Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

INVITATION DE JÉSUS-CHRIST AU PÉCHEUR

POUR UN JOUR DE COMMUNION.

***

Voici, je me tiens à la porte et je frappe: si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi (Apoc. III, 20.)

Le Seigneur avait fait adresser au chef de l’Église de Laodicée cette terrible censure:

Je connais tes œuvres; tu n’es ni froid ni bouillant. Plût à Dieu que tu fusses froid ou bouillant! Ainsi parce que tu es tiède et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. Car tu dis: Je suis riche, je me suis enrichi et je rn’ai besoin de rien; mais tu ne connais pas que tu es malheureux, et misérable, et pauvre, et aveugle, et nu.

Cependant si Jésus-Christ avertit avec tant de force ce Pasteur de l’état funeste dans lequel il se trouve, et de l’affreux danger auquel l’exposent sa tiédeur et sa fausse confiance, ce n’est pas pour le plonger dans le désespoir, mais bien plutôt pour LE TIRER DE CELTE FATALE SÉCURITÉ ET LE FAIRE SORTIR PROMPTEMENT DE CET ÉTAT DE MORT SPIRITUELLE; car il ajoute:

Je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche; et des vêtements blancs, afin que tu en sois vêtu, et que la honte de ta nudité ne paraisse point; et de mettre un collyre sur tes yeux, afin que tu voies. Je reprends et je châtie tous ceux que j'aime: aie donc du zèle, et te repens. Voici, je me tiens à la porte et je frappe: si quelqu’un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui, et je souperai avec lui, et lui avec moi.

Quel langage, mes frères! À côté d’une dénonciation redoutable des jugements du Très-Haut se trouve l’offre de la plus grande miséricorde et des secours les plus puissants.


Le Seigneur n’alarme que dans le but de sauver;

il ne menace de la condamnation que pour qu’on cherche la délivrance.


Mais ce n’est pas à un seul pécheur insouciant que le Seigneur parle; il s’adresse à tout homme plongé dans l’indifférence religieuse et dans la fausse sécurité, à tout homme qui n’a que l'apparence de la piété et qui n’en connaît pas l'efficace; et il lui dît: Voici, je me tiens à la porte et je frappe: si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, et je souperai avec luit et lui avec moi.

Dans l’explication de ces paroles, je suivrai l’ordre même qu’elles semblent naturellement indiquer.


I

Ce n’est pas nous qui cherchons Dieu; notre cœur rend ce témoignage contre nous-mêmes, que si Dieu nous avait abandonnés, ou s’il nous abandonnait un instant à notre pente naturelle, nous serions tous éloignés de lui et sans désir de sa communion.

C’est Dieu qui nous a aimés le premier, et qui est venu nous chercher au sein de notre profonde misère.

Et quand nous nous représentons, avec les lumières de la foi, tout ce qu’il a fait pour nous ramener à lui;

quand nous le voyons se manifester en chair dans la personne de son Fils, habiter sur la terre pour donner an monde le bienfait de ses leçons et de son exemple;

quand nous le voyons souffrir à notre place, mourir pour nous sur une croix, et que, du haut de cette croix, nous l’entendons s’écrier: Tout est accompli;

il semble que nous ne puissions plus rien attendre et plus rien espérer; il semble que sa miséricorde doive être épuisée; il semble, tant nous comprenons peu l’amour de notre Rédempteur, qu’il doive abandonner à son cœur mauvais l’homme que de pareilles grâces ne touchent pas sérieusement.

Mais Dieu n’aime point et n’agit point comme l’homme.

Tant que le pauvre pécheur est encore dans le séjour de l’épreuve et qu’il peut être changé, la charité du Sauveur n’est point éteinte; l'ingratitude et l'insouciance qu’on oppose à son amour, ne l’empêchent pas d’aimer.

Il se tient à la porte. Il ne délaisse pas ce coupable qui persiste dans son aveuglement spirituel; mais avec une charité et une persévérance toutes divines, il demeure près de lui.


Le pécheur s’éloigne de Dieu,

Dieu se rapproche du pécheur.


Dieu l’attend, et le suit dans ses égarements. Il se tient près de son cœur, pour saisir le moment d’y pénétrer. Oh! ne nous écrierons-nous pas: Qu'est-ce de l’homme que tu te souviennes de lui; et du fils de l’homme que tu le visites?

