Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XX.

VERSETS 1-7.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Le vin est moqueur et la cervoise (la boisson forte) est tumultueuse,

- et quiconque y fait excès n’est pas sage.

Dans les livres humains qui traitent de ce sujet, on s'occupe surtout du mal que l’ivrogne se fait à lui-même en ruinant à la fois ses facultés intellectuelles, sa fortune et sa santé.

Mais ici le Saint-Esprit nous fait envisager les péchés auxquels conduisent les excès de la boisson, en indiquant en particulier les paroles profanes et les querelles.

Les hommes qui font profession de piété seront loin, sans doute, de s’exposer à un pareil danger, et cependant la sentence de Salomon se vérifie aussi quelquefois à leur égard. Il suffit de rechercher avec un peu de délicatesse les plaisirs de la table pour que l’âme perde quelque chose de la spiritualité de ses affections; et si nous nous examinions de près, nous verrions peut-être que de petites séductions de ce genre sont souvent pour nous l’occasion de quelque péché.

En même temps, admirons ici, comme toujours, la prudente réserve de la Parole de Dieu.

- C’est l’excès qu’elle condamne et non l’usage légitime des biens que Dieu nous a donnés.

Les hommes, dans leur faiblesse, ont souvent trouvé plus facile de renoncer entièrement à des choses permises en elles-mêmes que d’en jouir avec modération et dans un esprit de renoncement.

Il est vrai que cette abnégation peut être utile pour la mortification de la chair; mais elle devient dangereuse lorsque ceux qui la pratiquent sont tentés de s’en faire un mérite devant Dieu.

Ce que Dieu nous demande, c’est que notre cœur soit détaché des choses de la terre, que nous en usions comme n’en usant pas, et que nous soyons prêts à les sacrifier si quelque devoir nous y appelle.

- C’est une gloire à l’homme de s’abstenir des disputes;

- mais tout insensé s’y engage.

C’est une gloire!

Ce que le monde regarde comme une gloire, c’est de rester victorieux dans quelque contestation que ce soit, depuis les simples discussions où l’on se contredit mutuellement jusqu’aux sanglantes luttes de la guerre.

Devant Dieu, au contraire, la véritable gloire c’est d’être victorieux, non pas des autres, mais de soi-même. C’est de faire taire notre orgueil, nos intérêts ou nos passions, de peur d’irriter l’orgueil, la cupidité ou les passions de ceux avec qui nous avons affaire.

C’est une honte pour vous, dit Saint Paul aux Corinthiens, d'avoir des procès les uns contre les autres. Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt qu’on vous fasse tort? Pourquoi n'endurez-vous pas plutôt quelque perte?

- Le paresseux ne labourera point à cause du mauvais temps;

- mais il mendiera durant la moisson, et il n’aura rien.

Le moindre inconvénient nous sert de prétexte pour différer d’agir si notre indolence nous rend pénibles les efforts et les démarches auxquels nous sommes appelés.

Quelquefois même cette indolence nous arrête sans que nous ayons de prétexte pour renvoyer à un autre moment la chose que nous aurions à faire.

Cependant, la sentence de Salomon nous rappelle que LES OCCASIONS PERDUES PEUVENT NE JAMAIS SE RETROUVER, ce qui est également vrai des choses temporelles et des choses spirituelles.

Le paresseux qui a négligé de labourer dans le moment convenable sera réduit à mendier son pain lorsque, le temps des moissons étant arrivé, il aurait pu se trouver dans l’abondance.

D’un autre côté, cette pensée fournit à Saint Paul une comparaison pour exhorter Timothée à s’employer activement aux travaux de son ministère. Il faut, lui dit-il, que le laboureur travaille avant que de recueillir les fruits.

Et quant aux œuvres de bénéficence et de charité, il dit à tous les chrétiens: C’est pourquoi, pendant que nous en avons l’occasion, faisons du bien à tous.

Oh! que de fois n’avons-nous pas eu lieu de regretter amèrement, sous ce rapport, les occasions que nous avions laissé perdre!

Cette indolence, dont nous venons de voir quelques-uns des tristes effets, est encore contraire à la disposition qui fait l’objet de la sentence suivante:

- Le conseil est dans le cœur d’un homme sage comme des eaux profondes, et l’homme intelligent y puisera.

Ces paroles paraissent se rapporter à une vérité que l’expérience nous enseigne; c’est qu’il ne suffit pas, pour se conduire avec sagesse, d’avoir une intelligence développée par l’instruction, ni même d’avoir le cœur tourné vers nos intérêts spirituels.

Il faut encore SAVOIR FAIRE USAGE des moyens que Dieu nous a donnés pour diriger notre vie; il faut puiser dans ces eaux profondes, où nous trouverons un salutaire conseil.

Ces eaux profondes représentent le sanctuaire intime de l’âme dans lequel nous pouvons entendre la voix de l’Esprit de Dieu.

- Pour entendre cette voix et pour profiter en même temps des leçons de notre expérience, il est essentiel de prendre l’habitude de réfléchir avant d’agir ou de parler.

