Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA BALLE ARRÊTÉE

***

Édouard S. jouissait de tous les avantages que le monde apprécie. Jeune et riche, d'une belle figure, d'un caractère aimable, il était recherché et admiré partout.

Il venait de faire son entrée dans le monde. Placé dès son enfance sous une influence chrétienne, objet d'incessantes prières, il avait été préservé des pièges du monde.

Mais, en avançant en âge, il avait vu l'indépendance dans laquelle vivaient les autres jeunes gens; la vie calme et sérieuse qu'il avait menée jusqu'alors lui parut monotone et ennuyeuse, et, peu à peu, il s'affranchit de la contrainte qu'elle lui imposait.

Il n'eut pas de peine à trouver des compagnons de plaisir et de folie pour l'entraîner dans ces voies de dissipation qui n'aboutissent qu'à la ruine, et, dans l'ignorance et la légèreté de son cœur, il serait sans doute devenu la proie du tentateur des âmes.

Mais il avait une mère qui priait, et Dieu se servit de la circonstance que nous allons raconter pour exaucer les supplications qui lui avaient été adressées pour lui.


Ô mères chrétiennes, ne cessez point d'apporter devant le Dieu de grâce les âmes de vos enfants!

Édouard S. était venu à Dublin, chez son banquier, homme riche dont le fils avait été son camarade d'études.

- Eh bien, Édouard, lui demanda son ancien, compagnon, comment faites-vous votre chemin dans ce monde?

- Ah! mon cher, répondit Édouard avec enthousiasme, nous menons une vie charmante.
Les bals, les dîners, les soirées, la chasse et les courses ne nous permettent pas de sentir l'ennui. Les heures s'écoulent si agréablement que nous ne nous apercevons que de leur brièveté.

Son ami le regardait fixement tandis qu'il parlait. Des sentiments de compassion et de tendresse remplissaient son cœur en voyant ce jeune homme si beau, si aimable, ignorer la vanité de ces plaisirs et la fin qui les attend. Que dire à une telle âme? Après un moment, il répliqua:

- Je vois, Édouard, que vous vous amusez beaucoup. Ce que vous me dites me rappelle ces paroles d'un sage des anciens temps:

«Jeune homme, réjouis-toi en ton jeune âge, et que ton cœur te rende gai aux jours de ta jeunesse, et marche comme ton cœur te mène, et selon le regard de tes yeux...»

À ces paroles, Édouard donnait un assentiment secret. C'est là justement ce que je me propose, pensait-il. Son ami continua:

«Mais sache que, pour toutes ces choses, Dieu t'amènera en jugement» (Ecclésiaste XII, 9).

Il appuya sur ces derniers mots.

Ce n'était pas ce qu'Édouard attendait. Il prit précipitamment congé de son ami et s'éloigna rapidement comme s'il eût voulu fuir ces paroles.

Mais la flèche lancée ainsi par la main de Dieu l'avait atteint et il ne pouvait s'en défaire.

En vain s'efforçait-il, en retournant chez lui, de secouer le sentiment pénible que ces mots lui faisaient éprouver en pensant à ses compagnons de plaisir qu'il allait revoir.

En vain, quand il eut repris son train de vie, essaya-t-il de retrouver son entrain et sa gaieté. Les choses auxquelles il avait trouvé autrefois tant de charmes avaient perdu leur saveur. Les dernières paroles de son ami lui revenaient sans cesse.

À la chasse, au bal, dans les soirées animées par mille jeux, il entendait: «Pour toutes ces choses, Dieu t'amènera en jugement.»

Dans la veille comme dans le sommeil, il lui semblait voir ces paroles comme écrites en lettres de feu.

L'Esprit de Dieu avait commencé son œuvre en lui, et Il voulait la poursuivre.

Bienheureux êtes-vous, lecteur, jeune ou vieux, si Dieu vous poursuit ainsi. Oh! ne vous efforcez pas de l'étouffer, cette voix par laquelle Il vous appelle; ne repoussez pas la pensée de Dieu et de l'éternité.

La souffrance qu'éprouvait Édouard devenait toujours plus intense. Il ne pouvait plus trouver de repos. Les plaisirs dont il s'était entouré lui étaient devenus insupportables. Que faire dans une telle perplexité?

«J'irai à Dublin, pensa-t-il. Il faut que je voie T. C'est lui qui, par ses paroles, m'a montré le vide de tous ces plaisirs.»

Il se hâta de se rendre chez son ami, qui le reçut avec la plus grande cordialité.

- Je suis tout à fait misérable depuis que je vous ai vu, lui dit-il. Auparavant je n'avais jamais pensé à l'avenir. Je vivais tout entier dans la jouissance du présent, m'imaginant que les choses qui remplissaient ma vie étaient innocentes. Mais, maintenant, je sens leur néant; je vois qu'elles ne servaient qu'à me faire oublier Dieu; qu'avec elles, dans mon égoïsme, je perdais mon temps et ma vie, et qu'elles fermaient mes yeux aux réalités de l'éternité et du jugement à venir.

Que faire? Cette éternité se dresse devant moi comme couverte d'un voile épais; elle ne me présente que ténèbres sans un seul rayon de lumière. Je sens qu'un jugement terrible est suspendu sur ma tête. Dites-moi, mon ami, comment puis-je échapper?

