Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XXVI.

VERSETS 1-11.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


Tous les premiers versets de ce chapitre se rapportent aux insensés.

Nous avons déjà souvent eu occasion de voir que les hommes auxquels le livre des Proverbes donne ce nom ne sont pas seulement ceux auxquels il est appliqué dans la vie habituelle.

- Aux yeux du Saint-Esprit, les insensés, ce sont tous les hommes qui, au lieu d’avoir la volonté de Dieu pour règle, ne cherchent que la satisfaction de leurs penchants naturels, plus ou moins légitimes ou condamnables aux yeux du monde.

- Ce sont, d’après la déclaration de l’Écriture elle-même, ceux qui disent en leur cœur: Il n’y a point de Dieu (Ps. XIV, 1), c'est-à-dire qui, sans précisément nier l’existence de Dieu, n’ont dans le cœur AUCUN SENTIMENT NI DE CRAINTE NI D’AMOUR POUR LUI, et vivent absolument comme s’ils étaient indépendants de sa puissance.

On voit donc que les insensés, bien loin de former dans la société une classe exceptionnelle, composent dans tous les temps ce grand nombre qui marche dans le chemin spacieux et passe par la porte large.

Les versets que nous avons sous les yeux font remarquer quelques-uns des mauvais effets que peut avoir leur influence, et indiquent, sur certains points, la conduite qu’il est prudent de tenir à leur égard.

- Comme la neige vient mal en été et la pluie pendant la moisson, ainsi la gloire ne convient point à un fou.

Plus un homme dépourvu de piété sera distingué par son rang, par sa fortune, par ses talents ou par sa science, et plus ses principes irréligieux risqueront d’avoir une influence pernicieuse sur ceux qui l’entourent.

Cette influence pourra même s’étendre, non-seulement sur un très grand nombre de ses contemporains, mais encore sur les générations qui les suivront.

Pour combattre ce danger autant qu’il leur est possible, les chrétiens doivent prendre garde de ne pas témoigner, surtout devant les jeunes gens, une admiration irréfléchie pour les qualités brillantes que peuvent posséder des hommes qui professent l'incrédulité, ou dont la conduite prouve le manque de principes.

Ce serait là ce que Salomon appelle FAIRE HONNEUR À UN INSENSÉ.

Il faut bien rendre hommage au génie et à la science partout où ils se trouvent; mais on peut le faire avec sincérité, tout en laissant voir que ces dons éclatants ont bien moins de prix à nos yeux que les dispositions de l’âme, et tout en déplorant dans l’occasion la funeste influence qu’ils peuvent procurer.

- Comme l’oiseau va çà et là et comme l’hirondelle vole, ainsi la malédiction donnée témérairement n’arrivera point.

Si nous ne devons pas admirer imprudemment les talents des hommes irréligieux, nous ne devons pas non plus mettre trop d’importance aux paroles téméraires qu’ils nous adressent.

Il peut arriver, par exemple, que nous soyons blâmés pour des actes de fidélité envers Dieu qui sortent des règles de la prudence humaine, et qu’on ne sait pas attribuer à leur véritable motif. Peut-être qu’outre les reproches, on cherchera à nous ébranler par la perspective effrayante des malheurs qui peuvent être la conséquence de notre conduite.

C’est alors que, pour nous fortifier dans une lutte toujours pénible, nous devrons penser à l’ignorance et à l’impuissance de ceux qui font entendre ces menaces et nous répéter que la malédiction donnée témérairement n’arrivera point.

- Il est dit encore que les discours sentencieux dans la bouche d'un insensé sont comme une épine dans la main d’un homme ivre.

Les personnes dont la foi ne repose pas sur le vrai fondement peuvent, lorsqu’elles parlent de morale et de religion, induire à erreur les âmes mal affermies. Tantôt leur jugement se trouvera conforme à la morale de l’Évangile et tantôt il lui sera contraire.

Les discours sentencieux sont donc dans leur bouche une arme dangereuse, comme le serait, dans la main d’un homme ivre, une épine dont il n’est pas capable de diriger les mouvements.