Mais, ô pécheur impénitent! Jésus ne se contente pas de se tenir à la porte de ton cœur; il y frappe.

Il voudrait, ce divin Sauveur, entrer dans cette âme qui est encore éloignée de Dieu,

pour la tirer de ses ténèbres naturelles,

pour en bannir l’endurcissement et la fausse confiance,

pour la convaincre de sa corruption,

pour l’alarmer sur le danger qu’elle court,

pour la conduire au pied de la croix,

pour lui donner la lumière, la sainteté, la paix et la vie.

Ce n’est pas là l’œuvre d’un moment; il est peu d’exemples de conversions subites.

Si le Seigneur frappe, c’est d’abord pour faire rentrer cette âme en elle-même, pour la porter à réfléchir à son état devant Dieu.

La légèreté d’esprit, la frivole insouciance sur ses plus grands intérêts, la foi morte, l’endorment; et DIEU VOUDRAIT LA RÉVEILLER AVANT QUE VIENNENT CES JOURS ÉTERNELS OÙ IL NE SERA PLUS TEMPS.

Il frappe donc; il agit sur elle avec force; et pour cela il se sert de divers moyens. Quelquefois c’est par la bouche de ses ministres qu’il fait entendre sa voix; il accompagne leurs enseignements ou leurs exhortations d'une démonstration d’esprit et de puissance; et l’accusé Paul fait trembler son juge, en lui parlant de la tempérance, de la justice, et du jugement à venir.

Plus souvent c’est la grandeur de la miséricorde divine en Jésus-Christ qui touche le cœur; et les Juifs, assistant à la première prédication de Pierre, s’écrient, émus de componction: Hommes frères, que ferons-nous?

Quelquefois c’est une lecture de l’Écriture sainte qui remue la conscience; c’est une parole du livre de vie qui est rendue plus pénétrante qu’une épée à deux tranchants.

On a vu un jeune homme sans piété et sans mœurs, arrêté dans le cours d’une vie déréglée par l’effet que produisit sur lui la lecture inattendue de ces passages: Jeune homme, marche comme ton cœur te mène, et selon le regard de tes yeux; mais sache que pour toutes ces choses Dieu l’amènera en jugement. La fin de toutes choses est proche.

C’était le Seigneur qui déployait sa puissance dans cette âme, et le jeune homme sortit de la voie large et entra dans la voie étroite.

C’est aussi dans la participation à la Sainte Cène que Dieu touche à salut; ce sont les gages sacrés du corps et du sang de Celui qui nous a aimés et qui s'est livré pour nous, qui font entendre au cœur, de la part de Dieu, une voix de repentir, de foi, de gratitude, qui est comme la semence de la vie spirituelle jetée en nous.

C’est cette voix qui vous appelle aujourd’hui à écouter sérieusement et à laisser pénétrer dans vos cœurs, vous qu’il a réunis comme autour du Calvaire et au pied de la croix; vous, auxquels il fait voir de vos yeux et toucher de vos mains ces symboles sacrés qui vous révèlent la grandeur de sa charité, et la grandeur de votre misère, la grandeur de vos obligations, la grandeur de vos espérances.

Recueille-toi, mon âme, en la présence de ton Dieu, et considère bien, dans ce jour de salut, que c’est ton Dieu qui se tient à la porte et qui frappe.

Souvent aussi le Seigneur s’adresse à l’homme par tes dispensations de sa Providence. Tantôt c’est par des bienfaits qu’il cherche à gagner son cœur, tantôt c’est par des afflictions qu’il cherche à le ramener à lui.

Il envoie les jours du mal;

Il détruit la santé;

Il renverse la fortune;

Il enlève des parents, des amis;

Il condamne à une vie de privations et d’amertumes:

C’est ainsi qu'il ouvre les yeux de l’homme, qu'il lui montre la vanité du monde, et qu’il le dispose à chercher sérieusement les vrais biens que le Seigneur a réservés à ceux qui l’aiment.

