Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SERMON SUR L’INDIFFÉRENCE POUR LE SALUT.

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Texte:

La Reine du midi s'élèvera au jour du jugement contre cette nation et la condamnera, parce quelle vint des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et voici il y a ici plus que Salomon.

Les gens de Ninive se lèveront au jour du jugement contre cette génération et la condamneront, parce qu’ils se sont repentis à la prédication de Jonas , et voici il y a ici plus que Jonas. Luc XI, 31. 32.


Parmi les prodiges qui ont accompagné l'avènement du Rédempteur, il en est un qui est bien propre à nous frapper d'étonnement quand nous le considérons avec attention: c'est L'INDIFFÉRENCE DU PEUPLE JUIF POUR LE MESSIE depuis si longtemps attendu, et que les Prophètes annonçaient comme le Désiré des Nations.

Le Seigneur Lui même en paraît ému de douleur. Il voit cette nation distinguée par tant de privilèges qui lui étaient si glorieux, méconnaître et mépriser Celui qui faisait toute sa gloire et devait faire toute sa félicité.

Il la voit:

- oubliant les choses qui appartiennent à sa paix,

préparer sa ruine,

- attirer sur elle et sur ses enfants de justes et sévères châtiments,

- et mettre le comble à sa misère en refusant le seul moyen de salut qui ait été donné aux hommes.

Que ne fait il point pour vaincre tant d’obstination!

Les avertissements succèdent aux prières, et les menaces aux avertissements; mais tout est inutile, tout est vain sur ce peuple aveugle et prévenu, et Celui qui n’est point venu dans le monde pour condamner le monde, mais pour le sauver, est réduit à faire en quelque sorte violence à son éternelle charité, pour dénoncer aux Juifs endurcis les trésors de colère qu'ils amassent sur eux pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu.


C’est, M. F., ce que vous venez de voir dans les paroles que nous vous avons lues, et qui doivent servir aujourd’hui à notre édification. Suivez avec attention, M. F., la simple explication que nous allons vous en présenter.

- Vous y verrez un contraste frappant entre la conduite du peuple Juif, et celle de la Reine du midi, et des habitants de Ninive.

- Vous y verrez ensuite un rapprochement tout aussi frappant de NOTRE CONDUITE avec celle du peuple Juif.

Puissions-nous en être humiliés à salut! puissent les réflexions que nous avons à vous faire entendre, accompagnées de l’Esprit du Seigneur, être bénies d’en haut et pour ceux qui les écouteront et pour celui qui vous les adresse fraternellement. Ainsi soit-il!


* * *


I. La Reine du midi, dont il est parlé dans notre texte, est incontestablement la même que celle dont il est fait mention au chapitre X du 1er Livre des Rois, et au chapitre IX du 2e Livre des Chroniques.

Attirée par la renommée de Salomon, elle avait quitté le royaume de Séba qu’elle gouvernait, et qui était situé au midi et à une grande distance de la Judée, pour venir juger par elle-même de ce qu’elle avait entendu dire du fils de David.

Quelque grande que fût l’admiration que suppose une pareille entreprise, il faut convenir qu’elle était juste: Salomon était alors un grand prince.

- Honoré de la présence et des révélations immédiates de Dieu,

- doué par un acte particulier de Sa bonté d’une sagesse surnaturelle et toute divine,

- entouré enfin de tout l’éclat que la puissance, la richesse et la gloire peuvent répandre, il était à cette époque un roi digne d’être proposé pour modèle aux rois;

- heureux si de criminels égarements, qui le conduisirent à l’oubli de Dieu, n’étaient pas venus déshonorer ses cheveux blancs, et flétrir les restes d'une carrière dont les commencements avaient été si beaux!


Aussi, M. F., serait-il difficile d’exprimer avec plus d’abondance et de force, que ne le fit la reine de Séba, l’admiration que lui inspira la sagesse du roi d’Israël.

Ce que j'ai appris, dit-elle, dans mon pays, de ton état et de tes richesses est véritable; et je n’ai point cru ce qu'on m'en disait jusqu’à ce que je sois venue et que mes yeux l'aient vu, et voici on ne m'en avait point rapporté la moitié. Oh que bienheureux sont tes gens! oh que bienheureux sont tes serviteurs, qui assistent continuellement devant toi et qui entendent ta sagesse! (1 Rois X. 6-8.)


Mais, M. F., si telle fut l’admiration de la Reine du midi pour la sagesse de Salomon, quelle pensez-vous qu’elle eût été, si cette reine avait été appelée à contempler la sagesse du Seigneur Jésus?

