Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PERSÉVÉRANCE DANS LE BIEN

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Ne nous lassons point de faire le bien, car nous moissonnerons dans la saison convenable, si nous ne nous relâchons pas. (Galates VI, 9.)


Mes frères,

S'il est dans l'Écriture sainte des paroles qui ne respirent que menaces contre les incrédules et les lâches, il en est d'autres qui répondent d'une manière admirable aux besoins et aux aspirations des chrétiens qui luttent sur la brèche.

Aussi, est-ce avec un véritable bonheur qu'après avoir lu, en frémissant, ces paroles: «Ne vous abusez point; on ne se joue point de Dieu; car ce que l'homme aura semé, il le moissonnera aussi» (Galates VI, 7); nos yeux tombent sur celles-ci:


«Ne nous relâchons point en faisant le bien,

car nous moissonnerons dans la saison convenable,

si nous ne nous relâchons point»


Il me semble que de pareils accents ne vibrent pas en vain dans l'âme du chrétien que le découragement vient d'abattre, ou que l'affliction enveloppe d'un nuage sombre et glacial.

Si seulement nous pouvions nous les rappeler à l'heure des défaillances, que de murmures expireraient sur nos lèvres, que de larmes se sécheraient sur nos paupières, que de grandes et saintes actions brilleraient à la place des lâchetés qui nous déshonorent!

Arrêtons donc nos pensées sur ces belles paroles, et que nos cœurs y puisent de nouvelles forces pour la lutte et de nouveaux encouragements pour le bien.


Elles commandent un devoir et font une promesse:

1 – le devoir de persévérer dans le bien;

2 – la promesse d'une récompense, si nous l'accomplissons.

Attachons-nous à ces deux idées.


* * *


I


D'abord le devoir.


«NE NOUS LASSONS POINT DE FAIRE LE BIEN

Tous les hommes qui travaillent à se créer un avenir savent que la persévérance est une des conditions essentielles de succès dans les entreprises humaines. S'ils étaient tentés de l'oublier la nécessité se chargerait de le leur rappeler.

Quels que puissent être le génie, la force ou l'ambition de celui qui franchit le seuil de la vie, s'il manque de persévérance, il ne saisira jamais le but qu'il se propose d'atteindre.

Voyez ce vigoureux cultivateur qui s'enfonce dans la forêt vierge, une hache dans la main droite et une pioche dans la gauche. Que désire-t-il? Du pain. Du pain! Mais la terre qu'il foule, couverte de grands arbres et sillonnée de racines entrelacées, semble se rire de lui. Cependant il se met à l'œuvre avec un courage et une énergie que l'espoir d'une abondante moisson peut seul entretenir et renouveler. Il abat les arbres et les livre aux flammes, il fouille le sol rebelle, le laboure, le prépare. . . . Quel travail! Les sueurs l'aveuglent, la faim le talonne; on dirait que les obstacles se multiplient comme à plaisir pour le rebuter.

Il y a déjà des semaines qu'il travaille, et pourtant il n'a pas encore pu jeter une poignée de semence dans ce sol qui a bu ses sueurs. Aussi, souvent, lorsqu'au déclin du jour il reprend le chemin de sa cabane, sentant ses forces le trahir, ses jambes se dérober sous lui, et tout son corps brisé de fatigue fléchir, il s'assied en proie à un profond découragement. Il y a si longtemps qu'il travaille sans salaire! ....

Mais, soudain, IL SE RAPPELLE QU'IL DOIT PERSÉVÉRER jusqu'à ce qu'il ait ensemencé; et voilà pourquoi il reprend son pénible travail le lendemain et les jours suivants.

Quelques années plus tard, d'abondantes moissons dorent ses champs et des hymnes de joie et de reconnaissance retentissent dans son foyer peuplé de têtes blondes. La terre qu'il a défrichée l'a récompensé de ses labeurs.

Je pourrais en dire autant des autres carrières que les hommes poursuivent dans la vie. Que les jeunes gens qui m'écoutent en ce moment se mettent bien dans la tête cette vérité:


JAMAIS ILS N'ARRIVERONT À GAGNER HONNÊTEMENT LEUR PAIN ET LE PAIN DE LEUR FAMILLE, si Dieu leur en donne, S'ILS NE PERSÉVÈRENT AVEC ARDEUR DANS LE MÉTIER OU L'ÉTAT QU'ILS ONT CHOISI.


