Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SERMON

SUR

LA TRANQUILLITÉ DU FIDÈLE AU MILIEU DE SES CALAMITÉS

***

Note de la bibliothèque «Regard»: nous avons modifié certaines constructions de phrase et changé certains mots afin de rendre le texte plus facile à comprendre.


* * *


Toi, mon âme, tiens-toi tranquille, regardant à l'Éternel, car mon attente est en Lui.

Oui, mon âme, confie-toi en Dieu! Car de LUI vient mon espérance (Psaume LXII, 6. V. S.)


Il ne faut, mes Frères, que jeter un coup d’oeil rapide sur le Psaume dont notre texte fait partie pour y découvrir l’expression d’un Sentiment aussi consolant pour des Créatures exposées à des maux de tout genre, qu’il est fondé chez des Créatures, qui reconnaissent un Dieu Tout-Puissant et Tout-Bon, comme L’ARBITRE SUPRÊME DE LEURS DESTINÉES.

Ce Sentiment, dont le coeur du Roi Prophète était si vivement pénétré, ce saint homme ne se lassait point d’exprimer, dans ses Cantiques, et qu’il fit éclater durant tout le cours d’une vie orageuse, c’est celui d’une CONFIANCE PLEINE ET SANS RÉSERVE EN CE Dieu, dont il ne cessait point d’exalter les Perfections éternelles et les Gratuités ineffables.


Vous le savez, Chrétiens: David n’eût que trop sujet d’être convaincu que l'homme, quel qu’il soit, est né pour être travaillé, comme l'étincelle pour s’élever en l'air; que le plus beau de ses jours est toujours mêlé de fâcheries (de contrariétés) et de tourments, et qu’il n’est point rare de voir le soir le deuil, là où l'allégresse habitait encore le matin.

Si, d’un côté, il se vit élevé à un degré de puissance et de gloire auquel naturellement il ne pouvait pas s’attendre; on n'ignore pas que, d’un autre côté, il se vit fréquemment percé des traits les plus navrants, et même réduit aux extrémités les plus déplorables.

Quoiqu’on ne puisse déterminer avec précision l’occasion particulière, dans laquelle il composa le Psaume de notre texte, son contenu même nous prouve que ce fut dans une de ces tristes conjonctures, OÙ IL NE LUI RESTAIT, pour ainsi dire, D’AUTRE RESSOURCE, QUE LE SECOURS DE SON DIEU.


Aussi le voyons-nous porter sur Lui seul ses regards et ses espérances.

Le Monde ne lui présente, que des sujets de perplexités et d’alarmes, mais SON AIDE EST EN L'ÉTERNEL!

C’est, en fixant sur Lui ses pensées, qu’il s’adresse à lui-même cette vive exhortation:


Toi, mon Âme, tiens-toi tranquille,

regardant à l'Éternel,

car mon attente est en Lui!


Les plus grands Saints ont des moments de faiblesse, surtout lorsqu’ils se voient exposés à des maux qu’ils n’ont point mérités de la part de ceux qui en sont les auteurs.

Peut-être David avait-il senti naître au fond de son coeur des mouvements d’impatience, de dépit et de murmure.

C’est ce que la manière dont il commence son Cantique donne lieu de présumer.

Mais, affligé de ces mouvements, il cherche à les étouffer dès leur naissance; il se hâte de rappeler à son esprit des Vérités, propres à soutenir sa Confiance: et, comme s’il répondait aux pensées sombres et décourageantes qui, en quelque sorte malgré lui, s’étaient élevées dans son sein, il s’écrie en commençant son Hymne sacré:


Quoi qu'il en soit mon âme se repose en Dieu:

c'est de Lui que vient ma délivrance!


De l'abondance de son coeur sort une abondance, j’ai presque dit, un entassement d’expressions, les unes plus énergiques que les autres:

Quoi qu'il en soit, Il est mon rocher et ma délivrance, ma haute retraite!

Je ne serai pas entièrement ébranlé.

En Dieu est ma délivrance et ma gloire!

En Dieu est le rocher de ma force et ma retraite!

Et ne croyez pas que ce n’était que sur les souhaits de son coeur que le Psalmiste fondait sa confiance.

Non, mes Frères, il était entré dans le Sanctuaire du Dieu Fort; il s’était vivement rappelé toutes Ses Perfections immuables.

Vous en trouverez plus d’une preuve dans le Cantique de notre texte.

Ce texte même ne saurait laisser sur ce sujet le moindre doute. TOI MON ÂME, TIENS- TOI TRANQUILLE, dit le Chantre sacré; et il ajoute immédiatement après, regardant à l'Éternel, CAR MON ATTENTE EST EN LUI.

Nous, nous voudrions aujourd'hui, mes Chers Frères, travailler à vous inspirer ou à affermir dans vos coeurs, des Sentiments semblables à ceux dont David cherchait à se pénétrer.

Dans ces vues:

1. Nous déterminerons d’abord avec quelque précision LA NATURE de la Tranquillité à laquelle, il exhorte son âme.

2. Nous vous ferons voir ensuite, combien, LE MOYEN, qu’il mettait en usage pour maintenir son âme dans cette Tranquillité religieuse, était propre à produire cet effet.

3. Nous chercherons enfin à vous faire sentir la force des MOTIFS qui doivent nous engager à faire comme le Psalmiste de l’acquisition de cette heureuse Tranquillité l’objet de nos efforts les plus soutenus.


Venez, mes Chers Frères, méditons ensemble avec un salutaire recueillement cet intéressant sujet.

