Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XXI.

VERSETS 1-8.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Le cœur du roi est dans la main de l’Éternel comme des ruisseaux d’eaux; il l’incline à tout ce qu’il veut.

Si le prophète nomme ici le cœur du roi plutôt que le cœur de l’homme en général, ce n’est pas que devant Dieu ce qui se rapporte à l’âme d’un souverain ait plus de valeur que ce qui se rapporte à l’âme du moindre de ses sujets.

Mais comme les décisions des princes règlent les destinées des nations, c’est surtout lorsqu’il s’agit d’un roi qu’il nous importe de savoir que le cœur de l’homme est dans la main de Dieu, qui en détermine selon sa volonté les mouvements et les pensées.

Cette vérité, que personne ne conteste ouvertement, nous sommes très sujets à la perdre de vue. Si nous l’avions plus présente à l’esprit, nos préoccupations et nos inquiétudes sur les circonstances publiques se tourneraient plus souvent en prières.

Tant que les évènements sont en suspens, au lieu de nous livrer à la décourageante pensée que nous n’avons aucune influence à y exercer, nous devons ASSIÉGER, ensemble ou séparément, LE TRÔNE DE CELUI QUI INCLINE LE CŒUR DES ROIS, pour qu’il inspire aux gouvernements les décisions les plus favorables au bonheur des peuples.

Mais quand, malgré nos prières, l’évènement a eu lieu d’une manière qui nous paraît funeste, alors la pensée que Dieu avait incliné les cœurs sera pour nous la consolation la plus précieuse. Nous nous souviendrons que ses voies ne sont pas nos voies, et que c’est souvent par des évènements contraires à nos désirs qu’il exauce nos prières dans leur objet le plus essentiel. Il les exauce dans ce qui se rapporte au bien spirituel de notre prochain, ainsi qu’à notre propre sanctification.

- Chaque voie de l'homme lui paraît droite;

- mais l’Éternel pèse les cœurs.

- Faire ce qui est juste et droit est une chose que l’Éternel aime mieux que les sacrifices.

Salomon avait déjà dit dans un autre chapitre (XVI, 2):

- Toutes les voies de l’homme lui semblent pures;

- mais l'Éternel pèse les esprits.

La répétition de cette pensée nous montre combien le sujet est important.

En effet, si l’on ne s’examine pas avec soin, il est facile, dans bien des cas, de se faire des illusions sur la droiture de ses intentions et la sincérité de ses motifs.

Nous nous en faisons, par exemple, lorsque nous nous croyons le désir de faire ce qui est bien et qu'en même temps nous trouvons toutes sortes de prétextes pour ne pas agir en conséquence.

C’EST FAIRE CE QUI EST JUSTE ET DROIT qui témoigne de la sincérité de nos intentions, et c’est là ce que l’Éternel aime mieux que des sacrifices.

Lorsque Saül eut désobéi à Dieu en épargnant une partie du butin pris sur les Amalékites et que, pour excuser son péché, il alléguait au prophète Samuel que le peuple avait épargné les meilleures brebis et les meilleurs taureaux pour les sacrifier à l’Éternel, son Dieu, Samuel lui répondit:

- L’Éternel prend-il plaisir aux holocaustes et aux sacrifices comme à ce qu’on obéisse à sa voix?

- Voici, obéir vaut mieux que sacrifice; se rendre attentif à la voix de Dieu vaut mieux que la graisse des moutons (1 Sam., XV).

Ces instructions peuvent encore être applicables aux chrétiens, quoique, depuis la grande expiation dont les sacrifices de l’ancienne loi étaient le type, nous n’ayons plus à immoler à Dieu des victimes.

- Il y a des personnes qui aiment mieux faire quelque sacrifice de leur choix ou quelque œuvre éclatante hors du cercle de leurs devoirs naturels que d’obéir simplement à Dieu dans les renoncements journaliers auxquels leur position les appelle.

C’est là ce culte volontaire ou plutôt, suivant une meilleure traduction, ce culte arbitraire dont Saint-Paul dit aux Colossiens qu’il n’a qu’une apparence de sagesse (Col., II, 23).