Deux passages dans ce commencement de chapitre sont surtout importants à considérer de près, parce qu’ils offrent une contradiction apparente:

- Ne réponds point au fou selon sa folie, de peur que tu ne sois fait semblable à lui.

- Réponds au fou selon sa folie, de peur qu’il ne s’imagine qu’il est sage.

Si nous avons compris les choses qui se rapportent à notre éternelle paix et que nous cherchions à conformer notre vie à la volonté de Dieu, nous aurons des intérêts, des affections, des craintes et des règles de conduite tout différents de ceux des personnes qui ne vivent que pour ce monde.

Tel sera, du moins, le caractère de ce qui forme en nous l’homme nouveau, quoiqu’il soit trop souvent surmonté par les penchants de notre vieille nature.

Dans cette disposition, il est évident que nos rapports avec les personnes étrangères à la vraie piété ne sont pas sans danger pour notre vie spirituelle. Leur exemple pourrait nous entraîner à mettre un intérêt trop vif à des choses dont nous avons reconnu la fragilité et le néant.

Dans des occasions de ce genre, il faut parler d’après nos vrais sentiments plutôt qu’user d’une condescendance qui risquerait de nous faire retomber nous-mêmes peu à peu dans des dispositions toujours plus mondaines.

C’est cette prudence spirituelle que Salomon recommande en disant: Ne réponds pas au fou selon sa folie, de peur que tu ne sois fait semblable à lui.

Cependant il sera bon de nous placer quelquefois sur un terrain différent de celui de nos intérêts spirituels, afin de montrer que, si nous avons peu d’attrait pour les objets qui leur sont trop étrangers, ce n’est pas par ignorance ou par défaut d’aptitude.

Les personnes absorbées par les choses de ce monde s’attribueraient alors une supériorité dont le sentiment serait dangereux pour leurs âmes.

Il ne faut pas donner lieu de penser que la vraie piété favorise l’ignorance et comprime les facultés, ou bien qu’elle ne peut être embrassée que par les esprits faibles et crédules. C’est là probablement la signification de ce précepte: Réponds au fou selon sa folie, de peur qu’il ne s’imagine qu’il est sage.

Sans doute, il est difficile de connaître, dans tous les cas, la manière dont nous devons agir entre ces directions opposées pour être fidèle à ce que Dieu demande de nous.

Le moyen le plus sûr de suivre la volonté de Dieu,

c’est d’avoir un vrai désir d’obéissance.

Si nous ne sommes poussés ou retenus, ni par un secret amour du monde, ni par la crainte du dédain et du ridicule, ni par le désir de briller, mais que nous cherchions simplement à glorifier Dieu et à édifier ceux qui nous entourent, il y aura en nous comme un instinct spirituel qui, selon le besoin du moment, nous dirigera dans nos paroles.

Pour cela, il faut, non-seulement implorer tous les jours, et dans l’occasion même, le secours de ce Saint-Esprit qui seul nous éclaire et nous fortifie, mais il faut chercher à vivre habituellement sous sa bienheureuse influence, en sorte que nous ne venions pas à le contrister ou à l’éteindre par nos infidélités.


VERSETS 12-19.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- As-tu vu un homme qui croit être sage?

- Il y a plus d'espérance d’un fou que de lui.

Nous avons vu dans les premiers versets du même chapitre quelle était l’influence pernicieuse exercée à divers égards par les hommes que le Saint-Esprit désigne sous le nom de fous ou d’insensés, et nous avons vu en même temps, d’après l’Écriture, que:

- cette folie consistait à ne pas connaître Dieu d’une manière véritable et efficace.

On pourrait donc s’étonner de ce que Salomon ajoute: As-tu vu un homme qui croit être sage? Il y a plus d’espérance d’un fou que de lui.

Mais, en y réfléchissant, on comprend tout le sens de cette parole. Les personnes qui, selon l’expression de Saint Paul, vivent sans Dieu dans le monde (Ephés., II, 12), ne se font, pour l’ordinaire, pas beaucoup d’illusion sur leur manque de piété.

Elles pourront bien s’imaginer qu’elles remplissent plus ou moins exactement leurs devoirs à l’égard des hommes; mais elles sauront très bien qu’elles ne servent pas Dieu comme, dans sa Parole, Dieu demande d’être servi.

