Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE CULTE DOMESTIQUE

***


Pour moi et ma maison, nous servirons l’Éternel. (Josué XXIV, 15.)

Ces paroles furent prononcées par Josué dans une occasion bien solennelle. Sentant approcher sa fin, et voulant profiter des derniers moments qui lui restaient pour encourager les Israélites au service du Seigneur, il les rassembla en Sichem et leur retraça toutes les faveurs qu’ils avaient reçues du Dieu des miséricordes.

Après un récit qui devait réveiller puissamment dans leur âme la crainte et l’amour du Seigneur, et les engager à se consacrer à lui SANS RÉSERVE, il voulut appuyer ses exhortations de tout le poids de son exemple, et leur communiquer en peu de mots le résultat de sa longue expérience: POUR MOI ET MA MAISON, leur dit-il, NOUS SERVIRONS L’ÉTERNEL.

C’est dans l’espoir de vous faire tenir le même langage et prendre le même engagement, que je viens fixer votre attention sur ces paroles; non pour vous entretenir de ce culte public que nous devons rendre à Dieu dans son temple le jour du Dimanche, ni de cette adoration de Dieu, qui se compose du dévouement de notre vie entière à sa gloire; mais pour considérer le culte sous un point de vue particulier, pour vous faire souvenir de celui qu’il serait si naturel et si convenable de rendre au Seigneur dans vos maisons, avec vos familles. J’exposerai,

I. La nature du culte domestique;

II. Les motifs qui doivent engager à le célébrer.

Et veuille ce Dieu, en présence duquel nous sommes assemblés, nous faire trouver tant de douceur dans les hommages publics que nous lui rendons, que nous emportions tous de cette enceinte sacrée la résolution de le servir avec nos familles! Amen.


* * *

I.

Servir Dieu,

C’est lui témoigner par des actes extérieurs et visibles les sentiments que nous éprouvons pour lui;

C’est manifester notre foi, notre respect, notre reconnaissance, notre dévouement à sa volonté;

C’est le prier, chanter ses louanges, lire et méditer sa parole.

Servir Dieu avec sa maison,

C’est lui rendre un culte en famille;

C’est réunir tous ceux qui vivent sous le même toit, depuis le père et la mère de famille jusqu’aux enfants, depuis ceux qui commandent jusqu’à ceux qui obéissent, pour offrir à Dieu les hommages qui lui sont dus;

C’est faire de chaque demeure un temple où l’on se rassemble en présence du Saint des Saints, avant ou après les travaux de la journée.

Réunie ainsi à une heure fixe et habituelle, qu’une famille religieuse offre un spectacle touchant! Le silence qui prépare aux pensées sérieuses, règne dans cette petite assemblée. On y sent la présence du Seigneur. Sa parole, qui est le trésor du père de famille, s’ouvre.

Un chapitre en est choisi avec discernement, parmi ceux qui n’ont pas besoin de longues explications, qui s’adressent aux intelligences les moins cultivées, et qui sont particulièrement utiles pour enseigner, pour convaincre, pour corriger et pour instruire selon la justice. On en fait la lecture.

Chacun se souvient que c’est la parole de Dieu qu’il entend.

Un désir sincère de recevoir cette instruction qui donne la vie, se montre par l’attention la plus soutenue et par le recueillement le plus profond.

Au lieu d’approcher du livre de Dieu avec l’orgueil de la raison humaine, on en approche avec humilité.

Tous les cœurs s’élèvent en haut, pour demander au Seigneur de rendre sa parole pénétrante et efficace. Le plus souvent on accompagne la lecture de quelques explications simples et dont il et facile de se faire l’application.

Mais avant de se séparer, il est un autre exercice de piété dont on éprouve le besoin; c’est celui de la prière.

Le chef de la famille prie d’abondance, ou bien il prend en main quelqu’un de ces ouvrages qui facilite cet acte de dévotion. Il fait une prière dont l’objet est de célébrer les bienfaits de Dieu, de recourir à sa puissante protection, de confesser les fautes dont on s’est rendu coupable, d’en implorer le pardon, d'embrasser avec amour et avec confiance la croix de Jésus, et de solliciter les secours de la grâce divine pour avancer dans la foi et dans la sanctification.

