Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA RANÇON DU MONDE

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Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. (Jean III, 16.)


Mes frères,

Cette déclaration a déterminé une révolution si radicale dans la destinée temporelle et spirituelle des individus et des peuples, que nous n'en pourrons jamais mesurer l'étendue ni apprécier les conséquences.

Elle sonne le glas funèbre des privilèges et des privilégiés, et ouvre l'ère de l'égalité des hommes devant Dieu et de SON AMOUR INFINI POUR EUX TOUS.

Choisi au sein d'un monde laissé aux conséquences de sa révolte, comblé d'avantages matériels et de privilèges spirituels, le peuple Juif s'était montré de «col roide, incirconcis de cœur, toujours opposé au Saint-Esprit» (Actes VII, 51), et avait encouru le déplaisir de Dieu.

Fatigué de sa RÉSISTANCE et de son INGRATITUDE, il envoie son Fils proclamer à la terre qu'il le rejette, comme peuple, et ouvre les bras de sa miséricorde au monde tout entier, sans distinction de races et de conditions, puisqu'il «a fait d'un seul sang toutes les races des hommes, pour habiter sur toute la face de la terre» (Actes XVII, 26).

Le fleuve de son amour, retenu jusqu'ici par les droits exclusifs d'un petit peuple, rompt ses digues et coule à pleins bords vers l'humanité déchue et souffrante. Pour étancher sa soif de bonheur et retrouver en Dieu un père, elle n'aura plus qu'à s'abreuver à ces eaux jaillissantes.



* * *


I


L'amour de Dieu.


«DIEU A TANT AIMÉ LE MONDE.»

Nicodème, docteur juif et disciple secret, mais craintif de Jésus-Christ, vient le trouver de nuit pour obtenir des lumières sur son enseignement divin.

Au cours d'une conversation où la supériorité de la religion spirituelle éclate dans toute sa divine sublimité, Jésus lui dévoile les mystères de la nouvelle naissance de l’âme et de l'amour infini de Dieu, qui l'a porté à donner son Fils unique pour la rançon du monde.

Qui comprendra l'énormité du sacrifice qui nous a soustraits à la condamnation éternelle et assuré la vie et le bonheur éternels?

Qui mesurera la hauteur, la largeur et la profondeur de cet amour dont les proportions échappent à notre esprit et dont l'intensité fondrait un cœur de bronze?


Suivez cet amour qui «se voit comme à l'œil» (Rom. I, 20.) dans la nature qui est chargée de dérouler DEVANT NOUS un panorama magnifique et toujours varié;

dans la fleur aux couleurs fraîches et éclatantes, au parfum subtil, dont la mission est de charmer notre regard et de flatter notre odorat;

dans le chant mélodieux des oiseaux qui verse l'harmonie dans notre âme;

dans la terre qui se prodigue pour satisfaire tous nos besoins.


Voyez-le dans l'homme, organisé pour jouir des biens de la terre et pour en faire la messagère de ses volontés; «formé à l'image et à la ressemblance de Dieu» (Gen. I, 26.) pour communier avec lui et se retremper en lui.

Contemplez ce chef-d'œuvre de la création, terrestre par son corps et céleste par son âme, qui vit et jouit de la double vie du corps et de l'esprit, de la terre et du ciel, et dites-moi si Dieu n'a pas aimé l'homme d'un amour dont les proportions nous échappent?

Cet homme ne se contente pas de son bonheur; il veut faire acte d'indépendance EN ABUSANT de la liberté dont il a été doué.

Dans une heure de révolte insensée, il rompt violemment le lien qui le rattache à son Créateur et Père et TOMBE SOUS LE COUP DU CHÂTIMENT.

Il devient la proie de la souffrance et de la mort, du remords et de la frayeur.

Dieu l'abandonne-t-il?

Cesse-t-il de l'aimer?


Mères qui m'écoutez, lorsque vos fils, qui sont sang de votre sang, chair de votre chair, marchent d'un pied ferme dans le sentier de l'honneur, de la vérité et du bien, votre cœur bat d'un amour de satisfaction mêlé d'orgueil. Vous êtes fières d'eux.

Mais s'il leur arrive de trébucher, de tomber, de déshonorer votre nom et de couvrir de honte l'église qui leur a ouvert ses portes, est-ce que vous cessez de les aimer?