Enfin!, il arrive aussi que l’Esprit Saint ne se sert, pour parler à l’âme, d’aucun de ces moyens extérieurs; mais, par ses influences secrètes,

Il lui suggère un vif sentiment de sa misère,

il la dégoûte de la vie du monde,

il lui montre que loin de Dieu tout est vanité;

et, soit dans le silence de la solitude, soit même dans le tourbillon des plaisirs, il l’alarme ou la touche, l’effraie ou l’encourage.

O! si nous pouvions produire au grand jour toutes les opérations du Seigneur sur vos âmes! si nous pouvions vous retracer à la fois ces désirs d’amendement, ces convictions de péché, ces saintes résolutions, ces bons mouvements qu’il a produits en vous depuis votre naissance jusqu’à maintenant!

Quel enchaînement de grâces!

Quelle succession de faveurs!

Quelle étendue et quelle durée de miséricorde!

Quelle persévérance d’amour!

Combien de fois, Seigneur, tu as voulu nous rassembler auprès de toi, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes! combien de fois tu t’es tenu à la porte de nos cœurs et tu y as frappé!

Et, mes frères, à l’exception d’un très petit nombre de personnes élevées dans la crainte de Dieu et dociles dès l’enfance à la voix du Seigneur, qui est-ce qui n’a pas à se reprocher de l’avoir laissé frapper, et peut-être longtemps, sans y prendre garde, sans se rendre attentif, sans croire, sans obéir?

Si vous vous reconnaissez à ces traits, si le souvenir de votre résistance aux appels du Seigneur est pour vous une source d’humiliation, de repentir et de tristesse selon Dieu, ne vous élevez pas par orgueil au dessus de ceux qui sont encore sourds à la voix du Sauveur; ne vous livrez pas à un esprit de sévérité envers vos frères et de vaine gloire; repentez-vous plutôt avec le sac et la cendre; humiliez-vous plutôt dans l’admiration de la longue attente du Seigneur.

Si vous vous sentez disposés à vous enorgueillir de votre docilité, rappelez-vous pendant combien d'années, peut-être, les invitations de la miséricorde divine vous ont été adressées en vain.

Et vous qui y résistez encore, vous auxquels le Seigneur adresse encore inutilement sa parole de réconciliation et de salut, n’entendriez-vous point dans le secret de votre conscience une voix qui vous exhorte à prendre garde à votre état spirituel; qui vous parle de péché, de justice et de jugement; qui vous cite devant le tribunal de Dieu; qui vous somme de vous demander:

Qu’ai-je fait dans ce monde?

Si ce jour était mon dernier jour, que deviendrais-je?

Suis-je enfant de Dieu?

Ai-je la paix avec Dieu par le sang de la croix?

Est-ce que je marche selon l’Esprit?

Est-ce que je cherche cette sanctification sans laquelle nul ne verra le Seigneur?

Si vous craignez de prêter l’oreille à ces questions, soyez sûrs que vous avez rendu inutiles les miséricordieuses invitations que le Très-Haut vous dressées jusqu’à cette heure.


II.

Il semble, Chrétiens, qu’il devrait être impossible de ne pas entendre la voix du Sauveur et de ne pas ouvrir la porte quand il frappe.

Il semble qu’à cette voix du bon Berger qui a donné sa vie pour nous, et qui ne nous parle que pour notre bonheur et notre salut, nous devrions nous sentir forcés à répondre comme Samuel: Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.

Mais hélas! non seulement il est possible,

Il est facile même de ne pas écouter l’appel d’en haut.

Il est facile de ne pas croire à cette voix d’alarme et de compassion;

facile de ne pas chercher à la comprendre;

facile de ne pas se laisser réveiller par elle;

facile de ne pas y obéir, de ne pas rentrer en soi-même pour s’examiner sérieusement d’après l’Évangile.

La parole de Dieu nous en avertit quand elle nous exhorte à ne pas attrister le Saint-Esprit de Dieu, qui nous a scellés pour le jour de la rédemption; à ne pas éteindre F Esprit; à ne pas endurcir notre cœur à la voix de Dieu.

Et l’histoire sacrée nous présente de frappants exemples de la résistance que l’homme oppose trop souvent aux avertissements du Seigneur.

Le Seigneur alarma Félix à la voix de Paul; et Félix, quoiqu’alarmé, ne prit pas garde à cet avertissement et renvoya Paul.

