Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XXII.

VERSETS 1-8.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- La renommée est plutôt à choisir que les grandes richesses, et une bonne estime plus que l’argent et l'or.

L’estime et l’affection des personnes qui nous entourent sont les plus précieux des biens temporels.

Elles facilitent la vie de celui qui les possède, et lui sont une source continuelle de jouissances ou de consolations.

Lors donc qu’un homme emploie des moyens peu délicats pour augmenter sa fortune, l’or et l’argent qu’il acquiert ainsi sont bien loin de le dédommager de ce que de pareils procédés lui font perdre dans l’estime de ses concitoyens. Il n’y a que l’approbation de Dieu à laquelle nous devions, si cela était nécessaire, sacrifier celle des hommes, puisque, sans elle, quelles que fussent nos circonstances, nous ne pourrions avoir ni paix dans ce monde, ni bonheur dans l’éternité.

- Le riche et le pauvre se rencontrent.

- Celui qui les a faits l’un et l’autre, c’est l’Éternel.

Ces paroles pourraient être méditées sous différents points de vue. Elles nous rappellent que, malgré les différences extérieures qui les séparent, le riche et le pauvre sont placés au même rang quant aux dispensations générales de Dieu envers l’humanité.

- Ils sont soumis aux mêmes affections, aux mêmes besoins, à une même mort et à un même jugement.

Mais quant aux distinctions que Dieu a établies entre les hommes, cette sentence peut servir à combattre deux tendances opposées qui sont également dangereuses pour le repos de la société.

De nos jours, les pauvres semblent souffrir de leurs privations avec un redoublement d’amertume. Un grand nombre d’entre eux voient dans l’inégalité des conditions une véritable injustice et disent que Dieu avait, fait les hommes pour être égaux dans leurs jouissances et dans leurs droits.

Cependant, l’expression qu’emploie le Saint-Esprit est contraire à cette pensée.

Dire que l’Éternel a fait le riche et le pauvre, c’est dire qu’il a voulu qu’il y eût des riches et des pauvres; et, en effet, en donnant à chaque homme des mesures si diverses de talents et de forces, il a pourvu à ce que cette inégalité de positions reparût continuellement à mesure qu’on s’efforcerait de la détruire.

- Elle était nécessaire, cette inégalité, afin que les hommes eussent à exercer la libéralité et la reconnaissance.

- Elle les unit aussi les uns avec les autres par un plus grand nombre de liens; car, et c’est ici la seconde leçon que nous donne la sentence de Salomon prise à ce point de vue, si Dieu a fait le riche et le pauvre, c’est pour qu'ils se rencontrent.

L’égoïsme chez le riche est aussi contraire à sa volonté que l’esprit de révolte chez le pauvre.

Il ne suffit pas que les hommes de conditions diverses se rencontrent inévitablement par les services que les uns rendent et que les autres paient. Il faut qu’ils se rencontrent aussi par les nombreux services d’un autre genre que les hommes d'une condition aisée peuvent rendre à leurs concitoyens moins favorablement placés.

Cette expression nous montre de plus que la bienfaisance doit s’exercer de manière à rapprocher autant que possible la personne qui donne de celle qui reçoit.

Il n'y a que l’Évangile qui, en inspirant à la fois la charité aux uns et la résignation aux autres, puisse offrir un remède efficace aux maux qui, plus que jamais, travaillent la société et souvent la menacent de ruine.

- L’homme bien avisé prévoit le mal et se tient caché;

- mais les simples passent outre et en souffrent le dommage.

Le mot simple n'a pas toujours exactement la même signification.

C’est pour cela que la Parole de Dieu qui, en général, nous recommande la simplicité, nous avertit quelquefois des dangers que court l’homme simple.

Dieu veut que nous soyons SIMPLES dans le sens où CE MOT EST OPPOSÉ À CELUI DE DOUBLE.

Il veut que les yeux de notre âme soient tournés vers un seul objet, la seule chose nécessaire, et que les autres choses ne nous occupent que d’une manière subordonnée à celle-là.

Il veut aussi que nous nous préservions de cette duplicité par laquelle on cherche à tromper les autres sur ses sentiments et sur ses motifs.