Coeurs agités, n’écouteriez-vous pas avec avidité des Réflexions, propres à vous rendre le calme et la paix?

Coeurs affligés, ne détourneriez-vous pas, durant quelques moments, votre attention de vos maux pour la fixer tout entière sur des Vérités dont la méditation peut en adoucir l’amertume?

Mais que peuvent nos faibles efforts, si Toi-même, Grand Dieu, Tu ne les rends efficaces?

Tu es un Dieu de Grâce et de Consolation.

Ô que Ta Grâce agisse puissamment sur nos âmes, afin que Tes Consolations abondent en nous par Jésus-Christ et que Ta Paix qui surpasse toute conception, et que, gardant toujours en Lui nos pensées nous les amenions toutes, — Oui toutes, SANS EXCEPTION, captives à Son obéissance!

Amen!


* * *


I


Pour vous donner de justes idées sur la Tranquillité dont le Roi Prophète cherchait à se pénétrer; il ne sera pas inutile de vous indiquer d’abord, en deux mots, quelles sont les Dispositions, avec lesquelles il est essentiel de ne pas la confondre.

De ce nombre est certainement cette Insensibilité stupide, qu’on découvre quelquefois chez des Hommes, qui par leurs sentiments ou leurs mœurs, sont à peine au-dessus de la brute, comme aussi cette Insensibilité fastueuse ou pompeuse, dont des Hommes qui se parent du beau titre de Philosophe, font quelquefois un orgueilleux, mais mensonger étalage.

NON. Quelles que puissent être les vues de la Providence lorsqu’elle contriste les Enfants des hommes, il est de toute évidence, que ceux-ci ne sauraient, ni y entrer, ni y correspondre, s’ils ne sentent pas les maux, dont ils sont visités.

Qui oserait attribuer à David cette Insensibilité ou cet Endurcissement, là où chaque expression, pour ainsi dire, de ses Hymnes sacrés offre la preuve de la forte impression que faisaient sur son âme sensible, aussi bien les malheurs de Sion que ses propres infortunes?

Ce serait encore vous faire de fausses idées de la Tranquillité à laquelle il s’exhorte, de vous imaginer qu’elle consiste dans cette Sécurité insensée, qui, en PERDANT DIEU DE VUE, n’a d’autre appui que le bras de la chair en se reposant toute entière sur les moyens humains dont les voies les plus «criminelles» deviennent légitimes dès qu’elles promettent du succès.


NON! DAVID REGARDAIT À L'ÉTERNEL!

Il savait que toutes les causes secondes ne peuvent rien sans la Cause première!

Il savait, que ceux-là même qui ne mettent en oeuvre que des Moyens approuvés par la «Religion» et par la Conscience n’atteignent pas toujours le But qu’ils se proposent, (quelque louable, quelque juste qu’il soit).

Il savait aussi que ceux qui n’ont que des vues iniques, ou qui n’emploient que des Moyens illégitimes, éprouvent toujours, tôt ou tard, que le méchant fait une oeuvre qui le trompe. (Voir: Prov. XI, 18; V, 22.)

C’est cette insuffisance de TOUS LES MOYENS HUMAINS SANS LE CONCOURS DE DIEU, qu’il reconnaît hautement dans notre Cantique.

Peuples, confiez-vous en Dieu en tout temps: déchargez, votre coeur devant Lui: Dieu est notre retraite. Ceux du bas état ne sont que vanité: les nobles ne sont que mensonge. Si on les mettait tous ensemble en une balance, ils se trouveraient plus légers que la vanité même.

Ne mettez point votre Confiance dans la tromperie, ni dans la rapine: ne devenez point vains; et quand les richesses abonderont, n'y mettez point votre coeur.

En tout temps, peuples, confiez-vous en lui, Répandez vos coeurs en sa présence! Dieu est notre refuge – Pause.

Oui, vanité, les fils de l’homme! Mensonge, les fils de l’homme! Dans une balance ils monteraient Tous ensemble, plus légers qu’un souffle.

Ne vous confiez pas dans la violence, Et ne mettez pas un vain espoir dans la rapine; Quand les richesses s’accroissent, N’y attachez pas votre coeur. (Psaume LXII, 8-10/11. V. S.)


Prenons garde..., et ne confondons pas non plus la Tranquillité, dont parle le Psalmiste avec cette Indolence superstitieuse qui, SOUS PRÉTEXTE D’ATTENDRE TOUT DE DIEU, ne fait des hommes que des êtres passifs et en quelque sorte, de simples machines.

Dieu peut, il est vrai, tant pour le temporel, que pour le spirituel; assurer – sans nous – notre bonheur; mais Il ne le veut point.

Il veut, au contraire, que nous soyons, selon le mot de l’Écriture, OUVRIERS AVEC LUI. (1 Corinth. III, 9.)

Il nous a créés intelligents, pour que nous fassions usage de notre intelligence.

Il met à notre portée des moyens pour que nous les employions dans Sa crainte. Soutenir le contraire ce serait porter à son comble le délire de l’Enthousiasme.

Aussi ne fut-ce pas une Inaction de ce genre qui caractérisa la Piété de David.

En produisant en lui le Courage et la Confiance, elle produisit également en lui la Vigilance, l’Activité, la Prudence.

Il n’aurait pu s’attendre légitimement à la Bénédiction de Dieu s’il n’avait pu rendre le témoignage qu’il s’efforçait sincèrement de remplir tous les Devoirs propres à la lui assurer dans toutes les circonstances de sa Vie.