Que de jeunes gens, qui ont commencé la vie sous les meilleurs auspices, n'ont jamais rien fait et ne feront jamais rien qui vaille!

Pourquoi?

Parce qu'ils sont trop lâches pour continuer et mener à bonne fin ce qu'ils ont entrepris.

Chers jeunes amis, gardez-vous de croire qu'il suffit de désirer le succès pour y atteindre. La vie est une lutte gigantesque dans laquelle les plus vaillants et les plus persévérants l'emportent; les autres succombent.

Et Dieu n'a pas voulu qu'il en fût autrement dans la poursuite du bien. Le but suprême qu'il propose au chrétien, c'est la sainteté qu'il doit poursuivre en «dépouillant le vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses; et en revêtant le nouvel homme, créé à l'image de Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité» (Éphésiens IV, 22, 24).

Ce travail, qui est pénible et lent, nous devons le poursuivre sans interruption et avec une ardeur toujours nouvelle, dans nos cœurs rebelles et contredisants, car c'est à cela que nous sommes appelés. «Celui qui aura persévéré JUSQU'À LA FIN sera sauvé» (Matthieu XXIV, 13).

Comme le mal se tient à la porte de nos cœurs et s'impose sans cesse à nous, ce n'est que par une lutte de tous les instants que nous réussirons à le chasser et à accomplir le bien.

NE L'OUBLIEZ PAS..., ce ne sont pas quelques bonnes actions que Dieu veut de nous; ce n'est pas un jour passé à son service et un autre au service de Satan: IL A EN HORREUR LES CŒURS PARTAGÉS ET LES VIES INCONSÉQUENTES.

«Celui qui met la main à la charrue et regarde derrière lui, n'est point propre au royaume de Dieu» (Luc IX, 62).

Et Saint Paul ajoute: «Ne nous lassons point de faire le bien» (Galates VI, 9.)

Et ailleurs: «Pour vous, mes frères, ne vous lassez point de bien faire(2 Thessaloniciens III, 13).

Ainsi, nous devons d'abord rechercher et poursuivre le bien en nous-mêmes — c'est l'œuvre de la sanctification personnelle;

Puis, nous devons rechercher et poursuivre le bien dans les autres — c'est l'exercice de la charité chrétienne.

Si la persévérance dans le bien en soi est pour nous est difficile, la persévérance dans la pratique du bien fait à autrui l'est bien davantage; car, ici, nous avons pour ennemis, non plus seulement notre penchant au mal, mais notre ÉGOÏSME et l'INGRATITUDE de nos semblables.

L'apôtre Saint Paul dit quelque part: «faisons du bien à tous, mais SURTOUT à ceux qui sont de la famille de la foi» (Galates VI, 10).

J'ai observé qu'en général le premier mouvement du cœur vers nos semblables est bon et louable.


On fait appel à notre pitié en faveur d'un malheureux, aussitôt notre cœur s'émeut et nous donnons généreusement et cordialement.

Le dévouement, coûteux et héroïque, fait tressaillir toutes les fibres de notre être moral; et, quelquefois, c'est avec une espèce d'enivrement que nous en accomplissons les premiers actes.

Mais, qu'on vienne nous dire que le malheureux que nous avons soulagé de nos deniers les a dépensés dans la débauche; que l'on spécule froidement sur notre dévouement, ou que l'on s'en moque, alors il s'opère un grand bouleversement en nous:

l'indignation nous étrangle,

le dégoût s'empare de nous,

notre cœur se ferme avec fracas, et nous jurons de ne plus jamais faire de bien à nos semblables.

D'autres fois c'est l'indifférence ou l'ingratitude que moissonne le chrétien qui se dépense au service de son prochain.

Suivez ce ministre de l'Évangile qui prêche la parole en temps et hors de temps.

Il ne s'épargne en aucune manière.

Il prépare avec soin ses prédications qu'il supplie le Seigneur de bénir.