- Mais dans le sens où par simplicité il faut entendre un défaut de réflexion et de prudence, Dieu ne veut pas que nous soyons simples.

Il nous a donné la raison pour nous guider dans les choses de cette vie; et si nous en faisions constamment usage, nous pourrions éviter une grande partie de nos maux.

Quant à ce qui concerne notre âme, ne peut-on pas dire que l’homme bien avisé prévoit le mal que méritent ses transgressions et se tient caché dans l’arche du salut par une foi sincère au sacrifice de Jésus-Christ?

Nous devons aussi prévoir le mal que nous pourrions à chaque instant être tentés de commettre, afin de le prévenir par notre vigilance et par nos prières.

La vigilance suppose l’humilité et la crainte de déplaire à Dieu.

Nous voyons dans le verset suivant quels sont les biens que ces dispositions nous procurent:

- La récompense de la modestie et de la crainte de l’Éternel sont les richesses, la gloire et la vie.

Sous la dispensation évangélique, ce ne seront peut-être pas les richesses et la gloire de ce monde, ni une grande prolongation de notre existence ici-bas; mais ce seront les richesses incompréhensibles de Christ, la participation à la gloire éternelle, enfin cette vie spirituelle et divine dont il est dit: Celui qui a le Fils a la vie.

- Instruis le jeune enfant à l’entrée de sa voie.

- Lors même qu’il sera devenu vieux, il ne s’en éloignera point.

Il s’agit évidemment ici de l’instruction religieuse.

Elle seule est également nécessaire au jeune enfant et à l’homme devenu vieux.

On voit même par les dernières paroles que, sous le nom d'instruction, nous devons entendre l’éducation religieuse et l'impulsion donnée dans ce sens à toute la conduite.

Salomon nous enseigne donc qu’il ne faut pas attendre qu’un enfant ait la raison un peu développée pour chercher à lui inculquer des sentiments de foi et de piété.

Sans doute, il faut attendre cet âge pour l’instruire d’une manière approfondie et méthodique des doctrines du christianisme et des devoirs qui en découlent.

- Mais bien longtemps avant cette époque, on peut lui donner des idées justes, quoique faibles et incomplètes, de ces sublimes objets.

Il est même essentiel, pour la piété future d’un homme parvenu à l’âge de raison, qu’il ne puisse pas se souvenir d’un temps où l’idée de Dieu lui fut étrangère.

Dès qu’un enfant sait ce que c’est qu’obéir ou désobéir, il a l’idée du bien et du mal.

On peut donc lui faire comprendre que le Dieu qui a créé toutes choses et qui lui dispense à son gré la santé ou la maladie, que ce Dieu, en un mot, tout-puissant et tout bon, veut qu’il fasse ce qui est bien.

- On l'engagera à demander pardon à Dieu de ses fautes à mesure qu’il les reconnaît.

- On lui parlera du Sauveur au nom duquel ce pardon nous est accordé et par qui nous pouvons obtenir le changement de notre cœur.

En priant chaque jour AVEC leur enfant, un père ou une mère l’habitueront à remercier Dieu de ses soins journaliers et à implorer son secours pour lui-même ou pour ses parents lorsqu’ils sont dans quelque souffrance.

Les habitudes du premier âge sont celles qui laissent la plus profonde impression.

Il est rare de lire la vie de quelque chrétien éminent dans le règne de Dieu sans y voir qu’il avait eu dans son enfance des habitudes de piété.

Souvent ces habitudes, ainsi que les principes d’où elles découlent, se perdent pendant la jeunesse.

Mais lorsque, plus tard, la conscience est réveillée par quelque prédication ou quelque dispensation providentielle, le souvenir des impressions passées rend ces nouvelles impressions beaucoup plus pénétrantes, et devient ainsi dans la main de Dieu un puissant moyen de conversion.

Plus donc les parents sentiront pour eux-mêmes le prix d'une foi vivante et pratique, plus ils s'efforceront de bonne heure, par leurs prières et par leurs soins, d'assurer à leurs enfants la disposition qui seule a les promesses de la vie présente et de celle qui est à venir.


