Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XIX.

VERSETS 1-9.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Le pauvre qui marche dans son intégrité vaut mieux que celui qui parle avec perversité et qui est insensé.

Le mot celui ne se trouvant pas dans l’original hébreu, peut être remplacé par le mot homme.

Le Saint-Esprit compare donc ici, non pas le pauvre intègre au pauvre insensé et pervers, mais le pauvre intègre à l’homme riche ou pauvre qui manque de droiture dans ses paroles ou dans ses actions.

Cette distinction est importante.

Il n’y a personne, en effet, qui ne préfère un indigent honnête homme à un indigent vicieux. On n’est même que trop disposé, quant à ceux-ci, à profiter de leurs vices pour refuser sans scrupule de satisfaire à leurs besoins.

- Mais, ce qu’on ne fait pas toujours et sur quoi cette sentence nous rappelle notre devoir, c’est de témoigner en toute occasion plus de bienveillance aux hommes droits et consciencieux, lors même qu’ils seraient pauvres, qu’aux hommes d’un caractère opposé, lors même qu’ils brilleraient par leur rang et leurs richesses.

Dans le langage de l’Écriture, l’homme qui marche dans son intégrité, ce n’est pas seulement un homme honnête, selon le monde.qui ne fait tort à personne dans ses biens; c’est un homme dont LE CŒUR EST ENTIER, c’est-à-dire QUI A DONNÉ SON CŒUR À DIEU SANS PARTAGE.

Un tel homme, quelle que soit sa condition, a droit d’être regardé par tous les chrétiens comme un frère. D’un autre côté, nous avons eu souvent occasion de voir que, dans les Proverbes, un insensé, ce n’est pas l’homme atteint d’une maladie qui le prive de sa raison; c’est l’homme qui, tout en jouissant peut-être auprès de ses semblables d’une grande réputation de génie et de savoir, manque le but de son existence en ne cherchant pas la faveur de Dieu pour cette vie et pour l’éternité.

De tels hommes doivent, sans doute, être les objets de notre charité; mais, si nous sommes chrétiens, nous ne pouvons pas être avec eux dans une véritable sympathie, et nous ne devons pas donner lieu de croire que nous approuvons leurs principes.

Le verset suivant nous confirme que c’est bien dans un sens moral qu’il faut prendre le mot insensé:

- Une âme sans prudence n’est pas un bien, et celui qui se précipite dans ses démarches pèche.

- La folie de l’homme renversera ses voies, et cependant son cœur murmurera contre l’Éternel.

On ne dit pas d’un homme qu’il pèche quand on le voit conduire ses affaires avec imprudence; mais il pèche quand, au lieu d’examiner avant de faire une démarche si elle est selon la volonté de Dieu, il vit uniquement au gré de ses penchants et de ses habitudes.

Prenez garde, dit Saint Paul, de vous conduire avec circonspection, non comme des gens dépourvus de sagesse, mais comme des personnes sages. Ne soyez pas sans prudence, dit-il encore, mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur (Ephés., V, 15, 17).

Nous ne pouvons pas méconnaître nos devoirs sans que nous ayons à en souffrir de quelque manière.

Dans les choses temporelles aussi, nous sommes souvent punis de nos imprudences. Il faudrait alors reconnaître devant Dieu que nos maux viennent de notre faute; mais c’est ce qui n’arrive pas toujours, et l’on s’irrite au lieu de s’humilier. Ainsi, la folie de l’homme renversera ses voies et cependant son cœur murmurera contre l’Éternel.

- Les richesses assemblent beaucoup d’amis;

- mais celui qui est pauvre est délaissé même de son ami.

Évidemment les amis qui se rassemblent autour d’un homme à cause de ses richesses ne sont pas des amis, quoiqu’ils en prennent le titre.

Leur intérêt seul les pousse à des démonstrations d’attachement. C’est ce que Salomon indique dans cet autre passage: Plusieurs supplient celui qui est libéral, et chacun est ami de l’homme qui donne.

Un homme riche qui n’est pas libéral sera tout aussi délaissé qu’un homme pauvre.

