Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SERMONS PRATIQUES

----------

LA LECTURE DE LA BIBLE

----------

Pour toi, persévère dans les choses que tu as apprises et dont tu as été convaincu, sachant de qui tu les tiens, et considérant que dès ton enfance, tu as eu la connaissance des saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ.

TOUTE ÉCRITURE INSPIRÉE DE DIEU, est utile aussi pour instruire, pour reprendre, pour corriger, pour former à la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. 2 Tim. III, 14-17.


Au temps des persécutions dirigées contre les protestants, lorsque le fait de chanter un psaume ou d’avoir une Bible dans sa maison était considéré comme un crime puni des galères ou de la mort, il y avait en France une famille qui possédait un tabouret de pieds dont elle prenait le plus grand soin, mais qu’elle traitait parfois d’une étrange manière.

En présence des étrangers, ce petit meuble, jeté négligemment dans un coin, n’attirait en rien l'attention, mais dès que la famille était seule, ce dédain apparent cessait pour faire place à des procédés bien différents.

Souvent alors on voyait le père de famille le prendre avec respect, le retourner et, le posant sur ses genoux, se pencher sur lui dans l’attitude du recueillement. D’autres fois c’était la mère qui, sous l’influence des mêmes sentiments, jetait sur lui des regards qu’on aurait pu croire fixés sur le visage d’un enfant tendrement aimé.

Qu’y avait-il donc dans un objet de si peu de valeur, qui lui en donnât tant aux yeux de ses possesseurs?

C’est qu’en dessous du siège, à l’abri des regards malveillants, se trouvait attaché un livre, disposé de telle façon qu’on pouvait aisément en tourner les feuillets et en lire jusqu’à la dernière page.

Avons-nous besoin de dire le nom de ce livre, et n’est-il pas naturel que les descendants de cette famille huguenote, maintenant établis aux États-Unis, conservent pieusement ce meuble antique, tout ensemble comme un monument de la foi de leurs ancêtres et comme la colonne de leurs propres espérances.

J’ai tenu à rappeler ce souvenir, non qu’il soit unique en son genre, car on pourrait citer nombre de traits analogues, mais parce qu’il nous transporte à une époque bien éloignée, à UNE ÉPOQUE OÙ LA BIBLE ÉTAIT LUE ET MÉDITÉE, CONSIDÉRÉE par nos ascendants COMME LE TRÉSOR DES TRÉSORS, et où la seule pensée d’en être privé, faisait frémir le cœur.


Que nous sommes loin de ce temps-là!

Posséder une Bible, grâce à Dieu, n’est plus pour personne une cause d’opprobre ou de persécution. Il n’est plus besoin d’ingénieuses inventions pour cacher à tous ce trésor. Les livres saints sont à la portée de chacun.

Est-il une de nos maisons protestantes, si pauvre et dénuée que vous puissiez vous la représenter, qui n’en possède au moins un exemplaire?

Et pourtant je crains qu’elle ne soit beaucoup moins lue que jadis.

La douce habitude de prendre régulièrement la Parole sainte pour en faire l’emploi d’une partie de ses loisirs, la matière de ses méditations et la règle ordinaire de sa conduite, s’en va.

Même des personnes qui sont loin d’être opposées à la religion, des personnes sympathiques à l’Évangile, ont rompu avec cette coutume ou n’y reviennent que de temps en temps. Il y a là pour les âmes pieuses un danger et un fâcheux symptôme.

Comment expliquer cette désaffection qu’il ne faut pas trop généraliser, car enfin la bonne tradition est, grâce au ciel, maintenue par quelques-uns, comment expliquer cette sorte d’oubli où la Bible semble momentanément tombée dans trop de familles?

Est-ce que les travaux de la critique qui ont pris la Bible pour objet et l’ont soumise à un examen minutieux, auraient troublé, plus qu’on ne le croit d’ordinaire, la foi de nos masses protestantes?

Est-ce que les indéniables difficultés que présente l’intelligence des textes sacrés rebuteraient des esprits moins réfléchis qu’autrefois, plus impatients ou plus curieux de tout pénétrer?

Est-ce que le contenu des livres saints ne correspondrait plus aussi bien à nos besoins actuels?

Y aurait-il enfin quelque autre raison?

