Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XVIII.

VERSETS 1-9.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- L’homme singulier cherche ce qu’il désire et se mêle de toutes sortes d’affaires.

- Le fou ne prend point de plaisir à la prudence, mais il manifeste ce qu’il a dans le cœur.

Ces deux versets sont d’une telle concision dans l’original hébreu qu’ils sont susceptibles de significations très diverses, lesquelles ont été adoptées par les divers traducteurs.

La version la plus littérale serait peut-être: à ses désirs, regarde l’homme séparé; il se mêlera de toute sagesse. Le fou ne prend point plaisir à la prudence, excepté pour qu’on voie ce qu’il a dans le cœur.

Cela signifierait que l’homme qui cherche la sagesse doit se séparer de tout ce qui le détourne de son objet, doit éviter les sociétés, les joies et les distractions qui pourraient devenir pour lui des obstacles, et doit concentrer tous ses désirs à la poursuite de la seule chose nécessaire.

L’homme d’un caractère opposé ne désire pas véritablement acquérir la prudence spirituelle; il désire seulement paraître la posséder, et il profitera de toutes les occasions pour déployer sa science religieuse.

- Les paroles de la bouche d’un homme sage sont comme des eaux profondes,

- et la source de la sagesse est comme un torrent qui bouillonne.

Le mot sage, dans ce verset, est écrit en lettres italiques, ce qui montre qu’il a été ajouté au texte original.

II vaudrait mieux laisser à cette sentence sa généralité et dire que les paroles d’un homme, quel qu’il soit, sont commodes eaux profondes; car si les effets de nos paroles sont plus importants et plus prolongés que nous ne sommes disposés à le croire, ce n’est pas seulement lorsque ces effets sont heureux, c’est encore plus souvent peut-être lorsqu’ils sont funestes.

La seconde partie du verset est un peu plus difficile à expliquer. Cependant, Dieu est la source de toute sagesse. Quoique l’esprit soit dans les hommes, dit le livre de Job, c’est l’inspiration du Tout-Puissant qui les rend intelligents.

On comprend donc comment, dans ce sens, ce soit une source toujours jaillissante et toujours inépuisable. Malheureusement, nous ne savons pas y puiser selon nos besoins.

Nous ne savons pas solliciter les secours du Saint-Esprit avec ardeur, avec foi, avec persévérance; nous ne prenons pas assez garde à ne jamais le contrister ou l'éteindre par nos résistances et nos infidélités.

C’est pour cela que nous ne faisons pas plus de progrès spirituels, malgré la richesse et l’efficace de la source de sagesse que Dieu daigne mettre à la disposition de ses rachetés.

- Il n’est pas bon d’avoir égard à l’apparence de la personne du méchant pour faire tort au juste dans le jugement.

Tout le monde convient de l’injustice qu’il y aurait de la part d’un juge à se laisser influencer dans son arrêt par la position extérieure ou par le caractère plus ou moins aimable des hommes qui plaident devant lui.

Mais, dans la société, on se rend souvent coupable d’une injustice de ce genre.

S’il arrive, par exemple, que deux personnes de positions sociales différentes aient entre elles quelque contestation, on verra presque toujours les personnes qui en sont informées prendre parti chacune pour celle qui est de son rang contre celle qui est d’une classe différente. Ce sont là des jugements fondés sur toute autre chose que l’équité et la droiture.

Une autre injustice trop commune, même parmi les chrétiens, c’est de juger les hommes d’après leurs qualités naturelles plutôt que d’après celles qui sont le fruit de leur foi.

Il y a des personnes qui ont reçu en naissant, ou chez lesquelles des circonstances favorables ont développé de précieuses dispositions de douceur, de sérénité, de bienveillance.

Il en est d’autres, au contraire, chez qui le péché, dont le germe est dans tous les cœurs, se manifeste de très bonne heure par des dispositions particulièrement mauvaises. Lors même que celles-ci feraient beaucoup d’efforts pour combattre leurs défauts, elles paraîtront toujours moins aimables que les premières, et ne doivent pas être jugées selon la même mesure.

