Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

JOIE DES ANGES À LA CONVERSION DU PÉCHEUR

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Je vous dis qu’il y a de même de la joie devant les Anges de Dieu, pour un seul pécheur qui s'amende. (Luc XV, 10.)

La Révélation n’est claire, positive et abondante en détails instructifs, que dans ce qui concerne directement le salut de l’homme.

Elle ne cherche point à satisfaire notre curiosité sur ce qui n’est pas en rapport direct avec notre rédemption.

Elle ne nous révèle pas les mystères qu’il ne nous est pas nécessaire de connaître.

Répandant un faisceau de lumière sur les vérités qui sont pour nous de la plus haute importance, elle laisse un voile sur les autres. Ainsi, par exemple, elle ne nous tire pas de l’ignorance où nous sommes naturellement sur ce qui concerne les Intelligences célestes placées dans l’échelle des êtres entre Dieu et l’homme.

Quand l’Écriture sainte nous parle des Anges, c’est beaucoup moins pour nous faire connaître leur nature, ou l’histoire de l’introduction du mal moral parmi eux, que pour nous dire ce qu’ils font pour notre salut.

Elle nous les représente, dès les premiers âges du monde, envoyés aux Patriarches pour leur promettre le Rédempteur.

À sa naissance, ils font retentir l’hymne de la gratitude et de l’adoration. Ils l’accompagnent et le soutiennent dans les moments les plus douloureux de sa carrière de tribulations, et s’intéressent d’une manière toute particulière au salut de chacun de ses rachetés:

Je vous dis qu’il y a de même de la joie devant les Anges de Dieu, pour un seul pécheur qui s’amende.

Méditons, sur cette joie des Anges à la conversion du pécheur; elle nous fournira de grandes et d’importantes leçons.


* * *

Lorsque nous nous représentons cette multitude d’intelligences célestes dont Dieu a peuplé l’immensité, pour répandre partout la vie et le bonheur, nous sentons s’agrandir les idées que nous nous formons de la gloire, de la puissance et de la bonté du Très-Haut.

La pensée de cette innombrable armée des cieux, qui entoure le trône du Père des Esprits et qui vole à l’exécution de ses ordres, confond notre intelligence, étonne notre imagination, et en même temps, elle réjouit notre cœur, assurés que nous sommes par la parole de Dieu, que ces mille milliers d’Anges ont avec nous une commune origine, une commune destination, et sont des esprits destinés à servir et envoyés pour exercer leur ministère en faveur de ceux qui doivent avoir l’héritage du salut.

Il suffit de la déclaration contenue dans mon texte, pour nous apprendre que ces Esprits bienheureux n’ignorent pas ce qui se passe sur la terre.

Spectateurs invisibles des choses d’ici-bas, non seulement ils sont attentifs à tous les grands événements de ce monde, mais ils veillent sur chacun des enfants des hommes.

Immortels, ils considèrent en nous d’autres Immortels, qui s’avancent vers l’éternité.

Notre salut, qui souvent nous inquiète si peu, est l’objet de leur plus tendre sollicitude.

Et pour ajouter au bonheur dont ils jouissent au sein de la gloire céleste, pour leur faire éprouver une sainte joie, il suffit:

d’un seul pécheur qu’ils voient sortir de ce chemin spacieux qui mène à la perdition, pour entrer dans ce chemin étroit qui mène à la vie;

d’un seul pécheur qui dit comme l’enfant prodigue; Mon Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, et je ne suis plus digne d'être appelé ton fils;

d’un seul pécheur convaincu de péché, de justice et de jugement, et s’écriant avec David: Détourne ta face de mes péchés, et efface toutes mes iniquités;

d’un seul pêcheur touché de cette tristesse selon Dieu, qui produit une repentance à salut;

d’un seul pécheur soupirant après sa délivrance, et allant la chercher auprès de ce Jésus qui peut sauver parfaitement tous ceux qui s'approchent de Dieu par lui.

