Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA MORT

***

.... Il est réservé aux hommes de mourir une fois. (Hébreux IX, 27.)


Mes frères,

À la vue de la marche envahissante de ce roi des épouvantements, que rien n'arrête ni ne retarde dans son œuvre de destruction, notre imagination s'étonne, notre cœur étreint se glace et notre esprit, accablé en face de ce grand mystère, s'écrie:

Il est donc vrai que l'homme est «comme l'herbe qui passe; qui fleurit le matin et elle se fane; le soir on la coupe et elle sèche» (Psaumes XC, 5, 6).

Il est donc vrai que «nous consumons nos jours comme une pensée(Psaume XC, 9.) et que nos années s'écoulent comme un fleuve qui passe et ne revient plus!


Comment se fait-il donc que cette pensée, la plus solennelle qui puisse assaillir notre intelligence, fasse si rarement le sujet de nos méditations les plus sérieuses?

Comment se fait-il que la mort, qui est le terme CERTAIN et INÉVITABLE du grand voyage de la vie, est pour nous comme si elle n'était pas?

Comment se fait-il que la vie, qui doit être une continuelle préparation pour l'éternité, soit employée par la plupart des hommes à creuser l'abîme qui doit les engloutir?

Comment ce fait-il que, malgré les déclarations solennelles du Christ, la chute à notre droite et à notre gauche de parents chéris, d'amis intimes, de frères et de sœurs en la foi, moissonnés dans toutes les saisons, nous fermions l'oreille et le cœur à cette grande vérité qu'il nous faudra mourir un jour?


Ô mortel oublieux de ta destinée, CESSE DONC DE TE CROIRE IMMORTEL, et SONGE À MOURIR!

Écoute l'écho puissant de ces mille voix qui s'unissent pour proclamer ta courte durée et ta fin prochaine.

Ferme, pour un moment, ton cœur aux plaisirs et aux vaines promesses d'un monde qui passe avec toi;

Détourne tes regards du tourbillon des choses de la vie et fixe-les avec moi sur ce tombeau, qui va s'ouvrir et se refermer sur toi.


«IL EST RÉSERVÉ AUX HOMMES DE MOURIR UNE FOIS, ET APRÈS CELA VIENT LE JUGEMENT(Hébreux IX, 27.)

«Tu es poudre, et tu retourneras dans la poudre» (Genèse III, 19).


* * *


I


Mourir! pensée qui fait pâlir les plus braves et glace d'effroi les autres, qu'est-ce donc?

Est-ce cesser de vivre, rouler dans la poussière et pourrir oublié, comme l'affirme le matérialisme grossier du jour?


C'est cela, mais c'est plus;

c'est autre chose.


Mourir, mes frères:

c'est dire un long et éternel adieu à la terre;

c'est promener son regard une dernière fois sur le panorama ravissant de splendeurs de la nature qui nous environne;

c'est quitter fortune, amis, parents;

c'est abandonner tout ce qu'on a recherché, cultivé, aimé, chéri, pour se coucher dans le sombre et froid tombeau.

Que c'est triste! Mais c'est encore plus triste pour l'âme immortelle qui va sortir de son enveloppe corporelle, grossière et temporaire, et prendre son essor VERS LE TRIBUNAL SUPRÊME DES RÉTRIBUTIONS FINALES.

Est-il étonnant que l'homme, fait pour vivre et pour régner à toujours sur la terre, devenu criminel, frissonne à la pensée de comparaître à la barre du Juge des vivants et des morts?

Est-il étonnant qu'il chasse cette pensée qui l'obsède et empoisonne ses joies les plus pures?


* * *


II


Ce qui m'étonne, c'est que l'homme nie ou oublie qu'il doit mourir.

Pensez-vous que le négociant qui se consume à amasser une fortune, qui ne s'épargne ni veilles ni labeurs pour grossir ses revenus, s'il les perd tout à coup, puisse oublier son malheur?

Pensez-vous que l'assassin qui a trempé sa main dans le sang de son frère, du fond de sa cellule puisse oublier le gibet qui l'attend?

Pensez-vous que cette mère éplorée puisse oublier son tendre nourrisson, que la mort vient de frapper dans ses bras?