Voici, dit-il Lui-même, il y a ici plus que Salomon.

Et qui voudrait en effet faire quelque comparaison de la sagesse du Fils de Dieu à celle du fils de David?

Ce n’est pas à la connaissance de toutes les plantes depuis le cèdre du Liban jusqu’à l’hysope des murailles, que se borne la science de Jésus, ce n’est pas à résoudre des questions obscures, ni même à faire fleurir un royaume, que se limite Son intelligence; mais tous les trésors de la sagesse et de la science se trouvent en Lui.

Il les possède de toute éternité, et ils procèdent de Lui comme d’une source intarissable et profonde.

C’EST LUI QUI DONNE DE L’INTELLIGENCE AUX SAGES; c’est Lui qui découvre à nos regards les vérités les plus sublimes qu’il soit possible à l’homme de contempler, et qui révèle aux cœurs même des simples ces choses qu'aucun des sages de ce monde n'avait connues.

Les desseins de Dieu à l’égard des hommes, ses décrets, sa volonté, ses miséricordes, les secrets même que cachait l’avenir, et que renfermait l’éternité, tout ce que de pauvres créatures misérables, pécheresses et condamnées doivent désirer de connaître, tout ce qui peut les instruire, les consoler, les sanctifier et les réjouir, tout en un mot se trouve en ce céleste et divin Sauveur.

Les Juifs entendent de sa bouche ses paroles pleines de grâce et de vérité; ils voient une sagesse toute divine empreinte jusque dans ses moindres actions; ils contemplent sa gloire, ses miracles, sa charité, et malgré tant et de si glorieux privilèges, ils méconnaissent, ils outragent, ils crucifient Celui qui leur parle des cieux.

- Que d’aveuglement et d’obstination tout ensemble!

- Quelle condamnation ils attirent sur eux! et que cette condamnation est juste!

Ah! la Reine du midi s'élèvera au jour du jugement contre cette nation, elle la convaincra d’indifférence, d’injustice et d’étourdissement, elle la condamnera par son seul exemple; car elle vint des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et voici il y a ici plus que Salomon.


Mais, M- F., la Reine du midi n’est pas le seul témoin qui s’élèvera au jour du jugement contre la nation des Juifs, et la condamnera: les habitants même de Ninive déposeront contre son impénitence; car, ajoute le Seigneur, ils se sont repentis à la prédication de Jonas, et voici il y a ici plus que Jonas.

Vous connaissez l’histoire de ce prophète; vous savez comment il avait reçu de Dieu l’ordre d’aller prêcher la repentance à Ninive, dont les habitants vivaient, hélas! comme ont toujours vécu, comme vivront toujours ceux qui obéissent à leurs convoitises.

Vous savez comment, effrayé de la tâche qui lui était imposée, il voulut s’enfuir à Tarsis, et comment, conservé par un miracle qui devait préfigurer la résurrection du Sauveur du monde, il s’acquitta enfin de l’ordre qu’il avait reçu de Dieu.

Pendant quarante jours, il prêche l’amendement aux habitants de Ninive, et leur répète ces redoutables paroles: encore quarante jours et Ninive, sera détruite.

DIEU DÉPLOIE SES INÉPUISABLES MISÉRICORDES ENVERS CE PEUPLE:

- il brise et fléchit son cœur;

- il lui apprend à reconnaître ses énormités;

- il lui donne la repentance enfin, et avec elle tous les biens dont elle est la source.

- Le roi lui-même publie un jeûne solennel, dont la sincérité désarma la justice divine prête à fondre sur cette ville criminelle.


Ah! M. F., quels accusateurs plus redoutables pourraient témoigner contre les Juifs que les habitants de Ninive?

- Quoi! Jonas prêche et Ninive se convertit:

- Jésus prêche et la nation Juive s’obstine dans l’impénitence!

Au bout de quarante jours, Jonas voit un peuple de pénitents chercher auprès de Dieu, avec prière et avec jeûne le pardon de ses égarements; et après quatre années passées à conjurer, à solliciter à la repentance, à annoncer l’approche du règne de Dieu, à peine le Seigneur voit quelques pauvres pécheurs, quelques péagers obscurs chercher auprès de Lui cette grâce qu’il assure à quiconque le reçoit!

