Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SERMON

SUR

LA PRIÈRE DANS LES AFFLICTIONS

***


Note de la bibliothèque «Regard»: nous avons modifié certaines constructions de phrase et changé certains mots afin de rendre le texte plus facile à comprendre.


* * *

Y a-t-il quelqu'un parmi vous qui souffre? QU'IL PRIE. (Jaques V, 13.)


Mes Frères.

Le nombre des Afflictions de tout genre auxquelles les hommes sont exposés durant leur séjour dans cette Vallée de larmes, doit les porter à envisager comme des Amis et des Bienfaiteurs du Genre humain ceux, qui dans leurs écrits, les exhortent et leur enseignent à supporter leurs maux avec patience et QUI LES CONDUISENT aux sources où ils peuvent et doivent PUISER LES CONSOLATIONS, QUI LEUR SONT NÉCESSAIRES.

Nous ne nions pas, mes Frères, qu’il y ait divers ouvrages humains qui, par les considérations qu’ils renferment, soient propres à nous fournir d’utiles secours, lorsque nous voyons venir le Jour de l’adversité.

Cependant nous devons encore ici reconnaître LA SUPÉRIORITÉ DE L’ÉCRITURE SAINTE SUR TOUTES LES PRODUCTIONS DE LA SAGESSE HUMAINE puisqu’à tous les moyens de Consolation, que peuvent nous fournir nos lumières naturelles, elle en ajoute plusieurs autres de la plus grande efficacité que la Raison seule ne pourrait découvrir, ou que du moins elle n’apercevrait que confusément.

Notre Dessein n’est pas d’entrer aujourd’hui dans tous les détails requis pour justifier pleinement cette Réflexion.

Elle nous a été suggérée bien naturellement, par la méditation du texte sacré, dont nous venons de vous faire lecture.

Y a-t-il quelqu'un parmi vous, qui souffre? dit St. Jacques, qu’il prie.

Leçon, que donne bien jusqu'à un certain point la droite Raison, mais dont la Révélation seule nous fait connaître toute l’Utilité, toute l’Importance.


Heureux, mes Chers Frères, si nous réussissions, à cette heure, à vous les faire sentir!

OUI. Venez, ô Vous, qui souffrez de quelque genre que soient vos soucis et vos peines; venez rechercher avec nous les moyens d’y apporter du soulagement.

Et Vous, dont l'esprit est encore joyeux, venez apprendre à subir en Chrétiens les épreuves douloureuses, qui peut-être vous menacent déjà, et auxquelles vous expose à toute heure votre condition présente.

Dieu veuille que, toujours dociles à cet ordre formel sorti de Sa bouche:


INVOQUE-MOI AU JOUR DE TA DÉTRESSE;

(Psaume L, 15.)


nous puissions toujours nous glorifier dans nos tribulations et en recueillir une Espérance, qui ne nous confonde point! Ainsi soit-il.


* * *


Y a-t-il quelqu'un parmi vous, qui souffre? dit St. Jaques.

Il paraît qu’il avait directement en vue ceux d’entre les premiers Chrétiens, que la profession de leur Croyance exposait, soit de la part des Juifs, soit de la part des Païens, à de cruelles persécutions.

Son Épître est principalement destinée à LES FORTIFIER CONTRE DE PUISSANTES TENTATIONS.

Il leur en représente le But, les Usages, la Brièveté et les Récompenses.

Dans notre texte il leur indique un Moyen de supporter ces maux avec constance, savoir la Prière. Nous vous prouverons, dans la suite de ce discours, que ce Moyen, si efficace dans ces anciens temps mauvais, ne l’est pas moins aujourd’hui, et cela, dans toute sorte d’adversités.


Si quelqu'un souffre, qu'il prie.

Il ne s’agit point ici de la Prière des Impies, ni de celle des Ouvriers d'iniquité.

Comment des Requêtes, que Dieu a déclaré Lui être en abomination, contribueraient-elles au soulagement des Méchants obstinés et endurcis qui les Lui présentent?