VERSETS 9-14.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- L’œil bienfaisant sera béni, parce qu’il aura donné de son pain au pauvre.

L’œil bienfaisant! Cette expression paraît singulière.

Pourquoi l’œil est-il nommé ici plutôt que la main?

Peut-être le choix de ce mot doit-il nous enseigner que l’essentiel dans la bienfaisance:

- c’est de voir c’est-à-dire de savoir comprendre les souffrances et les besoins de ceux qu’on doit soulager, et de le leur exprimer en arrêtant sur eux le regard de l’amour.

Lorsqu’une fois nous les avons compris et que nous y sympathisons, nous sommes tout naturellement disposés à les soulager si la chose nous est possible. Ce serait même pour nous un sacrifice que de ne pas le faire.

Mais, ainsi que nous l’avons remarqué ailleurs, c’est précisément cette connaissance et cette sympathie qui nous manquent d’ordinaire.

- Nous avons de la peine à nous identifier avec la position de ceux dont la condition sociale est très-différente de la nôtre.

- Nous ne savons pas deviner les privations de ceux d’entre les indigents qui répugnent à en faire un étalage; et c’est pour cela que nous mettons peu d’empressement à les soulager.

Si nous voulons donc être assurés par notre active compassion pour les malheureux que nous sommes les bénis du Père (Matth., XXV, 34), cherchons avec une charité délicate à connaître les besoins qu’ils craignent de nous avouer, et alors il ne nous sera pas difficile de donner à manger à ceux qui ont faim, de vêtir ceux qui sont nus et de visiter dans leurs afflictions les prisonniers et les malades (35, 36).

- Le roi est ami de celui qui aime la pureté du cœur et qui a de la grâce dans ses discours.

Lors même que ces paroles ne se rapporteraient qu’à un roi humain, elles auraient pour nous la même portée que s’il s’agissait ici du chef divin de l’Église; car elles expriment nécessairement ce que doit approuver un roi dont les sentiments sont conformes à la vérité divine.

De qui donc, d’après ce verset, notre Roi est-il l'ami?

De celui qui aime la pureté du cœur et qui a de la grâce dans ses discours.

La pureté des intentions, la sincérité dans le désir d’obéir à Dieu sont des dispositions sans lesquelles il nous est impossible de rester dans une véritable communion de cœur avec lui.

Abraham fut appelé l'ami de Dieu, nous dit l’Écriture (Jacq., II, 23). Or, il a prouvé, par l’ensemble de sa vie et, en particulier, par le sacrifice de son fils Isaac, que, quels que fussent les renoncements, il obéissait à cet ordre de Dieu: MARCHE DEVANT MA FACE ET SOIS ENTIER (Gen., XVII, 1), c’est-à-dire: Sois à moi de tout ton cœur et sans partage.

Pour être ami de notre divin Roi, il font aussi avoir de la grâce dans ses discours. Cette expression ne peut pas signifier ici le talent de prononcer des discours agréables.

Ceux qui aiment la pureté du cœur ne sont pas ceux qui mettent de la recherche dans leurs paroles.

Elle se rapporte à cette grâce de Dieu dont il est dit: Que vos discours soient toujours accompagnés de grâce et assaisonnés de sel, afin que vous puissiez répondre à chacun comme il faut (Col., IV, 6); et ailleurs: Que vos discours servent à l’édification et qu’ils communiquent la grâce à ceux qui les entendent (Ephés., IV, 29).

Il faut donc que nos discours soient empreints des sentiments que la grâce de Dieu met dans le cœur des fidèles. Il faut qu’on y retrouve l’humilité, la paix, la charité, l’espérance et toutes les autres dispositions qui résultent d’une foi éclairée et sincère.

Hélas! dans combien de moments les discours des chrétiens ne trahissent-ils pas des dispositions toutes différentes!

Demandons à Dieu de nous sanctifier par la vérité et de nous faire aimer la pureté de cœur. Alors nos discours manifesteront naturellement cette grâce de Dieu dont nos cœurs seront vivifiés; car C’EST DE L’ABONDANCE DU CŒUR QUE LA BOUCHE PARLE.