Jonas, après avoir été lui-même désobéissant et rebelle, sans le secours d’aucun miracle, sans autre effort que de répéter les paroles que l’Éternel l’avait chargé de faire entendre, Jonas voit UNE VILLE ENTIÈRE SE REPENTIR, REVENIR À DIEU et trouver dans la repentance le terme de ses maux; et le Fils de Dieu même, appuyant sa prédication par des miracles nombreux, éclatants, incontestables, le Fils de Dieu dont la vie entière est un miracle de miséricorde et de puissance, JÉSUS-CHRIST PRÊCHE EN VAIN LA REPENTANCE À LA GÉNÉRATION AU MILIEU DE LAQUELLE IL PARAÎT!

De quoi donc était fait ce peuple dont rien ne peut émouvoir le cœur?

Quel voile impénétrable lui dérobe la vue de sa profonde misère et du grand salut qui lui est offert?

Quelles préventions, quel déplorable aveuglement l’affermissent dans son impénitence?


Hélas M. F., ils disaient ce que, de nos jours, on dit en d’autres termes: «Nous avons Abraham pour père; nous sommes dépositaires de ses promesses; nous ne sommes ni ravisseurs, ni adultères; nous vivons comme vivent les hommes

Ainsi ne voyant pas combien leur apparente dévotion cachait d’impiété véritable, combien les privilèges dont ils se glorifiaient les rendaient inexcusables aux yeux de Celui qui les leur avait accordés, ils persistaient dans une impénitence d’autant plus dangereuse qu’ils s’obstinaient à ne pas apercevoir le danger, tandis que les habitants de Ninive frappés tout à la fois de leurs péchés et de la miséricorde qui les avertissait de fuir la colère à venir, crurent à Dieu et se repentirent à la prédication de Jonas.

Quel contraste!

- Une ville étrangère à l’alliance de Dieu se convertit à la parole d’un prophète qui lui était jusqu’alors inconnu,

- et la nation Juive, vaine des avantages dont Dieu l’a comblée, égarée par l’orgueil, et méconnaissant les grâces de son Dieu, refuse de se convertir à la voix du plus grand des Prophètes!


Ah! M F. à la voix même de Dieu manifesté en chair. Oui les habitants de Ninive s'élèveront en témoignage au jour du jugement contre cette génération et la condamneront, parce qu’ils se sont repentis à la prédication de Jonas: et voici il y a ici plus que Jonas.

Mais après avoir vu le contraste, examinons la ressemblance, et après avoir comparé la conduite des Juifs à celle de la Reine du midi et des habitants de Ninive, comparons la nôtre à celle du peuple Juif; car c’est la nôtre qu’il nous importe surtout de connaître.


* * *


II. Ce n’est pas, M.F. croyez-nous, ce n’est pas sans une certaine émotion de cœur que nous entrons dans cette seconde partie de notre discours et dans les réflexions qui doivent en faire la matière.

Comme Jonas, dans notre faiblesse, nous voudrions nous enfuir à Tarsis. Mais mon Dieu! Ta parole. . . . Tes ordres sacrés! ... Donne donc, Seigneur, donne efficace à ta Parole!

Nous venons, M F., de mettre sous vos yeux trois ordres de personnes:

1. la Reine du midi,

2. les habitants de Ninive

3. et les Juifs qui vivaient avec le Seigneur.


À qui ressemble cette génération,

à laquelle la Parole de Dieu est maintenant adressée?


Est-ce à la Reine de Séba?

Elle vint des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et pour recueillir de sa bouche quelques-uns de ces discours sentencieux dont Dieu avait rempli son cœur. Vous voit-on imiter ce saint empressement, et partager son admiration?

Nous avons, M. F., les plus belles sentences de Salomon; elles sont renfermées dans ce Livre: les étudiez-vous avec soin?

Vous attachez-vous à les comprendre, à les sentir, à y conformer votre vie?

Mais il y a ici plus que Salomon:

- Nous avons la Parole du Seigneur, telle qu’il l’a Lui-même inspirée à ses serviteurs qui ont été de tout temps, la parole de Moïse homme de Dieu, de David, des Prophètes, de tous ceux que l’Esprit du Seigneur s’est choisis pour interprètes et pour écrivains.

- Nous avons, ô homme, peux-tu l’entendre sans en être saisi de reconnaissance et de confusion! nous avons dans l’Évangile le testament du Fils de Dieu, la Parole de son éternelle alliance, les assurances de sa miséricorde et de son ineffable amour.