C’est là le sujet de la joie des Anges.

Je ne m’arrêterai pas à prouver que telle est, en effet, l’impression que produit sur eux la conversion des pécheurs.

Qu’avons-nous besoin d’autre preuve que de la déclaration expresse de Jésus-Christ?

Quel poids, quelle autorité pourraient ajouter les paroles de l’homme mortel à celles du Fils de Dieu?

Fixons plutôt notre attention sur ce qu’il y a de frappant dans cet intérêt si vif que prennent les Intelligences célestes au salut des pauvres enfants d’Adam.

Je ne dis pas seulement que ce trait de leur caractère les embellit à nos yeux, en les parant d’une vertu à laquelle nous ne saurions être insensibles; et qu’une pareille charité, dans des êtres aussi élevés au-dessus de nous, doit les rendre les objets de notre admiration et de notre gratitude.

Ce qui me frappe surtout dans la joie qu’inspire aux Anges la conversion des pécheurs, c'est le contraste qu’elle offre avec L’INDIFFÉRENCE DE LA PLUPART DES HOMMES POUR LE SALUT DE LEURS FRÈRES.

Je sais que cette disposition d’insouciance pour les intérêts spirituels de l’humanité n’est pas universelle.

Quoiqu’il n’y ait personne sur la terre qui s’intéresse aussi vivement au salut des pécheurs que les habitants du ciel, il est cependant de vrais Chrétiens qui travaillent à revêtir des sentiments semblables à ceux des Anges, et dans l’âme desquels la grâce de Dieu les produit; qui, dans les sollicitudes de leur charité, s'efforcent et par leurs travaux et par leurs prières d’avancer sur la terre le règne du Dieu vivant; qui se réjouissent avec les Intelligences bienheureuses d’une joie spirituelle et céleste, à la vue des conquêtes que fait l’Évangile sur le royaume des ténèbres, à la vue de la conversion des âmes que Dieu appelle de la mort à la vie.

Dans un siècle où (si l’on en excepte les premiers siècles de l’Église) on a fait plus que dans tous les autres pour répandre au loin la bienfaisante lumière de la Révélation; dans un siècle où se sont formées un grand nombre d’institutions religieuses qui ont appelé plus que jamais l’attention sur les plus grands intérêts de l’humanité; dans un siècle où la parole de vie et de salut a été traduite dans tant de langues dont naguère son ignorait jusqu’à l’existence, apportée à tant de peuples auxquels l’Europe n’avait, jusqu’à présent, apporté que ses vices, il serait injuste de ne pas rendre hommage aux efforts de cette charité chrétienne qui a opéré de si grandes choses. Cela serait surtout injuste envers la nation (la nation anglaise) au sein de laquelle la Providence de Dieu nous a conduits.

Connue autrefois seulement par la grandeur de sa puissance maritime, par l’éclat de ses richesses, par l’étendue de ses relations commerciales, elle commence à l’être par la grandeur de sa charité, par l’étendue de ses conquêtes spirituelles, par le zèle avec lequel elle se sert de l’influence que Dieu lui a donnée pour planter l’étendard du Christianisme, pour dresser la crois de Jésus, et pour répandre la parole de Dieu sur des rivages où jadis elle ne faisait sentir que la force de son bras et la terreur de ses armes.

Il faut donc convenir qu’il est des hommes qui, appréciant eux-mêmes les bienfaits dont l’Évangile est la source, travaillent à y faite participer leurs semblables, et se réjouissent à la vue de tous ceux qui les acceptent; mais leur zèle pour les intérêts spirituels de leurs frères, n’est qu’une HONORABLE EXCEPTION À L’INDIFFÉRENCE GÉNÉRALE.

Le monde le partage si peu, qu’il est toujours prêt à n’y voir qu’un aveugle enthousiasme; accusation qui annonce déjà combien l’insouciance pour le salut d’autrui est naturelle à l’homme. Mais il est important et il ne sera pas difficile de mettre en évidence cette triste vérité.