Concluons, mes Frères.

La Tranquillité religieuse, bien loin d’exclure la Sensibilité, la suppose et, tout en reconnaissant la nécessité d’employer des Moyens humains, elle n’en attend que de Dieu seul l’efficacité et le succès.

C’est ce dont vous serez de plus en plus convaincus, lorsque nous vous aurons décrit plus particulièrement cette Tranquillité.


1 – Se tenir tranquille en mettant en Dieu son attente au milieu des maux de la Vie:

C’est être persuadé que ces maux sont envoyé ou permis par Sa Providence, et que nous acceptons pleinement Sa Volonté, sans nous permettre des mouvements d’impatience et d’aigreur, et moins encore de téméraires et coupables Murmures.

OUI. Une humble, une entière Résignation à la Volonté de Dieu, voilà le premier Sentiment que doivent exciter – dans des coeurs sincèrement religieux – les Calamités de ce Monde.

Quelques rudes, quelques douloureuses, qu’elles puissent être à la chair et au sang, nous devons toujours à Celui, qui les dispense, l’hommage de la plus parfaite Soumission. Cette Soumission, pour produire dans nos âmes un repos véritable, doit avoir pour principe, non l'impossibilité de nous soustraire à ces calamités, mais une vive Persuasion, que, même en nous contristant:

DIEU SE CONDUIT À NOTRE ÉGARD COMME UN PÈRE TENDRE ET BIENFAISANT, qui dans toutes Ses dispensations, celles-là mêmes, qui sur l'heure ne semblent pas des sujets de joie, mais de tristesse, NE SE PROPOSE QUE NOTRE PLUS GRAND BONHEUR.

Alors ce langage de David sera en tout temps le nôtre:

Je me suis tu et je n'ai point ouvert ma bouche, parce que c'est Toi qui l'as fait. (V. D. Martin.)

Je reste muet, je n'ouvre pas la bouche, Car c'est toi qui agis. (Psaume XXXIX, 10. V. S.)


2 – Se tenir tranquille, en mettant en Dieu son attente au milieu des maux de la Vie:

C’est aussi remettre pour l’avenir toutes nos affaires à l'Éternel, en sorte que nous soyons intimement convaincus que, SI de notre côté nous remplissons avec fidélité tous les Devoirs que nous imposent les circonstances fâcheuses, et par cela même plus ou moins délicates, où nous pouvons nous trouver, Dieu ne permettra point, que nous soyons tentés au-delà de nos forces, mais qu’après nous avoir soumis à une épreuve, que nous aurons endurée dans des Dispositions convenables, Il nous en accordera aussi une heureuse issue.

Aucune tentation (ou épreuve) ne vous est survenue qui n’ait été humaine, et Dieu, qui est FIDÈLE, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter. (1 Corinth. X, 13. V. S.)

Dès lors vous devez sentir, mes Frères, qu’une semblable conviction ne saurait être le partage d’un Pécheur, obstiné dans ses vices et endurci dans son mauvais train.

les Biens de la Nature; les Biens de la Providence; les Biens de la Grâce; IL ABUSE DE TOUT: comment donc toutes choses aideraient-elles ensemble à sa félicicé (son bonheur)?

NON. C’est là un Privilège, qui n’appartient:

qu’à des Chrétiens, qui aiment Dieu;

qu’à des Chrétiens sincères;

qu’à des Chrétiens, qui, s’ils ne sont pas entièrement exempts de faiblesses et de fautes, peuvent néanmoins rendre le témoignage de se nourrir volontairement d'aucune Passion déréglée, ni aucune habitude «criminelle».

DES CHRÉTIENS DE CET ORDRE SONT SEULS LES OBJETS DES PROMESSES DIVINES: et seuls aussi ils ont droit, au milieu des tribulations de ce Monde, de tenir avec David cet encourageant langage.

Quoi qu'il en soit, mon âme se repose en Dieu! Quoi qu'il en soit, Il est mon rocher, ma délivrance et ma haute retraite; je ne serai pas entièrement ébranlé! (V. D. Martin)

Oui, c'est en Dieu que mon âme se confie; De lui vient mon salut. Oui, c'est lui qui est mon rocher et mon salut; Ma haute retraite: je ne chancellerai guère. (Psaume LXII, 3. V. S.)


3 – Mais si en vertu des Dispositions, dont nous venons de parler, ces Chrétiens peuvent souhaiter l’affranchissement des maux, qui leur sont échus en partage, et l’attendre même jusqu'à un certain point de la Bonté de leur Dieu:

Ils doivent cependant s'en remettre concernant LE TEMPS ET LA MANIÈRE à Celui, dont la Sagesse suprême connaît pour toutes choses les saisons les plus convenables.

Qui est celui-ci qui obscurcit le conseil par des paroles, sans science? (Job XXXVIII, 1.)

C’était la question, que l’Éternel fit autrefois à Job; à combien d’entre nous cette même Question ne serait-elle pas applicable?

Mesurant l’Intelligence Divine sur nos étroites conceptions, nous ne sommes que trop enclins à vouloir prescrire nous-mêmes la loi au Dieu Fort touchant ses Fils, et touchant l’oeuvre de Ses mains.

Oubliant que nous ne pouvons entrevoir tout au plus que les bords de Ses voies, nous voudrions que nos pensées FUSSENT TOUJOURS Ses pensées.

Son Support (sa patience) nous paraît trop long pour les uns;

Sa Justice trop sévère pour les autres;

et toujours Ses Dispensations envers nous nous semblent moins favorables, que nous n’avions lieu de l’espérer de Sa Charité (sa Bonté).

