Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XXVIII.

VERSETS 1-4.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Tout méchant fuit sans qu’on le poursuive;

- mais les justes seront assurés comme un jeune lion.

Nous trouvons dans les Psaumes des déclarations tout à fait analogues à celle-ci.

Il est dit des ouvriers d’iniquité qui dévorent le peuple de Dieu et qui n’invoquent point Dieu: ils seront extrêmement effrayés, même lorsqu’il n’y et rien à craindre (Ps. LIII, 6); et ailleurs, en parlant des mêmes hommes: C’est là qu’ils seront saisis d’une grande frayeur; car Dieu est avec la race juste (Ps. XIV, 5).

Tous ces passages nous enseignent la même vérité; c’est que la foi et la piété peuvent seules nous rassurer, non seulement contre les frayeurs dont le sujet est réel, mais contre les frayeurs imaginaires.

Dans le fond, il est naturel que nous soyons souvent effrayés. Comme notre bonheur terrestre tient à mille circonstances indépendantes de notre volonté, chacune de nos sources de jouissances peut d’un moment à l’autre se changer en une cause d’inquiétude et de douleur; de plus, nous sentons, quoique peut-être confusément, que nous avons offensé Dieu et que nous avons des châtiments à attendre.

C’est ce sentiment qui, en nous ôtant ta paix, nous fait voir du danger même là où il n’y a rien à craindre, et nous dispose à fuir sans que personne nous poursuive.

Mais si nous avons cru bien véritablement que nos péchés sont expiés par le sacrifice de la Croix, si nous sommes de ceux qui, étant justifiés par la foi, ont la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ (Rom., V, 1), alors nous ne serons plus troublés par les mêmes craintes, ou du moins nous aurons de quoi les combattre avec le secours de Dieu.

Hélas! nous ne serons pas toujours assurés comme un jeune lion!

Nous serons souvent faibles contre des maux que nous pouvons redouter, soit pour nous-mêmes, soit pour les personnes qui nous sont chères; et nous le serons surtout contre la crainte de la mort et du jugement.

Mais Dieu est avec la race juste; nous l’invoquerons avec confiance.

- Il nous donnera de croire à sa protection paternelle.

- Il nous répétera intérieurement que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu (Rom., VIII, 28).

- Il nous rappellera que si l'aiguillon de la mort c’est le péché, Dieu nom a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ (l Cor., XV, 56, 57). En sorte qu’il n’y a maintenant AUCUNE condamnation pour ceux qui sont en lui, lesquels, car cette preuve est nécessaire pour nous assurer que nous sommes bien en Jésus-Christ, lesquels ne marchent point selon la chair, mais selon l’Esprit (Rom., VIII, 1).

- À cause des péchés d’un pays, il y a plusieurs chefs, mais la domination sera prolongée, par un homme intelligent.

- Un homme qui est pauvre et qui opprime les petits est comme une pluie qui faisait du ravage, cause la disette, du pain.

- Ceux qui abandonnent la loi louent les méchants; mais ceux qui gardent la loi leur font la guerre.

Ces versets sont du petit nombre de ceux qui se rapportent aux circonstances politiques d’un pays plutôt qu’aux devoirs particuliers de chaque fidèle.

Il n’est donc pas nécessaire, pour notre édification, de chercher à les comprendre dans tous leurs détails; mais il y a pourtant des explications pratiques à retirer de leur ensemble.

Ils nous présentent une vérité que nous sommes trop sujets à perdre de vue.

Lorsqu’il y a du trouble dans un pays, que plusieurs chefs différents le tyrannisent tour à tour et s’y disputent le pouvoir, que ces chefs, appauvris par leurs désordres, emploient toutes sortes de moyens pour extorquer les richesses des citoyens paisibles que la ruine du commerce et de l’industrie plonge le peuple dans la misère, eu un mot, lorsqu’un pays, naguère dans la prospérité, gémit sous une oppression capricieuse et humiliante,

La Parole de Dieu nous déclare que c’est:

À CAUSE DES PÉCHÉS DE CE PAYS.

Cette vérité nous est enseignée, non pas seulement dans les versets dont nous nous occupons, mais dans un grand nombre de passages des Écritures.

On peut dire que toute l’histoire du peuple d'Israël en est le développement.

Dans cette histoire, écrite sous l’inspiration du Saint-Esprit, tous les évènements sont présentés comme des actes directs de la volonté de Dieu pour l’encouragement ou la punition de son peuple.

