Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ILLUSIONS QUI S’OPPOSENT

À LA PRATIQUE DE LA PAROLE.

***

Mettez la parole en pratique, et ne vous contentez pas de l'écouter, en vous séduisant vous-mêmes par de faux raisonnements. (St. Jacques I, 22).

Mes Frères, vous n’êtes pas du nombre de ceux qui, aimant mieux les ténèbres que la lumière, n’ajoutent point foi à la parole de Dieu, et croient que l’homme a été placé sur la terre sans autre guide qu’une raison faible et incertaine.

Vous ne suivez pas non plus le funeste exemple de ceux qui s’éloignent sans scrupule des lieux consacrés à la lecture et à la méditation de la parole de vie; pauvres malheureux, dans l’âme desquels le retour du Dimanche ne fait naître aucune idée religieuse, et qui consacrent à une dissipation condamnable, ou à la continuation du travail de la semaine, le temps que nous passons dans la maison de Dieu!

Le jour du repos vous amène habituellement dans le temple de l’Éternel; vous prenez plaisir à servir le Seigneur dans l'assemblée de vos frères; et j’aime à croire que vous n’apportez pas dans l’asile du recueillement et de la prière un esprit distrait, une âme étrangère aux exercices de dévotion qui occupent les fidèles.

La plupart d’entre vous, j’ose l’espérer, viennent dans nos temples animés du désir d’entendre la doctrine du salut, l’écoutent avec attention et peut-être avec intérêt: mais n’est-ce pas à cela que se borne souvent la piété?

N’arrive-t-il pas fréquemment que:


tout en professant ainsi le Christianisme,

on ne met pas la parole en pratique, on ne la croit pas, ou n’y obéit pas?


N’est-il point de personnes pour qui cette parole de vie est comme l’airain qui résonne et comme ta cymbale qui retentit; sur lesquelles l’Évangile n’a point encore exercé d’influence positive;

qui ne craignent pas ses menaces,

qui ne se réjouissent pas en ses promesses,

qui n’éprouvent pas ses puissantes consolations et son efficace régénératrice?

Il faut en convenir, mes frères, le nombre de ces personnes n’est que trop considérable; et mon but aujourd’hui est de travailler, avec l'aide du Seigneur, à les convaincre du danger qu’elles courent.

Dans cette intention, je chercherai à mettre en évidence la fausseté des raisonnements par lesquels on se séduit soi-même lorsqu'on se contente d’écouter la parole et qu’on ne la met pas en pratique.

Mais, Seigneur, comment l’homme faible et borné pourrait-il sonder les abîmes du cœur humain?

Comment pourrait-il réveiller à salut les consciences endormies, et dissiper les illusions de ceux qui s’abusent eux-mêmes par une vaine profession de Christianisme?

C’est toi seul, ô notre Dieu! qui tiens dans ta main les cœurs des hommes et qui les inclines à tout ce que tu veux; daigne donc, ô Dieu de miséricorde! rendre par ton Esprit ta parole efficace pour le salut des âmes: nous t’en supplions au nom de Jésus-Christ notre Rédempteur! Amen.


I.

Un des faux raisonnements que l’on fait pour se dispenser de mettre la parole en pratique, c’est qu’il n’est pas indispensable d’y conformer, à tous égards, ses sentiments et sa conduite.

Je sais que d’ordinaire c’est sans oser se l’avouer à soi-même, qu’on en vient à adopter cette manière de penser. Mais, si l’on pénètre dans les replis de sa conscience, n’est-on pas forcé de convenir que SOUVENT ON SE RASSURE SUR SON SALUT, TOUT EN SENTANT QU’ON MÈNE UNE VIE CONTRAIRE AUX SAINTES LEÇONS DE L’ÉVANGILE.

Cela ne prouve-t-il pas qu'on n’est point convaincu de la nécessité d’obéir scrupuleusement à la parole de Dieu, qu’on s’imagine qu’il suffit d’en admettre l’autorité et de venir régulièrement en entendre l’explication?

L’expérience de plusieurs d'entre vous ne confirmerait-elle pas cette assertion?