Chacun veille sur soi pour ne pas profaner par la distraction cet acte solennel, QUI N’EST RIEN SI LE CŒUR N’Y PREND PART.

Et pendant qu’on prie, pendant que les paroles expriment la gratitude, ou le repentir, ou la foi en Jésus-Christ, ou le besoin de son Esprit, ces âmes accoutumées à penser, à sentir ensemble, s’élèvent ensemble au trône de la grâce; elles déposent ensemble leurs supplications dans le sein du Sauveur, qui les reçoit et les présente à son Père.

Le Tout-Puissant entend du haut du ciel les vœux qu’ils forment les uns pour les autres; le père et la mère pour ceux que Dieu leur a donnés, les enfants pour ceux qui sont leurs protecteurs et leurs guides, tous pour la prospérité, surtout pour le salut de la petite communauté.

On se relève, le cœur pénétré d’un sentiment plus profond des bienfaits de Dieu, d’un dévouement plus entier à sa volonté, d’une confiance plus ferme en ses promesses. Le culte domestique est fini; mais il a servi à réveiller dans l’âme toutes les impressions religieuses; et c’est par des efforts soutenus pour remplir ses devoirs, que chacun va rendre à Dieu la gloire qui lui est due, faire luire devant les hommes la lumière de ses bonnes œuvres, et montrer qu’il vient de puiser à la source de tout don parfait et de toute grâce excellente.

Telle est, avec quelques modifications que peuvent y apporter les circonstances, l’idée qu’on doit se former du culte domestique. Il s’agit maintenant de présenter les motifs qui doivent porter à le célébrer.


II.

Je ne m’arrêterai pas à prouver ici la nécessité de la prière et de la méditation des Saintes Écritures. Ces devoirs sont positivement imposés au Chrétien, et ils sont l’aliment nécessaire de la vie spirituelle.

S’il est des personnes qui négligent ces exercices de piété pour elles-mêmes, ce n’est pas à elles que je réussirai à persuader, qu’elles doivent s’y livrer en famille.

Je m’adresse donc essentiellement à ceux qui sont convaincus de la nécessité de ces actes de dévotion, et je voudrais leur faire sentir combien il est convenable qu’au moins une fois par jour, ils lisent l’Écriture sainte et prient avec leur famille.


1. – Vous qui êtes unis par les doux liens du sang, réfléchissez aux bienfaits que vous avez reçus et aux grâces dont vous avez besoin en commun; et vous sentirez l’obligation qui vous est imposée de servir ensemble Celui à qui vous êtes redevables de tout ce dont vous avez joui dans le passé.

Celui de qui vous attendez tout ce que vous espérez dans l’avenir.

C’est à lui que vous devez tous la respiration et l’être, la conservation de vos jours et des jours de ceux qui vous sont chers, les forces et l’activité qui vous sont nécessaires pour subvenir à vos besoins, le succès de vos entreprises.

Telle est l’union qu’il a établie entre vous, que les bienfaits qu’il accorde aux uns, il les accorde aux autres; et que ses grâces se répandant du chef de la famille sur ceux qui la composent, ils participent tous de concert aux tendres soins de sa Providence paternelle.

Mais que sont les bénédictions temporelles qu’il leur dispense, en comparaison de ses grâces spirituelles?

Après leur avoir donné la même habitation terrestre, la même nature, les mêmes facultés, les mêmes jouissances, il a mis devant eux la même perspective de gloire et d’immortalité.

Pour l’éternité, comme pour le temps, tout est offert en commun à ceux qui composent une société domestique. Comblés de tant de grâces, n’est-il pas juste qu’ils se réunissent pour en bénir l’auteur?

N'est-il pas convenable qu’un concert de louanges se fasse entendre dans chaque demeure, puisque sur chaque demeure reposent de communes bénédictions?

