Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE CULTE DE LA MAISON CHRÉTIENNE AU DEUXIÈME ET AU TROISIÈME SIÈCLE

----------

Ce qui frappe dans le culte primitif, c'est la hardiesse incomparable de sa spiritualité. Il ne se lie à aucune condition extérieure, ni de jour, ni de lieu, ni de forme. Il est l’expression spontanée de la vie religieuse dans sa continuité. Luc nous le peint en quelques traits, quand il dit des chrétiens de Jérusalem qu’ils persévéraient dans la doctrine des apôtres, dans la communion mutuelle, dans la fraction du pain et dans les prières (Actes. 2: 42)


– L'enseignement apostolique retentissait à toute heure, sur les places publiques, au temple comme dans la chambre haute, humble sanctuaire de la jeune Église.

La prière s'y élevait libre et fervente comme la voix de l'assemblée entière aux heures de péril, de tristesse ou de délivrance.


La fraternité se manifestait par la vie en commun et par les offrandes apportées aux pieds des apôtres pour que l’abondance des riches rejaillisse sur le dépouillement des pauvres.

Chaque maison chrétienne était un lieu de culte, chaque repas s’élevait à la hauteur du sacrement chrétien.

Toutes les fois qu’on rompait le pain, on se souvenait du corps rompu de la grande victime et on chantait le cantique d'action de grâces.

On le voit, le culte chrétien se confondait avec l’existence entière.

Celle-ci était transformée, purifiée. Le sublime était la règle et l'Église avait dressé sa tente sur la cime de la transfiguration.


La chrétienté issue du paganisme reproduit les grands traits du culte de la chambre haute, mais comme elle est complètement AFFRANCHIE DU RITUEL JUIF, et par conséquent obligée de se contenter de son propre culte, elle lui donne une organisation mieux déterminée. C'est ce qui ressort des lettres de Paul aux chrétiens de Corinthe et de Thessalonique qui eussent volontiers vécu d'extase.

Le principe fondamental est toujours la liberté. «Là où est l'esprit du Seigneur, là est la liberté (2 Cor. 3: 17)

TOUTEFOIS CETTE LIBERTÉ N'EST POINT LA LICENCE. «Toutes choses doivent être faites avec bienséance, avec ordre (1 Cor. 14: 40)

L'Apôtre ne veut pas que sous prétexte d'affranchissement les fantaisies individuelles même décorées du nom d’inspiration, se donnent carrière. La liberté n'en demeure pas moins pour lui, le principe fondamental. Nulle prescription restrictive n'exclut du service de Dieu, ni un jour, ni un acte de la vie quotidienne.

Personne ne peut être condamné pour la distinction d’un jour de fête ou de sabbat (Col. 2:16).

Les actes les plus simples de l'existence peuvent être empreints d'un caractère sacré. Soit que l'on mange, soit que l'on boive, on peut tout faire pour la gloire de Dieu avec action de grâces, transformant ainsi le moindre repas en eucharistie (1 Cor. 10: 41).

Le culte se célèbre:

tantôt au bord d'un fleuve comme à Philippes,

tantôt sur la grève de la mer comme à Milet,

dans la maison des chrétiens,

ou dans une école de rhétorique comme à Éphèse.



Le nom d’Église n’est jamais donné à un édifice, il désigne toujours une société d’âmes chrétiennes qui édifient le temple spirituel dont elles sont les pierres vivantes.


CHAQUE CROYANT EST LUI-MÊME UN SANCTUAIRE DE L’ESPRIT.

Voilà la vraie maison de Dieu; nulle cathédrale ne l’égale en beauté (Ephés. 2: 20-22; 1 Cor. 3: 16; I Pierre 2: 5)


Libre est l’enseignement, car chacun a le droit d'élever la voix pour glorifier Dieu en prenant soin de ne pas troubler le bon ordre et de respecter sa volonté dans les dons qu’il a répartis (1 Cor. 14: 31).

Libre est l'oraison comme le chant sacré, car si quelqu’un a une prière ou un psaume à faire monter vers le ciel, il n’a qu’à ouvrir la bouche (1Cor.14: 26)

Le président de l'assemblée doit prendre grand soin de ne pas éteindre l’esprit (1Thes. 5:19).

La célébration de la sainte Cène a subi une certaine transformation. Elle n’est plus l'accompagnement nécessaire de chaque repas.

Elle est rattachée plus spécialement à l’agape qui réunit le soir tous chrétiens pauvres et riches autour d'une table commune fournie par les dons volontaires de l’église.

Le souper du Seigneur termine ce repas de la fraternité en rappelant la grande immolation duquel procède toute charité (1Cor. 11: 20-23)

L'Église s'offre elle-même à Dieu dans sa prière comme une victime vivante. Tout est spirituel et réel dans cet acte suprême de la vie religieuse qui n'a aucun rapport avec les expirations imparfaites de l'Ancienne Alliance. Ce n’est point un renouvellement de ce qui a été consommé sur la croix.