Cet égoïsme et cette dureté de cœur qui disposent trop souvent les hommes à s’éloigner de ceux dont ils n’ont rien à attendre sont exprimés avec encore plus de force dans le verset qui suit: Tous les frères du pauvre le haïssent; combien plus ses amis se retireront-ils de lui!

Il les presse, mais il n’y a que des paroles pour lui.

Si telles sont les dispositions de l’homme naturel, il n’en est pas de même de l’homme chez qui s’est opérée la nouvelle naissance.

La connaissance de ce que Jésus-Christ a fait pour nous nous renouvelle à son image (Col., III, 10). Nous ne pouvons pas croire à ce miracle d’amour sans aimer nous-mêmes ceux pour lesquels notre Sauveur s’est donné et, par conséquent, sans les secourir dans leurs souffrances.

Quels que soient nos sentiments cependant, prenons garde à ce que dit Salomon en parlant des faux amis du pauvre: Il les presse, mais il n’y a que des paroles pour lui.

Il n’arrive que trop souvent, aux personnes même qui ne sont pas sans compassion pour les malheureux,

- de satisfaire, en quelque sorte, cette compassion par quelques expressions de sympathie, ainsi que par des promesses prononcées légèrement et qui ne sont suivies d’aucun résultat.

Sans doute, comme nous l’avons remarqué dans le chapitre précédent, il faut que les pauvres voient à notre langage l’intérêt que nous prenons à eux; mais ce langage ne serait qu’un mensonge si, en même temps, on ne faisait rien pour les soulager.

- C’est même aggraver les souffrances des malheureux que de leur donner des espérances qu’ils ne verraient pas se réaliser.

La Parole de Dieu nous prémunit souvent contre cette vaine charité qui ne se montre que dans les discours. Mes petits enfants, dit Saint Jean, n’aimons pas seulement en paroles et de la langue, mais aimons en effet et en vérité.

- Le faux témoin ne demeurera point impuni, et celui qui prononce des mensonges périra.

Il n’y a peut-être aucun crime qui soulève généralement une plus grande indignation que celui de rendre un faux témoignage pour la condamnation d’un innocent.

Mais, devant Dieu, il n’y a pas la même différence entre l’homme dont le témoignage trompeur fait condamner un innocent, et celui dont le témoignage trompeur fait absoudre un coupable.

Nous voyons, dans les paroles de Salomon, que TOUT CE QUI EST MENSONGE EST CONDAMNÉ DE DIEU, quel que soit son but et quels que soient les motifs qui semblent le rendre excusable.

C’est aller contre les intentions dans lesquelles Dieu nous a doués de la parole que de nous en servir pour nous tromper mutuellement. Aussi Saint Paul, après avoir rappelé aux Éphésiens la nécessité de se dépouiller du vieil homme et de revêtir le nouvel homme créé à l’image de Dieu, ajoute-t-il: C’est pourquoi, renonçant au mensonge, que chacun de vous parle en vérité à son prochain; car nous sommes tous membres les uns des autres (Ephés., IV, 22, 24, 25).

Si les chrétiens doivent s’interdire scrupuleusement jusqu’à ces légères déviations de la vérité que leur motif fait paraître innocentes, la sentence de Salomon nous appelle, en particulier:

- à prendre garde à ces jugements téméraires et à ces exagérations dans les récits qui constituent, par le fait, un faux témoignage.

Ce mot suffit pour faire sentir toute la gravité d’un péché que nous commettons cependant, hélas! avec une légèreté singulière et presque sans nous en apercevoir.

Demandons à Dieu de purifier nos cœurs et nos lèvres, de nous remplir de cette charité qui ne soupçonne point le mal, qui ne se réjouit point de l'injustice, mais qui se réjouit de la vérité.

Alors, comme de l’abondance du cœur la bouche parle, nous ne risquerons pas d’intenter contre notre prochain des accusations mensongères, et nous chercherons plutôt à cacher aux autres et à nous-mêmes les torts qu'il ne nous serait pas possible d’excuser.


VERSETS 10-16.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- L’aise ne sied pas bien à un insensé;

- combien moins sied-il à un esclave d’être maître par-dessus son seigneur!