D’ailleurs, les qualités naturelles ne sont jamais les mêmes que les dispositions chrétiennes auxquelles elles ressemblent.

- Ainsi, la naïveté n’est pas la véracité,

- la modestie n’est pas l’humilité,

- la douceur de tempérament n’est pas la résignation ou la patience;

- la bonté elle-même, quoiqu’elle soit un des caractères de la charité (1 Cor., XIII, 4), peut exister indépendamment de ce sentiment fondé sur la foi, par lequel, aimant les hommes à cause de Jésus-Christ qui nous en a donné l’exemple et le précepte, nous nous intéressons plus encore au sort de leur éternité qu’à celui de leur existence actuelle.

Il ne faut donc pas confondre, dans notre manière de les apprécier, des dispositions dont le principe est si différent, quoique leurs effets puissent quelquefois être les mêmes.

- Les lèvres de l’insensé entrent en querelle, et sa bouche excite les combats.

- La bouche de l’insensé est une ruine pour lui, et ses lèvres sont un piège à son âme.

- Les paroles d’un médisant sont comme des paroles douces;

- mais elles pénètrent jusqu’au-dedans des entrailles.

Ces versets rappellent plusieurs autres sentences dont nous avons déjà fait remarquer la profondeur et l’utilité. Mais ici l’on trouve de plus une réflexion importante au sujet de la médisance. Les paroles d’un médisant sont comme des paroles douces, dit Salomon.

En effet, il semble que l’on fait peu de mal en disant de son prochain des choses vraies. Bien des personnes qui se feraient scrupule du moindre mensonge ne s’en font aucun de raconter ce qu’elles savent sur le compte d’autrui, lors même que ce sont des choses à son désavantage. Et cependant ces paroles douces pénètrent jusqu’au-dedans des entrailles.

La médisance, comme nous l’avons déjà fait remarquer, produit des effets encore plus funestes que la calomnie elle-même, parce que des faits véritables ne pouvant pas être désavoués, le mal reste sans remède.

- Celui qui se relâche dans son ouvrage est frère de celui qui dissipe ce qu’il a.

Un homme qui vit de son travail peut tomber dans l’indigence de deux manières.

Il se ruinera aussi certainement, soit qu’il augmente ses dépenses sans que ses gains aient augmenté en proportion, soit que, ses dépenses restant les mêmes, il diminue son travail et, par conséquent, ses ressources.

C’est ainsi que celui qui se relâche dans son ouvrage est frère de celui qui dissipe ce qu’il a. Mais ce qui est vrai dans les choses temporelles l’est encore plus dans les choses spirituelles.

Nous sommes tous exposés, sous ce rapport, à de continuelles déperditions.

- Dès que la grâce de Dieu a mis dans notre cœur une étincelle de foi vivante, tout ce qui est en nous et hors de nous tend à l’affaiblir et à nous détourner de l’obéissance.

Les maximes que nous entendons, les exemples que nous avons sous les yeux et surtout les tentations de notre propre cœur, ainsi que les ruses de l’adversaire, tout se réunit pour affaiblir nos bonnes impressions et pour nous faire constamment retomber dans le relâchement et la tiédeur.

Si donc nous voulons que la vie spirituelle se maintienne dans notre âme, il faut que, d’un autre côté, nous cherchions à l’augmenter sans cesse par tous les moyens dont nous pouvons disposer.

Les principaux de ces moyens sont la LECTURE et la MÉDITATION DE LA PAROLE DE DIEU appliquée à notre caractère et à nos circonstances; ce sont de fréquentes et ARDENTES PRIÈRES, et enfin DES ENTRETIENS ÉDIFIANTS avec les chrétiens plus avancés que nous ne le sommes.

Puissions-nous ne pas nous relâcher dans un travail qui doit être celui de notre vie entière, afin qu’au lieu de dissiper ce que nous avons, nous augmentions tous les jours le trésor de nos richesses véritables, de ces richesses incompréhensibles de Christ dont la foi nous rend possesseurs!


