Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SERMONS PRATIQUES

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LE DIMANCHE

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Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. Ex. XX, 8.

Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. Marc II, 27.

Que personne ne vous juge à l’égard du manger et du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune ou d’un sabbat: ce n’est là, que l'ombre des choses à venir, tandis que la réalité se trouve en Christ. Colossiens II, 16, 17.

Un lourd camion, chargé de toutes sortes de marchandises, traversait un dimanche les rues d’une petite ville de la Suisse. Un monsieur, qui se trouvait là, se mit à faire des signes de détresse, en criant au conducteur: Vous passez par-dessus! vous passez par-dessus! Le conducteur arrêta ses chevaux, descendit de son siège, et, après s’être assuré que tout était en ordre, il demanda surpris:

Pardessus quoi?

Ne voyez-vous pas? lui fut-il répondu, vous passez par-dessus le quatrième commandement: Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier.

Je ne sais quel fut le résultat de cette brusque apostrophe faite par un chrétien original au voiturier violateur du sabbat. Peut-être le fit-elle réfléchir? Peut-être provoqua-t-elle un énergique jurement?

Je ne crois guère pour ma part au succès fréquent de ce genre d’évangélisation qui éloigne plus de gens qu’elle n’en attire et qui peut compter à son actif plus de boutades que de vrais témoignages rendus. Mais il me semble que ce camionneur oublieux du jour du repos ou peut-être simplement victime d’un état de choses dont il n’était pas responsable, est comme un symbole de la société contemporaine, qui dans son ensemble ne se souvient guère du jour du repos pour le sanctifier et à laquelle il est nécessaire de crier sans se lasser, sans se laisser arrêter par les objections ni par le poids considérable des intérêts coalisés:

VOUS PASSEZ PAR-DESSUS! Vous foulez aux pieds le privilège dont Dieu a voulu vous gratifier et l’incomparable bienfait qu’il a destiné à la race humaine en lui donnant le Dimanche; vous méprisez à tort le conseil divin et vous dédaignez le vrai bonheur.


Depuis quelques années, un mouvement très sérieux travaille l’opinion publique, et s’efforce de lui démontrer que l’observation du dimanche est une nécessité sociale et religieuse. Je bénis ici les efforts des hommes qui se sont mis courageusement sur la brèche pour plaider cette cause;

je me réjouis des victoires qu’ils ont remportées déjà et de celles que leur réserve l’avenir;

j’admire le bien qu’ils ont fait, ou plutôt que Dieu, dont ils sont les instruments dociles, a fait par leur moyen, et, lorsqu’ils savent se tenir à l’abri de fâcheuses exagérations, lorsqu’ils sont dépouillés de ce vieil esprit judaïque aussi étroit que contraire à l’Évangile, qui semble, comme l’hydre antique, renaître toujours de ses cendres pour entraver le christianisme vivant, de cet esprit qui n’est pas sans avoir ses représentants à notre époque encore et dans notre pays, lorsque enfin leur activité est marquée au coin de la sagesse et de la largeur du Maître,

je déclare que leur œuvre est digne de nos prières, de notre sympathie, de notre coopération directe, et c’est pourquoi je viens aujourd’hui apporter à l’édifice qu’ils construisent ma modeste pierre, et jeter mon verre d’eau fraîche dans la source salutaire qu’ils ont fait jaillir, comme jadis Moïse, en frappant de leur bâton le dur rocher de l’égoïsme et de la routine.


Le sujet qui se présente à moi est très vaste, et il ne m’est possible de le considérer que sous une seule de ses faces. Mes auditeurs sont gagnés d’avance à la cause du dimanche. Je ne perdrai donc point de temps à les convaincre. Je vous suppose convaincus, et, m’adressant à vous comme à des chrétiens désireux de sanctifier le dimanche, je poserai simplement cette question à laquelle nous chercherons ensemble une réponse aussi claire et pratique que possible:


Qu’est-ce que ce jour doit être pour le disciple de Jésus?

Que doit-il être pour chacun de vous?


Le Dimanche, c’est d’abord le jour du repos. Ah! ne craignez pas que je vous ramène aux observances pharisaïques du jour du sabbat, ni même aux prescriptions strictes de la loi de Moïse. Nous devons juger de toutes choses avec la sainte liberté que l’Évangile nous a rendue.