Le Seigneur produisit aussi une forte impression sur le cœur d’Agrippa, pendant que l’Apôtre plaidait sa cause devant lui: mais Agrippa étouffa cette conviction; il fut presque persuadé de devenir chrétien, il ne le devint pas.

Et sans aller chercher si loin des exemples, nous en trouvons tout près de nous.

Plût à Dieu que, même dans ce temple, quel que soit le recueillement extérieur qui y règne, ce Dieu qui sonde les cœurs, ne pût pas découvrir plus d’un Félix, plus d’un Agrippa!

Mais hélas! tout en jugeant avec cette charité qui croit tout et qui espère tout, pouvons-nous nous dissimuler qu’il est des hommes auxquels le Seigneur n’a pas cessé d’adresser ses invitations de miséricorde, et qui ont si peu cru en lui, si peu écouté sa voix, si peu obéi, qu’ils sont aujourd’hui ce qu’ils étaient quand pour la première fois il parla à leur âme?

Ils ont eu des convictions de péché, mais elles ont été passagères;

ils ont formé de bonnes résolutions, mais elles se sont évanouies; leurs désirs d’amendement ont été sans fruit; leurs mouvements de repentance, sans effet sur leur conduite;

ils ont cru, mais d’une foi morte;

ils se sont décidés à renoncer à leurs habitudes condamnables, mais leurs habitudes condamnables règnent encore sur eux.

Quel funeste état! Il me semble voir le pauvre pécheur exposé à la condamnation sans la craindre, et parvenant à mettre en doute les déclarations les plus positives de l’Écriture sainte.

Le Seigneur, qui est mort pour lui, cherche par ses ministres, par sa Parole, par les dispensations de sa Providence, et par l’action de son Esprit, à le faire sortir de l’aveuglement dans lequel il est plongé; et le malheureux repousse la main secourable du Sauveur.

Oh! si vous voulez éviter un si grand malheur, si vous voulez que Dieu fasse son œuvre en vous, vous à qui il parle à cette heure, souvenez-vous qu’il faut que vous entendiez sa voix et que vous lui ouvriez la porte.

Il ne veut pas vous faire violence. Il ne veut pas vous convertir malgré vous. Il faut que vous soyez ouvriers AVEC lui, non pour mériter le salut, mais pour ne pas le perdre.

Et à moins que vous ne profitiez de cet avertissement

pour vous examiner vous-mêmes,

pour prier avec ardeur au nom de Christ,

pour croire à sa miséricorde,

pour lutter contre vos mauvais penchants,

CET AVERTISSEMENT, DEVENU INUTILE, SERA UNE NOUVELLE GRÂCE MÉPRISÉE QUI VOUS RENDRA PLUS COUPABLES.

Mais si vous entendez la voix de Jésus et si vous lui ouvrez la porte;

si, tandis qu’il vous parle du danger que court votre âme, vous ne travaillez pas à vous le dissimuler;

si, tandis qu’il vous sollicite à renoncer à votre propre justice et à n’espérer qu’en ses mérites, vous ne repoussez pas cette doctrine salutaire;

si, tandis qu’il vous invite à chercher auprès de lui les secours nécessaires pour marcher en nouveauté de vie, vous ne vous efforcez pas de vous cacher le besoin que tous en avez;

si vous vous décidez sérieusement à vous donner à Christ pour qu’il vous justifie, à travailler à votre sanctification pour que son Esprit vous rende de nouvelles créatures,

soyez-en sûrs, vous éprouverez l’effet de sa promesse: J'entrerai chez lui et je souperai avec lui.


III.

Tant que le pécheur léger et insouciant est satisfait de lui-même; tant qu’il ne veut pas entendre la voix de Christ et lui ouvrir la porte; tant qu’il ne croit pas au sort qu’il se prépare et dont la parole de Dieu le menace; tant qu'il ne sent point la nécessité d’un changement de cœur, et qu’il s’imagine que, tout en demeurant dans l’indifférence pour Dieu, il pourra arriver au ciel par quelques pratiques extérieures ou par l’observation d’une morale mondaine, LE PÉCHEUR NE PEUT PAS AVOIR DE COMMUNION AVEC JÉSUS-CHRIST.

Jésus-Christ ne s’unit point à une âme qui se plaît dans sa souillure.