Souvenons-nous que c’est avant tout par notre OBÉISSANCE que nous pouvons plaire à Dieu et lui prouver notre amour. Celui qui a mes commandements et qui les garde, nous dit Jésus, c’est celui-là qui m’aime. Vous serez mes amis, dit-il encore, si vous faites tout ce que je vous commande.

- Les projets de celui qui est diligent produisent l’abondance;

- mais tout homme étourdi tombe dans l’indigence.

- Travailler à avoir des trésors par une langue trompeuse, c’est une vanité chassée par ceux qui cherchent la mort.

- La rapine des méchants les abattra, parce qu’ils auront refusé de faire ce qui est droit.

Ces sentences contiennent des expressions dont il serait difficile de déterminer le sens d’une manière très précise.

Mais leur signification générale n’est pas douteuse.

Nous y voyons, d’un côté, que le soin de nos affaires temporelles est un devoir positif qui demande, de notre part, beaucoup d’assiduité et un travail persévérant;

nous y voyons, d’un autre côté, combien on s’attire de maux si l’on cherche à s’enrichir par la fraude et par l’injustice.

En général, la Parole de Dieu, qui nous exhorte à prévenir la misère par l’économie et le travail, ne nous encourage jamais à désirer beaucoup de richesses. Au contraire, elle nous rend souvent attentifs aux dangers qu’il y a pour l’âme dans les préoccupations qu’entraîne un pareil désir.

- Ceux qui veulent s’enrichir, dit Saint Paul, tombent dans la tentation, dans le piège et dans plusieurs désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la perdition.

- Car l’amour des richesses est la racine de toutes sortes de maux; et quelques-uns, les ayant recherchées avec ardeur, se sont détournés de la foi et se sont eux-mêmes embarrassés dans bien du tourment (1 Tim., VI, 9, 10).

Jamais peut-être cette déclaration ne s’est-elle réalisée d’une manière aussi générale et aussi frappante qu’à l’époque où nous sommes.


VERSETS 9-16.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Il vaut mieux habiter au coin d’un toit qu’avec une femme querelleuse dans une grande maison.

On a souvent remarqué que notre bonheur ou notre malheur dépendait plus encore des dispositions de notre esprit que de nos circonstances extérieures.

Il est donc naturel que, parmi ces circonstances, aucune n’ait une plus grande influence sur notre sort que la disposition d’esprit des personnes qui nous entourent.

Plus le lien qui nous unit à elles est d’une nature intime et plus sera grande cette influence. Aussi Salomon a-t-il en vue le lien du mariage, en disant: Il vaut mieux habiter au coin d’un toit qu’avec une femme querelleuse dans une grande maison.

Ces paroles se réalisent cependant dans toutes les relations de la vie.

Personne n’est assez isolé dans ce monde pour que sa douceur ou son humeur difficile ne puissent faire le bonheur ou le malheur de ceux avec lesquels il soutient quelques rapports.

On ne se rend peut-être pas assez compte de l’importance de ces dispositions. Bien des personnes qui feraient volontiers de grands sacrifices pour les divers membres de leur famille les rendent malheureux par leur susceptibilité ou par d’autres défauts de caractère.

Il est vrai qu’il faut souvent de grands efforts pour conserver sa douceur au milieu des divers frottements de la vie domestique. Aussi la Parole de Dieu met-elle devant nous les motifs les plus élevés pour nous engager à remplir ce devoir:

Que votre douceur soit connue de tous les hommes, dit Saint-Paul; le Seigneur est proche, c’est-à-dire:

- il est près de vous pour voir si vous suivez à cet égard ses préceptes et son exemple;

- il est près de vous pour venir à votre aide et vous donner la force de surmonter vos pénibles impressions.

- Enfin, surtout, le jour du Seigneur est près d’arriver; le Juge est à la porte.

Et si vous vous placez d’avance en présence de ce moment solennel, les petits intérêts de ce monde disparaîtront, pour ainsi dire, de devant vos yeux et ne risqueront plus d’être pour vous une occasion de colère ou d’amertume.

- Quand on punit le moqueur, le simple en devient sage, et quand on instruit le sage, il acquiert la science.