- Les yeux de l’Éternel protègent la sagesse;

- mais il confond les paroles du perfide.

La sagesse que Dieu protège est mise ici en opposition avec les paroles du perfide.

Cette sentence a donc encore pour objet la SINCÉRITÉ et la DROITURE, mais en appliquant ces dispositions à nos rapports avec les hommes.

SI LES YEUX de l'Éternel, sous le nom de sagesse, protègent la sincérité, c’est, comme il est dit ailleurs, que ses yeux contemplent et ses paupières sondent les fils des hommes (Ps. XI, 4).

Il lit jusqu’au fond de nos pensées; il voit si nous disons la vérité telle qu’elle est dans notre cœur (Ps. XV, 2), ou si nous cherchons à tromper les autres sur nos sentiments et sur nos motifs.

Il faudrait que, par la foi, nous vissions toujours au-dessus de nous cet œil qui nous sonde et qui nous pénètre. Nous serions nécessairement plus attentifs à nos paroles, afin de n’en laisser échapper aucune qui ne fût la véritable expression de ce que Dieu voit dans notre cœur.

- Le paresseux dit: Le lion est là dehors; je serai tué par les rues.

Quelle vive image Salomon nous présente ici des craintes chimériques que l’on allègue souvent pour se dispenser d'agir dans son propre intérêt ou dans celui des autres!

Le paresseux DIT.

Cela semble exprimer qu’il ne croit pas lui-même au danger dont il parle. Les hommes qui redoutent des dangers imaginaires sont des esprits faibles ou des poltrons et non pas des paresseux.

Les craintes qui arrêtent ceux-ci ne sont ordinairement que des prétextes.

Quelquefois, il est vrai, nous réussissons à nous tromper nous-mêmes et à nous persuader que ce sont bien nos craintes qui nous empêchent d’agir.

Dans l’un et l’autre cas, cherchons à nous rendre compte de nos secrets motifs; et nous nous humilierons d’être arrêtés dans l’accomplissement de quelque devoir ou par ces craintes, ou par ces prétextes.

Prions Dieu de nous donner plus de zèle et de dévouement, et souvenons-nous que TANT QUE NOUS SOMMES SUR LE CHEMIN DE L’OBÉISSANCE, il ne peut rien nous arriver que Dieu ne l’ait disposé dans sa sagesse pour notre véritable bien.

Qui est-ce qui dit que cela a été fait et que le Seigneur ne fa point commandé (Lament., III, 37).

Remets ta voie sur l'Éternel et t'assure en lui, et il travaillera pour toi. Assure-toi en l'Éternel et fais ce qui est bon (Ps. XXXVII, 5 et 3).


VERSETS 15-21.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- La folie est liée au cœur du jeune enfant;

- mais la verge du châtiment la fera éloigner de lui.

Nous avons déjà souvent vu, dans les Proverbes, le mot FOLIE employé à la place de celui de culpabilité ou de péché.

En effet, on ne punit pas un enfant de ce qu’il a l'imprudence et la légèreté de son âge, mais on le punit lorsqu’il fait des choses que sa conscience peut condamner.

C’est donc le péché qui est lié au cœur du jeune enfant; ou, en d’autres termes, cette sentence signale qu’un enfant manifeste dès le premier âge le principe de péché qu’il porte dans son cœur.

Ce n’est point ici un enseignement isolé dans l’Écriture.

Au contraire, la Bible déclare ou suppose partout que depuis la chute du premier homme, nous naissons TOUS sous l’empire du péché; en sorte que, sans la rédemption opérée par Jésus-Christ, rien n’aurait pu nous y soustraire.

Ce ne sont donc pas les châtiments d’un père ou d’une mère qui peuvent changer le cœur d’un enfant et faire une œuvre de régénération réservée à la toute-puissante grâce de Dieu (voyez Matth., XlX, 25, 26).

Une sévérité exagérée, bien loin de remplir le but, ne ferait qu’augmenter le mal. Mais il n’en est pas moins vrai qu’une discipline à la fois ferme et douce, exercée par des parents comme un devoir sacré, aura sur leurs enfants les effets les plus salutaires.