UN SACRIFICE PARFAIT NE SE RÉPÈTE PAS selon les fortes expressions de la lettre aux Hébreux où souffle le plus pur esprit de la chrétienté primitive (Hébreux. 10: 11-13).

L'âme chrétienne est tout ensemble le temple, l'autel et la victime (Rom.15:16, 1Pierre 2: 5): elle s'offre à Dieu à toute heure, en tout lieu, et le culte célébré avec la liberté et la spiritualité que nous avons dépeintes n'est que l'expression résumée et solennelle de la piété de tous les jours.


* * *


Il est notoire qu’un changement important fut introduit dans le culte au commencement du second siècle. Ce changement fut dû principalement au décret par lequel Pline le Jeune, pendant son proconsulat de Bithynie, interdit aux chrétiens tout ce qui ressemblait à ces associations secrètes que les autorités romaines poursuivaient partout avec acharnement comme un danger public.

L'Église fut amenée par cette interdiction à ne plus célébrer la sainte Cène à la suite du repas du soir et à la détacher de l’agape dont jusqu'alors elle était le complément.

L'eucharistie fut reportée au service du matin; elle en devint une partie intégrante, le centre et le couronnement.

Elle perdit quel que peu de sa simplicité première, car elle rappelait désormais moins directement le souper du Seigneur et devenait le vrai mystère chrétien dans le sens élevé et profond du mot.


Le culte avait aussi pris, d'après la lettre de Pline, un caractère plus solennel qui tranchait davantage sur la piété domestique, il était réglé avec plus de soin dans la succession de ses actes constitutifs qui comprenaient la lecture des saints livres, l’enseignement, les chants alternés et enfin la sainte Cène.

Bien que célébré tous les jours aux premières heures du matin, il paraît avoir eu le dimanche une solennité particulière. Il n’en conserva pas moins longtemps les traits essentiels auxquels il devait sa haute spiritualité; ILS NE S'ALTÉRÈRENT PROFONDÉMENT QU'À LA FIN DU SIÈCLE SUIVANT.



Tout d'abord il demeure fidèle, pendant toute cette période, à ce grand principe de l'universalisme chrétien qui abolit partout le particulariste juif et qui, après avoir fait de l'Église un peuple de prêtres et de rois, fait de la vie entière un service divin. 


De même que nous avons vu dans l'organisation ecclésiastique l'évêque ou le prêtre se contenter de représenter la communauté sans aucun caractère clérical qui l'en sépare, de même le culte n'est encore qu’une simple concentration de la piété quotidienne et privée.

Le dimanche est le premier jour de la semaine, il l'inaugure et la résume, sans prétendre à une sainteté particulière qui lui soit inhérente.

La maison de prière n'est que le sanctuaire domestique agrandi pour contenir l'assemblée chrétienne.

L’élément symbolique prend un développement plus large et s'élève jusqu'à une véritable beauté poétique comme dans la cérémonie du baptême, mais jamais le signe ne recouvre l'idée ni ne la remplace; il conserve sa pure transparence pour la laisser rayonner. Surtout il se garde avec soin de se transformer en une sorte de magie qui ne serait plus que le matérialisme de la piété.

L'ordre surnaturel qui a sa plus haute manifestation dans le sacrement de la cène est étroitement rattaché à l’ordre naturel; la grâce et la nature semblent y rejoindre et s'y fondre.

Le pain et le vin de l'eucharistie sont à la fois les prémisses de la création, les gages de l'amour créateur qui fait croître les biens de la terre et les types sacrés de l’amour rédempteur, la représentation du corps meurtri et crucifié du Christ.

C'est ainsi que dans la sainte Cène les éléments de la création nous apparaissent sanctifiés et purifiés comme dans la piété normale la vie naturelle est relevée de sa souillure et de sa condamnation.

Le dualisme qui caractérise toutes les fausses religions par suite de l’incapacité où elles sont de vaincre le mal dans la nature et de pénétrer celle-ci d'un souffle divin, est aussi bien banni de l’eucharistie par l'Église que des autres parties de son culte.

Nulle part nous ne retrouvons l’opposition tranchée entre le profane et le sacré, entre la nature et la grâce, pas même à l'heure solennelle de l'adoration. Voilà pourquoi la prière eucharistique ne manque jamais, comme nous l'établirons, d'unir dans une même action de grâces les dons de l’ordre naturel à ceux de l'ordre surnaturel, la munificence du Dieu qui fait mûrir les moissons à la miséricorde du Père de l’enfant prodigue qui nous accorde son pardon.

Plus les barrières s'abaissent entre la nature purifiée et l’ordre surnaturel, plus haut elles s'élèvent entre la nature demeurée viciée et l’Église.