Les nécessités de la vie et, — pourquoi ne le dirions-nous pas aussi, au risque de choquer les sentiments de quelques-uns? — même les devoirs de nos vocations diverses projettent dans certains cas leurs obligations jusque sur la journée du dimanche.


UNE RÈGLE UNIQUE ET INVARIABLE NE PEUT ÊTRE APPLIQUÉE

INDISTINCTEMENT À TOUS!


Jésus-Christ a donné la formule exacte du sabbat chrétien lorsqu’il a dit: Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat.

Nous, chrétiens, nous devons voir dans le repos du septième jour,

un devoir qui s’impose à la faiblesse de notre nature, un admirable conseil de la sagesse divine, un immense bienfait dont nous sommes redevables à la sollicitude du Père céleste, plutôt qu’une loi sanctionnée par les foudres du jugement.

Le Fils de l’homme est maître même du sabbat, et Jésus nous a rendus indépendants de la loi ancienne et dépendants des principes larges et sublimes qu’il a posés et qui sont gravés dans notre cœur par le burin de l’Esprit.

Que personne ne nous juge à l’égard du manger et du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune ou d’un sabbat: ce n’est là que l’ombre des choses à venir tandis que la réalité se trouve en Christ.

Nous sommes libres, ajoute saint Paul, mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour mal faire. Si en effet la loi ne subsiste plus dans son sens étroit, si elle est spiritualisée, si le chrétien juge de tout dans la communion avec le Seigneur, LE CONSEIL DE DIEU N’EN SUBSISTE PAS MOINS, et son bienfait demeure. Que nous serions coupables en méprisant ce conseil ou en rejetant ce bienfait!

À propos du Dimanche l’on peut répéter cette parole du Psalmiste: C’est ici la journée que l’Éternel a faite, réjouissons-nous en elle.

Oui, réjouissons-nous!

Quelle bénédiction pour le laboureur de délaisser alors le pénible champ de ses travaux et de donner du repos à ses membres fatigués! pour l’ouvrier d’abandonner la lourde atmosphère de l’atelier et de respirer l’air pur! pour le commerçant, pour l’industriel, pour l’homme de bureau ou d’étude, pour tous ceux qui travaillent sur la terre, de laisser là préoccupations et soucis, calculs et affaires, recherches et labeur, et de pouvoir jouir de la vie!

Le corps répare ses forces, l’esprit se restaure, l’âme entière s’épanouit; elle retrouve sa vigueur et sa santé, et, allégée d’un grand poids, elle se soulève au-dessus de l’horizon borné qui l’enserre dans la vie de tous les jours, et peut lancer plus loin et plus haut son regard.

Voilà ce qu’ont voulu la sagesse et la bonté du Créateur, lorsque aux premiers jours, avant même d’avoir porté cette sentence: Tu travailleras à la sueur de ton front, il prépara des oasis pour l’homme traversant le désert de la vie, des lieux de repos pour le voyageur fatigué afin qu’au lendemain ce voyageur pût reprendre sa marche avec plus de courage, des temps de recueillement pour que l’âme rentrât en possession d’elle-même, fît le compte de ses voies et rallumât son flambeau prêt à s’éteindre.

Ah! comme la reconnaissance vous convient, vous qui pouvez, sans obstacle, goûter le repos du Dimanche! avec quel empressement vous devez saisir ce don si beau de votre Dieu! avec quelle joie il faut que vous en profitiez!

Hélas! tous ne sont pas privilégiés comme vous!

Combien de gens, victimes de leur métier, des circonstances ou d'un coupable égoïsme, ont à répéter le mot si triste, si navrant, d’un employé de chemin de fer:

«Le Dimanche, c’est le pire des jours.»

Combien de personnes, dans les services ou dans les lieux publics désirent vainement de sanctifier le jour du Seigneur! Songeons à ces martyrs de la civilisation, et si nous pouvons faire quelque chose, même au prix d’un sacrifice, pour leur procurer ce qui leur manque, saisissons-en l’occasion.

On me citait naguère un trait qui m’a profondément ému, et qui montre à la fois l’insupportable joug qui pèse sur certaines classes d’hommes et les secrètes aspirations de plusieurs.

Dans une de ces villes à la mode que fréquentent volontiers les étrangers, et où, pendant la chaude saison, une partie de nos familles chrétiennes se déverse pour chercher vers les sommets la fraîcheur de l’air alpestre, on a songé à réunir tous les employés d’hôtel, le dimanche au soir, pour un culte qui leur fût spécialement destiné.

