Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XXX.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


On ignore l'époque et les circonstances de la vie du prophète Agur, dont le nom n’est mentionné dans la Bible que comme l’auteur de cet avant-dernier chapitre des Proverbes.

C’est probablement à casse de l'analogie da ses sentences avec celles de Salomon qu'elles ont été réunies dans le même livre par les hommes qui, sous la direction de l'Esprit saint, ont rassemblé le recueil des livres sacrés.

La plupart des sentences d’Agur sont peu susceptibles d'être développées et frappent plutôt par le rapprochement rapide des divers objets qu’elles font passer sous nos yeux.

Cependant les premiers versets ont une forme différente de celle des autres.

Le prophète est comme ébloui par la grandeur des sujets qu'il a à traiter, et devant lesquels il sent doublement sa petitesse et son ignorance naturelles.

- Je n'ai point appris la sagesse, dit-il, et connaîtrais-je la science des saints?

- Qui est monté aux cieux, ou qui en est descendu?

- Qui a assemblé le vent dans ses poings?

- Qui a serré les eaux dans sa robe?

- Qui a dressé toutes les bornes de la terre?

- Quel est son nom et quel est le nom de son Fils, si tu le connais?

Ces paroles, qui rappellent les passages: les plus sublimes d’Ésaïe et de Job sur le même sujet, sont surtout remarquables par leur dernier trait.

Comment, sans être prophète, Agur aurait-il parlé du Maître du ciel et de la terre comme AYANT UN FILS avec le concours duquel il eut créé toutes choses?

Nous lisons dans l'épître aux Hébreux. À l'égard du Fils il est dit (Ps. CII, 26-27) C’est toi, Seigneur, qui as fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains. Ils périront, mais tu subsistes toujours, etc. (Héb., I, 10).

Saint Paul dit ailleurs en parlant du Fils bien-aimé du Père: C’est par lui qu’ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, soit les trônes, ou les dominations, ou les principautés, ou les puissances, tout a été créé PAR lui et POUR lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent par lui (Col., I, 12, 13,16, 17).

Mais après avoir admiré la puissance et la sagesse de Dieu dans la création, Agur les adore encore davantage dans les soins de sa providence et dans la révélation qu’il a bien voulu accorder aux hommes.

- Toute la Parole de Dieu, s’écrie-t-il, est épurée.

- Il est un bouclier à ceux qui ont leur refuge vers lui.

- N’ajoute rien à ses paroles, de peur qu’il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur.

Nous trouvons souvent dans les Psaumes des rapprochements du même genre. Ainsi David commence le psaume XIX par celle déclaration remarquable: Les cieux racontent la gloire de Dieu.

Il parle des enseignements que nous donne le cours des astres. Puis, changeant tout à-coup de sujet, il s’écrie: La loi de l'Éternel est parfaite, elle restaure l’âme. Le témoignage de l'Éternel est assuré et donne la sagesse aux plus simples, etc.

Ces rapprochements sont naturels. Ils viennent de ce que pour sentir la beauté des œuvres de Dieu, et pour comprendre! les enseignements qu’elles nous donnent; il faut connaître la sagesse et l'amour de Dieu, tels que sa Parole nous les révèle.

- Plus nous aurons appris à aimer cette Parole et Celui qui l’a inspirée, plus aussi nous aimerons à contempler dans la nature les effets de ces mêmes perfections sur lesquelles repose toute notre confiance pour le temps et pour l'éternité.

La prière d’Agur, qui suit immédiatement les versets que nous venons de citer, est un des passages les plus connus et les plus souvent rappelés de tout le livre des Proverbes.

- Je t’ai demandé deux choses, dit-il; ne me les refuse pas durant ma vie.

- Éloigne de moi la vanité et la parole de mensonge.

- Ne me donne ni pauvreté, ni richesses; nourris-moi du pain de mon ordinaire, de peur qu’étant rassasié, je ne te renie et ne dise: Qui est l'Éternel, de peur aussi qu’étant dans l’indigence, je ne dérobe, et que je ne prenne en vain le nom de mon Dieu.

On ne voit pas d’une manière positive si la première des deux demandes d’Agur rentre dans la seconde, ou doit s’en séparer; c’est-à-dire s’il demande d’abord d’être préservé de vanité et de mensonge, et ensuite d’être laissé dans une salutaire médiocrité quant à la fortune; ou bien, s’il demande à Dieu d’éloigner de lui et les richesses et la pauvreté, afin de ne pas tomber ou dans la vanité ou dans le mensonge.

Cette dernière supposition serait très admissible. Les richesses nous disposent, en effet à la vanité aussi bien qu’a l'oubli de Dieu.

