Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XXVII.

VERSETS 1-7.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Ne te vante point du jour du lendemain, car tu ne sais pas ce que le jour enfantera.

Le mot de vanter peut au premier moment étonner un peu dans ce passage. Il nous semble qu’il y a surtout de l’imprudence et de la folie à dire: Nous irons aujourd’hui ou demain dans une telle ville, nous demeurerons là une année, nous y trafiquerons et nous y gagnerons; tandis que nous ne savons pas seulement ce qui arrivera demain, et que nous perdons de vue que notre vie n’est qu’une vapeur qui, d’un moment à l’autre, peut s’évanouir (Jacq., IV, 13-15).

Mais, après les paroles que nous venons de citer, saint Jacques ajoute aussi: Toute VANTERIE de cette sorte est mauvaise (v. 16).

C’est que, sans nous en apercevoir peut-être, il y a beaucoup d’orgueil, chez des créatures aussi dépendantes que nous le sommes, à oublier cette dépendance et à parler comme si nous étions les maîtres des circonstances extérieures, de notre santé, de celle des autres et de notre vie elle-même.

Cette vanterie est mauvaise, non seulement parce qu’elle nourrit notre orgueil, mais encore parce qu’en nous faisant oublier:

- NOTRE DÉPENDANCE ENVERS DIEU quant aux évènements,

- NOTRE DÉPENDANCE ENVERS DIEU quant à ses droits sur notre obéissance.

Si notre vie appartient à Dieu dans le sens que lui seul en règle les destinées, il n’est pas moins certain que, comme ses créatures, nous lui appartenons nous-mêmes avec tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes.

Nous avions été créés, non pour nous-mêmes, mais pour glorifier notre Créateur; et c’est l’oubli de cette vérité qui est le principe de notre chute.

De plus, si nous sommes chrétiens, nous avons été rachetés à grand prix, comme s’exprime Saint Paul; et par des droits plus sensibles à notre cœur, nous appartenons à Celui qui s’est donné en rançon pour nos âmes.

Aussi Saint Paul ajoute-t-il que nous devons glorifier Dieu dans notre corps et dans notre esprit qui lui appartiennent (1 Cor., VI, 20); et il dit ailleurs: Je vous exhorte donc, par les compassions de Dieu, que vous offriez vos corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, ce qui est votre service raisonnable (Rom., XII, 1).

Lors donc que dans nos projets nous dirons, selon l’exhortation de saint Jacques: S’il plaît à Dieu et si nous sommes en vie, nous ferons telle ou telle chose, souvenons-nous par cela même que notre temps, nos forces, nos facultés, nos biens, notre influence, tout ce qui est à nous et en nous appartient à Celui de qui dépend notre vie et doit lui être consacré.

Si la pensée de notre dépendance à l’égard de Dieu arrête quelquefois nos projets et nos espérances, elle est en même temps pour le chrétien une grande consolation dans les jours de peine et d’inquiétude.

Il se répète qu’il ne sait pas ce que le jour enfantera; que, par conséquent, les évènements qu’il redoute peuvent arriver d’une manière toute contraire à son attente.

Il se confie en la sagesse, la puissance et la bonté de Celui qui dirige toutes choses; et ne souffrant que du moment présent, il profite de cette déclaration de notre Seigneur: Le lendemain aura soin de ce qui le regarde. A chaque jour suffit sa peine (Matth., VI, 34).

- Qu’un étranger te loue et non pas ta propre bouche.

- Que ce soit un autre et non pas tes lèvres.

Nous avons vu dans le chapitre précédent que Salomon condamne la flatterie. Mais, dans le fond, les louanges plus ou moins sincères ne nous font du mal que si nous les acceptons comme fondées et que, pour ainsi dire, ce soit notre propre bouche qui vient à nous louer.

Tant que notre conscience les repousse sincèrement, elles ne peuvent nous être nuisibles. Il est donc probable que, dans cette déclaration, le Saint-Esprit nous exhorte à examiner notre cœur lorsque nous sommes loués des hommes.

Alors nous découvrirons tant de motifs personnels, tant de faiblesse et de négligence dans les œuvres ou dans l’accomplissement des devoirs pour lesquels nous sommes loués, que ces éloges ne seront pas seulement contrebalancés par les reproches de notre conscience, mais qu’ils deviendront pour nous la source d’une salutaire humiliation.