Tant que celle-ci est restée fidèle à ses principes constitutifs, elle a rejeté de son sein par une ferme discipline les infidèles qui n'acceptaient ni sa doctrine ni sa morale.

Le système commode qui ouvre ses portes sans condition aux multitudes mondaines et impénitentes lui est aussi contraire que le particulariste qui fait de la vie religieuse une exception, un privilège pour une caste. Elle ne s'est pas seulement défendue contre ce faux universalisme par la sévérité de la discipline qui veillait à son recrutement et rejetait de son sein les prétendus prosélytes qui l’avaient trompée ou s'étaient abusés eux-mêmes, mais encore en préservant avec soin son culte de tout contact profané.

Même à l'époque où l'eucharistie se célébrait encore en public, l'ÉGLISE ÉCARTAIT RIGOUREUSEMENT DE LA PARTICIPATION AU SACREMENT TOUS CEUX QUI NE LUI AVAIENT PAS DONNÉ LES GAGES LES PLUS SÉRIEUX.

Elle ne se contenta pas longtemps de ces précautions et dès la fin du second siècle nous la verrons bannir du sanctuaire, après la première partie du service religieux, non pas uniquement les indignes et les impénitents, mais encore les catéchumènes nourris de sa doctrine. «Les choses saintes aux saints;» – telle est la règle inflexible qui domine le culte chrétien dans sa grande époque de ferveur et de spiritualité. Bien loin qu'il y ait aucune contradiction entre la largeur que nous y avons relevée et ces restrictions sévères, cette apparente étroitesse est la condition même de la spiritualité hardie qui en fait la concentration de la vie entière au lieu de le réduire à n’être plus qu'un acte exceptionnel et isolé.

Le christianisme ne saurait abolir la distinction entre le profane et le sacré qu'après avoir aboli le profane dans la vie.

Le culte ne la résume que si elle est sainte elle-même. 


Du jour où l'Église s'ouvre indifféremment aux multitudes inconverties, le culte doit de plus en plus trancher sur l'existence ordinaire et revêtir un caractère d’exception en ressuscitant les jours sacrés, les sanctuaires et les solennités grandioses. C'est ainsi qu'il ne peut conserver sa spiritualité qu’en étant sévèrement exclusif de tout ce qui lui est contraire.

Nous devons encore relever un dernier trait inhérent à sa grande époque, c'est la liberté de son ordonnance, l'absence d'un rituel compliqué et inflexible. Il n'est point livré à l'arbitraire, son cadre est tracé fermement quoiqu’à grands traits, mais il est étranger aux formulaires strictement arrêtés, aux liturgies invariables. La prière y conserve sa spontanéité, les soupirs de l’âme chrétienne ne sont pas notés d'avance.

CE N’EST QUE BIEN PLUS TARD QUE LA LIBRE PAROLE CHRÉTIENNE FUT ENCHAÎNÉE. Il est certain que les progrès du culte liturgique proprement dit ont concordé avec ceux de la hiérarchie.


* * *


Dans la vraie conception du culte chrétien telle que nous l’avons exposée, la piété domestique a une importance majeure; car elle est la condition, la base du culte public qui ne serait rien sans elle, puisqu'il est destiné non pas à la remplacer mais à lui donner une expression plus large.

Semblable au fleuve qui réunit dans son cours puissant tous ses affluents, le culte public fond dans une même adoration les piétés individuelles. Toute solennité chrétienne qui est considérée comme une exception est un leurre et son résultat infaillible est d'imprimer le même caractère fictif à la vie religieuse elle-même. Il s’ensuit que, pour apprécier à sa juste valeur le culte de l’Église au deuxième et au troisième siècle, il nous faut pénétrer dans la maison chrétienne et chercher de quelle manière on y pratiquait l'adoration.

Il est certain d’abord que le culte privé ne s'isolait pas plus de l'existence ordinaire que le culte public ne se séparait du culte privé.

Lui aussi concentrait la vie chrétienne dans son cours constant et varié, comme à son tour il trouvait sa propre concentration dans l'adoration en commun.

Le service de Dieu comprenait toutes les heures, tous les actes; les moments donnés plus particulièrement à l'oraison étaient destinés à ranimer le grand souffle qui devait pénétrer l'existence entière.


L'ACTE ESSENTIEL DU CULTE SOIT PRIVÉ SOIT PUBLIC EST LA PRIÈRE, c'est elle qui abaisse la barrière entre la terre et le ciel et réalise l'union vivante et personnelle de l'âme avec Dieu, portant jusqu’à lui nos soupirs, nos requêtes, notre action de grâces, notre adoration, et recevant de lui tous les dons nécessaires à la vie religieuse, à commencer par le premier de tous qui est lui-même.