L’imprudence et le défaut de sagesse spirituelle ont des conséquences doublement fâcheuses chez les hommes à qui leurs richesses procurent une vie facile.

Outre qu’ils ont ainsi plus de moyens de satisfaire leurs penchants, leur exemple en acquiert une plus dangereuse influence.

Les hommes surtout qui n’ont pas toujours été dans une position élevée sont mal préparés à en soutenir les tentations. Aussi vaut-il en général mieux, pour une nation, être gouvernée despotiquement par son souverain que par un serviteur favori qui, dans l’Orient, est même souvent un esclave.

C’est ordinairement par faiblesse de caractère que les princes se laissent dominer par ceux qui devraient leur obéir.

Mais les princes ne sont pas seuls exposés à cette faiblesse.

Il suffit que nous ayons des inférieurs pour que nous devions y prendre garde. Quel que soit le genre d’autorité que nous ayons sur eux, Dieu nous l’a confiée pour la faire servir à leur avantage, et il ne nous est pas permis de l’abandonner.

NOUS SOMMES RESPONSABLES, non seulement du mal que nous commettons, mais de celui que nous aurions pu empêcher et que, par notre lâcheté, nous avons laissé commettre.

- La prudence de l’homme retient sa colère,

- et c’est son honneur que de passer par-dessus le tort qu’on lui fait.

Comme dans les Proverbes, le mot prudent a un sens SPIRITUEL, nous devons comprendre qu’il ne s’agit pas ici de prudence humaine et d’honneur mondain.

Ces sentiments suffisent bien quelquefois pour empêcher un homme de se livrer à des actes de vengeance, et c’est à eux que nous devons peut-être souvent de ne pas nous laisser aller à de violents mouvements de colère lorsque nous sommes provoqués.

Mais si ce n’est que par la crainte de l’opinion des hommes que nous retenons l'expression de notre ressentiment, nous sommes bien loin d’entrer dans les vues de Dieu et d’obéir à ses préceptes.

En nous pardonnant nos péchés par Jésus-Christ, Dieu a voulu mettre dans nos cœurs, non seulement l’amour pour lui, mais le support et la miséricorde envers nos frères.

- Revêtez-vous donc comme les élus de Dieu, ses saints et ses bien- aimés, dit Saint Paul aux Colossiens, des entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience, vous supportant les uns les autres.

- Si l'un de vous a quelque sujet de plainte contre l'autre, comme Christ vous a pardonnés, vous aussi usez-en de même.

L’honneur mondain est si loin de pouvoir toujours nous disposer au pardon, que c’est lui qui pousse souvent l’homme offensé à risquer même sa vie pour venger une légère offense, peut-être même une injure imaginaire, dans le sang de l’offenseur.

Mais la gloire véritable, c’est celle qui consiste à surmonter nos penchants naturels et à imiter un Maître qui est mort pour ses ennemis.

Nous avons lu dans un autre chapitre: Celui qui est lent à la colère vaut mieux que l’homme vaillant, et celui qui maîtrise son esprit que celui qui prend des villes (XVI, 32).

- L'enfant insensé est un grand malheur à son père,

- et les querelles de la femme sont une gouttière continuelle.

Nous retrouvons ici une de ces expressions dont l’énergie est d’autant plus frappante qu’elles sont plus naïves et plus familières.

Tout le monde sait que les peines les plus difficiles à supporter ne sont pas celles qui semblent par elles-mêmes les plus grandes; mais ce sont celles qui, tout en paraissant plus légères, sont de nature à se renouveler à chaque instant.

Or, dans ce genre de peines, on peut mettre en première ligne l’humeur difficile et querelleuse des personnes avec lesquelles nous avons à vivre.

Salomon ne parle ici que de la femme et même probablement de l’épouse.

Cela ne veut pas dire que les hommes ne puissent jamais être coupables de ce tort.

Mais les hommes étant, en général, occupés d’intérêts plus en dehors déjà vie domestique, ils sont moins sujets à mettre aux petites choses qui s’y rapportent celte importance exagérée d’où naissent si souvent des plaintes et des disputes.