Néanmoins ce n’est pas uniquement aux Saints du premier ordre, que le Précepte de l’Apôtre s’adresse, car, si les Prières des hommes SELON LE COEUR DE DIEU montent toujours au Ciel comme un parfum de bonne odeur:


UN DIEU, QUI EST LE PÈRE DES MISÉRICORDES, daigne aussi prêter une oreille favorable à celles de pauvres pécheurs!

Ils n’ont pas encore, il est vrai, entièrement amendé leurs voies, mais:

ils connaissent leur corruption,

ils gémissent de leurs égarements,

ils souhaitent sincèrement s’en détourner,

le vif sentiment des maux qui les pressent les engage à recourir avec ardeur aux Compassions ineffables de Celui qui seul peut verser sur leurs plaies un baume salutaire.

Dans leurs Afflictions la Prière est pour eux, comme pour les Fidèles avancés:

1. Un Devoir;

2. Un Secours pour affermir leur confiance en Dieu;

3. Un Adoucissement à leurs souffrances;

4. Et un Moyen d’obtenir l’assistance, dont ils ont besoin.

Quatre Considérations, qui démontrent la Sagesse du Précepte de l’Apôtre, et que nous allons développer successivement.


* * *


I


Y a-t-il quelqu'un parmi vous, qui souffre? Qu'il prie:

parce que d’abord la Prière est particulièrement un Devoir du Chrétien affligé.

D’où procèdent les maux, que nous endurons?

Est-ce uniquement sur les Causes visibles, que nous devons fixer nos regards?

Ah! Que l’incrédule, le Mondain, le Chrétien faible et peu affermi dans la Foi s’y arrêtent.

Si leurs Richesses prennent des ailes et s'envolent;

s’ils essuient des Maladies;

s’ils endurent des Injustices;

s’ils perdent des Protecteurs, des Proches, des Amis;

s’ils ne remontent pas plus haut que les Causes secondes et oublient presque totalement la Cause première:

Il n'en est pas moins certain qu’il y a une Providence,

qui régit l’Univers,

qui commande aux Tempêtes,

qui fait des Vents Ses Anges et de la flamme de feu Ses Ministres,

qui abaisse et qui élève,

qui enrichit et qui appauvrit,

qui, fait la plaie et qui la bande,

qui fait vivre et qui fait mourir,

qui, en inclinant à Son gré même le coeur des Rois, intervient d’une façon toujours digne d’Elle dans les actions libres des hommes, et dont la Volonté, toujours dirigée par Ses Perfections adorables, DISPENSE LES MAUX, COMME LES BIENS.

Et quelles sont les Vues du Monarque du Monde, en nous envoyant les premiers?

Quelquefois IL veut nous ramener vers Lui par des châtiments paternels, lorsque nous courons à travers champs. Le Seigneur châtie celui qu'il aime, et Il reprend tout enfant qu'il avoue (qu'Il reconnaît pour ses fils). (Hébr. XII, 6.)

C’est ce dont les Déclarations de l’Écriture et les Exemples nombreux qui y sont rapportés qui doivent nous convaincre.


N’est-il pas de notre Devoir, lorsque la verge de Dieu s'appesantit sur nous à cause de nos transgressions, lorsque nos souffrances sont des peines justement méritées; n’est-il pas alors de notre Devoir:

de nous humilier sous la puissante Main de Dieu; (1 Pierre V, 6.)

de reconnaître Sa Justice dans les punitions qu’il nous inflige;

de Lui confesser avec sincérité nos égarements;

de déplorer devant Lui nos péchés;

de Lui jurer de nouveau une obéissance universelle et constante;

et d’implorer avec ardeur Sa Clémence.

Ô Dieu, tel a été dans ce cas le langage de ces enfants de Dieu repentants dont nous sommes appelés à suivre les vestiges:

Ô Dieu, aie pitié de moi selon Ta gratuité, et, selon la grandeur de Tes compassions, efface mes forfaits! (Psaume LI, 1.)

Éternel, à Toi est la Justice et à nous la confusion de face! (Daniel IX, 7.)