Nous allons essayer de répondre à ces diverses questions, et si nous parvenons, par des considérations tirées avant tout de l’expérience chrétienne, à détourner une seule personne de faire plus longtemps infidélité à nos traditions protestantes, si notre discours peut avoir pour effet d’engager l’un de vous à lire et à relire ces saintes Écritures que Dieu dans sa bonté nous a données:

pour nous instruire,

pour nous reprendre,

pour nous corriger,

pour nous former à la justice,

nous bénirons du fond de notre cœur Celui qui se plaît à employer, pour l’accomplissement de ses desseins d’amour, les instruments les plus faibles et par eux-mêmes les plus impuissants.


* * *


Est-ce que les travaux de la critique et les discussions dont la Bible a été l’objet entre les théologiens, auraient ébranlé dans un grand nombre d’esprits le respect pour les livres saints et la confiance qu’on leur accordait auparavant?

Je le crois.

Ces travaux, ces discussions ne sont un mystère pour aucun de nos contemporains. Grâce aux grands moyens de publicité dont notre siècle dispose, grâce surtout à l’esprit de vulgarisation des sciences qui caractérise notre époque et qui d’ailleurs a tant d’heureux effets, des débats qui autrefois seraient restés dans le cercle restreint des théologiens sont parvenus à la connaissance de tous.

Les solutions les plus radicales et LES MOINS VÉRIFIÉES ont été saisies avec empressement dans certains milieux comme le dernier mot de la science religieuse.

On en a fait une monnaie courante qui circule de main en main, et parce qu’on y voit d’un côté une empreinte scientifique, de l’autre celle d’un nom connu, on l’accepte les yeux fermés sans se demander si ce ne serait pas de la fausse monnaie.

On va même plus loin.

On dépasse les conclusions déjà excessives de certains hommes d’étude, et l’on suppose qu’il ne reste plus rien de ce qui a été naguère cru et enseigné. Quiconque se mêle d’un sujet qu’il ne connaît pas ou qu’il connaît mal est toujours absolu dans ses jugements.

N’entend-on pas d’irrévérencieuses remarques sur la Bible, sortir communément des bouches les moins érudites, et un esprit railleur et hostile à tout ce qui concerne cet ordre de choses, ne souffle-t-il pas souvent dans les ateliers, dans les sociétés et dans un trop grand nombre de familles?

N’est-on pas exposé tous les jours à s’entendre dire: — Vos livres saints sont percés à jour; la science moderne les a fait tomber du piédestal où l’ignorance les avait placés; vous ne pouvez plus vous appuyer sur eux comme sur de solides fondements. — Ne croirait-on pas, à voir le ton triomphant de certaines gens, que nous n’avons plus qu’à pleurer sur les ruines d’un édifice que nous avions cru solide et qui est près de s’écrouler? Et, je vous le demande, tout cela ne fait-il pas impression même sur les âmes pieuses, pour y produire quelques doutes, quelques hésitations, et les amener à une négligence plus ou moins complète des saintes Écritures?


Pourtant, regardons la réalité bien en face, et nous constaterons qu’il n’y a lieu ni d’être effrayé ni d’être ébranlé.

Il est vrai que de nos jours la Bible est soumise à une critique rigoureuse, au même titre et de la même façon que les autres documents qui nous ont été légués par l’antiquité. Ses origines, les auteurs divers qui l’ont composée, son contenu, tout cela est étudié, retourné, épluché.

Comment s’étonner que, à la suite de cet examen minutieux, mille idées aient été émises, les unes bonnes, les autres moins; les unes basées sur de solides raisonnements et sur des faits dûment constatés, les autres, hypothèses ingénieuses, tour à tour soutenues et combattues, ou délaissées pour des points de vue plus nouveaux.

Tel livre n’est pas de l’auteur auquel il a été attribué jusqu’ici,

tel livre n’est pas de l’époque à laquelle on le rapporte généralement,

tel livre est un composé de documents divers rassemblés et soudés par un rédacteur inconnu,

tel fait ne paraît pas historique et offre tous les caractères d’une légende,

tel événement doit, être compris autrement qu’on ne l’a fait jusqu’à présent:

telles sont les voix diverses de la critique; mais si elles intéressent le chrétien, elles ne peuvent ni l’émouvoir bien profondément ni surtout abattre sa foi.

Je ne méconnais pas l’importance des questions bibliques qui sont débattues entre les théologiens, mais je ne voudrais pas non plus les surfaire. L’Évangile dans sa beauté, dans son pouvoir bienfaisant et sanctifiant;


L’Évangile n’est pas attaché à l’opinion

que les hommes peuvent avoir sur les livres de la Bible.