Elles conviennent elles-mêmes qu’elles n’ont pas la foi des chrétiens.

Souvent elles ont un sentiment confus du danger de leur âme, et elles forment le projet de changer de dispositions et de conduite avant de mourir.

Lors donc que des chrétiens remplis de charité et de zèle s’adressent à des personnes de ce caractère, ils peuvent espérer de les convaincre de leur incrédulité, sinon déclarée, du moins pratique.

Elles pourront être amenées à comprendre que l’incrédulité est devant Dieu le premier de nos péchés et la source de tous les autres.

Elles pourront enfin, avec le secours de Dieu, arriver à la foi, à la repentance et à une véritable conversion.

Les hommes qui se croient sages, au contraire, ce sont ceux dont l’intelligence a compris les choses qui se rapportent à la religion, sans que leur cœur les ait embrassées.

Ils s’appellent eux-mêmes croyants, parce qu’ils admettent les doctrines de l’Évangile et pourraient les défendre aa besoin.

Ils peuvent même expliquer aux autres comment chacune de ces doctrines correspond à une disposition du cœur et doit naturellement la produire.

Mais ces dispositions, ils ne les ont pas, parce que, chez eux, la foi n’est pas réelle et vivante. Ils l’ont plutôt reçue de la main des hommes qu’ils n’ont trouvé eux-mêmes dans la Parole de Dieu, expliquée par le Saint-Esprit, chacune des vérités que cette foi embrasse.

On comprend combien il doit être difficile de faire sentir à de telles personnes qu’en croyant savoir quelque chose, et peut-être tout savoir, elles n’ont encore rien connu comme il faut le connaître (1 Cor., VIII, 2), et qu’elles ont à recommencer toute l’œuvre de la foi.

Pour ne pas tomber dans une illusion semblable, chaque chrétien doit examiner sérieusement devant Dieu si sa foi est agissante par l’amour, si elle produit en lui un sentiment croissant de sa misère avec la faim et la soif de la sanctification; par conséquent, enfin, si le Saint-Esprit rend témoignage à son esprit qu’il est bien réellement un enfant de Dieu.

- Le paresseux dit: le grand lion est en chemin, le lion est par les rues.

- Comme une porte tourne sur ses gonds, ainsi fait le paresseux sur son lit.

- Le paresseux cache sa main sous l’aisselle; il a de la peine à la porter à sa bouche.

- Le paresseux se croit plus sage que sept autres qui donnent de sages conseils.

Il y a diverses sortes de paresses. On peut distinguer la paresse du corps, la paresse de l’esprit et la paresse de l’âme ou de la conscience.

Ici, le Saint-Esprit n’entre pas dans cette distinction; mais de quelque manière que s’applique la paresse, ii nous dépeint sous des figures aussi simples que frappantes les divers traits qui caractérisent cette funeste disposition et les effets qui en résultent.

Ainsi, celui qui craint les difficultés d’une démarche ou d’une entreprise, dans les petites choses comme dans les grandes, voit partout des dangers imaginaires ou prend plaisir à s’exagérer follement ceux qui ont quelque réalité. C’est le paresseux qui ne peut sortir, parce que le lion est par les rues.

Plus souvent, ce qui nous arrête dans l’accomplissement de notre devoir, c’est l’amour du repos, la répugnance à déranger nos habitudes, la crainte de la peine et de la fatigue que nous coûteraient nos efforts. Le paresseux se tourne sur son lit et cache sa main sous l’aisselle.

Lorsque la paresse, la sensualité ou la peur de quelque inconvénient nous empêchent ainsi d’obéir à notre conscience, nous n’avouons pas toujours aux autres et nous nous cachons peut-être à nous-mêmes les secrets motifs de notre conduite: nous croyons ne suivre qu’une sage prudence; et si l’on nous presse d’agir autrement, ces conseils nous paraissent téméraires, lors même qu’ils nous viendraient de différents côtés et ne seraient pas dignes de notre confiance: Le paresseux se croit plus sage que sept autres qui donnent de sages conseils.

