Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA CORRUPTION DE LA NATURE HUMAINE.

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L’affection de la chair est inimitié contre Dieu, et elle ne se soumet point à la loi de Dieu. (Rom. VIII, 7.)

Il est une barrière que l'ignorance et l’orgueil élèvent entre les hommes et l’Évangile, et qui empêche ceux qui ont le plus grand besoin des grâces qu’il leur offre, de chercher à les obtenir.

C’est l’aveuglement spirituel; c’est la fausse appréciation que l’on fait de son état devant Dieu.

Tant qu’on ne se croit pas malade, on n’a pas recours aux remèdes.

L’Évangile est un trésor spirituel qui est perdu pour celui qui ne voit pas qu’il est pauvre, misérable et nu.

Peut-il sentir le prix du sacrifice expiatoire de Jésus-Christ, l’homme qui ne croit pas qu’il soit devant Dieu dans un état de condamnation dont il ne peut sortir par lui-même?

De quelle importance peuvent être la loi divine, l’exemple de Christ et les secours de son Esprit, aux yeux de celui qui, dans son orgueil, croit n’avoir besoin d’autres guides ici-bas que de sa conscience et de la loi naturelle?

C’est ainsi que les plus grandes grâces spirituelles ne peuvent être appréciées, et sont nécessairement méconnues par l’homme qui ne connaît pas son état devant Dieu. Et cependant:

s’il ne va pas se réfugier au pied de la croix de Christ, il n’y a point, IL NE PEUT POINT Y AVOIR DE PARDON POUR LUI; et durant l’éternité, il portera la peine de ses transgressions.

S’il ne va pas chercher dans la parole de Dieu la règle de ses sentiments et de sa vie, et dans l’Esprit de Dieu sa lumière pour comprendre et sa force pour suivre l’Évangile, il ne naîtra pas de nouveau, et il n’entrera pas dans le royaume des cieux.

Il est donc de la plus haute importance que nous sentions profondément notre misère. SANS CETTE CONNAISSANCE, tout ce que Dieu a fait pour notre salut est perdu pour nous, et nous mourrons dans nos péchés, à côté de l’infaillible moyen de guérison, qui a été placé près de nous.

Ainsi donc, mes frères, ne craignez pas de méditer avec moi sur la corruption de notre nature. Après l’avoir dévoilée à vos yeux, je fixerai votre attention sur le danger auquel elle nous expose, et sur les moyens de régénération que l’Évangile nous offre.

Tandis que les moralistes et les philosophes antichrétiens basent le plus souvent leurs systèmes sur la dignité de la nature humaine, sur son penchant pour le beau moral, et sur son état d’innocence naturelle,

La Bible, qui est l’ouvrage du Dieu qui sonde les cœurs et les reins, base tous ses enseignements sur la corruption de notre nature, et la proclame de la manière la plus claire et la plus positive.

Il est digne de remarque, que malgré la diversité de caractère qui distingue les hommes, et qui, à juste titre, place les uns dans l’estime de leurs semblables fort au-dessus des autres, le Livre de vérité, les considérant tous dans leur état d’éloignement de Dieu, ne craint pas d’affirmer:

qu’ils se sont tous corrompus;

que tous ont péché et sont entièrement privés de la gloire de Dieu;

que les imaginations du cœur des hommes sont mauvaises dès leur jeunesse;

qu’il n’y en a point de juste, non pas même un seul;

qu’il n’y en a aucun qui fasse le bien;

mais que nous nous sommes tous détournés pour suivre chacun son propre chemin; et dans mon texte, que l’affection de la chair est inimitié contre Dieu et ne se soumet point à sa loi.


VOILÀ LE JUGEMENT QUE LE DIEU DE VÉRITÉ PORTE SUR NOTRE ÉTAT.


Il serait insensé de la part de l’homme de croire qu’il peut, par ses arguments, rien ajouter à la force des déclarations du Seigneur. Cependant, il ne sera pas inutile de vous faire sentir combien un examen attentif de nos dispositions par rapport à Dieu, confirme l’idée que l’Évangile nous donne de notre corruption naturelle.

C’est en observant la direction de notre esprit, les sentiments de notre cœur, la tendance de notre volonté à l’égard du Seigneur, que nous mettrons, en quelque sorte, la main sur la plaie de notre âme, et que nous en sonderons la profondeur.