Nous voudrions être en quelque sorte les Maîtres pour régler nos destinées et celles d’autrui, d’après les décisions d’un esprit obscurci par de nombreux Préjugés, et toujours si borné dans ses vues et PLUS SOUVENT ENCORE, d’après les suggestions d’un Coeur séduit par ses Passions et toujours plus ou moins aveuglé par le propre intérêt.

Ah! Loin, de nous, Chrétiens, des prétentions aussi injurieuses:

à Celui, dont l’Intelligence infinie embrasse également le passé, le présent et l’avenir;

à Celui qui seul démêle les rapports, qu’ont les Événements de ce monde avec les Plans, que Sa Sagesse a conçus de toute éternité;

à Celui, qui seul peut faire concourir tous ces Événements au bonheur de CEUX QUI PLACENT EN LUI LEUR ATTENTE.


À LUI SOIT LA GLOIRE, MAINTENANT ET POUR L’ÉTERNITÉ! AMEN!

(2 Pierre III, 18.)


Confions-Lui pleinement le soin de notre Félicité (bonheur), et, alors même que nous serons hors d’état de chercher à percer les obscurités d’un avenir menaçant, disons et redisons fortement à notre âme.


Toi, mon Âme, tiens-toi tranquille,

regardant à l'Éternel,

car mon attente est en Lui!


Mes Frères, nous osons croire qu’en vous décrivant la Nature de la Tranquillité, dont il s’agit dans notre texte, nous aurons réussi à vous faire démêler, du moins en partie, le prix de cette heureuse Disposition.

Cela dit, ne désireriez-vous pas être plus particulièrement dirigés par rapport aux Moyens de l’obtenir?

Un seul moyen suffit à cette fin, si nous l’employons avec intelligence.

Ce Moyen, c’est celui, que David mettait en oeuvre.


IL REGARDAIT À L'ÉTERNEL.


En effet, quelle ne serait pas, au milieu même de nos maux, la Tranquillité de notre coeur si nous regardions toujours à l'Éternel;

1. Comme à Celui, qui dirige à SON GRÉ tous les Événements, qui peuvent influer sur notre Bonheur:

2. Comme à Celui, qui possède TOUTES les Perfections propres à l’assurer:

3. Comme à Celui, qui NOUS A DONNÉ LES PREUVES les plus touchantes, qu’il s’y intéresse véritablement.


Trois idées, dont le développement va faire le sujet de notre seconde Partie.


* * *


II


1 – J’ai dit en premier lieu que, pour que notre âme se tienne tranquille lorsque nous sommes en proie aux maux de la Vie, il faut que nous regardions à l'Éternel, comme à CELUI QUI DIRIGE À SON GRÉ TOUS LES ÉVÉNEMENTS QUI PEUVENT AVOIR DE L'INFLUENCE SUR NOTRE BONHEUR.

Il est vrai, nous faisons tous profession de croire dans le Gouvernement universel de la Providence; mais la plupart du temps, la persuasion que nous en avons semble se borner à l’esprit tandis que le coeur ne s’arrête qu'à ces causes secondes qui ne sont toujours que des instruments dans la main de Dieu.

Il ne faut, hélas! que faire une légère attention aux sentiments et aux discours que nous suggèrent les Calamités qui nous tombent en partage, pour reconnaître que cette accusation n’a rien d’exagéré.

Elle est surtout fondée, lorsque nous avons sujet d’attribuer ces Calamités à l’Imprudence, à la Malignité, ou aux Passions des Hommes.

Alors il est bien rare que nous adoptions les Sentiments, qu’exprime ce langage de David: «Qu'il me maudisse, car l'Éternel le lui a dit.» (2 Samuel XVI, 10.)

Alors les objets qui frappent, qui émeuvent nos sens, captivent toute notre attention, et nous font perdre de vue ce Roi des Siècles, Immortel, Invisible dont Hérode et Pilate, se liguant contre, Jésus-Christ avec les Gentils et le peuple d'Israël, ne firent qu'exécuter le Conseil éternel. (Actes IV, 27-28.)

Rappelons-nous que Jésus a déclaré, «qu’il ne tombe pas un passereau en terre sans la Volonté de notre Père Céleste, et que même les cheveux de notre tête sont comptés.» (Matth. X, 29-30.).

Rappelons toujours fortement à nos coeurs, que DIEU INTERVIENT D’UNE MANIÈRE TOUJOURS DIGNE DE LUI jusque dans les Événements les moins considérables en apparence, et combien plus dans ceux qui influent sensiblement sur la Félicité (le bonheur) d’Agents libres et moraux.

Ne nous contentons pas à cet égard de quelques réflexions vagues et superficielles qui, par cela même, ne sauraient faire sur nos âmes des impressions profondes et durables. Mais appliquons-les, ces réflexions, avec soin aux circonstances particulières où nous pouvons nous trouver.

Et qui est-ce qui perdrait son courage si, lorsqu’il est appelé à boire une coupe d’amertume, il se disait toujours à lui-même:

«Je suis aussi assuré de l’existence de Dieu que de ma propre existence

Je ne suis pas plus assuré que Dieu existe, que je ne le suis qu’il n’arrive rien sans Sa Permission ou sans Sa Volonté.

Je sais donc que si tel sujet particulier d’affliction se trouve actuellement sur mon passage, c’est parce que tel est le Bon plaisir du Monarque du monde. Mon devoir est de l’approuver et de m’y soumettre.»


