Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XXV.

VERSETS 1-7.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- La gloire de Dieu est de céler la chose;

- mais la gloire des rois est de sonder les affaires. Il n’y a pas moyen de sonder ni les cieux à cause de leur hauteur, ni la terre à cause de sa profondeur, ni le cœur des rois.

Dieu nous a, sans doute, manifesté beaucoup de choses, soit de celles du monde extérieur par l’intelligence qu’il nous a donnée, soit de celles de l’ordre moral par la conscience et par sa Parole.

Cependant les hommes les plus avancés dans la connaissance de la Nature, quelle que soit la science qu’ils cultivent, sont toujours obligés de s’arrêter plus ou moins promptement devant des mystères impénétrables à toutes leurs recherches.

Il n’y a pas moyen de sonder les cieux à cause de leur hauteur, ni la terre à cause de sa profondeur, ni de connaître dans sa nature intime et intrinsèque un seul des objets que nous présente la création.

- S’il en est ainsi du monde visible, que sera-ce du monde invisible, c’est-à-dire des mystères du cœur humain?

Il n’y a pas moyen de sonder le cœur des rois, ni celui du moindre des hommes. Le cœur est trompeur et désespérément malin par dessus toutes choses, dit l’Écriture; qui le connaîtra?

Mais le Saint-Esprit répond à cette question: Moi, l’Éternel, je sonde les cœurs et les reins (Jér., XVII, 9).

Dieu lit dans le cœur de TOUS les hommes et connaît mieux que nous-mêmes nos sentiments les plus secrets.

TOUS les êtres de l’univers étant son ouvrage, son regard pénètre jusqu’au fond le mystère de leur nature.

- Aucune créature n’est cachée à ses yeux; mais toutes choses sont nues et entièrement découvertes devant Celui à qui nous devons rendre compte (Héb., IV, 13).

Le passé, le présent et l’avenir sont à la fois devant ses yeux.

Ainsi, pour chacun de nous individuellement, il connaît le rapport des diverses circonstances de notre vie avec l’état de notre âme, comme avec notre bonheur temporel et éternel.

Le sentiment de notre ignorance tourne à la gloire de Dieu, parce qu’il nous dispose à nous prosterner devant cette toute science qui dirige, dans leurs entraînements infinis, tous les évènements de ce monde pour l’accomplissement de ses desseins.

Si la gloire de Dieu est de céler la chose, la gloire des rois est de sonder les affaires. Les hommes revêtus de quelque autorité ne peuvent apporter trop de soins et de scrupule à l’administration qui leur est confiée, puisque leurs actes et leurs décisions influent sur le sort d’un grand nombre d’individus.

Le devoir de sonder les affaires ne regarde pas seulement les princes et les magistrats, mais toutes les personnes chargées d’une responsabilité quelconque.

Si, en cherchant à être fidèles sous ce rapport, notre conduite était mal jugée par les hommes, nous serions consolés par le sentiment de l’approbation de Dieu, qui est notre véritable gloire.

- Ne fais point le magnifique devant le roi et ne te mets point au rang des grands.

- Car il vaut mieux qu’on te dise: Monte ici, que si l’on t’abaissait devant un seigneur que tes yeux auront vu.

Ces paroles devraient fixer notre attention déjà même au point de vue de la prudence humaine.

On se prépare toutes sortes d’humiliations pénibles, lorsqu’on cherche, par ses discours et par son genre de vie, à faire croire aux autres qu’on tient dans le monde une place plus élevée qu’elle ne l'est véritablement.

- Nous ne pouvons obtenir la considération des hommes dont le rang est supérieur au nôtre, que si nous paraissons ne pas oublier l’avantage qu’ils ont sur nous à cet égard.

C’est une chose à laquelle les chrétiens feront bien de prendre garde; car leurs prétentions déplacées ne tourneraient pas seulement à leur propre confusion, mais tendraient à déshonorer la profession de l’Évangile.

Cependant le précepte de Salomon peut être envisagé sous un point de vue plus spirituel. Il offre une analogie frappante avec la parabole adressée par Jésus-Christ à des hommes qui, conviés à un festin, y choisissaient les premières places.

- Quand quelqu’un t’invitera à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur qu’il ne se trouve parmi les conviés une personne plus considérable que toi, et que celui qui vous aura invités et toi et lui, ne vienne et ne te dise:

- Cède la place à celui-ci; et qu’alors tu n’aies la honte d’être mis à la dernière place.