Pour vous convaincre de la corruption naturelle de l’homme, je pourrais vous rappeler quel a été dans tous les siècles, et quel est encore de nos jours, l’état religieux et moral des nations privées d’une lumière révélée.

L’histoire de tous les peuples non chrétiens présente un spectacle d’idolâtrie et de dégradation, qui est une preuve incontestable de la grandeur de notre misère spirituelle, et qui fait voir l’éloignement où l’homme est de Dieu, sous son aspect le plus déplorable.

Mais ce n’est pas sur l’état des Païens que je veux fixer votre attention; je crois plus utile de vous montrer la corruption de notre nature, telle qu’elle se manifeste au milieu des peuples éclairés des lumières du Christianisme.

Mes observations ne seront pas également applicables à tous ceux qui composent une assemblée religieuse; elles ne seront étrangères à personne, puisque personne ne peut ici-bas se dépouiller assez entièrement de sa corruption naturelle, pour n’en pas retrouver tous les jours des traces, et n’en pas ressentir tous les jours des effets; mais, cependant, elles s’appliqueront plus particulièrement à ceux d’entre vous qui n’ont point encore été régénérés par l’Évangile et par l’Esprit de Dieu.

Je dis premièrement, que l’homme est éloigné de Dieu par la direction de son esprit: il ne connaît, ni ne cherche naturellement Dieu; et rend ainsi manifeste la corruption de son intelligence.

Puisqu’il y a un Dieu tout parfait, qui nous a créés à son image, et que nous connaissons par ses oeuvres et surtout par sa Parole;

puisque le voile qui nous cache sa nature, est en partie déchiré;

puisque nous pouvons étudier ses perfections, ses ouvrages, ses plans,

il semble que penser à Dieu, nous occuper de Dieu, méditer, la Bible à la main, sur ses sublimes attributs, le contempler dans chacun de ses bienfaits et dans chacune de ses voies, devrait être l’une des plus intéressantes occupations de cette intelligence qu’il nous a donnée, afin que nous puissions nous élever à lui.

Il semble que le désir de bien connaître Celui qui tient entre ses mains notre bonheur présent et avenir, et l’intérêt attaché à la contemplation du beau moral, dans son plus haut degré de perfection, devraient nous faire considérer comme nos plus doux moments, ceux que nous pouvons dérober aux soucis et aux affaires, aux occupations et aux plaisirs, pour tourner vers le Très-Haut nos pensées.

Mais, en général, qu’il est loin d’en être ainsi!

L’âme, quoique formée à l’image de Dieu, ne cherche pas d’elle-même Dieu; l’intelligence, lorsqu’elle suit sa pente naturelle, préfère tout autre sujet de méditation.

Parmi les différentes recherches de l’esprit, ce sont celles qui n’ont pas le Seigneur pour objet, qui piquent le plus la curiosité, qui excitent le plus l’attention, auxquelles on se livre avec le plus de plaisir;

mais quant aux méditations relatives au Père des esprits, qui nous a donné la faculté de penser, si elles ne sont pas entièrement négligées, elles ne sont le plus souvent qu’une affaire de forme; l’intelligence s’en lasse bientôt.

À moins que l’Évangile ne lui ait imprimé une nouvelle direction, il n’y a rien qui sorte plus notre esprit de son élément, rien qui lui fasse éprouver une gêne plus réelle, que de se tourner vers ces pensées sérieuses, ou de se fixer sur ces ouvrages de piété, qui ont Dieu pour objet.

Quelles sont, en général, les lectures, les conversations qui intéressent davantage et où l’on trouve le plus de jouissances?

Ne sont-ce pas celles qui se rapportent uniquement aux choses visibles et périssables?

Aux affaires, aux plaisirs, aux intérêts de ce monde qui prendra bientôt fin?

Si nous portons nos regards sur les hommes doués des facultés les plus distinguées, de l'esprit le plus brillant, du génie le plus vaste, combien n’en voyons-nous pas, qui, rejetant la Révélation par laquelle Dieu s’est fait connaître à ses créatures.emploient à combattre sa parole, l’intelligence qu’ils ont reçue de lui!

Combien qui portent dans l’étude de cette belle nature qui devrait leur révéler Dieu, une impiété aussi audacieuse qu’ignorante! combien qui ne trouvent dans l’univers, que le Dieu de l’univers qui ne soit pas digne de leur attention! ou qui, s’ils se souviennent de lui, ne s’en souviennent que pour l’attaquer jusque sur son trône, et pour essayer s’ils ne pourraient point bannir sa connaissance de dessus la terre!