C'est l'Éternel! Qu'Il fasse ce qui lui semblera bon!

(1Samuel III, 18.)

L'Éternel règne! Ô mon Âme, tiens toi tranquille!

(Psaume XCVII, 1.)


2 – De pareils Sentiments ne pourront qu’acquérir un nouveau degré de force et de stabilité si, en second lieu, nous regardons à l'Éternel comme à CELUI QUI POSSÈDE TOUTES LES PERFECTIONS PROPRES À ASSURER NOTRE BONHEUR.

C’était, ainsi que le prouvent divers endroits du Cantique de notre texte!

C'était sur ces Perfections, que le Psalmiste fondait singulièrement la Tranquillité de son âme.

Il savait qu’en Dieu se trouvaient réunies la Puissance, la Bonté et la Sagesse; et c’est en se Le représentant comme tel, qu’il s’écrie: Quoiqu’il en soit, mon âme se repose en Dieu! Mon âme, tiens toi tranquille!

OUI. L’ARBITRE DE NOS DESTINÉES EST LE TOUT-PUISSANT!

Il peut donc, quand II le veut, ou nous soulager et nous soutenir dans nos maux, ou nous en délivrer entièrement.

Puisque c’est Lui, qui a établi des Lois dans le Monde matériel, il dépend toujours de Lui, d’en suspendre ou d’en diriger les effets.

Puisque c’est Lui, qui a donné aux Êtres intelligents les Facultés, dont ils sont doués, il dépend toujours de lui, de leur en conserver le libre exercice, de le restreindre à Son gré, ou de le leur ôter sans retour.

Combien de fois n’a-t-Il pas fait servir à la félicité (bonheur), même temporelle, de ses Serviteurs, des Événements qui, à première vue, avaient été perçus comme être souverainement néfastes!

Dès lors ce mot d’Abraham peut être le nôtre dans nos plus grandes perplexités.


L'ÉTERNEL Y POURVOIRA!

(Genèse XXII, 14.)


Ajoutons qu'en Lui la Bonté égale la Puissance.

La première le porte à des Actes de Bienfaisance envers Ses Créatures, tandis que la seconde les Lui rend tous aisés.

NON. Son Oreille n'est pas plus fermée, qu’il ne veuille entendre, que Son Bras n'est raccourci, qu’il ne puisse délivrer; et les Compassions d’un Père tendre pour un Fils infortuné, (Psaume 103, 13.) L'Amour D'une Mère pour L'Enfant impuissant, (Ésaïe XLIX, 15.) qu'elle allaite ne sont, malgré leur énergie, que de faibles images des Compassions et de l’Amour de Dieu:


POUR CEUX QUI, EN LE CRAIGNANT,

SE RETIRENT SOUS L'OMBRE DE SES AILES.


Et quel espoir ne pouvons-nous pas fonder sur ces Compassions et sur cet Amour si nous considérons que leurs effets sont dirigés par la Souveraine Sagesse.

OUI Dieu sait, infiniment mieux que nous ne le savons nous-mêmes, quelles sont les choses les plus expédientes pour notre Bonheur.

Il sait, non seulement de quelle manière nos maux peuvent diminuer ou finir; mais encore, quelle est, à cette fin, le Temps le plus opportun et si notre impatience ne L’engage pas à les terminer avant l’Époque fixée par Sa Sagesse, notre découragement ne L’empêche pas non plus de le faire, lorsque nos plus chers intérêts le demandent.

Tandis qu’un Être Tout-Puissant, Tout-Bon et Tout-Sage tient entre Ses mains nos destinées, pourquoi ne nous montrerions-nous pas, au milieu de nos tribulations, dociles à ce Précepte de l’Apôtre?


NE VOUS INQUIÉTEZ DE RIEN,

mais en toutes choses présentez vos demandes à Dieu,

par des Prières et des Supplications, avec des Actions de grâces.

(Philip. IV, 6.)


3 – J’ajoute enfin que la plus douce et la plus entière Confiance accompagnera ces Prières et ces Supplications, SI NOUS REGARDONS À L'ÉTERNEL, COMME À CELUI QUI NOUS A DÉJÀ DONNÉ LES PREUVES LES PLUS TOUCHANTES QU'IL S'INTÉRESSE VÉRITABLEMENT À NOTRE BONHEUR.

En effet, n'est-Il pas Celui qui nous a formés, et en qui nous avons la Vie, le mouvement et l’être; (Actes XVII, 28.) et ne devons-nous donc pas, selon le mot de St Pierre, Lui remettre nos Âmes, en faisant le bien comme à notre Créateur et Conservateur fidèle? (1 Pierre IV, 19.)

Et pour entrer ici dans quelques détails; quel est l’Homme, dont la Vie, en la suivant depuis le berceau jusqu’à la tombe, ne présentât, à un Observateur judicieux, un Tableau expressif des Dispensations également remplies de Bonté et de Sagesse; Tableau, dans lequel certaines occurrences extraordinaires sortiraient avec tant de force?

Trop souvent, je l’avoue, nous sommes:

Inattentifs, nous n’observons pas ces Gratuités de l’Éternel;

Distraits, nous n’en démêlons pas le prix;

Insensibles, nous en sommes peu affectés;

Oublieux enfin, nous en perdons trop tôt le souvenir.

Mais notre Ingratitude, irait-elle jusqu’à regarder comme des maux les biens que Dieu nous accorde? Sachons-le, cette ingratitude ne saurait anéantir les Preuves de Sa Charité, de Son Amour envers nous!


