Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA RÉDEMPTION.

COMMUNION DE NOËL.

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Vous savez quelle a été la charité de notre Seigneur Jésus-Christ, qui étant riche, s'est fait pauvre pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez rendus riches. (2 Corinthiens VIII, 9.)

Il a toujours été d’usage de conserver par des fêtes solennelles la mémoire des grands événements. Chaque peuple a eu ses époques de gloire, dont il a cherché à perpétuer le souvenir; mais les fêtes nationales célébrées dans ce but, ont bientôt été frappées de cette sentence de mort prononcée contre tout ce que l’homme voudrait éterniser sur la terre.

Les solennités religieuses, destinées à rappeler d’âge en âge les faits les plus remarquables de l’histoire sacrée; se sont seules maintenues au milieu du bouleversement de toutes les institutions humaines.

Partout où il y a des Chrétiens, on célèbre aujourd’hui cette naissance miraculeuse qui a eu lieu, il y a plus de dix-huit siècles (prêché en 1828), dans une petite ville ignorée dont il reste à peine quelques traces.

La connaissance de la venue de Jésus-Christ se répand même tous les jours plus au loin; il n’est maintenant aucune des quatre parties du monde où cette bonne nouvelle ne soit parvenue; elle a traversé les terres et les mers, comme elle a traversé les siècles. Que dis-je! si nous pouvions percer la voûte azurée et nous envoler dans les cieux, sur les ailes de la colombe, nous verrions que cet événement est plus grand encore dans les fastes des Intelligences célestes qu’il ne l’est dans les nôtres: c'est l’abîme de miséricorde dans lequel les Anges eux-mêmes désirent de voir jusqu'au fond.

Mes frères, dans le souvenir si général, si profond, qu’on a conservé de la venue du Sauveur, n’y aurait-il rien qui vous fit comprendre que cet événement touche aux plus plus grands intérêts de l’espèce humaine, et que quelque chose de plus important que ce qui vous occupe d’ordinaire ici-bas, doit s’être passé à Bethléem, an jour dont nous célébrons l’anniversaire?

Peut-être n’y avez-vous jamais sérieusement réfléchi?

Peut-être est-ce l’habitude, le respect humain, qui vous ont conduits dans ce temple, plutôt que le sentiment du bienfait que cette journée nous rappelle?

Peut-être n’avez-vous pas compris, n’avez-vous pas senti tout ce qu’elle a d’intéressant pour vous?

Peut-être la pensée de cette naissance, de cette mort de Jésus, que nous célébrons à la fois, en ce jour, n’a-t-elle pas encore pénétré votre cœur des ravissantes espérances et des saintes leçons qui en découlent?

Il ne sera donc pas inutile de méditer encore sur ce grand mystère de piété, afin qu’on le comprenne, qu’on le croie et qu’on s’en réjouisse.

Oubliez, en ce jour de salut tout ce qui se rattache uniquement au monde qui passe, pour concentrer toutes vos pensées sur cette bonne nouvelle proclamée par l’Apôtre: Notre Seigneur Jésus-Christ qui était riche, s'est fait pauvre pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez rendus riches.

Dieu veuille que les âmes qui n’ont pas encore cru à cette divine parole, ou qui ne l’ont point comprise, ou qui l’ont comprise sans en profiter, soient amenées par la grâce de Dieu à la recevoir à salut, par Jésus-Christ notre Seigneur! Amen.


* * *

St. Paul déclare dans mon texte que notre Seigneur Jésus-Christ qui était riche s'est fait pauvre. C’est la grande vérité sur laquelle repose tout l’Évangile.

Je ne m’arrêterai pas à prouver qu’effectivement le Fils de Dieu a vécu sur la terre, il y a dix-huit siècles, près de Jérusalem; qu’il a souffert et qu’il a été mis à mort. Ce fait est attesté dans chacune des pages du Nouveau Testament; la propagation du christianisme, malgré tous les obstacles contre lesquels il a eu à lutter, y rend témoignage; le sang des martyrs, qui sont morts plutôt que de renier Jésus-Christ, le confirme; et l’accomplissement des prophéties contenues dans le livre de la Nouvelle Alliance, répand tous les jours sur la réalité de la venue du Sauveur, un plus grand degré de certitude.