Comme elles nous, permettent de satisfaire un nombre de nos goûts naturels, elles nous donnent, la tentation de nous élever au-dessus de nos égaux par l’éclat de notre vie extérieure, ou de lutter avec eux dans tout ce qui nous fait briller aux regards des autres.

- Cependant le plus grand danger des richesses, c’est bien l’esprit d’indépendance auquel elles nous disposent à l’égard de Dieu.

Lorsque nous avons en abondance de quoi fournir à nos besoins sans que rien nous fasse craindre de perdre cette position favorable, nous oublions aisément que c’est Dieu qui nous la conserve, et qu’il nous donne chaque jour notre pain quotidien en écartant chaque jour, par les soins de sa providence, les divers accidents qui nous priveraient de nos richesses.

C’est ainsi que sans nier précisément l’existence de Dieu et sans dire de sa bouche: Qui est l’Éternel? ou la renie dans son cœur en ne lui rendant pas les actions de grâces qui lui sont dues et en attribuant, chacun à sa propre prudence, ce que nous recevons en réalité de la puissance et de l’amour de Dieu.

Quant aux dangers spirituels auxquels nous expose la pauvreté, nous avons dit qu’Agur paraissait y placer d’abord le mensonge.

Lors même que la prière qu’il fait à Dieu d'éloigner de lui la parole du mensonge serait tout à fait indépendante de celle relative à la médiocrité de fortune, on peut dire que la pensée de mensonge se retrouve, dans cette seconde prière elle-même.

- Nourris-moi du pain de mon ordinaire, dit-il, de peur qu’étant dans l'indigence, je ne dérobe et que je ne prenne en vain le nom de mon Dieu.

Prendre en vain le nom de Dieu comprend les faux serments aussi bien que les serments vains.

Le troisième commandement condamne toutes les manières inutiles et coupables de se servir du nom de Dieu. Cette parole d'Agur peut donc s'appliquer aux déclarations trompeuses et aux fraudes de toute espèce. Or, qui ne sait combien est grande pour le pauvre la tentation de tromper et de mentir! Il faut qu’il ait une rare fermeté de principes pour résister au désir d’exagérer ses besoins ou de dissimuler ses ressources aux yeux des personnes dont il sollicite les secours.

Agur redoute aussi la tentation de dérober. On comprend, en effet, combien, même sans parler des vols proprement dits, les pauvres doivent être particulièrement exposés à commettre des injustices et à manquer de délicatesse dans les affaires d’intérêt.

En général, il est très difficile que l’âme conserve son énergie lorsqu’elle a constamment lutter contre les nécessités, de la vie matérielle, et que, chaque moment amène une nouvelle inquiétude pour celui qui le suivra.

On finit par tomber dans le découragement et l’apathie. Les efforts devenant toujours plus infructueux, on cesse peu à peu d’en faire, et l’on se contente, jour après, jour, du soulagement momentané des aumônes.

Sans doute, le pauvre vraiment chrétien sera préservé de cet abaissement.

Il comptera sur le secours de Dieu; et cette pensée l'encouragera dans ses efforts pour se procurer par son travail des moyens de subsistance.

Si ses infirmités ou des circonstances défavorables l’obligent à recourir à l'assistance d'autrui, il s'y soumettra comme une épreuve qui lui vient de Dieu, il se contera du nécessaire et sera reconnaissant envers les hommes dont Dieu se sert pour lui faire du bien.

Ceux qui sont dans la position que désirait Agur, c'est-à-dire ceux qui peuvent facilement subvenir par leur travail aux nécessités de la vie, doivent apprendre de ce prophète à sentir avec reconnaissance les avantages de cette médiocrité et à ne pas désirer de plus grandes richesses.

Si c’est là notre position ou si Dieu nous à confié une part plus considérable des biens de ce monde, sachons plaindre ceux qui souffrent de la pauvreté, et ne soyons pas trop sévère à à l’égard des tors auxquels leur situation les expose.

Nous devons aussi faire ce qui dépend de nous pour les en préserver autant que possible. Ainsi, il faut chercher à connaître leurs besoins sans avoir trop à les interroger eux-mêmes.

Nous devons aussi faire quelques sacrifices pour procurer du travail aux pauvres qui n’ont pas encore eu recours à des assistances gratuites. C’est un pas qui leur est quelquefois pénible de franchir; mais une fois franchi le terrain est glissant; les pauvres finissent par trouver plus commode de demander que de travailler; et ils tombent ainsi promptement dans tous les dangers d’un état de dépendance.

Rappelons-nous que nous NE SOMMES QUE LES ADMINISTRATEURS DES BIENS DONT NOUS AVONS LA JOUISSANCE, afin de les recevoir chaque jour comme de la main de Dieu et de les employer d’une manière qui tourne à sa gloire.


 

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