- Chaque fois que les Israélites triomphent de leurs ennemis, il est dit que c’est parce qu’ils avaient été FIDÈLES à l'Éternel.

- Chaque fois qu'ils sont vaincus, il est dit que c'est parce qu'ils ont été REBELLES aux ordres de Dieu ou qu'ils sont retombés dans l'idolâtrie.

Ce qui arrivait alors arrive encore de nos jours. Seulement l'intervention de Dieu se cache pour l'ordinaire sous les causes secondes, quoiqu'elle se montre, dans certains cas, d'une manière tellement éclatante, que les yeux les moins clairvoyants ne peuvent manquer de l'apercevoir.

Il est bien important d’envisager ainsi, comme des fléaux envoyés de Dieu, les maux qu’une nation peut avoir à souffrir par l’ambition, la cupidité, l’esprit de vengeance, ou seulement la folie de quelques individus.

Au lieu de s’irriter contre eux, on se replie alors sur soi-même.

On cherche, quels sont les péchés particuliers de la nation dont on fait partie, péchés dont la responsabilité pèse sur chacun de ses citoyens.

On s’en, humilie même quand on peut se rendre le témoignage de n’y avoir, en aucune sorte participé directement; car si nous sommes chrétiens, nous reconnaîtrons que nous devions, non seulement n'avoir aucune part aux oeuvres infructueuses des ténèbres, mais encore les condamner (Ephés., V, 11) en manifestant en toute occasion notre réprobation pour le péché, sous quelque forme qu’il se présente.

ll est de plus recommandé aux chrétiens de briller comme des flambeaux dans le monde portant devant eux la Parole de vie (Philip., II; 15).

Cela signifie qu’is doivent répandre autour d'eux, par tous les moyens possibles, la connaissance des miséricordes de Dieu telles qu’elles sont révélées dans sa Parole et manifestées en même temps dans toute leur conduite l'effet de vérité qu'ils professent.

Or, nous ne faisons jamais tout ce que nous pourrions pour avancer ainsi le règne de Dieu dans notre patrie par nos efforts personnels, par notre exemple et par nos prières.

Nous pouvons donc toujours nous humilier des péchés qui se commettent au milieu de nous, en pensant que si nous avions fait ce que nous devions faire et si chaque chrétien avait agi selon la mesure de son influence, le mal aurait été moins grand et ne nous aurait peut-être pas attiré les châtiments que Dieu nous inflige.

L’humilité, quand elle, est sincère, n’est jamais séparée de la charité.

En pensant à nos propres péchés, sous sommes beaucoup moins disposés à nous irriter contre les hommes dont les vices nous font souffrir. C’est alors que nous pouvons, selon le précepte de l’Écriture, prier pour ceux qui sont élevés en dignité.

Sans doute, nous ne demanderons pas à Dieu la continuation d'un état de choses contraire à la justice et à une véritable paix, mais nous plaindrons ces hommes aveuglés que leurs passions tyrannisent peut-être encore plus qu'ils ne tyrannisent leurs semblables.

Nous demanderons à Dieu de leur accorder, avant qu'il ne soit trop tard, la repentance pour avoir la vie; et nous lui rendrons grâce, en même temps, d'avoir embrassé, par la foi, le royaume qui ne peut être ébranlé (Héb., XII, 28); d'être devenu citoyens d'une patrie où l'égoïsme des hommes ne saurait plus nous atteindre, de cette patrie dont Saint Paul disait: Notre bourgeoisie est dans les cieux (Philip., III, 20).


VERSET 5-10

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Les gens adonnés au mal n’entendent point ce qui est droit,

- mais ceux qui cherchent l'Éternel entendent tout.

Il est peut-être utile, pour mieux comprendre toute la portée de cette déclaration, de la rapprocher de celle de Saint Paul:

- L’homme animal ne comprend point les choses qui sont de l'Esprit de Dieu; car elles lui paraissent une folie et il ne peut les entendre, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. Mais l'homme spirituel juge de toutes choses et personne ne peut juger de lui (1 Cor., II, 14, 15).

Ce rapprochement n’est pas forcé, puisque pour chercher l'Éternel, il faut qu’il se soit déjà fait en nous une œuvre du Saint-Esprit.