J'ai péché; que Te ferai-je, Conservateur des hommes? (Job VII, 20.)

Ô Dieu! fais-moi entendre la joie et l'allégresse, et que les os que Tu as brisés, se réjouissent! Rends-moi la joie de Ton Salut, et que l'Esprit d’affranchissement me soutienne! (Psaume LI, 8, 12.)


Cependant reconnaissons, mes Frères, que toutes les Afflictions ne sauraient être envisagées comme des châtiments de Dieu.

Ce sont quelquefois des épreuves, que notre Père céleste nous dispense:

tantôt pour exercer notre foi et notre obéissance:

tantôt pour nous convaincre de notre infirmité et de notre néant:

tantôt pour détacher nos affections de ce Monde périssable:

tantôt pour nous conduire dans la suite à un plus haut degré de félicité, tant spirituelle que temporelle même.

Mais leur grand but est toujours de nous faire sentir qu'approcher Dieu est notre bien, et que C’EST EN LUI SEUL, que nous pouvons trouver un Bonheur, aussi noble dans sa nature, qu’inappréciable dans ses effets.

Alors que la Prière est un des moyens par lesquels nous nous approchons de Lui: alors que par elle nous conversons, en quelque sorte, avec Lui comme un ami converse avec son intime ami, ne profiterions-nous pas, avec un saint empressement, d’une aussi douce, d’une aussi glorieuse Prérogative (Privilège)?

Ne plierions-nous pas plus souvent les genoux devant Celui dont la Grâce nous suffit, dont la puissance s'accomplit dans notre infirmité et dont la Bienveillance fait l'unique fondement assuré de notre béatitude (bonheur).

Ô Dieu! disait David affligé – les sentiments, qui lui dictèrent ce langage, ne seraient-ils pas aussi les nôtres?

Ô Dieu! Comme le Cerf brame après le courant des eaux, ainsi mon âme soupire ardemment après Toi! Mon coeur et ma chair tressaillent de joie après le Dieu Fort et Vivant.

Tes Autels, Éternel des Armées! Tes Autels, mon Roi et mon Dieu! Ô quand entrerai-je, et me présenterai-je devant Toi! (Psaume XLII, 2-3; LXXXIV, 3-4.)


II


Y a-t-il quelqu'un parmi vous, qui souffre? Qu'il prie;

parce qu’en second lieu la Prière est un secours pour affermir sa Confiance en Dieu.

Il faut une FOI FERME, une PIÉTÉ SOLIDE, lorsque Dieu nous dispense des épreuves rudes à la chair et au sang,

pour ne pas nous défier de la Providence

pour ne pas murmurer en secret contre Sa Sévérité,

et pour ne pas adopter quelquefois du coeur ce langage des anciens Israélites: C'est en vain que l'on sert Dieu. (Malachie III, 14)

Que de Chrétiens, qui par leurs IMPATIENCES CONTINUELLES, leurs PLAINTES EXAGÉRÉES, leur PEU DE RÉSIGNATION, fournissent les preuves de ce que je viens d’avancer!

Combien même qui, parce qu’ils MANQUENT DE CONFIANCE EN LA BONTÉ DIVINE, prennent, pour s’affranchir de leurs souffrances, des voies obliques ou illégitimes dont la fin ne saurait être que la mort!


La Prière est un Préservatif contre tous ces dangers.

Dans la Prière nous reconnaissons les droits que l’Être Suprême a sur nous; nous L’envisageons, comme le Maître de l’Univers, comme l’Arbitre Souverain de nos destinées.

Invoquerions-nous Celui, dont nous croirions n’avoir rien à attendre?

Dans la Prière nous faisons, toujours du moins indirectement, une Consécration de nous-mêmes à Dieu.

Nous Lui promettons, du moins implicitement, de faire Sa Volonté en toute chose.

Oserions-nous faire ces promesses à Celui qui sonde les coeurs et les reins si nous n’étions pas résolus de rester fidèles à nos engagements.