Combien n’est-il pas d’hommes dont la conduite montre qu’ils ne prennent absolument aucun intérêt aux destinées éternelles de leurs frères!

Remarquez qu'ici:

Je ne parle pas seulement de ceux qui, loin de désirer la conversion de leurs semblables, ne craignent pas de travailler à leur perte en les entraînant ou en les retenant dans une voie de perdition.

Je ne parle pas seulement de ceux qui se réjouissent de faire de leurs frères des compagnons de péché, d’ébranler leurs principes religieux, de faire taire leurs scrupules de conscience, et de les précipiter dans l’abîme.

Je ne parle pas seulement de ceux qui, loin d’être les imitateurs des Anges, sont les imitateurs du Démon, dont ils font l’œuvre et auquel ils préparent des victimes.

Je ne parle pas même des hommes que l’égoïsme rend insouciants sur les intérêts spirituels de l’humanité.


Quand on s’isole au milieu du monde, quand on ne vit que pour soi,

il n’est pas surprenant qu’on ne pense point au salut de son prochain.


Mon but est de vous montrer que cette insouciance pour l’âme de leurs frères existe chez des hommes qui font profession de respecter le Christianisme;

chez des hommes qui sont loin d’être immoraux, ou ouvertement impies;

chez des hommes qui sont doués d’une âme sensible;

chez des hommes qui ne manquent pas, à d’autres égards, de charité, mais qui en sont totalement dépourvus dans ce qui concerne le salut de ceux qui sont, comme eux, étrangers et voyageurs sur la terre,

Ils compatissent aux maux du corps, qui est poudre, et qui retournera dans la poudre;

Ils ne compatissent point aux maux des âmes immortelles.

Ils s’intéressent si peu au salut de leurs frères, qu’ils ne secondent point les efforts de la charité chrétienne pour répandre la lumière de l’Évangile sur les peuples qui marchent dans les ténèbres et qui habitent au pays de l’ombre de la mort.

Il existe des sociétés de toute espèce, qui font de l’instruction et du salut des Païens l’objet constant de leurs travaux. Les unes leur portent la parole de vie; d’autres leur envoient des Missionnaires; d’autres s’occupent à établir des écoles au milieu d’eux.

Comme il est des Sociétés de ce genre dans toutes les communions chrétiennes, chacun peut s’associer à celles dont les préceptes sont conformes à sa croyance particulière.

Les occasions sont donc préparées, les circonstances sont très favorables pour répandre, avec la religion de Christ, tous les biens temporels et spirituels dont elle est Ia source. Malgré cela, n’est-il pas, parmi ceux qui font profession d’être Chrétiens, un grand nombre d’hommes qui sont forcé de convenir qu’ils ne font rien,

ABSOLUMENT RIEN, pour améliorer le sort des pauvres Païens;

RIEN pour les retirer de l'état de dégradation morale dans lequel ils sont tombés, pour les soustraire à l’empire des plus cruelles superstitions, à l’esclavage des passions les plus effrénées;

RIEN pour leur communiquer le message que Dieu a fait parvenir aux enfants des hommes pour leur annoncer la bonne nouvelle du salut, pour les rendre disciples de Celui qui a mis en évidence la vie et l’immortalité;

RIEN pour leur apprendre que le Tout-Puissant est leur Père, que son Fils bien-aimé est leur Sauveur, que l’Esprit de lumière et de vie leur est promis, et que le ciel leur est ouvert!

Il y a plus, mes frères.

Quelquefois on ne se contente pas de fermer ses entrailles à la misère d’un monde plongé dans le mal; on va plus loin encore.