L’Éternel a regardé des deux sur les fils des hommes, dit David, pour voir s’il y a quelqu’un qui ait de l’intelligence et qui cherche Dieu. Ils se sont tous égarés, etc. (Ps. XIV)

L’homme dans son état de chute, l’homme naturel que l’Écriture appelle animal c’est-à-dire doué d’âme (parce qu’il n’a que son âme et non le Saint-Esprit), ne peut donc pas juger des choses spirituelles.

Il pourra juger de la plupart des choses relatives à nos devoirs envers les hommes; mais il n’entendra point ce qui est droit lorsqu’il s’agira

- de la foi,

- de la paix,

- de la résignation,

- de l’humilité,

- de l’amour pour Dieu,

- de la fidélité confesser son nom,

- du zèle pour l’avancement de son règne,

- de l’amour, fraternel, etc.,

ainsi, que des détails de conduite qui se rapportent à ces diverses dispositions.

L’homme spirituel, au contraire, c’est-à-dire, l’homme chez qui a commencé l’œuvre du renouvellement du cœur par le Saint-Esprit, juge de toutes choses.

Il les juge au point de vue spirituel, et il peut aussi se mettre à la place de ceux qui les jugent sous le point de vue naturel et mondain, puisqu’il les a lui-même longtemps, jugées ainsi et qu’il est bien souvent tenté de le faire encore.

Lors donc que nous avons un conseil à demander, il faut nous adresser, non pas aux hommes qui, dans leur ignorance spirituelle, nous feraient peut-être agir d’une manière contraire à la volonté de Dieu, mais à ceux qui entendront tout parce qu’ils cherchent l'Éternel, aux fidèles dont toute la vie prouve qu’ils sont éclairés et dirigés par les lumières du Saint-Esprit.

- Le pauvre qui marche dans son intégrité vaut mieux que celui dont les voies sont détournées et qui est riche.

- Celui qui garde la loi est un enfant entendu;

- mais celui qui entretient les gourmands fait honte à son père.

Les vérités contenues dans ces versets sont si simples et si clairement énoncées, qu’il n’est pas nécessaire, de s’y arrêter.

Peut-être, cependant, ne se conduit-on pas toujours dans le monde comme si l’on jugeait en effet que le pauvre qui marche dans son intégrité, vaut mieux que celui dont les voies sont détournées et qui est riche.

De même, la gourmandise est à peine regardée comme un péché, EXCEPTÉ de ceux qui recherchent SÉRIEUSEMENT la sanctification de leur âme.

On oublie, entre autres déclarations effrayantes de l'Écriture, que Saint Paul, dit, de ceux qui ont leur ventre pour Dieu, qu’ils sont ennemis de la croix de Christ et que leur fin sera la perdition (Philip., III, 18,19).

- Celui qui augmente ses biens par l'usure et par surcroît, l'assemble pour celui qui aura pitié des pauvres.

Il y a deux manières de comprendre cette déclaration.

1) Elle peut signifier que Dieu dissipera les biens mal acquis de celui qui profite de la détresse de son prochain pour s’emparer de son nécessaire au moyen de l’usure, tandis qu’au contraire il prendra soin d’enrichir ceux qui emploient la plus grande partie de leurs biens à soulager les besoins des pauvres.

Nous pouvons bien croire que telles ont été le plus souvent les dispensations de Dieu à cet égard sous l’Ancienne Alliance, dans un temps où les promesses et les menaces relatives à la vie avenir étaient moins abondamment énoncées et où Dieu manifestait plus directement sa justice par des bénédictions et des châtiments temporels.

Rien ne nous empêche cependant de penser qu’il n’en agisse encore souvent de même sous l’alliance évangélique; et l’on pourrait citer sur ce sujet des exemples très remarquables.

2) Mais il y a une autre manière de comprendre la sentence de Salomon, et dans ce sens, elle se réalise toujours. Celui qui s'enrichit par l'usure est un avare, il cherche à augmenter ses biens plutôt qu'à en jouir, et il ne profite de ce qu'il possède ni pour les autres, ni pour lui-même.

Mais lorsque ces richesses inutilement amassées passent dans les mains d'un homme bienfaisant, celui-ci en jouit véritablement parce qu'il peut, par leur moyen, soulager des souffrances et prévenir des murmures.

C'est donc en réalité pour lui que ce bien a été assemblé et non pour celui qui l'avait augmenté par l'usure.

- La prière même de celui qui détourne son oreille pour ne point écouter la loi est en abomination.