Cet événement est mieux prouvé qu’aucun fait que nous ait transmis l’histoire profane; mais comme on peut l’admettre sans le comprendre, sans en retirer d’instruction à salut, il faut l’expliquer et faire ressortir les importantes leçons que nous devons en tirer.

Il était riche, Celui que l’Apôtre appelle le Seigneur, lorsqu’avant les siècles et dans le séjour de la gloire, il était EN Dieu comme l’esprit de l’homme est en l’homme; il était riche d’une nature au dessus de celle des Prophètes et des Anges, comme la nature du Dieu créateur est au dessus de la nature de tous les êtres créés.

Il n'y a rien de plus positivement révélé; le Livre de vérité appelle Jésus:

Dieu manifesté en chair;

la Parole qui était au commencement avec Dieu et qui était Dieu, sans laquelle rien de ce qui a été fait n'a été fait;

Celui en qui toute la plénitude de la Divinité habite; Celui qui est Dieu au dessus de toutes choses, béni éternellement;

la splendeur de la gloire de Dieu et l'image empreinte de sa personne.

Ésaïe dit qu'on l’appellera le Dieu fort et puissant, le Père d’éternité.

Ainsi donc Jésus était riche de toute la gloire, de toute la puissance, de toute l’autorité, de tout le bonheur, qui appartiennent à la nature divine. Les expressions manquent pour dépeindre les richesses incompréhensibles de Christ avant tous les siècles: pour en pouvoir parler dignement, il faudrait, comme St. Paul, avoir été ravi au troisième ciel; ou, comme St. Étienne, avoir vu les cieux ouverts, et le Fils de l’homme à la droite de Dieu.

Mais notre Seigneur Jésus-Christ s’est fait pauvre.

Il a renoncé pour un temps à cette gloire, à cette puissance, à cette félicité suprême, dont il jouissait dans le sein de son père.

Il a déposé sa couronne;

il est descendu de son trône;

il a quitté: l’asile d’un bonheur pur et sans mélange, pour habiter la vallée des larmes et des misères;

il a uni notre faible humanité à la perfection de la Divinité.

Non seulement le Fils de Dieu a voulu habiter parmi les hommes; mais, dès l’entrée de sa carrière terrestre, il s’est assimilé aux plus pauvres d’entre eux;

il est venu au monde dans une étable,

il n’a eu pour berceau qu’une crèche,

il a été privé de ce qui manque rarement aux plus indigents des mortels.

Pauvre en sa naissance, notre Seigneur l’a été dans tout le cours de sa vie terrestre.

Quitter le royaume de Dieu, pour n'avoir pas un lieu où reposer sa tête;

renoncer à la gloire du ciel, pour être ici-bas le rejeté et le méprisé des hommes;

se dépouiller de l’autorité et de la suprême puissance, pour devenir le serviteur de tous;

échanger la félicité du ciel contre les maux d’une vie toute composée de travaux et de peines, quelle inconcevable abnégation, de soi-même!

Quelle extraordinaire humiliation! Et cependant Jésus est allé plus loin encore: c’est surtout en sa mort qu’il s’est fait pauvre;

lui, qui était digne des adorations des hommes et des Anges, s’est laissé mener à la boucherie comme un agneau et comme une brebis muette devant celui qui la tond; lui, à qui le Père a remis tout jugement, s’est laissé condamner à mort par d’indignes pécheurs qui comparaîtront un jour devant son Tribunal;

lui, qui soutient toutes choses par sa parole puissante, s’est laissé charger de la croix, instrument de son supplice;

lui, qui n’a point connu le péché, s’est laissé crucifier entre deux brigands, justement punis pour leurs forfaits;

lui, qui méritait de jouir, d’une félicité sans bornes, s’est soumis pour nous, au supplice le plus ignominieux et le plus cruel.

Tu t’es, fait pauvre, en effet, ô notre adorable Sauveur! Qui est-ce qui pourrait te reconnaître sur cette croix infâme, si l’immensité de ton amour ne nous révélait un Dieu sous les traits d’un mortel?


Oui, c’est son amour pour nous, pauvres pécheurs,

qui a porté le Fils de Dieu à se soumettre à ce profond abaissement,

à endurer ces souffrances amères.