- En comprimant les mauvais penchants à mesure qu’ils se manifestent, on les empêche de se développer et de dégénérer en habitudes invétérées.

Rien ne peut mieux nous former à l'obéissance envers Dieu et au sacrifice de notre volonté propre que d’avoir eu dès notre enfance l'habitude de L’OBÉISSANCE envers nos supérieurs.

Cette discipline morale, en nous faisant connaître nos torts, tend aussi à éclairer notre conscience et à la rendre plus scrupuleuse. Or, c’est là la préparation la plus efficace pour recevoir avec foi la bonne nouvelle d’un salut gratuit; car pour en sentir tout le prix, il faut avoir reconnu la profondeur de notre misère et l’insuffisance de nos propres forces pour combattre contre le péché.

- Celui qui fait tort au pauvre pour s’enrichir et pour donner au riche ne peut manquer de tomber dans l’indigence.

On comprend qu’un homme dépourvu de la crainte de Dieu puisse être entraîné par la cupidité à faire tort au pauvre pour s'enrichir lui-même; mais on ne comprend pas aussi facilement dans quel but il ferait tort au pauvre pour donner au riche.

Il est probable que cette déclaration s’applique avant tout à des juges qui, dans un procès entre un homme riche et un homme pauvre, donneraient injustement gain de cause au premier pour recevoir de lui quelque récompense.

Une pareille iniquité révolte tous nos sentiments. Mais on se permet quelquefois dans le même genre des choses qui, sans exciter la réprobation des hommes, ne sont peut-être pas moins coupables aux yeux de Dieu.

- Ainsi, on profitera du besoin de pauvres ouvriers ou marchands pour leur disputer le salaire de leur travail ou le prix de leurs marchandises;

et la personne qui commet cette injustice pourra en même temps paraître généreuse en faisant des présents à des parents et à des amis qui n’en ont pas besoin.

N’est-ce pas là précisément faire tort au pauvre pour donner au riche, et peut-être même pour s’enrichir, en s’attirant des faveurs plus que réciproques?

Il nous est permis, grâces à Dieu, de nous donner mutuellement, entre parents et amis, des marques d’affection, aussi bien par des dons que par des paroles.

Mais il faut prendre garde de ne pas nous laisser entraîner par ce plaisir de manière à négliger le devoir sacré de la bénéficence.

- Il ne faut pas non plus donner le nom de générosité à des procédés qui, loin d’exiger du renoncement, sont pour nous une jouissance.

C’est ce que notre Sauveur a voulu faire entendre à ses disciples en leur disant: Si vous ne faites du bien qu’à ceux qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on, puisque les gens de mauvaise vie font la même chose? Et si vous ne prêtez qu’à ceux de qui vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on, puisque les gens de mauvaise vie prêtent aussi aux gens de mauvaise vie, afin d'en recevoir la pareille (Luc, VI)?

- Prête ton oreille et écoute les paroles des sages;

- applique ton coeur à ma science;

- car ce sera une chose agréable pour toi si tu les gardes au-dedans de toi, et elles se répandront ensemble sur tes lèvres.

Nous retrouvons ici une vérité souvent répétée par les écrivains sacrés, savoir: que c’est avec le cœur et non pas seulement avec l’esprit qu’il faut saisir les enseignements de la Parole de Dieu pour qu’ils puissent nous être salutaires.

Applique TON COEUR à ma science, dit Salomon.

Lorsque l’officier éthiopien demanda à Philippe s’il pouvait être baptisé, Philippe répondit: Si tu crois DE TOUT TON COEUR, cela t’est permis (Actes, VIII, 37).

Si tu confesses le Seigneur Jésus de ta bouche, dit Saint Paul, et que tu croies DANS TON COEUR que Dieu Va ressuscité des morts, tu seras sauvé (Rom., X, 9).

Pour être capable de confesser Jésus, même au travers des persécutions et des opprobres,

- il faut, en effet, que notre foi, au lieu d’être une opinion de notre esprit, soit une vie dans notre cœur.