Ne peut-on pas dire aussi que la femme ayant été créée pour être la compagne et l’aide de l’homme, elle méconnaît les vues de Dieu à son égard lorsque, au lieu de soulager les fatigues de son époux par sa douceur et sa sérénité, elle lui rend la vie pénible par l’irritabilité de son caractère?

Si l'abnégation et le support sont des dispositions nécessaires au caractère chrétien, elles entrent de plus dans la vocation spéciale des femmes et particulièrement d’une épouse.

Combien la Parole de Dieu ne relève-t-elle pas la beauté de cette vocation lorsqu’elle est fidèlement remplie!

- La maison et les richesses sont les héritages des pères;

- mais une femme prudente est un don de l’Éternel.

Sans doute, les biens dont nous jouissons, quelle que soit leur nature, viennent tous de la bonté de Dieu.

Mais nous voyons plus directement celte bonté dans les objets qui ne nous ont pas été transmis par les hommes. Et parmi les biens que Dieu nous donne ainsi comme de sa main, aucun ne peut être plus précieux qu’une épouse capable de remplir tous les devoirs auxquels elle est appelée.

Pour obtenir un pareil don, il faut que, dans le choix de sa compagne, un homme cherche avant tout l’approbation de Dieu et implore sa direction par de ferventes prières.

- La paresse produit l’assoupissement, et l’âme paresseuse aura faim.

- Celui qui garde le commandement, garde son âme;

- mais celui qui néglige ses voies mourra.

L’expression remarquable d’âme paresseuse et le rapprochement de ces deux versets montrent que déjà, dans le premier, c’est de la paresse spirituelle qu’il est surtout question.

Oui; ce n’est pas seulement quant à la vie matérielle que la paresse produit l’assoupissement. Si nous nous laissons aller au gré de nos penchants et de nos habitudes, au lieu de faire nos efforts pour résister à ce qu’ils ont de mauvais, notre âme tombera peu à peu dans un véritable sommeil qui ne nous permettra plus de nous apercevoir de nos fautes et moins encore de nous en relever par la bénédiction de Dieu.

Alors nous perdrons nécessairement ces consolations et ces espérances de la foi qui ne sont réservées qu’à la fidélité, et notre âme éprouvera une douloureuse disette.

- Si même nous persévérions à NÉGLIGER ainsi les voies de Dieu, ce sommeil spirituel finirait par la mort.

- Mais, au contraire, celui qui garde le commandement, garde son âme.

Si nous sommes fidèles à suivre jusque dans les plus petites choses les inspirations d’une conscience éclairée par le Saint-Esprit, rien ne mettra obstacle à la communion de notre âme avec Dieu; nous conserverons les espérances de la foi et nous remporterons le prix de notre foi, qui est le salut des âmes (1 Pierre, I, 9).


VERSETS 17-23.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Celui qui a pitié du pauvre prête à l’Éternel, qui lui rendra son bienfait.

Quelle parole que celle-là!

On ne pourrait que l’affaiblir en y joignant des réflexions humaines.

Il faut seulement demander à Dieu de la graver dans notre mémoire; car chaque fois qu’elle se présentera vivement à notre esprit, elle devra triompher de notre égoïsme.

Quel est l’homme bienfaisant qui pourrait ne pas rougir d’avoir confié si peu de chose à son débiteur céleste?

C’est dans le même sens que Saint Paul écrivait à Timothée:

- Recommande aux riches de ce monde de n’être point orgueilleux, de ne point mettre leur confiance dans l’instabilité des richesses, mais de la mettre dans le Dieu vivant qui nous donne toutes choses abondamment pour en jouir; de faire du bien, d’être riches en bonnes œuvres, prompts à donner et à faire part de leurs biens, s’amassant pour l’avenir un trésor placé sur un bon fonds, afin qu’ils saisissent la vie éternelle (1 Tim., VI, 17-19).

- Châtie ton enfant pendant qu’il y a de l’espérance, et n’écoute point ses plaintes.

On a vu plusieurs fois des malfaiteurs condamnés à périr pour leurs crimes déclarer au moment de la mort qu’ils avaient été entraînés dans leur désastreuse carrière par la coupable faiblesse de leurs parents.