Vous, mon frère, après avoir le Dimanche entendu la parole divine, n’auriez-vous jamais éprouvé un sentiment tel que celui qu’on éprouve quand on dépose un fardeau, ou qu’on finit une lâche pénible?

Au sortir de l’église, ne vous aurait-il jamais paru que vous aviez secoué pour le moment le joug du service de Dieu, et que vous étiez libre d’employer selon vos désirs le reste du jour du Seigneur?

Ne vous serait-il jamais arrivé de ne pas faire la moindre réflexion sur ce que vous aviez entendu, si ce n’est peut-être pour juger le talent du prédicateur, et de n’en pas moins goûter la satisfaction intérieure qu’on ressent quand on croit avoir rempli son devoir?

D’où naissait alors ce contentement de vous-mêmes? de ce que vous aviez écouté l’explication de l’Évangile. Ah! si l’on pensait qu’il est inutile, qu’il est condamnable d'écouter cette parole sainte sans la mettre en pratique, ne chercherait-on pas plus sérieusement à y conformer ses sentiments et sa conduite?

Viendrait-on l'entendre, comme on le fait souvent, sans avoir réfléchi un instant à l’autorité, à la sainteté, à l’excellence de cette Parole; sans avoir demandé à Dieu la grâce de la comprendre et de la garder?

Oui, mes frères, quelques instants de recueillement dans le secret de votre demeure, vous disposeraient à assister convenablement au service divin, et vous empêcheraient de passer, tout à coup, du monde en la présence immédiate du Seigneur, des pensées vaines et frivoles aux pensées graves et sérieuses; ils vous empêcheraient d’apporter dans nos temples des imaginations toutes remplies de chimères et de projets mondains, et vous inspireraient des sentiments en harmonie avec les hautes leçons que vous allez ouïr.

Si vous étiez pénétrés de la nécessité d’obéir à l’Évangile, quelle importance n’attacheriez-vous pas aux moments si courts que vous consacrez à en écouter la lecture et l’explication!

Quelles ne seraient pas dans la maison de Dieu votre religieuse attention, votre profond recueillement!

Avec quelle ardeur ne saisiriez-vous pas chaque mot de cette bonne parole!

Avec quel empressement ne vous feriez-vous pas l’application de ce qui convient plus particulièrement à votre état spirituel et aux besoins de votre âme!

Lorsque, du haut de la chaire, la parole sainte, lue ou expliquée, met sous vos yeux les égarements de la nature humaine; lorsque dans la peinture des passions qui tourmentent le cœur de l’homme irrégénéré, il nous arrive de parler de celle qui a le plus d’empire sur votre âme, lorsque Dieu nous donne de pénétrer dans votre conscience malgré les préjugés et l’aveuglement spirituel qui en défendent l'entrée; oh! alors, si vous aviez l’intime conviction de la nécessité de pratiquer la parole, avec quelle douleur, avec quelle crainte, avec quelle anxiété ne vous diriez-vous pas:

Je suis cet homme-là; je suis cet impur qui profane ce corps qui devrait être le temple du Saint-Esprit, et qui se prépare à le voir jeté là où il y aura des pleurs et des grincements de dents;

je suis ce mondain qui ne vit que pour les biens de la terre, sans songer qu’il ne servira de rien à un homme de gagner le monde entier, s'il fait la perte de son âme;

je suis cet hypocrite auquel Dieu déclare que les fausses lèvres lui sont en abomination; je suis cet orgueilleux qui oublie que quiconque s'élève sera abaissé;

je suis cet homme dur et inflexible, menacé de cette condamnation sans miséricorde qui sera prononcée envers ceux qui n’auront point usé de miséricorde;

je suis cet incrédule auquel s’adresse cette terrible parole: Celui qui ne croit point est déjà condamné;

je suis ce chrétien tiède que le Seigneur vomira de sa bouche;

je suis cet homme qui fonde sur ses vertus ses espérances de salut, bien que la parole de vérité atteste qu’il n’y a point de juste, non pas même un seul, et que la mort est passée sur tous les hommes, parce que tous ont péché;

je suis cet orthodoxe qui se repose sur la justesse de ses opinions religieuses, oubliant que la foi qui est sans les œuvres est morte.