N’est-il pas naturel que ceux que Dieu a réunis pour faire le pèlerinage de la vie et dont il a embelli l’existence par les plus douces relations, s’unissent pour s’élever à Celui qui les a rapprochés les uns des autres, pour lui témoigner leur gratitude, et pour lut demander la continuation de ses bienfaits?

Enfin, les membres d’une même famille ont tous besoin des secours du Seigneur pour vivre selon la piété, et pour s'avancer vers leur immortelle patrie.

Il faut que le père et la mère s’encouragent mutuellement par leurs conseils et par leur exemple à mener une vie chrétienne; il faut, s’ils ne veulent pas avoir à se reprocher la perte de leurs enfants, qu’ils guident dans la voie étroite les pas faibles et chancelants de ces êtres qu’ils aiment plus que la vie.

Et ils n’invoqueraient pas ensemble le Dieu des miséricordes!

Ils ne s’humilieraient pas ensemble devant la croix du Sauveur!

Ils ne demanderaient pas ensemble la grâce de son Esprit!

Ils ne méditeraient pas ensemble cet Évangile qui doit régler leur foi et leur conduite!

Ignorent-ils que le Seigneur a déclaré que là où il y a deux ou trois personnes assemblées en son nom, il est au milieu d’elles? Sans doute il est toujours près de chacun de nous. Nous le trouvons dans la plus profonde solitude.

Mais la déclaration du Sauveur ne nous permet pas de douter qu’il n’y ait des bénédictions particulières attachées à un culte célébré par plusieurs fidèles à la fois; et si cela est vrai de toute réunion formée pour servir Dieu, pourvu qu’elle soit composée de personnes religieuses, combien cela n’est il pas plus vrai encore, lorsque ceux qui se réunissent pour le bénir, sont ceux entre lesquels il a établi les relations les plus étroites; lorsque les prières qui s’élèvent à lui, lui sont adressées par les membres d’une même famille, qui l’invoquent les uns pour les autres.


2. – Ajoutons que nous devons remplir ce devoir, parce que rien n’est plus propre à entretenir sous le toit domestique la paix et l’union, biens si grands, si précieux, qui contribuent si puissamment au bonheur de la vie.

Tout ce que l’on fait ensemble resserre les liens par lesquels on est uni; mais cela est vrai surtout des exercices de piété. Non seulement c’est une occupation commune, mais c’en est une qui tend par sa nature même à entretenir l’harmonie et l'affection.

Chaque jour, elle nous rappelle que nous sommes les enfants du même Dieu, les rachetés du même Sauveur, les héritiers de la même immortalité; et le souvenir de ces grands, de ces nobles rapports qu’on a avec le Très-Haut, réveillé sans cesse dans l’âme, n’est-il pas infiniment propre à prévenir, ou à faire cesser tous les petits différents qui peuvent naître de la diversité des caractères et des humeurs?

De plus, méditer ensemble la Parole sainte,

C’est étudier ensemble ses devoirs réciproques,

c’est s’exercer à l’amour mutuel, à l’indulgence, aux attentions affectueuses, aux soins de la tendresse;

C’est introduire dans tes âmes cet Évangile de paix et de charité qui, porté dans le sein de chaque demeure, en fait le temple de toutes les vertus domestiques.


3. – Il faut servir Dieu en commun parce que de cette manière, on le servira avec plus de régularité.

Le culte deviendra habituel. Les exercices dont il se compose seront répétés de jour en jour, sans qu’on les interrompe. Ils exerceront ainsi beaucoup plus d’influence. Il n’est pas douteux qu’on ne puisse servir Dieu régulièrement dans le silence de la retraite. Mais comme on n’en sent pas toujours également l’importance, on en vient aisément à négliger les dévotions particulières. On les interrompt sans scrupule.

Un jour on omet la prière, un autre jour la lecture de l’Évangile.

Le plus petit obstacle paraît une excuse suffisante.