Dans la Prière nous rendons à Dieu les Actions de grâces qui Lui sont dues pour tous Ses bienfaits.

Nous nous rappelons les faveurs multipliées qu’il a répandues sur nous dès l’instant de notre naissance et durant tout le cours de notre Vie.

Nous nous retraçons les avantages présents dont nous jouissons et qui rendent notre état préférable à celui d’un si grand nombre de nos Compagnons de service.


Tant de marques de la Bonté de Dieu

ne nous inspireraient-elles pas une Confiance filiale?


Dans la Prière nous adorons ces Perfections augustes de l’Être des Êtres, qu’il déploie si glorieusement pour le bonheur de ses Créatures.

Nous adorons Sa Bonté, qui nous est un sûr garant, sachant qu’il ne contriste pas volontiers les fils des hommes et que, s’il les afflige, c’est que leurs intérêts les plus chers le demandent.

Nous adorons Sa Puissance, à laquelle tout ce qui existe rend hommage; par laquelle Il peut faire régner le soir l'allégresse, là où le deuil habitait le matin.

Nous adorons Sa Sagesse par laquelle II sait mieux que nous ce qui nous est véritablement avantageux; II connaît, nos besoins et les moyens d’y subvenir.

Toutes ces Perfections, que doit rendre présents à son esprit celui qui invoque l'Etre, dont elles constituent l’Essence, ne produiraient-elles ou n’affermiraient-elles pas de plus en plus en lui ces sentiments de Soumission, de Résignation et de Confiance, qui dictèrent ce langage aux Jobs et aux Davids

L'Éternel est mon Berger; je n'aurai point de disette. Même quand je marcherais par la vallée de l'ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal: Son bâton et Sa houlette sont ceux, qui me soutiennent. (Psaume XXIII, 1 et 4)

L'Éternel est ma lumière et ma délivrance; de qui aurais-je peur? L'Éternel est la force de ma Vie; de qui aurais-je frayeur? (Psaume XXVII, 1)

C'est de Lui que je reçois les biens, et n'en recevrais-je pas les maux? L'Éternel l'avait, donné! L'Éternel l'a ôté! Que Son Nom soit béni! (Job II, 10)

Mon Âme! Pourquoi t'abats-tu, et pourquoi frémis-tu au dedans de moi? Attends-toi à l'Éternel, car je Le célébrerai encore. Son regard est la délivrance même; (Psaume XLII, 6.)

... et quand II me tuerait, encore j'espérerais en Lui! (Job XIII, 15)


* * *


III


Y a-t-il parmi vous quelqu'un, qui souffre? Qu'il prie;

parce qu’en troisième lieu la Prière est un Adoucissement à ses souffrances.

Il n’y a point de douleur plus vive que celle, que l’on ne saurait répandre au-dehors; point de maux plus cuisants que ceux sur lesquels on est contraint de garder le silence.

Mais aussi qu’il est doux pour celui qui souffre de pouvoir déposer ses soucis et ses peines dans le sein d’un Ami tendre et fidèle, qui veut bien les partager.

Écoutez-moi, disait Job à ceux qui par leurs censures déplacées aigrlssaient ses chagrins, et ajoutaient affliction à l'affligé; Écoutez-moi attentivement, et cela me tiendra lieu de consolation de votre part. (Laissez-moi parler, je vous prie; Et, quand j’aurai parlé, tu pourras te moquer. Job XXI, 3. V. S.)


Mes frères, les Amis de nos jours ne ressemblent que trop souvent à ceux de ce Patriarche.

Sommes-nous en proie à l’infortune?

Ils nous abandonnent, ou, s’ils ne peuvent entièrement nous éviter, ils nous plaignent avec une froideur, qui redouble nos peines, et, comme les Amis de Job, ils ne sont pour nous que DES CONSOLATEURS FÂCHEUX. (Job XVI, 2.)


Mais, amis Chrétiens, quand nous n’aurions plus d’Amis sur la Terre,

il en est un dans le Ciel qui ne délaisse JAMAIS ceux qui s’attendent à Sa Bonté.