L'Église de cette époque estimait à sa juste valeur le privilège de la prière, sans oublier qu'elle est en même temps une lutte sainte. Ses docteurs les plus illustres, Origène, Tertullien, Cyprien lui ont consacré des écrits spéciaux; ils nous en donnent l'idée la plus haute, en la prenant dans sa simplicité première, sur les lèvres du chrétien qui cherche pour lui-même et pour les siens le divin secours. Ces écrits se rapportent en effet avant toute chose à la piété intime et domestique.

La prière ecclésiastique où l’on retrouve les premiers linéaments d’une liturgie encore très libre est traitée à part. Nous possédons ainsi une riche documentation sur ce qui faisait le fond essentiel du culte privé dans les maisons chrétiennes.


Tout d'abord la prière impose le recueillement et la concentration de la pensée sur son objet. «Comment Dieu t'entendrait-il, si tu ne t'entends toi-même?» dit Cyprien. Le prêtre de la maison comme le prêtre de l'Église doit se dire à lui-même: Sursum corda. En haut les coeurs.

La prière a participé à ce grand renouvellement qui caractérise toute la nouvelle alliance. Elle a des ailes pour monter jusqu'au Dieu tout-puissant, portée qu'elle est par les paroles célestes que le Maître nous a enseignées et qui enferment dans une brièveté sublime les pensées les plus vastes. Elle s'élève du sanctuaire caché qu’abrite le toit le plus humble, honoré de la divine présence.

La prière n'est pas un Thabor sur lequel on s’élève à certaines heures, en se croyant permis le reste du temps de croupir dans la vulgarité d'une vie mondaine.

Non, elle n’a son prix que quand elle donne une voix à l'existence entière.

De là l’importance des dispositions morales qui l'inspirent. 


Seule l'obéissance lui fraye la voie vers le ciel; or le premier des commandements évangéliques est celui de l'amour. «Se représente-t-on que l’on s'approche du Dieu de paix, sans être soi-même un homme de paix, et que l’on demande la rémission des péchés avec un coeur plein de haine?»

Comment le Père céleste qui condamne la colère, nous accueillera-t-il, s’il nous voit tout irrités contre nos frères?

Ce n’est pas seulement la colère que l’âme chrétienne doit abjurer, mais encore tout ce qui peut troubler sa prière.

Elle doit s'inspirer de sentiments qui soient en harmonie avec Celui vers lequel elle monte. L'esprit qui est sainteté, joie et liberté, NE SAURAIT ACCEPTER un esprit souillé, chagrin ou servile.

Les contraires ne se rencontrent pas en sympathie, nulle relation n'est possible. Caïn verra toujours son offrande rejetée, tandis que celle d'Abel sera agréée. «Dieu ne regarde point tant à l'offrande qu'au coeur de celui qui l'apporte.» C’est qu’en réalité c'est le coeur qu’il demande. La prière est le vrai sacrifice de la nouvelle alliance, toutes les fois qu'elle s'élève d'une âme aimante et purifiée….

L'heure est venue où l’on adore Dieu en esprit et en vérité, car il est esprit et veut des adorateurs semblables. Nous qui l'adorons en esprit et lui offrons la prière de son choix qu'il a réclamée et déterminée, nous sommes ses vrais adorateurs et ses vrais sacrificateurs.

Cette prière où le coeur a mis toute sa ferveur, que la foi a nourrie, que la vérité a purifiée, s'élève innocente et chaste; la charité la couronne, les bonnes oeuvres l'escortent triomphalement vers l’autel de Dieu, sûre de tout obtenir. On ne peut mesurer sa puissance.

C'est cette prière-là:

qui a éteint le feu de la fournaise dans laquelle les jeunes Hébreux avaient été jetés,

elle a fermé la gueule des lions,

servi à l'affamé un repas miraculeux,

fait descendre une pluie fertilisante d'un ciel d'airain,

gagné des batailles

et surtout rendu le chrétien capable de supporter tous les supplices pour le nom de son Dieu.

Remplissant un office plus sublime encore, la prière désarme le juste courroux du Très-Haut, et couvre comme d'un bouclier les persécuteurs de l'Église, car seule la prière peut vaincre Dieu.


Christ ne lui a donné aucun pouvoir pour le mal, mais il lui a donné la toute-puissance du bien; aussi elle ne sait:

que répandre la consolation et le salut,

repousser les tentations,

raffermir les faibles,

nourrir les pauvres,

dompter les riches,

relever le chrétien tombé,

arrêter ceux qui chancellent

et maintenir ceux qui sont debout.


La prière est le mur de la foi et l'armure du chrétien contre son adversaire acharné. NE LA DÉPOSONS JAMAIS CETTE ARMURE, et gardons le drapeau de notre général, sous les armes de la prière, attendant la trompette de l'ange.

On voit combien l'efficace de l'oraison est en rapport exact avec la vie morale du chrétien. Elle en est l’expression solennelle sous peine de n'être plus qu'une cymbale retentissante.....

Le seul moyen de comprendre le précepte apostolique: Priez sans cesse, est de nous représenter la vie du chrétien comme un grand acte de prière continue.