La religion chrétienne a fait ses preuves, et ce n’est pas parce qu’on s’est trompé jadis ou parce qu’on se trompe aujourd’hui sur un point d’interprétation des écrits sacrés qu’elle est mise en péril;


LE ROCHER DIVIN EST TROP SOLIDE

POUR QUE DES MAINS HUMAINES, MÊME LES MIEUX ARMÉES,

SOIENT CAPABLES DE L’ÉBRANLER.


J’ai vu sur le penchant des monts une carrière exploitée par de nombreux ouvriers. À entendre le bruit qui se faisait tout autour, à voir les blocs énormes qui roulaient des hauteurs, il me semblait que les bases mêmes de la montagne étaient secouées et qu’elle allait s’abîmer tout entière, mais quand je fus plus loin, je l’aperçus qui dressait bien haut son immuable cime, et les travaux des hommes que j’avais crus si grands ne m’apparurent plus que comme une faible trace à peine sensible à l’œil nu.

Cependant gardez-vous de croire que je dédaigne les patients travaux des carriers qui nous permettent de construire de beaux édifices, ni ceux des géologues qui nous expliquent la composition des montagnes, ni ceux des ingénieurs qui, par les routes qu’ils établissent, nous aident à les traverser.

Je ne dédaigne pas davantage le difficile labeur du savant qui cherche à étudier sous toutes ses faces l'idée chrétienne, ou qui applique à nos livres saints sa subtile méthode d’investigation.

Il en résultera, dans la suite des temps, après une époque de crise inévitable, un grand bien soit individuellement pour les chrétiens, soit collectivement pour les Églises.

On renoncera à certaines erreurs qui ont trop longtemps régné...;

on connaîtra mieux les circonstances dans lesquelles les divers livres de la Bible ont été composés; et la Bible elle-même en deviendra plus intelligible, plus humaine, plus vivante, et répondra plus exactement aux exigences de notre esprit comme aux besoins de notre piété.

Ah! ne craignons pas les recherches d’une science à la fois libre et respectueuse s’exerçant sur nos documents religieux. Ses résultats acquis enrichiront le trésor chrétien, et ses affirmations précipitées, ses conclusions hâtives, erronées, iront bientôt rejoindre, dans le tombeau de l’oubli, tout ce qui, étant faux, n’est pas destiné à durer.

Les mineurs de la science sont occupés aujourd’hui à tirer, des galeries qu’ils ont creusées, du minerai mêlé à sa gangue qu’ils jettent un peu au hasard, mais avec abondance sur le marché des esprits. Avec le temps viendront les affineurs qui rejetteront sur le sol beaucoup de terre et de sable, mais qui pourront montrer au monde le métal précieux.

D’ailleurs, en se mettant même au point de vue de ceux qui adoptent sur la Bible les opinions les plus radicales, les plus contraires à la tradition et aux idées généralement reçues, la Bible nous apparaît encore comme éminemment digne d’être lue, méditée et proposée à l’admiration des hommes.

Il lui restera toujours la sublimité de ses enseignements. Les plus hautes intelligences lui rendent témoignage; ELLE A UNE ÉCRASANTE SUPÉRIORITÉ SUR LES LIVRES SACRÉS DES AUTRES RELIGIONS; elle est la source inépuisable d’une philosophie pure et consolante, d’une littérature pieuse incomparable, et d’un mouvement d’idées grandes et salutaires, qui, pénétrant dans l’esprit du peuple, ont une inappréciable valeur:


IL LUI RESTERA TOUJOURS SON IMPOSANTE UNITÉ.


Sous une apparence de désordre, on découvre dans la Bible une parfaite harmonie.

On y voit LE PLAN D’UNE RÉDEMPTION DE LA RACE HUMAINE, esquissé dès les premiers chapitres, puis se développant au travers des âges jusqu’à son parfait accomplissement en Jésus-Christ; d’un bout à l’autre on y voit agir le même Dieu, un, esprit, saint, juste, tout-puissant, dont saint Jean peut résumer les perfections en disant qu’il est amour;

on y voit se mouvoir le même homme, toujours fait à l’image de Dieu, mais faible, pécheur et responsable de ses actions;

on y voit annoncer le même moyen de salut; et cela malgré ses soixante-six livres écrits par des auteurs divers, parus dans une période d’environ seize siècles et dans des milieux bien différents; et cela au travers de récits historiques, de recueils de sentences morales, d’écrits dogmatiques, de poésies, de lettres.


Le même Esprit souffle dans toutes ces pages,

et cet esprit est celui du Dieu de vérité.