Si seulement nous nous rappelions soigneusement Ses soins paternels, pendant le temps d’une Enfance impuissante; durant les années d’une imprudente et présomptueuse Jeunesse; dans toutes les périodes si souvent difficiles si souvent orageuses d’un Âge plus mûr!


Si nous nous arrêtions surtout à ces Époques frappantes, soit de Succès inattendus, soit de Délivrances presque miraculeuses, soit de Tempêtes mêmes, qui, au lieu de nous faire périr, nous ont poussés vers le port!

Si nous pensions, que ce que Dieu a si souvent fait pour nous, IL PEUT LE FAIRE ENCORE, nous verrait-on accablés par la plus légère disgrâce, ou terrassés par le moindre choc?

Ou plutôt la Bénignité (la Bienveillance) de Dieu, tant de fois éprouvée, ne serait-elle pas l'ancre sure et ferme de notre âme? (Hébreux VI, 19.)

Ne ferions-nous pas de ces Époques particulières de notre Vie où elle s’est signalée, autant d'Eben-Ezers (JUSQU’ICI L’ÉTERNEL NOUS A SECOURUS1 Samuel VII, 12.), de Monuments de notre Confiance, sur lesquels nous graverions cette belle Inscription:

Nous nous sommes vus comme si nous eussions reçus en nous-mêmes une Sentence de Mort, afin que nous n'eussions point de confiance en nous-mêmes, MAIS EN DIEU, qui ressuscite les morts. (2 Corinth. I, 9.)

Ah! Ce langage devrait être le nôtre, mes Frères, quand bien même nous ne pourrions nous rappeler aucune circonstance dans notre Vie propre à le fonder.

Je dis plus: il devrait être le nôtre, quand même nous n’aurions jamais reçu de Dieu des Grâces temporelles.

Que faut-il de plus pour nous le dicter sinon réfléchir sur la Sentence de cette Mort (éternelle), mille fois plus terrible que La Mort première (physique), à laquelle le péché nous avait assujettis; mais dont la Miséricorde de Dieu nous a délivrés.

OUI, si dans Ses Compassions inénarrables (inexprimables) II a renversé le Mur de séparation, que le Péché avait élevé entre Lui et nous, Mur qui atteignit jusqu’au Ciel, alors..., quelles autres hauteurs ne détruira-t-Il point pour Ses Bien-aimés?

IL LES A ARRACHÉS À UNE PERDITION ÉTERNELLE, et, par rapport à des intérêts futiles..., ils hésiteraient à s’abandonner sans inquiétude à Ses soins paternels?

Il leur a frayé lui-même le chemin du Salut et, s’ils Le reconnaissent dans toutes leurs voies; (Psaume XCI, 11.) ne daignerait-Il pas les conduire à travers des écueils de ce Monde?

Ô qu’heureux est le Chrétien, qui par des pensées de ce genre peut en tout temps rétablir le calme dans son coeur.

Que le Mondain insensé s’impatiente, s’agite ou murmure.

Que le Philosophe prétendu s’aveugle, s’endurcisse ou blasphème.

Le Fidèle remporte PAR SA FOI la victoire sur les Calamités, non moins que sur les Plaisirs de ce Monde.

En regardant à un Dieu Rédempteur il éprouve au sein des plus navrantes afflictions la salutaire efficacité de ces consolantes, de ces énergiques interrogations de St Paul:

SI DIEU EST POUR NOUS, QUI SERA CONTRE NOUS? Lui, qui n'a point épargné Son propre Fils, mais qui L'a livré pour nous tous, comment ne nous donnerait-Il pas aussi toutes choses avec Lui? (Romains VIII, 32, 31.)



* * *


III.


Après vous avoir exposé la Nature de la Tranquillité dont le Psalmiste cherchait à se pénétrer, après vous avoir montré combien le Moyen qu’il mettait en oeuvre pour la maintenir dans son âme était propre à l’y affermir, nous devons, dans la dernière Partie de ce Discours, INSISTER SUR LES MOTIFS, qui doivent nous engager à faire comme le Psalmiste, de l’acquisition de cette heureuse Tranquillité, l’objet de nos efforts les plus soutenus.

Ici le champ le plus vaste nous serait encore ouvert. Mais les limites, que nous devons prescrire à nos Discours, nous appellent à serrer nos idées, et en conséquence nous nous contenterons de vous prouver en peu de mots qu’une Tranquillité de ce genre est:

1. Glorieuse à la «Religion» dont nous faisons profession;

2. Utile pour assurer notre Bonheur sur la Terre;

3. Avantageuse pour l’avancement de notre Salut éternel.


Voyons ces trois Motifs.

1 – Le Premier, c’est que la Tranquillité, que nous avons en vue, est glorieuse à la «Religion», que nous professons.

Comme il est plus aisé de prononcer sur des faits que d’entrer dans des discussions qui demandent une certaine concentration d’esprit, la plupart des Hommes jugent d’une opinion par l’influence qu’elle a sur ceux qui l’ont embrassée.

Ce Jugement serait sûr, si ces derniers agissaient toujours conséquemment.

L'Arbre est connu par ses fruits. (Matth. XII, 33.)

Une «Religion», digne d'être reçue, doit donc porter ses Partisans à la Piété et à la Vertu.

S’ils sont profanes ou adonnés au mal, ce ne peut être que parce que leur Persuasion trop faible ne saurait prévaloir sur les Passions par lesquelles ils se laissent maîtriser.