Au reste, l’expérience elle-même, comme on l’a souvent remarqué, nous est bien moins donnée par les évènements que par les réflexions auxquelles ces évènements peuvent donner lieu.

Aussi n’est-il point rare que de jeunes personnes attentives et réfléchies aient une beaucoup plus grande connaissance des choses de la vie et soient beaucoup plus capables de donner un salutaire conseil que des personnes âgées d’un caractère différent qui auraient laissé glisser inutilement sur leur esprit les incidents variés de leur longue carrière.

Si la sagesse produite par l’expérience est une chose rare, la droiture du cœur l’est peut-être encore davantage.

- La plupart des hommes vantent leur bonté, s’écrie Salomon;

- mais qui trouvera un homme véritable?

- Oh! que les enfants du juste qui marche dans son intégrité seront heureux après lui!

Il y a bien peu d’hommes, même parmi ceux qui ont fait couler le plus de larmes et le plus de sang, qui eussent confessé qu’ils n’étaient pas bons. On s’accusera, s’il le faut, d’orgueil, de colère, de haine, d’esprit de vengeance; quelquefois même on se glorifiera d'éprouver de tels sentiments.

Mais ceux qui disent ces choses ajoutent qu'ils ont un bon cœur, et que, s’ils se montrent méchants, c’est seulement à l’égard de ceux qui les offensent; comme si la bonté ne consistait pas précisément à faire du bien à tous, sans examiner ce qu’ils méritent de notre part!

On peut se faire de grandes illusions sur la bonté.

Nous croyons quelquefois avoir été bons quand, par le fait, nous n’avons agi que par faiblesse de caractère ou par un secret calcul d’égoïsme qui nous fait désirer de nous rendre agréables aux autres.

LA VÉRITABLE BONTÉ qui, indépendante de tout intérêt personnel, est indépendante aussi de la conduite des autres à notre égard, cette bonté-là, disons-nous, ne se trouve pas naturellement chez l’homme.

Jésus disait au jeune homme qui, le croyant seulement un prophète ou un docteur, l’avait appelé mon bon Maître: Pourquoi m’appelles-tu bon? Il n’y a qu’un seul bon; c’est Dieu.

Saint Paul met la bonté au nombre des caractères de cette charité ou de cet amour universel qui n’a pu entrer dans le cœur de l’homme QUE par la connaissance de l’amour de Dieu en Jésus-Christ.

Celui qui est sincère dans sa reconnaissance envers Dieu sera sincère aussi dans la bonté qu’il témoigne à ses semblables; et sans cette sincérité, nous ne pouvons pas obtenir les grâces de Dieu.

Non seulement Dieu bénit l’homme sincère ou intègre de cœur, mais cette bénédiction s’étend aussi à sa postérité, et l’on en voit souvent de frappants exemples.

C’est là le plus précieux héritage que des pères et des mères puissent laisser à leurs enfants, héritage pour lequel ils ne doivent pas regretter les avantages temporels que leur fidélité envers Dieu leur ferait perdre. Oh! que les enfants du juste qui marche dans son intégrité seront heureux après lui!


VERSETS 8-15.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Le Roi, assis sur le trône de la justice, dissipe tout mal par son regard.

Lorsqu’un souverain aime la justice et veut la faire régner dans ses États, la crainte de lui déplaire prévient un grand nombre d’iniquités, et celles dont il vient à être instruit sont promptement réprimées.

C’est peut-être là une partie de la pensée de Salomon dans ce passage. Mais il est probable qu’elle remonte plus haut et qu’il parle surtout ici du Roi des rois et du Juge de toute la terre.

Ce qui semble justifier cette supposition, c’est qu’il ajoute immédiatement: Qui est-ce qui peut dire: J’ai purifié mon cœur, je suis net de mon péché?

La Bible nous dit que Dieu a les yeux trop purs pour voir le mal, c’est-à-dire qu’il est trop saint pour supporter la vue du mal. Si donc le regard d’un monarque intègre suffit pour faire trembler les hommes qui ont commis des injustices, que sera le regard de Celui qui sonde les cœurs et les reins, et devant lequel nos plus secrets sentiments sont aussi découverts que nos actions et nos paroles!

En réfléchissant aux perfections de Dieu, à la sainteté de sa loi, à l’obéissance spirituelle qu’elle exige, qui est-ce qui oserait dire: J’ai purifié mon cœur, je suis net de mon péché?

Mais, si aucun homme n’a par lui-même les mains pures et le cœur net, il y a une source ouverte pour le péché et pour la souillure, et nous connaissons, grâces en soient rendues à Dieu, le moyen d’y avoir accès.

Ce moyen, c’est de CROIRE À L’EFFICACE DU SANG VERSÉ EN GOLGOTHA pour la rédemption du monde.

Jésus disait aux onze apôtres au moment de les quitter: Vous êtes déjà nets à cause de la parole que je vous ai annoncée (Jean, XV, 3); et Saint Pierre dit, en parlant des Gentils, qui avaient reçu l’Évangile: Dieu n'a point fait de différence entre nous et eux, ayant purifié leur cœur par la foi (Actes, XV, 9).