Il restera toujours à la Bible enfin, et rien ne pourra lui enlever, le bien qu’elle a fait, et celui qu’elle accomplit encore dans des millions d’âmes.

C’est la démonstration pratique de sa haute valeur et c’est la plus irréfutable des démonstrations. En lisant le saint livre, l’homme éprouve une impression salutaire et profonde. Son esprit est éclairé, sa conscience remuée; son cœur humilié comprend et cherche la sainteté; il se sent plus désireux du bien, plus puissant pour le faire et plus rapproché de Dieu.

Telle est l’expérience d’un grand nombre d’hommes, droits, honnêtes, utiles dans ce monde, et dont le témoignage ne saurait être contesté; et CETTE EXPÉRIENCE, CHACUN DE VOUS PEUT LA FAIRE DÈS À PRÉSENT.


* * *


Ne seriez-vous pas peut-être détournés de la lecture des livres saints par les difficultés qu’ils présentent à votre esprit?

Ces difficultés existent. On ne peut se le dissimuler: la Bible n’est point toujours facile à comprendre dans toutes ses pages. Son langage est différent du nôtre.

C’est un livre d’un autre âge et qui, de plus, ayant été écrit par des hommes appartenant à une autre civilisation que la nôtre, offre fréquemment des mots qui sont pris dans un sens inaccoutumé, des idées, des comparaisons qui ne nous sont point familières, outre que les sujets qui sont ordinairement traités sont les plus hauts et par conséquent les plus malaisés à saisir pour nos esprits continuellement ramenés sur la terre par l’attrait prépondérant des choses visibles.

Qu’est-ce que cela prouve?

Que nous devons délaisser le livre de Dieu?

Cela prouve au contraire que NOUS EN DEVONS FAIRE NOTRE ÉTUDE, l’étude constante de notre vie.

À toute jouissance Dieu a attaché un certain effort, et s’il a voulu que nous n’entrions dans le sanctuaire qu’en ouvrant avec plus ou moins de peine la porte qui y donne accès, qu’avons-nous à objecter?

Mieux connaître la Bible, la mieux comprendre, se servir pour cela de tous les moyens que Dieu a mis à notre portée: commentaires, questions, sermons, explications orales ou écrites, voilà le devoir du chrétien.

Mais n’exagérons rien. Même en dehors de toute étude de ce genre, en ne prenant que sa Bible, mais en apportant aussi son raisonnement, sa conscience, son cœur, croyez-vous que ce qui est vital, que ce qui est essentiel dans la religion, n’apparaisse pas avec une clarté parfaite à tous les yeux?

Croyez-vous que l’Évangile ne se montre pas dans ses grands traits et tout entier à qui cherche SINCÈREMENT à le trouver? 


Lisez les Psaumes, autant de cris du cœur, d’ardentes prières adressées à l’Éternel, lecture appropriée à ceux qui souffrent et traversent un temps pénible, lecture qui, si elle n’offre pas encore la pure morale évangélique, si elle n’est pas pénétrée d’un souffle chrétien de pardon et de miséricorde, apporte néanmoins courage, consolation et confiance.

Lisez les Proverbes qui vous fourniront tant de maximes dignes d’être méditées et pratiquées.

Lisez les Prophètes qui feront retentir pour vous tant d’avertissements et d’appels propres à remuer les consciences.

Lisez ces livres historiques qui exposent tant d’exemples à imiter ou à éviter.

Lisez surtout ces Évangiles qui vous racontent la vie et la mort du Seigneur, qui vous dépeignent son œuvre et vous répètent ses paroles.

Lisez ces paraboles si lumineuses, ces préceptes si sublimes, ces épîtres qui renferment tant d’instructions et de conseils.

Et s’il est des choses qui vous arrêtent et que vous ne puissiez comprendre, passez-les, et RETENEZ LE RESTE, jusqu’à ce que l’Esprit, eu égard à votre humilité et à votre persévérance, vous conduise de sommets en sommets et de lumière en lumière à l’intelligence complète de la parole sainte.

Lorsque l’empereur Alexandre, le redoutable adversaire de Napoléon Ier, commença d’étudier la Bible, il marquait d’une croix tout passage obscur dont il ne pénétrait pas le sens.

À la première lecture, les croix furent très nombreuses; mais le soin que le pieux monarque mit à l’étude des Écritures porta ses fruits:

«À la seconde lecture, disait-il, j’en ai effacé plusieurs, et dès lors leur nombre diminue tous les jours.»