Pour se justifier de ne prendre aucune part à l’œuvre de Ia conversion du monde, on se permet de traiter ces institutions, les plus nobles, les plus charitables de toutes, sinon avec mépris, du moins avec une frivole insouciance qui me fait trembler, quand je pense à cette terrible journée où IL FAUDRA RENDRE COMPTE

de toutes les occasions de faire le bien qu’on aura perdues,

de tous les talents qu’on aura enfouis,

de tous les avantages qu’on avait reçus de Dieu; pour les consacrer à sa gloire, et qu’on aura rendus inutiles.

Mes frères, il est affligeant de penser que, tandis que les Anges de Dieu se réjouissent à la conversion d’un seul pécheur, l’homme dépositaire de cette religion sainte qui converti les âmes, l’homme chargé de la propager sur la terre, peut voir des millions d’âmes dans la plus profonde ignorance et dans la plus affreuse corruption,

sans que ce spectacle le touche,

sans qu’il prenne intérêt aux efforts de la charité chrétienne,

sans qu’il fasse rien pour les seconder;

malgré cette criminelle indifférence, on se persuade qu’on est disciple de Celui qui est venu chercher et sauver ci qui était perdu!

Mais on me dira peut-être «que les Païens nous sont trop étrangers pour pouvoir exciter notre compassion.»

Comme si Dieu ne nous les présentait pas comme ses enfants, et Christ comme ses rachetés! Comme si le Christianisme ne nous commandait pas d’embrasser toutes les créatures de notre Père céleste dans le sentiment d’une charité universelle!

«Mais les Païens sont dans un état si déplorable, qu’il est imposible de les en tirer». Comme si c’était une raison de ne rien essayer pour améliorer leur condition!

Comme si l’Évangile ne pouvait pas faire pour eux ce qu’il a fait pour nous!

Comme si les faits ne prouvaient pas que, de nos jours, la bénédiction de Dieu accompagne, d'une façon particulière les travaux auxquels on se livre pour évangéliser le monde!

Comme si d’ailleurs les promesses positives du Très-Haut ne devaient pas suffire au Chrétien, lors même qu’il ne verrait aucun résultat de ses efforts, pour l’engager à prendre part à cette sainte croisade qui se forme contre l’erreur, l’ignorance, la superstition et le vice!

Mais je ne veux pas m’arrêter plus longtemps à combattre l’indifférence religieuse qui se voile sous des excuses aussi frivoles. Il faut vous faire sentir qu’on se rend souvent coupable de cette même insouciance spirituelle à l’égard de ceux avec lesquels on est uni par les liens du sang ou de l’amitié, et au bonheur desquels on s’intéresse vivement.

On sent avec eux et pour eux dans tout ce qui concerne ce monde qui passe et cette vie qui doit finir; mais l’intérêt, le sentiment, tout semble s’évanouir, dès qu’il ne s’agit plus seulement de cette terre qui va nous échapper et de cette scène visible dont nous allons sortir.

Pour ce qui regarde l’âme et le salut de ceux qu’on aime, on dirait qu’on n’a plus ni sensibilité, ni affection;

On les avertirait, s’ils faisaient quelque démarche qui exposât leur fortune, leur santé, leur réputation, leurs intérêts temporels en un mot.

On ne les avertit pas, on ne cherche pas à les ramener à Dieu, quand ils mènent une vie qui les expose à se perdre.

On les laisse profaner le nom de Dieu et le jour du Seigneur, se plonger dans une vaine dissipation, caresser leur vanité, suivre les coutumes du monde au lieu de l’exemple de Christ.

Sans doute un pareil aveuglement n’est pas universel.

Il est des amis, des parents, des époux chrétiens, qui ne le partagent pas, il est des familles pieuses dont les membres veillent les uns sur les autres, avec de tendre intérêt que le Christianisme inspire non seulement, par rapport au bien-être temporel, mais par rapport au salut de ceux qu’on aime.

