Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XVII.

VERSETS 1-6.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Un morceau de pain sec où il y a la paix vaut mieux qu’une maison pleine de viandes apprêtées où il y a des querelles.

Cette déclaration a beaucoup de ressemblance avec celle du chapitre XVe:

- Mieux vaut un repas d’herbes où il y a de l’amitié que celui d'un boeuf engraissé où il y a de la haine.

Cependant, les idées qu’elles nous présentent ne sont pas exactement les mêmes. Des amis, et encore plus souvent les membres d’une même famille, peuvent avoir un grand fonds d'attachement les uns pour les autres, et cependant ne pas savoir éviter entre eux les occasions de petites querelles.

Ces querelles commenceront peut-être par un léger dissentiment sur quelque objet de peu d’importance. Ce sera un fait ou une opinion qui, soutenu par les uns, sera attaqué par les autres. Mais il arrive peu à peu qu’on s’anime par la discussion et qu’oubliant le peu d’importance de la chose en elle-même, chacun en met à faire convenir les autres que la raison était de son côté, de sorte qu’on finit par s’aigrir dans la dispute.

Ah! que d'heures passées en famille qui, au lieu d’être embellies par une aimable cordialité.ont été ainsi remplies d'amertume!

Sans doute, il y a une grande douceur à compter assez sur l’affection de ceux qui nous entourent, pour pouvoir nous livrer sans gêne à l’expression de nos sentiments; mais il faut toujours prendre garde à ce que ces sentiments ne puissent faire sur personne une impression blessante.

Lorsque, dans un cercle de famille ou d’amis, il se trouve quelqu’un qui a le malheur d’être particulièrement susceptible d’éprouver de pareilles impressions, les autres doivent, par charité autant que par prudence, ménager une faiblesse que chacun fera bien de combattre en soi.

Le maintien de la concorde est un bonheur qui vaut bien les petits sacrifices qu’il peut coûter, selon cette parole: Quiconque aime la vie et souhaite de voir des jours heureux, qu’il garde sa langue de dire du mal, qu’il cherche la paix et qu’il la poursuive (Ps. XXXIV. 1 Pierre, III, 10, 11).

- Le fourneau est pour éprouver l’argent et le creuset est pour l’or;

- mais l’Éternel éprouve les cœurs.

L’ouvrier qui veut connaître si l’or et l’argent qu’il emploie ne sont altérés par aucun alliage, est obligé de les fondre dans le creuset ou dans le fourneau. Mais Dieu n’a pas besoin, pour connaître le cœur de l’homme, de le mettre dans la fournaise de l’affliction.

Il sait d’avance quels sont les sentiments que l’épreuve lui fournira l'occasion de manifester.

Cependant il est dit que l'Éternel éprouva Abraham lorsqu’il lui donna l’ordre incompréhensible de lui sacrifier son fils Isaac (Gen., XXII, 1. Héb., XI, 17).

De même, après que le patriarche eut montré son obéissance, l'ange de l’Éternel lui dit: Maintenant j’ai connu que tu crains Dieu, puisque tu n’as point épargné ton Fils, ton unique, pour moi.

Il semblerait donc qu’il avait fallu qu’Abraham fût mis à l’épreuve pour que Dieu connût jusqu’où pourraient aller son obéissance et sa foi.

- Mais c’est pour s’accommoder à notre langage que la Parole de Dieu s’exprime ainsi.

Lorsque Dieu met un fidèle à l’épreuve, soit en lui imposant un devoir douloureux, soit en lui envoyant une affliction qui pourrait écraser son âme, il le fait pour lui donner occasion de manifester sa fidélité et sa confiance.

Non seulement il en résulte un exemple qui glorifie Dieu et sert à l’édification de l’Église, mais le fidèle éprouvé sent lui-même sa foi fortifiée par l’expérience qu’il fait du secours de Dieu.

C’est ainsi que se réalisent ces belles paroles de Saint Paul: Nous nous glorifions même dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la patience et la patience l’épreuve (ou l’expérience du secours de Dieu), et l’épreuve l’espérance. Or, l’espérance ne confond point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné.

- Celui qui se moque du pauvre déshonore

- Celui qui l’a fait, et celui qui se réjouit du mal ne demeurera point impuni.

On ne se fait pas, en général, une assez haute idée de la dignité de l’homme.