- Le juste considère prudemment la maison du méchant lorsque les méchants sont renversés dans la misère.

La première de ces sentences, est presque entièrement la même que celle d’un chapitre précédent: Si tu bats le moqueur, le simple en deviendra avisé, et si tu reprends un homme prudent, il entendra ce qu'il faut savoir (XIX, 25).

On voit que, dans ces deux versets, ce que le prophète entend par un homme simple, ce n’est pas un homme qui manque d’intelligence; mais c’est un homme dont toutes les facultés sont dirigées vers un seul et même but, vers la sagesse à acquérir, ou la sanctification de son âme.

Un tel homme fait également son profit des exhortations qu’on lui adresse et des châtiments que s’attirent les orgueilleux.

Lorsqu’il voit arriver la ruine d’un homme dont il ne pouvait s’empêcher de blâmer la conduite:

- il la considère prudemment; c’est-à-dire qu’au lieu d’en faire le sujet d’une curiosité légère, il réfléchit sérieusement sur les voies de Dieu à l’égard de cette âme.

- Il s’examine pour voir s’il n’y a point dans son propre cœur ou dans sa conduite quelque interdit qui puisse aussi lui attirer de sévères jugements, et il prend pour l’avenir des résolutions nouvelles.

Mais si le juste cherche à profiter pour sa propre sanctification des maux qui arrivent au méchant, cette prudence spirituelle n’ôte rien à la profonde et active compassion que le malheur doit toujours nous inspirer.

- Celui, ajoute Salomon, qui ferme son oreille pour ne pas ouïr le cri du misérable,

- criera aussi lui-même et on ne lui répondra point.

Cette effrayante déclaration se vérifie de bien des manières.

Déjà, dans ce monde, les hommes égoïstes inspirent peu d’affection; et dans les moments où ils auraient besoin de la compassion et des services de ceux qui les entourent, ils ne rencontrent de leur part que de la froideur.

Mais c’est surtout AUX JOURS DES RÉTRIBUTIONS ÉTERNELLES que seront à plaindre ceux qui ont fermé leur oreille pour ne pas entendre les cris des malheureux.

- Alors le roi dira à ceux qui seront à sa gauche:

- Retirez-vous de moi, maudits, et allez au feu éternel qui est préparé au diable et à ses anges. Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez point donné à manger; j’ai eu soif, et vous ne m’avez point donné à boire. J’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli; j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.

- Et ceux-là lui répondront: Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim, ou soif, ou être étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne t’avons point assisté?

- Et il leur répondra: Je vous dis en vérité qu’en tant que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, vous ne me l’avez pas fait non plus.

Hélas! il reste assez d’égoïsme dans le cœur des chrétiens pour que de semblables avertissements leur soient encore bien nécessaires!

- Le don fait en secret apaise la colère, et le présent mis dans le sein calme la fureur la plus véhémente.

Salomon revient souvent sur la puissance avec laquelle les motifs intéressés agissent sur la plupart des hommes.

Mais quoique de pareils motifs donnent continuellement lieu à toutes sortes d’actions coupables, nous avons déjà remarqué que l’on peut quelquefois profiter dans une bonne intention de l’influence qu’exerce un présent ou toute autre marque de faveur.

Si nous savons, par exemple, que telle personne nous croit mal disposés à son égard et que cela produit sur elle quelque mauvaise impression, nous ferons bien de saisir la première occasion de lui donner une preuve de notre attachement ou de notre bienveillance. Cela rentre dans le précepte général de vivre en paix avec tout le monde s’il est possible et autant que cela dépend de nous, et c’est souvent un moyen de dissiper quelques préventions contre l’Évangile.

Sous ce rapport, les chrétiens ne peuvent jamais avoir trop de prudence, soit pour agir ou parler à propos, soit surtout pour s’abstenir des actes et des paroles qui pourraient avoir une influence dangereuse sur quelque âme.

C’est là un des objets auxquels s’applique une sentence qui suit de près celle que nous venons d’examiner: L’homme qui s’écarte du chemin de la prudence aura sa demeure dans rassemblée des morts.