Si dans leur enfance, à chaque faute qui annonçait une pernicieuse disposition, leur père leur avait imposé un châtiment sévère, ils auraient, sans doute, poussé de grandes plaintes. Mais ensuite, ils ont reconnu que les châtiments infligés pendant qu'il y avait de l’espérance auraient peut-être prévenu leur ruine, de sorte qu’ils auraient été pour eux le plus grand des bienfaits.

Ce qui nous frappe dans le cas d’un malfaiteur n’est pas moins vrai dans les cas plus ordinaires.

Combien de personnes n’ont-elles pas à lutter péniblement pendant toute leur vie contre des défauts dont elles auraient facilement pu se corriger, si leurs parents avaient exercé sous ce rapport une sévère vigilance!

Sans doute, il faut prendre garde de ne jamais punir un enfant par caprice ou dans un mouvement de colère. Mais lorsqu’on le fait dans un esprit d’amour, on remplit un des principaux devoirs imposés de Dieu aux pères et aux mères, devoir sans l’accomplissement duquel ils ne peuvent pas attendre la bénédiction divine sur les soins qu’ils se donnent pour le bonheur de leurs enfants.

La déclaration suivante se rapporte au même sujet, quoiqu’elle concerne les hommes de tout âge:

- Celui qui se laisse transporter à la colère en porte la peine.

- Si tu veux l'en retirer, tu y en ajouteras davantage; ou plus littéralement: Si tu veux l’en délivrer, tu auras à le faire encore.

Cela nous montre qu’il faut laisser souffrir des conséquences de leurs fautes ceux que leur violence, leur obstination ou d’autres torts ont entraîné dans quelque malheur.

Si, par une bonté mal dirigée, nous voulions les soulager trop tôt, le malheur ne produirait pas sur eux ses effets salutaires et nous les verrions promptement retomber dans les mêmes fautes.

Il n’y a donc pas toujours de la dureté à refuser de secourir des misérables.

Mais si c’est par charité que nous les avons laissés souffrir, nous serons d’autant plus empressés à les soulager dès que l’épreuve aura porté ses fruits et que nous pourrons espérer de les voir changer de conduite.

- Il y a plusieurs pensées dans le cœur de l’homme;

- mais le conseil de l’Éternel est permanent.

Ce n’est pas seulement selon les grandes circonstances de notre vie et d’après de nouvelles convictions religieuses que nous changeons d’opinions, de désirs et de projets.

D’un jour à l’autre, d’un moment à l’autre, et souvent sans que rien puisse en apparence expliquer ce changement, nous passons de la tristesse à la joie, de l’espérance au découragement, d’une impression à une impression toute contraire.

Tantôt nous voyons les choses de cette vie sous leur point de vue véritable et sérieux, tantôt nous nous retrouvons dans toutes les illusions des âmes qui n’ont pas reçu l’Évangile.

Mais tandis que nous changeons ainsi de sentiments et de vues, LE CONSEIL DE L’ÉTERNEL EST PERMANENT.

Son plan de miséricorde à notre égard reste le même, et c’est précisément ce qui nous empêche quelquefois de comprendre les voies de Dieu. Nous aurons reconnu dans des moments de réflexions sérieuses que notre position, avec les difficultés et les privations qui s’y rencontrent, était bien la position qui, d’après notre caractère, convenait le mieux à nos progrès spirituels.

Mais il arrive des moments où ces privations et ces difficultés nous trouvent dans une situation d’esprit toute différente.

- Nous sommes préoccupés des choses de cette vie;

- nous avons soif de jouissances et de repos,

- et nous nous révoltons contre tout ce qui revient troubler notre tranquillité et renverser nos espérances.

Ah! souvenons-nous alors que le Dieu qui dirige notre sort est TOUJOURS le même, qu’il est TOUJOURS le Dieu qui veut notre salut, et que toutes ses voies à notre égard rentrent dans le plan de sa miséricorde.

Ceux de la maison d’Israël ont dit: La voie du Seigneur l’Éternel n’est pas bien réglée.

ô maison d’Israël! sont-ce mes voies qui ne sont pas bien réglées?