On se félicite souvent d’être de tel pays plutôt que de tel autre, d’être de telle classe de la société plutôt que de telle autre, d’être parvenu à un degré de lumières et de connaissances que d’autres n’ont pas atteint; et ainsi du reste.

Mais en ne pensant qu’aux avantages que nous avons par-dessus les autres, nous perdons de vue ce qui nous est commun avec tous les hommes, la qualité même d’homme, créature de Dieu et objet de ses faveurs.

Il en résulte que nous nous glorifions de nos privilèges, quoique nous n'ayons rien que nous ne l'ayons reçu, et que nous sommes tentés de mépriser ceux qui ne les possèdent pas.

Cependant, celui qui se moque du pauvre déshonore Celui qui l’a fait.

Le pauvre comme le riche a été fait à l’image de Dieu. Sans doute, chez le pauvre comme chez le riche, cette image a été effacée par le péché; mais aussi, pour l’un comme pour l’autre, Dieu a pourvu à une rédemption et a fourni les moyens de revêtir le nouvel homme créé à l’image de Dieu dans une justice et une sainteté véritables (Ephés., IV, 24).

- Quelle n’est donc pas la dignité, de l’âme humaine, de cette âme destinée à vivre éternellement et pour le salut de laquelle Dieu a livré son propre Fils!

Nous devons voir tous nos semblables comme des enfants de Dieu ou comme pouvant le devenir; et alors nous nous affligerons de leurs infirmités spirituelles, bien loin de nous en moquer. En effet, celui qui se réjouit du mal ne demeurera point impuni.

Il y a des occasions où l’on croit quelquefois pouvoir innocemment se réjouir du mal. C’est lorsque, dans des temps de crises religieuses ou politiques, on suppose que plus les conséquences des mauvais principes se montreront fâcheuses, plus les esprits seront disposés à revenir à la vérité et à la justice.

Cependant les péchés qui se commettent restent TOUJOURS des péchés qui doivent attirer sur leurs auteurs les châtiments de Dieu.

Une âme chrétienne ne pourra donc que les déplorer en demandant à Dieu de faire tourner en bien ce que les hommes ont pensé en mal. La charité, dit Saint Paul, ne se réjouit point de l’injustice; mais elle se réjouit de ta vérité.

Puisque les grâces dont l’homme a été l’objet lui donnent; une si haute dignité, nous comprenons comment Salomon a pu dire que les enfants des enfants sont la couronne des vieillards.

Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut que les vieillards donnent à la génération qui les suit les leçons et l’exemple d’une piété éclairée et pratique.

Il faut qu’ils puissent dire en comparaissant devant Dieu: Me voici, ô Dieu, avec les enfants que tu m’as donnés!

Lorsque les pères remplissent cette noble mission, ils sont à leur tour la gloire de leurs enfants.

Déjà dans ce monde, il n’y a point de plus précieux héritage que celui des vertus d’un père et de l'affectueuse estime dont il avait été l’objet. Mais ce qui est encore d’un plus grand prix, c’est que les promesses de Dieu nous autorisent à croire que les soins et les prières des parents pieux pour leurs enfants ne seront jamais inutiles; et que, si ce n’est pas sur cette terre, ce sera dans l’éternité qu’ils en verront les heureux effets.

Puissions-nous y chercher par notre fidélité envers Dieu à être une couronne et une gloire pour ceux qui nous entourent, gloire et couronne que nous déposerons humblement aux pieds du trône de l’Agneau!


VERSETS 8-18.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Le présent est comme une pierre précieuse aux yeux de ceux qui y sont adonnés.

- De quelque côté qu’il se tourne, il réussit.

Une pierre précieuse, taillée de manière à lui donner tout son effet, réfléchit les rayons du soleil par toutes ses faces et brille du même éclat de quelque côté qu’on la présente à la lumière.

Ainsi l’homme qui fait usage de présents pour parvenir à ses desseins, réussit également tantôt à apaiser un ennemi, tantôt à se faire des amis, tantôt même à gagner une cause injuste.

En parlant ainsi, Salomon ne condamne pas seulement l’homme qui emploie ses richesses à corrompre ses semblables; mais il nous fait aussi sentir d’une manière vive et saisissante combien il faut que l’égoïsme et l’amour des richesses soient profondément enracinés dans le cœur des hommes en général, pour que des présents puissent si facilement les séduire.

Il dit encore au verset 23: Le méchant accepte le présent pour renverser les voies de la justice.