La corruption du cœur est encore plus frappante que celle de l’esprit; notre cœur est encore plus éloigné de Dieu que notre intelligence.

Nous sommes nés sensibles; nous sommes faits pour aimer; le sentiment de la reconnaissance est un de ceux qu’éprouve le plus généralement l’homme qui n’a pas étouffé la voix de la nature.

Ne semble-t-il pas que ce besoin de s’attacher, qui est le premier besoin de notre âme, devrait surtout se manifester envers notre plus grand Bienfaiteur?

Comblés comme nous le sommes de ses grâces temporelles et spirituelles, ne semble-t-il pas que nous devrions tous obéir sans effort au grand commandement de la loi: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée?»

Puisque nous aimons naturellement ce père, cette mère, cet époux, cette épouse, ce frère, cette sœur, que Dieu, dans sa bonté, nous a donnés pour compagnons de voyage sur la terre, ne semble-t-il pas que nous devrions aimer plus vivement encore le Dieu auquel nous devons ces êtres chéris, et qui nous a rendus susceptibles de ces doux sentiments d'affection, qui, en nous unissant les uns aux autres, contribuent si puissamment à notre bonheur?

Puisque nous éprouvons de la reconnaissance pour ceux de nos frères auxquels nous devons des biens passagers et périssables, ne semble-t-il pas que nous devrions sentir une reconnaissance plus vive encore pour ce Bienfaiteur suprême qui nous a acquis des biens éternels?

Puisque nous nous montrons capables de gratitude envers ceux qui nous aiment assez pour se soumettre pour nous à quelques sacrifices, ne semble-t-il pas que nos cœurs devraient, toujours et tout naturellement, être pénétrés d’une profonde gratitude pour ce Dieu qui nous a aimés jusqu’à renoncer pour nous à la gloire et à la félicité célestes, jusqu’à se manifester en chair, jusqu’à porter nos péchés en son corps sur le bois?

En est-il ainsi?

Le cœur de l’homme se donne-t-il facilement à Dieu?

Obéit-il aisément au premier des préceptes de l'Évangile?

Dieu occupe-t-il naturellement la première place dans nos affections?

Mes frères, lors même que vous pourriez vous rendre actuellement le consolant témoignage que vous aimez Dieu sincèrement et par dessus tout, n’est-il pas vrai (à moins que vous n’ayez eu le bonheur d’être élevés dans une piété solide), que vous vous souvenez d’un temps où les créatures et les biens de la terre étaient les idoles qu’adorait votre cœur?

N’est-il pas vrai que c’est en priant le Seigneur de toute votre âme, en méditant beaucoup sur ses bienfaits et surtout sur son amour dans la rédemption, que vous avez appris à l’aimer?

L’amour de Dieu, s’il est dans votre cœur, n’est-il pas un sentiment acquis, plutôt qu’il n’est un sentiment naturel?

Et bien que cette sainte affection ait commencé à naître au dedans de vous, est-elle aussi vive qu’elle devrait l’être?

Aimez-vous votre Père céleste comme il mérite d’être aimé?

L’aimez-vous de toute la capacité de votre âme?

Son amour est-il la vie de votre cœur?

Tout ce que vous aimez sur la terre, l’aimez-vous en lui et moins que lui?

Votre cœur ne se rend-il jamais coupable d’idolâtrie?

Ne préfère-t-il jamais les créatures au Créateur? Hélas! qui peut se dire sans reproche à cet égard?

Mais pour juger des dispositions de l’homme par rapport à Dieu, c’est moins sur ceux qui combattent les penchants de leur cœur que sur ceux qui s’y abandonnent, qu’il faut fixer notre attention.

Les hommes dont l’Évangile n’a pas changé les dispositions naturelles, aiment-ils véritablement leur grand Bienfaiteur?

Aiment-ils Celui auquel ils doivent la terre qui les porte, l’air qu’ils respirent, les vêtements qui les couvrent, la nourriture qui les soutient; Celui auquel ils doivent les facultés de leur esprit, la sensibilité de leur âme, les biens spirituels plus précieux encore, le don de sa parole, de son Fils, de son Esprit, et l’espérance glorieuse de l’immortalité?

Hélas! s’ils aimaient le Seigneur, n’est-il pas évident que tout ce qui se rapporte à lui serait pour eux plein de charmes?