Cependant il n’en reste pas moins vrai que les louanges sont dangereuses, et que nous donnons au contraire à nos amis une véritable preuve de notre affection en leur exposant franchement ce que nous trouvons à blâmer dans leur conduite.

C’est ce qui nous est enseigné dans les déclarations suivantes:

- La correction manifeste vaut mieux qu’une amitié cachée.

- Les blessures de celui qui aime sont fidèles; mais les baisers de celui qui hait sont à craindre.

Souvent, dans notre intérêt pour nos amis, nous nous affligeons en secret de leurs torts, mais sans oser leur témoigner notre désapprobation. Alors cette amitié cachée reste infructueuse, tandis qu’en les redressant avec un esprit de douceur (Gal., VI, 1), nous aurions peut-être réussi à leur faire changer de conduite.

Mais il est possible que le but de ce passage soit de nous engager moins à exercer la correction fraternelle qu’à nous y soumettre avec docilité et reconnaissance lorsqu’elle est exercée à notre égard.

Sans doute il ne faudrait pas céder aveuglément et sans conviction à une influence étrangère. Mais lorsque notre conscience est convaincue, il ne faut pas que l’orgueil nous empêche de reconnaître nos torts, quelque pénible que cela puisse être.

Si la personne qui nous reprend nous a donné dans d’autres circonstances des preuves de son affection, souvenons-nous que les blessures de celui qui aime sont fidèles et que nous en éprouverons plus tard les heureux effets.

Craignons, au contraire, les baisers de celui qui hait, c’est-à-dire les caresses et les éloges de ceux qui flattent nos mauvais penchants, afin de nous être plus agréables.

- Celui qui est rassasié foule aux pieds les rayons de miel;

- mais celui qui a faim trouve doux ce qui est amer.

Cette déclaration est aussi facile à comprendre dans le sens spirituel que dans le sens matériel.

Qui de nous n’a pas éprouvé, plus ou moins, les tristes effets de ce rassasiement?

- On lit la Parole de Dieu ou des livres qui la développent.

- On entend des exhortations sérieuses et pressantes; et tout en n’ayant pas d’objections à faire à ces divers enseignements, ils ne produisent presque aucune impression sur notre âme.

- Ils nous paraissent superflus, parce qu’ils ne sont pas pour nous des choses nouvelles; et nous restons indifférents, à moins que notre attention ne soit réveillée par l’indiscrète hardiesse des interprétations ou par la force inaccoutumée du langage.

Quand nous apercevons en nous une disposition semblable, il faut nous examiner sérieusement et nous humilier devant Dieu.

Elle prouve que nous ne sentons pas nos besoins spirituels, que nous ne nous rendons compte ni de ce que Dieu veut de nous, ni de tout ce qui nous manque. Comme nos besoins renaissent sans cesse, celui qui les sent, celui qui a faim, est toujours prêt à s’approprier la nourriture qui convient à son âme, quelle que soit la forme sous laquelle on la lui présente.

Il trouve même doux ce qui est amer, c’est-à-dire que lorsque la vie chrétienne nous est présentée dans toute sa spiritualité et sous des traits qui effraient notre cœur naturel, il y a en nous, si nous sommes sincères, quelque chose qui correspond à cette sévérité même.

Nous sentons que la loi de Dieu doit être universelle et parfaite dans ses exigences, et que rien de moins ne serait digne de Celui dont elle émane.

Nous aimons à nous perdre dans ce nouvel infini; et sachant que l’obéissance parfaite de notre Sauveur est imputée à ses vrais disciples, nous ne sommes pas découragés par l’impossibilité d'atteindre à la perfection; mais nous faisons des efforts continuels pour y parvenir, puisque c’est pour cela que Jésus-Christ nous a pris à lui (Philip., III, 12), en nous faisant participer aux fruits de son sacrifice.


VERSETS 14-21.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Celui qui bénit son ami à haute voix, se levant de grand matin, sera réputé comme s’il maudissait.

Celte déclaration paraît étrange au premier coup d’œil; mais en la rapprochant de celles du même chapitre et du chapitre précédent qui se rapportent à la flatterie, on comprend quelle est l’intention du Saint-Esprit dans ces paroles et l’on est frappé de leur énergie.

