Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XXIV.

VERSETS 1-12.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Ne porte point d’envie aux hommes méchants et ne désire point d’être avec eux; car leur cœur médite la rapine et leurs lèvres parlent de nuire.

- La maison sera bâtie par la sagesse et elle sera affermie par l’intelligence

- Et par la science, les cabinets seront remplis de tous les biens précieux et agréables, etc.

Après nous avoir prévenus contre l’envie, que pourrait inspirer dans certains cas la prospérité des méchants, Salomon s’étend, dans ces versets et les suivants, sur les avantages que procurent la sagesse et l’intelligence.

Peut-être a-t-il voulu par ce rapprochement mettre la méchanceté ou l’impiété en contraste avec cette vraie sagesse qui consiste à connaître Dieu et à chercher à lui plaire.

Sous la dispensation judaïque, Dieu accordait souvent aux hommes pieux une grande prospérité dans ce monde, de sorte qu’on pouvait dire, même au point de vue matériel, que leurs maisons étaient bâties par la sagesse et que, par la science religieuse, leurs cabinets étaient remplis de tous les biens précieux et agréables.

Sous la dispensation évangélique, il n’en est pas ainsi, du moins quant aux individus. Si, encore à présent, Dieu a arrangé les choses de manière à ce que la justice élève les nations, parce que leur existence comme nations doit se terminer dans ce monde, il ne rétribue pas toujours ici-bas les individus selon ce que leurs bonnes ou leurs mauvaises œuvres nous sembleraient le mériter; et il accumule quelquefois les épreuves sur la tête de ses plus chers enfants.

Mais alors, au milieu de ces épreuves, il remplit les cabinets de leurs cœurs de sa paix et de sa grâce comme des biens les plus précieux.

Leur maison, bâtie par la sagesse et affermie par l'intelligence, résiste aux tempêtes de l’adversité comme elle résistera au bouleversement du dernier jour.

Elle est fondée sur Jésus-Christ, le rocher des siècles; et quand la pluie est tombée, que les torrents se sont débordés, que les vents ont soufflé et sont venus fondre sur cette maison, elle n’est point tombée parce qu'elle était fondée sur le roc (Matth., VII, 24, 25).

- Celui qui pense à faire mal, on rappellera maître en malice.

- Un mauvais dessein est une folie et un péché, et le moqueur est en abomination aux hommes.

- Si tu perds courage, ta force sera petite aux jours de la détresse.

On croit souvent qu’il y a moins de péché dans les mauvaises pensées que dans les actions ou les paroles coupables.

Ce qui est vrai, c’est que les pensées, tant qu’elles restent à l’état de pensées, ne produisent pas au-dehors le même mal que les paroles ou les actions, et NE SONT NUISIBLES QU’À L’ÂME QUI S’Y LIVRE.

- Mais si l’âme s’y livre, en effet, et ne cherche pas à les combattre, elles sont souvent l’indice d’un degré de corruption plus grand que ne le seraient des actes ou des paroles.

Ces derniers peuvent être provoqués par des circonstances inopinées qui ne laissent pas à l’âme le temps de la réflexion.

- Mais lorsque nous nous occupons d’avance d’une chose que nous savons être mauvaise, nous n’avons pas l’excuse de la surprise et notre péché reste tout entier.

C’est ainsi que celui qui PENSE à faire mal, on l’appellera, non pas seulement méchant, mais MAÎTRE EN MALICE.

Tout péché est une folie, puisqu’il provoque sur nous les jugements de Dieu et tend par sa nature à nous éloigner pour toujours de sa présence. Sous ce rapport déjà les mauvaises pensées ou les mauvais desseins sont une folie encore plus grande que ne le seraient d’autres péchés.

- Mais elles sont aussi une folie par les malheurs qu’elles occasionnent immédiatement au cœur qui s’y abandonne.

Il n’y a peut-être aucun sentiment plus douloureux que celui de la haine, de l’animosité ou même de la rancune. Ce sentiment a quelque chose de l'amertume du remords, parce qu’on a l’impression confuse du péché qu’on commet en s’y livrant; et en même temps, il n’en a pas le résultat salutaire et consolant, qui est de nous jeter avec une plus humble ardeur dans les bras de la divine miséricorde.