Une charité infinie a pu seule concevoir l’œuvre de la rédemption; une charité infinie a pu seule l’accomplir.

Croirons-nous encore que notre bonheur, que notre salut soient de peu d’importance aux yeux de Celui qui a tant aimé le monde que de donner son Fils au monde?

Croirons-nous encore que notre Sauveur voie d’un œil d'indifférence notre profonde misère, et qu’il ne nous aime pas plus que nous ne nous aimons nous-mêmes?

Ah! si la charité est d’autant plus grande qu’elle s’impose plus de sacrifices, qu’elle répand de plus précieux bienfaits, qu’elle a pour objets des êtres qui en sont plus indignes, quelle ne fut pas la charité de Christ!

Comment pourrons-nous en sentir toute la grandeur, tant que nous n’aurons que des cœurs terrestres?

Comment pourrons-nous en parler dignement, tant que nous n’aurons que des bouches mortelles? Il faudrait le cœur des Anges pour la sentir, et la bouche des Séraphins pour la célébrer!

Mais pour qui Jésus-Christ s’est-il fait pauvre?

Quand mon texte ne nous dirait pas que c’est pour nous, nous ne pourrions l’ignorer. Il y a longtemps que nous en sommes instruits.

Dès l’enfance; on nous a appris que Jésus-Christ nous a aimés et s’est livré pour nous. Mais, avons-nous jamais fait une attention sérieuse?

Avons-nous cru à la venue du Seigneur sur la terre et à sa mort sur la croix, comme à des événements réels, qui ont eu lieu pour notre salut, il y a dix-huit siècles, près de Jérusalem?

Nous sommes-nous fait une application individuelle de cette grande vérité?

Nous sommes-nous dit, chacun en particulier: non seulement Christ s’est fait pauvre pour tous, non seulement il s’est fait pauvre pour les grands pécheurs, mais:


IL S’EST FAIT PAUVRE AUSSI POUR MOI.


Il est venu POUR MOI;

il a souffert POUR MOI;

lorsqu’il était à Gethsemané, il y était POUR MOI;

lorsqu’il marchait au supplice, il y marchait POUR MOI;

lorsqu’il était en croix, il y était POUR MOI;

lorsque la justice divine le frappait et qu’il était comme abandonné de son Père, lorsque les hommes l’outrageaient et que dans sa lente agonie on l’accablait d’injures, il souffrait POUR MOI?

Oh! si votre père, votre mère, vos amis, avaient souffert et sacrifié pour vous la centième partie de ce que Jésus a souffert et sacrifié, l’oublieriez-vous jamais?

Le souvenir de leur amour, de leur dévouement, ne serait-il pas gravé dans votre cœur en caractères ineffaçables; et leur mémoire ne vous serait-elle pas à jamais chère et précieuse?

Mais n’oubliez-vous pas que Christ s’est fait pauvre pour vous,

quand vous donnez votre cœur au monde plutôt qu’à lui;

quand vous recherchez les honneurs, les plaisirs, les biens de la terre, avec plus d’ardeur que le grand salut qui est en lui?

Ne l’oubliez-vous pas, quand vous n’avez pas en horreur le péché qui a crucifié votre Rédempteur, quand vous continuez à commettre le mal, comme si vous ne saviez pas que c’est pour vous soustraire à son funeste empire, que le Fils de Dieu s'est rendu obéissant jusqu’à la mort de la croix?

Ne l’oubliez-vous pas, quand vous, pour qui Jésus a été navré et froissé, vous reposez vos espérances de salut sur vos vertus, sur votre moralité, au lieu de sentir que vous êtes de pauvres, de misérables pécheurs, et de chercher votre réconciliation avec Dieu dans la foi au sacrifice expiatoire de son Fils?

Ne l’oubliez-vous pas, quand vous n’aimez pas ce Sauveur qui vous a tant aimés; quand vous n’élevez pas votre âme à lui; quand vous ne méditez pas sa doctrine, et que vous ne vous efforcez pas de répondre par vos sentiments et votre conduite à tout ce qu’il a fait pour vous?