- Nous l’avons, disons-nous; nous ne sommes pas obligés de venir des extrémités de la terre pour entendre cette sagesse; cette divine Parole n’est pas loin d’un chacun de nous; plusieurs la possèdent dans leurs maisons, et les autres n’ignorent pas combien il leur serait aisé de se la procurer.


Eh! bien, MF., savez-vous sentir le prix d’un tel avantage?

Savez-vous vous en prévaloir?

Ce précieux trésor a-t-il dans votre estime toute la valeur que lui donnent son excellence, son origine et son but?

Nous ne parlons pas de ceux qui ont le malheur de ne point reconnaître cette divine Parole, comme étant la Parole de Dieu: pauvres malheureux aveugles qui crient «ténèbres!» PARCE QU'ILS ONT FERMÉ LEURS YEUX À LA LUMIÈRE.

Mais vous, qui vous souvenez à peine que la Parole de Dieu repose dans votre maison, et qui la laissez poudreuse et négligée comme un vase de néant dont vous ne tenez aucun compte;

- VOUS qui redouteriez de faire quelque sacrifice, pour vous procurer le pain des Anges, cette Parole de vie, par laquelle le bon plaisir du Père a été de SAUVER LES CROYANTS;

- VOUS qui voudriez vous faire comme une sorte de mérite de ce que vous y portez quelquefois, ou si vous voulez, régulièrement des regards distraits, en obéissant ainsi à la coutume plus qu'au besoin d'un cœur affamé et altéré de l’aliment qui demeure en vie éternelle.


Ah, M. F., avouez-le, non ce n'est pas la Reine du midi que vous imitez, ce n’est pas avec un saint et profond respect que vous méditez les paroles de la sagesse éternelle; elle n'est pas à vos yeux le plus précieux de tous vos biens, la plus chère de vos jouissances, ce n'est pas avec des transports de reconnaissance que vous goûtez cette aimable et salutaire occupation.

Vous n'avez pas dans le cœur cette voix d'admiration:

«oh que bienheureux sont tes gens, et que bienheureux sont tes serviteurs qui assistent continuellement devant Toi et qui entendent Ta sagesse!»

La reine du midi s'élèvera au jour du jugement contre cette nation et la condamnera, car elle vint des extrémités de la terre, pour entendre la sagesse de Salomon, et voici il y a ici bien plus que Salomon.


Sont-ce les habitants de Ninive dont nous sommes les imitateurs?

Ils crurent à Dieu, ils se vêtirent de sacs, ils s'assirent sur la cendre; ILS FIRENT PLUS, ils crièrent à Dieu de tout leur cœur, ils se convertirent de leur mauvaise voie, et se détournèrent chacun des actions violentes qu’ils avaient commises: ce sont les propres paroles de l'Ecriture.

Avez-vous véritablement cru à Dieu, reçu ses promesses, pris confiance en sa voix qui vous dit: retournez-vous à moi, venez à moi, vous qui êtes travaillés et chargés et je vous soulagerai?


Hélas! M. F. , quelques-uns, un grand nombre s'imaginent ne l'avoir jamais quitté, et avoir toujours fidèlement servi ce bon Dieu qui les appelle à revenir à Lui.

En vain sont-ils obligés de reconnaître qu’il y a dans leur cœur des liens, des attachements, des affections qui ne sauraient subsister avec un amour sincère pour leur Bienfaiteur éternel; en vain sentent-ils le monde et les choses qui sont au monde occuper leurs pensées, leurs désirs et par conséquent leur âme:

- Ils se persuadent qu'ils aiment Dieu

- qu'ils le servent avec intégrité de cœur et sans partage,

- et ne songent point qu'il puisse être question pour eux de se repentir, bien moins encore de se convertir et d'être changés.

Combien d'autres, qui, sachant bien que le chemin qu'ils suivent ne peut les conduire à la bienheureuse éternité, y marchent néanmoins avec persévérance, en SE PERSUADANT QUE LE TEMPS DE LA REPENTANCE N'EST PAS ENCORE VENU POUR EUX.

Ils se trouvent trop jeunes pour vivre selon Dieu, comme si la mort comptait les années de ses victimes, et les attendait à la blanche vieillesse.

«Il y a temps pour tout,» disent-ils: comme s’il n’y avait pas aussi un temps pour mourir, et comme s’ils étaient assurés que ce temps ne viendra que quand ils l’appelleront par leurs vœux.

Les tentations sont trop fortes, les occasions trop fréquentes, les exemples trop nombreux et l’empire de la chair trop puissant pour qu’ils préfèrent l'opprobre de Christ aux délices de l'Égypte.