Il est un Dieu, qui, TOUJOURS près de nous, nous voit et nous entend; qui nous permet de nous décharger sur Lui de tout notre souci, d’épancher dans Son Sein paternel notre coeur navré, et de pousser en Sa Présence les soupirs que nos misères nous arrachent.

Vous le savez cependant, mes Frères, s’il nous est permis dans nos Prières de nous occuper des besoins de la VIE PRÉSENTE, il est surtout de notre devoir de nous occuper de ce qui se rapporte à cette VIE À VENIR qui doit être le grand objet de nos requêtes comme de toute notre conduite ici-bas.

Les Règles, que l’Écriture sainte nous prescrit sur ce sujet; le parfait Modèle d’oraison, que Jésus lui-même nous a enseigné; l’Exemple des Fidèles les plus distingués:

TOUT nous montre que ce que nous devons rechercher avant tout, préférablement à tout, c’est LE ROYAUME DE DIEU ET SA JUSTICE; ce sont les Biens de la Grâce et de la Gloire.

Par conséquent la Prière nous élève au-dessus des choses visibles.

C’est un attachement excessif à ces choses visibles, qui produit la tristesse immodérée dans l'adversité.

Si nous ne les estimions pas au-delà de leur valeur réelle, LEUR PRIVATION NE FERAIT PAS SUR NOUS D’AUSSI FORTES IMPRESSIONS.


COMMENT EN DÉTACHERONS-NOUS NOS COEURS,

SI NOUS NOUS EN OCCUPONS SANS CESSE...


- ... si, lorsque nous en sommes privés,

nous ne pensons qu’aux moyens de les acquérir;

- si, lorsque nous en jouissons,

nous ne pensons qu’aux plaisirs qu’elles nous offrent;

- si lorsque nous les avons perdues,

nous ne pensons qu’aux avantages qu’elles nous procuraient?

Par cela même:

tout ce qui met séparation entre nous et ces choses visibles;

tout ce qui les dérobe, du moins pour quelque temps à nos yeux;

tout ce qui en détourne nos pensées,

affaiblit aussi leurs influences, et diminue notre sensibilité à leur égard.


Un Dieu, qui sait de quoi nous sommes faits, nous permet sans aucun doute de L’entretenir de nos peines; mais, à moins de nous former les plus fausses idées du but de cette condescendance (bienveillance), nous ne saurions ignorer, que ce but est, non pas de nous aigrir à cause de ces peines, mais plutôt, de nous engager à CHERCHER DANS LE CIEL UN BONHEUR, QUE LA TERRE NOUS REFUSE et, dans la méditation de nos plus chers intérêts, un remède aux calamités terrestres auxquelles nous sommes en butte.

Ce n’est pas tout!

Une des Conditions, que nous devons remplir; afin que nos Requêtes soient agréables à l’Être Suprême:

c’est de chasser les volées importunes d'oiseaux, qui troubleraient ces Sacrifices; (Genèse XV, 11.)

c’est d’écarter, autant que notre infirmité le permet, les soucis de ce monde;

c’est de calmer, autant qu’il dépend de nous, nos passions charnelles.

En un mot c’est de faire QUE NOTRE COEUR SOIT LÀ, OÙ EST NOTRE TRÉSOR. (Matth. VI, 21.)

Si nous nous acquittons de ce devoir comme nous le devons, si nous nous en acquittons fréquemment; si nous contractons en quelque sorte l’habitude de perdre de vue le lieu de notre pèlerinage pour ne nous occuper que de notre véritable Patrie, ne parviendrons-nous pas à penser, à sentir, à agir de plus en plus, comme n’étant qu'étrangers et voyageurs sur la terre? (1 Pierre II, 11.)

Les Objets fâcheux, que nous y rencontrerons, ne nous affecteront-ils pas avec moins de force?

Dans les temps les plus orageux, ne fixerons-nous pas nos regards sur ce Ciel où nous espérons de trouver bientôt un port assuré?