La prudence, quel que soit son objet, est une qualité bien plus précieuse qu’on ne le suppose à l’ordinaire; mais la prudence spirituelle, en particulier, est nécessaire au chrétien pour que son zèle puisse être efficace.

On confond quelquefois cette prudence avec la timidité, quoique leur principe ne soit point le même.

- L’une tient à notre tempérament et nous empêche souvent de remplir notre devoir.

- L’autre est l’effet de notre jugement et provient du désir de nous rendre utiles à ceux qui nous entourent.

LA PRUDENCE SPIRITUELLE est même si éloignée de la timidité, que Saint-Paul les oppose l’une à l’autre dans ces paroles remarquables: Dieu ne nous a point donné un esprit de timidité, mais un esprit de force, de charité et de prudence (2 Tim., I, 7).

Oui, si nous avons une véritable charité pour notre prochain, nous lui parlerons avec force de ce qui regarde ses intérêts éternels, malgré les inconvénients ou les dangers qui en pourraient résulter pour nous-mêmes.

Mais cette même charité nous donnera la prudence nécessaire pour éviter ce qui serait une pierre d’achoppement sous ses pas, ainsi que pour choisir les occasions et les paroles qui peuvent le mieux favoriser une impression salutaire.


VERSETS 17-23.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- L’homme qui aime la joie sera indigne,

- et celui qui aime le vin et la graisse ne s’enrichira point.

La seconde partie de cette sentence explique la première.

La Parole de Dieu est bien loin de nous défendre toute espèce de joie, puisqu’elle dit au contraire: Soyez toujours joyeux (1 Thes., V, 16).

Elle nous met en garde seulement contre cette joie factice et sensuelle qu’excitent les réunions bruyantes, les repas somptueux et surtout l’excès des boissons fermentées.

Cette joie-là qui dégoûte du travail, affaiblit la santé et entraîne à d’inutiles dépenses, ne peut qu’amener le désordre et la ruine.

Mais la joie que la Bible nous recommande, c’est LA JOIE EN DIEU. Réjouissez-vous toujours au Seigneur, nous dit Saint Paul; je vous le répète encore, réjouissez-vous (Philip., IV, 4). Il dit ailleurs: Soyez joyeux dans l'espérance.

Ces deux expressions reviennent au même sens.

Elles signifient que si nous avons embrassé le salut qui est en Jésus-Christ, nous devons nous réjouir dans les promesses de Dieu, dans la certitude de sa protection pendant cette vie et surtout dans la perspective assurée d’une bienheureuse éternité.

Cette joie au Seigneur est bien loin de nuire, comme l’autre joie, à nos intérêts temporels. Au contraire, elle nous donne un calme d’esprit favorable à l’exercice de notre intelligence, et elle nous encourage au travail par la pensée que c’est dans l’obéissance aux commandements de Dieu que nous pouvons attendre sa bénédiction.

Ce n’est pas seulement sous le rapport matériel que l’on peut remarquer les effets opposés de la joie mondaine et de la joie chrétienne.

Ils sont peut-être encore plus frappants sous le rapport spirituel.

- La joie mondaine appauvrit notre âme en nous ôtant le goût des exercices de piété et en nous empêchant d’en retirer de véritables bénédictions.

- La joie chrétienne, au contraire, nous porte à rechercher tout ce qui fortifie les idées et les sentiments dans lesquels nous trouvons déjà notre bonheur; d’un autre côté, en diminuant à nos yeux l’importance des objets terrestres, elle écarte une grande partie des tentations et des obstacles qui nous empêchent de marcher dans le sentier du devoir.

Aussi la Parole de Dieu nous dit-elle que la joie de l’Éternel est notre force.

Si nous le désirons véritablement, elle peut nous appartenir; car elle est un des premiers fruits (Gal., V, 22), de ce Saint-Esprit que notre Père céleste donne à tous ceux qui le lui demandent.

- Le méchant sera la rançon du juste et le déloyal celle des hommes droits.

Ces paroles signifient probablement que dans bien des occasions où les méchants attaquent le peuple de Dieu, Dieu prévient le mal qu'ils voulaient lui faire, en les frappant eux-mêmes de quelque calamité.