- Mais quand tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que quand celui qui t’aura invité viendra: il te dise: Mon ami, monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant ceux qui seront à table avec toi. Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé (Luc, XIV, 7-11).

Or, puisqu’il s’agit ici d’une parabole (verset 7), personne ne doute que l’intention de notre Sauveur, en la prononçant, ne soit d’engager ses disciples à n’avoir pas une bonne opinion d’eux-mêmes, mais à se considérer chacun devant Dieu comme les plus indignes de ses serviteurs.

Il leur déclare que de même qu’un convié, en voulant se placer trop haut, court risque d’être honteusement renvoyé à la dernière place, de même l’homme qui, méconnaissant son infériorité, se croit moins pécheur que tel ou tel enfant de Dieu, sera cruellement détrompé au jour solennel des rétributions et se verra placé dans les derniers rangs.

Telle est donc l’instruction que nous devons surtout retirer de la sentence qui nous occupe, instruction qui ne peut jamais être trop souvent répétée.

- Toutes les fois que nous souffrons en quelque chose des péchés de nos semblables, nous sommes disposés à grossir ces péchés à nos yeux et à perdre de vue nos propres offenses.

Rappelons-nous que C’EST D’APRÈS LA PAROLE DE DIEU QUE NOUS DEVONS NOUS JUGER, et non d’après la conduite des autres.

Si quelqu’un, dit Saint Paul, pense être quelque chose, quoiqu’il ne soit rien, il se séduit lui-même. Mais que chacun éprouve ses propres actions; et alors il pourra se glorifier, mais en lui-même seulement, et non par rapport aux autres; car chacun, portera son propre fardeau (Gal., VI, 3-5).

Si nous savions éplucher nos actions, nos paroles, nos sentiments et nos motifs secrets à la lumière de la Parole de Dieu, nous serions si pénétrés de notre corruption qu’il ne nous serait pas difficile de considérer les autres comme plus excellents que nous-mêmes.

Nous nous trouverions indignes du titre d’enfants de Dieu; et nous aurions besoin de tonte notre confiance dans la grâce gratuite de Dieu en Jésus-Christ pour oser encore, en l’invoquant comme notre père, nous abandonner à son amour éternel.

- Ceux qui ne sentent pas leur misère ne croient véritablement, ni à la sainteté de Dieu, ni au sacrifice par lequel il nous a rachetés;
- ils ne peuvent donc avoir part aux promesses faites à la foi.


VERSETS 8-18.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Ne te hâte pas de sortir pour plaider, de peur qu’à la fin tu ne saches que faire après que ton prochain t’aura rendu confus.

- Traite tellement ton différend avec ton prochain que tu ne révèles pas le secret d’un autre, de peur que celui qui t’écoute ne te le reproche, et que tu n’en reçoives un blâme qui ne s’efface point.

Il serait superflu de s’étendre sur les maux de toute espèce qui résultent des procès, ainsi que sur l’opposition que présente l’esprit de chicane avec l’esprit de l’Évangile.

Mais les paroles de Salomon renferment sur ce sujet deux idées particulières que nous ne devons pas laisser échapper.

Il nous prémunit d’abord contre la précipitation.

Ne te hâte pas, dit-il, de sortir pour plaider, de peur qu'à la fin tu ne saches que faire après que ton prochain t'aura rendu confus.

C’est qu’en effet, il est beaucoup plus facile de ne pas commencer ces procès, que de s’arrêter par de sages concessions, une fois qu’on est entré dans cette funeste voie.

- Plus on a voulu soutenir ses droits, plus on sent de fausse honte à les abandonner, outre que la résistance et la dispute rendent l’irritation toujours plus vive.

Sans doute, bien des hommes, engagés dans de longs procès, se sont affligés trop tard de n’avoir pas été retenus au commencement de leurs démarches par les conseils de quelque ami ou par de salutaires réflexions sur les suites de leur imprudence.

La sentence de Salomon renferme une seconde exhortation:

Traite tellement ton différend avec ton prochain que tu ne révèles pas le secret d’un autre, de peur que celui qui t’écoute ne te le reproche, et que tu n’en reçoives un blâme qui ne s'efface point.