En un mot, si vous sentiez la nécessité d’obéir à l’Évangile, ne vous diriez-vous pas: je suis ce pécheur auquel Dieu parle;

voilà mes misères spirituelles;

voilà les fautes dans lesquelles je tombe;

voilà les vertus qui me manquent;

voilà le penchant au mal sur lequel je dois veiller;

voilà l’habitude qu’il faut que je combatte;

voilà les précautions que je dois prendre, les secours que je dois solliciter, les promesses que je dois m’appliquer, les menaces que je dois craindre?

Au lieu de mettre ainsi en pratique la parole de Dieu, si l’on est forcé de prêter l’oreille à son langage accusateur, le plus souvent:

on cherche à étouffer cette voix qui a troublé la fausse sécurité dans laquelle on était plongé;

on ferme les yeux sur cet abîme qu’on vient de découvrir et qu'on ne veut pas sonder;

on jette loin de soi ce miroir où l’on a aperçu son visage naturel;

on cherche des excuses et des prétextes pour ne pas obéir à sa conscience,

et l’on trouve mille raisons de différer de se convertir.

Peut-être a-t-on écouté le prédicateur avec plaisir; mais point de projets sincères de changement de vie, point d’heures de recueillement et d’examen de soi-même, point de recours sérieux au Sauveur, point d’efforts pour marcher en nouveauté de vie.

Ne faut-il pas conclure de là, que l’on ne se croit point obligé de conformer scrupuleusement sa vie aux saintes leçons de l’Évangile, et qu’on s’imagine que c’est assez de les écouter avec respect?

Je sais bien que ce n’est pas ce que la bouche dit; mais c’est ce que dit l’aveuglement spirituel; c’est ce que dit la passion qu’on ne veut pas sacrifier!


Assez d’écouter, sans croire et sans obéir!


Et c’est à l’éternelle vérité, objet d’une révélation du Dieu vivant et vrai, annoncée aux hommes par son Fils bien-aimé, consignée dans nos livres saints par l’Esprit de Dieu, qu’on ose faire cet outrage!

Ah! quand vous fermeriez vos Bibles, quand vous fuiriez les ministres de la parole, quand vous n’entreriez jamais dans les lieux consacrés à l’expliquer, vous n’offenseriez pas plus le Dieu de l’Évangile, vous n’outrageriez pas plus ce Jésus qui, dans son amour, s’est abaissé jusqu’à vous pour vous apporter le salut, vous ne braveriez pas plus ses redoutables jugements!


Assez d’écouter sans croire et sans obéir!


Et vous ne sentez pas que la parole de Dieu est essentiellement faite pour être mise en pratique; qu'elle doit éclairer votre intelligence, toucher votre cœur, réveiller votre conscience, régler toute votre conduite?

Vous ne sentez pas que si la parole de Dieu ne produit pas cet effet sur vous, non seulement elle devient une grâce inutile, mais une grâce profanée, qui vous prépare une plus terrible condamnation?

Vous ne sentez pas que si vous ne croyez pas toutes les vérités qu’elle vous révèle, que si vous ne craignez pas ses redoutables menaces, que si vous ne vous appliquez pas ses consolantes promesses, que si vous ne sollicitez pas les secours qu’elle vous offre, que si vous n’observez pas les préceptes et ne suivez pas Ies exemples qu’elle vous donne, la parole de Dieu ne peut contribuer ni à votre bonheur, ni à votre salut?

Quel bien voulez-vous qu’elle fasse à votre âme, si vous vous contentez de l’écouter?

Pensez-vous qu’elle vous sanctifie, qu’elle vous convertisse, qu’elle vous régénère, à votre insu et comme par magie?


II.

Souvent aussi, sans tomber dans l’erreur grossière que je viens de combattre, pour se dispenser de mettre en pratique la parole de Dieu, on cherche à se persuader que les ministres chargés de l’expliquer, l’exagèrent; et cette accusation tombe surtout sur ceux qui prêchent l’Évangile avec le plus de fidélité.

On convient qu’ils disent des choses utiles; mais on les accuse de trop insister sur des dogmes difficiles à comprendre, de revenir trop souvent sur les vérités de la foi, de présenter les devoirs du Chrétien avec une rigueur déplacée et qui ne s’accorde pas avec l’esprit du siècle, enfin de faire Dieu plus sévère qu’il ne l’est.