Hélas! cependant, nous n’avons point d’autre ressource pour nous délivrer des mauvaises pensées qui viennent trop souvent nous assiéger. II faut dire à Dieu, de toutes les forces de notre âme: Seigneur, délivre-moi du malin! en nous répétant que rien n’est impossible à Dieu et qu’il a promis de donner son Saint-Esprit, Esprit de paix, de charité et de douceur, à tous ceux qui le lui demandent.

C’est en invoquant ainsi le secours de Dieu avec une véritable foi que nous ne perdrons pas courage et que nous pourrons trouver la force dont nous avons besoin pour combattre contre le péché.

Ce qui est vrai dans les tentations, de quelque nature qu’elles soient, l’est aussi dans les autres genres de détresses.

- Si nous nous laissons aller au découragement dans la pensée qu’il n’existe pour nous aucun moyen de délivrance, nous perdons de vue les ressources dont nous pourrions disposer et il ne nous reste plus de force pour faire usage de celles dont nous aurions encore l’idée.

Mais, au contraire, lorsque nous commençons par IMPLORER LE SECOURS DE DIEU, en le suppliant AVEC FOI de nous délivrer de notre peine s'il le juge bon, ou bien de soumettre entièrement notre cœur à sa volonté, nous aurons une confiance et une liberté d’esprit qui nous permettront d’user de toutes nos ressources.

Nous ne perdrons ni nos forces, ni nos facultés, et, tout en ne nous appuyant pour le succès que sur la seule bénédiction de Dieu, nous emploierons par sa grâce les moyens qu’il aura déterminés lui-même pour opérer notre délivrance.

- Si tu manques à délivrer ceux qui sont traînés à la mort et qui sont sur le point d’être tués, diras-tu: Voici, nous n’en avons rien su?

- Celui qui pèse les cœurs ne l’entendra-t-il point, et celui qui garde ton âme ne le saura-t-il point et ne rendra-t-il pas à chacun selon son œuvre?

Ces paroles frappantes n’ont certainement pas besoin d’être expliquées, mais il est bon d’y arrêter un moment notre esprit pour nous convaincre toujours davantage qu’aux yeux de Dieu, NE PAS FAIRE LE BIEN QU’ON POURRAIT FAIRE, EST UN PÉCHÉ tout comme de faire le mal.

Une telle pensée a quelque chose de singulièrement effrayant, et elle suffirait pour nous faire juger de notre état naturel de condamnation devant Dieu. Puisse-t-elle en même temps nous être salutaire!

- Cette sentence nous rappelle aussi que nous sommes responsables du mal que nous aurions pu empêcher.

Si, dans la vie habituelle, on a rarement l’occasion de sauver un homme de la mort, nous pourrions bien souvent, par exemple, sauver la réputation de notre prochain en réfutant des calomnies ou en réprimant des médisances et des jugements téméraires qui la compromettent.

Mais c’est surtout d’une manière indirecte que nous pourrions prévenir bien des maux en usant convenablement et avec une sage fermeté de l’autorité que Dieu nous a confiée. Quelle que soit la nature de cette autorité, que nous l’ayons comme parents, comme maîtres, comme magistrats, ou bien par la simple supériorité des lumières, de l’âge ou de la position, l’autorité est un talent dont nous serons responsables aussi bien que de tous les autres.


VERSETS 13-20.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Mon fils, mange le miel, car il est bon, et le rayon de miel qui est doux à ton palais.

- Telle sera la connaissance de la sagesse à ton âme; quand tu l’auras trouvée, elle aura une bonne issue et ton attente ne sera point frustrée.

Déjà David avait dit, dans un de ses psaumes, en parlant de l’ensemble des témoignages divins: Ils sont plus doux que le miel, même que ce qui distille des rayons de miel.

Il nous est assez naturel de comparer l’effet que certaines connaissances et certaines impressions font sur notre âme avec celui des aliments sur notre corps. Nous sentons, quoique peut-être confusément, que notre âme aussi a besoin de nourriture, qu’il y a des aliments qui entretiennent et fortifient sa vie, et qu’il y en a d’autres qui trompent ses besoins et qui l’affaiblissent ou ne font que l’affadir.