Comment se fait-il que les hommes puissent s'absorber, s'abîmer dans des pensées aussi insignifiantes en face de la mort qui s'approche?


Pourquoi les hommes oublient-ils qu'ils doivent mourir?


La mort est-elle donc moins certaine parce que l'heure en est incertaine?

Un grand poète, qui semble résumer la moralité d'une foule d'hommes de son époque, (Alfred de Musset), après s'être longtemps cru immortel et avoir épuisé toutes les débauches dont l'homme est capable, s'écrie, en pâlissant sous le froid de la mort:


«L'heure de ma mort, depuis dix-huit mois,

De tous les côtés sonne à mes oreilles.

Depuis dix-huit mois d'ennuis et de veilles,

Partout je la sens, partout je la vois.

Plus je me débats contre ma misère,

Plus s'éveille en moi l'instinct du malheur

Et, dès que je veux faire un pas sur terre.

Je sens tout à coup s'arrêter mon cœur.

Ma force, à lutter, s'use et se prodigue.

Jusqu'à mon repos, tout est un combat;

Et, comme un coursier brisé de fatigue,

Mon courage éteint chancelle et s'abat.»


Sous l'étreinte puissante de ce roi des épouvantements, il se rappela qu'il faut mourir.

Ah! il faut mourir, mes frères.

La sentence est prononcée, elle est IRRÉVOCABLE, fatale.

Rien au monde ne peut vous y soustraire.

Doutez de l'existence du monde et de vous-mêmes, niez le Dieu qui vous fait vivre et qui vous fera mourir; doutez de la justice, du bien, de la vertu, de l'immortalité de l'âme:


VOUS N'AUREZ JAMAIS L'AUDACE DE DOUTER DE LA MORT.


Amassez tous les trésors du monde, prenez en main le sceptre de tous les peuples, embrassez toutes les sciences, armez-vous de toute la puissance que vous offre le pouvoir, et la mort vous vaincra, vous terrassera.


IL FAUT MOURIR. Quoiqu'elle soit CERTAINE pour le genre humain, l'heure en est INCERTAINE pour l'individu.

«Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure où le Fils de l'homme viendra» (Matthieu XXV, 13).

«Le jour du Seigneur viendra comme un larron dans la nuit» 1 Thessaloniciens V, 2).

Elle peut le frapper soudainement ou l'étendre pour des années sur une couche de souffrances qui lui raviront la vie parcelle après parcelle, lambeau après lambeau.

Ô comme cette pensée devrait modifier, changer le cours de notre vie.

Ô comme cette pensée devrait nous faire réfléchir et prier.


À toute heure, à l'heure que nous l'attendons le moins,

LE SAUVEUR PEUT M'APPELER À COMPARAÎTRE DEVANT LUI!


Avide de tout savoir, l'homme se demande pourquoi Dieu lui voile le moment précis de la mort.

Gardons-nous de douter de la sagesse de Dieu.

S'il nous cache l'heure solennelle, c'est qu'il veut que nous soyons prêts à partir au son de la trompette.


Si l'homme savait l'heure de la mort, il se livrerait sans frein à toutes les passions, quitte à se convertir au moment du départ; ou, frappé de terreur, obsédé, mordu par cette pensée toujours présente à son esprit, il perdrait la raison ou tomberait dans un découragement sans remède.

Ô Sagesse infinie, je t'adore sans te comprendre!

«Veillez donc, car vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur viendra. ... Il viendra à l'heure que vous ne pensez pas» (Matthieu XXIV, 42, 44).


* * *


III



De toutes les passions qui s'agitent dans notre sein, la plus violente, peut-être, est le désir de connaître.

Aussi, en présence de la mort qui est certaine et inévitable, l'homme se demande avec acharnement: «POURQUOI MOURIR?»

De toutes les poitrines oppressées, de tous les cœurs meurtris, s'échappe ce cri douloureux:


«Ô Dieu juste pourquoi la mort?»


Philosophes incrédules, qui avez la prétention orgueilleuse de tout savoir et de tout expliquer, pourquoi la mort?