- Cette purification du cœur par le moyen de la foi ne consiste pas seulement dans le pardon de nos péchés.

- Elle consiste aussi dans le renouvellement de nos affections et de nos principes.

Un des effets de la régénération du fidèle sera de lui donner une scrupuleuse délicatesse dans les affaires d’intérêt, selon ce qu’exprime le verset suivant: Le double poids et la double mesure sont tous deux en abomination à l’Éternel.

Les chrétiens doivent être d’autant plus attentifs à leur conduite sous ce rapport, que c’est le trait par lequel les gens du monde peuvent le mieux apprécier leur caractère. Si un homme professant des principes évangéliques peut être accusé de procédés qui manquent d’équité ou de délicatesse, tous ses efforts pour annoncer l’Évangile autour de lui seront frappés de stérilité. On le regardera comme un hypocrite, si même on ne fait pas retomber le blâme de ses torts jusque sur les saintes doctrines qu’il professe.

Il y a encore une application non moins utile à faire de ce passage:

- Le double poids et la double mesure sont tous deux en abomination à l’Éternel.

On sait combien nous sommes sujets à avoir deux poids et deux mesures dans nos jugements, selon qu’il s’agit DES AUTRES ou DE NOUS-MÊMES.

Un bon moyen pour juger impartialement, c’est donc, lorsqu’une personne nous semble avoir quelque tort à notre égard, de retourner, pour ainsi dire, les bassins de notre balance et de nous demander si, dans le cas où nous aurions fait nous-mêmes la chose dont nous nous plaignons, elle nous paraîtrait aussi blâmable.

De même, pour juger si tel ou tel procédé de notre part ne pourrait point blesser telle ou telle personne, cherchons à nous mettre à sa place en nous identifiant autant que possible avec son caractère comme avec sa position à notre égard; et alors demandons-nous si un pareil procédé nous serait pénible.

Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qui vous fût fait, est une maxime que les sages d’entre les païens avaient déjà proclamée. Et notre Seigneur voulant montrer à ses disciples quelle est la spiritualité de ce précepte de la conscience et quelle est la charité dont le Saint-Esprit doit remplir nos cœurs, dit de plus: Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux; car c’est là la loi et les prophètes.

- L’oreille qui entend et l’œil qui voit sont deux choses que l’Éternel a faites.

Si l’on prenait cette parole dans son sens matériel, elle exprimerait une vérité qui n’a pas besoin d’être rappelée. Au point de vue spirituel, elle signifie probablement que si nous savons discerner le vrai du faux dans les choses que nous avons occasion de voir ou d’entendre, c’est Dieu qui nous a doués de ce discernement, tout comme c’est lui qui a créé chacun de nos organes.

Cela est vrai des facultés naturelles de notre esprit, quels que soient les objets auxquels elles s’appliquent.

Mais cela est vrai surtout du DISCERNEMENT SPIRITUEL par lequel, étant éclairés de la lumière de l’Évangile, nous savons distinguer la vérité d’avec l’erreur dans les doctrines et dans les maximes qu’on nous propose.

Si donc les hommes les plus éminents par leurs facultés intellectuelles n’ont aucun sujet de s’enorgueillir d’un don qu’ils ont reçu de leur Créateur, les chrétiens doués d’un grand discernement spirituel doivent encore moins s’enorgueillir d’un don qu’ils tiennent de la grâce de Dieu en Jésus-Christ, grâce qu’ils font profession de reconnaître comme toujours souveraine et gratuite.

Mais ce n’est pas la seule leçon à retirer de la sentence qui nous occupe.

- Elle doit nous apprendre à demander constamment ce discernement si nécessaire dans les choses spirituelles et que Dieu seul peut nous donner.

Nous devons le lui demander en particulier chaque fois que nous lisons ou que nous entendons expliquer sa Parole.

De plus, nous, qui sommes spirituels, nous devons user de patience à l’égard des personnes qui n’ont pas reçu beaucoup de lumières et dont plusieurs peut-être savent mieux que nous appliquer à leur conduite le peu de vérités qu’elles ont pu recevoir.

Lors même que ce défaut de lumières leur donnerait de l’opposition contre l’Évangile, nous devons, comme le dit Saint Paul, instruire avec douceur ceux qui sont d’un sentiment contraire, afin de voir si Dieu ne leur donnera point la repentance pour connaître la vérité, en sorte qu’ils se réveillent et se dégagent des pièges du diable par lequel ils ont été pris pour faire sa volonté (2 Tim., II, 25, 26).

- Celui qui achète dit: Cela ne vaut rien, cela ne vaut rien; après cela, il s’en va et il l’estime.

Nous avons vu tout à l’heure au sujet de la probité une sentence qui, par sa forme, concerne en premier lieu les marchands.

Le double poids et la double mesure, leur déclare Salomon , sont tous deux en abomination devant l'Éternel.