VERSETS 10-15.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Le nom de l’Éternel est une forte tour,

- le juste y courra et il y sera dans une haute retraite.

On doit entendre par cette expression: le nom de l’Éternel, l’idée que nous pouvons nous former des perfections divines.

Celui qui a un sentiment profond de la toute-puissance, de la sagesse et de la bonté de Dieu comprendra qu’il peut se confier ENTIÈREMENT à sa protection; et il trouvera dans cette confiance un refuge aussi sûr contre toutes ses inquiétudes que l’est, pour un homme poursuivi par ses ennemis, la forteresse dans laquelle il s’abrite.

Mais qui peut connaître assez les perfections de Dieu pour posséder cette précieuse confiance?

C’est le juste, c'est-à-dire L’HOMME DROIT, qui, sentant sa misère, accepte LE SALUT COMME UN DON GRATUIT DE DIEU et désire de tout son cœur lui être fidèle.

Cette rédemption, dans laquelle il a trouvé un refuge contre les terreurs de sa conscience, lui manifeste de la manière la plus sensible la sainteté, la sagesse et la miséricorde de son Dieu.

Il s’abandonne donc aussi, pour tout ce qui se rapporte à son existence terrestre, à Celui qui sait ce qui nous convient et dont rien n’arrête la puissance.

Cependant, tout en faisant profession de nous confier à la miséricorde de Dieu pour la vie présente aussi bien que pour celle qui est à venir, il nous arrive souvent, à notre insu, de nous appuyer moins sur Dieu lui-même que sur les biens que nous tenons de lui.

Ce sera, suivant les circonstances, sur notre rang, sur notre famille, sur nos amis et surtout sur nos richesses.

Les biens du riche, ajoute Salomon, sont sa ville forte et comme une haute muraille dans son imagination. Parce que ces biens nous préservent de beaucoup de souffrances, il semble presque qu’ils doivent nous préserver des diverses peines de la vie et qu’un homme riche doit naturellement être un homme heureux.

Cependant ce n’est que DANS SON IMAGINATION que les biens du riche lui sont une ville forte et une haute muraille. Outre qu’ils peuvent nous échapper de mille manières, ils ne nous empêchent point de pouvoir être atteints par toutes sortes d’afflictions et ils nous rendent plus difficile ce détachement des choses du monde, sans lequel il ne peut y avoir ni foi vivante ni vraie piété.

La sentence que nous examinons explique un autre verset des Proverbes, dans lequel Salomon se contentait d’énoncer la confiance que les hommes mettent en leurs richesses, sans exprimer en même temps que cette confiance n’est qu’une illusion.

Les biens du riche sont comme sa ville forte, disait-il; mais la pauvreté des misérables est leur ruine (X, 15).

Souvent, dans les Proverbes, le but du Saint-Esprit est moins de nous donner des préceptes que de METTRE DEVANT NOS YEUX LA CORRUPTION DE LA NATURE HUMAINE.

Il nous en présente les divers détails sous des traits propres à frapper notre esprit, laissant à la conscience de ceux qui s’y reconnaissent le soin de leur adresser les reproches et les exhortations que comporte le sujet.

La folie de l’orgueil humain est encore exprimée dans la sentence qui suit:

- Le cœur de l’homme s’élève avant que la ruine arrive;

- mais l’humilité précède la gloire.

Oui; si nous nous glorifions de nos forces, de nos talents, de notre rang, de nos richesses, ce sera seulement jusqu’à ce que la perte de quelqu’un de ces biens soit venue nous montrer qu’ils n’étaient pas sous notre dépendance et qu’ils n’auraient dû exciter que notre gratitude.

Comme les voies de Dieu ne sont pas nos voies, il peut arriver aussi qu’un homme humble devant Dieu, et plein de reconnaissance pour ses bienfaits , se voie privé d’une grande partie des avantages qu’il tenait de lui.

Mais le plus précieux de ces avantages, cette gloire éternelle destinée aux vrais croyants, il est assuré de ne JAMAIS LE PERDRE. Puisqu’il se défie de lui-même, et qu’il n’attend son salut et sa sanctification que de la grâce de son Dieu, celte grâce toute-puissante le relèvera de ses chutes et le fera triompher de ses ennemis spirituels jusqu’à ce qu’il soit introduit dans les demeures de la paix.