Ainsi la lumière brillera pour nous du sein même des ténèbres.

Ainsi transportés par la Foi, élevés par l’Espérance dans cette Jérusalem céleste où il n'y aura plus, ni cris, ni deuil, ni larmes, ni travail, nous nous écrierons avec St Paul,

«Tout bien pesé, les souffrances du temps présent ne sont point à contrebalancer (comparer) avec la gloire qui est à venir, et qui doit être révélée en nous.» (Rom. VIII, 18.)


* * *


IV.


Enfin, y a-t-il parmi vous quelqu'un, qui souffre? Qu'il prie:

parce que la Prière est un Moyen d'obtenir l'assistance dont il a besoin.

La Nature, dirai-je, ou l’Instinct, indiquait déjà ce Moyen à des hommes faibles et impuissants.

Qui sont ceux qui, dans des périls imminents, n’élèveraient pas, même sans y avoir réfléchi, leurs mains et leurs yeux vers le Ciel?

Dans toutes les Religions, même dans les plus fausses, la Prière, et surtout la Prière dans les Dangers et dans les Afflictions, faisait une partie essentielle du Culte reçu.

Quelque corrompues qu’aient pu être d’ailleurs leurs notions sur la Divinité, les mortels ont toujours nourri avec joie l’idée qu’elle s’intéressait à leur sort, et qu'elle ne refusait pas son secours à ceux qui l'imploraient avec ferveur.

Mais des hommes, qui n’avaient pour se guider que les lumières de la Raison, pouvaient-ils concevoir sur ce sujet des espérances aussi fondées que nous qui en trouvons les appuis les plus fermes dans une Révélation céleste?

Il suffit d’ouvrir cette Révélation, pour y rencontrer les Assurances les plus formelles, les Promesses les plus positives, par lesquelles DIEU LUI-MÊME S’ENGAGE à exaucer les requêtes de ceux qui Le craignent et qui les font monter vers Lui dans leurs tribulations:

L'Éternel est près de tous ceux qui l'invoquent, de tous ceux, dis-je, qui l'invoquent en vérité. Il accomplit le souhait de ceux qui Le craignent, et II exauce leur cri et les délivre. (Psaume CXLV, 18.)

Les yeux de l'Éternel sont sur les justes, et Ses oreilles sont attentives à leurs cris. (Psaume XXXIV, 15.)

Invoque-moi au jour de ta détresse; je t'en retirerai, et tu me glorifieras. (Psaume L, 15.)


Il y a plus!

L’Évangile attribue même une espèce de Toute-puissance à la Prière:

Quiconque demande reçoit; dit notre Sauveur, quiconque cherche trouve; et il sera ouvert à celui, qui frappe. (Matth. VII, 8.)

Toutes les choses que vous demanderez; au Père en mon nom, Il vous les donnera. (Jean XVI, 23.)

C'est ici l'assurance que nous avons en Dieu, que si nous demandons quelque chose selon Sa volonté. Il nous exauce. (1 Jean V, 14.)


Mes Frères, CELUI QUI NOUS A FAIT LES PROMESSES EST FIDÈLE!

Les Exemples les plus frappants, rapportés dans nos saints Livres sont, pour nous, de sûrs garants que ce que Dieu a dit, IL L’A FAIT ET LE FERA jusqu’à la consommation des Siècles.

Un Jacob supplie le Seigneur de le délivrer de la main de son frère Esaü; et il fut vainqueur en luttant avec Dieu. (Gen, XXXII, 9 et suivants.)

Un Samson crie à l'Éternel; et II lui fournit les moyens d’étancher la soif ardente, dont il était dévoré. (Juges XV, 18-19.)

Un Ezéchias, malade à la mort, sollicite une prolongation de jours, et Dieu ajouta quinze années à sa Vie. (2 Chr, XXXII, 24.)