Mais après avoir parlé à ceux qui vendent, il s’adresse maintenant aux acheteurs, et signale l’injustice trop commune qui consiste à EXAGÉRER LES DÉFAUTS de l’objet qu’on veut acquérir, afin de le payer au-dessous de sa valeur réelle.

Ce n’est pas toujours par avarice que l’on agit ainsi. Comme dans le monde on attache une espèce d’humiliation à l’idée d’être pris pour dupe, il y a des personnes qui, de peur d'être dupes, mettent leur orgueil à faire des marchés plus avantageux que ceux des autres.

On pourrait leur appliquer cette parole de Saint Paul: Ils mettent leur gloire dans ce qui est leur confusion. Car ne devrait-on pas avoir honte de profiter quelquefois de l’ignorance ou du besoin d’un marchand pour payer au-dessous de leur prix les objets qu’on lui achète?

Si de tels procédés ne sont pas condamnés par les lois humaines, ils le sont néanmoins par les sentiments de justice que Dieu a gravés dans notre cœur ainsi que par les plus simples préceptes de la charité évangélique.


VERSETS 16-19.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Quand quelqu’un aura cautionné un étranger, prends son habit, et prends-le en gage pour cet étranger.

Ce verset, très concis dans l’original, présente par cette raison plus de difficultés, et n’est pas rendu de la même manière dans les différentes versions de la Bible.

Ce qu’on peut en conclure avec certitude, c’est que Salomon condamne ici, comme dans d’autres passages des Proverbes (XI, 15; XXVII, 13, etc.), l’imprudence avec laquelle on cautionne des hommes dont on ne connaît ni les principes, ni les ressources; imprudence qui, non seulement est une des plus fréquentes causes de ruine, mais qui est aussi l’occasion d’un grand nombre de péchés.

Peut-être cependant nous serait-il permis dans certaines circonstances de prendre des engagements de ce genre en faveur de parents ou d’amis dont la probité nous est connue et qui ont besoin de notre secours.

Dans les cas de cautionnements imprudents, Salomon autorise le créancier à punir le répondant en exigeant de lui un gage pour la dette qu’il a contractée.

Cette autorisation n’est point contraire au touchant précepte que nous lisons dans l’Exode: Si tu prends en gage le vêtement de ton prochain, tu le lui rendras avant que le soleil soit couché. Car c’est sa seule couverture, son vêtement pour couvrir sa peau (Exode, XXII, 26, 27).

Dans ces paroles on voit qu’il s’agit de débiteurs pauvres qui ne peuvent, sans en souffrir, être privés d’un seul des objets qu’ils possèdent.

Les hommes qui répondent pour une dette doivent, au contraire, être dans l'aisance, puisque autrement leur caution n’aurait aucune valeur.

Dieu veut donc que nous soyons SÉVÈRES envers les hommes imprudents, afin de leur faire sentir leur faute et les empêcher d’y retomber.

Mais en même temps nous devons être REMPLIS DE COMPASSION pour ceux qui souffrent, et ne pas user de tous nos droits, lorsque, en les exerçant à la rigueur, nous compromettrions le bien-être de nos semblables.

- Le pain acquis par la tromperie est agréable à l’homme;

- mais ensuite sa bouche sera remplie de gravier.

Plût à Dieu qu’une sentence dont l’expression est si énergique, pût se graver dans la mémoire et dans la conscience de tous ceux qui lisent la Bible!

En effet, si nous voyons Salomon revenir tant de fois, dans ce chapitre et ailleurs, sur les fraudes que l’intérêt fait commettre, c’est qu’il y a peu de péchés qui soient aussi communs. On en a la preuve dans la défiance mutuelle que témoignent presque toujours les hommes qui ont quelque affaire à traiter entre eux, ainsi que dans les précautions sans nombre qu’ont dû prendre les lois pour prévenir les injustices.

Il serait facile cependant de montrer combien on s’attire de malheurs de toute espèce en voulant tromper les autres, et de faire comprendre ainsi ce que Salomon appelle une bouche remplie de gravier.

Mais si le manque de droiture entraîne souvent ici-bas de funestes conséquences, elles ne doivent pas nous faire perdre de vue LES PEINES DE L’ÉTERNITÉ.

Il est écrit que les injustes n’hériteront point le royaume des cieux (1 Cor., VI, 9). Il faut donc que les hommes, à qui leur conscience reproche des fautes de ce genre, se hâtent d’implorer le pardon de Dieu au nom de Jésus, et qu’ils prouvent la sincérité de leur repentir en cherchant, autant que la chose est en leur pouvoir, à réparer leurs injustices.

- Les résolutions s’affermissent par le conseil;

- fais donc la guerre avec prudence.

On ne peut pas supposer que ce soit à la guerre, dans le sens ordinaire de ce mot, que le Saint-Esprit veuille nous exciter en nous donnant sur ce sujet des avertissements et des conseils.