Nous voyons dans bien des passages de l'Écriture que Dieu rejette le culte hypocrite ou uniquement, formaliste des pécheurs obstinés qui méprisent ses offres de salut et ne s'occupent, nullement d’obéir à ses préceptes.

Mais la sentence, de Salomon s’applique aussi d’une manière remarquable aux hommes qui peuvent à juste titre être appelés chrétiens; et peut-être y a-t-il peu de paroles de nos saints livres qui soient plus faites que celle-ci pour les disposer à se sonder eux-mêmes est la présence de Dieu.

Oui; nous tombons souvent, sans nous en rendre compte, dans une secrète hypocrisie. Il nous semble que nos prières sont sincères lorsque nous demandons à Dieu, la force de faire sa volonté et que nous lui demandons même de nous la faire bien discerner, afin de pouvoir l'accomplir.

Mais en même temps nous avons peur au fond de notre âme de connaître réellement cette volonté au sujet de bien des choses que nous voulons continuer à faire, sans être bien sûrs que Dieu les approuve, ou auxquelles nous nous refusons encore, tout en pensant quelquefois qu’elles pourraient bien être dans la volonté de Dieu à notre égard.

Alors nous détournons, pour ainsi dire, les oreilles de notre esprit, afin de ne pas comprendre les applications que nous aurions à nous faire, soit de ce que nous lisons dans la Parole de Dieu, soit des exhortations que nous avons occasion d'entendre.

- Dans de pareilles dispositions, il est évident que nos prières au sujet de notre sanctification ne peuvent pas être véritablement sincères.

Nous sommes de ceux dont LE CŒUR EST PARTAGÉ et qui sont inconstants dans toutes leurs voies, de ceux qui hésitent en demandant la sagesse et qui ne doivent pas s'attendre à recevoir aucune chose du Seigneur (Jacq., I, 6-8).

Mais la déclaration qui nous occupe est plus effrayante encore.

- Il n’est pas dit seulement que DES PRIÈRES FAITES AINSI SANS SINCÉRITÉ NE SERONT PAS EXAUCÉES;

- il est dit de plus QU’ELLES SONT EN ABOMINATION.

En effet, dans de telles prières, on se joue de l’inestimable privilège de pouvoir puiser en Dieu toutes les grâces spirituelles dont nous avons besoin, et l’on fait comme si l’on croyait pouvoir le tromper par des paroles qui n’expriment pas nos véritables sentiments.

Craignons donc, par-dessus toutes choses, tout ce qui ressemble à l’hypocrisie; et ne nous persuadons pas à la légère d’être tout à fait exempts dé cette funeste disposition. Demandons constamment à Dieu ce cœur entier, ce coeur doit qui seul lui est agréable, et auquel seul il accorde ses grâces et ses bénédictions!


VERSETS 10-17.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Celui qui fait égarer dans un mauvais chemin ceux qui vont droit, tombera dans la fosse qu'il aura faite;

- mais ceux qui sont intègres hériteront le bien.

Si ces paroles devaient se prendre dans le sens matériel, personne ne s’étonnerait de la menace qu’elles renferment. Il y a même peu d’hommes assez dénaturés pour écarter de leur chemin et faire tomber dans quelque danger ceux qui, ayant une route à suivre, se confient à leur direction.

Mais il en est tout autrement lorsqu’on prend ces paroles dans leur sens spirituel, lequel, sans doute, est principalement dans l’intention du roi-prophète.

Il n'arrive que trop souvent, même aux chrétiens, de faire égarer dans un mauvais chemin ceux qui vont droit. Il suffit pour cela d’être plus faible, plus lâche et moins sanctifié que celui à qui nous nous permettons de donner des conseils. Alors nous sommes effrayés des sacrifices auxquels l’exposeraient sa fidélité à confesser ses principes, son obéissance scrupuleuse, ou son zèle pour l’avancement du règne de Dieu.

Par exemple, il y a pour les serviteurs de Dieu des postes qui exigent plus de renoncement que les autres.

Souvent ces postes restent longtemps vacants au grand détriment de beaucoup d’âmes; et cela arrive peut-être, parce que les hommes dévoués qui auraient été disposés à les remplir, ont été retenus par les craintes exagérées et l’affection trop charnelle de leurs familles.