Un des effets de cette humilité que la Parole de Dieu nous prescrit de tant manières, serait de nous disposer à écouter ceux qui nous parlent, puisque nous les regarderions comme plus excellents que nous-mêmes.

- Celui qui répond à un discours avant de l'avoir entendu, continue le roi-prophète, fait une folie et tombe dans la confusion.

Et cependant combien ne fait-on pas souvent cette folie!

Combien sait-on peu être prompt à écouler!

On s’épargnerait bien des disputes et on abrégerait bien des discussions si chacun se donnait la peine d’écouter attentivement et de peser avec impartialité les raisons de son adversaire au lieu de ne s’occuper qu’à faire valoir les siennes.

Cette habitude de mal écouter, qui se contracte dans la conversation, nous empêche aussi d’apporter une attention suffisante, soit à nos lectures, soit à la prédication de la Parole de Dieu. Prenez garde à ce que vous entendez, nous dit Jésus-Christ. C’est pourquoi, écrit Saint Paul aux Hébreux, il nous faut faire une plus grande attention aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne les laissions écouter (emportés loin d'elles).

Si nous nous accoutumons à bien écouter des choses même indifférentes, notre attention sera exercée à se porter efficacement sur celles qui méritent de la fixer.

- L’esprit de l’homme le soutiendra dans son infirmité;

- mais si l’esprit est abattu, qui le relèvera?

Cette sentence est un des passages où déjà dans l’Ancien-Testament la Parole de Dieu nous fait comprendre LE BESOIN que nous avons des secours du Saint-Esprit pour être éclairés, fortifiés et consolés.

On parle souvent des forces naturelles de l’homme et des éminentes facultés qu’il a reçues de son Créateur. Ces facultés sont suffisantes, en effet, pour le faire pénétrer dans les secrets de la nature et pour lui permettre de pourvoir à tous les besoins de la vie présente.

- Mais depuis le désordre produit par le péché, nous ne savons plus comprendre par nous-mêmes quelle est l'étendue de nos obligations envers Dieu; et si nous les comprenions, nous n’aurions pas la force de les remplir.

Il faut donc que le Saint-Esprit nous fasse connaître le besoin que nous avons du pardon de Dieu, et aussi qu’il nous sanctifie pour son service.

Même après qu’il a produit en nous comme une nouvelle naissance, nous sommes si faibles, non seulement contre les grandes épreuves, mais contre les tentations et les contrariétés de chaque moment, que le secours du Saint-Esprit nous est continuellement nécessaire pour nous relever et pour nous diriger.

Plus nous sentirons notre faiblesse, et plus nous rechercherons et pourrons obtenir la force qui vient de Dieu. C’est ce qu’exprime Saint Paul en disant:

- Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.

- Je puis tout, dit-il ailleurs, en Christ qui me fortifie.


VERSETS 16 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Le présent d’un homme lui fait faire place et le conduit devant les grands.

Dans les autres passages sur ce sujet, le Saint-Esprit condamnait les hommes qui font usage de présents pour corrompre leurs juges ou pour s’attirer quelque faveur.

Ici, il condamne plutôt ceux qui se laissent séduire par de semblables moyens, et il nous fait remarquer, en général, combien les motifs intéressés ont de prise sur la plupart des hommes.

Malheureusement on ne peut pas en excepter tous ceux qui professent un vrai christianisme. L’apôtre Saint Jacques ne pourrait-il jamais adresser, sous d’autres formes, aux chrétiens de dos jours le reproche contenu dans ces paroles:

- S’il entre dans vos assemblées un homme qui ait un anneau d’or et un habit magnifique, et qu’il y entre aussi un pauvre avec un méchant habit, et qu’ayant égard à celui qui porte l’habit magnifique, vous lui disiez:

Toi, assieds-toi ici honorablement; et que vous disiez au pauvre:

Toi, tiens-toi là debout ou assieds-toi ici sur mon marche-pied,

ne faites-vous pas de la différence entre l’un et l'autre, et n’avez-vous pas de mauvaises pensées dans les jugements que vous faites (Jacq., II, 2)?