Et où nous arrêterions-nous, mes Frères, si nous voulions parler de l’efficacité des Prières d’un Abraham, d’un Isaac, d’un Moïse, d’un David, d’un Élie, d’un Néhémie, d’un Daniel et d’une multitude d’autres Fidèles, dont l’expérience a fait voir que lorsqu’il s’est agi de la délivrance de CES JUSTES QUI PLACENT EN DIEU SEUL LEUR ATTENTE, ce Dieu des Miséricordes n'a pas épargné les Miracles...!

Et aujourd’hui, limiterions-nous le saint d'Israël?

Nous ne saurions toujours espérer de tels Miracles, mais le Monarque du Monde a-t-ll besoin de Miracles pour régler notre sort, pour changer notre deuil en joie, et pour faire tourner en bien pour nous ce dont nous n’attendions que du mal?

Toutes les Causes secondes ne sont-elles pas entre Ses mains?

Ne les dirige-t-Il pas selon Son Bon plaisir?

Et, supposé que pour des raisons, toujours dignes de Sa Sagesse et de Sa Bonté, Il ne jugeât point à propos de nous accorder les demandes de notre coeur.

Lui, qui est le Maître des coeurs, ne peut-Il pas inonder le nôtre de Consolations spirituelles?

Ne peut-Il pas réjouir notre âme d’une joie ineffable et glorieuse, dans le temps même que nous mangeons un pain de douleur?

Ne peut-Il pas y produire par Son Esprit une paix céleste, qui surmonte tout entendement, même quand nous sommes abreuvés de larmes?

Ah! Quelles que puissent donc être les catastrophes qui fondent sur nous; quels que puissent être, les doutes que nous suggèrent la chair et le sang, abordons avec confiance cette Montagne de l'Éternel, d’où II pourvoira à tous nos besoins.

Allons avec Assurance à ce trône de Grâce, d’où nous recevrons, dans le temps opportun, miséricorde et grâce.

OUI; Si quelqu'un manque de force ou de Sagesse dans ses épreuves qu'il les demande à Dieu; mais qu'il les demande avec Foi, et elles lui seront données. (Jacques I, 6.)



* * *


APPLICATION.


Mes frères, la matière, que nous venons de méditer est bien propre à nous faire sentir tout le Prix de la «Religion», puisqu’elle nous offre au milieu de toutes les misères de la Vie une Ressource assurée (certaine) contre une Tristesse excessive:

contre un dangereux Découragement,

contre de coupables Murmures,

et contre un fatal Désespoir.

Dès lors, à quel juste titre ne pouvons-nous pas vous adresser ce langage d'Eliphaz à Job dans la souffrance:

Les Consolations du Dieu Fort vous sembleraient-elles trop petites, ou auriez-vous quelque chose de meilleur par-devers vous?

Tiens-tu pour peu de chose les consolations de Dieu, Et les paroles qui doucement se font entendre à toi?... (Job XV, 11. V. S.)

Que sont dans la réalité toutes les Consolations du Monde et de la Philosophie, que sont-elles quand on les sépare de celles de la «Religion»?

Des palliatifs INEFFICACES, et hélas! trop souvent des poisons corrosifs!

Je dis, quand on les sépare de celles de la «Religion»; et c’est là, mes Chers Frères, c’est là une restriction que vous ne devez point perdre de vue.

Quand nous disons que C’EST EN DIEU SEUL ET AUPRÈS DE DIEU SEUL qu’un Chrétien profondément affligé peut trouver du soulagement et du repos, nous ne voulons pas affirmer, qu’il doit, en se séquestrant de toute société et en laissant là toutes les Occupations auxquelles son état ou ses relations, l’appellent, ne faire rien d'autre que d’assiéger le trône de Dieu par ses Prières.

Outre que par là il se mettrait évidemment dans la situation de manquer à d’autres devoirs essentiels auxquels il ne peut se soustraire sans agir directement contre les vues de la Providence, et les ordres exprès de l’Évangile;

Outre cela qu’en priant, pour ainsi dire, sans interruption, il est impossible que les dispositions qui caractérisent une Prière agréable au Seigneur s'accordent convenablement.

L’Esprit, toujours rempli des mêmes objets perdra peu à peu l’aptitude à réfléchir.