Ainsi, lorsque nous voyons un homme que les Afflictions de ce Monde terrassent ou désespèrent, ne sommes-nous pas en droit d’en conclure, ou qu’il n’a point de croyance fixe et déterminée, ou que celle dont il fait profession n’est guère estimable puisqu’au jour de l’adversité elle le laisse sans ressource et sans consolation.

Au contraire, lorsque nous voyons un homme qui, placé selon le Monde, dans la situation la plus navrante, supportera avec une constance magnanime ses disgrâces, non en affectant une indifférence stoïque, dénaturée et mensongère, mais:

PARCE QU’IL REGARDE À L'ÉTERNEL ET MET EN LUI SON ATTENTE,

parce qu’en se soumettant sans réserve à une Volonté, qu’il sait être bonne, agréable et parfaite...,

il nourrira la plus intime conviction, que s’il continue à aimer Dieu, et à chercher en Lui sa première Béatitude, toutes choses ensemble lui aideront en bien; (Romains VIII, 28.) cet homme ne fixera-t-il pas singulièrement notre attention?

Nous conviendrons que les Principes qui lui inspirent cette Tranquillité héroïque doivent avoir une excellence supérieure et nous sentirons que ce ne sera qu’en l’imitant que nous rendrons honorable en toutes choses la Doctrine de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

Et quand est-ce, mes Chers Frères, quand est-ce qu’un Motif de ce genre doit faire plus d’impression sur nous si ce n’est dans les Jours tels que ceux où nous vivons.


S’ILS PEUVENT ÊTRE APPELÉS MAUVAIS,

c’est surtout à cause des progrès funestes,

qu’a fait l’Esprit d’incrédulité et d’irréligion.


Disciples de Jésus, ne chercherions-nous pas à ramener sous Ses étendards ceux pour qui Sa «Religion» sainte et sublime n’est plus que scandale ou folie?

Ne chercherions-nous pas à retenir sous Ses Lois ceux qu’ébranlent déjà les attaques insidieuses et profanes de Ses Ennemis?

Si une conduite, toujours digne de notre céleste Vocation, peut y contribuer si efficacement, quels ne doivent pas être nos efforts pour que, même au milieu des tribulations de la Vie, notre lumière luise devant les hommes, (Matth. V, 16.) afin qu'en voyant en nous cette Tranquillité religieuse qui nous rend supérieurs à ces tribulations, ils glorifient avec nous notre Père céleste en écoutant Son Fils bien-aimé.


2 – Quelque fondé, quelque puissant, que soit ce Motif, je crains cependant, mes Frères, par rapport à un grand nombre d’entre nous, qu’il leur aura été proposé inutilement.

Pour en sentir la force, IL FAUT AVOIR DU ZÈLE pour la «Religion»; et qui pourrait nier qu'aussi, à cet égard, nous sommes déchus!

Voyons maintenant un Motif d’un autre genre.

Nous le déduisons de ce Bonheur temporel, dont, il est vrai, pour la plupart nous nous faisons des idées si fausses, mais qui n’en est pas moins l’objet de nos ardentes recherches.

OUI. On peut appliquer à la Tranquillité, que nous vous prêchons, ce que St Paul affirmait de la Piété, qu’elle est utile à toutes choses. (1 Tim. IV, 8.)

En effet; elle est utile, même dans la Prospérité, pour nous garantir de tant d’angoissantes sollicitudes qui si souvent en empoisonnent la jouissance.

Mais, c'est surtout dans l’adversité qu'elle récompense pleinement celui qui la possède, des efforts qu’il a faits pour l’acquérir.

Elle le met au-dessus de ces craintes et de ces anxiétés, qui ne se rapportant qu'à un avenir toujours incertain, ajoutent cependant un nouveau degré de vivacité et d'amertume au sentiment des maux présents.

Par cela même, elle conserve à son Âme l’exercice libre et sain de ses Facultés, et le met en état, non seulement de discerner les avantages et de jouir des douceurs, qu’au milieu de ses maux peut lui présenter sa situation, mais encore de METTRE EN OEUVRE LES MOYENS LES PLUS PROPRES À SE RENDRE CES MAUX SUPPORTABLES ET À EN TIRER PARTI, s’il se trouve dans l’impossibilité de s’en affranchir entièrement.

Dès lors aussi elle le préparera pour tous les Événements futurs, contre lesquels il pourra, avec une entière liberté d’esprit, prendre toutes les précautions nécessaires qui souvent ne nous accablent que parce que nous n’avons pas été de ces Sages qui, comme s’exprime Salomon, ont des yeux en leur tête. (Eccl. II, 14.)

Et combien encore cette Tranquillité que nous avons en vue, ne contribue-t-elle pas à nous assurer, même dans nos revers, l’affection, les consolations et les secours de nos semblables qui s’indisposent si facilement contre nous quand nos Impatiences, nos Inquiétudes, nos Agitations, nos Murmures, nous rendent durs, exigeants, ou injustes à leur égard.


3 – Je n’ai pas tout dit, mes Frères; et je passe ici à un dernier Motif.

Il n’est point pour nous de Bonheur temporel, quand il n’a pas pour compagnes la Piété et une Espérance légitime de Bonheur pour la Vie à venir.

La Tranquillité religieuse contribue efficacement à l'avancement de notre Perfection et de notre Salut. C’est ce qu’il nous reste à prouver.