Ils sentent bien qu’il faut se repentir, se détourner de sa méchante voie; mais, pas encore, dans quelque temps, quand ils en auront la commodité comme Félix.

En attendant:

- on assoupit sa conscience;

- on se rassure;

- on ne se repent point;

- on s’attache au mal par toute la force que donne l’habitude;

- on s’affermit dans l’intempérance,

- on vieillit dans l’avarice, dans les jurements, dans les haines;

- et l’on meurt dans l’éloignement et l’oubli de Dieu, et par conséquent dans sa colère.

Ah! pauvres pécheurs, avec quelle déplorable industrie vous cherchez à vous faire illusion à vous-mêmes sur votre état!

Comme vous êtes ingénieux à écarter la pensée de la repentance, à en retarder le moment, à vous distraire, à vous étourdir, c’est-à-dire à VOUS PERDRE CHAQUE JOUR DAVANTAGE, en méprisant le trésor de la patience et la longue attente du Seigneur!

Et cependant, M. F., que d’avertissements ne recevons-nous pas chaque jour?


LA CONSCIENCE NE PERD JAMAIS SES DROITS; elle se fait entendre au milieu du tumulte des passions, aussi bien que dans le sommeil de l'âme; elle crie quelquefois:


«Il faut se repentir,

il faut cesser de mal faire,

et se détourner de sa méchante voie.»


La Parole de Dieu toute négligée qu’elle est, élève aussi sa voix; elle crie:

C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant!

Certainement il ne peut être bien au méchant et la rétribution de ses œuvres lui sera faite, il faut donc se détourner de son mauvais train et marcher en nouveauté de vie.

LA MORT MÊME PRÊCHE LA REPENTANCE AUX VIVANTS:

- elle leur fait voir la fin de toutes les choses d’ici bas, et le commencement des choses éternelles;

- elle leur montre comme elle surprend les insensés dans leur folie, comme elle trompe, comme elle déjoue et déconcerte les calculs des aveugles mortels, comme elle remplit de terreur, ceux dont la robe n’a pas été blanchie dans le sang de l’Agneau.

Ô Esprit de mon Dieu! ô miséricorde, ô charité de mon Dieu! c’est toi qui frappes ainsi à la porte de nos cœurs: la conscience, la Parole sainte, la mort sont tes interprètes et tes messagers; elles sont tes prédicateurs; et tandis que les habitants de Ninive se repentirent à la voix de l’un de tes envoyés, ô Esprit saint, ô Sauveur des âmes! combien d’entre nous refusent de t’entendre, de t’écouter et de te croire!

- Les habitants de Ninive s’élèveront en témoignage contre cette génération et la condamneront, parce qu'ils se sont repentis à la prédication de Jonas, et voici, il y a ici plus que Jonas.

- Il y a ici plus que Jonas!

Quand Jonas prêchait la repentance à Ninive, c’était comme un serviteur, un envoyé, un faible vase d'argile.

- Ici c'est le Fils de Dieu Lui-même,

- c’est le Juge de toute la terre,

- c'est Celui qui doit juger les vivons et les morts quand il paraîtra dans son dernier règne.

Quand Jonas prêchait la repentance à Ninive, c'était dans la vue de prévenir la ruine de cette grande ville, et la destruction de ses habitants.

- Ici c'est pour détourner les coups d'une justice éternelle, et arracher des âmes à une condamnation aussi certaine qu'il est certain que nous sommes tous des transgresseurs de la loi de Dieu.

Quand Jonas prêchait la repentance à Ninive, sa commission ne s'étendait pas au de là.

- Ici, le Seigneur Jésus en nous prêchant la repentance nous offre de nous la donner, de nous y affermir, de changer Lui-même nos cœurs, de nous donner un Esprit nouveau et un cœur nouveau.

- Il nous donne l'assurance de sa grâce et de notre pardon,

- il nous les promet,

- il nous les a acquis au prix de tout son sang,

- et dans son incompréhensible charité c'est Lui encore qui sollicite et dispose nos âmes à les accepter.


* * *

Conclusion.


Pourquoi donc tant tarder, tant renvoyer, tant hésiter avant de se rendre?

Ah M. F.! c'est que vous ne pensez point à ce jour du jugement où la Reine du midi, les habitants de Ninive, tous les avertissements du Seigneur, toutes ses grâces, s'élèveront en témoignage contre vous, SI VOUS NE VOUS ÊTES CONVERTIS À DIEU.