Mais ces exemples sont rares; et il n’en est pas moins vrai que nous sommes en droit d’accuser de ce funeste aveuglement sur les intérêts spirituels de leurs frères, beaucoup d’amis envers leurs amis, et, ce qui est plus triste encore, beaucoup de parents envers leurs enfants.

Nous les accusons de ne s’intéresser à ceux qu’ils aiment que pour leur procurer la fugitive félicité qu’on trouve dans la jouissance des avantages terrestres, et de ne pas chercher à leur assurer la possession de la gloire et du bonheur que Dieu leur offre dans son royaume.

Nous les accusons d’oublier que leurs amis, que leurs enfants sont des êtres immortels dont la destinée éternelle sera heureuse ou malheureuse, selon qu’ils auront obéi à l’Évangile ou qu’ils auront méconnu ses saintes leçons.

Et tandis que les Anges se réjouissent de la conversion d’un pécheur avec lequel ils n’ont que des rapports indirects, et dont une nature différente semblerait devoir les séparer, il est affreux de penser qu’il est des hommes qui, malgré tous les liens qui les unissent à leurs frères, ne peuvent être tirés de leur criminelle indifférence pour le salut de ceux-mêmes que Dieu leur a donnés pour les amener à lui, et desquels ils ont en partie à répondre.

Serait-ce que nous eussions moins de motifs que les Anges de nous intéresser au salut des hommes?

Quoi! tout élevés que ces Esprits bienheureux sont au dessus de nous, ils jettent un regard plein de compassion sur l’âme qui périt, un regard plein de joie sur l’âme qui revient à Dieu; tout séparés qu’ils sont de nous par une nature différente, ils se réjouissent de nos premiers désirs du salut et des premiers symptômes de notre repentance: et nous, mes frères, rapprochés les uns des autres par les liens d’une commune nature;

NOUS, placés sur la même terre, respirant le même air, assujettis aux mêmes besoins;

NOUS, formés à la même image, déchus de la même gloire, rachetés par le même Sauveur, scellés du même Esprit;

NOUS, qui avons à craindre la même condamnation, à espérer la même immortalité;

NOUS, qui sommes placés, les uns comme les autres, entre un abîme de misère et un séjour d’éternelle félicité,

nous éprouverions moins de sollicitude pour le salut de nos frères que les Anges de Dieu!

Les âmes de nos amis, de nos parents, les âmes des pauvres Païens, nous seraient moins chères qu’à eux! L’insouciance sur leur salut serait plus excusable de notre part! Et cependant, j’en appelle à votre conscience, et à votre connaissance du monde; et je vous demande si le tableau que j’ai mis sous vos yeux est exagéré, si les couleurs en sont trop sombres, si les traits n’en sont pas fidèles?

Mais, Chrétiens, quelle peut être la cause de cette insouciance malheureusement si générale sur les plus grands intérêts de l’humanité?

Pour pouvoir l’attaquer dans son principe, il faut examiner à quoi nous devons l’attribuer.


LA PRINCIPALE CAUSE DE L’INDIFFÉRENCE POUR LE SALUT DE NOS SEMBLABLES EST L’INDIFFÉRENCE POUR NOTRE PROPRE SALUT.

Tant qu’on n’a pas senti la nécessité de sa propre conversion, on ne peut pas sentir la nécessité de celle de ses frères.

Tant qu’on n’a pas ouvert les yeux sur l’état de misère spirituelle dans lequel on est soi-même, on ne peut pas ouvrir les yeux sur l’état de misère spirituelle dans lequel sont tous les pécheurs.

Tant qu’on n’a pas craint la condamnation dont on est soi-même menacé, on ne peut pas craindre pour ses semblables les jugements de Dieu.

Tant qu’on n’est pas devenu une nouvelle créature, on ne peut pas croire à la nécessité de la régénération des autres hommes.

Tant qu’on n’a pas connu par expérience l’œuvre que Dieu fait, par sa Parole et par son Esprit, dans les âmes qui le cherchent, on ne peut pas sentir combien il est important que Dieu fasse cette œuvre dans l’âme de ceux qu’on aime.