Lorsqu’il survient une rupture entre des parents rapprochés ou entre des hommes qui avaient été longtemps amis, leur précédente intimité rend d’autant plus dangereuse l’animosité qui la remplace.

Ils cèdent trop souvent à la tentation de révéler, et même d’une manière publique, des secrets autrefois confiés à leur affection, ou, du moins, que de fréquents rapports mutuels avaient seuls pu leur faire connaître.

- La bassesse de ce genre de trahison révolte bien plus tous ceux qui en sont témoins et laisse dans le cœur des offensés des impressions bien plus amères que celles qui résultent d’aucun des autres malheurs amenés par les procès.

Mais l’exhortation qui nous occupe est d’une application plus générale.

Lorsque nous éprouvons quelque mouvement d’irritation contre une personne avec qui nous sommes en rapports intimes, nous nous laissons facilement aller à nous plaindre de son caractère et de sa conduite en descendant jusque dans des détails que notre intimité seule nous permet d’apprécier.

Alors nous ne sommes pas seulement coupables de médisance, mais nous trahissons, pour ainsi dire, cette confiance tacite par laquelle des parents et des amis se croient autorisés à être réciproquement moins réservés dans les frottements continuels de la vie journalière.

- Une parole dite à propos est comme des pommes d’or dans des paniers d’argent.

- Quand on reprend un sage qui a l’oreille obéissante, c’est comme une bague d'or ou un joyau d’or fin.

Il a été parlé, dans le chapitre précédent, du devoir de répondre avec droiture à ceux qui nous interrogent ou nous demandent des conseils.

Mais il ne faut pas toujours attendre que l’on nous fasse ces questions et ces demandes.

- Il y a des cas où il faut saisir l’occasion comme au vol, si nous voulons que notre avertissement soit celle parole dite à propos dont la valeur est si précieuse.

Lors même qu’il s’agirait d’un reproche, il sera reçu avec humilité et gratitude par les VRAIS sages, par ceux qui regardent la connaissance de leurs misères comme le plus grand avantage qu’on puisse leur faire acquérir.

C’est ce que Salomon appelle, dans son langage énergique, AVOIR L’OREILLE OBÉISSANTE, disposition malheureusement trop rare, même chez les chrétiens.

Combien ne nous arrive-t-il pas, au contraire, de recevoir avec quelque irritation les reproches qu’on nous adresse et de chercher des excuses à nos torts!

Combien sont en petit nombre les âmes qui savent dire avec le Psalmiste:

Que le juste me frappe, cela me sera une faveur; et qu’il me reprenne, cela me sera un baume excellent; il ne blessera point ma tête. Je prierai même pour eux dans leurs calamités! (Ps. CXLI, 5.)

Notre respect pour la vérité doit se montrer encore par la fidélité avec laquelle nous transmettons les messages dont on nous charge.

- L’ambassadeur fidèle, continue Salomon, est à ceux qui l’envoient comme une fraîcheur de neige au temps de la moisson; et il restaure l’âme de son maître.

On croirait qu’il doit être bien facile de répéter à quelqu’un les paroles qui nous ont été dites pour lui; et cependant il y a bien peu de personnes qui sachent toujours s’acquitter de ce devoir.

- Tantôt on écoute avec trop d’inattention les choses qu’on se charge de transmettre pour s’en pouvoir souvenir exactement, de sorte qu’involontairement on dénature le message.

- Tantôt, et le cas est peut-être encore plus fréquent, nous avons un secret intérêt à ce que la personne, à qui nous nous adressons, comprenne nos paroles dans un sens un peu différent de celui dans lequel elles nous ont été adressées; et alors, sans vouloir précisément user de mensonge, nous adoucissons ou nous exagérons les termes, de manière à produire l’effet que nous désirons.

Les mots d’ambassadeur et de maître employés par Salomon nous rappellent que c’est pour l’ordinaire un supérieur qui charge un inférieur de quelque message.

C’est une raison de plus pour que celui-ci mette le plus grand scrupule à s’en acquitter d’une manière EXACTE.

Mais quels que soient nos rapports les uns envers les autres, un scrupule consciencieux à cet égard et sur la confiance qui en résulte influent beaucoup plus qu’on ne le croit communément sur le repos d’esprit des individus et la bonne harmonie dans les familles.

- Quand tu auras trouvé du miel, manges-en;

- mais autant qu’il te suffira, de peur qu’en en prenant avec excès, tu ne le rejettes.