La prière, d'après Clément d'Alexandrie, est en réalité la vie avec Dieu. Quand nous ne ferions que remuer les lèvres, ou même quand, sans les remuer, notre silence seul parlerait à Dieu, il y aurait comme un cri de notre âme, qui monterait jusqu'à lui, car DIEU ENTEND CE QUI EST AU FOND DE NOTRE ÂME LORSQU’ELLE EST TOURNÉE VERS LUI.

La prière ainsi comprise est limitée à aucun temps, à aucun lieu, il n'est pas même nécessaire qu’elle s'articule en paroles. En quelque endroit que se trouve le chrétien il prie, sans que la parole soit articulée; soit qu’il se promène, soit qu'il s'entretienne avec ses frères, qu'il se repose ou qu'il lise ou travaille, il ne cesse pas de prier.

Il suffit qu’il se soit replié dans le sanctuaire de son âme pour penser à Dieu et qu’il l'ait appelé par de secrets soupirs; le Père est près de lui et il a devancé sa requête. Si la prière ainsi comprise est comme le grand accord de l’âme chrétienne, la note dominante de la vie religieuse, il n’est pas moins nécessaire qu’elle se formule en requêtes précises.

L'oraison dominicale demeure à jamais son parfait modèle, car elle est l’abrégé de l'Évangile. Aussi les grands théologiens de la prière se sont-ils plu à en donner un commentaire complet. Ils y voient le cadre et le type de la prière quotidienne bien plutôt qu'un formulaire sacré à répéter comme si les mots avaient une vertu magique. Sans doute la prière qui redit au Père les propres paroles de son Fils a une valeur incomparable.
Le Maître qui prévoyait toutes les nécessités humaines nous a donné l'oraison dominicale comme le cadre des prières diverses et nombreuses que nous devons présenter à Dieu selon les circonstances de notre vie en nous pénétrant de son esprit.

Il est une oraison dominicale plus belle que tous les Pater récités: c'est celle de la vie chrétienne qui la redit à sa manière.

«Gardons-nous de croire, dit le grand Alexandrin, que le maître ait voulu nous apprendre à répéter certaines formules de prière à une heure déterminée. Contentons-nous d’appliquer les préceptes de la prière perpétuelle à la première requête de l’oraison dominicale: Notre Père qui es aux cieux. C'est ce que nous ferons en menant une telle vie qu’elle ne rampe pas sur la terre, mais s'élève au ciel de toute manière, et en devenant nous-mêmes des trônes de Dieu, car le royaume de Dieu réside en tous ceux qui portent l'image de l'homme céleste et qui participent ainsi à sa nature.»

L'Église, au temps de Cyprien, paraît avoir attaché plus de prix aux mots eux-mêmes de l’oraison dominicale: «Que le Père, dit-il, reconnaisse les paroles de son Fils quand nous le prions.» Il était cependant tout à fait fidèle à la spiritualité de ses glorieux devanciers quand il déclarait que le chrétien peut prier en tout lieu, en tout temps.

«Dieu nous a particulièrement recommandé, dit-il, de prier dans le secret, dans les lieux cachés, dans la retraite la plus retirée de notre demeure, afin que nous sachions qu'il est présent partout, qu'il voit et entend chacun de nous et qu’il remplit de la plénitude de sa Majesté les réduits les plus sombres.»

Il s’agit bien ici, on le voit, du culte privé célébré dans la maison chrétienne. Bien qu’en réalité ce culte comprenne toute la vie, il est très nécessaire qu’il ait ses heures consacrées. Jésus-Christ, dont la vie sainte était constamment en Dieu, cherchait chaque jour la solitude, pour se plonger dans l'oraison. Combien cela n'est-il pas plus nécessaire à son disciple accessible à tant de tentations?


La prière doit ouvrir et terminer la journée.

Trois heures paraissent avoir été en outre plus spécialement consacrées à la prière dans le courant du jour, c'étaient la troisième, la sixième et la neuvième. Elles avaient déjà pour elles la tradition de l'Ancien Testament. On cherchait à les rattacher à des souvenirs évangéliques.

C'est à la troisième heure que les flammes de la Pentecôte étaient descendues sur le cénacle à Jérusalem.

C'est à la sixième heure que Pierre avait été honoré à Joppé de la vision qui avait élargi ses idées sur l'introduction des païens dans l'Église.

C'est à la neuvième heure qu’il avait accompli avec Jean son premier miracle dans le portique du temple.

Vers la fin du troisième siècle, l'Église cherchait à rattacher les heures de l'oraison aux souvenirs de la passion, à en juger du moins par les Constitutions apostoliques. 
Tout d'abord les fidèles sont pressés d'élever leur âme à Dieu dès le réveil pour se préparer ainsi au travail de la journée.

Qu'ils prient à la troisième heure, car c'est alors que leur maître fut suspendu sur le bois maudit.