Ne sont-ce pas plutôt vos voies qui ne sont pas bien réglées? (Ézéch., XVIII, 29.)

- La crainte de l’Éternel conduit à la vie,

- et celui qui l’a, passera la nuit sans être visité d’aucun mal.

Pour que nous puissions être réconciliés avec Dieu, il faut commencer, par reconnaître que nous avons mérité ses jugements, et PAR CONSÉQUENT IL FAUT LE CRAINDRE.


C’est pour cela qu’il est dit ailleurs: LE COMMENCEMENT de la sagesse, c'est la crainte de l’Éternel; et ici: La crainte de l'Éternel conduit à la vie.

Mais il ne suffît pas que la crainte des jugements de Dieu nous ait amenés peut-être à rechercher son pardon par le sacrifice éternel offert pour nous sur la croix.

Si nous avons compris véritablement à quel prix nous avons été rachetés et quelle est l’horreur de Dieu pour le péché, NOUS CRAINDRONS ENCORE PLUS DE LUI DÉPLAIRE que si nous ne connaissions pas l’étendue de son amour et nous travaillerons à notre salut, comme dit Saint Paul, avec crainte et tremblement, quoiqu’il s’agisse, non pas d’une crainte servile, mais d’une crainte filiale.

Ceux qui ont ces sentiments peuvent seuls jouir d’une pleine certitude de foi.

C’est à eux qu’appartiennent toutes les promesses de Dieu, aussi bien pour cette vie que pour celle qui est à venir.

Ils pourront donc, appuyés sur ces promesses, repousser les inquiétudes de tout genre qui viennent troubler notre repos durant les veilles de la nuit. Ils diront avec l’Apôtre:

- Je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les choses élevées, ni les choses basses, ni aucune autre créature, ne pourra nous séparer de l’amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ notre Seigneur!


VERSETS 24 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Le paresseux cache sa main sous l'aisselle; même il ne daigne pas la porter à sa bouche.

Nous avons vu dans un autre verset que LA PARESSE SPIRITUELLE produit l’assoupissement.

Mais cet assoupissement qui nous empêche de veiller sur nous-mêmes et de combattre nos défauts, n’est pas le seul mal que produise la paresse. Elle nous en fait un non moins funeste en rendant à peu près inutiles les secours qui nous sont donnés pour entretenir la vie de nos âmes.

- Un homme placé devant une table abondamment servie pourrait languir, faute d’aliment, si sa paresse l’empêchait de les porter à sa bouche.

- De même, notre âme peut languir au milieu de la plus riche nourriture spirituelle si, par une paresse trop commune, nous ne faisons pas ce qui dépend de nous pour l’approprier à nos besoins.

La Parole de Dieu, lue ou prêchée, ne doit pas être écoutée d’une manière passive.

Il faut que notre esprit et notre conscience y joignent les développements qui nous concernent.

Un prédicateur ne peut parler que d’une manière générale.

C’est à chacun de ses auditeurs à appliquer ses paroles aux circonstances particulières de son caractère et de sa position.

Si notre mémoire nous le permet, nous le faisons peut-être encore plus utilement lorsque, après une prédication, nous réfléchissons à loisir aux choses que nous avons entendues. Mais pour y pouvoir repenser d’une manière salutaire, il faut que déjà, en les écoutant, notre conscience ait su DISCERNER CE QUI NOUS ÉTAIT APPLICABLE.

En général, ce ne sont pas toujours les personnes les plus entourées de secours qui font le plus de progrès, mais plutôt celles qui sont empressées à profiter des secours qu’elles reçoivent.

De telles personnes savent tirer parti pour elles-mêmes des reproches qu'on adresse à d’autres et des exemples qu’elles ont sous les yeux, selon ce qu’ajoute Salomon: Si tu bats le moqueur, le simple en deviendra avisé, et si tu reprends un homme prudent, il entendra ce qu’il faut savoir.

Le plus léger avertissement est compris de ceux qui ont la vraie sagesse spirituelle; et la manière dont nous recevons les reproches, est un des traits par lesquels nous pouvons le mieux juger de notre désir d’avancer dans la sanctification.