Lors même que cela ne nous serait pas expliqué par un passage précédent (XXIV, 13, 14), il serait facile de comprendre que sous le nom de miel, le Saint-Esprit nous parle ici d’une nourriture spirituelle.

Cette nourriture, nous devons la rechercher avec autant d’empressement que celle nécessaire à notre corps, en profilant de toutes les occasions que Dieu nous fournit pour avancer dans sa grâce et dans sa connaissance.

Désirez avec ardeur, nous dit Saint Pierre, comme des enfants nouvellement nés, le lait spirituel et pur, afin que vous croissiez par son moyen.

Souvenons-nous, en effet, que, même chez les vrais fidèles, le nouvel homme n’est encore qu’un faible enfant à qui de continuels secours sont nécessaires pour qu’il se fortifie et se développe.

Mais si l’on ne peut pas rechercher avec trop d’empressement tout ce qui augmente en nous la vie spirituelle, on se trompe quelquefois sur les moyens de faire ces progrès, ou plutôt sur ce qui constitue des progrès véritables. C’est alors que le miel pris avec excès appauvrit notre âme au lieu de la nourrir.

Ainsi, l’étude assidue de la Parole de Dieu faite dans un esprit de recueillement et d’examen de nous-mêmes, la prière, la fréquentation des assemblées de culte, les lectures édifiantes, les entretiens religieux, etc., sont les moyens que nous devons employer pour avancer dans la foi et dans la sanctification; mais ils ne nous seront utiles que si nous les considérons toujours comme des moyens et non comme le bien lui-même, car:

- les exercices de piété ne sont utiles que s’ils nous rapprochent davantage de Dieu et s’ils ont pour résultat une plus grande fidélité dans l’accomplissement de nos devoirs.


VERSETS 19-23.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- La confiance qu’on met en celui qui est infidèle au temps de l’affliction, est une dent qui se rompt et un pied qui glisse.

- Celui qui chante des chansons à un cœur affligé, est comme celui qui ôte son habit dans un temps froid et comme du vinaigre répandu sur le nitre.

Au milieu de toutes les expressions vives et saisissantes qu’offre le livre des Proverbes, il n’y en a peut-être aucune de plus remarquable que l’image d’une dent qui se rompt ou d’un pied qui glisse, pour représenter ce que nous éprouvons quand la sympathie de nos amis nous fait défaut au moment où elle nous serait le plus nécessaire.

Hélas! une telle expérience n’est que trop commune.

Il y a bien peu de personnes qui aient souffert sans avoir connu ce genre d’amertume; et quelquefois même elle constitue une grande partie de notre épreuve.

On ne sait pas toujours, quand il s’agit des autres, comprendre toutes les difficultés et toutes les privations qu’entraînent les infirmités physiques. À plus forte raison sont-ils en petit nombre les cœurs qui savent deviner les impressions morales de leurs amis et sentir avec eux les douleurs dont ils souffrent.

Quelquefois, dans les premiers moments d’une grande affliction, nous rencontrons une vive sympathie, dont le prompt affaiblissement nous affecte d’autant plus que nous nous étions accoutumés à compter sur elle. Il y a même des personnes qui, bien loin de se mettre à la place de nos sentiments, viennent, pour ainsi dire, chanter des chansons à un cœur affligé, en nous entretenant de leurs préoccupations personnelles d’une manière qui fait avec nos impressions le plus pénible contraste.

Il ne faut pas, en effet, traiter légèrement l’aggravation de peine que le défaut de sympathie fait éprouver aux malheureux, puisque notre Sauveur lui-même, dans son angoisse de Gethsemané l’a douloureusement senti.

Il avait dit à ses trois disciples les plus dévoués: Demeurez ici et veillez avec moi; puis, à plusieurs reprises, les trouvant toujours endormis, il dit à Pierre: Est-il possible que vous n’ayez pu veiller une heure avec moi!

Cette circonstance de la passion de notre Sauveur avait été annoncée d’avance. David, parlant au nom du Messie, s’était écrié: J’ai attendu quelque compassion, mais il n'y en a point eu; et des consolateurs, mais je n’en ai point trouvé (Ps. LXIX, 21, etc).