On s’étonne quelquefois de la sévérité des reproches que fit Jésus à l’apôtre Pierre lorsque celui-ci, à l’ouïe des souffrances et de la mort auxquelles devait s’exposer son maître, s’écria dans son affection tout humaine: A Dieu ne plaise. Seigneur, cela ne t’arrivera point! Jésus lui dit: Arrière de moi, Satan; tu m’es en scandale; car tu ne comprends point les choses qui sont de Dieu, mais seulement celles qui sont des hommes (Matth., XVI, 22, 23).

Nous sommes tentés d’excuser le zèle mal éclairé, mais sincère, qui faisait parler l'apôtre. Et cependant que serait devenue l’humanité s’il avait été possible que Jésus se laissât ébranler par de semblables suggestions et n’eût pas consommé le sacrifice qui nous sauve?

C’était bien, sans que Pierre s’en doutât, faire l’œuvre de Satan que de chercher à empêcher l’accomplissement de ce sacrifice.

- Nous aussi, sans peut-être nous en rendre compte, nous entrons dans les vues du grand ennemi des âmes toutes les fois que nous cherchons à détourner un de nos frères de l’accomplissement de quelques devoirs.

Nous encourons alors, par nos paroles, si ce n’est par notre exemple, les terribles jugements dénoncés par notre Sauveur contre ceux qui sont en scandale, ou en occasion de chute pour leurs frères.

- L’homme riche pense être sage;

- mais le pauvre qui est intelligent le sondera.

Cette parole peut être rapprochée du verset cinquième: Les gens adonnés au mal n’entendent point ce qui est droit; mais ceux qui cherchent l'Éternel entendent tout.

Ce rapprochement ne signifie pas, sans doute, que les gens riches soient plus adonnés au mal que les gens pauvres.

LE MAL, c’est-à-dire L’ESCLAVAGE DU PÉCHÉ, existe également dans toutes les classes de la société, puisqu’il a sa source dans le cœur de l’homme.

Mais il est question ici du pauvre qui est intelligent; et nous avons vu que les hommes vraiment intelligents, parce qu’ils cherchent l'Éternel, sont les seuls qui puissent entendre tout, comprendre les choses spirituelles aussi bien que les temporelles et n’être eux-mêmes jugés de personne.

Par conséquent, lorsqu’un homme riche qui n'est pas dans la foi pense être sage parce qu'il a réussi à acquérir ou à conserver ses richesses et parce qu'il jouit d'une réputation honorable, un homme pauvre, mais FIDÈLE comprendra qu'une sagesse qui se borne là n'est pas la véritable sagesse.

Il pourra discerner chez ce riche:

- beaucoup d'orgueil,

- de complaisance pour lui-même,

- d'attachement aux biens terrestres,

- peut-être même de l'indélicatesse dans les moyens de l'augmenter

- et toujours l'absence de cette paix et cette espérance qui ne nous sont données que par la foi.

Au lieu donc de porter envie à ceux qui possèdent des richesses, le pauvre, s’il est VRAIMENT FIDÈLE, rendra grâces à Dieu de lui avoir fait trouver la perle de grand prix, lors même que pour l’acquérir, il lui aurait fallu sacrifier tous les avantages de ce monde.

- Celui qui cache ses transgressions ne prospérera point;

- mais celui qui les confesse et qui les délaisse obtiendra miséricorde.

Cette sentence est une des plus généralement connues et des plus souvent citées du livre des Proverbes.

Elle est un des nombreux passages de l’Ancien-Testament où nous pouvons déjà trouver l'Évangile, c'est-à-dire la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ, car, quoique le moyen ne soit pas toujours indiqué, nous savons, par les déclarations formelles de l'Écriture:

- qu'il n'y a de salut en aucun autre et qu'il n'y a sous le ciel AUCUN AUTRE NOM qui ait été donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés (Actes, lV, 12);

Si donc celui qui confesse ses transgressions peut obtenir la miséricorde ou le pardon de Dieu, c'est UNIQUEMENT parce que la peine due à nos transgressions a été portée par Jésus, parce que le châtiment qui nous apporte la paix est TOMBÉ SUR LUI et que la plaie lui a été faite pour le péché de son peuple.

Lorsqu’on perd de vue cette mystérieuse vérité, on est disposé, sans s’en apercevoir, à se représenter Dieu comme un père indulgent qui ferme les yeux sur beaucoup de torts de la part de ses enfants, lorsqu'il les voit en général désireux de lui plaire et soumis à ses ordres.