Il ne justifie pas celui qui se dit paix, là où il n’y a point de paix.

Il n’éclaire pas celui qui, étant dans les ténèbres, y demeure volontairement.

Il ne guérit point celui qui, étant malade, ne sent pas le besoin de guérison.

Il ne revêt ni de ses mérites, ni de son Esprit, celui qui croit pouvoir s'en passer.

Et qu’elle est à plaindre, cette âme pécheresse qui est sous le poids de la condamnation, et qui a repoussé le Sauveur!

Que deviendra-t-elle si, avant de passer dans l'éternité, elle n’est pas changée?

Que fera-t-elle devant le tribunal de Christ, chargée de son indifférence, de sa tiédeur, de sa mondanité, de ses transgressions?

Qui pourra la soustraire à la sentence prononcée contre les mauvaises œuvres?

Ne l’entendez-vous pas dire aux montagnes et aux rochers: Tombez sur moi et me cachez de devant la face de celui qui est assis sur le trône et de devant la colère de l’Agneau?

Oh! si avant qu’il soit trop tard, elle pouvait écouter la voix du Seigneur et lui ouvrir la porte, il entrerait chez elle et il souperait avec elle.

Ces paroles représentent l’union qui s’établit entre Jésus-Christ et le pécheur repentant qui croit en lui. Elles sont une image frappante des grandes bénédictions spirituelles que le Seigneur répand dans une âme qui entend sa voix et qui y est docile.

Le Sauveur s’unit à cette âme repentante qui a cru en lui.

Il y manifeste sa présence en lui apportant le pardon après lequel elle soupire.

Il se révèle à elle comme celui qui l’a tant aimée que de se livrer pour elle; comme celui qui a porté ses péchés en son corps sur le bois.

Il lui donne l’assurance qu’elle n’est plus sous la condamnation.

Cette âme froissée et brisée entend de sa part ces douces paroles: Va-t en en paix, tes péchés te sont pardonnés; quand ils seraient rouges comme, le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige.

Et plus ses alarmes, ses craintes, son trouble, le sentiment de son indignité étaient grands, plus le sentiment de sa paix, de sa justification par la grâce de Jésus-Christ, est un sentiment délicieux; plus cette âme savoure à longs traits la douceur de sa réconciliation avec Dieu, de son adoption, de sa communion avec son Père céleste.

Joies du monde, qu’êtes-vous auprès de cette paix que le monde ne peut ni donner, ni ôter, mais que Jésus donne, que Jésus laisse dans les coeurs où il a pénétré; de cette paix qui surpasse tout entendement, pour laquelle il n’y a point de paroles, qu’il faut avoir connue et sentie pour s’en former une idée!

Mais Christ se manifeste au pécheur qu’il convertit non seulement pour lui donner l’assurance de son pardon et de sa réconciliation avec Dieu, mais pour développer dans son âme un sentiment qui va devenir le plus profond de ses sentiments et auquel il était étranger; je veux dire, un amour vrai, dominant, habituel pour son Dieu Sauveur; un ardent désir de se consacrer à sa gloire.

Cette âme, avant d’avoir été convertie, était morte à Dieu et à tout sentiment véritable pour lui; elle se sentait éloignée de lui; elle ne se croyait point aimée de lui, point reçue en grâce; elle ne l’aimait pas.

Mais maintenant:

La foi en Jésus-Christ l’a unie au Dieu saint, juste et miséricordieux.

La foi a déposé en elle la semence de la vie spirituelle, qui est l’amour.

La foi l’a fait naître de nouveau pour ce Dieu de charité, pour lequel elle était autrefois sans vie.

Profondément touchée de ses compassions adorables, sentant la hauteur, la largeur, la profondeur de la dilection que Dieu lui a témoignée en Jésus-Christ, il faut qu’elle aime Dieu qui l’a tant aimée.


ELLE N’EST PLUS À ELLE-MÊME; ELLE EST À LUI.


La charité de Christ la presse. Elle sent le besoin de le glorifier et de s’offrir à lui en sacrifice vivant et saint, ce qui est son raisonnable service. Elle sent qu’elle ne pourra jamais répondre par assez d’amour, de dévouement, d’obéissance, à tout ce que Dieu a fait pour elle.