- Heureuses les âmes qui savent choisir les aliments les plus sains et y trouver leur jouissance!

Nous pouvons juger de l’effet qu’ont sur nous certaines études et certaines lectures en voyant si, après les avoir faites, nous serions disposés à lire la Bible, à prier Dieu ou à remplir quelque pénible devoir.

Les études les plus salutaires à notre âme ne sont pas toujours celles qui ont pour nous le plus d’attrait. En particulier, nous ne dirions peut-être pas toujours avec David, d’après notre impression personnelle, que les enseignements de la Parole de Dieu sont plus doux que le miel, même que ce qui distille des rayons de miel.

Mais, quoi qu’il en soit, souvenons-nous que le miel est bon et que telle sera la connaissance de la sagesse à notre âme.

- Ne nous laissons pas décourager de la lecture attentive de l'Écriture Sainte,

- et recherchons les ouvrages qui nous la font le mieux comprendre et apprécier.

En méditant un passage dans le désir de nous l’appliquer et de nous le rendre salutaire, nous finissons souvent par trouver d’importantes conséquences pratiques à des paroles qui nous avaient d’abord paru complètement étrangères à notre édification.

C’est ainsi, qu’en cherchant consciencieusement à avancer dans la connaissance de la vraie sagesse, notre attente ne sera point frustrée. Cette étude aura une bonne issue par les progrès que Dieu voudra bien accorder à nos efforts, jusqu’à ce qu’après avoir vu confusément et comme dans un miroir les objets de notre foi, nous les voyions face à face et que nous connaissions comme nous avons été connus (1 Cor., XIII, 12).

- Méchant, n'épie point le domicile du juste et ne gâte point son habitation. Car le juste tombera sept fois, et il sera relevé; mais les méchants tombent dans le mal.

Dieu permet quelquefois que les hommes pieux aient à souffrir des injustices ou des persécutions de leurs adversaires. Mais il connaît leurs épreuves; il les soutient par sa grâce, et s’il ne juge pas convenable de les délivrer ici-bas de leurs maux, il leur réserve dans l’éternité un bonheur et une gloire devant lesquels s’effaceront toutes les peines de la vie présente.

- Le succès des méchants dans leurs entreprises contre les fidèles ne doit donc pas nous faire douter de la protection de Dieu sur ses enfants et des punitions qu’il réserve à ceux qui les auront opprimés.

Le juste tombera sept fois et il sera relevé; mais, à moins que les méchants ne se convertissent, c’est pour toujours qu’ils tomberont dans le mal, puisque, en sortant de cette vie, ils seront transportés devant le tribunal de Dieu.

Cette parole: Le juste tombera sept fois et il sera relevé, s’applique d’une manière encore plus frappante aux chutes spirituelles des vrais serviteurs de Dieu.

Si, mettant toute notre confiance dans la miséricorde gratuite de Dieu en Jésus-Christ, notre désir le plus ardent est de lui obéir en toutes choses, nous pouvons être certains que Dieu nous gardera contre nous-mêmes et contre les ennemis de notre salut, en sorte que nous nous relèverons de nos chutes et que, malgré toutes nos misères, nous persévérerons dans la voie qui conduit à lui.

Lorsqu’après avoir vu les privilèges des fidèles on pense au malheur de leurs ennemis, on ne peut qu’être touché de compassion à leur égard et l’on sent toute la justesse de cette déclaration:

- Quand ton ennemi sera tombé, ne t’en réjouis point, et quand il sera renversé, que ton cœur ne s’en égaie point: de peur que l’Éternel ne le voie et que cela ne lui déplaise, tellement qu’il détourne sa colère de dessus lui sur toi.

Si, à l'ouïe de quelque malheur survenu à une personne qui a eu des torts à notre égard, il nous arrivait d’éprouver un secret mouvement de joie, il ne faudrait pas nous excuser en nous-mêmes de ce coupable sentiment par la pensée que le zèle pour la gloire de Dieu nous porte à nous réjouir de la punition du péché.

- Dieu a encore plus que nous la haine du péché; et cependant il aime tes pécheurs, et rien ne lui a coûté pour opérer leur délivrance.