La guerre à laquelle la Parole de Dieu nous exhorte, et qui peut justement s’appeler une guerre sainte, c’est celle que nous avons à livrer contre le péché, soit au-dehors, soit surtout au-dedans de nous.

- David parle très souvent, dans ses psaumes, de ses ennemis spirituels, et il dit que Dieu dresse ses mains pour le combat et ses doigts pour la bataille (Ps. CXLIV).

- Le royaume des cieux est forcé, dit Jésus-Christ, et les violents le ravissent (Matth., XI, 12).

- Saint Paul recommande aux fidèles d’être revêtus de toutes les armes de Dieu; et il les avertit qu’ils ont à combattre contre les principautés, contre les puissances, contre les princes des ténèbres de ce siècle, contre les esprits malins qui sont dans les airs. (Ephés., VI, 11).

- Il écrivait aux Hébreux: Vous n’avez pas encore résisté jusqu'au sang en combattant contre le péché.

- Au moment où cet apôtre allait être mis à mort, c’est sous le même point de vue qu’il envisageait sa propre carrière. J’ai combattu le bon combat, dit-il; j’ai achevé ma course; j’ai gardé la foi.

Il faudrait plaindre ceux qui s’étonneraient de voir la vie chrétienne représentée comme un combat toujours renaissant, où la victoire est difficile. Cela prouverait que, n’ayant jamais cherché sérieusement à obéir aux lois de Dieu, ils ne connaissent pas toute la résistance que notre nature déchue oppose à de tels efforts.

Mais si nous avons fait l’expérience de notre faiblesse dans ce qui se rapporte à la sanctification, nous comprendrons combien tous les secours de la prudence chrétienne nous sont nécessaires.

Salomon nous appelle à chercher ces secours en nous disant: Les résolutions s’affermissent par le conseil; fais donc la guerre avec prudence.

Nos propres réflexions sur notre conduite sont un premier conseil par lequel nos résolutions peuvent s’affermir. Elles risqueront moins de rester sans effet si, au lieu d’être un simple mouvement du cœur, elles sont le fruit d’un examen attentif de ce que Dieu demande de nous, d’après notre position et nos circonstances.

- Mais pour savoir ce que Dieu demande de nous, il faut consulter sa volonté par une étude attentive de sa Parole et par d’ardentes prières.

Quelquefois nous avons de la peine à discerner notre devoir, ou bien nous sentons que nous avons besoin de quelque appui au-dehors de nous pour avoir plus de force contre nous-mêmes. Alors nous ferons bien de chercher les conseils d’un pasteur éclairé ou de quelque autre personne plus avancée que nous dans les expériences de la vie chrétienne.

Mais il faut prendre garde d’être sincère dans les conseils que nous demandons, et ne pas choisir seulement ceux que nous supposons d’avance être favorables à nos secrets désirs.

Par-dessus tout, nous devons redouter la flatterie et préférer les amis qui nous adressent des exhortations ou même des reproches à ceux qui veulent toujours nous justifier à nos propres yeux et qui nous ôtent ainsi le moyen de nous relever de nos chutes.

Si la flatterie nous aveugle sur nos torts, ce n’est pas le seul effet dangereux qu’elle produit. Elle provoque aisément des confidences dont on pourrait ensuite être tenté d’abuser. Le verset qui suit nous donne un avertissement à cet égard:

Celui qui fait le délateur révèle le secret;

ne te mêle donc point avec celui qui flatte de ses lèvres.


VERSETS 20-24.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- La langue de celui qui maudit son père ou sa mère sera éteinte dans les ténèbres les plus noires.

Dieu avait dit aux Israélites par la bouche de Moïse: Celui qui aura maudit son père ou sa mère sera puni de mort (Exode, XXI, 17).

Cette ordonnance n’avait jamais été abrogée; mais il est possible qu’on eût graduellement cessé de l’observer.

Salomon, éclairé du Saint-Esprit, veut donc rappeler aux transgresseurs que s’ils ne sont pas atteints par la main des hommes, ils n’échapperont pas aux châtiments de Dieu, soit dans cette vie, soit dans celle qui est à venir.

On pourrait s’étonner que ces diverses menaces fussent nécessaires pour prévenir le crime monstrueux de maudire un père ou une mère.

Depuis l’introduction du christianisme du moins, on voit peu d’hommes transgresser à cet excès les lois de la nature et celles de Dieu. Cependant, sans aller jusque-là, n’est-il pas trop évident que nous sommes bien éloignés, en général, d’observer ce commandement précis. Honore ton père et ta mère, etc.

HONORER, c’est sentir et témoigner du respect.

Or, le respect est un sentiment qui, dans le temps où nous vivons, semble s’effacer peu à peu de tous les cœurs.

On respecte peut-être encore les qualités morales des individus, parce que là le respect se confondant avec l’estime, ce sentiment devient volontaire et coûte moins à notre orgueil; mais on ne sait presque plus respecter en elle-même la supériorité de l’âge et de la position.

Les esprits sérieux s’effraient de ce symptôme, et le voient comme la cause aussi bien que comme l’effet des troubles de toute espèce qui désorganisent la société.