- Elles signifient que l’homme qui loue toujours son ami en ne mettant dans ses éloges ni discernement, ni mesure, lui fait autant de mal que s’il avait l’intention de le maudire.

Cette expression, se levant de grand matin, marque l’empressement que l’on met à la chose dont on s’occupe. Elle est souvent employée par les prophètes. Ils représentent l’Éternel se levant de grand matin pour venir exercer sur son peuple tantôt sa miséricorde et tantôt sa juste vengeance.

Celui donc qui loue à haute voix en se levant de grand matin, c’est celui qui s’empresse à louer en toute occasion et sans examiner si les louanges qu’il donne sont méritées. Or, nous avons vu en d’autres endroits, combien de mal de pareils éloges peuvent produire.

- Une gouttière continuelle au temps d’une grosse pluie et une femme querelleuse, c’est tout un.

- Celui qui la veut retenir est comme s’il voulait arrêter le vent, ou retenir dans sa main une huile qui s'écoule.

Nous retrouvons ici une pensée qui a déjà fait le sujet de plusieurs sentences des Proverbes.

Mais outre qu’il est nécessaire de revenir souvent sur ces défauts si funestes et si difficiles à déraciner, la déclaration que nous avons sous les yeux contient quelque chose de plus que les précédentes.

Elle ne s’adresse pas seulement à la femme querelleuse pour lui faire sentir à quel point elle rend malheureux ceux qui vivent sous son influence. Elle s’adresse à ceux qui l’entourent et leur fait comprendre l’inutilité des moyens qu’ils emploient souvent pour la retenir et la calmer.

Les femmes ont, en général, plus besoin que les hommes de donner essor à leurs sentiments, quels qu’ils soient. Lors donc qu’une femme se livre à son irritation et se complaît, pour ainsi dire, à énumérer longuement ses griefs, on ne fera que l’exciter davantage en voulant la retenir et en lui fournissant par là un nouveau sujet de colère.

Pourvu donc que la personne à qui s’adressent ces plaintes en soit elle-même l’objet et qu’ainsi l’on ne risque pas de favoriser la médisance, il faut attendre patiemment que l’irritation s’épuise en s’épanchant au-dehors.

Une réponse ferme, mais calme, pourra produire alors un bon effet. Plus tard seulement, quand les ressentiments mutuels seront complètement apaisés, on cherchera à faire sentir à la femme querelleuse combien sa colère avait été exagérée, si ce n’est absurde.

Mais en même temps, si l’on a en soi-même le plus léger tort dans ce qui a fait l’objet de la querelle, il faut le reconnaître franchement et donner ainsi l’exemple de l’humilité et du repentir.

Chez des chrétiens, cette humilité et ce repentir à l’égard des hommes feront toujours plus sentir la nécessité de la repentance et de la foi à l’égard de Dieu.

- Comme dans l’eau le visage répond au visage, ainsi le cœur d’un homme répond à celui d’un autre homme.

Il y a, sans doute, un grand nombre de causes de différences parmi les hommes. L’âge, le tempérament, la position sociale, l’éducation et d’autres circonstances, tendent plus ou moins à en apporter.

Mais ces dissemblances qui sont, pour ainsi dire, à la surface de l’âme, nous font souvent trop oublier la ressemblance profonde qui existe entre tous les enfants d’Adam, ou plutôt la communauté de leur nature.

Oui, tous, nous participons à la même chute et à la même misère. Il n’y a point de différence, dit l’Écriture, vu que tous ont péché et se sont privés de la gloire de Dieu.

- Nous avons tous la même soif de bonheur et d’immortalité.

- Nous sentons tous, quoique peut-être obscurément, que nous avons encouru la condamnation en ne vivant pas de la manière dont nous aurions dû vivre.

- Nous connaissons tous le combat dont parle Saint Paul: Quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi... Je ne fais pas le bien que je voudrais; je fais le mal que je ne voudrais pas, etc. Il n’y a pas besoin d’avoir reçu la révélation de Dieu pour que la conscience nous dise ces choses.

Aussi lorsque les missionnaires, au lieu de s'adresser à l’intelligence des païens en cherchant à leur faire comprendre les perfections du Créateur, se sont adressés à leur conscience en leur parlant du mal qu’ils avaient fait et des souffrances par lesquelles le divin Rédempteur avait expié leurs fautes, ils ont tout de suite trouvé un écho dans les âmes, même chez les peuples les plus sauvages et les plus abrutis.