Pour se justifier de ce qu’on ne suit pas la route qu'ils tracent, on aime à se persuader qu’ils rétrécissent trop le chemin du ciel; tel est le prétexte qu’on allègue pour s’autoriser à fouler aux pieds les leçons de la parole de Dieu.

Les ministres de l’Évangile exagèrent, dites-vous?

Je conviens, qu’en effet, il peut y avoir des prédicateurs qui, entraînés par leur imagination et manquant d’une connaissance claire et complète de l’Évangile, se laissent quelquefois aller au delà des bornes de l’exacte vérité, ou s’attachent exclusivement à quelques points détachés de doctrine; mais je dis, qu’en général, il n’est pas vrai que les ministres exagèrent: il est bien plus fréquent de les voir, dans leur prédication, rester fort au dessous de la sainteté et de la spiritualité de la doctrine dont ils sont les interprètes, que de les voir donner dans l’excès contraire.

Et pour vous convaincre que ce reproche est sans fondement, il suffit de l’examiner avec impartialité.

D’où concluez-vous que les ministres de Christ prêchent l’Évangile avec une sévérité outrée?

Avez-vous étudié avec soin cette Parole sainte?

L’avez-vous, à l’exemple des Béréens , comparée avec leurs discours?

Et si vous n’avez point fait ce rapprochement, comment pouvez-vous les accuser d’une rigueur déplacée?

Vous annoncent-ils des dogmes qui ne soient pas révélés dans le Livre de vie?

Vous imposent-ils des obligations que I’Écriture sainte elle-même ne vous impose pas?

Cherchent-ils à vous effrayer par des menaces que la Parole de vérité ne contienne pas? Et, pour vous faire une question encore plus positive, je vous demanderai quels sont les points de doctrine qu’ils exagèrent?

Les fidèles ministres du Seigneur ne craignent pas que vous confrontiez leurs discours avec l’Évangile, pourvu que vous le fassiez avec droiture et simplicité de cœur, jugeant leur prédication, non pas d’après les opinions des hommes, mais d’après la parole de Dieu.

En quoi s’écartent-ils dans leurs enseignements des oracles divins?

Et, si vous ne pouvez répondre d’une manière satisfaisante; s’il vous est impossible de prouver, en vous appuyant sur l’autorité de la Bible, qu’en général les ministres de Jésus-Christ vont au-delà de l’Évangile, il est évident que le reproche que vous leur faites est sans fondement.

On ne peut y voir autre chose qu’un de ces subterfuges qu’emploie notre cœur désespérément malin, pour se soustraire au joug du Seigneur.

Non, mes frères, nous n’exagérons pas la parole divine. Malgré toute l’imperfection et la faiblesse de nos discours, nous avons la consolation de savoir qu’ils sont fondés sur l’éternelle vérité; que ce n’est pas notre parole, mais celle de Dieu que nous vous annonçons; que c’est l’Évangile, cet Évangile que Dieu nous a donné dans sa miséricorde, que nous prenons pour seule base de nos enseignements, que nous consultons comme notre seul guide infaillible, que nous étudions avec humilité, en priant Dieu qu’il nous accorde de le comprendre et de l’annoncer fidèlement.

Nous savons que c’est par l’Évangile seulement que les âmes peuvent être converties et édifiées; qu’il est seul la puissance de Dieu pour le salut de ceux qui croient.

Nous savons qu’il est écrit:

Malheur à moi si je n'évangélise pas;

si je retranche, ou si j'ajoute quelque chose aux paroles du livre.

Et si, dans leur prédication, les ministres de Christ ne vont pas au-delà de la vérité révélée, il est certain que se soustraire à l’influence de la doctrine qu’ils annoncent, sous prétexte qu’elle est exagérée, c’est, par le fait, taxer d’exagération la parole de Dieu elle-même.

Ce n’est plus sur le prédicateur que tombe le reproche qu’on s’imagine n’adresser qu’à lui, c’est sur l’Écriture sainte; c’est l’Écriture sainte qu’on accuse de renfermer une doctrine à laquelle il est impossible de conformer ses sentiments et sa vie.