Il visite les pauvres, leur distribue des aumônes, qui le mettent souvent dans la gêne;

il verse dans l'âme des mourants les trésors de consolation qu'il a puisés dans la prière – et dans la parole de son Dieu;

en un mot: il se dépense corps et âme au service de son troupeau qu'il aime comme ses enfants.

Et un an, deux ans, trois ans s'écoulent, et son ministère reste stérile en apparence. Figurez-vous, si vous le pouvez, ce qui se passe dans son âme.

C'est alors que ces paroles: «Ne vous relâchez point en faisant le bien,» tintent lugubrement à ses oreilles!


Voici une mère chrétienne dont le plus ardent désir est de voir ses enfants bien-aimés grandir dans la connaissance de Dieu et se consacrer de bonne heure à son service.

À cette fin, elle les porte souvent au pied du trône de grâce, elle les instruit, les exhorte, les reprend avec amour.

Sa vie entière devient un sacrifice qu'elle renouvelle tous les matins.

Et qu'arrive-t-il?

Il arrive quelquefois que plus elle prie et plus elle travaille pour ses enfants et plus ils deviennent méchants.

Par leur conduite scandaleuse et leurs paroles dures ils font de la vie de sacrifice de leur mère une vie de martyr.

Qui se fera une idée de l'abîme de découragement dans lequel plonge cette pauvre mère.

Ah! c'est elle qui peut répéter ces paroles: «Les larmes sont devenues mon pain jour et nuit» (Psaumes XLII, 3/4). Et elle n'exagérera pas!

Cependant, elle répète pour s'encourager les paroles de notre texte: «Ne nous relâchons point en faisant le bien, car nous moissonnerons dans la saison convenable, si nous ne nous relâchons pas

Ah! les voici les paroles sacrées qui redonnent du courage à l'âme abattue, qui font percer le sourire à travers les larmes et vibrer dans la conscience l'amour éteint du devoir.



* * *


II


La récompense.


Nous sommes ainsi faits qu'il nous faut la promesse d'une récompense pour nous stimuler au travail et au bien.

C'est l'espoir d'une riche moisson qui donne au défricheur l'énergie et la persévérance que nous admirions tout à l'heure.

C'est l'espoir d'une riche moisson d'âmes qui donne au ministre de l'Évangile ce zèle, ce courage, cet esprit de sacrifice, que les mondains contemplent avec étonnement, sans le comprendre.

C'est l'espoir qu'un jour ses enfants entreront dans la bonne voie et deviendront des chrétiens utiles, qui donne à la mère de famille la force de persévérer dans la prière et dans son dévouement à ses enfants.

C'est le même espoir, celui d'une récompense immortelle et incorruptible, qui pousse le chrétien à persévérer dans la pratique journalière du bien.


Cette récompense ne se fait pas longtemps attendre.

En effet, le chrétien qui poursuit le bien sans repos ni trêve fait des progrès dans le bien.

Le progrès!

N'est-ce pas le mot magique de notre siècle dévoré d'ambition et assoiffé de jouissances?

N'a-t-il pas le pouvoir mystérieux de nous enthousiasmer, de nous stimuler à l'action et de faire miroiter à nos yeux toutes les possibilités de la vie?

Notre génération l'a pris pour bannière. Abaissant les barrières du passé, brisant les obstacles, écartant les traditions, elle se précipite dans la carrière, frémissante et joyeuse.


Voyez cet homme au teint fiévreux et au regard ardent, qui se dirige à pas rapides vers son bureau. Sa vie est une course. Il mange à la hâte, dort à peine et travaille sans repos ni trêve.

Pourquoi?

Pour grossir le chiffre de sa fortune. Tous les soirs, en faisant la revue du jour, il constate qu'elle a grandi, que son crédit s'est affermi, et que si la chance ne le trahit pas, il verra bientôt luire l'aurore du jour tant désiré où il pourra lutter avec les princes de la fortune et recueillir sur son passage les murmures flatteurs de la foule étonnée de ses succès. «Allons, s'écrie-t-il, j'avance, courage!»

Et il retourne à ses affaires avec une vigueur et une ambition nouvelles.