Il est à craindre que plusieurs personnes ne passent des jours, des semaines, des mois peut-être, sans s’unir au Seigneur.

Au contraire, s’il y a un culte domestique journalier, à heure fixe, on fera pour y assister des sacrifices qu’on n’aurait pas faits à des dévotions secrètes; on s’imposera, pour donner un bon exemple aux siens, des privations qu’on ne se serait point sans cela imposées.

Les obstacles qui auraient été une source de négligences, céderont au désir de l’édification, et à l’attachement à un usage qui, une fois établi, deviendra une loi à laquelle on n’osera pas se soustraire. Il en résultera que tous les membres de la famille prieront et liront tous les jours la parole de Dieu, à moins de circonstances qui rendent une réunion impossible.

Dès là, vous le sentez, lors même qu’il n’y aurait pas de bénédictions particulières attachées au culte domestique, il aurait toujours le grand avantage d’assurer l’emploi habituel de ces moyens d’édification que l’on est si souvent exposé à négliger, et dont la négligence a des suites si funestes.

Qui pourrait dire les fruits salutaires que produiront ces lectures et ces prières journalières, les bénédictions spirituelles qu’elles attireront d’en haut, le bien qu’elles feront en réveillant sans cesse dans les âmes le souvenir des grandes vérités de la foi et les obligations sacrées qui en découlent?

Comme les deux grands instruments de la régénération de l’homme sont la Parole de Dieu et l’Esprit de Dieu, le culte domestique deviendra un moyen puissant d’édification, qui tendra à faire croître les membres de la famille dans la vérité qui est selon la piété, qui les disposera à l’observation des devoirs de la vie, et qui fera pénétrer toujours plus profondément dans leur âme la semence de cette bonne parole qui régénère et qui sanctifie.

Tels sont les avantages généraux du culte domestique; il en a de particuliers aux diverses personnes qui le célèbrent, qui méritent d’être examinés.


4. – Le culte domestique est d'une grande utilité pour les chefs de famille.

Au milieu des soins de la vie terrestre, des occupations de leur état, des soucis et des inquiétudes de ce monde, les courts instants du culte domestique ont le grand avantage de leur rappeler tous les jours l’importance de la seule chose nécessaire, et de les empêcher de la perdre de vue.

La prière et la lecture journalière de l’Écriture Sainte, qu’ils font avec leur famille, sont pour eux une sauvegarde de plus pour les défendre de l’influence de ces choses visibles et passagères qui les occupent nécessairement beaucoup.

On peut ajouter que le culte domestique tend à leur rappeler sans cesse leur responsabilité devant Dieu par rapport à l’âme et au salut de leurs enfants, responsabilité qu’ils sont exposés à oublier facilement, au milieu de leur sollicitude pour faire entrer dans une carrière honorable selon le monde ceux que Dieu leur a confiés.

Enfin, il est évident que le service de famille, en développant en eux la connaissance des choses saintes, les met mieux en état de donner à leurs enfants cette instruction évangélique, qui doit commencer dès que l’âme s’ouvre à l’intelligence et au sentiment; et il est facile de comprendre qu’en servant Dieu AVEC leur maison, les parents se revêtent, aux yeux de leurs enfants, d’une autorité religieuse qui leur facilite l’accomplissement de tous les devoirs qui leur sont imposés comme chefs d’une famille chrétienne.

Parlerai-je des avantages du culte domestique pour ceux que le Seigneur a placés dans un état de dépendance?

Ils ont des âmes immortelles comme ceux qu’ils servent. Une partie de la responsabilité du salut des domestiques repose sur leurs maîtres, auxquels la supériorité des lumières, et le bienfait d’une éducation pins soignée, donnent sur eux une grande influence.

C’est ce qu’on oublie trop souvent, et ce qu’il faut rappeler du haut de la chaire, au nom du Dieu qui n'a point égard à l’apparence des personnes.