Mais pour avancer dans cette voie, il ne suffit pas de chercher à profiter soit des instructions, soit des reproches que nous pouvons recevoir. Il faut encore prendre soin d’éviter tout ce qui mettrait obstacle aux bons effets de ces instructions et de ces reproches.

Ainsi nous lisons dans un autre verset: Garde-toi, mon fils, d'écouter ce qui pourrait te détourner des paroles de la sagesse.

C’est là un avertissement auquel les chrétiens devraient être très attentifs; car il peut s’appliquer à un grand nombre d’objets sur lesquels on se fait facilement des illusions.

Nous ne nous étudions pas assez à ce que nos sentiments et nos pensées restent toujours d’accord avec nos principes.

Ainsi, par exemple, il y aurait du danger à lire des ouvrages écrits dans un autre esprit que celui de l’Évangile, si nous ne savions pas nous apercevoir de leur tendance et nous tenir en garde contre elle.

Il faut veiller aussi à ce que des lectures de ce genre n’aient trop d’attraits pour nous et nous fassent plus ou moins négliger les lectures vraiment chrétiennes.

Lorsqu’il en est ainsi, nos principes se relâchent et notre vie spirituelle ne peut que languir.

Sans faire peut-être de chutes éclatantes, nous nous trouverons avoir descendu bien des degrés quant à la piété et à la foi; en sorte que dans les moments où nous aurions un besoin particulier de la communion avec Dieu, elle nous sera devenue étrangère et difficile.

Ce qui, sous ce rapport, est d’un danger encore plus fréquent, c’est l’habitude des CONVERSATIONS LÉGÈRES ET MONDAINES.

Elles affaiblissent notre âme, et le sel qui est en nous perd peu à peu toute sa saveur.

Hélas! il semblerait que ce mal ne dût être à craindre que dans la société des hommes étrangers au vrai christianisme. Cependant bien des chrétiens, qui dans certains moments sont animés d’amour pour Dieu et de zèle pour sa gloire, peuvent trop souvent, lorsqu’ils sont réunis entre eux, avoir des conversations qui diffèrent peu de celles des hommes du monde.

Il est très vrai que l’esprit a besoin de délassement, et qu’on ne peut pas s’occuper toujours de choses sérieuses. Mais il faudrait, du moins, que la malice et la médisance fussent bannies de nos entretiens, et que, dans la manière dont nous parlons des choses ordinaires de la vie, il n’y eût rien qui fût en désaccord avec la profession que nous faisons d’être bourgeois des cieux.

- Le témoin qui est méchant se moque de la justice,

- et la bouche des méchants engloutit l’iniquité.

Cette dernière expression signifie probablement que les méchants prennent autant de plaisir dans les iniquités qu’ils commettent que les gourmands et les ivrognes en prennent dans la satisfaction de leurs goûts sensuels.

Mais si Dieu permet que de faux témoins puissent se moquer de la justice humaine, et que les méchants ou les impies, quels qu’ils soient, tournent en dérision les menaces de sa Parole, ce triomphe et ces insultes ne dureront pas toujours.

- Les jugements sont préparés pour les moqueurs, est-il ajouté,-

- et les grands coups pour le dos des insensés.

On a vu quelquefois les hommes qui avaient le plus outragé Dieu par l’audace de leurs blasphèmes, être saisis d’une inexprimable terreur en voyant approcher le moment de paraître en sa présence.

Lors même que les moqueurs persisteraient jusqu’à la fin dans leur endurcissement, les scènes de l’éternité, dans lesquelles la mort nous transporte, viendront tout à coup le changer en désespoir.

Pour sentir combien cette pensée doit nous paraître sérieuse, rappelons-nous que les moqueurs, dans le langage de l’Écriture, ce ne sont pas seulement les hommes que le monde appelle impies, mais CEUX QUI PARLENT AVEC LÉGÈRETÉ DES CHOSES SAINTES OU DES VÉRITÉS DE LA FOI.

De même, l’Écriture met au nombre des INSENSÉS les hommes qui, tout en faisant profession de croire à la parole de Dieu, vivent selon le train de ce monde et la vanité de leurs pensées.



 

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