Et quelle impiété n’y a-t-il pas dans une pareille supposition; car, ou elle attaque directement l’autorité divine de la Révélation, ou elle attaque la sagesse et la justice de Dieu qui nous l’a donnée comme règle de foi et de conduite.

Lors donc que vous vous persuadez qu’il vous est impossible de mettre la Parole en pratique, vous cessez, en quelque sorte, de considérer l’Évangile comme divin; sans vous en douter, vous vous rangez au nombre des impies; vous oubliez que l’Esprit-Saint a inspiré les écrivains sacrés; vous rangez la Bible au nombre des livres humains; et vous voilà citant la doctrine du salut au tribunal de votre raison, non pas pour la consulter; mais pour lutter avec elle; non pas pour vous instruire de ce que Dieu vous a révélé, mais

pour choisir entre les vérités révélées et celles qu’il vous convient de croire.

Et alors je vois la créature entrant en contestation avec Ie Créateur; je vois une intelligence bornée s’établissant juge des voies de l’Intelligence infinie, et disputant audacieusement avec la Lumière éternelle; je vois un enfant de la poussière attaquant, dans son orgueil, les décrets de celui qui, d’éternité en éternité, est le Dieu fort.


III.

Nous n’avons pas achevé, mes frères, la triste énumération de tous les faux raisonnements par lesquels se laisse séduire l’homme qui écoute la Parole de Dieu sans la mettre en pratique.

Souvent, sans prétendre qu’en général il soit impossible de se soumettre à la doctrine de l’Évangile, nous nous persuadons que, pour nous en particulier, la vie chrétienne a des obstacles insurmontables; nous disons qu’on ne saurait être parfait; que les tentations auxquelles nous sommes exposés sont trop nombreuses et trop fortes, et que nous sommes trop faibles.

Pour vous prouver que ce n’est là qu’une nouvelle illusion que se fait l’homme qui cherche à justifier ses transgressions ou son incrédulité, je pourrais vous rappeler que C’EST UN DIEU INFINIMENT SAGE ET BON QUI VOUS PARLE DANS L’ÉCRITURE SAINTE; que, par conséquent, il est impossible qu’il vous impose une tâche que vous soyez incapable de remplir.

Celui qui vous demande de mettre en pratique sa parole, connaît mieux que vous votre nature, et sait mieux que vous quelle force il donne à ceux qui s’appuient sur lui; et:

puisqu’il commande de croire et d’obéir à l’Évangile,

il faut bien qu’avec son secours cela soit possible.


Mais il est un moyen plus facile de prouver combien s’abuse celui qui croit pouvoir alléguer sa faiblesse pour excuser sa désobéissance.

Vous êtes trop faible, dites-vous, mon frère. Je sais qu’en effet nous sommes très faibles pour travailler à notre salut, jusqu’à ce que nous ayons appris par expérience que c’est le Seigneur qui produit en nous la force spirituelle et morale; mais nous pouvons cependant quelque chose dans l’œuvre de notre sanctification; si nous ne pouvions rien, nous n’aurions aucune responsabilité.

Vous n’êtes pas. trop faible, mon frère, pour lire, tous les jours l’Évangile;

vous n’êtes pas trop faible pour demander tous les jours à Dieu qu’il vous soutienne;

vous n’êtes pas trop faible pour faire tous les jours quelques efforts contre vos penchants vicieux.

Si, pour vous y engager on vous offrait quelque bien de ce monde auquel vous attachassiez beaucoup de prix; si l'on vous offrait, par exemple, cette fortune après laquelle vous soupirez, vous seriez bien capable, pour l’obtenir, de prier Dieu, de lire l’Évangile, de lutter contre vos mauvaises habitudes.

Mais faites-vous pour votre Salut ce que vous feriez pour l'acquisition d’un bien périssable?

L’avez-vous fait habituellement?

Dieu vous a-t-il vu le prier du fond du cœur, méditer sa parole, et vous appliquer à amender vos voies?

Est-ce après des efforts longs, patients, persévérants, et cependant infructueux, que vous perdez courage?