Et cependant, se réjouissent-ils, avec David, de monter à la maison de l'Éternel?

Le service de Dieu est-il pour eux un plaisir, encore plus qu’un devoir?

N’est-il pas une tâche pénible, plutôt qu’une douce satisfaction?

Souvent, il est vrai, on se plaît à assister au culte public; mais tant qu’on n’a pas encore dépouillé le vieil homme, ce qu’on aime dans les saintes assemblées, ce qu’on y vient chercher,

C’est ce qui est extérieur, ou ce qui est de l’homme, plutôt que ce qui est de Dieu;

C’est l’occasion de se montrer parmi les chrétiens, plutôt que l'occasion de servir l’Éternel;

C’est la prédication, plutôt que la prière et la lecture de l’Écriture Sainte;

C’est le talent de l’orateur bien plus que l’Évangile de Christ;

C’est un discours qui plaise et qui intéresse, bien plus qu’un discours qui élève l’âme à Dieu; c’est une éloquence qu’on puisse admirer, bien plus qu’une éloquence qui force à rentrer en soi-même et à se juger en la présence du Seigneur.

On aurait donc tort de conclure de ce qu’on se rend avec plaisir dans les temples qu’on aime Dieu, puisqu’il est fort possible que ce ne soit point Dieu qu’on y cherche.

Mais aime-t-on le culte qui n’a rien d’extérieur ni de mondain, rien de propre à frapper l’imagination, à éveiller la curiosité, ou à captiver les sens?

Prend-on plaisir à se retirer seul dans le silence de son cabinet, pour prier Dieu, pour lire sa parole, ou pour méditer sur ses bienfaits?

Aime-t-on les dévotions particulières?

Y consacre-t-on souvent ses loisirs?

Est-ce auprès du Seigneur qu’on se plaît à se délasser des travaux terrestres?

Son souvenir se présente-t-il naturellement à l'esprit, comme le souvenir de ceux qu’on aime?

Et cherche-t-on à le conserver dans l’âme, ce souvenir salutaire? ou ne cherche-t-on pas plutôt à le bannir loin de soi, pour n’être pas troublé dans des jouissances qui seraient empoisonnées par la pensée de ce Dieu saint et juste?

La plupart des hommes, quand ils ont perdu de vue leur Père céleste, quand ils sont parvenus à oublier son existence, au lieu de se trouver malheureux et d’éprouver le vide que fait ressentir l’absence d’un ami, ne sont-ils pas d’autant plus à l’aise et d’autant plus tranquilles au sein de leurs occupations ou de leurs plaisirs, que la pensée du Tout-Puissant est plus loin d’eux et ne vient pas les inquiéter?

Ah! soyez-en sûrs, il y a, dans les réflexions que je viens de vous présenter, une effrayante vérité.

Voilà l’état de notre cœur par rapport à Dieu, jusqu’à ce qu’il ait été changé par l’Évangile. Il n’y a que celui qui est devenu en Jésus-Christ une nouvelle créature qui aime Dieu par dessus tout, et qui consentit à tout perdre pour l’amour de lui.

Si telles sont les dispositions de notre esprit et de notre cœur par rapport à Dieu, il est évident que NOTRE CORRUPTION DOIT SE MANIFESTER AUSSI PAR L’OPPOSITION DE NOTRE VOLONTÉ À LA SIENNE, et que le principe de l’obéissance à sa loi doit être également étranger à notre nature déchue.

On pourrait déjà le conclure par notre manque d’amour pour Dieu, qui est la transgression du premier et du grand commandement; mais il ne sera pas inutile de montrer, par d’autres considérations encore, que nous ne sommes point naturellement disposés à nous soumettre à la loi divine.


* * *

Il semble que cette loi que Dieu nous a donnée dans sa parole pour règle de notre conduite, devrait être empreinte à nos yeux d’un caractère tellement sacré que nous ne craignissions rien autant que de la violer, et que nous éprouvassions une douleur profonde chaque fois que nous aurions eu le malheur de lui devenir infidèles.


Car c’est la loi du Tout-Puissant duquel dépend notre bonheur

dans le temps et dans l’éternité.


C’est la loi du Bienfaiteur suprême auquel nous devons tout.

C’est la loi du Législateur le plus éclairé, du Père le plus tendre: elle n’interdit que ce qui nuirait à notre vrai bonheur; ELLE NE PRESCRIT QUE CE QUI PEUT Y CONTRIBUER.