Disciples de la religion naturelle, qui croyez arriver à Dieu par vos seules forces, pourquoi la mort?

Ah! vous posez la question, vous labourez le cœur, vous l'étouffez sous l'angoisse, mais où est la réponse?

Fermez la Révélation et répondez-moi: POURQUOI LA MORT?...

Mon Dieu, je te bénis d'avoir éclairé mon ignorance d'un rayon de ta divine lumière!

Cette Révélation m'apprend que Dieu, après avoir préparé une demeure digne des anges, en fit l'homme propriétaire et roi à toujours.

Soumis à une seule obligation, qu'il pouvait violer, ce roi du monde devait y accomplir sa destinée.


L’homme foule aux pieds, cette obligation,

ET

Dieu lui inflige le châtiment promis: LA MORT!


La grande et tragique histoire de la chute explique seule ce grand problème.

«Parce que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre: Tu n'en mangeras point! . . .» tu retourneras dans la terre d'où, tu as été pris (Genèse III, 17, 19).

Mais si la mort suspend brusquement l'accomplissement terrestre de la destinée humaine, elle ouvre à l'âme immortelle une nouvelle et plus glorieuse destinée dans les cieux.


* * *




IV


De tous les spectacles qui se déroulent à nos regards et se succèdent sans interruption dans la vie, le plus étonnant et le plus solennel est celui de la mort.

Une génération d'hommes s'élève, figure un instant sur la scène de l'existence, et disparaît devant une seconde qui fraye la route à une troisième.

Comme un troupeau destiné au sacrifice, l'humanité tout entière défile sans interruption devant son Maître et marche à la mort.

Rien ne peut arrêter ni ralentir ce flot d'humains qui coule à pleins bords vers l'éternité.

Saisis de frayeur, ils s'accrochent aux branches qui pendent au-dessus des flots, dans l'espoir de ralentir leur course précipitée. . . . vains efforts, la multitude qui descend les emporte sans retour vers le but marqué.

Que de regrets, que de soupirs, que de cris, que de sanglots s'élèvent du sein de cette foule d'humains en voyage vers l'éternité!


Si la mort est certaine elle est aussi universelle.

Tous les hommes doivent mourir. «Quel homme pourra vivre et ne point voir la mort?» s'écrie le Psalmiste à la vue de l'œuvre de destruction qu'elle fait autour de lui.

«Une génération passe et une autre vient; mais la terre subsiste toujours» (Ecclésiaste I, 4)!

«Tout va en un même lieu; tout a été fait de la poudre, et tout retourne dans la poudre» (Ecclésiaste III, 20).

«Les vivants savent qu'ils mourront» (Ecclésiaste IX, 5).


TYRAN INFLEXIBLE, LA MORT RÈGNE ET SE PROMÈNE EN VAINQUEUR PAR TOUTE LA TERRE.


Aussi tous les hommes, quelles que soit leur fortune, leur science et leur puissance, doivent se coucher côte à côte sous la même terre glacée.

La mort nivelle, elle nivelle TOUS les rangs.

Ô pourquoi le riche au cœur de pierre, et le noble au sourire méprisant oublient-ils si souvent cette écrasante vérité!

Dans le tombeau, s'écrie Job:

«les méchants ne tourmentent plus personne, et là reposent les hommes fatigués; avec eux, les captifs sont tranquilles: ils n'entendent plus la voix de l'exacteur. Là, le petit et le grand sont ensemble, et l'esclave est délivré de son maître» (Job III, 17-19).

«L'un meurt au sein du bien-être, tout à son aise et en repos; .... un autre meurt dans l’amertume de son âme, n'ayant jamais goûté le bonheur: ils sont couchés ensemble dans la poudre, et les vers les couvrent!» (Job XXI, 23, 25).


Même les rois les plus puissants...

«Ont-ils rendu l'esprit, ce n'est plus que poussière

Que cette majesté si pompeuse et si fière

Dont l'éclat orgueilleux étonne l'univers;

Et dans ces grands tombeaux, où leurs âmes hautaines

Font encore les vaines.

Ils sont mangés des vers.


Là se perdent ces noms de maîtres de la terre.