N’oubliez-vous pas que Christ s’est fait pauvre pour vous, quand vous n’acceptez pas avec patience, avec résignation, les épreuves que votre Père céleste vous envoie; quand vos afflictions vous paraissent insupportables; quand vous allez jusqu’à croire que vous souffrez plus que vous ne le méritez?

Ne l’oubliez vous pas:

quand vous ne pardonnez pas de bon cœur ceux qui vous ont offensés?

quand vous n’aimez pas vos frères, pour gui cependant Christ s’est fait pauvre comme pour vous?

quand vous ne voulez faire pour eux aucun sacrifice?

quand vous ne vous unissez pas à eux par les liens de cette charité que Jésus vous prêche avec tant de force et par ses leçons et par son exemple?

Ne l’oubliez-vous pas, quand vous n’aimez vos parents, vos amis, que d’un amour terrestre, qui n’a rien de chrétien et qui ne ressemble point à l’amour que Jésus vous a témoigné?

quand les intérêts spirituels de ceux qui vous sont chers ne vous touchent point?

quand vous ne faites rien pour les amener à ce Sauveur qui les a aimés tout comme il vous a aimés, qui leur offre son salut tout comme il vous l’offre à vous-mêmes?

Mes frères, ce sont là de graves questions que je m’adresse à moi-même et que je vous exhorte à vous adresser aussi; car je suis assuré que si, au dernier jour, nous sommes convaincus d’avoir habituellement oublié que Christ s’est fait pauvre pour nous, nous ne pourrons subsister en jugement.

Mais dans quel but notre Seigneur Jésus-Christ s’est-il fait pauvre pour nous?

Saint-Paul nous l’apprend: c’est afin que par sa pauvreté nous fussions rendus riches.

D’où il faut conclure QU’EN NOUS-MÊMES, NOUS SOMMES PAUVRES; car s’il en était autrement, il ne serait pas nécessaire que nous fussions enrichis.

Il ne s’agit plus que de reconnaître notre pauvreté et de savoir en quoi elle consiste.

Mes frères, quelque bien partagés que nous puissions être sous le rapport des avantages de ce monde, il n’en est pas moins vrai qu’avant d’avoir obtenu les biens de l’alliance de grâce, non seulement,


NOUS NE POSSÉDONS AUCUNE RICHESSE SPIRITUELLE,

mais nous sommes dans une profonde misère.


Par nous-mêmes,

nous ne connaissons pas Dieu tel qu’il est;

nous ne l’aimons pas;

nous n’avons pas la paix avec lui;

nous ne cherchons pas en lui notre bonheur;

nous ne lui obéissons pas;

nous ne nous confions pas en son amour.

Et dans peu d’années cependant, tout aura disparu pour nous, hors ce Dieu devant lequel il nous faudra comparaître, dépouillés de tous nos avantages terrestres, privés de tout ce que nous aimions ici-bas.

Si donc, jusqu’à ce que notre Seigneur nous ait enrichis, nous sommes pauvres selon Dieu, c’est une grande et déplorable indigence que la possession de tous les biens périssables ne saurait compenser.

Mais est-ce véritablement là notre état?

Oui, mes frères, car Dieu lui-même le déclare dans, sa parole. Écoutez en quels termes il parle de la misère naturelle de l’homme:

Ils se sont tous égarés, ils se sont tous corrompus;

il n'y a personne qui ait de l'intelligence;

il n'y en a point qui cherche Dieu;

ils n'ont point connu le chemin de la paix;

la crainte de Dieu n'est point devant leurs yeux;

ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu;

il n’y en a point qui fasse le bien, non pas même un seul:

la mort est venue sur tous les hommes, parce que tous ont péché.

Rappelez-vous que ce ne sont point là des paroles d’un homme faillible, mais des déclarations du Dieu vivant et vrai, et que, quelque étranges qu’elles puissent vous paraître, puisque c’est l’Esprit divin qui les a dictées, il faut bien qu’elles soient véritables; et si elles sont vraies, nous sommes donc dans une bien grande pauvreté spirituelle!

La connaissance du monde et de nous-mêmes ne confirme que trop cette triste vérité. Voulez-vous voir la misère de l’homme dans toute sa laideur?