Nous ne pouvons pas croire véritablement à notre rédemption sans éprouver de la compassion pour les âmes qui périssent et en particulier pour celles dont les torts à notre égard nous font mieux sentir la culpabilité.

Jésus-Christ, en nous disant: Aimez vos ennemis, met par son Esprit dans nos coeurs les sentiments qui correspondent à ce précepte. Si nous avons des ennemis, les infortunes qui leur arrivent doivent réveiller notre intérêt pour leurs âmes et nous faire souvenir de prier, comme David, pour eux (Ps. CIX).

Nous sommes peut-être plus souvent tentés de voir avec envie la prospérité de nos adversaires, que de nous réjouir de leurs maux; mais ce sentiment ainsi n’est pas seulement contraire à la charité; il serait encore, si nous sommes chrétiens, un désaveu de nos croyances.

- Ne t'irrite point à cause des gens malins, continue Salomon; ne porte point d’envie au méchant; car il n’y aura pas me bonne issue pour le méchant, et la lampe des méchants sera éteinte.

Attendons avec foi le moment où se manifestera la justice de Dieu, en le suppliant d’accorder avant ce jour, aux hommes qui n’ont à attendre que ses jugements, la repentance pour avoir la vie.


VERSETS 21-26.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Mon fils, crains l’Éternel et le roi, et ne te mêle point avec les gens remuants; car leur ruine s’élèvera tout d’un coup, et qui sait le malheur qui arrivera à l’un et à l’autre ?

Nous savons par la foi que la Parole de Dieu a été écrite pour tous les temps; de sorte que d’un siècle à l’autre, les fidèles ont TOUJOURS pu et POURRONT TOUJOURS y puiser les instructions et les préceptes nécessaires à leur conduite.

Mais quant à cette exhortation, elle est tellement appropriée aux temps où nous sommes qu’elle semble avoir été écrite, pour ainsi dire, encore plus en vue des chrétiens de nos jours que pour les fidèles du temps du roi-prophète.

Le Nouveau-Testament abonde en préceptes relatifs à la soumission envers les autorités établies. Il veut qu’on leur soit soumis, non seulement par la crainte de la punition, mais aussi par un motif de conscience (Rom., XIII, 5).

Il semble que le Saint-Esprit ait voulu empêcher d’avance qu’on tire des crimes des souverains des exceptions à cette règle, lorsqu’il a fait écrire par saint Paul, sous un Néron:

- Que toute personne soit soumise aux puissances supérieures; car il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et celles qui subsistent ont été établies de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à la puissance s’oppose à l’ordre que Dieu a établi; et CEUX QUI S’Y OPPOSENT ATTIRERONT SUR EUX LA CONDAMNATION (Rom., XIII, 1, 2).

Cette parole: Mon fils, crains l’Éternel et le roi, suffirait pour montrer que la soumission à l’égard de Dieu renferme la soumission à l’égard des puissances.

Mais cette expression: Ne te mêle point avec les gens remuants, est peut-être, pour nous, la plus nécessaire à remarquer.

Les chrétiens savent, en effet, qu’il ne faut pas se révolter contre les autorités établies, et ils n’auraient garde de se mêler aux hommes qui trament quelque complot pour les renverser.

- Mais souvent ils se croient permis de se joindre des hommes qui, mécontents de l’ordre de choses sous lequel ils vivent, cherchent, sans se révolter précisément, à lui susciter partout des ennemis, et espèrent créer assez d’embarras aux dépositaires du pouvoir pour les obliger à l’abandonner.

Ces hommes peuvent avoir des intentions très droites et n’être dirigés que par l’intérêt de leur pays.

- Cependant, il est très-fâcheux, pour l’honneur de l’Évangile, que des chrétiens se joignent aux efforts de ces gens remuants et aux intrigues qui trop souvent en résultent.

S’ils travaillent à améliorer les institutions de leur patrie et même à modifier le personnel de son gouvernement, ce doit être au grand jour et par des moyens non seulement LÉGAUX, mais QUI NE BLESSENT NI L’ÉQUITÉ NI LA CHARITÉ, des moyens, en un mot, qui leur permettent de prier, selon le commandement de Dieu, pour les hommes placés à la tête de leur nation, ainsi que pour toutes les autres puissances.