Nous voyons donc combien la paresse, dans les diverses acceptions de ce mot, est une disposition dangereuse et combien il est important de la combattre. C’est surtout à l’âge où se forment les habitudes que l’on ne peut y faire une trop sérieuse attention. Mais à quelque âge que nous soyons parvenus, si nous avons compris ce qu’est la vocation chrétienne, nous sentirons que pour la suivre et pour marcher ainsi dans un sens opposé à nos inclinations naturelles, nous n’avons pas trop de toutes les forces de notre esprit, de toute l’énergie de notre volonté, de toute l’activité de notre conscience.

C’est une œuvre qui ne laisse aucune place à la paresse et à laquelle, selon l’expression de saint Pierre, nous devons apporter tous nos soins (2 Pierre, I, 5), bien que nous sachions que le succès dépend de Dieu qui produit en nous la volonté et l'exécution selon son bon plaisir.


VERSETS 20 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Le feu s'éteint faute de bois; ainsi, quand il n'y aura plus de rapporteurs, les querelles s’apaiseront.

- Le charbon est pour faire la braise, le bois est pour faire le feu et l’homme querelleur pour exciter les querelles.

- Les paroles d’un rapporteur sont comme des paroles douces, mais elles descendent jusqu’au-dedans des entrailles.

Tout le monde connaît le mal que l’homme querelleur fait à lui-même et aux autres.

On se tient sur ses gardes devant lui de peur de devenir l’objet de ses emportements ou de se trouver enveloppé dans les difficultés qu’il s’attire. Mais on redoute peu dans le monde la société des rapporteurs, excepté lorsqu'on craint d’être soi-même plus tard le sujet de leurs médisances.

Cependant ce sont eux qui, comme le bois jeté au milieu d’une flamme, attisent et entretiennent des animosités prêtes à s’éteindre. Si quelque propos malin tenu sur notre compte vient à nous être raconté, lors même qu’il s'agirait d’une chose presque indifférente, nous concevons tout de suite un secret éloignement pour la personne dont on nous cite les paroles; et lorsque ensuite cette même personne nous donne, sincèrement peut-être, quelque témoignage d’affection, nous le prenons pour un acte d’hypocrisie!

Oh! qu’il est vrai que les paroles d’un rapporteur descendent jusqu’au dedans des entrailles pour y produire un mal profond et durable!

- Prenons garde de ne jamais encourager des récits malveillants, ni surtout de les propager nous-mêmes.

Le rôle des chrétiens est bien plutôt de défendre ceux qu’on attaque et d’étouffer les querelles naissantes, en expliquant aux uns la conduite et les motifs des autres de la manière la plus favorable que le permet la vérité; c’est, en un mot, de rechercher la bénédiction contenue dans ces paroles: Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés enfants de Dieu!

- Les lèvres brûlantes de zèle et le mauvais cœur sont comme de l’écume d'argent dont on enduit un pot de terre.

- Celui qui hait se contrefait par ses discours; mais il cache le fond au-dedans de lui, etc.

Si les paroles violentes ou amères, les médisances et les rapports malins sont des péchés condamnés par la loi de Dieu, on comprend qu’elle condamne à plus forte raison les paroles affectueuses par lesquelles on dissimule la haine que l’on serre dans le cœur.

C’est ce genre de fausseté qui fait l’objet de toutes les dernières sentences du chapitre.

On y voit que, tôt ou tard, elle sera pleinement démasquée et recevra la plus éclatante punition.

Pour peu que nous ayons reçu dans le cœur les vérités de l’Évangile, la perfidie sous toutes ses formes nous inspirera la plus grande horreur. Mais il ne suffit pas de se préserver de ce que les hommes appellent de ce nom. Il faut voir encore si nous sommes toujours sincères dans les sentiments d’affection que nous aimons à témoigner.

Cette sincérité est plus rare qu’on ne le pense.

On se fait quelquefois illusion à soi-même sous ce rapport jusqu'à ce qu’étant appelé à sacrifier quelque chose au bien de son prochain, on découvre combien l’on est encore égoïste. Aussi la Parole de Dieu nous dit-elle: Que votre charité soit sincère (Rom., XII, 9), et ailleurs: Mes petits enfants, n’aimons pas seulement en paroles et de langue, mais aimons en effet et en vérité (1 Jean, III, 18).