Mes frères, ce sera répondre aux vues de la Providence qui n’a pas destiné les serviteurs à demeurer dans l’ignorance et sous la condamnation, que de leur fournir l’occasion d’assister au culte domestique. Il est peut-être plus nécessaire pour eux que pour tous les autres membres de la famille.

Le culte qu’ils rendront à notre commun Maître, les tirera de cet état de dégradation morale auquel ils ne sont que trop souvent réduits.

Il leur donnera chaque jour une instruction religieuse dont ils ont le plus grand besoin.

Il développera dans leur âme le germe de cette foi chrétienne qui, en apprenant à l’homme à considérer sa place dans la société comme une dispensation de la Providence, et en ouvrant devant lui une perspective de gloire et d’immortalité, prête un charme particulier aux occupations les plus serviles et donne une dignité morale aux emplois les plus humbles.

Il les encouragera par les motifs les plus nobles à l’observation des devoirs de leur état.

Il leur apprendra à ne pas servir leurs maîtres seulement pour plaire aux hommes, mais comme serviteurs de Christ.

Enfin, le culte domestique pourra devenir l’instrument de leur salut, en les conduisant à Celui qui ne veut point la mort du pécheur, mais sa conversion et sa vie.

Parlerai-je enfin des enfants, de ces êtres, objets de tant d’affection, de vœux, de sollicitude?

Ah! c’est pour eux aussi que le culte domestique a d’inappréciables avantages.

Il les met en état de mieux profiter des instructions religieuses de leurs parents.

Il les rend de bonne heure semblables à cette bonne terre où la Parole produit beaucoup de fruits.

Il les prépare à recevoir les enseignements des pasteurs lors de leur admission dans l’Eglise de Christ.

Dès leur jeunesse, il dépose en eux les premiers principes de la doctrine de ce Sauveur charitable qui disait: Laissez venir à moi les petits enfants et ne les empêchez point; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.

Avant que les préjugés, les passions, les mauvais exemples obscurcissent l’entendement, le culte domestique l’éclaire.

Avant que la corruption naturelle se développe, il en prépare les remèdes.

Avant que le mal moral agisse avec force, il le combat. Il sème dans l’âme des enfants le germe de tout ce qui est bon, de tout ce qui est vertueux, de tout ce qui est digne d’occuper leurs pensées, de tout ce qui est propre à porter leur cœur au bien et à éclairer leur conscience.

Enfin il leur fait contracter de bonne heure des habitudes dont l’heureuse influence est incalculable; je veux dire, des habitudes de prière, de respect pour l’Évangile, de méditation de la Parole sainte.

Si, aux leçons, les parents ont su joindre l’exemple de la piété et les prières de la foi, il leur est permis d’espérer que leurs enfants deviendront des enfants religieux, qui seront la joie et la couronne de leurs cheveux blancs, qui les récompenseront par leur gratitude, par leur respect, par leur dévouement, par leur amour filial, des tendres soins qu’ils auront pris d’eux et surtout du bien qu’ils auront fait à leur âme.

Quand ils seront appelés à se séparer de ceux auxquels ils ont donné le jour; quand ils les verront entrer dans les différentes carrières de la vie, an milieu de toutes les tentations du monde; quand ils ne pourront plus veiller sur eux avec toute la sollicitude de l’affection, combien leur anxiété pour leurs enfants sera moindre, que s’ils ne les avaient pas amenés de bonne heure à l’école du Sauveur!

Les principes positifs de piété dont le culte domestique les aura imbus, seront la consolation de leurs pères et de leurs mères. Ils auront lieu d’espérer que leurs enfants, soutenus par Celui qui est la force du faible, persévéreront à marcher dans la voie du salut.

Enfin, quand il faudra qu’ils les quittent pour ne plus les revoir dans ce monde, et qu’ils les laissent exposés à toutes les tentations de cette vie d’épreuve, à toutes les peines de cette vallée de larmes et de misères, qui dira combien ils se féliciteront d’avoir élevé leurs enfants dans la crainte du Seigneur, d’avoir travaillé à leur préparer dans la parole de vérité une puissante sauvegarde contre le mal, de leur avoir appris qu’ils ont:

Un Père dans le Dieu Tout-puissant,

un ami dans le Rédempteur de leur âme,

une lumière et une force divines dans l’Esprit de lumière et de force?