On peut cependant quelquefois, sans être coupable, se servir d’un présent ou de quelque autre moyen de plaire pour apaiser un offensé dont on redoute le courroux.

C’est ainsi que Dieu bénit les efforts de Jacob pour se réconcilier avec Esaü lorsque, à son retour de la Mésopotamie, craignant de paraître devant lui, il se fit précéder par une partie de son troupeau qu’il envoyait en présent à son frère (Gen., XXXII, XXXIII).

Ainsi encore, l’Écriture semble louer la prudence d’Abigaïl, qui courut au-devant de David et l’apaisa par des présents au moment où il allait venger sur la maison de Nabal le refus de celui-ci de donner des rafraîchissements à ses soldats (1 Sam., XXV).

La conduite d’Abigaïl fut bonne, parce qu’elle avait pour résultat d’épargner un crime à David; tandis que dans la plupart des cas où l’on emploie des présents pour obtenir quelque faveur, le résultat en est une trahison, une injustice ou une bassesse.

Si une prudence légitime nous fait rechercher la faveur des hommes qui peuvent influer sur notre sort, cette même prudence doit nous engager à nous abstenir de tout ce qui nous ferait perdre l’affection de ceux qui nous aiment.

- Celui qui couvre les fautes cherche l’amitié;

- mais le rapporteur met les plus grands amis en division.

Il faut, non seulement cacher aux étrangers les fautes de nos amis, comme la charité nous y engage, mais il faut, autant que possible, nous cacher à nous-mêmes les torts qu’ils peuvent avoir à notre égard.

Une fois que nous sommes assurés de l’affection de nos amis, nous y devons compter et n’en pas exiger continuellement des preuves nouvelles.

Nous devons mettre sur le compte de la faiblesse inséparable de l’humanité, ce qui peut manquer aux marques d’attachement qu’ils nous donnent; en nous souvenant aussi que de pareils torts sont souvent imaginaires et disparaîtraient presque entièrement à nos yeux si nous connaissions les circonstances qui les excusent.

Cependant la chose est toute différente, lorsqu’il s’agit des misères spirituelles que nous pouvons remarquer chez nos amis.

Notre devoir envers eux consiste alors à les reprendre avec franchise. Mais c'est un office qui pour être bien rempli, et pour produire de bons effets, exige, non seulement les ménagements d'une charité délicate, mais encore une sincère et profonde humilité.

Il faut que nos amis puissent voir que nous accomplissons une tâche pénible en leur exposant leurs torts, et que, bien loin de nous élever au-dessus d’eux, nous sentons qu’à bien des égards nous mériterions peut-être de plus grands reproches.

- Le méchant cherche des querelles;

- mais un messager cruel sera envoyé contre lui.

- Que l’homme rencontre plutôt une ourse qui a perdu ses petits qu’un fou dans sa folie, etc.

Dans ces versets et ceux qui les suivent, le prophète revient encore sur la facilité avec laquelle les querelles, une fois commencées, s’enveniment et se propagent, de manière à produire toutes sortes de maux.

Quant à cette menace faite au querelleur: Un messager cruel sera envoyé contre lui, elle signifie probablement que l’homme qui ne craint pas d’offenser son prochain par ses paroles ou par ses actes, recevra toujours, de quelque manière, la peine de ses injustices.

S’il échappait à la vengeance des offensés ainsi qu’à la justice humaine, il finirait par rencontrer une sentence plus redoutable au tribunal du Dieu de sainteté.

La déclaration que nous venons de citer se vérifie également dans les cas les plus ordinaires. À quelque degré que l’on se montre irritable et égoïste, on éprouvera des peines et des amertumes à un degré correspondant.

Peu de dispositions contribuent, autant que la douceur et le support, au bonheur de celui qui les possède.

- Celui qui déclare juste le méchant et celui qui déclare méchant le juste, sont tous deux en abomination à l’Éternel.

Cette sentence pourrait suffire à nous montrer que Dieu ne juge pas comme jugent les hommes.

Dans le monde, on voit d’un œil bien différent le juge qui absout un coupable et celui qui condamne un innocent. Sans doute, lorsqu’un crime n’est pas prouvé, il faut risquer mille fois de libérer un coupable, plutôt que de courir la moindre chance de condamner un innocent.

Mais lorsqu’un crime est avéré et que par quelque motif personnel de crainte ou d’intérêt le juge se refuse à le punir, il manque aussi véritablement à sa mission, et il est aussi coupable aux yeux de Dieu que s’il condamnait un homme sans preuves.