* * *


J’arrive à une troisième raison mise quelquefois en avant par ceux qui ne lisent pas la Bible. Son contenu, disent-ils, ne correspond plus aux besoins actuels de l’humanité.

Composée dans un temps reculé, pour des mœurs qui ne sont plus les nôtres, elle ne saurait nous suffire.

Objection grave, si elle est motivée, mais l’est-elle?

Sans doute il y a dans la Bible bien des ordonnances qui, concernant exclusivement le peuple juif, n’avaient qu’une valeur transitoire, mais dont on doit retenir soigneusement la pensée mère comme un principe fécond; sans doute sous la lettre il faut rechercher l’esprit, comme saint Paul lui-même nous y invite, et, dans toutes les applications qu’on peut être appelé à faire de ce qu’on lit, avoir égard aux circonstances de l’époque actuelle; mais, ces réserves une fois faites, ou plutôt ces explications étant données, ce que l’on peut affirmer, c’est que la vieille Bible, comme on l’appelle souvent, LA VIEILLE BIBLE EST TOUJOURS JEUNE, et que les hommes de tous les temps, successivement appelés à la sonder, peuvent y trouver:


UN ALIMENT QUI SUFFIT PLEINEMENT À LEURS BESOINS SPIRITUELS.


An point de vue de nos intérêts les plus élevés, de nos intérêts éternels, que trouvez-vous dans la Bible, je dis mieux, quelle est la chose importante que vous n’y trouviez pas?

Vous y trouvez une loi devant laquelle votre conscience est forcée de s’incliner, et qui sert à orienter votre vie, comme la boussole oriente les navires traversant le vaste océan.

Vous y trouvez un esprit tout différent de celui du monde, qui la pénètre du commencement à la fin et qui agit sur le cœur pour le réchauffer, pour l’élargir, pour l’élever, pour le transformer, pour lui communiquer une vie intense et toute nouvelle.

Vous y trouvez la réponse à cette question, la plus importante qui se puisse poser: Que faut-il faire pour être sauvé? et vous reconnaissez que tout ce qui a été écrit, comme dit saint Jean, l’a été afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom.

Vous y trouvez enfin le Sauveur, vous y trouvez Christ, et cela seul suffit: quand vous avez Christ, vous avez tout. Christ là, disait une pauvre ouvrière en montrant sa Bible, Christ ici, posant la main sur son cœur, Christ là-haut, désignant le ciel: c’est là tout ce dont j’ai besoin.

Oui, c’est là tout ce dont j’ai besoin, c’est là tout ce dont nous avons besoin, et quand mille voix ne s’élèveraient pas pour l’attester, les faits eux-mêmes se chargent de ce témoignage.


Portez la Bible dans une famille, et vous voyez apparaître à sa suite la paix, la piété, la charité, tout ce qui est honorable, tout ce qui est digne de respect.

Mettez-la dans la main d’un jeune homme exposé à de nombreuses tentations, et vous pouvez faire de lui un de ces jeunes gens d’élite, comme ceux à qui Jean l’apôtre écrivait: «Jeunes gens, je vous écris parce que vous êtes forts; jeunes gens, je vous écris parce que vous avez vaincu le malin.»

Faites-la goûter à une jeune fille jusqu’ici volontaire, frivole et mondaine, et vous verrez en elle le renoncement, le zèle pour les choses d’en haut, et cet esprit pieux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu.

Présentez-la à une âme troublée: «J’ai cherché le repos partout, dit l’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ, et je ne l’ai trouvé nulle part, si ce n’est dans un coin, avec un livre.»

Offrez-la à un affligé. On a trouvé la Bible de Luther, celle dont il se servait chaque jour et dont les feuillets sont couverts d’annotations; sur la page qui porte le titre, on lit ces mots écrits de sa main: «SI TA PAROLE NE ME CONSOLE, Ô SEIGNEUR, JE PÉRIS DANS MA MISÈRE

Ouvrez-la dans la cellule d’un condamné... Un homme lisait un jour l’Écriture sainte à un odieux assassin qui allait bientôt mourir du dernier supplice. Il en était au chapitre III de l’Épitre aux Romains, au verset 24: Nous sommes justifiés gratuitement par la grâce de Dieu, par le moyen du pardon qui est en Jésus-Christ. Soudain le criminel l’arrêta. — Répétez-moi ce passage, s’il vous plaît.

Nous sommes justifiés gratuitement par la grâce de Dieu, par le moyen du pardon qui est en Jésus-Christ.