Nous devons donc chercher à nous mettre autant que possible à la place des personnes qui souffrent, afin de leur donner le genre de consolation ou de secours dont leur douleur est susceptible, et surtout afin de ne pas l’augmenter par l’imprudence de nos paroles.

C’est là encore un des points de vue sons lesquels il est nécessaire de garder notre bouche avec un frein et de ne pas nous laisser aller sans réflexion à la multitude des paroles.

En même temps, disons-nous bien, lorsque nous sommes dans la douleur, qu’il est impossible que nos amis, même les plus intimes, comprennent tous nos sentiments, et que, vu la faiblesse de la nature humaine, il serait injuste de compter sur une complète, ni même sur une durable sympathie.

Nous n’avons qu’un ami qui puisse tout comprendre et qui ne se lasse jamais d’entendre nos gémissements: il a voulu connaître par lui-même tous nos genres de douleurs; et non seulement il y compatit, mais encore il les soulage.

- Si celui qui le hait a faim, donne-lui à manger du pain; et s'il a soif, donne-lui à boire de l'eau. Car tu prendras des charbons pour lui mettre sur la tête et l’Éternel te le rendra.

Il y a des personnes qui, lorsqu’elles lisent le passage correspondant à celui-ci dans l’épître aux Romains (Rom., XII, 20), sont près d’en éprouver du scandale. Elles ne peuvent comprendre, du moins, que pour nous engager à remplir un devoir de charité, le Saint- Esprit emploie une figure qui présente l’idée d’une souffrance et non d’une consolation.

Si le passage des Proverbes n’explique pas précisément l’emploi de cette figure, toujours nous montre-t-il que ce n’est pas dans le but de faire souffrir notre ennemi que nous devons lui mettre des charbons de feu sur la tête; puisqu’il est ajouté pour notre encouragement que l’Éternel nous le rendra.

Cette expression signifie probablement que tout comme le plus dur métal, exposé à des charbons ardents, finira par se fondre, de même le cœur le plus insensible ou le plus irrité sera fléchi à la fin par les témoignages de vraie charité qu’il recevra de ceux dont il s’était montré l’ennemi.

C’est là, en effet, une expérience qui s’est réalisée dans tous les temps; et plût à Dieu que les chrétiens eussent toujours employé un tel moyen de vaincre leurs adversaires!

Dieu ne nous demande pas seulement de secourir nos ennemis dans leurs besoins, mais encore de prier pour eux, ce qui est une preuve bien plus sûre de notre amour, preuve sans laquelle nous pourrions craindre que nos bienfaits ne découlassent d’un sentiment d’orgueil.

- Si nous comprenons quelle est la dette dont Dieu nous a quittés, nous serons disposés à quitter celles de nos compagnons de service;

- nous pardonnerons de bon cœur; et alors aucun témoignage d'amour pour ceux qui nous ont offensés ne pourra nous être difficile.

Un des témoignages d’amour que nous devons à notre prochain, quel qu’il soit, c’est de ne pas user de médisance et de chercher à réprimer celle dont nous sommes témoins. Ce devoir nous est rappelé dans le verset suivant:

- Le vent de bise chasse la pluie, et le visage sévère la langue qui médit en cachette.

C'est encore là un devoir que bien peu de chrétiens savent remplir.

Il y en a qui, tout en se faisant quelque scrupule de raconter eux-mêmes les fautes dont ils ont connaissance, ne sont secrètement pas fâchés de les voir divulguées par d’autres. Ils oublient que si c’était l’amour du prochain qui retenait leur médisance, ce même amour les porterait à défendre ceux qu’on attaque, ou, du moins, à arrêter ces propos malins par l’expression de leur blâme.

Souvent aussi, tout en étant sincèrement affligés de la manière dont nous entendons juger les autres en leur absence, nous n’osons pas en témoigner notre désapprobation, de peur d’être accusés d’une sévérité exagérée.

Dans cette crainte, nous allons quelquefois jusqu’à nous joindre, quoique à regret, à la médisance que nous condamnons.

Cette faiblesse et cette lâcheté sont d’autant plus coupables que, dans bien des cas, il suffirait d’un silence expressif pour réprimer des paroles malveillantes. Peut-être ce témoignage muet encouragerait-il quelque autre chrétien à faire entendre un blâme plus prononcé qui, à son tour, encouragerait nos paroles.