Ce mal diminuerait, sans doute, si tous ceux qui croient à la Parole de Dieu s’accoutumaient, en honorant leurs parents, à respecter toutes les supériorités légitimes.

- Celui qui honore véritablement son père et sa mère, ne se contente pas de leur obéir pendant sa jeunesse et de leur témoigner son affection pendant toute sa vie.

- Il les voit comme les représentants de Dieu à son égard.

- Il se conforme, autant que possible, à leurs intentions et à leurs désirs.

- Il respecte leur caractère, et ne leur suppose pas facilement des torts ou des défauts.

S’il ne peut s’empêcher de reconnaître en eux des faiblesses, il cherche à les excuser; il en détourne sa pensée, et il les cache soigneusement aux regards des autres.

On sait quelles promesses Dieu avait attachées à l’observation d’un commandement placé à la tête de tous ceux qui ont pour objet nos rapports avec le prochain.

Si sous la dispensation évangélique les bénédictions de Dieu ne revêtent pas la même forme, elles appartiennent également, dans ce qu’elles ont de plus essentiel, aux chrétiens qui auront rempli leurs devoirs envers leurs parents, puisque Saint Paul a soin de leur en rappeler la promesse (Ephés., VI, 1-3).

Quoique le verset suivant fasse mention d'héritage, il ne nous paraît pas être en rapport direct avec celui qui concernait les relations de pères et d’enfants:

- L’héritage pour lequel on s’est trop hâté du commencement ne sera point béni à la fin, dit Salomon;

cela signifie probablement que les biens acquis d’une manière peu scrupuleuse, seront promptement perdus ou deviendront pour leurs possesseurs l’occasion de diverses peines.

Cette sentence doit ainsi se réunir à toutes celles que renferme ce chapitre au sujet des fraudes et des injustices par lesquelles un si grand nombre d’hommes attirent sur leurs têtes les malédictions de Dieu.

Mais quant à ceux qui sont eux-mêmes les objets d’une injustice ou de quelque autre tort, voici le commandement que l’Esprit saint leur adresse: Ne dis point: Je rendrai le mal qu’on m’a fait; mais attends l’Éternel et il le délivrera.

Il est peut-être plus difficile qu’on ne le croirait d’abord d’obéir dans toutes les occasions à un semblable précepte.

Ce n’est pas y obéir véritablement que de nous abstenir de nous venger nous-mêmes, tout en nourrissant dans notre cœur des sentiments d’irritation contre ceux qui nous ont offensés.

Attendre l’Éternel et sa délivrance, c’est ne pas nous occuper des hommes, qui ne sont jamais que l’instrument de notre douleur, c’est voir notre peine comme venant directement de Dieu, et par conséquent comme nous étant envoyée dans un but de sagesse et de bonté pour la sanctification de notre âme.

En voyant les choses sous ce point de vue, nous demanderons à Dieu de nous faire connaître quels sont les péchés qui attirent particulièrement sur nous ses corrections paternelles.

Nous nous humilierons sous sa puissante main, et nous éprouverons que l’humilité est la plus sûre sauvegarde contre l’amertume et l’irritation.

Il est vrai que sans la grâce de Dieu, nous ne pouvons acquérir une disposition si contraire aux sentiments naturels de notre cœur.

Mais cette grâce a la puissance de l’inspirer aux vrais croyants. Nous en avons un exemple remarquable dans la conduite de David à l’égard de Schimeï, lorsque ce misérable, le voyant fuir devant son fils Absalom, profitait de l’état où il le voyait réduit pour le maudire et lui jeter des pierres.

Les serviteurs de David, indignés, voulaient venger leur maître en mettant Schimeï à mort. Mais David, qui se sentait coupable devant Dieu, dit, en s’adressant à Abischaï: Qu’ai-je à faire avec vous, fils de Tseruja? Qu’il me maudisse; car l’Éternel lui a dit: Maudis David; et qui lui dira: Pourquoi l’as-tu fait ?... Peut-être que l’Éternel regardera mon affliction, et que l’Éternel me rendra du bien au lieu des malédictions que celui-ci me donne aujourd’hui (2 Sam., XVI, 8-12).

Quand Dieu vient au secours de ses enfants, c’est bien souvent en les faisant passer par des circonstances tout à fait inattendues et en donnant à leurs propres démarches des résultats qu’ils n’auraient jamais pu prévoir.

C’est ainsi que l’expérience nous explique une autre sentence des mêmes versets, dont le sens paraît d’abord difficile à bien saisir:

- Les pas de l’homme sont dirigés par l'Éternel;

- comment donc l'homme comprendrait-il sa voie?

En effet, quelle que soit notre situation, nous ne savons jamais si tel incident inopiné ne viendra point déranger tous nos calculs et changer toutes nos circonstances.

Ces incidents ne sont pas l’effet du hasard!

C'est Dieu qui les dirige de manière à les faire concourir à l’exécution de ses plans à notre égard.