- Ainsi l’Égypte dut être en proie à plusieurs fléaux pour que le peuple d’Israël fût délivré de son esclavage.

- Ainsi Dieu fit périr en une nuit toute l’armée de Sanchérib pour sauver le roi Ezéchias et la ville de Jérusalem dont cette armée faisait le siège.

Dans ces exemples et d’autres semblables, le mal du méchant fait la délivrance du juste et lui sert comme de rançon.

De pareils traits nous montrent quelle est la protection de Dieu sur ses enfants. Et comme sa puissance et son amour sont toujours les mêmes, croyons que lorsqu’il laisse souffrir les fidèles des attaques de leurs ennemis, il le fait dans des vues de sagesse et de miséricorde qui nous seront un jour pleinement expliquées.

- Celui qui garde sa bouche et sa langue garde son âme de détresse.

Nous rencontrons presque à chaque chapitre quelque sentence destinée à nous détourner de ces paroles imprudentes ou coupables qui laissent après elles le regret et le remords.

Mais, hélas! un lecteur attentif à sa propre conduite ne trouvera jamais que de pareilles exhortations lui soient trop souvent répétées; car il sent avec douleur dans combien d’occasions il aurait eu besoin de s’en souvenir d’une manière efficace.

Si les tentations sont peut-être à cet égard plus fréquentes et plus fortes qu’à tout autre, souvenons-nous cependant qu’elles ne sont pas irrésistibles.

- Recherchons le secours de Dieu par une courte invocation chaque fois que nous nous sentons près de laisser échapper quelque parole regrettable.

- Alors, selon sa promesse, sa puissance s'accomplira dans notre infirmité, et nous pourrons tout en Christ qui nous fortifie.


VERSETS 24 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- On appelle moqueur un superbe arrogant qui agit avec colère et fierté.

Cette parole confirme nos remarques précédentes sur la signification que le terme de moqueur a dans l'Écriture sainte.

Dans la vie habituelle, on appelle le plus souvent de ce nom un homme qui se rit des torts, des ridicules, ou même quelquefois des infirmités physiques de son prochain.

Mais la Bible, qui s’occupe avant tout de nos rapports avec Dieu, donne le nom de moqueurs aux hommes qui, dans leur orgueil, reçoivent avec dédain ses menaces et ses promesses, à ceux qui font des objections contre l’autorité des révélations divines, ou qui osent tourner en ridicule quelques-uns de leurs enseignements.

Si cet égarement d’esprit est une conséquence de l’orgueil, il tend aussi à le maintenir, puisqu’il ferme le coeur à l’influence de ce qui peut seul nous rendre vraiment humbles. Il tend même à l’augmenter par le sentiment d’une lutte contre la conscience, et par conséquent contre Dieu.

Aussi, ne nous étonnons pas si l’Écriture donne aux esprits profanes les épithètes qui conviennent aux orgueilleux, et combattons d’autant plus soigneusement, soit en nous-mêmes, soit chez les enfants qui nous seraient confiés, toute disposition à la légèreté et à l’esprit de chicane.

- Le souhait du paresseux le tue, parce que ses mains refusent de travailler.

- Il ne fait que souhaiter tout le jour;

- mais le juste donne et n'épargne rien.

La disposition qui nous empêche de faire des efforts, ne nous empêche pas de désirer les avantages que ces efforts nous procureraient. Il y a ainsi chez le paresseux un douloureux combat entre ses désirs et son indolence.

Ses souhaits, toujours sans résultat, le tourmentent et le tuent. Le juste, au contraire, celui qui, cherchant avant tout la bénédiction de Dieu, s’occupe de son travail avec zèle et persévérance, verra ses efforts couronnés de succès. Non seulement il pourra subvenir à ses propres besoins, mais il se montrera bienfaisant envers ceux même que leur paresse ou d’autres vices auraient fait tomber dans l’indigence.

Les souhaits sans résultat sont particulièrement funestes lorsqu’ils se rapportent aux choses de l’éternité.