Voici un jeune homme pauvre, mais bien doué, qui a choisi la carrière de la politique. Il comprend qu'il lui faut d'abord acquérir des connaissances aussi vastes et aussi précises que possible. Il se met à l'étude.

Voyez-le penché sur ses livres qu'il étudie avec une ténacité qui ne se dément pas un seul instant. La tâche est pourtant hérissée de difficultés dont le vulgaire ne se doute pas.

Quel labeur! Que d'efforts! Que de veilles!

Aux heures de lassitude, alors qu'il jette un regard sur la route à parcourir, il sent fléchir son courage. Mais il se retourne et jette un coup d'œil sur le chemin qu'il a déjà parcouru. «J'ai marché, dit-il, j'ai fait des progrès, j'atteindrai le but!»

Déjà il se voit sur l'estrade, haranguant la foule que son éloquence passionnée enthousiasme, il se redresse sous l'action d'une énergie nouvelle et d'un espoir qui fait vibrer tout son être. Il se dit: «J'ai fait des progrès; si je travaille, j'arriverai

Et il arrive. Le voilà député, ministre de son pays, qu'il contribue à rendre grand et prospère.


Mes frères, n'en est-il pas ainsi dans la carrière spirituelle du chrétien?

La pensée que son travail n'est pas vain, que les efforts souvent pénibles qu'il fait pour s'affranchir de l'esclavage du péché sont couronnés de succès, qu'il progresse dans la vie spirituelle, qu'il se purifie, se perfectionne, se spiritualise, qu'il se rapproche de Jésus-Christ, l'idéal de sa vie, son parfait exemple: cette pensée ne le remplit-elle pas de courage et de joie?


Chrétiens qui m'écoutez, j'en appelle aux saintes aspirations qui vous animent et aux douces expériences que vous avez faites.

N'est-il pas vrai que le péché qui vous enveloppe si aisément vous est à charge, que vous l'avez en horreur, et que lorsque vous avez réussi à dompter une passion, à redresser un mauvais penchant, à mater votre orgueil, à vous parer d'une vertu nouvelle, vous tressaillez d'allégresse?

Ah! que les mondains se doutent peu des joies qui alimentent la vie du chrétien conscient des progrès qu'il fait dans cette vie supérieure, qui est cachée avec Christ en Dieu!

Et qu'ils les lui envieraient s'ils pouvaient les deviner!


J'ai vu l'artisan aux mains calleuses compter avec amour les pièces d'argent d'un héritage inattendu, entouré de sa femme et de ses enfants qui battaient des mains. Et j'ai deviné sa joie. Mais elle ne peut être comparée à celle du chrétien qui, sortant victorieux de la lutte, entend le Maître murmurer à son oreille: «Cela est bien, bon et fidèle serviteur,», car il sait que CETTE PAROLE D'APPROBATION ET D'ENCOURAGEMENT — qui lui fait tant de bien — n'est que le prélude de celle qui mettra le comble à son bonheur:


«Tu as été fidèle en peu de chose,...

entre dans la joie de ton Seigneur»

(Matthieu XXV, 21).


L'éclat de la fortune, les enivrements du pouvoir, les fumées de la gloire et les joies si douces et si pures de la famille finissent dans les affres de la mort.

MAIS LES JOIES DU CHRÉTIEN, qui persévérera jusqu'à la fin dans la poursuite du bien, s'épanouiront et se compléteront dans la vie supérieure qu'il attend et pour laquelle il se prépare.

Chrétiens, «ne vous lassez donc point de faire le bien

Si la lutte vous épuise,

si la défaite est quelquefois le fruit de vos combats,

si la croix vous pèse,

si votre vie spirituelle défaut (s'évanouit),

si les plaisirs faciles des mondains vous détournent des joies austères du chrétien,

si la persécution et l'isolement jettent un voile de tristesse sur votre âme...,

PORTEZ LE REGARD SUR «Jésus, le chef et le consommateur de la foi, qui, méprisant l'ignominie, à cause de la joie qui lui était proposée, a souffert la croix, et s'est assis à la droite du trône de Dieu.

En considérant celui qui a souffert de la part des pécheurs une si grande contradiction, vous ne succomberez pas, en laissant défaillir vos âmes» (Hébreux XII, 2, 3).



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