On ne peut pas trembler pour eux d’un danger que l’on brave pour soi-même, ni désirer pour eux un salut auquel on ne croit pas ou dont on ne sent point le prix.

Il faut chercher la cause de cette insouciance spirituelle dans un manque de foi aux vérités révélées.

On n’est pas fermement convaincu que l’on soit responsable devant Dieu de toutes ses actions.

On a des doutes sur l’accomplissement final de sa Parole.

On a de la peine à croire que ses redoutables menaces s’accomplissent jamais et que ses consolantes promesses se réalisent.

On ne pense pas qu’il soit vrai que pour entrer dans le royaume de Dieu, il faille devenir une nouvelle créature.

On ne croit pas à ces grandes réalités de la vie à venir qui succéderont aux choses visibles et passagères;

on ne s'en est pas laissé convaincre profondément; et sans être impie ou incrédule déclaré, on est cependant dépourvu de cette foi qui est une vive représentation des choses qu’on espère, et une démonstration de celles qu'on ne voit point.

Si on était persuadé de la vérité de tout ce que l’Évangile révèle sur la misère de l’homme, sur la corruption de sa nature, sur la nécessité d’une nouvelle naissance spirituelle, on serait alarmé pour soi et pour ses frères.

On considérerait le salut comme LA SEULE CHOSE NÉCESSAIRE, et la préparation à l’éternité comme digne de la considération la plus grave et la plus sérieuse.

Mais on est cet homme animal qui ne comprend point les choses qui sont de l'Esprit de Dieu, et pour qui elles sont une folie. On est cet homme dont le Dieu de ce siècle a aveuglé l'entendement.

Un voile sombre couvre les choses invisibles et éternelles; il empêche que les objets de la foi éclairent l’âme et réveillent la conscience.

L’homme, dominé par les impressions du moment, demeure esclave de ses sens; comme il ne craint ni n’espère rien au-delà du sépulcre,

il attache beaucoup plus d’importance à tous les intérêts de cette vie qu’à ceux de la vie à venir;

il redoute les maux du temps, plus qu’il ne redoute ceux de l’éternité;

il désire les biens qui passent, avec plus d’ardeur qu’il ne désire ceux qui demeurent à jamais.

Pour combattre cette insouciance sur nos plus grands intérêts, qui nous conduit à être indifférents à l’état spirituel de nos frères, je ne vous présenterai pas tous les arguments propres à en faire sentir la folie et le danger. Je me contenterai de développer celui que me fournit mon texte. Il y a de la joie parmi les Anges de Dieu, pour un seul pécheur qui vient à la repentance.

Qu’est-ce qui nous révélera l’importance de notre salut, si les concerts d’allégresse des Intelligences célestes à la conversion d’une seuleâme , ne nous en donnent pas une profonde conviction?

En voyant ces Esprits bienheureux prendre un si vif intérêt à notre âme, ne comprendrons-nous pas enfin la grandeur de nos destinées?

Nous paraîtra-t-il insignifiant, un événement qui paraît aux habitants du ciel d’une si haute importance?

Oui, mes frères; cette joie qu’éprouvent les Anges à la conversion d’un pécheur me dit avec force, que ce pécheur qui vient à se repentir sort d’un abîme dans lequel il était près de tomber, et qu’il entre dans la voie qui mène au séjour de la félicité suprême; elle me dit combien est certaine, combien est redoutable la sentence prononcée contre tout homme qui meurt dans ses fautes et dans ses péchés; elle me dit combien est grand, combien est désirable le bonheur que Dieu réserve à ceux qui reviennent à lui avec foi, avec amour, avec obéissance.

Car les Anges ne peuvent se tromper sur les choses de l’éternité.