La sixième heure rappelle les ténèbres qui s'étendirent sur le monde pendant ses suprêmes douleurs.

À la neuvième heure son côté fut percé par la lance des soldats.

Il faut encore prier avant de chercher le repos de la nuit.

La nuit elle-même ne doit pas passer sans oraison, «Lève-toi à minuit et prie, car à cette heure toute la création fait silence et bénit Dieu.» il y a pour le chrétien une prière sublime dans le majestueux silence du ciel étoilé. Il croit entendre un hymne immense non perçu par l'oreille humaine, dans lequel s’unissent les astres, les forêts, les anges et les âmes bienheureuses pour louer le Dieu tout-puissant. II est juste que la prière des fidèles lui fasse écho. N'est-ce pas aussi à minuit que doit retentir la voix de l’époux, pour appeler aux noces éternelles les vierges sages?

Que le chant du coq trouve le chrétien éveillé à la fois pour bénir celui qui a brillé comme le soleil levant sur notre nuit et pour demander la grâce d'éviter la trahison du disciple infidèle si vivement rappelée par ce chant matinal.

C'est ainsi que le chrétien, selon le précepte de la plus ancienne des Constitutions apostolique, fait de sa vie entière un mémorial du Christ.

On attachait une certaine importance à l'attitude qu'il convenait de prendre dans la prière.

Il n'était pas permis de rester assis. La pratique la plus fréquente était de se jeter à genoux, sauf le dimanche, où l'on devait se tenir debout en souvenir de la résurrection du Christ.

Les mains devaient être élevées vers le ciel ainsi que les regards. Les nombreux Orantes des catacombes nous donnent une vivante image de la prière chrétienne sous sa forme la plus solennelle.

Au reste l’attitude ne tire sa valeur que du sentiment qu’elle doit exprimer. «Avant d'élever nos mains vers le ciel, dit Origène, il faut élever notre âme; avant de diriger nos regards en haut, c’est l’esprit qui doit être porté vers Dieu.»

Il est certain que de toutes les diverses attitudes du corps, celle qui convient le mieux est celle qui nous fait élever les yeux et les mains comme pour marquer par un signe nos dispositions intérieures.

Il est convenable de se conformer à cette coutume quand on n'en est pas empêché par quelque obstacle, car si l’on y est contraint par la maladie on peut prier assis ou couché. Il est aussi des circonstances comme quand on voyage sur un vaisseau, dans lesquelles, ne pouvant suivre la coutume, on peut prier sans qu’aucun signe extérieur ne l'indique. 
Qu'on n'oublie pas que l’agenouillement obligatoire pour la confession des péchés n’a d’autre valeur que de symboliser un esprit humble et brisé.

Le vrai type de la prière chrétienne est toujours le péager de la parabole se frappant la poitrine et criant grâce au Dieu qu’il a offensé.

Il est convenable de ne pas élever la voie dans l’oraison et de se contenter du langage secret d'un coeur pénitent comme le faisait Anne, la mère de Samuel; Saint-Paul n'a-t-il pas dit que les soupirs formés dans l’âme chrétienne par l’Esprit Saint sont ineffables? Dieu n’entend pas la voix, mais le coeur.


La lecture et la méditation des livres sacrés jouent un rôle important dans le culte intime. La prière est considérée comme la clef qui ouvre le divin trésor. «Rien n’est plus nécessaire que la prière pour l’intelligence des choses divines» écrit Origène à l’un de ses disciples les plus aimés.

Jusqu'ici nous avons surtout considéré la prière individuelle. À elle seule elle suffisait pour élargir l'horizon de l'âme chrétienne et l'enlever à d’égoïstes préoccupations. En priant elle remplit un sacerdoce et elle porte à Dieu avec ses peines le fardeau des douleurs de l'humanité et de l’église.

«Le Prince de la paix, dit Cyprien, le maître de l'unité n'a pas voulu que notre prière eût un caractère d'isolement individuel, de telle sorte que nous pussions jamais prier pour nous seuls. Il n'a pas dit en effet: Mon père qui es au ciel, ni: donne-moi mon pain quotidien, ni: Pardonne mes offenses. La prière a toujours pour nous un caractère général; elle implique la communauté, et quand nous prions, ce n'est pas pour un seul chrétien, mais pour tout le peuple de Dieu, parce que nous sommes un avec ce peuple.

Le Dieu de la paix et de l'amour qui nous a enseigné l'unité, a voulu que chacun priât pour tous, parce qu'en sa personne tous ont été comme portés par un seul. C’est ainsi que la prière s'épanche comme l'eau d'une source pour se répandre au-dehors sur le monde entier; elle est déjà en soi une communion spirituelle, comme l'indique le pluriel sublime de l'oraison dominicale. Il est donc naturel qu’avant de se manifester dans les grandes assemblées chrétiennes, cette communauté de la prière se réalise dans l'enceinte de la famille.