Ah! c'est alors surtout que vous les aimez, que vous les enveloppez de cet amour compatissant qui sauve et sanctifie!

Et vous n'avez de repos que lorsque vous les avez tirés du bourbier où ils sont tombés et remis sur la bonne voie.


S'il m'est permis de supposer à Dieu des pensées et des sentiments humains, je dirai que c'est ainsi, mais DANS UNE MESURE INFINIE, QU'IL AIME L'HOMME.

Avant sa chute Dieu l'aima d'un AMOUR DE SATISFACTION, parce qu'il était son chef-d'œuvre et sa créature de prédilection;

Après sa chute il l'aima d'un AMOUR DE COMPASSION, parce qu'il le vit dégradé et malheureux.

Il s'émut à la vue de la misère de l'homme et il ne put rentrer dans son état de parfaite béatitude qu'il n'eût pourvu à son salut et à son relèvement.


Oui, mes frères, je m'enhardis jusqu'à dire que Dieu ne pouvait retrouver la plénitude de son bonheur avant d'avoir fourni à l'homme le moyen de retrouver celui qu'il avait perdu. Partie de son propre bonheur, le nôtre était nécessaire au sien, en vertu de cette loi qui veut que le bonheur des enfants fasse celui des parents.


* * *


II


Le don de l'amour.


Autrement il n'aurait pas «DONNÉ SON FILS UNIQUE

Quoiqu'il en soit:


il faut que l'homme soit d'une bien grande valeur

pour que son salut ait nécessité

un sacrifice de la grandeur de celui de Jésus-Christ.


On juge de la mesure de l'amour de quelqu'un par l'étendue des sacrifices qu'il inspire.

Une mère vraiment digne de ce nom n'hésitera pas à exposer sa vie pour son enfant.

Si vous jugez de l'amour de Dieu par la même règle, vous serez frappés d'étonnement et d'admiration. L'homme s'est volontairement et sciemment placé sous les coups de la justice éternelle qui ne peut voir le mal sans le punir; sa misère est profonde, les remords empoisonnent sa vie, l'avenir est sombre et menaçant.

De tous les coins de la terre s'élèvent vers le ciel des gémissements et des cris de douleur. Dieu en est touché de compassion. Mais aucune puissance dans le ciel ou sur la terre ne peut les faire cesser.

Il y a, il est vrai, son Fils unique et bien-aimé, mais le cœur paternel de Dieu recule à la pensée de l'offrir. Pourtant il n'y a que lui qui puisse sauver l'homme.

Songez à la lutte gigantesque qui s'engage dans le cœur de Dieu entre son amour pour son Fils et son amour pour l'homme!

Enfin son amour pour l'homme l'emporte, et son Fils est offert en sacrifice expiatoire. Il l'envoie sur la terre et le livre entre les mains des hommes qui vont le haïr, le mépriser et le condamner injustement à une mort ignominieuse.


LE FILS, PARTAGEANT L'AMOUR DU PÈRE, ACCEPTE LE SACRIFICE.

Il se charge du fardeau des péchés de l'humanité et meurt dans une lente et pénible agonie.

Quels ne durent pas être les sentiments du Père en voyant son Fils suant des grumeaux de sang, essuyant sans murmurer les insultes et les crachats, les sarcasmes et les malédictions d'une foule insensée qui ne voulait pas du salut qu'il allait lui assurer!....

Ah quel amour!


«DIEU A TANT AIMÉ LE MONDE!

QU'IL A DONNÉ SON FILS UNIQUE.»


C'est pour VOUS qu'il l'a donné, c'est pour VOUS que le Fils a souffert et qu'il est mort! Pouvez-vous l'oublier?


* * *


III


L'universalité du salut opéré par le don de l'amour.


«AFIN QUE QUICONQUE....»

C'est pour VOUS et pour TOUS les hommes.

Quiconque en voudra, l'obtiendra ce salut qui a coûté si cher.


«Regardez vers moi et soyez sauvés, vous tous les bouts de la terre» (Ésaïe XLV, 22)!

«Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai» (Matthieu XI, 28).

«Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu» (Luc XIX, 10).