Non, le plus souvent, c’est avant d’avoir mis sérieusement la main à l’œuvre, avant d’avoir observé même les préceptes de la Parole auxquels il était facile de conformer sa conduite, qu’on se persuade qu’on est trop faible pour obéir à Dieu.

Vous sentez, Chrétiens, que c’est alléguer une incapacité qui n’est que prétendue.

Il ne faut pas dire: JE SUIS TROP FAIBLE; mais il faut dire dire, JE NE VEUX PAS;

je ne sens pas la nécessité d’une obéissance si scrupuleuse, d’une foi si positive;

je ne me crois pas obligé de sacrifier ma volonté à celle du Seigneur;

je préfère le service du monde au service de Dieu, les biens temporels et passagers aux biens spirituels et éternels, le culte de Mammon à celui de Jésus-Christ, la satisfaction de mes penchants à l’approbation de mon Père Céleste.

Voilà, mon frère, ce qu’il faut dire, si vous voulez dire la vérité.

Il faut confesser franchement que vous ne voulez pas observer la parole de vie.

Mais où vous conduira cette lutte contre le Tout-Puissant?

Si vous êtes trop faible pour vous soumettre dans ce monde à la volonté du Seigneur, serez-vous assez fort pour vous soustraire dans l’autre à l’exécution de ses jugements?

Et cependant, pouvez-vous espérer que Dieu sanctionne votre rébellion contre lui, et votre mépris de ses lois?

Mais vous direz peut-être: Je ne suis point resté inactif dans l’œuvre de mon salut; j’ai cherché à mettre la Parole en pratique; je me suis efforcé d'entrer par la porte étroite; mais je n’ai fait qu’une triste et continuelle expérience de l’inutilité de mes efforts pour croire et pour vivre en chrétien.

Je suis encore ce mondain absorbé dans l’amour des biens périssables, sans ardeur pour l’acquisition des biens éternels.

Je suis encore ce voluptueux dont les plus grandes jouissances sont dans la satisfaction des penchants de la chair.

Je suis encore jureur, profanateur, médisant, vindicatif, orgueilleux, chrétien tiède et indifférent.

Si tels sont vos discours, nous vous répondrons: Si vos efforts ont été inutiles, soyez-en sûr, c’est que vous n’avez mis votre confiance qu’en vous-même; c’est que vous n’avez point cherché auprès de Dieu des lumières pour comprendre sa parole, et des forces pour la mettre en pratique.

Vous n’avez pas obéi à ce précepte fondamental de l’Évangile: Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé.

Vous n’avez pas cru que vous ne pouvez expier vous-même une seule de vos fautes contre la Majesté Divine, et que Christ a répandu sur la croix ce sang qui purifie de tout péché;

vous n’avez pas cherché votre pardon uniquement dans son sacrifice expiatoire; et dès là vous n’avez point goûté cette paix de Dieu qui résulte de l’assurance de ses miséricordes et qui est le plus puissant mobile de l’obéissance.

Vous n’avez pas cru que ce Sauveur qui a porté vos péchés en son corps sur le bois, intercède pour vous auprès de son Père;

vous n’êtes point allé à lui, pénétré à la fois et du sentiment de votre faiblesse, et d’une ferme confiance dans l’efficace de cet Esprit Saint que Christ a promis à ses disciples; et dès-là vous n’avez point éprouvé sa vertu toute puissante.

Je ne m’étonne pas que vous succombiez sans cesse et que vous n’avanciez ni dans la foi, ni dans l’obéissance; il est impossible qu’il en soit autrement.

Le paralytique, perclus sur sa couche de douleur, n’aurait pas pu, faible comme il l’était, prendre son lit et se mettre à marcher, s’il n’avait attendu sa guérison que de lui même. Il crut à la parole du Sauveur, et IL LUI FUT FAIT SELON SA FOI.

Il se tourna vers le Fils de Dieu avec une vive confiance dans son pouvoir et dans sa bonté, et le Fils de Dieu lui rendit la santé et les forces.

Le Seigneur est toujours le même.

Vous êtes un paralytique spirituel. Jésus est le vrai Médecin des âmes. Croyez à sa puissance et à sa miséricorde; c’est Dieu lui-même qui vous y invite.

Et pourquoi n’ajouteriez-vous pas foi aux promesses du Seigneur?