Les intéressés se montrèrent favorables à ce projet, mais ils déclarèrent que la seule heure possible était minuit: jusque-là ils étaient retenus par les exigences de leur service. Le culte eut lieu, la salle fut comble, et les malheureux qui n’avaient, pour sanctifier le Dimanche par une prière commune, que la première heure du lundi, remercièrent cordialement ceux qui avaient pensé que eux aussi avaient une âme, et leur demandèrent de ne pas s’en tenir à cette seule réunion. Oh! appelons de nos vœux le prompt accomplissement de cette prévision du socialiste Proudhon:

«Le Dimanche, a-t-il dit, sabbat chrétien, dont le respect semble avoir diminué, doit revivre un jour dans toute sa splendeur.»

Je crois que cette parole s’accomplira, car trop de gens y sont intéressés pour n’y pas pousser de toutes leurs forces, mais je crois aussi que tous doivent dès à présent s’employer à avancer cette œuvre ou tout au moins à ne pas l’entraver.


Gardons-nous de rendre par nos exigences l’observation du dimanche impossible à certaines gens; songeons à nos fournisseurs et à nos domestiques; pourvoyons dès le samedi à une foule de travaux et d’emplettes qui déchargeront d’autant la journée du lendemain; SIMPLIFIONS POUR CE JOUR-LÀ, s’il est possible, NOTRE GENRE DE VIE; jouissons du repos, mais laissons-en jouir les autres.

Un enfant a prononcé sur le dimanche un mot bien frappant, lorsqu’il a dit: «Le dimanche, c’est le jour où l’on s’aime.» N’est-ce pas en effet le jour où l’on a le temps de s’aimer, le jour de l’affectueuse intimité, en un mot le jour de la famille.

Durant la semaine, le père a été séparé de ses enfants et de son épouse, et, rentrant au soir, fatigué, n’a pu ni jouir d’eux à sa guise ni les réjouir de sa présence; tous les membres de la famille, emportés par leurs occupations diverses sont allés chacun de son côté, se sont dispersés çà et là, mais, le dimanche, on se retrouve; le père et la mère, le frère et la sœur, l’aïeul et les petits-enfants se rencontrent autrement que dans un repas pris à la hâte. Quel charme dans cette conversation prolongée! quelle douceur dans cette confiance réciproque, dans cet heureux abandon! quel plaisir dans cette promenade en famille, où l’on respire l’air pur, où les cœurs palpitent de bonheur, où l’on remercie Dieu d’être en vie.

Il semble que la nature soit plus belle, elle présente un aspect plus riant, elle apparaît plus verte et plus parée, on la voit au travers du prisme de la joie, et, comme on l’a dit, elle s’associe à sa manière à cette fête universelle: Que les deux se réjouissent et que la terre soit dans l'allégresse! que la mer retentisse avec tout ce qu’elle contient, que la campagne s’égaie avec tout ce qu’elle renferme, que tous les arbres des forêts poussent des cris de joie devant l’Éternel, car le voici qui vient.

Ô chefs de maisons, donnez vos dimanches à vos familles, goûtez les pures jouissances que je viens de décrire, et le poids de la vie deviendra pour vous plus léger, votre conscience sera tranquille, votre cœur sera joyeux; dès le lundi matin vous vous remettrez à la tâche avec une ardeur nouvelle; le souvenir de ce jour béni vous soutiendra durant toute la semaine, et la perspective d’une journée prochaine et toute pareille vous encouragera au sein des plus rudes travaux.

Mais hélas! est-ce là le spectacle qui se présente à nous partout où nous tournons nos regards?

Tous se plaisent-ils à sanctifier ainsi le jour du repos?

Regardez et voyez.

Ici un père de famille, oublieux de ses devoirs, va passer au café les heures qu’il devrait donner aux siens, et, sans résister aux entraînements d’amis perfides, prolonge bien avant dans la soirée ses trop abondantes libations. Et lorsqu’au lendemain il se réveille, la tête lourde, le cœur affadi, plus fatigué que le samedi soir, comme il est dispos pour recommencer le travail des six jours! Quel beau dimanche! Comme il a été bien employé!