C’est un grand danger pour l’âme que de s’accoutumer, pour ainsi dire, à désirer inutilement de faire des progrès dans la foi et dans la sanctification. On finit presque par s’imaginer que nos regrets et nos soupirs nous tiennent lieu d’efforts et que Dieu ne nous demande pas davantage. En lui causant sur son état spirituel une illusion aussi fatale, les souhaits du paresseux le tuent, selon l’expression du prophète.

- Le sacrifice des méchants est une abomination.

- Combien plus lorsqu’ils l’apportent avec une mauvaise intention!

Si le paresseux spirituel réussit par ses stériles désirs à se faire illusion sur son véritable état, les hommes tout à fait dépourvus de piété cherchent souvent par les actes de leur culte à se faire une illusion semblable.

On participe au culte public et domestique, non pour adresser des prières à Dieu et pour s’instruire dans sa Parole, mais uniquement par habitude et par respect humain.

On s’imagine peut-être faire quelque chose d’utile à la société par l’exemple que l’on donne; et cependant le Saint-Esprit nous dit ici que même lorsque leurs intentions ne sont pas directement mauvaises, le sacrifice des méchants, c’est-à-dire, dans le langage de l’Écriture, des hommes sans piété, est UNE ABOMINATION DEVANT DIEU.

Dieu ne veut pas qu’on profane son culte en en faisant, pour ainsi dire, un moyen de gouvernement dans les familles ou dans les États. Il veut que ce soit un besoin du cœur qui nous pousse individuellement à le chercher, et que, si nous n’avons pas faim et soif de sa présence, nous allions du moins auprès de lui pour lui demander de nous faire sentir ce besoin.

Mais que dire de ceux qui prennent part à des actes de culte dans une intention positivement mauvaise et pour tromper sur leur état spirituel les personnes dont ils espèrent retirer quelque avantage?

Cette ABOMINATION est surtout fréquente dans les temps de réveil religieux, et les chrétiens ne peuvent être trop sur leur garde pour le prévenir ou le réprimer. Il vaut mieux répandre la pluie de nos aumônes sur les méchants et sur les gens de bien, que d’exciter les pauvres à l’hypocrisie en témoignant trop hautement notre préférence pour ceux qui sympathisent avec nous par leurs principes chrétiens.

- Le témoin menteur périra;

- mais l’homme qui écoute parlera et aura la victoire.

Le sens de ces dernières paroles est, peut-être, celui-ci:

l’homme qui ne rend témoignage que de ce dont il a pu acquérir une pleine certitude, obtiendra peu à peu la confiance de ceux auxquels il s’adresse; et lors même que son témoignage serait un moment contesté, il finira par l’emporter sur celui des hommes plus habiles, mais moins véridiques.

- Il n’y a ni sagesse, ni intelligence, ni conseil pour résister à l’Éternel.

- Le cheval est équipé pour la bataille;

- mais la délivrance vient de l’Éternel.

Il semble d'abord peu nécessaire de s’arrêter sur de pareilles déclarations. Dans un pays chrétien, tout le monde fait profession de reconnaître qu’aucun évènement n’arrive sans la volonté de Dieu et qu'aucun obstacle ne peut arrêter ses desseins, soit qu’il envoie la punition, soit qu’il accorde la délivrance.

Cependant n’est-il pas vrai que nous agissons souvent comme si nous avions oublié cette vérité fondamentale?

- C’est ce qui a lieu chaque fois que nous dirigeons nos démarches d’après les calculs de la prudence humaine, sans rechercher avant tout l’approbation de Celui de qui seul dépendent les évènements.

La prudence est nécessaire à consulter dans toutes les choses où la conscience n’est pas intéressée.

Mais lorsque en faisant ce que cette prudence semble nous prescrire, nous manquerions en quelque chose à notre fidélité envers Dieu, souvenons-nous qu'il n’y a ni sagesse, ni intelligence, ni conseil pour résister à l’Éternel.

Nous ferons alors notre devoir, quels que soient les sacrifices qu’il nous coûte, et nous mettrons notre prudence à nous assurer par notre obéissance et par notre foi de la protection du Tout-Puissant.


 

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