Mais indépendamment de ces circonstances extraordinaires, c’est dans toutes les occasions qu’il faut avoir appliqué notre cœur à la science et aux paroles du Saint-Esprit pour qu’elles puissent se répandre sur nos lèvres. C’EST DE L’ABONDANCE DU CŒUR QUE LA BOUCHE PARLE.

- Si nous ne faisons que répéter aux autres les choses que nous avons entendues sans les sentir nous-mêmes, il est impossible qu’elles leur fassent une véritable impression.

Le plus simple fidèle qui peut dire: Je raconterai ce que l'Éternel a fait pour mon âme, produira plus d’effet sur ceux qui l’entendent que les discours éloquents d’un homme qui a accepté dans son esprit les doctrines du salut, mais qui n’en a pas encore éprouvé réellement l’efficace.

Cette observation s’applique particulièrement, aux hommes appelés par leurs fonctions à enseigner et à diriger les autres. Aussi Salomon ajoute-t-il: Ne t'ai-je pas écrit des choses qui conviennent à ceux qui gouvernent pour le conseil et pour la science? Afin de te donner, à connaître la certitude des paroles de vérité et que tu puisses répondre des paroles de vérité à ceux qui te consultent.

Heureux les serviteurs de Dieu qui ont senti se réaliser dans leur cœur la certitude des paroles.de vérité qu’ils annoncent I Après avoir été désaltérés eux-mêmes par l’eau qui donne la vie, ils serviront d’instruments pour désaltérer les autres, suivant cette déclaration de notre Sauveur: Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Qui croit en moi, des fleuves d’eau vive découleront de lui (Jean, VII, 27, 38).


VERSETS 22 JUSQU'À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Ne pille point le pauvre parce qu’il est pauvre, et ne foule point l’affligé à la porte.

- Car l’Éternel prendra leur cause en main et pillera l’âme de ceux qui les auront pillés.

Cette nouvelle exhortation à ne pas faire tort au pauvre s’adresse encore particulièrement aux hommes appelés à rendre la justice.

Cela se voit par cette expression: Ne foule point l’affligé à la porte; car, chez les Israélites, c’était à la porte des villes qu’on jugeait les procès et qu’on examinait les accusés.

Cette autre expression: Ne pille point le pauvre parce qu’il est pauvre, signifie probablement que si les juges condamnent le pauvre, ce ne doit jamais être par cupidité ou par prévention, mais seulement dans le cas où la justice les y oblige.

Il semble que des juges devraient être naturellement disposés à favoriser dans leurs sentences les pauvres plutôt que les riches; et il faut que l’intérêt personnel ait bien étouffé dans le cœur de l’homme les sentiments de l’équité et de la compassion pour que ce soit contre une conduite opposée que les juges aient besoin d’être si fortement exhortés.

Mais ce n’est pas seulement aux hommes appelés à des fonctions particulières que s’adresse le Saint-Esprit; cette sentence s’applique aux injustices de toute espèce auxquelles entraîne la cupidité.

L’une de ces injustices est signalée dans les derniers versets du chapitre, par ces mots simples et frappants: Ne transporte point la borne ancienne que tes pères ont posée. Ceux qui seraient tentés de faire, aux dépens de leur prochain, quelque gain déshonnête, doivent se rappeler que l'Éternel prend en main la cause de ceux à qui l’on fait tort et pillera l’âme de ceux qui les auront pillés.

Or, que servirait-il à un homme de gagner le monde entier s’il perdait son âme, et quel dédommagement lui donnerait-on pour la perte de son âme? (Matth., XVI, 26. Marc, VIII, 36, 37.)

- Ne te rends point compagnon de l’homme colère et ne vas point avec l’homme furieux, de peur que tu n’apprennes ses manières et que tu ne mettes un piège dans ton âme.

La violence, l’emportement, la facilité à se mettre en colère sont des vices qui, pour l’ordinaire, ne déshonorent pas un homme aux yeux du monde. Ils sont même au nombre de ceux dont certains esprits ne craignent pas quelquefois de se glorifier.

Plus souvent, du moins, on les excuse comme n’entraînant pas avec eux une idée de bassesse, et aussi parce qu’on suppose qu’étant un effet du tempérament, l’âme en est à peine responsable.