La maison chrétienne n'est-elle pas un sanctuaire depuis qu’elle a ouvert sa porte à l'hôte invisible? Nous avons déjà cité la belle et touchante parole de Clément d'Alexandrie, qui nous montre le père, la mère et l'enfant, trouvant dans leur prière commune l'accomplissement de cette divine promesse: «Là où deux ou trois sont assemblés je suis au milieu d'eux.»

Bien loin que le mariage paraisse un obstacle à la piété, il est sanctifié par elle.

«Si tu as une femme, dit la Constitution copte, prie avec elle. Que l'union conjugale ne soit point un obstacle à la prière, car elle ne nous enlève point la pureté, puisque ceux qui ont été lavés dans le sang de la rédemption n’ont pas besoin de l'être encore. Ils sont sanctifiés et purifiés.»

Les époux doivent aussi bien vaquer ensemble à la lecture des saints livres qu’à l'oraison, surtout quand ils ne peuvent assister au culte public. Tous les actes les plus ordinaires de la vie sont relevés et consacrés par la prière.

LES CHOSES CÉLESTES DOIVENT PASSER AVANT LES TERRESTRES, et il est plus important de prendre soin de son âme que de son corps.

Le chrétien était tenu de prier avant de se rendre aux bains publics. La bénédiction du repas avait une importance particulière. Dans la religion hébraïque le père de famille accomplissait un acte vraiment sacerdotal quand il bénissait Dieu le jour de Pâques, au moment de manger l'agneau pascal. Ce grand souvenir devait revenir à son esprit toutes les fois qu'il faisait monter vers le ciel une humble action de grâces autour de la table où sa femme et ses enfants étaient rassemblés pour les repas ordinaires. L'oraison dominicale demande directement à Dieu notre pain quotidien comme s'il nous le rompait lui-même de ses mains. Voilà pourquoi il convient de le bénir chaque jour pour ce don de sa providence qui nous fait ses convives.

L’évangile nous montre Jésus-Christ élevant les yeux au ciel pour rendre grâces à son Père avant de rassasier les multitudes rassemblées autour de lui. Les aliments, d'après Saint Paul, ont été créés de Dieu pour être pris par les chrétiens avec action de grâces, ils rentrent dans la grande eucharistie de la vie chrétienne.

Le repas ainsi compris revêt en quelque mesure un caractère sacramentel qui explique très bien que la sainte Cène lui ait été primitivement rattachée. Aussi les Pères du second et du troisième siècle insistent-ils à bon droit sur la nécessité de le consacrer par la prière. Clément d'Alexandrie veut même qu’on chante un hymne en prenant la coupe de vin et il n'hésite pas à appeler le repas chrétien une eucharistie.

Le chant des louanges à Dieu retentissait au foyer domestique comme dans l'Église. Quand la famille, après avoir lu les saintes Écritures, se relevait de la prière commune, elle chantait le psaume d'alléluia, puis le père, la mère et les enfants se donnaient le baiser de paix, avant que chacun se mit à la tâche de la journée.

Le soir les mêmes rites simples et touchants étaient célébrés, et la nuit ne se passait pas sans que les plus fervents adorassent de nouveau le Père qui est au ciel. Deux des anciens cantiques chantés par les familles chrétiennes des premiers siècles de l'Église nous ont été conservés. Leur forme tout individuelle indique qu'ils étaient destinés plutôt au culte privé qu'au culte publique.

CANTIQUE DU MATIN.


Je te bénirai chacun de mes jours
Et je célébrerai ton nom à jamais

Et au siècle des siècles.

Daigne, ô Seigneur, nous garder à l'abri du péché.

Sois béni, Dieu de nos Pères.

Pendant ce jour,

Que ton nom soit béni et glorifié à toujours!



CANTIQUE DU SOIR



Sois béni, ô Seigneur, enseigne-moi ta justice.

Seigneur, ton nom a été d'âge en âge.

J'ai dit: Seigneur, aie pitié de moi!

Purifie mon âme, car j'ai péché contre toi.
Ô Seigneur, je me retire vers toi.

Apprends-moi à faire ta volonté,

Car tu es mon Dieu;

Près de toi est la source de la vie;

C'est toi qui es notre lumière;

Accorde tes compassions à ceux qui te connaissent.

Un troisième cantique intitulé: l'hymne du flambeau, pouvait aussi bien convenir à la famille qu’à l'Église. Nous le reproduisons dans sa poétique simplicité:



Lumière sereine de la gloire sainte,

Fils du Père éternel, ô Jésus-Christ,

Nous venons à toi à l'heure où le soleil se couche,

Et devant la lumière du soir,

Nous cherchons le Père et le Fils,

Et l'Esprit-Saint de Dieu.

Tu es digne en tout temps

D'être célébré par les saintes voix.

Ô Fils de Dieu, tu nous donnes la vie,

C’est pourquoi le monde te glorifie.