De même, dans la société, si l’on se fait quelque scrupule de prononcer des jugements téméraires et de blâmer ce qui est bon, on ne croira pas mal faire en excusant bien des choses que les habitudes du monde tolèrent et qui cependant sont contraires à la loi de Dieu. On oublie cette autre déclaration d’un prophète: Malheur à celui qui appelle le bien mal et le mal bien, a dit l’Éternel.

S’il y a dans les Proverbes des maximes de conduite que la sagesse humaine ne saurait enseigner, on y trouve aussi des déclarations qui expriment avec une touchante simplicité les sentiments les plus chers au cœur de l’homme. Telle est celle-ci du verset 17:

- L’intime ami aime en tout temps et il naîtra comme un frère dans la détresse.

Salomon nous paraît faire allusion à cette sentence d’un autre chapitre (XIV, 20): Le pauvre est haï même de son ami; mais les amis du riche sont en grand nombre.

Il fait ainsi contraster les faux amis, qui ne se conservent que dans la prospérité, avec l’ami véritable qui, non seulement aime en tout temps, mais multiplie tellement ses témoignages d’affection dans les temps de détresse qu’il fait l’effet d’un ami nouveau naissant comme un frère au moment du besoin.

Plaignons ceux qui n’en auraient pas fait la précieuse expérience.

Plaignons ceux qui n’ont pas été consolés dans leurs maux et dans leurs peines par l’affectueuse sympathie, par les soins délicats d’amis tendres et dévoués.

Mais plus il y a de douceurs dans une amitié véritable, plus il faut prendre garde à ce que ce sentiment ne puisse devenir un piège. Des amis peuvent se faire un grand mal spirituel en se flattant les uns les autres et en caressant leurs misères respectives.

Si nous voulons avoir la preuve que ce danger n’existe pas pour nous, examinons si, après que nous avons vu tel ou tel ami, nous sommes plus disposés à chercher le secours de l’Ami par excellence, de Celui qui ne nous console qu’en nous faisant sentir, en même temps, combien nous avons besoin de son pardon, de Celui enfin qui peut seul nous donner ici-bas une véritable paix et au siècle à venir la vie éternelle.


VERSETS 19 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Celui qui aime la perversité aime les débats;

- et celui qui élève sa porte cherche sa ruine.

- Celui qui a le cœur pervers ne trouvera point le bien,

- et celui dont la langue est double tombera dans le mal.

Ces passages nous enseignent que quand on fait ce qui est mal, on s’attire aussi inévitablement des peines de divers genres que si on les avait volontairement cherchées.

Ainsi, celui qui aime la perversité, c’est-à-dire celui qui commet des violences et des injustices, s’attirera la vengeance de ceux auxquels il a fait tort et sera enveloppé nécessairement dans toutes sortes de querelles.

Celui qui élève sa porte, c’est-à-dire celui qui par orgueil jette un plus grand éclat extérieur que ne le comporte sa position, se plongera dans les plus pénibles embarras et ne pourra finir que par la ruine.

De même encore, celui dont la langue est double, c’est-à-dire celui qui use d’artifice et de mensonge, se jettera dans des intrigues qu’il ne sera pas le maître de diriger et tombera dans les pièges qu’il avait tendus aux autres.

Tous ces maux que les hommes s’attirent déjà dans ce monde par leurs vices, ne sont encore qu’une faible image de ceux que leur réserve la justice de Dieu si les pécheurs ne se convertissent pas avant de quitter cette vie.

Quand Salomon dit: Celui qui a le cœur pervers ne trouvera point le bien, cette sentence nous semble même se rapporter directement à un ordre de choses spirituel et éternel.

Sans doute un mauvais cœur, un homme qui cherche à nuire à son prochain, ne pourra jamais être heureux ici-bas.

Mais ce qui n’est pas moins certain et doit effrayer toute âme sérieuse, c’est qu’un homme dont le cœur n’est pas droit devant Dieu et qui cherche à se tromper lui-même par de fausses apparences de foi et de piété, ne trouvera jamais le bonheur véritable, le bonheur qui consiste dans la paix de la conscience, dans l’amour de Dieu et dans la jouissance anticipée des biens à venir.

S’il parvenait à force d’illusions à se donner une fausse paix, cette paix se changerait en désespoir lorsqu’il se trouvera EN PRÉSENCE DES RÉALITÉS ÉTERNELLES.