Quel que fût le résultat immédiat de notre fidélité, toujours aurions-nous déchargé notre conscience et glorifié l’Évangile que nous professons, au lieu d’être pour les autres une occasion de scandale.


VERSETS 24 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Il vaut mieux habiter au coin d’un toit qu’auprès d’une femme querelleuse dans une grande maison.

Nous avons déjà rencontré dans les Proverbes d’autres déclarations du même genre. C’est parce que l’objet en est d'une grande importance qu’il nous est souvent rappelé par le Saint-Esprit.

Sans doute, on peut dire de chacun des devoirs que Dieu nous recommande qu’il est important de le considérer afin de l’accomplir.

Mais quelques-uns ne sont pas d’une application générale ou fréquente; tandis que l’obligation, pour les femmes en particulier, de se montrer douces et faciles dans le commerce ordinaire de la vie, est une obligation de tous les moments, à laquelle elles ont continuellement l’occasion d’obéir ou d’être infidèles.

Dans d’autres déclarations de la Parole de Dieu sur ce sujet, la pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible est recommandée aux femmes comme étant d’un grand prix devant Dieu. La soumission leur est recommandée aussi comme un moyen de gagner leurs maris à la foi qu’elles professent (1 Pierre, III, 4, 1).

Ici, le passage que nous avons sous les yeux leur rappelle combien une humeur querelleuse rend malheureux ceux qui en sont les objets; et ce motif, ajouté aux précédents, ne peut qu’être d’un grand poids auprès d’elles.

Oui, chacun sait combien l’harmonie, le support mutuel, la douceur des frottements sont nécessaires au bonheur domestique, et combien leur absence peut rendre pénibles les positions les plus favorables sous d’autres rapports.

Souvent, c’est parce que les femmes comprennent mal leurs devoirs qu’avec de bonnes intentions, elles ne font pas ce qu’elles pourraient pour le bonheur de ceux qui les entourent.

En s’occupant avec exactitude, comme c’est leur devoir, des soins de leur petite administration domestique, elles oublient que ces choses sont un moyen et non pas un but.

Le but, c’est le bien-être de tous les membres de la famille.

Mais lorsque, par l’importance exagérée qu’on donne à certains détails matériels, on en fait un sujet d’irritation et de disputes, il est évident que ces choses, au lieu de concourir au bien-être de chacun, produisent un résultat directement contraire.

Si la femme chrétienne remplit sa tâche journalière dans le simple désir d’être fidèle à Dieu et de le glorifier, elle saura tout naturellement donner à chaque objet son degré proportionnel d’importance, elle se tiendra sur ses gardes pour conserver sa douceur, même lorsque les autres ont quelque tort à son égard, et son exemple entretiendra la paix et la sérénité chez tous ceux qui vivent sous son influence.

- Le juste qui pèche devant le méchant est une fontaine embourbée et une source gâtée.

Pour bien comprendre le sens et la force des images qu’emploie la Bible, il faut toujours se représenter la situation de la contrée où ce divin livre a été écrit.

Dans la Judée, il ne tombe, pour l’ordinaire, point de pluie en été pendant plusieurs mois. Alors les gazons deviennent secs comme du chaume, les torrents et les sources tarissent, et il n’y a de ressource pour s’abreuver qu’auprès de puits et de citernes bien rares. Dans un pareil pays, on comprend ce que doit être, pour le voyageur altéré, la rencontre inopinée d’une source d’eau vive ou d’une fontaine.

- On comprend aussi quelle doit être l'amertume de son désappointement lorsqu’au lieu de l’eau pure dont il espérait étancher sa soif, il ne trouve qu’une eau infecte ou une boue liquide.

C’est là précisément l’effet que les péchés des fidèles produisent sur les âmes qui ne sont pas dans la vérité.

Il y a des personnes qui, sans être encore très éclairées, sentent confusément que ce n’est que dans la foi qu’on peut trouver la paix et la sanctification.

Mais si, ayant occasion de suivre de près des chrétiens professant une foi vivante, elles voient dans leur conduite des traits d’égoïsme, d’avarice, de sensualité, d’orgueil, etc., incompatibles avec les sentiments qu’on leur suppose, elles ne savent plus où rencontrer la vérité.

- Ce qu’elles voyaient de loin comme une ressource assurée s’évanouit ou plutôt se corrompt devant leurs yeux; de sorte qu’elles courent le risque de se laisser étourdir sans remords par les intérêts et les illusions de la vie présente.