Mais, dans l’ignorance où nous sommes de ses desseins, nous devons subordonner tous nos projets, dans les petites comme dans les grandes choses, à la volonté de Celui qui peut seul les réaliser. C’est là un exemple que nous trouvons souvent dans la sainte Écriture.

Ainsi, Saint Paul dit aux Corinthiens: Je ne veux pas cette fois vous voir seulement en passant; mais j'espère de demeurer quelque temps avec vous SI LE SEIGNEUR LE PERMET (1 Cor., XVI, 7. Voyez Rom., I, 10, etc.).

Beaucoup de personnes ont l’habitude d’ajouter: S’il plaît à Dieu, en parlant des choses qu’elles ont dessein de faire.

Non seulement une telle habitude, pourvu qu’elle ne dégénère pas en vaine forme, est bien propre à nous rappeler notre dépendance, mais le sentiment qu’elle suppose devrait être doux pour le chrétien.

Puisque nous sommes ignorants et aveugles, il nous est avantageux de dépendre, pour notre destinée, non de notre propre volonté, mais de l’Être souverainement sage et souverainement bon qui a promis que toutes choses travailleraient ensemble au vrai bien de ceux qui l’aiment.


VERSETS 25 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- C’est un piège à l’homme de dévorer les choses consacrées

- et après avoir voué de s'en informer.

C’est un piège pour l’homme que de prendre à la légère un engagement sacré, Et de ne réfléchir qu’après avoir fait un voeu. (V. S.)

Sous la loi de Moïse, les choses consacrées étaient les animaux choisis pour être immolés sur l’autel, ainsi que les prémices des divers produits de la terre.

On pouvait, en général, appeler de ce nom tous les objets dont les Israélites, par un sacrifice obligatoire ou volontaire, se dépouillaient eux-mêmes pour les offrir à Dieu.

- Salomon déclare que les objets ainsi consacrés d’avance n’appartiennent réellement plus à leurs possesseurs, lesquels ne peuvent se les approprier qu’au péril de leurs âmes.

- Sous l’Évangile, le principe est le même, quoiqu’il s’applique d’une manière différente.

Lorsque nous avons consacré une somme ou résolu de faire quelque autre sacrifice pour l’avancement du règne de Dieu, il ne faut pas qu’ensuite nous revenions en arrière et retenions dans nos mains ce que nous avions voulu donner.

Il ne faut même pas nous en informer, selon ce que dit Salomon, c’est-à-dire qu’il ne faut pas chercher à savoir si nous faisons plus que les autres ni repenser à ce que nous avons fait, soit pour le regretter, soit pour nous en enorgueillir.

Si déjà, pour les œuvres de bénéficence, Dieu aime celui qui donne gaiement, la chose est encore plus évidente pour des libéralités dont le résultat, comme le motif, est uniquement spirituel.

C’était souvent à l’occasion de quelque danger que les Israélites faisaient des vœux, c’est-à-dire qu’ils promettaient à Dieu de lui offrir tel ou tel sacrifice, s’il voulait bien les délivrer de leurs maux ou leur accorder telle ou telle grâce.

Nous aussi, dans nos détresses, nous prenons quelquefois la résolution de remplir quelque devoir pénible ou de faire à Dieu quelque sacrifice auquel jusqu’alors nous n’avions pu nous résoudre.

Lorsqu’il en est ainsi, nous devons, une fois la détresse passée, NE PAS MANQUER D’ACCOMPLIR CE QUE NOUS AVIONS PROMIS.

Si nous nous y refusions, Dieu pourrait bien, pour briser la dureté de notre cœur, nous envoyer de nouvelles peines, à moins que nous ne fussions de ces âmes rebelles que Dieu, dans sa justice, finit par abandonner à leur funeste endurcissement.

- Le sage roi dissipe les méchants et fait tourner la roue sur eux.

Cette expression: Fait tourner la roue sur eux, se rapporte peut-être à l’instrument dont se servaient les Israélites pour vanner le blé.

De même que la roue, en passant sur le blé, sépare le grain de la balle qui l’enveloppe, de même un roi sage doit-il chercher à discerner autant que possible les gens de bien et les hommes immoraux, afin d’honorer les uns et de punir les autres, ou du moins de leur ôter les moyens de nuire.

Celte sentence pourrait paraître en contradiction avec une de celles qui la suivent:

- La bonté et la vérité conserveront le roi, et il soutient le trône par la clémence.

On dira que, si c’est la clémence qui soutient les trônes, les rois ne doivent donc pas se montrer sévères envers les méchants. Mais il faut remarquer que LA CLÉMENCE EST AUTRE CHOSE QU’UNE INDULGENTE FAIBLESSE et que le Saint-Esprit avait commencé par dire que la bonté et la vérité conservent les rois.

L’expérience démontre que, si quelque chose peut empêcher la ruine des États, c’est l’union de la fermeté et de la bienveillance chez ceux, qui gouvernent, union fondée sur l’obéissance envers Dieu.