Mes Frères, si vous avez suivi avec quelque attention les réflexions que nous vous avons offertes, vous ne sauriez contester, que cette Tranquillité ne soit un Devoir, et un Devoir essentiel de la «Religion», puisque notre état de dépendance et les Attributs de Dieu, et les Ordres exprès de Sa Parole lui servent de fondements.

Remplir ce Devoir, c’est donc déjà travailler à notre Perfection et à notre Salut. Il y a plus!

Ce Devoir suppose, par sa Nature même en celui qui le remplit habituellement, un fond réel et peu commun de «Religion», puisqu’il ne saurait avoir d’autres principes qu’une Croyance éclairée, ferme, et justifiée par des sentiments et une conduite analogues.

C’est, avons-nous dit, une Tranquillité religieuse. Il est donc IMPOSSIBLE QU’ELLE SOIT LE PARTAGE DE CEUX SUR L’ESPRIT ET LE COEUR DESQUELS LA «RELIGION» NE DÉPLOIE POINT SES SALUTAIRES INFLUENCES.

Ajoutons que cette Tranquillité est souverainement avantageuse au Jour de l’adversité, pour nous faire discerner les vues que Dieu Se propose en nous affligeant, et pour nous mettre en état de correspondre à SES vues.


Voilà mes Frères, voilà ce qui rend les afflictions sanctifiantes pour les Fidèles, tandis qu’elles sont sans fruit pour les Ouvriers d'iniquité.

Les derniers, du moins dans de certains cas, apercevront bien la Main du Très-Haut, mais ils n’y démêleront pas Ses intentions à leur égard pour s’y conformer;

Les premiers recherchent et suivent ces intentions avec soin jusque dans les circonstances les plus communes de leur Vie; combien plus dans ces circonstances plus marquantes où des Dispensations extraordinaires et douloureuses les appellent plus particulièrement à écouter la Voix de leur Dieu.

Un Achaz est-il frappé?

Il se tourmente en lui-même; il se déchire dans sa fureur: il s'exhale en plaintes, en reproches, en murmures, en imprécations: mais, dit l’Écriture, il continue toujours à pécher de plus en plus contre l'Éternel (2 Chr, XXVIII, 22.).

Dans le temps même où il est affligé, il reste toujours Achaz!

Un David est-il battu?

Il entre dans les Vues sanctifiantes de Celui, qui le châtie, et en rapportant ses calamités au but, auquel elles sont destinées, il acquiert bientôt le droit d’en tirer cette Conclusion, IL M'EST BON D’AVOIR ÉTÉ AFFLIGÉ! (Psaume CXIX, 71.)


Abrégeons, mes Frères.

Il n’est aucune Vertu du Christianisme, qui ne soit en relation, avec cette Tranquillité religieuse dont nous vous dépeignons le prix.

Il n’est aucune Vertu, qui ne trouve dans cette Tranquillité un nouvel aliment.

1. Avec elle notre Humilité deviendra, de jour en jour, plus profonde puisque nous reconnaîtrons toujours de coeur, d’un côté la Souveraine Majesté de Dieu, et de l’autre notre néant, notre dépendance et notre misère.

2. Avec elle notre Repentance acquerra sans cesse plus de vivacité puisque nous découvrirons souvent dans nos fautes et dans nos péchés LES CAUSES DE NOS INFORTUNES TEMPORELLES.

3. Avec elle notre Charité sera moins restreinte envers nos prochains, puisque nous nous serons accoutumés à regarder ceux-là même d’entre eux qui mettent tout en oeuvre pour nous nuire, que comme DES INSTRUMENTS DANS LA MAIN DE DIEU POUR EXÉCUTER SUR NOUS LES DESSEINS DE SA MISÉRICORDE.

4. Avec elle notre Amour et notre Reconnaissance envers Dieu prendront tous les jours de nouvelles forces, puisque nous démêlerons, jusque dans les moindres événements qui nous concerneront, de nouveaux témoignages de la dilection (la tendre affection) de Dieu envers nous.

5. Avec elle nous aurons une Dévotion plus fervente, puisque nous enflammerons cette Dévotion par l’idée habituelle de la Présence auguste de Celui, qui en est l’Objet.

6. Avec elle notre Patience aura son oeuvre parfaite, puisque nous nous en retracerons constamment les fondements et les Motifs.

7. Avec elle, notre Dévouement aux lois de Dieu deviendra chaque jour plus prompt et plus universel, puisque chaque jour nous sentirons plus vivement que nous approcher de Dieu est tout notre bien.

8. Avec elle notre Espérance, cette Espérance du juste qui ne le confond jamais, se fortifiera de plus en plus puisque nous regarderons constamment à l’Éternel comme au Rémunérateur de tous ceux qui Le craignent.

  1. Avec elle enfin, détachés de jour en jour davantage du Monde et des choses qui sont au Monde, nous irons de force en force, jusqu'à ce que nous nous présentions devant Dieu, dans cette Sion d’en-haut, où nos bouches ne proféreront plus jamais ces accents: Toi, mon Âme, demeure tranquille; regardant à l'Éternel;

  2. mais où, parce que nous verrons Dieu face à face, nous pourrons nous écrier dans la plénitude du Bonheur, Il reste donc un Repos — un Repos inaltérable — pour le Peuple de Dieu! (Hébr. IV, 9.)


Puissions-nous, mes Chers Frères, PUISSIONS-NOUS TOUS FAIRE PARTIE DE CE PEUPLE afin que dès maintenant, dans cette Vallée de misères nous rendions à notre Dieu, comme nous espérons de le faire un jour dans les Régions du Salut, l’Honneur, la Louange et la Gloire! AMEN!



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