Ah! si les chrétiens comprenaient davantage le mal que peut produire leur exemple, ils seraient plus attentifs à se surveiller eux-mêmes dans leurs actes et dans leurs discours, et ils ne s'exposeraient pas aux REDOUTABLES JUGEMENTS prononcés par notre Seigneur CONTRE CEUX QUI CAUSENT DES SCANDALES.

- Comme il n'est pas bon de manger trop de miel, aussi n’y a-t-il pas de la gloire pour ceux qui la cherchent avec trop d’ardeur.

Quelle que soit la carrière que l’on poursuive, on ne peut acquérir une gloire véritable que si l’on a dans ses efforts un autre but que cette gloire elle-même.

En agissant dans des vues d’ambition, on pourra bien acquérir une certaine renommée, c’est-à-dire se faire un nom connu des contemporains et de la postérité; mais il ne s’attachera pas à ce nom ces idées d’estime et de reconnaissance qui seules peuvent conférer une véritable gloire.

- Cette gloire appartient à l'homme qui, dans le gouvernement d’un État, dans la politique, dans les armes, dans les sciences ou dans toute autre vocation, a eu pour but le bien de son pays, les intérêts de l’humanité ou l’avancement du règne de Dieu.

- Elle n’appartient pas à celui qui, dans ses efforts et ses travaux, n’a cherché qu’à exciter l’étonnement ou l’admiration de ses semblables.

Si la gloire humaine est refusée à celui qui la cherche avec trop d’ardeur, il n’en est pas ainsi de la gloire éternelle. Le royaume des cieux est forcé, dit notre Seigneur, et ce sont les violents qui le ravissent (Matth., XI, 12).

Sainte violence que nous avons à exercer contre nous-mêmes, contre notre orgueil qui nous empêcherait de reconnaître la justice de notre condamnation et l’insuffisance de nos efforts personnels, contre notre esprit d’indépendance, enfin contre tous les penchants et toutes les habitudes qui s’opposent à ce que nous accomplissions constamment la volonté de Dieu!

- L’homme qui ne peut pas retenir son esprit est comme une ville où il y a une brèche ou qui est sans murailles.

La Bible, et le livre des Proverbes en particulier, nous rappelle souvent le devoir de prendre garde à nos paroles et par conséquent de les retenir.

Chacun sait combien ce devoir est déjà difficile à observer; mais celui de retenir notre esprit l’est encore bien davantage. Rien ne semble plus indépendant de notre volonté que nos sentiments et nos pensées.

Cependant nous savons tous qu’il nous est possible, dans un moment donné, de porter notre esprit sur tel ou tel objet particulier, par exemple, dans les exercices de mémoire.

Nous pouvons donc avec un peu d’efforts le porter sur quelque sujet de réflexions utiles, ou, du moins, le porter sur quelque objet indifférent qui l’empêche d’errer sur des objets dangereux pour notre repos ou pour notre conscience.

C’est là cette prudence que nous recommande Salomon, afin de n’être pas exposés sans défense à toutes les séductions de notre propre cœur et de l’ennemi de nos âmes. Il y a des personnes plus accessibles que d’autres aux pensées qui offrent quelque danger. Elles doivent particulièrement y prendre garde, et pour cela rechercher de préférence les occupations qui absorbent l’esprit plutôt que celles qui se poursuivent d’une manière machinale.

L’esprit de prière et un désir constant d’avancer dans la sanctification nous disposeraient plus que toute autre chose à diriger convenablement nos pensées.

Ils nous empêcheraient en particulier de nous laisser facilement distraire par des objets étrangers pendant le culte public ou dans d’autres moments consacrés à la dévotion. C’est pour cela que la disposition à se laisser distraire n’est pas entièrement indépendante de notre volonté, ni, par conséquent, entièrement innocente.

Il va sans dire aussi qu’elle devient bien PLUS COUPABLE, lorsque, dans le moment où nous nous apercevons de notre distraction,

- nous nous permettons de suivre cette pensée étrangère au lieu de faire un effort accompagné de prière pour reporter notre esprit sur les objets qui devraient l’occuper.

Dans ce sens comme dans tous les autres, il faut ne pas nous laisser vaincre par le mal, mais, au contraire, surmonter le mal par le bien.


 


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