À plus forte raison en est-il de même chez les peuples où le christianisme est professé.

Lorsqu’un serviteur de Dieu a l’habitude de sonder son cœur en examinant avec scrupule ses pensées, ses paroles et ses actions à la lumière de l’Évangile, il sera sûr de parler à ses frères, quelles que soient leurs positions diverses, d’une manière qui réponde aux besoins de leurs âmes.

Cela a lieu quelquefois avec une précision si remarquable, que les paroles prononcées devant un nombreux auditoire, sont reçues de chacun de ceux qui le composent comme directement applicables à son caractère particulier.

Lors donc que nous cherchons à éclairer une âme et que nous lui adressons les conseils ou les consolations dont elle a besoin, il faut prendre garde de ne pas nous isoler d’elle, quelles que soient les différences extérieures qui nous en séparent.

Il faut insister plutôt sur ce qui nous est commun à tous.

C’est alors que nous exciterons la sympathie et que le cœur pourra s’ouvrir aux vérités salutaires que nous désirons lui faire recevoir.

- Le sépulcre et le gouffre ne sont jamais rassasiés;

- ainsi les yeux des hommes sont insatiables.

C’est une chose bien remarquable en effet, que cette disposition du coeur à étendre ses désirs à mesure qu’ils ont pu se satisfaire.

- On dirait que la soif des richesses, des honneurs et des autres objets de nos convoitises est excitée de tout ce qu'elle obtient de la même manière que chez les hommes intempérants, la soif matérielle est excitée par la boisson qu’elle sollicite.

Cette observation a souvent été faite; mais elle nous serait peu utile si elle ne prouvait pas la disproportion qui existe entre, notre coeur et les biens de la terre, de quelque nature qu’ils soient.

Nous avions été primitivement créés pour des biens plus excellents; et, sans que nous puissions toujours nous rendre compte de nos besoins, il n’y a que l’infini qui puisse nous satisfaire.

Nous aimons à le reconnaître dans ce que l’œuvre de la rédemption nous révèle de la sainteté inflexible de Dieu et de son incompréhensible miséricorde.

Nous saisissons de toutes les forces de notre âme les espérances sans bornes de la vie à venir; et quoique l'obéissance que Dieu demande de nous pendant cette vie effraie notre faiblesse, nous sentons que notre privilège est d’aspirer à la perfection.

On peut dire que le plus grand; bienfait que Dieu nous accorde en nous pardonnant, c’est de nous obliger à l'aimer par dessus toutes choses, et de fournir ainsi à notre cœur insatiable un aliment infini comme ses besoins.

- Quand tu pilerais un insensé dans mortier parmi du grain qu’on pile avec un pilon, sa folie ne se détachera pas de lui.

On s’exagère souvent l’influence que les circonstances extérieures peuvent exercer sur l’âme.

Si une personne a eu de grands chagrins, ou a été éprouvée par de longues souffrances, on suppose qu’elle sera presque nécessairement détachée du monde et préparée pour l’éternité. Cependant l’expérience prouve qu’il n’en est point ainsi, et que les peines, de quelque nature qu’elles soient, ne suffisent point pour convertir une âme, ou, suivant le langage du livre des Proverbes, pour détacher un insensé de sa folie naturelle.

Il est bien vrai que les épreuves ont souvent été une occasion de conversion. Mais ce n’est pas par elles-mêmes qu’elles produisent ce bienheureux effet, puisque, au contraire, elles ne font quelquefois, en nous aigrissant, que nous séparer davantage de Dieu.

- Elles sont comme l’instrument qui laboure le cœur;

- mais il faut qu’en même temps la semence de la Parole y soit jetée,

- et que la grâce de Dieu la fasse germer.

Souvent alors, cette semence qui, jetée précédemment, n’avait trouvé qu’un terrain durci dans lequel elle n’avait pu pénétrer, vient, au moment de l’épreuve, à produire des impressions de plus en plus profondes et salutaires.

Quelquefois aussi, dans le temps de la prospérité, la semence à peine levée avait été étouffée par les épines des plaisirs et des soucis terrestres; et alors, une fois l’affliction survenue, le cœur, détaché forcément de toutes ces choses, sent, comme pour la première fois, le prix des grâces et des promesses qui se rapportent à l’éternité.