Cependant, si cette dernière excuse était fondée, elle s’appliquerait par le fait à tous les vices; car il n’en est aucun dont on ne pût dire qu’il résulte des dispositions naturelles avec lesquelles nous sommes nés, ou bien de l’éducation que nous avons reçue.

D’ailleurs, si nous pouvons éprouver involontairement un premier mouvement de colère, la durée de ce sentiment dans notre cœur et les conséquences qui en résultent DÉPENDENT TOUJOURS DE NOTRE VOLONTÉ.

Or, ce sont les conséquences de la colère qui sont surtout funestes.

En détruisant notre équilibre moral, elle nous prive de la communion avec Dieu et elle peut nous entraîner à des paroles on à des actes dont nous aurions à nous repentir toute notre vie.

Elle est particulièrement dangereuse lorsque des supérieurs s’y laissent aller à l’égard de leurs inférieurs, et, par-dessus tout, lorsque ce sont des pères et des mères à l’égard de leurs enfants.

Ceux qui se reconnaissent une disposition à la violence, ou seulement une grande vivacité de caractère, doivent mettre toutes les forces de leur volonté à réprimer leur premier mouvement et à attendre, pour adresser des reproches ou infliger une punition, que leur émotion de colère soit calmée.

La Parole de Dieu, tout en admettant qu’il peut y avoir de saintes colères, nous met en garde contre la prolongation de ce mouvement et contre les actes qu’il peut produire.

Si vous vous mettez en colère, dit Saint Paul, ne péchez point. Que le soleil ne se couche point sur votre colère.

En même temps comme ce vice, plus encore que d’autres peut-être, est provoqué par l’exemple, c’est particulièrement à fuir la société des hommes violents et querelleurs que l’Écriture nous exhorte dans le passage qui nous occupe.

Dans les versets qui suivent, Salomon revient encore sur le danger des cautionnements:

- Ne sois point de ceux qui frappent dans la main, dit-il, ni de ceux qui cautionnent les dettes.

- Si tu n’avais pas de quoi payer, voudrais-tu qu’on prit ton lit de dessous toi?

On pourrait s’étonner d’un si grand nombre d’exhortations sur ce sujet et supposer qu’il n’entre pas de mal moral dans l’imprudence de ceux qui se rendent caution d’une dette.

Le mal moral y entre cependant et sous plusieurs points de vue.

Il n’arrive presque jamais qu’un homme souffre seul de ses pertes de fortune. Dans le cas même où il n’aurait pas une famille qui en souffrît avec lui, cette perte est ressentie de diverses manières par les ouvriers qu’il ne peut plus employer et par les pauvres qu'il ne peut plus secourir.

Si donc c’est par ses imprudences qu’il s’est privé de ses biens, les maux qui en résultent pour les autres retombent sur sa conscience.

De plus, on cautionne souvent pour des sommes au-dessus de ce qu’on possède, soi-même et on s’expose ainsi à ne pas pouvoir remplir ses engagements, c’est-à-dire à commettre une injustice.

Outre cela, il résulte de tous ces embarras des inquiétudes sans cesse renaissantes qui privent celui qui en souffre de toute paix intérieure et l’empêche de s’occuper de ses intérêts spirituels.

Tout ce que l’on peut imaginer sur les funestes conséquences des cautionnements imprudents, s’applique avec non moins de force à ces entreprises hasardeuses par lesquelles tant d'hommes, dans l’espoir d’un gain plus rapide, s’exposent à perdre, non seulement ce qu’ils possèdent, mais ce que d’autres leur ont confié.

Lorsqu’on voit les maux de tout genre qui ont pour première cause l’amour du gain ou la cupidité, on comprend la divine sagesse des exhortations sévères en apparence que l'Écriture Sainte renferme sur de sujet, et on se rappelle en particulier cette déclaration d’un apôtre:

- Ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans le piège, et, dans plusieurs désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et dans la perdition,

- car l’amour des richesses est la racine de toutes sortes de maux; et quelques-uns les ayant recherchées avec ardeur, se sont détournés de la foi et se sont eux-mêmes embarrassés dans bien du tourment (1 Tim., VI, 9, 10).



 

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