Vous ne sauriez en disconvenir, M. F., la pensée de la mort est une pensée qui vous importune; vous l'écartez autant qu'il est en votre pouvoir; elle vous paraît ennemie d’une certaine paix dont vous voudriez jouir, et qui n’est autre chose que le sommeil de l’âme, un trompeur et dangereux sommeil.

Or, M.F., ce que vous redoutez dans la mort ce n’est pas la mort elle-même, ce n’est pas même, le plus souvent, la perte des biens et des avantages dont vous jouissez dans ce corps mortel: combien de fois ne vous a-t-on pas entendus vous plaindre et gémir des peines et des misères de votre vie terrestre?


CE QUE VOUS REDOUTEZ DANS LA MORT,

C’EST CE QUI DOIT SUIVRE LA MORT,

C’EST LE JUGEMENT ET L’ÉTERNITÉ.


Quand vous êtes contraints d’arrêter vos pensées sur ces lugubres objets, vous sentez qu’en vous considérant vous-mêmes..., sans Avocat, sans Sauveur, il n’y a rien de bon à attendre pour vous au-delà du tombeau, et alors vous écartez ces sombres méditations qui troublent la sécurité à laquelle vous aimeriez pouvoir vous livrer.

Fatale folie! En éloignant de tristes pensées, éloignez-vous aussi leur objet?

Retardez-vous l’heure de votre départ?

En détournant vos regards de la mort, l’empêcherez-vous de vous surprendre, de vous atteindre, d’épuiser en vous les sources de la vie, et de vous coucher dans le sépulcre?

En vous étourdissant sur le Jugement, le rendez-vous moins certain, moins solennel, moins terrible?


Ah M. F.! nos jours se comptent en silence; notre vie s’accomplit comme un songe; elle se précipite vers son dernier terme, avec la rapidité de la navette du tisserand.

Bientôt, nous allons être en présence de l’éternité, et traduits devant ce tribunal où toute âme d’homme doit paraître.

Que de témoins qui vont vous y accuser et déposer contre votre impénitence!

- Les habitants de Ninive,

- ceux de Tyr et de Sidon,

- les peuples les plus éloignés, et les plus sauvages, dont la Parole de Dieu a changé le cœur,

- les avertissements du Seigneur si longtemps méprisés,

- son salut négligé, ses grâces méconnues et tournées en dissolution,

- TOUT S’ÉLÈVERA CONTRE VOTRE INGRATITUDE ET VOTRE DÉPLORABLE OBSTINATION.

Si la pensée du jour de Dieu, de ce jour qui s’approche, qui se hâte, et dont paraîtra bientôt la redoutable lueur, si la pensée du dernier jugement, pouvait émouvoir vos cœurs et les réveiller à salut!

Si le sentiment de vos fautes, de vos négligences, de votre langueur, de vos transgressions, pouvait vous inspirer enfin une salutaire frayeur!

Si cette frayeur vous conduisait à CELUI QUI EST VENU CHERCHER ET SAUVER CE QUI ÉTAIT PERDU!

Si le vif et pressant besoin de trouver grâce vous conduisait à Celui qui est venu pour nous faire grâce!

Si sa charité touchait vos cœurs, les pénétrait, les remplissait d’une confiance durable!

Ah M. F. tout changerait de face pour vous, la paix de Dieu succéderait dans vos cœurs aux angoisses de la mort et du monde à venir; la mort ne serait plus pour vous que le passage des agitations de la vie, au repos éternel des Bienheureux; le jugement même aurait perdu ses frayeurs; car LE JUGE SERAIT NOTRE CHARITABLE ET MISÉRICORDIEUX SAUVEUR.

Déposez donc votre fardeau entre ses bras, âmes travaillées et chargées.

Allez à lui pour avoir la vie.

Allez-y sans renvoyer, sans tarder davantage. Et vous le trouverez toujours doux, débonnaire et Sauveur comme pendant les jours de son humanité; et il vous recevra comme la pécheresse, comme Simon Pierre, comme tous les pécheurs que son amour a sauvés et qu’il a couverts du manteau de sa justice.

Allez à Lui repentants et touchés de votre misère, mais pleins de confiance en ses immuables promesses.

Allez à Lui et il vous sera fait selon ce que vous aurez attendu.

Or à Lui, comme au Père et au St. Esprit soient honneur, louange et gloire dans tous les siècles! Ainsi soit-il!



 

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