D'arbitres de la paix, de foudres de la guerre;

Comme ils n'ont plus de sceptres, ils n'ont plus de flatteurs;

Et tombent avec eux d'une chute commune.

Tous ceux que leur fortune

Faisait leurs serviteurs!»


Mes frères, avez-vous jamais regardé la mort en face?

L'avez-vous jamais contemplée dans son effrayante réalité?

Vous êtes-vous jamais dit que chacun doit mourir pour soi? Que personne ne peut mourir pour vous?

L'homme d'État marche à la gloire au milieu des acclamations de la foule enthousiasmée; le soldat, enflammé de patriotisme, marche sur l'ennemi aux accords d'une musique guerrière en compagnie de ses frères d'armes; mais:


L'HOMME MARCHE À LA MORT... SEUL!


Un parent chéri peut sympathiser avec moi; un ami dévoué peut relever ma fortune écroulée; un frère peut essuyer le feu de l'ennemi à ma place; mais:


PERSONNE NE PEUT MOURIR À MA PLACE...

JE DOIS MOURIR


La mort est le plus inflexible de tous les tyrans; elle ne vient qu'une fois, mais il faut la suivre.

Impossible de la briguer:

«L'homme ne saurait racheter son frère, ni payer à Dieu sa rançon. Car le rachat de son âme est trop cher, et ne se fera jamais, pour qu'il continue de vivre à perpétuité et qu'il ne voie point le tombeau.» (Psaume XLIX, 7-8.)


* * *


V


Mais à quoi bon savoir la nature, la certitude, les causes et l'universalité de la mort, si vous n'êtes pas prêts à la recevoir?

Ah! voilà la grande question:


ÊTES-VOUS PRÊTS À MOURIR?


Lorsque vous sentirez les affres de la mort vous étreindre, pourrez-vous dire comme notre frère, dont nous allons rendre à la terre la dépouille:

«J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi, Au reste, la couronne de justice m'est réservée... (2 Timothée IV, 7-8.).

Ou avec le barde chrétien:


«Non, ce n'est pas mourir que d'aller vers son Dieu,

Que de quitter le lieu

De cette sombre terre,

Pour entrer au séjour de la pure lumière.


Non, ce n'est pas mourir que d'adorer Jésus,

Au milieu des élus célébrant sa victoire.

Et d'être couronné d'allégresse et de gloire?»



Ou, du sein de votre angoisse entendrez-vous résonner jusqu'au fond de votre âme ces terribles paroles:

«Pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les fornicateurs, les empoisonneurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part est dans l'étang ardent de feu et de soufre; ceci est la seconde mort» (Apocalypse XXI, 8)?


Inutile de vous leurrer d'un vain espoir, mes frères; si vous n'êtes pas à Jésus-Christ vous n'êtes pas prêts à mourir.

Votre âme immortelle est comme suspendue au-dessus du gouffre béant des enfers, un faible fil la retient encore; ce fil, Satan et le temps ont juré de le rompre. Déjà leurs mains sacrilèges sont à l'œuvre.


Hélas! Le fil est déjà à demi coupé. . . .

Hélas! vous allez périr! . . .

Voyez-vous cette main ferme et puissante qui perce la nue et s'approche de vous?

C'est la main du Christ. D'en haut il a vu votre perte assurée, sa main vient vous sauver!

Saisissez-la et vous y cramponnez de toutes les forces que prête le désespoir, ou c'en est fait de vous.

La main s'approche, saisissez-la!

Le fil se détend, vous allez être précipités! . . .

Déjà les ricanements des démons et des réprouvés montent jusqu'à vous, ils se rangent pour vous faire place, ils étendent déjà les mains pour vous saisir.


Frères! empoignez cette main qui fait un suprême effort pour vous atteindre, OU IL EST TROP TARD! . . .

Vous croyez peut-être que mon seul cerveau a pu créer le danger qui vous menace, et que je ne parle que pour vous effrayer!

Détrompez-vous, mes frères, je vous annonce une des plus grandes et des plus solennelles vérités de notre sainte religion.


Si vous ne saisissez cette main qui arrive à votre secours, la mort tranchera le fil de votre existence, ET L'ABÎME SE REFERMERA SUR VOUS!



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