Là c’est un train de plaisir emportant avec lui des centaines de voyageurs. Il part, et, sur son parcours, les auberges regorgent de monde, le vin coule à flots. Le commerce ne va pas, la fabrique est arrêtée, l’industrie souffre, la misère approche,... qu’importe? Vingt francs, trente francs pour une seule journée; on a vu du pays, on a bien mangé et bien bu, et l’on rentre la bourse vide, le cœur léger, tout prêt à recommencer à la première occasion, mais ne sachant pas peut-être comment faire face aux engagements du lendemain et pourvoir aux premières nécessités de l’existence. Quelle profonde sagesse! quelle conduite pleine de discernement! quel bon dimanche! comme on a su en profiter!

Plus loin c’est une jeunesse affolée de plaisir qui passe dans une salle de danse... mais pourquoi tracer de tels tableaux?

Pourquoi continuer cette triste énumération? Où êtes-vous, joies paisibles, courses champêtres, divertissements permis! Vous ressemblez à la fine pluie d’été qui tombe sur la terre sèche. Après elle la verdure est plus riche, les fleurs plus fraîches, les parfums plus embaumés, la végétation plus luxuriante, et la nature plus splendide. Mais ce que je vois à votre place, c’est le vent qui trouble le ciel, c’est l’orage qui détruit, c’est la tempête qui renverse, et lorsqu’elle a passé, les arbres sont dépouillés, les rameaux brisés jonchent le sol, les arbustes sont couchés, les fleurs effeuillées, le désordre règne partout.

Il faut lutter là-contre, il faut lutter par la plume, par la parole, par l’exemple; mais il faut se garder d’aller trop loin dans son blâme et de tomber dans ces exagérations qui compromettent les causes les plus légitimes.

Je me mets pour un moment à la place du peuple.

J’essaie de comprendre ses besoins et ses désirs.

Je tâche de me représenter ce que je sentirais si j’étais occupé d’une façon ininterrompue, et pour ainsi dire à la chaîne d’un travail mécanique depuis le lundi matin jusqu’au samedi soir, sans pouvoir trouver un répit de quelques heures autrement que par une notable diminution de mon salaire.

Eh bien! Je sentirais de temps en temps, après un labeur sans relâche, le besoin de varier quelque peu mon existence, de me donner un extra, de me joindre peut-être à quelque réjouissance où je verrais entrer mes amis et mes voisins.

Quand on peut facilement s’accorder au besoin une journée dans la semaine, quand on prend tous les ans un mois de vacances pour le passer à la montagne ou aux eaux, quand du reste la vie est plutôt facile et agréable, on a mauvaise grâce à reprocher à un pauvre homme sa modeste partie de plaisir ou sa participation à quelque fête du dimanche.

Une fête le dimanche, dira-t-on, mais c’est une abomination! Une abomination!

Et quand veut-on que ceux qui ont ce seul jour en réserve, puissent prendre un peu de plaisir?

Les priverons-nous à jamais de toute excursion, de toute réunion de société?

Mettrons-nous sur leur cou un joug que nous serions inhabiles à porter?

Ah! il faudrait n’avoir ni pitié ni miséricorde, et ceux qui les blâment le plus vertement, remarquez-le, seraient les premiers à leur jeter la pierre s’ils employaient à festoyer quelque jour ouvrable au lieu de travailler pour gagner leur pain.

Vous direz peut-être que je suis trop large et que j’abandonne les principes! Je crois plutôt que je suis fidèle aux vrais principes, et que je n’excède en rien la largeur de l’Évangile en consentant à ce qu’il y ait parfois pour les ouvriers, pour le peuple, des fêtes et des réjouissances au jour du dimanche, pourvu que ces trois conditions soient observées:


D’abord que ce soit pour chacun L’EXCEPTION ET NON LA RÈGLE. Or, il y a certainement sous ce rapport de graves abus, et la fureur du plaisir entraîne à leur perte, à leur ruine, nombre de familles et d’individus.

La deuxième condition, c’est que LA SOBRIÉTÉ ET LA DÉCENCE SOIENT TOUJOURS RESPECTÉES, qu’on ne se permette rien qui soit coupable devant Dieu, et qu’on puisse aller partout en compagnie du Seigneur Jésus.

La troisième condition, c’est QUE L’HEURE DU CULTE SOIT RÉSERVÉE. Il ne serait pas impossible de gagner ce point-là dans la confection de plus d’un programme de fête, et je voudrais que nos sociétés pour la sanctification du dimanche agissent énergiquement dans ce sens auprès des divers comités.