Il n’y a pour eux aucune de ces illusions qui nous en cachent l’importance. Ils voient ces choses que l’œil n’a point vues, que l'oreille n’a point entendues, et qui ne montèrent jamais au cœur de l’homme.

Nous n’en découvrons qu’une faible partie; elles sont dévoilées devant eux dans toute leur imposante grandeur: nous ne nous en formons qu’une idée imparfaite; ils les voient telles qu’elles sont: l’impression qu’elles font sur nous est affaiblie par l’influence de tout ce qui est visible et de tout ce qui passe; ils les contemplent dans leur éternelle durée.

Ils connaissent toute l’étendue du malheur de ceux qui seront séparés de Dieu pendant l’éternité, et tremblent à l’idée du sort qui les attend.

Ils savent, et savent par expérience, quels sont ces plaisirs qui sont à la droite de Dieu pour jamais, quel est ce bonheur que l’on goûte dans sa communion; et le sentiment, qu’ils ont de cette félicité suprême les fait tressaillir de joie, quand ils voient un pauvre pécheur, naguère menacé de la condamnation, entrer dans la route du salut.

En sorte, mes frères, que dans cette joie des Anges, nous avons une démonstration invincible, une preuve de fait de la réalité et de la grandeur du salut réservé au pécheur qui se convertit, tout comme aussi de la réalité et de la grandeur de la misère réservée au pécheur qui, par un coeur sans repentance, s’amasse des trésors de colère pour le jour de la colère.


Si nous n’avons pas encore découvert ce que vaut une âme immortelle,

la joie des Anges à la conversion du pécheur doit suffire pour nous l’apprendre.


Mes frères, rappelons-nous sans cesse que notre négligence pour nos intérêts spirituels, nous force, en quelque sorte, à négliger les intérêts spirituels de nos frères; qu'elle nous empêche de remplir envers eux le plus saint et le plus doux office de la charité chrétienne, celui de contribuer à leur salut; rappelons-nous que si nous endurcissons notre cœur à la voix du Dieu de l’Évangile, il est à craindre que notre exemple ne contribue à la perte de ceux que nous aimons: et une pareille conviction nous fera sentir l’importance de travailler à notre salut avec crainte et tremblement.

Prenons à la destinée de notre âme l’intérêt qu’y prennent les Anges: que leur sollicitude excite notre sollicitude, que leurs craintes excitent nos craintes!

Y a-t-il eu de la joie pour nous devant les Anges de Dieu?

Ont-ils vu notre réconciliation avec le Père des miséricordes?

Ont-ils vu notre foi en Jésus-Christ crucifié?

Ont-ils vu les fruits de notre repentance?

Sont-ils dans le ciel les témoins des efforts que nous faisons pour mener une vie sainte?

S’il en est ainsi, que notre foi soit agissante par la charité!

Qu’un amour vrai nous unisse à nos frères; qu’il nous inspire un vif intérêt pour leur salut qu’il nous alarme pour ceux qui n’ont point eu pitié de leur âme! qu’il nous effraie pour ceux qui n’ont point craint les jugements de Dieu! qu’il nous fasse employer tous les moyens qui sont à notre portée pour être, dans la main du Seigneur, les instruments de leur salut!

Au contraire, si nous avons raison de craindre que les Anges, au lieu de se réjouir de notre conversion, n’aient eu encore qu’à pleurer sur nos égarements, sur notre oubli de Dieu, sur notre insouciance pour nos intérêts éternels, il est temps de nous réveiller à salut.

L’heure vient où il ne sera plus possible de nous amender; où le charitable Sauveur qui nous invite encore à nous donner à lui, ne sera plus qu’un Juge inflexible pour ceux qui auront résisté à ses miséricordieux appels.

Ah! cherchons l’Éternel pendant qu’il se trouve;

invoquons-le tandis qu'il est près.

Car il y a de la joie, et une grande joie devant les Anges de Dieu, pour un seul pécheur qui s'amende.

Amen!


 

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