Ainsi l'humanité, qui peine et qui gémit, n'est pas laissée «sans Dieu et sans espérance dans le monde

Si elle a faim et soif de la justice elle n'a qu'à se rassasier du pain de vie et à se désaltérer aux eaux vives, sans aucun prix. Bien plus, Dieu envoie des messagers proclamer cette bonne nouvelle aux hommes et les inviter, les presser d'accepter les offres de réconciliation qu'il leur fait. O amour divin, que tu es grand et désintéressé!

Mais le salut embrasse le corps aussi bien que l'âme dans son universalité.

La mort du Christ nous a sauvés:

de la mort immédiate du corps,

aussi bien que de la mort éternelle de l'âme.

L'Éternel avait dit à Adam, «quant à l'arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n'en mangeras point; car au Jour où tu en mangeras, CERTAINEMENT TU MOURRAS» (Genèse II, 17).

Intervenant au moment voulu, le Fils a fait suspendre l'exécution de cette sentence et nous a assuré la vie présente avec ses avantages et ses joies. En sorte que même s'il arrive à certains hommes de manquer la vie éternelle (la plus grande perte), ils pourront encore bénir Dieu de leur avoir accordé la vie temporelle avec toutes ses bénédictions... (pour autant qu'ils en aient conscience).


* * *


IV


La facilité du moyen de salut.


«.... CROIT EN LUI.»

À l'universalité du salut vient s'ajouter la facilité de l'obtenir.

«Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé» (Actes XVI, 31).

La foi, tel est le moyen. Qu'est-ce que la foi?

1. C'EST LA CONVICTION PARFAITE de l'esprit que Dieu, dans son amour et sa puissance, a trouvé en Jésus-Christ un moyen par lequel nous pouvons échapper aux peines éternelles et obtenir les joies de la vie éternelle.

2. C'EST LA CONFIANCE ABSOLUE de l'âme qui accepte le moyen et s'appuie sur Jésus.

Convaincue de sa culpabilité, se sachant incapable de se sauver elle-même et persuadée que Jésus peut et veut la sauver, l'âme se jette dans ses bras avec la confiance entière et aveugle qu'un petit enfant témoigne à son père.

Qu'il me soit permis de contraster ces deux éléments de la foi au moyen d'une anecdote.


Après une soirée de fêtes et de bals, les hôtes d'un des grands hôtels des États-Unis dormaient dans la plus profonde sécurité, lorsque sur le coup de minuit ils furent tirés de leur sommeil par le tocsin d'alarme. Un incendie venait de se déclarer dans les étages inférieurs de l'hôtel.

En un clin d'oeil les pompiers furent à leur poste, les uns faisant jaillir des torrents d'eau sur les flammes, les autres dressant des échelles de sauvetage. Après des fatigues et des dangers inouïs, on réussit à sauver tous les occupants de l'hôtel, et on venait de retirer les échelles lorsqu'une fenêtre du dernier étage s'ouvrit soudain et une jeune fille, affolée de terreur par les flammes qui la poursuivaient, en franchit le rebord et se cramponna à un barreau de fer qui y était fixé.

Du premier coup d'œil les pompiers jugent que leurs échelles n'y pourront atteindre, et, prompts comme l'éclair, ils étendent une couverture, la saisissent par les quatre coins et crient à la jeune fille de se laisser tomber.

Les flammes viennent lécher ses mains et éclairer son visage de lueurs sinistres, mais elle craint de lâcher prise. Tout à coup une voix vibrante s'élève du sein de la foule muette et haletante: «Jane, aie confiance, laisse-toi tomber!» C'était son père.

Elle pousse un cri, lâche prise et tombe dans la couverture qui la reçoit saine et sauve.

Elle était convaincue qu'on avait préparé un moyen de salut, mais il lui manquait la confiance, cet élément essentiel de la foi sans lequel elle est inutile. Son père le lui communiqua.

Ainsi en est-il de la foi qui sauve.

Il faut que celui qui croit se jette dans les bras du Sauveur avec la certitude qu'il peut le sauver et la confiance absolue qu'il va le faire.


Cette foi attache le croyant à Jésus et ses péchés à la croix;

elle cimente le cœur du pécheur au cœur du Sauveur et renouvelle sa vie.


* * *


V


Finalement, les bénédictions qui découlent de l'emploi du moyen.