Ému par la réelle et profonde anxiété dans laquelle il voyait Édouard, son ami prit sa Bible, et, dans cette parole de Dieu, il lui montra comment Christ avait pris sur la croix la place du pécheur coupable et perdu, et était mort pour lui, en subissant le jugement que nous avions mérité. Il lui cita ces paroles précieuses:

«Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous (Romains V, 8).

«Car Christ a souffert pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu» (1 Pierre III, 18).

«Car celui qui n'a pas connu le péché, Dieu l'a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui» (2 Corinthiens V, 21).

Jésus a dit:

«Celui qui entend ma parole et qui croit celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle, et il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie»  . Ainsi, Il «nous a délivrés de la colère qui vient» (Jean V, 24; 1 Thessaloniciens I, 10).

Édouard crut la parole de Dieu. Il avait vu qu'il ne méritait que la colère de Dieu et le jugement, mais il crut ce que Dieu dit, que, puisque Jésus avait subi pour lui la mort et le jugement, Dieu était maintenant satisfait, et que lui, Édouard S., pouvait se réjouir du pardon et du salut que Jésus lui avait acquis. Son cœur fut en effet rempli de joie et de paix en croyant.

Il pouvait maintenant continuer sa route avec bonheur sur la terre vers une éternité qu'il ne redoutait plus.

Mais combien il avait besoin, dans ce sentier nouveau où il s'était engagé, de toutes les ressources du Seigneur! Que de rudes épreuves il allait rencontrer!

Il ne fit point part tout d'abord à ses amis du changement qui s'était opéré chez lui. Satan lui suggérait la pensée de le leur cacher en lui disant: «Tu es tranquille maintenant pour toi-même, qu'as-tu besoin de communiquer aux autres tes propres opinions?»

C'est ainsi qu'il marcha pendant quelque temps. Mais il n'était pas heureux. Il sentait que ce n'était point droit, qu'il y avait une sorte de lâcheté à agir ainsi, bien qu'un bon nombre veuillent cacher leur fausse honte sous le nom d'humilité.

Un jour qu'étant à la ville, il revenait d'une réunion religieuse à son hôtel, tenant sa Bible à la main, il vit sur le péristyle quelques-uns de ses anciens compagnons du monde avec des officiers de la garnison.

«Ils vont se moquer de toi», suggéra le tentateur. «D'ailleurs, cela paraîtra de l'ostentation de tenir ta Bible à la main. Mets-la dans ta poche.»

Il céda à la tentation et monta rapidement les marches qui conduisaient au péristyle. Mais il avait oublié qu'il portait un habit qui le serrait, de sorte que la Bible, mise dans sa poche de côté, se dessinait sur son corps.

- Qu'avez-vous donc là, S.? lui demanda l'un des jeunes gens.

Repris subitement dans sa conscience et mettant toute crainte de côté, Édouard sortit sa Bible de sa poche et confessa devant tous que, maintenant, il était converti à Dieu et désirait être un serviteur de Christ.

Il avait soulagé sa conscience en obéissant à la parole de Dieu (Matthieu X, 32; Luc XII, 8; Romains X, 8 -11). De nouveau il était heureux.

Mais ce fut le début de ces attaques si variées que «la société», le monde, cette inquisition si pénétrante et si habile, sait diriger contre tous ceux qui veulent vivre pour Christ.

Depuis ce moment aussi, Édouard parla à tous, riches et pauvres, de Jésus, de son amour, et annonça l'évangile qui l'avait rendu si heureux. Aussi, les adversaires de Christ en ressentirent une telle rage, que plus d'une attaque fut dirigée même contre sa vie.

Un soir, un message lui fut apporté pour le prier de venir «visiter un mourant».

C'était une ruse pour l'attirer hors de chez lui. Comme il se rendait à cheval à l'endroit indiqué, on tira sur lui. Le coup était bien dirigé: la balle atteignit à l'endroit du cœur et perça son habit. Ses ennemis, croyant l'avoir tué, s'enfuirent. Mais il était sain et sauf. Sous son habit, la balle avait rencontré sa Bible de poche qui lui avait sauvé la vie.

Souvent il m'a montré, avec respect, ce souvenir précieux des tendres soins du Père. La balle avait traversé le saint volume jusqu'à l'Évangile de Jean et s'était arrêtée à ce verset:

«Père saint! garde-les en ton nom, ceux que tu m'as donnés» (Jean XVII, 11).

Lecteur, puisse la parole qui a amené Édouard S. à rechercher le salut, être placée devant tes yeux et agir sur ta conscience jusqu'à ce que, comme lui, tu sois venu à Christ pour trouver la paix:

«Jeune homme, réjouis-toi en ton jeune âge

et que ton cœur te rende gai aux jours de ta jeunesse,

et marche comme ton cœur te mène, et selon le regard de tes yeux,

MAIS SACHE QUE, POUR TOUTES CES CHOSES,

DIEU T'AMÈNERA EN JUGEMENT.»

Et si tu es convaincu que tu as mérité, pour toutes ces choses, de venir en jugement; si ton âme angoissée s'écrie: Que ferai-je? rappelle-toi qu'il est aussi écrit:

«Celui qui entend ma parole et qui croit en celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement.»

Et jamais tu ne te repentiras d'être venu à Christ, de t'être tourné vers Dieu en fuyant un monde sur lequel pèse le jugement.



 

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