C’est quelquefois en croyant agir dans l’intérêt de l’Évangile que les chrétiens attaquent les autorités de leur pays, afin de substituer à un gouvernement persécuteur un gouvernement favorable à la liberté de conscience.

Mais s’ils travaillent dans ce but par des moyens que l’Évangile désavoue, ils font beaucoup de mal, au lieu de faire du bien. Ils fournissent des armes aux adversaires des doctrines chrétiennes et augmentent les préventions qu’elles soulèvent. C’est là ce zèle terrestre et charnel que notre Seigneur réprimait chez l'apôtre Pierre (Luc, XXII, 51).

- Les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, dit Saint Paul, mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser les forteresses et détruire tous les conseils et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu (2 Cor., X, 4).

Ces armes puissantes, ce sont les vertus des chrétiens; et c’est en particulier leur fidélité à confesser leur foi au milieu des persécutions et des opprobres.

On a remarqué, l’histoire à la main, que toutes les fois que les chrétiens n’ont employé que ces seules armes, l’Évangile a fait de grands progrès, malgré l’opposition des gouvernements.

Mais lorsque, au contraire, ils ont combattu à la manière des hommes et employé la force pour défendre leur foi, leur cause n’a plus été que celle d’un parti, et la véritable cause de l’Évangile a subi de déplorables pertes.

Nous lisons dans les versets qui suivent:

- Ces choses aussi sont pour les sages; il n’est pas bon d’avoir égard à l’apparence des personnes dans le jugement.

- Les peuples maudiront et les nations auront en détestation celui qui dit au méchant: tu es juste. Mais pour ceux qui le reprennent, il y aura toute sorte de plaisir et la bénédiction de tous les biens viendra sur eux.

Si cette déclaration concerne en premier lieu les hommes appelés à rendre la justice, elle a cependant une portée plus générale.

Elle s’oppose à l’habitude trop répandue de flatter les passions et les mauvais penchants des hommes qui exercent quelque pouvoir. Il faut, en effet, que les méchants dont parle Salomon soient placés de manière à ce que leurs actions exercent une grande influence, pour qu’il puisse dire: les peuples maudiront et les nations auront en détestation celui qui dit au méchant: tu es juste.

- Lorsque c’est par un motif de conscience et non par servilité que les chrétiens sont soumis aux hommes qui les gouvernent, cette soumission ne les engagera jamais à paraître approuver leurs torts. Ils se montreront, au contraire, fidèles à leur égard, en profitant de toutes les occasions pour leur faire entendre la vérité et leur donner des conseils salutaires.

Ce n’est pas là que se bornent les leçons qu’on peut tirer de cette sentence. Lors même qu’il ne s’agit ni de princes, ni de magistrats, nous manquons souvent d’équité dans notre manière de juger les autres.

- On a peur de déplaire aux personnes qui ont de l’influence dans la société et on approuve de leur part des choses que l’on blâmerait chez des personnes moins favorablement placées.

N’est-ce pas avoir égard à l'apparence des personnes dans le jugement, ou, comme le dit Saint Jacques, mettre de la différence entre l’un et l’autre?

La flatterie et la dissimulation font toujours un grand mal, de quelque manière qu’elles s’emploient. Aussi Salomon ajoute-t-il, pour nous engager à la sincérité:

- Celui qui répond avec droiture à quelqu’un lui donne un baiser à la bouche.

Nous ne sommes pas toujours satisfaits lorsque les personnes auprès de qui nous prenons certaines informations ou à qui nous demandons quelque conseil nous répondent avec une complète droiture.

Nous commençons trop souvent par leur savoir intérieurement mauvais gré de leur franchise. Et cependant elles peuvent par là nous rendre un important service dont nous les remercierons plus tard, ou dont nous aurons à nous repentir de n’avoir pas su profiter.

- Plus une parole de vérité peut être pénible à entendre, plus il faut être reconnaissant envers ceux qui osent la prononcer lorsqu’elle leur est demandée.

Nous devons nous-mêmes, dans l’occasion, agir avec cette sincérité envers ceux qui nous interrogent ou qui nous demandent des avis.