C’est la loi de l'Éternel, notre Justice, qui ayant été fait malédiction pour nous, nous a rachetés de la malédiction qu’elle prononçait contre nous.

C’est, enfin, la loi du Juge qui nous demandera compte de la manière dont nous l’aurons observée.

Il semble que le respect, que l’amour, que la reconnaissance, que la crainte, devraient à l’envi la graver dans notre cœur, et nous rendre capables de la suivre dans toute notre conduite.

Telles sont les dispositions des êtres que le péché n’a pas corrompus. La joie des Anges consiste à faire la volonté de Dieu.

Mais en est-il ainsi des hommes?

Sentons-nous naturellement l’importance d’observer la loi divine?

Sommes-nous portés à la suivre?

Y aspirons-nous?

En prenons-nous la résolution?

Si nous la prenons, faisons-nous des efforts pour la tenir?

Hélas!

Combien y a-t-il de personnes qui n’ont jamais songé à suivre d’autres guides que leurs inclinations naturelles!

Combien qui n’ont jamais pris pour règle que la morale relâchée du monde; ou qui n’ont aucun principe fixe et positif!

Combien qui, après avoir formé la résolution d’obéir au Seigneur, la laissent s’évanouir, et lui désobéissent habituellement et sans scrupule!

Et, n’y a-t-il pas des personnes qui ne cherchent pas même à connaître la loi de Dieu, qui ne l’étudient jamais, qui demeurent dans une ignorance monstrueuse des obligations qui leur sont prescrites, et ne témoignent que trop, par cette criminelle insouciance, qu’ils sont dépourvus de tout respect pour la volonté du grand Législateur?

Pour mieux vous convaincre encore de ce manque de soumission à la loi divine, qui nous est naturel, réfléchissez à cette persévérance volontaire et audacieuse de tant d’hommes dans la violation habituelle des préceptes qu’elle nous impose.

Qu’est-elle, la loi de Dieu, pour le médisant, pour le jureur, pour le profanateur du Sabbat, pour l’orgueilleux, pour le mondain, pour l’impur, pour l’injuste, pour le vindicatif?

Où est, chez eux, la crainte de la transgresser?

Elle y est si peu, qu’ils demeurent dans une profonde sécurité, bien que la malédiction de la loi soit sur eux; et qu’ils se flattent follement qu’ils pécheront toujours avec impunité.

Ainsi donc, mes frères, la corruption de l’homme se manifeste dans sa conduite extérieure tout aussi bien que dans ses pensées et dans ses affections; il est impossible d’observer le monde, ou de rentrer en soi-même, sans être forcé d’en reconnaître des traces partout.


L’abîme que le péché a creusé entre Dieu et l’homme,

est si visible, que pour ne pas le voir il faut fermer les yeux à l’évidence.


Comme cependant c’est ce qu’on n’est que trop porté à faire pour échapper à une conviction si humiliante et si propre à alarmer, j’ai cru qu’il pouvait être utile de présenter, sous plusieurs points de vue, l’état d’éloignement de Dieu dans lequel l’homme est tombé, et d'en chercher la preuve soit dans la direction de se pensées, soit dans la direction de ses sentiments et de sa conduite.

Ce n’est pas que notre esprit, notre cœur et notre volonté, puissent être regardés comme indépendants les uns des autres; il y a entre eux une liaison intime, une action et une réaction continuelles.

L’abandon aux passions aveugle l’entendement; l’esprit est sans cesse la dupe du cœur; et les fausses idées que nous nous formons, exercent sur nos sentiments une pernicieuse influence: mais je me suis permis d’établir cette distinction, parce qu’elle m’a paru propre à faire ressortir d’autant mieux cette corruption de notre nature, qui, toute évidente qu’elle est, est en général si méconnue ou si peu sentie.


* * *

Il est facile maintenant de montrer que l’état d’éloignement de Dieu dans lequel nous sommes, est une preuve de notre corruption originelle, et confirme tout ce que nous déclare, à cet égard, la Révélation.

Qui oserait croire que notre nature soit encore ce qu’elle était lorsque l’homme fut créé à l’image de Dieu?

Quel esprit réfléchi n’est pas forcé de reconnaître dans notre état spirituel toutes les traces d’un désordre moral extraordinaire?

Créature privilégiée de Dieu, comment se fait-il que l’homme soit cependant si éloigné de Dieu?