Fixez un moment vos regards sur l’état des peuples auxquels n’est point encore parvenu l’Évangile de Jésus-Christ.

Quelle ignorance du vrai Dieu! Quelle honteuse idolâtrie! Quelles déplorables superstitions! Quel culte barbare et sanguinaire! Quelles passions indomptables et quel débordement de mœurs!

Tel est le spectacle que présentent les peuples païens: il parle plus haut que nos discours.

Voulez-vous une autre preuve de notre misère?

Interrogez ceux-là mêmes que l’Évangile a rendus riches: il n’est pas un vrai disciple de Christ qui ne convienne qu’en lui-même il n’a point de lumière, point de force, point d’amour pour Dieu, et que les biens spirituels qu’il a acquis, sont des DONS GRATUITS de la miséricorde divine en Jésus-Christ; et, bien qu’enrichi par l’Évangile, il n’est aucun fidèle qui ne déplore la faiblesse de sa foi, l’imperfection de son obéissance, et l’opposition de sa nature corrompue à la sainte volonté de Dieu.

Enfin, si je voulais présenter une dernière preuve de notre profonde misère, c’est vous qui me la fourniriez, vous, que vos vertus enorgueillissent, que votre moralité rassure, et qui croyez qu’il y a de l’exagération à parler de l’état spirituel de l’homme comme s’il était si déplorable.

Quand vous rentrez en vous-mêmes, pouvez-vous croire que vous soyez riches selon Dieu?

Ne sentez-vous jamais en votre âme un vide que rien ne remplit?

Lorsque le monde et sa convoitise auront passé pour vous, et que vous perdrez à jamais les avantages temporels dont se compose votre bonheur, que vous restera-t-il?

La pensée du moment où vous passerez du temps à l’éternité, et où vous paraîtrez devant le Dieu saint et juste, ne trouble-t-elle jamais votre repos?

Si Dieu vous rappelait à lui au sortir de cette assemblée, croyez-vous que vous pussiez goûter quelque bonheur auprès de cet Être qui a les yeux trop purs pour voir le mal?

L’aimez-vous?

Pensez-vous à lui avec plaisir?

Lui sacrifiez-vous vos mauvais penchants?

Oh! non; vous qui ne possédez pas les biens spirituels qui sont en Christ, vous êtes très pauvre devant Dieu; et votre profonde misère, que vous vous dissimulez à vous-même tant que vous pouvez satisfaire vos inclinations mondaines, et qui ne vous alarme pas parce que vous ne pensez point à l’éternité, vous inspirerait les craintes les plus sérieuses, si vous n’oubliiez pas qu’à chaque instant Dieu peut vous citer devant son tribunal, et vous demander compte de ce que vous avez fait pour lui.


* * *

Nous sommes donc, de notre nature, pauvres selon Dieu, dépourvus de tous les biens spirituels dont notre âme a besoin; c’est pour nous les procurer que Jésus est descendu sur la terre et qu’il a souffert la mort de la croix.

Par une admirable dispensation de la Sagesse infinie,

la venue du Fils de Dieu dans ce séjour de ténèbres, devient notre lumière;

son humiliation devient notre gloire;

sa condamnation notre délivrance;

et sa mort notre vie.

Mon texte dit en effet, que notre Seigneur s’est fait pauvre, afin que par sa pauvreté nous fussions rendus riches.

Jésus-Christ nous enrichit de la connaissance du Dieu vivant et vrai. Non seulement il nous révèle les attributs de Dieu par des déclarations positives, mais il nous les montre en action et dans leur rapport avec l’état spirituel des hommes.

En devenant un homme semblable à nous, Christ a rendu visibles, dans toutes ses œuvres les perfections invisibles de Dieu; il les a mises à la portée de notre intelligence; il les a revêtues d’une forme sensible. Si j’ai connu la charité de Christ, si j’ai compris le divin caractère de Jésus; surtout, SI J’AI MÉDITÉ AVEC FOI SUR SON SACRIFICE EXPIATOIRE, je connais le Dieu qui tient mon sort entre ses mains; je sais qu’il y a en lui une sainteté, une justice et une miséricorde infinies, que je n’aurais jamais découvertes, si elles n’eussent été manifestées.