Le Coeur, toujours affecté des mêmes sentiments se lassera peu à peu de sentir.


Mais pourquoi m’arrêter à combattre un abus, qui n’est guère à redouter dans le Siècle où nous vivons?

Non, ce n’est pas un excès de Dévotion, qui le caractérise; c’est plutôt UN RELÂCHEMENT GÉNÉRAL DANS TOUTES LES PRATIQUES DE PIÉTÉ, et spécialement dans la pratique du devoir si utile et si indispensable de la Prière.

Qu’ils sont à plaindre ceux qui, sous quelque prétexte que ce soit, négligent habituellement ce devoir et se privent ainsi de toutes les douceurs, de tous les avantages dont l'observation fidèle est une intarissable source!

Qu’ils sont à plaindre surtout, lorsque, visités par de douloureuses afflictions, ils ne cherchent pas auprès du Dieu de toute Grâce la consolation, la sagesse, la force et le secours, dont, plus que jamais, ils ont un si pressant besoin!

Insensés!

Ils se livrent au découragement;

Ils se déchirent dans leur fureur;

Ils s’exhalent en gémissements en plaintes, en reproches;

Ils s’emportent contre toutes les causes secondes;

Ils maudissent le jour de leur naissance;

Ils osent quelquefois dans l’amertume de leur coeur se permettre des murmures audacieux contre le Ciel.

Ce sont des Enfants indociles et revêches, qui se révoltent contre la main paternelle, qui les frappe.

Faut-il s’étonner si, après qu’ils ont enduré en vain POUR LEUR SANCTIFICATION ET LEUR SALUT ces premières souffrances, que Dieu dans Sa Colère, ou plutôt DANS SON AMOUR, leur en envoie de nouvelles, plus douloureuses jusqu’à ce que, matés par ses coups redoublés, ils reçoivent instructions et rendent gloire à Sa Justice, désarmant ainsi son Courroux tout en se résignant à Sa Volonté et en s'humiliant sous Sa puissante Main.


Pour Vous, mes Chers Frères, qui regardant la Prière, non comme une suggestion gênante et fâcheuse, mais comme un Devoir, tout, à la fois honorable, agréable et utile, cherchez continuellement la Face de l'Éternel par d’humbles et ardentes Requêtes...,

... quel motif puissant pour vous à PERSÉVÉRER ainsi dans l'oraison que la considération de SA CONSOLANTE EFFICACITÉ au milieu de toutes les Calamités de la Vie!

Vous êtes hommes et, en tant que tels, sujets – comme le reste des hommes – aux souffrances qui, dans cette vallée de misères, sont si souvent le triste partage.

Mais pourquoi ces souffrances vous abattraient-elles..., VOUS?

Quelle qu’en puisse être la grandeur, le nombre, ou la durée, vous laisseraient-elles sans espoir comme ceux du Monde?

N’avez-vous pas toujours la Ressource de la Prière; et si vous employez cette Ressource avec ferveur, avec persévérance, votre âme agitée ne retournerait-elle pas à son repos?

OUI si en vous proposant toujours l'Éternel devant vous, vous L'invoquez au jour de la détresse:


IL SERA À VOTRE DROITE, ET VOUS NE SEREZ JAMAIS ÉBRANLÉS.


Indigents, Injuriés, Diffamés, Trahis, Persécutés, Malades, Mourants, vous aurez TOUJOURS votre recours à la Prière, et remplis de toute Consolation, de toute joie et de toute paix en croyant, vous adopterez, avec une sérénité religieuse, ce langage du Psalmiste:

Quoi qu'il en soit, mon âme se repose en Dieu.

Quoi qu'il en soit, Il est mon Rocher, ma Délivrance et ma haute Retraite.

En Dieu est ma Délivrance et ma Gloire!

En Dieu est le Rocher de ma force!

Mon Âme! Tiens-Toi tranquille, regardant à l'Éternel, car mon attente est en Lui. (Psaume LXII, 2-8.)

AMEN!

 

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