Seul sur la terre capable de connaître, d’aimer le Seigneur, de faire sa volonté, d’où vient que l’homme qui suit la pente de sa nature ne le connaît, ne l’aime, ni ne lui obéit?

Tandis que ses facultés le rapprochent de son Père céleste et semblent l’appeler à vivre dans sa communion, d’où vient que ses penchants le portent à vivre pour lui-même et pour les créatures plus que pour celui à qui il doit tout?

La Bible seule explique cette contradiction, en nous apprenant que L’HOMME EST UN ÊTRE DÉCHU, dont la constitution morale a subi par le péché une altération marquée.

Une philosophie antichrétienne peut ridiculiser cette doctrine; mais elle fait preuve par là d’ignorance aussi bien que d’impiété; la véritable philosophie, celle qui s’appuie sur l’expérience, confirme toutes les déclarations de l’Écriture sur la dégénération de l’homme; elle nous montre, par les contrariétés même qu’elle découvre dans sa nature, qu’il a été fait pour Dieu, et qu’il est devenu contraire à Dieu. Mais il est temps de vous faire sentir tout ce que cet état a de dangereux.


* * *

Puisque l’homme, selon sa nature, est éloigné de Dieu par la direction de son esprit, de son coeur, de sa volonté, n’est-il pas évident que tant que sa régénération n’a pas eu lieu, il est dans un état qu’on ne peut considérer sans effroi.

Et sans rappeler ici les châtiments que Dieu dénonce dans sa parole au pécheur qui ne sera pas sérieusement revenu à lui, ne sentez-vous pas qu’on ne peut être plus mal préparé à paraître devant Celui qui a les yeux trop purs pour voir le mal, et qui est jaloux de sa gloire, que lorsqu'on arrive au terme de cette vie d’épreuve, avec une intelligence qui ne s'est point sérieusement tournée vers ce grand Dieu, avec un cœur dont les affections les plus vives étaient pour le monde et les objets du monde, avec une volonté qui, pendant de longues années, n'a cessé de lutter contre la Volonté divine?

Ne sentez-vous pas qu’il est impossible que Dieu tolère une aussi criminelle révolte contre son autorité souveraine, un aussi coupable oubli de ses droits les plus sacrés?

Ne sentez-vous pas que cette rébellion de la créature contre son Créateur, est un renversement de l’ordre moral qui ne peut durer, et qui creuse un abîme toujours plus profond entre l’homme pécheur et le Dieu saint?

Ne sentez-vous pas que cette opposition entre la nature de Dieu et l’état de l'homme irrégénéré doit nécessairement entraîner la perte de l'homme?

Ce qui prouve encore à quelle terrible condamnation s’expose celui qui demeure éloigné de Dieu, de quelque vernis de piété qu'il puisse se parer d'ailleurs, et sous quelque apparence de Vertu qu’il puisse cacher sa misère morale, c’est la considération de tout ce que Dieu a fait pour le retirer de la corruption dans laquelle il est tombé.

Plus les compassions que Dieu a déployées envers le pécheur sont extraordinaires, plus elles attestent la situation déplorable du pécheur.

D’après la grandeur même des moyens que l’Éternel a mis en œuvre pour délivrer l’homme, jugez du besoin que l’homme a de la délivrance;

d'après l’effort fait pour le sauver, jugez du danger qu’il court et des maux qu’il se prépare, s’il demeure dans son état de péché.

S’il était possible d’échapper à la misère à venir, tout en emportant de ce monde une âme vide de crainte et d’amour de Dieu,

Dieu n’aurait pas donné sa parole;

il n’aurait pas envoyé sur la terre son Fils bien-aimé;

Jésus ne serait pas mort sur la croix dans des souffrances qu’aucune imagination ne peut concevoir;

il n’aurait pas répandu son Esprit sur les hommes;

cet Esprit ne frapperait pas sans cesse à la porte de notre cœur;

la Bible ne serait pas remplie des plus redoutables menaces et des plus encourageantes promesses;

une éternité de bonheur ou une éternité de misère ne nous seraient pas annoncées, comme devant suivre pour nous cette courte vie.