Non; Dieu qui est parfaitement saint

ne peut pas avoir de l'indulgence pour le péché.

DIEU A LES YEUX TROP PURS POUR VOIR LE MAL, nous dit l'Écriture, c’est-à-dire qu'il les a trop purs pour supporter la vue du mal, même dans ce qui ne nous paraîtrait que les plus excusables faiblesses.

Il a proclamé aussi bien sa SAINTETÉ que sa MISÉRICORDE lorsque, afin de pouvoir épargner les pécheurs, il n’a point épargné son propre Fils.

C’est ainsi que s’explique cette parole du Psalmiste: Il y a pardon par-devers toi, afin qu’on te craigne (Ps. CXXX, 4).

- Pour que nos péchés nous soient pardonnés, il faut donc que nous les confessions en reconnaissant devant Dieu que nous n’avons mérité que sa colère et qu’il serait trouvé juste en nous punissant.

Cette confession ne doit pas se faire une fois pour toutes. C’est tous les jours que nous devons nous humilier de nos fautes de la journée, en recourant de nouveau, par la foi, au sang qui purifie de tout péché.

- Mais en même temps, si nous comprenons à quel prix nous avons été rachetés,

- nous ne nous contenterons pas de confesser nos fautes;

- nous en serons véritablement affligés;

- nous chercherons, par nos efforts vigilants et par nos ardentes prières, à NE PAS RETOMBER dans nos habitudes de péché et à délaisser ainsi les transgressions que nous avons confessées.

C’est à cet effroi du péché que se rapporte la déclaration du verset suivant:

- Heureux est l’homme qui est continuellement dans la crainte;

- mais celui qui endurcit son cœur tombera dans la calamité.

Si les dernières paroles n’expliquaient pas les premières, on pourrait s’étonner de l’expression du prophète, puisque en général le sentiment de la crainte, bien loin d’être une source de bonheur, rend malheureux celui qui l’éprouve.

Mais ici le sentiment de la crainte est mis en opposition avec l’endurcissement du cœur. Il s’agit donc de LA CRAINTE D’OFFENSER DIEU.

Or, celle crainte, chez ceux qui ont obtenu miséricorde, est une crainte toute filiale.

L’union que nous avons avec Dieu PAR Jésus-Christ nous fait participer à la haine qu’il a pour le mal. Aussi cette frayeur du péché, qui entretient en nous l’activité de la conscience, y entretient-elle en même temps la paix, parce qu’elle nous laisse en communion avec Dieu; elle nous fait sentir que nous sommes bien dans la condition de ses véritables enfants et les objets de toutes ses promesses.

Si notre cœur ne nous condamne point, dit saint Jean, nous avons une grande confiance devant Dieu.

Nous pouvons croître ainsi dans la foi, dans l’amour et dans l’espérance, sentiments qui sont les sources du vrai bonheur. La connaissance de notre faiblesse et la crainte de succomber aux tentations nous font éviter bien des chutes qui nous auraient occasionné d’amers regrets.

Et si nous sommes fatigués d’une lutte contre le péché qui se renouvelle sans cesse, nous anticiperons avec plus de joie sur le temps où cette lutte aura cessé, sur le repos réservé au peuple de Dieu après les tentations et les douleurs de la vie présente.

Quant à l’autre partie de cette sentence, l'homme qui endurcit son cœur pourrait signifier ici l’homme qui est resté dans sa rébellion naturelle et qui ne s’est pas réconcilié avec Dieu en embrassant ses offres de miséricorde.

Il serait facile alors de comprendre comment il tombera dans la calamité.

Mais cette effrayante déclaration peut s’appliquer aussi aux hommes qui, tout en se croyant dans la foi, n’ont pas compris quelle est la sainteté de Dieu et l’horreur qu’il a pour toute espèce de péchés.

Ils excusent leurs propres faiblesses et se relâchent toujours plus dans leur obéissance. Ils s’exposent témérairement à des tentations inutiles, repoussent les avertissements de leurs frères et veulent concilier la satisfaction de leurs penchants naturels avec les privilèges du vrai croyant.

Mais ils éprouveront que ces deux choses ne sont pas compatibles. Leur foi et leur espérance s’affaibliront peu à peu; et comme ils ne redoutent pas assez le péché pour comprendre le prix d’un salut gratuit, leur amour pour Dieu s’affaiblira de même.