Lorsque nous souffrons de quelque peine, nous ne devons donc pas mépriser le châtiment du Seigneur (Héb., XII, 8) en négligeant de profiter des leçons que nous donne l’épreuve.

Mais en même temps il ne faut pas que nous attendions d'être frappés pour nous occuper de ce qui regarde notre éternelle paix, comme si nous étions assurés que la maladie ou l’affliction viendront nécessairement tourner notre cœur vers Dieu avant que nous soyons appelés à quitter ce monde.

Ces réflexions doivent aussi nous rendre prudents à l’égard des paroles que nous adressons aux affligés.

La fausse idée que les douleurs physiques ou morales doivent par elles-mêmes convertir et sanctifier ceux qui en souffrent fait qu’on leur parle le plus souvent comme si l’on était assuré de leur foi, de leur résignation et de leur patience. On les flatte ainsi, sans peut-être s’en douter, de la manière la plus dangereuse!

Les personnes qui sont l’objet de ces flatteries sans cesse renouvelées finissent par penser qu’elles sont en effet résignées et patientes, parce qu’elles n’expriment pas en paroles, les plaintes et les murmures qui s’échappent de leur cœur.

Croyant donc avoir atteint le but de l’épreuve, elles ne recherchent pas les dispositions d’humilité, de repentance et de foi que Dieu voulait développer en elles, et qui seraient aussi le meilleur soulagement à leurs maux.

- Sois diligent à reconnaître l’état de tes brebis et applique ton cœur aux troupeaux; car les richesses ne durent pas toujours, et la couronne ne demeure pas d’âge en âge, etc.

Quoique ces versets, jusqu’à la fin du chapitre, ne se rapportent immédiatement qu’au soin des troupeaux et aux diverses richesses que ce soin nous procure, on peut bien étendre l’exhortation du roi-prophète à tous les genres de vocations.

En effet, quelle que soit la nôtre, nous avons besoin d’activité pour la remplir d’une manière convenable et obtenir le succès que nous pouvons désirer. Lorsqu’il s’agit de travaux que nous n’exécutons pas par nous-mêmes et pour lesquels nous employons d’autres bras, il faut également une grande surveillance pour nous assurer que chaque chose soit faite dans le temps et de la manière dont elle doit se faire.

Le nombre des personnes que nous avons sous notre direction, bien loin de diminuer notre tâche, ne fait que la rendre plus grande en augmentant notre responsabilité.

Une des raisons que donne l’auteur sacré pour nous encourager à la diligence, c’est que les richesses ne durent pas toujours et que la couronne même, si nous en possédions une, ne demeure pas d’âge en âge.

Il y a peu de possessions qui ne finissent par perdre presque toute leur valeur, si on ne se donnait pas quelque peine pour les entretenir et pour profiter des circonstances favorables.

Lorsque le foin se montre et que l'herbe paraît, les herbes des montagnes sont recueillies. C’est ainsi qu'en toutes choses, il faut saisir les occasions avant qu’elles nous échappent

Il y a beaucoup d’occupations qui n’ont pour but ni d’acquérir ni de conserver des richesses. Il faut que chacun, selon ses moyens, fasse ce qui dépend de lui pour contribuer au bien des autres; et quelque humbles et ignorés que puissent être ces travaux, nous devons y mettre tout le soin et toute l'activité dont nous sommes capables.

Ceci rentre dans le devoir général de faire valoir les talents qui nous ont été confiés, talents si divers dans leur degré comme dans leur nature, et parmi lesquels il faut compter comme les plus précieux tous les secours que nous recevons de Dieu pour notre vie spirituelle.

Oui, cette abondance de richesses diverses que Salomon observe dans la nature est plus admirable encore dans les dons de la grâce. C’est surtout de ceux-là que nous serions coupables et malheureux de négliger de profiter.

- Car, quoi que nous fassions, les biens de ce monde seront toujours de courte durée, puisque, s’ils ne nous sont pas enlevés, c’est nous qui leur serons enlevés par la mort;

- mais les richesses incompréhensibles de Christ sont des trésors qui durent toujours, et la couronne de justice réservée aux enfants de Dieu (2 Tim., IV, 8) est une couronne qui demeure d’âge en âge.



 

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