Qui dira comme l’espérance de les retrouver un jour là où il n’y aura plus de séparation, écartera les sombres nuages qui environneraient sans cela leur couche mortuaire, et fera briller à travers la nuit du trépas, la ravissante perspective d’une éternelle réunion dans le sein du Dieu des miséricordes?

Que si le monde, les passions ou le tentateur, venaient pourtant à séduire cet enfant élevé dans la foi chrétienne, et à le faire sortir des sentiers de la paix, du moins ne sera-ce pas la faute de ses parents; du moins un père, une mère, n’auront-ils pas à se faire l’affreux reproche d’avoir été complices de la perte de leur enfant; du moins y aura-t-il plus d’espérance qu’il sera, tôt ou tard, ramené, par la grâce de Dieu, à la repentance et à la foi en Jésus-Christ, que s’il n’avait jamais reçu dans son âme d’heureux germes de piété.

Les principes religieux qu’on lui avait inspirés dès ses premières années le rendront plus accessible à la voix du Seigneur. Ils fourniront une arme de plus pour son salut. Ils le disposeront à écouter Dieu lorsqu’il lui dira: Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d’entre les morts, et Christ t’éclairera.

Tels sont, mes frères, les heureux fruits que l’on peut attendre du culte domestique.

Pour en démontrer l’excellence, je pourrais encore en appeler au témoignage des familles qui le célèbrent. Elles seraient prêtes à déclarer qu’elles ont appris, par une douce expérience, à le considérer comme un des plus précieux moyens d’édification. Elles diraient avec quel plaisir, avec quel bonheur, elles se réunissent tous les jours devant Dieu pour te servir.

Mais il me paraît plus important de réfuter les frivoles objections qui pourraient empêcher d’établir le culte domestique dans le sein des familles qui n’en connaissent pas encore les bienfaits.

Pour se dispenser de servir Dieu avec les siens, on m’opposera peut-être le dérangement que cela occasionnerait; comme si, lorsqu’on s’impose tant de gênes pour plaire au monde, on ne pouvait s’en imposer aucune pour plaire à Dieu.

On parlera du temps que prendrait le culte domestique; comme si un quart d’heure qu’on consacrerait, chaque jour à servir le Seigneur avec sa maison, n’était pas le temps le mieux employé de la journée.

On dira que ce serait un esclavage; comme si c’en était un de s’assujettir à une règle bonne et utile.

On prétendra que ces exercices de dévotion ne pourraient se concilier avec les affaires; comme si le salut n’était pas la première et la plus importante des affaires.

On ajoutera que servir Dieu en famille, ce serait afficher la piété; comme si le culte domestique n’était pas généralement établi dans les familles chrétiennes.

On objectera qu’il serait à craindre qu’il ne fut souvent célébré pour la forme et sans que le cœur y prît part; comme si l’on devait renoncer à tout ce dont il est possible d’abuser.

On redoutera d’attirer les regards et d’exciter les sarcasmes des mondains; comme s’il était raisonnable de craindre les hommes plus que Dieu.

On conviendra des avantages qui pourraient résulter d’un service divin célébré en famille, sans qu’on change pour cela des usages établis; comme s’il était sensé d’agir d’une manière contraire à sa conviction.

Mais j’ai cette confiance en la vertu de l’Évangile que j’annonce, et en la miséricorde du Dieu au nom duquel je parle, que:


SA PAROLE NE RETOURNERA PAS À LUI SANS EFFET.


Et lors même que mes exhortations ne serviraient qu’à introduire le culte domestique dans une seule maison, ou qu’à rendre plus attentifs à leurs dévotions particulières ceux que les circonstances éloignent de leur famille, j’en bénirai Celui qui seul donne efficace aux paroles de l’homme.

Amen!


 

- Table des matières -