Oui, il faut pour les sociétés comme pour les familles, que le service de Dieu ne soit pas oublié.

Je connais des gens qui dans leurs plans de courses font toujours entrer l’assistance à un culte et qui subordonnent à cette condition tous leurs arrangements;

j’en connais d’autres qui, sur les sommets où ils vont chercher les grands spectacles de la nature, dans ces temples plus sublimes que ceux qui sont faits de main d’homme, ouvrent leur Bible et élèvent leur prière jusqu’à Dieu.


Le Dimanche JOUR DU REPOS, le Dimanche JOUR DE LA FAMILLE; ajoutons que le Dimanche est encore le JOUR DE LA BIENFAISANCE, le jour où l’homme le plus affairé, la femme la plus occupée, a le temps et le pouvoir de faire un peu de bien.

Il ne manque pas de gens qui éprouvent un grand désir de témoigner au Seigneur qu’ils l’aiment en accomplissant quelque chose pour Lui, mais ils sont embarrassés, ils ne savent qu’entreprendre. Eh bien! voici un moyen entre mille.

Vous, vous avez une parente âgée; vous connaissez un vieillard, un malade qui mène une vie triste et bien dépouillée et qui se plaît tant à voir un visage connu, à entendre une voix aimée. Allez aujourd’hui chez cette parente, chez ce vieillard, chez ce malade. Allez avec un joyeux sourire, lui presser affectueusement la main; éclairez de votre présence son âme assombrie; faites-lui quelque bonne lecture, dites-lui quelques douces paroles, consacrez-lui quelques-uns de vos moments. Tout ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites, dit le Seigneur. J’étais malade et vous m’avez visité.

Vous, vous vous intéressez à une pauvre famille qui a besoin de vos dons. Vous êtes en position de soulager sa misère et Dieu vous a mis au cœur d’y pourvoir. Allez aujourd’hui dans cette humble demeure; allez-y sans dédain, sans fierté, sans air de grandeur; montrez à ceux qui souffrent que leur sort ne vous est point indifférent; gagnez leur cœur par votre sympathique bonté. J’étais nu, dit le Seigneur, et vous m’avez vêtu, j’avais faim et vous m’avez donné à manger.

Vous, vous avez un ami que les circonstances ont exilé loin de sa patrie et qui aime tant à recevoir des nouvelles du pays. Il y a longtemps peut-être que vous ne lui avez écrit; vous avez négligé ce devoir, car c’en est un, et vous le renvoyez de semaine en semaine et de mois en mois. Le temps vous manque, dites-vous, vos occupations ne vous laissent pas le loisir de respirer. C’est possible. Eh bien! prenez aujourd’hui votre courage, ne laissez point écouler la journée sans vous être soulagé de cette douce obligation, et que le courrier de demain puisse emporter déjà votre affectueux message. J'étais étranger, dit le Seigneur, et vous m’avez visité.

Vous connaissez une personne isolée, sans famille et dépourvue d’amis. Elle n’a pas comme vous un père ou une mère, elle ne connaît pas l’affection d’un époux, elle ne voit pas autour d’elle de ces petits êtres dans lesquels le cœur revit et semble puiser une sève nouvelle. Elle a eu tout cela peut-être, elle a savouré comme les autres ces indicibles jouissances,... mais ce n’est plus qu’un souvenir; elle a fait comme vous des rêves d’avenir, elle a cru au bonheur sur la terre, mais le temps en est passé: maintenant elle reste seule, seule, et vit comme dans un désert. Oh! qui dira ses regrets et ses larmes? Qui comprendra ses secrètes tristesses? Qui versera un peu de joie dans le vide de ce cœur? Pourquoi ne serait-ce pas vous, ma sœur?

Allez le dimanche vers elle. Le dimanche! c’est le jour où la solitude se sent davantage et où l’abandon pèse. Entourez-la de prévenances! Qu’elle oublie pour un moment l’isolement de sa vie! Admettez-la dans le cercle des vôtres. Qu’elle trouve auprès de vous ce dont elle est avide. J’avais soif, dit le Seigneur, j’avais soif d’affection, j’avais besoin d’aimer et d’être aimé, et vous avez rafraîchi mes lèvres brûlantes, vous m’avez donné à boire.