"... NE PÉRISSE POINT, MAIS QU'IL AIT LA VIE ÉTERNELLE.»

1. La grandeur du mal est prévenue, «qu'il ne périsse point

S'il est une pensée que les mondains fuient entre toutes ou qu'ils s'efforcent de noyer dans les plaisirs et les distractions, c'est bien celle de la mort.


QUAND ON A VU MOURIR UN PÉCHEUR IMPÉNITENT,

ON COMPREND QUE LA MORT SOIT POUR LUI LE ROI DES ÉPOUVANTEMENTS.


Ici (sur Terre) elle n'est que le premier acte avant de connaître ce drame terrible que l'Écriture appelle LES PEINES ÉTERNELLES.

Périr! Quelle effrayante pensée.

Savez-vous ce que cela signifie sur mer, par exemple?

Laissez-moi vous en donner une idée.

La nuit devient noire et le ciel menaçant, le vent s'élève, le tonnerre commence à gronder dans le lointain et des éclairs rapides sillonnent les nues. La tempête arrive et se déchaîne avec fureur sur le navire.

Le vent hurle dans les cordages, les éclairs déchirent le ciel et jettent des lueurs livides sur les vagues écumeuses qui battent le navire avec rage. Tout à coup, un choc violent l'arrête, des craquements sinistres se font entendre, l'eau s'y précipite avec un bruit de torrent.

Tout le monde sur le pont! crie le capitaine.

Des cris d'horreur s'élèvent de toutes parts et la foule affolée se précipite sur le pont que balaie la vague furieuse.

Soudain une vague énorme frappe le navire qui se cabre avec un craquement formidable, plonge et s'engouffre dans l'abîme. Un long cri de détresse s'élève dans les airs, quelques formes humaines s'agitent un instant sur l'abîme et disparaissent.

Tout est englouti, tout a péri!

Qu'est-ce que cela en comparaison de la perdition éternelle!

Être banni à toujours de la présence de Dieu,

privé de toutes les joies que l'on a désirées,

condamné à d'éternels remords en compagnie des réprouvés,

et se dire qu'on est là PAR SA PROPRE FAUTE ET QU'IL N'Y A PLUS D'ESPOIR!

Ô quelle pensée et quel sort! Eh bien!

«Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point.»


C'EST LUI – Jésus – QUI A PÉRI À NOTRE PLACE.


2. La grandeur du bien accordé, «mais qu'il ait la vie éternelle

Non seulement il nous a SOUSTRAITS à la perdition, mais il nous a ACQUIS la vie éternelle.

Quoi! la vie éternelle, les joies, les gloires et les dignités du ciel!

Quoi! la société du Père, du Fils et du Saint-Esprit!

Quoi! la compagnie des anges et des saints, la plénitude de la connaissance, de la beauté, de la sainteté et du bonheur avec l'éternité de la vie!


Ô mes frères, qui comprendra jamais les profondeurs de ce mystère, qui décrira jamais les avantages de la «vie éternelle» et cette vie nous attend, nous! qui avons «cru au nom du Fils unique de Dieu

Sainte Sion, ô patrie éternelle!

Palais sacré qu'habite le grand Roi!

Où doit sans fin régner l'âme fidèle

Quoi de plus doux que de penser à toi!


Dans tes parvis tout est joie, allégresse,

Chants de triomphe, ineffables plaisirs:

Là plus de deuil, plus de maux, de tristesse.

Là plus d'ennuis, de langueurs, de soupirs.


Chrétiens, que cette assurance vive et ferme nous transporte de joie et fasse naître en nous un amour sans bornes pour ce Dieu si bon «qui nous a aimés le premier,» et la résolution de dépenser le reste de nos jours à lui témoigner notre reconnaissance.

Ah! quels ingrats nous serions si nous oubliions cet amour et si nous ne brûlions pas du désir de nous donner à ce Sauveur qui s'est donné pour nous! À son exemple donc:

Mourons à nous-mêmes et vivons pour lui.

Crucifions notre égoïsme, domptons le vieil homme, et par une vie de bonnes œuvres et de sacrifices joyeusement accomplis.

Montrons que nous avons compris dans une certaine mesure ces sublimes paroles:

«Car Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle!»

Amen.


 
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