La sentence qui suit peut aussi se rapporter, quoique d'une manière indirecte, à l’amour de l’argent; car c’est l’opposition des intérêts qui produit la plupart des procès.

- Celui qui plaide le premier paraît juste;

- mais sa partie vient et l’examine.

II arrive souvent, en effet, qu’après avoir d’abord trouvé solides les arguments qui appuient un des côtés d’une question, nous sommes ensuite convaincus par les arguments présentés du côté contraire.

- Sans parler ici du devoir des juges, cette réflexion nous montre combien il faut prendre garde à ne pas se former légèrement des opinions positives sur des sujets de quelque importance.

- Elle nous montre aussi combien nous devons mettre de réserve dans les jugements que nous portons sur notre prochain.

Mais la déclaration que nous venons de lire en rappelle une de notre Sauveur qui ne peut jamais être trop présente à notre esprit.

- Accorde-toi au plus tôt, dit-il, avec ta partie adverse, pendant que tu es en chemin avec elle, de peur que ta partie adverse ne te livre au juge, et que le juge ne te livre au sergent, et que tu ne sois mis en prison. Je te dis en vérité que tu ne sortiras pas de là que tu n’aies payé jusqu’à la dernière obole.

On suppose généralement que celle déclaration s’applique au procès que Dieu a contre les hommes ou, en d’autres termes, à la dette que nos péchés font peser sur chacun de nous.

Cette dette, il est évident que nous ne pouvons pas la payer, et que chaque jour nous l’aggravons davantage.

Si quelqu’un se faisait des illusions à cet égard et croyait sa cause juste devant Dieu, il arriverait un moment où sa conscience éclairée lui montrerait Dieu comme sa partie adverse qui examine cette cause et livre le débiteur insolvable à la justice de son juge.

Hâtons-nous donc, si nous ne l’avons pas encore fait, de nous réconcilier avec notre partie adverse.

C’est elle, c’est Dieu lui-même qui nous en supplie après avoir annulé l’obligation qui était contre nous en rattachant à la croix de Jésus-Christ.

Nous faisons, dit Saint Paul, la fonction d’ambassadeurs pour Christ, et nous vous supplions, au nom de Christ, que vous soyez réconciliés avec Dieu. Car celui qui n’avait pas connu le péché, il l’a traité à cause de nous comme un pécheur, afin que nous devinssions justes devant Dieu par lui.

- Le sort termine les procès et fait le partage entre les puissants.

Il ne semble pas que ce soit par le sort que se décident les procès.

Lorsqu’ils ne sont pas jugés d’après la justice, ils le sont d’après l’intérêt ou la prévention. Mais lorsqu’il s’agit des procès les plus considérables par leurs effets, c’est-à-dire de ces disputes entre souverains qui produisent de sanglantes guerres, c’est bien le sort qui finit par les décider et qui par là même fait le partage des empires.

Dans les délibérations des hommes d’État, comme dans les divers incidents d’une bataille, l’évènement dépend de mille circonstances imprévues qui sont, à la vérité, voulues et dirigées de Dieu, mais qui, quant aux hommes, ne sont que l’effet du hasard. Il faudrait que cette pensée fût plus présente à l’esprit des puissants, afin qu’ils ne s’enorgueillissent pas du succès de leur politique ou de leurs armes, comme si le succès avait toujours dépendu d’eux.

- Le ventre de chacun sera rassasié du fruit de sa bouche;

- il sera rassasié du revenu de ses lèvres:

- La mort et la vie sont au pouvoir de la langue,-

- et celui qui aime à parler mangera de ses fruits.

Il serait difficile d’exprimer avec plus de force les effets amers produits par des paroles imprudentes ou coupables, effets qui se font sentir à notre âme comme ceux d’un poison goûté par nos lèvres se feraient sentir à notre corps.

Qui est-ce qui n’en a pas fait la douloureuse expérience?