Mais du moins elle se donne, elle se consacre à lui; du moins appuyée sur son Sauveur, elle veut s’efforcer de vivre pour lui et combattre tout ce qui pourrait la séparer de sa dilection.

Quelle plus grande, quelle plus glorieuse carrière s’ouvrît jamais devant un être immortel?

Quel objet plus digne d’occuper toute son existence?

Ah! c’est vraiment passer de la mort à la vie, et des ténèbres à la lumière! Avancer la gloire de Dieu, travailler au bonheur des hommes, se préparer à l’éternité, voilà le noble but que se propose le croyant.

Il voit la vanité du monde; il connaît les vrais biens; il sait que l’approbation de Dieu, que l’assurance de son pardon, que l’espoir de l’immortalité bienheureuse et le dévouement à sa volonté sont LA SEULE CHOSE NÉCESSAIRE. Un grand, un noble objet, digne d’exercer toute son activité, d’exciter toute sa vigilance, devient le mobile de ses actions; et donne à son existence un intérêt tout nouveau.


Ainsi Jésus-Christ change son cœur

et le fait marcher en nouveauté de vie.


Enfin le Sauveur donne à son disciple la force nécessaire pour croître dans la foi et pour avancer sa sanctification.

Le caractère chrétien ne naît pas tout d’un coup. Croire qu’il se forme ainsi, c’est ne connaître ni son propre coeur, ni la spiritualité de la loi de Dieu.

Le pécheur est faible, corrompu;

Il faut qu’il devienne saint.

Il faut qu’il se dépouille du vieil homme, et qu'il se revête du nouvel homme, créé à l'image de Dieu, dans une justice et une sainteté véritables;

Il faut qu’il se fasse en lui un changement entier par le renouvellement de son esprit;

Il faut qu’il ne se conforme pas au siècle présent;

Il faut qu’il n’aime pas le monde, ni les choses qui sont au monde.

Il faut que Christ le sanctifie, tout comme il l’a justifié; qu’il lui fasse revêtir ce caractère chrétien dont les traits sont l’humilité, la douceur, la miséricorde, la pauvreté d'esprit, la pureté du coeur, la faim et la soif de la justice.

Et quelle tâche! Livré à Iui-même, ce serait en vain que le pécheur voudrait la remplir. Loin d’avancer dans la voie étroite, il retournerait dans la voie large. Mais Jésus-Christ est avec lui, comme il était avec le paralytique. Il ne se fie ni à ses lumières ni à ses forces, mais aux promesses de son Sauveur. Il sait que ce Sauveur charitable a la volonté et le pouvoir de le faire sortir du tombeau de ses vices, et c’est sur lui qu’il s’appuie en combattant avec courage.

C’est à lui qu’il s’élève dans la tentation, et il éprouve que la force du Seigneur s’accomplit dans son infirmité.

Il tombe souvent; il trouve en lui une loi qui combat la loi de l’esprit: mais chaque chute est pour lui une leçon d’humilité, de repentir, de recours à la miséricorde de Dieu en Christ, de vigilance et de prière.

Aussi la haine du mal augmente en lui, à mesure qu’il sent mieux COMBIEN LE PÉCHÉ EST CONTRAIRE À LA GLOIRE DE DIEU ET À LA VOCATION CHRÉTIENNE, et il travaille à y renoncer toujours plus entièrement.

Soutenu par son Maître, il avance dans la bonne voie; il combat avec fermeté et sans relâche.

Malgré beaucoup de faiblesse, il vit saintement, au milieu d’un monde plongé dans le mal. Il s'affectionne aux choses qui sont en haut, au milieu d’un monde absorbé dans celles qui périssent.

Il vit pour Dieu, pour son Sauveur, pour l’éternité, au milieu d’un monde pour qui Dieu, le Sauveur et l’éternité ne sont que des mots.

Ainsi Jésus, sa force et sa vie, l’élèvent au dessus de tout ce qui perd l’homme qui n’est pas uni à ce Sauveur divin.

Ainsi son âme vit de la véritable vie, de celle pour laquelle elle fut créée elle se rapproche de l’image de son Dieu; elle s'affermit dans la communion de son Rédempteur; elle se prépare à la vie éternelle.