Jésus-Christ nous enrichit du sentiment de la paix de Dieu, qu’il produit dans nos cœurs, en nous donnant une humble assurance de notre pardon.

L'amende qui nous apporte la paix a été sur lui, et par sa meurtrissure nous avons la guérison.

En lui nous avons la rédemption par son sang, savoir la rémission des péchés, selon les richesses de sa grâce,

il nous a rachetés de la malédiction de la loi, quand il a été fait malédiction pour nous.

Si j’ai connu la charité de Christ; si, pénétré d’un vif repentir de mes péchés, convaincu de la justice de la sentence qui me menace, j’ai mis toute mon espérance dans le sacrifice expiatoire de Jésus; si je suis uni à mon Sauveur par cette foi qui purifie le cœur, et fait remporter la victoire sur le monde, il n’y a plus de condamnation pour moi;

Jésus est la propitiation pour mes péchés;

étant justifié par la foi, j’ai la paix avec Dieu, par Jésus-Christ.

Notre Seigneur nous enrichit du sentiment de l’amour de Dieu; il le fait renaître dans nos âmes. En nous pénétrant de la douce certitude que nous sommes les objets des compassions infinies de l’Éternel; en nous donnant l’assurance de notre réconciliation avec le Saint des Saints, il remplit nos cœurs de gratitude et d’amour pour un Dieu, pour un Sauveur si plein de miséricorde.

Si j’ai connu la charité de Christ, l'amour de Dieu est répandu dans mon cœur.

La conviction de la grâce qui m’a été faite, du pardon qui m'a été accordé, malgré mon indignité, a changé mon cœur, m’a tiré de l’indifférence où je vivais par rapport à Dieu;

je commence à l’aimer de toute mon âme et de toute ma pensée;

je commence à éprouver pour lui cet amour qui produit un vif désir de lui plaire, cet amour qui est le plus puissant principe d’obéissance à ses commandements, et de soumission à ses décrets.

Jésus-Christ nous enrichit de cette confiance en Dieu qui nous permet de le regarder comme un tendre Père, qui dirige toutes choses pour le vrai bien de ceux qui l’aiment.

En déclarant dans sa parole, que les cheveux même de notre tête sont comptés , qu'un passereau ne tombe pas à terre sans la volonté de Celui dont la bonté, la sagesse et la puissance sont infinies:

Jésus nous apprend à nous reposer en tout temps sur Dieu,

à nous décharger sur lui de tous nos soucis,

à remettre sans inquiétude notre avenir entre ses mains.

Si j’ai connu la charité de Christ, comment pourrais-je douter, que le Dieu de mon salut ne dirige tous les événements de ma vie pour mon grand bien?

Jésus-Christ nous enrichit de la magnifique espérance d’être un jour auprès de Dieu dans les demeures célestes.

Il est allé nous y préparer une place; là où il est, il désire que nous y soyons avec lui; et en se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix en observant la loi de Dieu, jusqu’à un iota et un trait de lettre, Christ nous a acquis une justice, fondée toute entière sur ses mérites, et qui nous sera imputée, SI NOUS LUI SOMMES UNIS COMME LES SARMENTS LE SONT AU CEP.

Dieu nous a donné la vie éternelle; et cette vie est dans son Fils.

Qui a le Fils, a la vie.

Si j’ai connu la charité de Christ, si la foi que j’ai en lui m’a fait vivre ici-bas comme bourgeois des cieux, nul ne m’ôtera cette espérance d’une éternelle félicité que Dieu a mise dans mon cœur; elle sera ma force et ma consolation; elle m’élèvera au dessus des maux de la vie et des séductions du monde.

Et c’est pour faire naître en nous cette foi, cet amour, cette paix, cette confiance, que Jésus-Christ nous enrichit du don de l’Esprit de Dieu, qui dissipe les ténèbres de notre entendement, qui touche notre cœur, qui réveille notre conscience, et qui nous sert, avec la parole écrite, de guide spirituel.

En comblant l’abîme qui séparait le Dieu saint de l’homme pécheur, en nous réconciliant avec notre Père céleste, Jésus nous a ouvert le trésor des grâces spirituelles; il nous a assuré le secours de cet Esprit de lumière, de vérité et de force, qui nous régénère et nous sanctifie.