Oh! que de bien vous pourriez faire aujourd’hui, que de bien vous pourriez faire dimanche prochain, que de bien vous pourriez faire chaque semaine, mes bien-aimés frères. Dans une chambre humide et obscure pénètre parfois un chaud rayon de soleil. Comme tout est transformé dans cette chambre! comme l’aspect en est différent! comme l’apparence en est devenue presque riante! Vous pouvez être ce chaud rayon de soleil pour quelques âmes; vous pouvez prendre place dès maintenant parmi les bénis du Père céleste, les messagers de miséricorde, les imitateurs de Jésus-Christ. Mon commandement, a-t-il dit, c’est que vous vous aimiez les uns les autres.


En vous parlant du Dimanche et de la manière dont le chrétien doit l’employer, je n’ai fait que mentionner en passant le culte à rendre au Seigneur. Revenons-y avant de terminer. Sans doute tous les jours de la vie doivent être sanctifiés par le culte individuel et le culte domestique, tous les jours de la vie doivent se passer sous le regard et dans la pensée de Dieu; mais il faut que, le dimanche, l’idée du Seigneur nous remplisse davantage encore, qu’elle domine tout et qu’elle trouve son expression parfaite dans le culte public, dans la communion fraternelle avec ceux qui partagent notre foi.


UN DIMANCHE SANS LE CULTE PUBLIC,

un dimanche où l’on ne monte pas avec tous ses frères à la maison de Dieu,

un dimanche où l’on ne ravive pas sa piété au contact de celle des autres,

un dimanche où l’on ne vient pas, dans le temple du Seigneur, lui dire du fond du cœur: Seigneur, pardonne-nous nos péchés! Seigneur, merci de tous tes bienfaits! Seigneur, encore de nouvelles bénédictions pour nos âmes, pour nos familles, pour l’Église, pour la patrie !...

CE N’EST PAS UN DIMANCHE, C’EN EST LA CONTREFAÇON.


Mais si ce jour est vraiment pour nous celui du Seigneur et si nous répondons à la voix qui nous convoque dans les églises, vous figurez-vous quelle influence profonde, durable, bénie, il peut exercer!

Cinquante-deux jours par année où l’on vit plus près de Dieu, où l’on reçoit des impressions, des avertissements, des appels, et où l’on prend des résolutions!

Cinquante-deux jours par année! et cela depuis dix ans, depuis quarante ans, depuis soixante ans peut-être!

Que de progrès dans la foi et dans la sanctification!

Quelle marche en avant et en haut!

Quelles forces constamment et fidèlement reçues pour le combat de la vie et pour la pratique journalière de tous les devoirs!

Ce n’est pas pour lui-même que Dieu réclame nos hommages. Que peuvent-ils lui faire? Pourrions-nous, par nos prières ou nos chants, ajouter quelque chose à sa félicité, à sa grandeur, à sa puissance?

Non, C’EST POUR NOTRE PROPRE AVANTAGE QU’IL VEUT QUE NOUS NOUS RÉUNISSIONS DANS SES TEMPLES;

c’est pour que notre âme, d’abord faible et languissante, terrestre et charnelle, se fortifie peu à peu, se donne entièrement au Seigneur Jésus et devienne enfin capable de goûter avec Lui les jouissances élevées, spirituelles, divines, qui seules nous seront accordées là-haut. Vous?


En sortant d’ici direz-vous: — Il a bien raison. — Puis, ce sera tout, vous n’y penserez plus, vous vous en tiendrez là. — Ou bien direz-vous: Je réfléchirai sur le sujet, il y a là une question sérieuse à laquelle il faut prêter attention, j’ai certainement à modifier quelque chose dans ma façon de célébrer le Dimanche.

Hélas, mes paroles auront glissé sur bien des cœurs sans s’y arrêter; il y a des âmes pour lesquelles ma prédication aura été inutile; mais s’il y avait ici quelques familles, que dis-je? s’il y avait une seule âme qui eût été aujourd’hui touchée et amenée à mieux sanctifier le jour du Seigneur!

Ô Dieu! agis sur les cœurs bien disposés, fais-y germer une bonne pensée, et que le jour du Dimanche soit désormais pour quelques-uns de plus, pour tous, LE JOUR DU VRAI REPOS, LE JOUR DE LA FAMILLE, LE JOUR DE LA CHARITÉ, EN UN MOT LE JOUR DU SEIGNEUR!




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