Mais cette déclaration ne s’applique pas seulement aux relations des princes et des magistrats avec leurs peuples; elle s’applique à toutes les relations de supérieurs à inférieurs, de quelque nature qu’elles soient.

Les supérieurs doivent agir de manière à témoigner qu’ils ont le pouvoir de faire observer les règles qu’ils ont établies et qu’ils ont l’œil ouvert sur la conduite de leurs inférieurs. Ils doivent ainsi donner lieu de comprendre que, lorsqu’ils s’abstiennent de punir, ce n’est pas par faiblesse, mais dans un pur sentiment de bonté, parce qu’il y a des cas où, pour prévenir de nouvelles fautes, le pardon est plus efficace que le châtiment.

Est-il nécessaire de remarquer que c’est de cette manière que le Seigneur en agit envers nous?

D’un côté, il nous déclare qu’il ne tient point le coupable pour innocent, et que les méchants seront comme la balle que le vent chasse au loin.

Et, de l’autre côté, il se charge lui-même de la malédiction que le péché avait attirée sur les hommes, et il fait proclamer à tous qu’il y a pardon par-devers lui, non pas afin qu’on puisse l’offenser impunément, mais, au contraire, afin qu’on le craigne.

- La force des jeunes gens est leur gloire,

- et les cheveux blancs sont l’honneur des vieillards.

Nous avons déjà eu occasion de remarquer que souvent les sentences des Proverbes expriment la manière dont la plupart des hommes jugent les choses de ce monde, et non pas la manière dont ils devraient les juger.

Ainsi, les jeunes gens étant, pour l’ordinaire, vigoureux et actifs, il leur semble que rien ne pourra résister à la persévérance de leurs efforts; et sans peut-être se l’avouer à eux-mêmes, ils sont disposés à mettre leur confiance plutôt dans leurs propres forces que dans la protection de Dieu.

Les vieillards, de leur côté, sont sujets à se faire une trop haute idée de la sagesse que l’expérience leur a acquise, et ils oublient quelquefois peut-être qu’ils ont, comme les jeunes gens,

UN BESOIN CONTINUEL D’ÊTRE DIRIGÉS PAR LES LUMIÈRES DU SAINT-ESPRIT.

Quel que soit donc notre âge, souvenons-nous de l’avertissement que Dieu nous donne par la bouche d’un prophète:

- Que le sage ne se glorifie point dans sa sagesse;

- que le fort ne se glorifie point dans sa force;

- que le riche ne se glorifie point dans ses richesses;

- mais que celui qui se glorifie se glorifie de ce qu’il a de l’intelligence et qu’il me connaît, moi qui suis l’Éternel qui exerce la miséricorde, le jugement et la justice sur la terre; car je prends plaisir en ces choses-là, dit l’Éternel (Jér., IX, 23, 24).

Cependant, nous pouvons comprendre aussi d’une autre manière cette expression: Les cheveux blancs sont l’honneur des vieillards.

Elle nous rappelle le RESPECT auquel ont toujours droit les hommes avancés en âge, et, en même temps, le soin qu’ils doivent eux-mêmes prendre pour que RIEN, DANS LEURS PAROLES OU DANS LEUR CONDUITE, NE NUISE AU RESPECT QU’INSPIRENT LEURS CHEVEUX BLANCS.

- Les meurtrissures des plaies sont le remède du mal et des coups qui pénètrent jusqu’à l’intérieur.

Ces paroles font allusion à l’effet salutaire que l’écoulement d’une plaie peut produire dans certains maux.

Nous devons y voir une image de ce qui se passe dans l’ordre moral; car, en effet, les peines de divers genres que nos péchés nous attirent sont un des moyens les plus efficaces dont Dieu se serve pour nous en délivrer.

Souvent, lorsque nous redoutons les conséquences fâcheuses d’une de nos fautes et que nous demandons à Dieu de les détourner, nous nous promettons à nous-mêmes d’user, dans tous les cas, de la plus grande vigilance pour ne plus commettre le même péché.

Mais il arrive, pour l’ordinaire, que si Dieu nous exauce en détournant, dans sa bonté, les maux que nos fautes auraient pu produire, nous oublions promptement les craintes que nous avions eues, et, quand l’occasion s’en représente, nous retombons dans les mêmes torts.

Au contraire, lorsque Dieu nous laisse souffrir des conséquences naturelles de nos fautes, il en résulte une impression bien plus profonde sur notre âme; et, apprenant à détester nos péchés, nous les combattons efficacement par la vigilance et la prière.

Ce que nous devrions désirer par-dessus tout, tant que nous sommes dans le séjour de l’épreuve, ce n'est pas d’être aussi exempts que possible de souffrances et de privations; mais c’est d’avancer le plus possible dans la sanctification de notre âme.

Confions- nous à Dieu pour y faire concourir jusqu’à nos chutes mêmes par les maux qu’elles nous attirent, et puissions-nous lui dire un jour avec le roi-prophète:

Éternel! je reconnais maintenant que tes voies ne sont que justice

et que tu m’as châtié selon ta fidélité!




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