Oh! répétez-le moi encore; je ne me lasse pas d’entendre ces consolantes paroles! Et ce fut par là que Dieu le prit pour l’amener à lui avant sa mort ignominieuse.

Portez-la enfin, notre Bible, portez-la à un mourant. Quelques jours après la bataille de Richmond, en Amérique, on trouva dans les bois un soldat mort. Sa main était appuyée sur une Bible ouverte, et son doigt reposait sur ce passage: Quand je marcherais dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal, car tu es avec moi.


Savez-vous quel est le vrai motif, le motif profond, inconscient, inavoué, qui fait que beaucoup de gens relèguent la Bible dans un coin pour ne l’ouvrir jamais?

C’est que LA BIBLE DÉPLAÎT NATURELLEMENT À L’HOMME
parce qu’elle lui montre qu’il est pécheur, et qu’elle froisse ainsi son orgueil.

Elle déplaît aussi parce qu’elle réclame rupture immédiate avec le péché. Or, LES HOMMES AIMENT LEUR PÉCHÉ ET NE VEULENT PAS ROMPRE AVEC LUI.

Mais, si la religion est vraiment quelque chose dans votre cœur, si vous avez prêté l’oreille à sa voix et ouvert votre âme à son influence, ce motif est sans valeur pour vous.

Vous voulez être au nombre de ceux qui se font humbles devant Dieu et qui saisissent le pardon; vous comptez parmi ceux qui ont faim et soif d’affranchissement, de progrès, de sainteté, et l’œuvre de votre sanctification a déjà commencé et se poursuivra jusqu’à son terme, par un effet de l’Esprit de Dieu.


Lisez donc la sainte Parole.


Lisez-la dans un esprit de prière, non seulement en demandant à Dieu de la bénir pour vous et de la faire servir à votre avancement spirituel, mais encore, si je puis ainsi parler, en tournant en prière chaque passage.

Vous lisez: Celui qui croit en Lui ne périt pas, mais il a la vie éternelle, et vous dites en vous-même: Ô Dieu! que je croie aussi, que je croie fermement et que j’aie la vie éternelle!

Vos yeux lisent: Humiliez-vous devant le Seigneur, et votre cœur dit: Seigneur, fais-moi la grâce d’être humilié! Ainsi votre lecture ne saurait manquer d’être riche en fruits, riche en bénédictions de toutes sortes.

Lisez-la aussi en vous appliquant chaque chose, en vous disant, non pas: Voilà ce que l’Écriture dit aux hommes, mais:


VOILÀ CE QUE L’ÉCRITURE ME DIT À MOI,

ME COMMANDE À MOI,

ET C’EST CE QUE JE FERAI.


Et votre foi, votre confiance dans le Seigneur en sera toujours plus raffermie.

Si quelqu’un, disait Jésus, veut faire la volonté de mon Père, il connaîtra si je viens de Dieu ou si je parle de mon chef.

Lisez-la, et vous en éprouverez les effets bienfaisants dans toutes les situations où vous pourrez vous trouver;

dans les luttes morales: avertissements et secours;

dans la souffrance: résignation, consolation, espérance;

dans les temps prospères: gratitude et charité;

dans la vie de tous les jours: lumières et encouragements.

Lisez-la, et vous vivrez dans la communion des plus grands hommes de Dieu, des hommes les plus religieux qui aient jamais existé et qui, dans les livres sacrés qu’ils ont légués au monde, lui racontent ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont senti, ce qu’ils ont éprouvé. Vous ferez des expériences analogues, et vous recevrez du bien dans l’intimité de ceux qui ont été unis avec Dieu avant nous et plus que nous.

Lisez-la, et Dieu se communiquera directement à vous, il se révélera en établissant entre Lui et vous un lien vraiment filial. C’est là le dernier but de la Révélation, que vous arriviez à sentir en vous le Fils de Dieu, et en Dieu le Père céleste, et en Christ le Sauveur qui a comblé par son sacrifice l’abîme séparant le pécheur du Dieu saint.


J’ai fini. Pourtant encore un mot qui serve de résumé à tout ce que j’ai dit.

Chacun de vous possède probablement une belle Bible, bien imprimée et bien reliée, mais l’important c’est:


QU’ELLE SOIT IMPRIMÉE DANS VOTRE CŒUR

PAR LA MÉDITATION

ET RELIÉE À TOUTE VOTRE VIE

PAR L’OBÉISSANCE ET LA FIDÉLITÉ.



Table des matières