Qui est-ce qui n’a pas souffert dans sa conscience ou dans son cœur pour s’être laissé aller à des expressions de colère, à des propos amers, à de malignes railleries, à des déclarations mensongères, en un mot à toute parole où il y a du péché?

En disant que la mort et la vie sont au pouvoir de la langue, Salomon exprime plus encore.

Peut-être veut-il dire que nos paroles font connaître si nous sommes passés de la mort à la vie, ou si nous sommes encore dans la mort. Par vos paroles, vous serez justifiés, et par vos paroles vous serez condamnés, a dit Jésus-Christ.

Peut-être aussi Salomon veut-il exprimer que par nos paroles, nous sommes des instruments de vie ou de mort spirituelle pour les personnes qui les entendent.

De quelque manière que nous comprenions cette sentence, elle est pour les chrétiens un appel des plus puissants à l’humiliation, à la vigilance et à la prière.

- Le pauvre prononce des supplications;

- mais le riche ne répond que par des paroles dures.

Il est évident qu’ici Salomon nous parle, non pas de la manière dont les hommes devraient se conduire, mais de celle dont ils se conduisent en réalité.

Sans doute, le pauvre devrait exposer ses besoins avec simplicité, au lieu de prononcer des supplications où il entre souvent de l’exagération ainsi que de la flatterie.

Le riche, de son côté, ne devrait pas avoir besoin d’être supplié longtemps pour soulager les souffrances du pauvre; et surtout ces souffrances devraient lui inspirer trop de compassion pour qu’il pût répondre par des paroles dures.

C’est là un tort cependant dont nous nous rendons très souvent coupables.

Il nous est plus facile de faire l’aumône que de sympathiser véritablement aux maux de notre prochain; et c’est un des traits remarquables du caractère parfait de notre Sauveur que d’avoir été ému de compassion à la vue des malades et des affligés qui l’entouraient.

Il y a des peines auxquelles nous ne sympathisons pas, parce que nous ne les avons jamais éprouvées; et quelquefois la distance qui sépare notre position de celle des pauvres qui s’adressent à nous, nous empêche de comprendre une partie de leurs souffrances.

Mais cela n’est pas une excuse pour notre dureté; car, si nous nous donnions la peine de réfléchir aux diverses privations qu’entraîne la pauvreté et de questionner avec douceur les personnes qui y sont exposées, nous finirions par avoir une idée plus juste de leur position et nous les soulagerions d’une manière plus efficace.

On peut même dire que la compassion dont elles nous auraient pénétrés serait déjà un des plus précieux soulagements à leurs peines. C’est ce qu’on remarque quelquefois chez les hommes qui emploient une grande partie de leur temps à visiter les pauvres.

Bien loin de s’endurcir à l’égard des maux qu’ils ont sans cesse devant les yeux, ils les comprennent et y compatissent beaucoup mieux que les personnes qui s’en occupent rarement. Il semble qu’en imitant les oeuvres de leur maître, ils reçoivent une toujours plus grande mesure de l’Esprit dont il était animé, et c’est là déjà une douce récompense de leur obéissance à ses préceptes.

- Que l'homme qui a des amis se tienne à leur amitié;

- car il y a tel ami qui est plus attaché qu’un frère.

Nous avons signalé, dans d’autres passages des Proverbes, quelques-unes des dispositions sans lesquelles il nous était impossible de conserver l’affection de nos amis. Mais cette affection, si précieuse qu’elle peut même surpasser celle d’un frère, n’est véritablement solide que lorsqu’elle est sanctifiée par la foi.

Le lien qui résulte de la conformité des sentiments religieux est plus intime et plus inaltérable que ceux de la nature.

Si nous sommes fidèles à remplir les devoirs de la charité fraternelle, Dieu nous fera trouver parmi nos frères en la foi des amis dont le cœur sympathisera avec le nôtre, des amis qui, non seulement adouciront nos peines dans cette vie, mais qui, en contribuant à nos progrès spirituels, ne seront pas inutiles à notre bonheur dans l’éternité.


 

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