Ils n’auront donc aucune des consolations du fidèle au moment de voir disparaître les scènes d’ici-bas; et l’approche de la mort n’aura pour eux que des angoisses; ou bien peut-être Dieu les ramènera-t-il miséricordieusement à lui par des coups douloureux dont ils souffriront doutant plus que dans leur état d’endurcissement, ils n’y pourront pas d’abord reconnaître la main d’un père.


VERSETS 18-38.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Celui qui marche en intégrité sera affermi;

- mais le pervers qui a une conduite double tombera tout d’un coup.

Le mot INTÉGRITÉ peut se prendre dans des sens un peu différents.

Dans son sens littéral, intègre signifie ENTIER.

Il nous est souvent recommandé dans l’Écriture d’avoir un cœur intègre ou entier; c’est-à-dire D’AVOIR LE CŒUR ENTIÈREMENT DÉVOUÉ À DIEU au lieu d’être partagé entre Dieu et le monde.

C’est dans ce sens qu’il est écrit: Heureux ceux qui sont intègres dans leurs voies et qui marchent dans la loi de l’Éternel (Ps. CXIX, 1).

D’après cette signification, le passage que nous avons sous les yeux ferait contraster le bonheur final de l’homme qui vit uniquement pour Dieu avec le malheur plus ou moins prochain de l’homme hypocrite dont la conduite double tantôt revêt l’apparence de la piété et tantôt la renie par ses œuvres (2 Tim., III, 5).

Il est toujours utile qu’une telle vérité nous soit rappelée, lors même qu’elle ne serait pas le but direct de ce passage.

En effet, le mot INTÉGRITÉ a perdu peu à peu dans le langage ordinaire sa signification primitive pour prendre seulement celle de PROBITÉ. Dans ce sens, la sentence que nous examinons ne serait pas moins effrayante pour les hommes qui manquent de droiture et qui cherchent à tromper leur prochain dans les affaires qu’ils ont ensemble.

C’est à ce genre d’iniquité que se rapportent plusieurs autres passages du même chapitre. Ainsi il est dit:

- L’homme loyal abondera en bénédictions; mais celui qui se hâte de s’enrichir ne demeurera point impuni.

- Il n’est pas bon d’avoir égard à l’apparence des personnes; car pour un morceau de pain l’homme prévariquera.

- L’homme qui est envieux se hâte pour avoir des richesses, et il ne considère pas que la disette lui arrivera.

Ces passages sont remarquables en ce qu’ils ne condamnent pas seulement les fraudes et les injustices proprement dites, mais ils condamnent la disposition qui en est le principe, c’est-à-dire l’impatience de s’enrichir!

L’Esprit de Dieu parle pour TOUS les temps; aussi ne devons-nous pas nous étonner si de telles paroles semblent s’appliquer d’une manière particulière à l’époque où nous vivons.

L’incrédulité qui dessèche l'âme et détruit les espérances éternelles d’un si grand nombre d'hommes, augmente en proportion chez eux la soif des jouissances temporelles, et par conséquent l’impatience d'acquérir les moyens de se les procurer.

On sait tout ce qu’il en résulte de spéculations hasardeuses et indélicates par lesquelles les uns s’enrichissent aux dépens des autres, et finissent souvent par tomber dans la même ruine.

C’est encore en nous enlevant le principe de la charité et en nous laissant dans notre égoïsme naturel que l’incrédulité pratique provoque cette avidité. On s’afflige de voir d’autres hommes posséder des jouissances que l'on ne possède pas et c'est ainsi que l'homme envieux se hâte pour avoir des richesses.

Il n’est pas possible de concilier cette impatience avec une scrupuleuse probité dans les moyens de la satisfaire; c’est pour cela que Salomon oppose l’homme loyal à celui qui se hâte de s'enrichir, et qu’il dénonce à celui-ci, à diverses reprises et sous diverses formes, les châtiments de Dieu.

Un homme qui a DES PRINCIPES VRAIMENT CHRÉTIENS ne risquera pas d’être entraîné aussi loin que d’autres par le désir de devenir riche.

Il ne prévariquera peut-être ni pour un morceau de pain ni pour un gain considérable. Mais l’amour des richesses fera également courir à son âme un immense danger, en l’occupant toujours davantage d’intérêts purement matériels, en affaiblissant sa confiance en Dieu, en obscurcissant ses espérances éternelles, et en le fermant peu à peu aux inspirations de la charité.