Les chrétiens sont souvent trop prodigues d’expressions affectueuses les uns pour les autres. C’est un langage dont on prend l’habitude et qu’on finit par employer sans y faire aucune attention.

Il est évident que l’on court alors un grand risque d’exprimer des sentiments que l’on n’éprouve pas et de tomber ainsi dans une sorte de fausseté. C’est encore à cet égard qu’il faudrait nous accoutumer à peser nos paroles avant de les laisser échapper;

- nous devons consentir à paraître froids lorsque nous le sommes au lieu d’avoir des lèvres brûlantes désavouées par notre cœur.

Il y a dans le monde des espèces de formules affectueuses adaptées à diverses circonstances, qui, à force d’avoir été répétées, pour ainsi dire, machinalement, ont fini par perdre presque toute leur signification primitive, ou du moins presque toute leur valeur.

Les chrétiens sont souvent embarrassés au sujet de ces formules.

Il leur semble qu’en les employant sans que leurs sentiments accompagnent leurs paroles, ils prononceraient un mensonge; et, d’un autre côté, l’usage en est si général qu’en ne les employant pas, on risque de paraître manquer de bienveillance et de faire ainsi mal juger de l’Évangile.

Naturellement il n’est pas possible de donner à cet égard des règles positives.

On peut dire seulement qu’il faut chercher à ne pas abuser les autres sur nos sentiments réels.

Lors donc que nous croyons devoir employer ces formules dans des cas où elles ne sont de notre part que des formules, il vaut mieux choisir les plus banales de toutes, en évitant d’y ajouter les expressions inventées pour les rajeunir en quelque sorte et leur redonner un peu de valeur.

Ceci nous amène à la flatterie, que Salomon a réunie aux autres genres de paroles trompeuses, en disant:

- La fausse langue hait celui qu’elle a abattu, et la bouche flatteuse fait tomber.

Il y a des personnes qui flattent les autres par une certaine habitude de bienveillance et non dans des vues intéressées. Cela leur fait illusion, et elles ne s’imaginent pas de tromper en donnant des louanges très-exagérées.

Il faut cependant bien nous dire que, même sans avoir un mauvais but, le mensonge à lui seul est TOUJOURS un mal; et aussi que, quel que soit notre motif en flattant, la flatterie est TOUJOURS nuisible à la personne qui en est l’objet.

Elle l’est surtout peut-être lorsque, ne paraissant pas provenir de quelque motif intéressé, on peut la croire plus sincère. C’est pour cela qu’il faut nous abstenir des louanges, lors même que nous sentirions véritablement tout ce que nos paroles expriment.

Nous ne savons pas, quand nous louons le chrétien le plus affermi, quel aliment nous fournissons à l’orgueil qui, chassé de son cœur en apparence, est toujours prêt à s’y insinuer de nouveau par quelque entrée secrète.

Peut-être avait-il eu, dans l’acte pour lequel nous le louons, une grande lutte à soutenir contre lui-même et avait-il cru cependant qu’en surmontant les tentations qui l’assiégeaient, il ne faisait que remplir un devoir nécessaire.

Alors nos éloges imprudents pourront lui faire supposer qu’il a fait, au contraire, plus que son devoir ne l’exigeait ou, du moins, plus que l’on n’attendait de sa part. Outre le sentiment d’orgueil qu’il en éprouvera, on peut croire qu’à une occasion nouvelle, il luttera moins fortement et se laissera vaincre par la tentation.

Ah! si nous nous faisions une idée plus juste de la transformation qui doit s’opérer en nous, pour que nous soyons revêtus de l’homme nouveau, créé à l’image de Dieu, dans une justice et une sainteté véritables (Ephés., IV, 24), nous aurions peur pour nous-mêmes et pour nos frères de tout ce qui peut tendre à affaiblir nos efforts et à nous plonger dans une sécurité dangereuse.

Nous sentirions que la plus grande preuve d’affection que nous puissions nous donner les uns aux autres, c’est de nous aider mutuellement à laisser les choses qui sont derrière nous, à nous avancer vers celles qui sont devant nous et à courir vers le but, vers le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ! (Philip., III, 14.)


 

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