Mais souvenons-nous en même temps que, pour qu’elle atteigne son but, cette sincérité doit être accompagnée de douceur et de prudence.

En général, on ne peut mettre trop de scrupule à respecter la vérité, en évitant toute exagération, toute dissimulation et toute hypocrisie. Bien des maux et des scandales seraient prévenus si les chrétiens suivaient avec plus d’exactitude cette exhortation du Saint-Esprit: C'est pourquoi, renonçant au mensonge, que chacun de vous parle en vérité envers son prochain; car nous sommes tous membres les uns des autres (Ephés., IV, 26).


VERSETS 27 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Règle ton ouvrage au-dehors et mets ordre à ton champ, et puis tu bâtiras ta maison.

- Ne sois point témoin contre ton prochain sans qu’il soit nécessaire; et voudrais-tu séduire par tes lèvres?

Les instructions de cette fin de chapitre se rapportent toutes ou bien à la charité ou bien à l’activité.

C’est, en effet, un sentiment de charité qui doit nous empêcher de rendre témoignage contre notre prochain, à moins d’une obligation absolue. Ce n’est pas seulement lorsque nous y serions appelés devant un tribunal que nous sommes obligés de déclarer ce que nous connaissons des torts d’un de nos semblables.

- Toutes les fois que, pour une cause légitime, on nous demande ce que nous savons du caractère de quelqu’un, nous devons répondre sans exagération, mais avec sincérité, comme nous désirerions qu’on agit envers nous dans une circonstance pareille.

- Il y a même des cas où, sans être questionnés, notre devoir nous oblige à informer des parents ou d'autres supérieurs de ce que nous avons eu occasion de savoir relativement à la conduite de leurs enfants ou de leurs subordonnés.

Mais toutes ces circonstances sont exceptionnelles; et si nous avons une véritable charité, nous aurons soin, dans la vie ordinaire, de ne pas divulguer les défauts des personnes avec qui nous vivons, et, en général, de cacher autant que possible ce que nous connaissons des torts de notre prochain.

Hélas! c’est peut-être là, de tous les traits de la charité, celui que les chrétiens réalisent le moins.

Bien des personnes, qui sacrifieraient leur temps ou leurs biens aux intérêts matériels des autres, ne savent pas renoncer, dans l’intérêt de leur réputation, au triste plaisir de prononcer sur leur compte quelque parole maligne ou quelque médisance.

Et cependant, la réputation n’est-elle pas un des biens les plus précieux que nous puissions conserver à ceux que nous aimons?

Et si nous sommes chrétiens, ne faisons-nous pas profession d’aimer non seulement tous nos frères, mais tous les hommes?

Mais il y a quelque chose de plus dans la sentence dont nos nous occupons. Salomon ajoute: Et voudrais-tu séduire par tes lèvres?

C’est qu’il est très difficile et peut-être impossible de prononcer une MÉDISANCE sans y joindre involontairement UN PEU DE CALOMNIE ou quelque JUGEMENT TÉMÉRAIRE.

En racontant un fait, on l’exagère presque malgré soi. L’on omet souvent de petites circonstances qui serviraient à l’excuser, ou bien on change le ton dont certaines paroles ont été prononcées, ou encore l’on attribue légèrement telle parole ou telle action à des motifs qui en dénaturent le caractère, etc.

Ainsi donc, si la calomnie nous inspire une juste horreur, GARDONS-NOUS DE LA MÉDISANCE, et rappelons-nous en même temps qu’elles nous exposent l’une et l’autre aux mêmes jugements de Dieu, puisqu’elles prouvent également dans le cœur l’absence de cet amour auquel notre Sauveur doit reconnaître ses disciples.

Une autre exhortation relative à la charité est celle-ci:

- Ne dis point: Je lui ferai comme il m’a fait; je rendrai à cet homme selon ce qu’il m’a fait.

Il semble presque superflu sous l’Évangile de s’arrêter à cette exhortation, tant la vengeance est contraire à la lettre et à l’esprit des enseignements de notre Sauveur.

Cependant nous ne devons pas négliger de nous examiner à cet égard.

Sans doute, si nous faisons profession d’être chrétiens, nous ne rendrons pas une injure pour une injure, un mauvais traitement pour un mauvais traitement, une injustice pour une injustice.