Prenons garde à ces avertissements donnés par Saint Paul à un pasteur de la primitive Église:

- Ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans le piège, et dans plusieurs désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et dans la perdition.

- Car l’amour des richesses est la racine de toutes sortes de maux; et quelques-uns les ayant recherchées avec ardeur se sont détournés de la foi et se sont embarrassés eux-mêmes dans bien du tourment.

Puis, comme pour nous faire sentir que l’amour des richesses est incompatible avec les dispositions qui constituent le caractère chrétien, il ajoute:

- Mais toi, ô homme de Dieu fuis ces choses et recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la patience et la douceur (I Tim., VI, 9-11).

Lorsqu’on est dominé par l’amour des biens de ce monde, on cherche à se faire illusion sur la légitimité des moyens de les acquérir: Celui qui vole son père ou sa mère et qui dit que ce n’est point un crime, est compagnon de l’homme destructeur.

On a de la peine à se représenter que quelqu’un puisse croire qu’il n’y a pas de péché à voler son père ou sa mère, puisque les torts que nous avons à l’égard de nos semblables s’aggravent à proportion des rapports que nous soutenons avec eux et de la reconnaissance que nous leur devons.

Il peut arriver cependant que des enfants dénaturés convoitent les biens de leurs parents déjà avancés en âge et qu’ils s’irritent de ce que ceux-ci les retiennent dans leurs mains au lieu d’en partager avec eux la jouissance, ou du moins, de ce qu’ils les administrent avec peu de sagesse, sans consulter leurs enfants sur la manière de les faire valoir.

Alors ils chercheront des prétextes pour s'emparer de cette administration, en disant qu’ils ne font aucun tort à leurs parents, au profit desquels, au contraire, les affaires seront dirigées.

Mais lors même qu’il en serait ainsi, l’injustice ne serait pas moins grande, sans parler de la monstrueuse ingratitude qu’elle suppose.

Tant que des parents vivent, ce qu’ils possèdent leur appartient en entier; et ils ont le droit de l'administrer selon leur raison ou même selon leurs caprices, à moins que, pour quelque cause particulière, la loi ne les en ait déclarés incapables.

Souvent ils trouveront convenable de se décharger sur leurs enfants d’un pareil fardeau; mais ce n’est pas à ceux-ci à s’en saisir eux-mêmes.

On voit, grâces à Dieu, au contraire, beaucoup de fils et de filles d’un âge mûr qui, obligés d’aider leurs vieux parents dans la direction de leurs affaires, cherchent avec délicatesse à leur faire supposer que celle direction leur appartient encore et consultent leurs désirs pour les suivre autant que possible. Cette conduite est la conséquence nécessaire du véritable respect filial et un des traits que renferme le commandement positif d’honorer son père et sa mère.

Mais ce serait peu que l’amour des richesses ne nous fît pas commettre d’injustices; il faut encore que, préservés de cette funeste disposition, notre cœur puisse rester ouvert à l’exercice de la bienfaisance. C’est ce qu’ajoute Salomon:

- Celui qui donne au pauvre n’aura point de disette;

- mais celui qui en détourne les yeux abondera en malédictions.

Celui qui en détourne les yeux! hélas! combien souvent, bien différents du bon Samaritain, ne sommes-nous pas tentés de détourner nos yeux et nos oreilles pour ne pas voir des misères qui exciteraient notre repoussement et ne pas entendre des plaintes qui semblent nous reprocher notre bien-être!

Si le sentiment du devoir nous empêche de fermer nos yeux et nos oreilles aux malheureux qui nous demandent des secours, c’est notre cœur souvent qui reste fermé à leurs plaintes. Notre main s’ouvre en leur faveur; mais nous n’éprouvons pas cette charité et cette compassion qui doubleraient pour eux le prix de notre aumône et sans lesquelles nos plus grandes libéralités ne sont pas un fruit de la grâce de Dieu dans notre cœur.

- Plus nous comprendrons l'immensité de l’amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ,

- plus nous aurons d’amour pour notre prochain et de sympathie pour ses misères temporelles et spirituelles.

Demandons à Dieu d’être RENOUVELÉS à l'image de ce Sauveur, qui non seulement soulageait les malheureux accourant en foule devant ses pas, mais dont le cœur était ému de compassion à la vue de leurs infortunes.




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