Le même principe qui avait réglé les actes de piété pour la journée présidait à ceux de la semaine. Elle est tout entière rattachée à la commémoration de la passion de Jésus-Christ, à l’exception du samedi qui est célébré d'une manière particulière mais moins solennelle que le dimanche, en souvenir du sabbat de l'Ancienne Alliance.

LA COUTUME DE JEÛNER LE MERCREDI en souvenir de la trahison de Judas, puis le vendredi jour de la Passion, paraît s'être établie de bonne heure, sans qu’on puisse déterminer exactement la date où commence cette pratique, qui n'avait d'ailleurs primitivement aucun caractère obligatoire.

Les grandes fêtes de l'année chrétienne débordent le cadre de la famille, et se rattacheront au culte de l'Église.

Le dimanche était tout entier consacré à la joie de la résurrection; aussi les chrétiens priaient-ils debout ce jour-là à leur foyer aussi bien que dans la maison de prière.

Tandis que les images religieuses étaient sévèrement interdites dans les édifices voués au culte, il était permis aux chrétiens de graver sur leurs coupes ou leurs sceaux de pieux symboles, tels que le bon pasteur, l'ancre, la palme, le poisson mystique, le vaisseau ou tel autre signe.

Une des coutumes les plus touchantes de ces temps était de consacrer par la prière l'hospitalité largement accordée dans les maisons chrétiennes.

«Ne laisse pas, dit Tertullien, un frère franchir le seuil de ta demeure sans prier avec lui. N'a-t-il pas le droit de dire à son hôte: Tu as eu en moi un frère, plus encore je représente Jésus-Christ qui vit dans les siens.

Qui sait si l'étranger que tu reçois ne cache pas un ange de Dieu? Il estimera la bénédiction céleste au-dessus de toute ce qu’une hospitalité généreuse lui aura donné pour réparer ses forces. Si on la lui refusait, il se croirait sous le toit d’un païen sans Dieu et sans espérance. Comment à son tour, dirait-il, selon le précepte du Seigneur: La paix soit sur cette maison, si on ne la lui a souhaitée à lui-même dans la prière?»


Quelle consolation ne devait pas trouver le chrétien voyageur ou proscrit dans ces maisons sans apparat, qui lui avaient été si généreusement ouvertes, que ce fût dans une des grandes métropoles du paganisme où l'isolement eût été si cruel pour lui, devant tant de spectacles tout ensemble honteux et brillants, ou bien au fond d'une petite bourgade perdue!

Le culte chrétien se célébrait à ces humbles foyers sous des formes plus simples, mais avec autant de solennité que dans les grandes assemblées ou se réunissaient les croyants de la cité. Quoi de plus beau et de plus touchant que cette adoration en commun du matin et du soir, rassemblant la femme, les enfants et les serviteurs autour du père de famille, vrai prêtre de la maison.

Les saintes Lettres n’étaient pas lues avec plus de respect dans le culte public que sous ce toit modeste, peut-être indigent.

L'oraison ne s'élevait pas avec plus de ferveur et d’élan vers le ciel de la bouche de l’évêque que de celle de ce pauvre artisan; il ne se contentait pas d'exprimer les besoins et les épreuves des siens, avec une naïve simplicité; il présentait encore à Dieu les tristesses et les glorieuses souffrances de son peuple persécuté sans oublier les détresses cent fois pires d’un monde perdu et impénitent.

Le cantique auquel se mêlaient les jeunes voix des enfants, emportait à Dieu autant d’ineffables soupirs que les hymnes sublimes de l'Église.

Quand le père avait béni les aliments peut-être grossiers, servis sur la table rustique agrandie pour les saintes nécessités de l'hospitalité, il semblait que l’on assistait de nouveau au souper du Seigneur, comme dans les temps de l'Église de Jérusalem, où les apôtres rompaient le pain de maison en maison.

Parfois le grand silence de la nuit était interrompu par une voix grave qui retentissait à l'heure où l’Époux a promis de revenir chercher les vierges fidèles, ou comme pour répondre à ce grand hymne de la nuit dont le psalmiste nous a apporté l'écho et que Pythagore, dans ses rêveries sublimes, avait entendu rouler de sphère en sphère.

Toutes ces oraisons du jour et de la nuit n'étaient que l'expression de cette prière qui s'élevait, muette et constante, de la vie entière comme le parfum qui monte de la plante et se répand dans l'air; c'était, pour employer le mot profond d'Origène, ce grand Pater de la sainteté qui n'a jamais été égrené sur aucun chapelet et qui est la voix même d'une existence purifiée. Tel était le culte de la maison aux grands siècles chrétiens. Le culte de l'Église ne sera que son prolongement et son épanouissement, car ce n'est qu'à ce titre qu'il aura le caractère de réalité morale et de spiritualité qui en est le signe distinctif.

E. De Pressensé



Table des matières