Si j’ai connu la charité de Christ, j’ai appris à aller avec confiance au trône de grâce, pour être aidé selon mes besoins; l'Esprit de Dieu rend témoignage à mon Esprit, que je suis enfant de Dieu; et je sais, par ma propre expérience, que les fruits de l’Esprit sont la charité, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénificence, la fidélité, la douceur, la tempérance.

C’est ainsi que le fidèle est enrichi, dès ici-bas, des biens spirituels les plus précieux.

Il se dépouille du vieil homme, et se revêt de l'homme nouveau, créé à l'image de Dieu, dans une justice et dans une sainteté véritables.

Christ est pour lui ce pain de vie descendu d’en-haut, qui nourrit son âme immortelle; et comme St. Paul, il a une douce assurance que celui qui a commencé en lui cette bonne oeuvre, l’achèvera.


Toutes les grâces qu’il a reçues sont pour lui le gage de nouvelles bénédictions

et d’une heureuse issue de tous ses combats.


Mais si, tout en professant de croire à la charité de Notre Seigneur, vous n’éprouvez point les heureux effets que l’Évangile attribue à la foi en Christ;

si votre croyance ne change pas votre cœur et n’a pas d’influence positive sur votre vie,

si vous n’avez ni le sentiment de votre misère, ni le sentiment des biens spirituels que Jésus nous a acquis;

si, au sein de la lumière du Christianisme, vous êtes encore dans les ténèbres de l’ignorance et du doute;

si votre vie est une vie sensuelle ou mondaine, ou une vie morale seulement, sans être religieuse et spirituelle;

si vous êtes étrangers à ces sentiments de paix et d’amour, de soumission et de confiance, que le Rédempteur fait naître dans l’âme de ses disciples;

si, après que la vie et l’immortalité ont été mises en évidence, c’est pour les biens passagers et périssables que sont vos plus vifs désirs, vos plus grands efforts;

si, en un mot, vous n’êtes pas plus riches selon Dieu, que si vous ne saviez pas que Jésus-Christ s’est fait pauvre pour tous; que vous dirai-je pour vous tirer de l’aveuglement où vous êtes plongés par rapport à vos intérêts les plus précieux?

Comment exciterai-je vos craintes, si les menaces du Dieu vivant et vrai ne vous alarment pas?

Comment toucherai-je vos coeurs, si la charité de Jésus les laisse froids et insensibles?

Comment vous inspirerai-je un vrai repentir, si les miséricordes du Seigneur vous laissent dans votre impénitence?

Comment vous ramènerai-je à Dieu, si c’est en vain qu’il vous a donné sa parole, son Fils, son Esprit?

Je ne peux pas vous transporter dans cette éternité qui bientôt commencera pour vous; il ne m’est pas donné de réaliser à vos yeux les scènes solennelles du dernier jour; de vous montrer le Fils de l’homme venant sur les nuées, avec une grande puissance et une grande majesté; de vous citer devant son tribunal, et de vous faire sentir quel sera alors votre désespoir, si, pesés à la balance, vous êtes trouvés légers, pauvres selon Dieu, dépourvus de cette foi, de cette sanctification, sans lesquelles il ne pourra y avoir pour vous ni bonheur, ni salut.

C’est toi seul, Seigneur, qui peux réveiller ceux qui dorment d’un sommeil de mort; c’est toi seul qui peux les alarmer, les toucher à salut: oh! pour l’amour de ce Jésus qui, étant riche, s’est fait pauvre pour nous, rends ta parole de réconciliation efficace et pénétrante; produis dans les âmes de ceux qui n’ont point encore connu la charité de Christ, cette salutaire frayeur de tes jugements, cet ardent désir de ta grâce, cette vive confiance en tes miséricordes, cette foi sanctifiante, qui seules peuvent les préparer à paraître devant toi, sans confusion et sans crainte, au jour solennel où tous les rachetés de ton Christ, mis en possession des nouveaux deux et de la nouvelle terre où la justice habite, se prosterneront aux pieds de ton trône, en disant à haute voix:


L’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, les richesses,

la sagesse, la force, l’honneur, la gloire, et la louange.

Amen!


 


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