Pourquoi vous défieriez-vous de l’éternelle Vérité?

Croyez que le Tout-Puissant a les moyens et la volonté de vous rendre docile à sa parole; dans cette confiance, étudiez-la avec soin; efforcez-vous d’en pénétrer votre esprit et votre cœur, d’y conformer votre conduite; et la force du Seigneur s'accomplira dans votre faiblesse.

Que votre foi soit donc ferme, inébranlable. Il n’y a rien de plus juste, de plus raisonnable que de croire fermement aux déclarations de Dieu; car Dieu n'est pas homme pour mentir!

Pensez-vous que le Sauveur qu’il vous a donné, après vous avoir délivré de la condamnation à laquelle vous ne pouviez échapper, après vous avoir par sa mort réconcilié avec Dieu, ne puisse pas vous préserver de la tiédeur, de l’aveuglement et des rechutes?

Ah! qu’il serait insensé de le craindre!

Jamais une âme travaillée et chargée n’a recouru à Jésus avec ardeur et confiance, sans que Jésus l’ait rendue capable de garder sa loi. Des millions de pécheurs qui, comme vous, avaient été convaincus de leur faiblesse par leur propre expérience, ont éprouvé combien est grande la puissance de Christ et l’efficace de son Esprit, pour soumettre les cœurs à l’Évangile.

Que leur exemple vous encourage à solliciter et à attendre les mêmes grâces de la miséricorde du Sauveur. Il ne faut ni reculer, ni vous endormir, ni désespérer, puisque le Dieu fort vous fait en son Fils les plus magnifiques promesses. Il faut dresser vos mains au combat et vos doigts à la bataille, en fléchissant le genou devant le Seigneur, et en vous tenant pour assurés qu’il vous fera remporter, la victoire: car si Dieu est pour vous, s’il accomplit sa vertu dans votre infirmité, de quel obstacle ne triompherez-vous pas?

À quoi donc nous servirait-il d’alléguer notre faiblesse, pour excuser notre incrédulité ou notre désobéissance, puisque Dieu lui-même veut être notre force?

Mes frères, vous avez compris, sans doute, combien sont grandes et dangereuses les illusions par lesquelles se laissent séduire ceux qui se contentent d'écouter la parole sans la mettre en pratique.

Que si votre conscience vous reproche une révolte aussi criminelle contre l’autorité du Seigneur, un abus aussi coupable de cette Parole qu'il vous a donnée pour qu’elle soit une lampe à vos pieds et une lumière à vos sentiers, n’endurcissez plus vos cœurs à la voix de Dieu.

N’étouffez plus cette salutaire conviction de péché que le Seigneur produit dans vos âmes, pour vous amener à lui.

Prenez garde de ne point mépriser celui qui vous parle; car si ceux qui méprisaient celui qui parlait de la part de Dieu sur la terre ne sont point échappés, nous serons punis beaucoup plus, si nous nous détournons de celui qui nous parle des cieux.

Une vaine profession de Christianisme, démentie par une vie sans foi ou sans obéissance à l’Évangile, ne vous sera d’aucun secours, ni au jour de l’affliction, ni à l’heure de la mort, ni quand vous comparaîtrez devant le tribunal de Christ.

Il serait moins insensé de rejeter ouvertement la parole de Dieu et d’adopter les désolantes doctrines de l’incrédulité, que d’admettre l’autorité divine de l’Évangile et d’en fouler aux pieds les saintes leçons.

Ou renoncez à toute espérance de salut fondée sur la Révélation, ou, avant qu’il soit trop tard, soumettez-vous entièrement à celle Révélation divine.

Aujourd’hui même, Dieu vous invite à être réconciliés avec lui, par la foi en Christ; aujourd’hui même il vous adresse des paroles de miséricorde et de paix; il vous déclare, par ma bouche, qu’il est prêt à vous accorder son secours pour affermir votre foi, fortifier vos bonnes résolutions, et vous faire porter des fruits convenables à la repentance.


Je prends aujourd'hui à témoins les cieux et la terre,

que j’ai mis devant vous la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction.

Choisissez donc la vie, afin, que vous viviez.


Amen.


 

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