Heureux, mes frères, ceux d’entre vous qui m’ont compris, et dont l’expérience a rendu témoignage à l’Évangile que je prêche; ceux auxquels Jésus-Christ crucifié, qui est une folie aux Grecs et un scandale aux Juifs, est connu comme la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu. Je n’ai plus rien à leur dire.

N’eussent-ils fait qu’un pas dans la voie étroite, s’ils y sont entrés, ils savent où est la lumière, la vie et la force spirituelles.

Qu’ils demeurent en Christ; et il demeurera en eux, il leur fera porter beaucoup de fruits, il les revêtira du manteau de sa justice, et d’une sainteté en harmonie avec les jouissances de ces nouveaux deux et de cette nouvelle terre où la justice habite.

Mais si vous n’aviez point l’expérience de ces grands effets de la foi;

si ces choses étaient pour vous étranges et sans réalité;

si elles étaient contraires à votre manière de voir et de sentir;

si, quand je parlais de l’épreuve que le Chrétien fait de sa misère et de la fidélité du Seigneur, vous étiez disposés à m’accuser d’exagération et de mysticisme, et à dire: Il parle en paraboles! soyez alarmés de votre état.

Ce n’est pas mon langage, c’est le langage de la Bible que vous ne comprenez pas.

Ce n’est pas moi, c’est Jésus-Christ aux invitations duquel vous avez résisté, qui vous condamne, et qui vous déclare qu’il n’est point en vous et que vous n’êtes point à lui.

Voyez en quels termes votre état est décrit dans ce même Évangile que vous repoussez: il y est parlé de ceux dont le Dieu de ce siècle a aveuglé l'esprit afin qu'ils ne fussent pas éclairés par la lumière du glorieux Évangile de Christ, Il y est dit: si l’Évangile est voilé, il l’est à ceux qui périssent.

Endormez-vous maintenant sur ces déclarations de l’éternelle vérité, comme si elles ne vous regardaient pas, comme si elles ne s’appliquaient pas à vous, comme si elles ne devaient pas être un cri de frayeur dans vos entrailles! Mais:

après avoir négligé ce grand salut qui vous était acquis,

après avoir refusé de vivre dans la communion de Jésus-Christ sur la terre,

après l’avoir empêché de faire son œuvre en votre âme,

après avoir traité d’enthousiasme les grandes réalités de l’expérience de tout vrai Chrétien,

POURREZ-VOUS SUBSISTER EN JUGEMENT?

Aurez-vous la robe de noces pour le festin de l’Agneau?

Serez-vous du nombre des brebis qui entendent la voix du Seigneur et qu’il connaît?

Et quand il vous dira: Ce que j’ai fait pour tous les miens, vous n’avez pas voulu que je le fisse pour vous; VOUS ÊTES DEMEURÉS VOLONTAIREMENT LOIN DE MOI, DANS LE PÉCHÉ ET DANS L’INCRÉDULITÉ; qu’aurez-vous à lui répondre?

Sera-ce alors pour vous une consolante pensée sera-ce un titre à la miséricorde divine et à la gloire céleste, d’avoir pendant votre séjour sur la terre, ouvert la porte de votre cœur à tout ce qui passe et à tout ce qui périt, plutôt qu’à ce Jésus qui vit éternellement et qui vous avait préparé une félicité éternelle?

Sera-ce un sujet d’espérance pour vous dans ce moment solennel, que vous ayez ÉCOUTÉ ICI-BAS TOUTES LES VOIX, EXCEPTÉ CELLE DE VOTRE DIEU;

la voix de la chair et de ses convoitises,

la voix du Tentateur,

la voix du monde ennemi de la vraie piété,

au lieu de la voix du Sauveur qui a donné sa vie pour vous?

Quelle confusion! quels remords! quel désespoir!

Ô! ne donnez point de sommeil à vos paupières,

jusqu’à ce que vous soyez au pied de la croix de Jésus,

jusqu’à ce que vous ayez pleuré sur vos transgressions,

jusqu’à ce que vous ayez imploré miséricorde,

jusqu’à ce que vous ayez cherché du fond du cœur CE RÉDEMPTEUR QUI VOUS APPELLE ENCORE, et que vous ayez appris à connaître l’efficace de son Évangile et la réalité de ses promesses!

Amen!


 

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