Si dans tout ce que Dieu a fait, dans TOUT CE QU’IL FAIT ENCORE POUR RAMENER L’HOMME À LUI, pour le recevoir en grâce et pour le sanctifier, vous ne voyez pas une preuve sans réplique de l’inévitable misère qu’il se prépare s’il sort de ce monde sans s’être rapproché de Dieu par ses sentiments et par sa conduite:

Il n’y a que la vue du séjour des ténèbres,

il n’y a que la privation du bonheur céleste,

il n’y a que la mort et le jugement,

il n’y a que les grandes réalités de la vie à venir, qui puissent vous convaincre que tous ceux qui s'éloignent de Dieu périront.

Que si, touché de componction, quelque pécheur, jusqu’à maintenant éloigné de Dieu, vient à s’écrier: Homme frère! que ferai-je? que ferai-je pour échapper à la misère et à la mort, pour me dépouiller du vieil homme et pour me revêtir de l’homme nouveau, pour obtenir un esprit nouveau et un cœur nouveau?

Que ferai-je pour soumettre ma volonté à la volonté divine et pour n’être plus seulement un homme moral selon le monde, mais un homme régénéré, pour n’avoir plus seulement l’apparence de la piété, mais pour donner mon cœur à Dieu?

Appuyé sur les déclarations de l’Évangile, je lui dirai: si c’est, bien le sentiment de vos misères qui vous fait tenir ce langage, si vous désirez sérieusement être guéri, si pour y parvenir, vous avez résolu de suivre la voie que Dieu vous trace dans sa parole, sa parole est remplie pour vous d’utiles leçons, de puissants encouragements, de précieuses promesses. Qu’aucune des difficultés du salut ne vous arrête.

Craignez-vous que votre tardive repentance, encore si imparfaite, ne soit pas acceptée?

Voici, la parole de vérité vous déclare qu’il y a de la joie devant les Anges de Dieu, pour un seul pécheur qui vient à la repentance; elle vous dit que DIEU NE MÉPRISE POINT LE CŒUR FROISSÉ ET BRISÉ.

Allez donc à lui, en vous humiliant dans le sentiment de vos fautes; allez, en vous condamnant vous-même; allez, en déplorant toutes vos transgressions, et en recourant à l’infinie miséricorde du Seigneur.

Craignez-vous qu’après avoir vécu dans un si coupable oubli de Dieu, il n’y ait plus pour vous d’espérance, plus de pardon à attendre?

Voici, l’Évangile vous annonce que le sang de Christ purifie de tout péché; que celui qui croit au Fils ne sera point condamné: et cette parole de paix n’est-elle pas toujours vraie, toujours certaine?

Croyez donc, oh! croyez à la miséricorde GRATUITE qui vous est encore offerte; et étant justifié par la foi, vous aurez la paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ.

Vous semble-t-il qu’il soit trop tard pour commencer à mener une nouvelle vie; que vous ne puissiez plus donner votre cœur à Dieu, et faire sa volonté?

L’Écriture Sainte déclare positivement que nos cœurs sont purifiés par la foi; que Dieu produit en nous la volonté et l'exécution; et ce grand Dieu, lui-même, nous fait, par la bouche de son prophète, cette magnifique promesse:

Je vous donnerai un cœur nouveau:

j'ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair; et je mettrai mon Esprit au dedans de vous;

je ferai que vous marcherez dans mes statuts et que vous garderez mes ordonnances.

Et notre Seigneur Jésus-Christ confirme cette déclaration en ces termes: Si donc vous qui êtes mauvais, savez bien donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il son Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent!

C’est ce divin Esprit qui éclaire notre intelligence, qui touche notre cœur, qui réveille notre conscience, qui fléchit notre volonté, et qui, en rendant l’Évangile efficace, crée et entretient dans les âmes la vie religieuse.

Sentez le besoin que vous avez de ce divin Esprit pour travailler à votre sanctification; quelque indigne que vous soyez de l’obtenir, souvenez-vous que Dieu vous l’a promis; ET APPUYÉ SUR SES IMMUABLES PROMESSES, CHERCHEZ AVEC CONFIANCE LA GRÂCE QUI VOUS EST OFFERTE.

Cherchez-la, en méditant fréquemment cette parole sainte qui est l'épée de l'Esprit;

Cherchez-la, en priant sans cesse;

Cherchez-la, par cette vigilance et ce recueillement qui préparent à recevoir ses impressions salutaires, et qui y rendent attentif;

Cherchez-la en sollicitant son secours au moment de la tentation, en l’implorant sur toutes vos bonnes résolutions, sur tous vos efforts vers le bien; et Dieu accomplira en vous ses miséricordieuses promesses.

Amen.


 

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