut être le dernier pour vous, et d’ailleurs votre âme n’a-t-elle pas besoin tous les jours d’aliments comme votre corps.

Que direz-vous donc à ces choses, nos très chers auditeurs?

Direz-vous que vous n’avez pas la Parole de Dieu dans vos maisons?

Mais alléguerez-vous comme excuse, une chose qui devrait vous couvrir de confusion?

Eh! quoi, grâces à ces Sociétés Bibliques fondées par la charité chrétienne la plus éclairée, la Parole de Dieu se trouve maintenant à la portée de toutes les fortunes, et vous n’avez pas encore songé à vous la procurer!

- Vous trouveriez autant d’argent qu’il vous en faut pour satisfaire votre luxe, votre intempérance, votre mondanité, et vous n’avez pas encore le trésor du père de famille?

Craignez-vous qu’ayant la Bible et la lisant, vous ne veniez à être forcé par elle à renoncer à ce luxe même, à ces vices, à vos jurements, à vos fraudes?

Ah! s’il en était ainsi, malheur à vous!


Direz-vous que vous n’avez pas le temps de la lire?

Mais pensez-vous que les Béréens, et vos pères du temps de la Réformation eussent plus de temps que vous?

C’est déjà une honte qu’il faille vous parler de faire une chose comme celle-ci à temps perdu; mais ne perdez-vous jamais aucun instant et ne trouveriez-vous pas, surtout dans cette saison, dans les longues soirées de l’hiver, quelques moments à donner aux intérêts éternels de votre âme?

Ne craignez pas que vos affaires s’en ressentent. Ce qui pourrait en souffrir, c’est ce que vous appelez vos plaisirs; mais si c’est là ce que vous craignez, encore une fois, malheur à vous!


Direz-vous que vous ne la comprenez pas?

Mais est-ce en négligeant de la lire que vous la comprendrez davantage?

Ceux qui la comprennent maintenant, ne la comprenaient pas mieux que vous, quand ils commencèrent à la lire: ils n’ont pas perdu courage; ils ont lu et prié, et maintenant parmi bien des choses qu’ils ne conçoivent pas encore bien sans doute, ils en trouvent beaucoup plus, qui les éclairent, les fortifient, les consolent, les réjouissent.


Serait-ce peut-être que vous craindriez de la comprendre?

Direz-vous que vous êtes assez instruits de votre religion, et que vous connaissez suffisamment la Bible?

Alors vous tiendriez un langage qu’un Prophète lui-même n’a pas osé tenir; alors vous jouiriez d’un privilège dont celui qui vous parle n’oserait se glorifier.

Pour moi, je dis avec David: ô Dieu j'ai vu un bout aux choses les plus grandes, mais ta Parole est d'une grande étendue. (Ps. CXIX. 96)

Pour moi, j’avoue que plus je lis la Parole de Dieu, plus je la trouve semblable à une vaste plaine sans bords: en y avançant, on apprend à connaître le pays qu’on parcourt, mais on en voit toujours de nouveau devant soi.

Aussi vous déclaré-je avec St. Paul, que si quelqu’un croit connaître quelque chose, il n'a rien connu comme il faut le connaître.


Direz-vous que vous venez entendre la prédication de la Parole et que cela vous suffit?

Mais je vous répondrai par tout ce qui précède, que les Béréens l’entendaient et pourtant examinaient les Écritures, et que notre Seigneur J-C., dans le temps où il prêchait lui-même l’Évangile du Royaume de Dieu, disait aux Juifs qui venaient l’écouter: Sondez les Écritures.


Oui, M.F., nous ne pouvons vous promettre aucune paix dans ce monde, ni aucune bonne chose pour l’autre vie, si vous ne cherchez la grâce de Dieu par la prière et par la lecture de sa Parole.

Dieu veuille incliner vos cœurs à le faire sans tarder. Amen!


 

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