Peut-être même serions-nous heureux de montrer à celui qui nous a fait tort la différence de nos principes, en lui rendant un service quand l’occasion s’en présenterait.

Mais si l’on tient quelquefois cette conduite par un vrai sentiment de charité, il peut arriver aussi qu’il s’y mêle un mouvement d’orgueil; et alors, dans d’autres occasions, nous prendrons un secret plaisir à humilier les personnes qui nous auraient témoigné du mépris et à démasquer leur malice ou leur hypocrisie.

Nous tombons ainsi nous-mêmes dans la fierté dont nous avons souffert, tandis que l’exemple de notre modération et de notre charité aurait pu être, dans la main de Dieu, un moyen d’amener une âme à l’Évangile. Ne te laisse pas surmonter par le mal, nous dit un apôtre; mais surmonte le mal par le bien (Rom., XII, 21).

Les versets qui suivent ont tous pour objet l’indolence et la paresse; ils sont au nombre des plus remarquables du livre des Proverbes par la vivacité des images et la force des expressions.

- J’ai passé près du champ d’un homme paresseux et près de la vigne d’un homme dépourvu de sens.

- Et voilà, tout y était monté en chardons, les orties en avaient couvert le dessus et la cloison de pierres était démolie.

- Et ayant vu cela, je le mis dans mon cœur; je le regardai; j’en tirai une instruction.

- Un peu de dormir, un peu de sommeil, un peu de mains pliées pour être couché, et ta pauvreté viendra comme un passant et ta disette comme un homme armé.

Ce n’est pas seulement chez les hommes qui vivent du travail de leurs mains, c’est dans toutes les positions qu’en négligeant le soin de ses affaires temporelles, on passe promptement de l’aisance à la ruine.

- Nous ne pouvons pas transgresser impunément les commandements de Dieu, qui a dit: Tu travailleras six jours et tu feras TOUTE ton œuvre.

La paresse proprement dite, qui nous empêche de nous occuper et nous fait consacrer au repos un trop grand nombre d'heures, n’est peut-être pas un défaut très-fréquent.

Une disposition beaucoup plus commune, c’est l’espèce d’indolence qui nous empêche de FAIRE LES CHOSES AU MOMENT CONVENABLE et par laquelle nous choisissons les occupations qui nous plaisent, au lieu de celles plus nécessaires qui ne sont pas de notre goût.

- Il y a dans cette préférence de notre plaisir à notre devoir une désobéissance tout aussi coupable que dans une complète inactivité; et les suites n’en sont pas moins funestes.

C’est peut-être à cette disposition que se rapporte un verset précédent dont le sens n’est pas très-facile à saisir: Règle ton ouvrage au-dehors et mets ordre à ton champ; et puis tu bâtiras ta maison.

Les travaux de la campagne, semailles, récoltes ou autres, ne peuvent se faire d’une manière utile qu’en saisissant le moment opportun, tandis que des travaux d’un autre genre peuvent être retardés avec moins d’inconvénient.

Cette image nous ferait donc comprendre le danger de renvoyer les choses qui doivent être faites à tel moment donné, bien que celles que nous voudrions leur substituer paraissent en elles-mêmes aussi importantes. À toute chose sa saison, et à toute affaire sous les deux son temps, lisons-nous dans l’Ecclésiaste.

Il y a dans les versets qui nous occupent une parole qu’il ne faudrait pas laisser échapper. Après avoir décrit le champ dévasté d’un homme paresseux, Salomon ajoute: Et ayant vu cela, je le mis dans mon cœur, je le regardai, j’en tirai me instruction.

Lorsque nous entendons parler des torts de quelqu’un ou que nous sommes témoins de leurs funestes conséquences nous ne devons pas nous contenter d’un blâme stérile et encore moins encourager des récits médisants; mais nous devons mettre ces choses dans notre coeur et en tirer une instruction pour nous-mêmes.

Souvenons-nous de ces simples paroles de l’apôtre saint Jean, qui sont d’une application si continuelle:

Mon très cher, n’imite pas ce qui est mauvais,

mais imite ce qui est bon (3 Jean, 11).


 

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