- Celui qui a mis au monde un insensé en aura de l'ennui,

- et le père d’un fou ne se réjouira point.

On peut réunir à cette sentence celle du verset 25: L'enfant insensé est l'indignation de son père et l’amertume de celle qui l’a enfanté.

De pareilles déclarations n’ont pas besoin d’être expliquées.

On sait que dans le langage des Proverbes, les fous et les insensés, ce sont les hommes qui n’ont pas la vraie prudence et la vraie sagesse.

Ce sont ceux qui, par légèreté ou par endurcissement, ne savent pas reconnaître que des péchés commis sans scrupule leur attirent la condamnation du Dieu de sainteté.

Il est facile de comprendre la douleur que des parents pieux doivent ressentir en voyant leurs enfants dans un pareil état spirituel. Mais ce qui est plus remarquable, c’est que très souvent des parents, dépourvus eux-mêmes de principes chrétiens, s’affligent des habitudes profanes de leurs enfants et cherchent à les placer sous une influence religieuse.

Ils ont senti par leur propre expérience combien on est malheureux quand on est sans Dieu dans le monde; et supposant que la foi et la piété sont des biens qui ne peuvent plus leur être accessibles, ils voudraient au moins les procurer à leurs enfants.

On peut dire, par conséquent, que dans toutes les circonstances, les enfants ont un double motif pour écouter les avertissements de la Parole de Dieu et en suivre les préceptes.

Non seulement c’est pour eux le seul moyen de se procurer la paix dans ce monde et le bonheur du monde à venir, mais encore c’est par là qu’ils épargneront les douleurs les plus amères à ceux qui leur ont donné le jour; c’est par-là qu’ils leur procureront les jouissances les plus précieuses, et par-là peut-être aussi qu’avec la bénédiction de Dieu, ils seront les humbles instruments de leur salut éternel.

- La sagesse est devant l’homme prudent;

- mais les yeux de l’insensé sont au bout de la terre.

Nos diverses infirmités spirituelles sont en rapport avec les infirmités naturelles dont les hommes ont souvent à souffrir. C’est ainsi qu'on parle quelquefois d’aveugles spirituels, de paralytiques spirituels, etc.

Ici Salomon nous paraît faire allusion à cette espèce de faiblesse intellectuelle qui nous empêche d’être toujours les maîtres de notre attention.

Les yeux de notre esprit se promènent de tous côtés; ils sont au bout de la terre, au lieu de se fixer sur le seul objet qui, dans tel moment donné, devrait occuper toute notre pensée.

Cette faiblesse n’est pas entièrement involontaire, et les personnes qui s’en plaignent le plus pourraient, par de sincères efforts, la surmonter en partie. Mais ce n’est pas là le principal but de la sentence de Salomon.

Ce qu’il veut nous faire remarquer, c’est que nous ne mettons pas toute l’attention et toute la vigilance dont nous sommes capables, soit à éviter les tentations, soit à discerner notre devoir dans les diverses circonstances de la vie.

Si, même à l’égard des choses temporelles, nous ne savons pas toujours diriger convenablement notre attention, nous sommes encore bien plus sujets à nous laisser distraire, par les intérêts de ce monde, des objets spirituels qui devraient occuper la première place dans notre cœur.

C’est ce que signifie celte déclaration de Jésus-Christ: Les enfants de ce siècle sont plus prudents dans leur génération que les enfants de lumière (Luc, XVI, 8).

Un des premiers effets de la prudence spirituelle qui nous est recommandée serait de nous porter à restreindre nos paroles.

- L’homme retenu dans ses paroles connaît la prudence, et l'homme qui est d’un esprit froid est un homme entendu.

- Même l’insensé passe pour sage quand il se lait, et celui qui ferme ses lèvres est réputé intelligent.

Combien de fois nos paroles ne sont-elles pas pour nous le sujet de regrets profonds!

Il y a des cas où aucun sacrifice ne nous aurait coûté pour reprendre, si la chose avait été possible, quelque propos amer, quelque expression de colère, quelque accusation exagérée et malveillante.

Et si notre conscience était plus délicate, elle nous reprocherait non moins amèrement toute médisance, toute assertion où la vérité n’est pas strictement observée, tout propos léger indigne de notre sainte vocation, et bien d’antres paroles encore.

Même sous le rapport de la prudence humaine, le silence nous épargnerait, dans bien des occasions, les peines et les embarras que nous nous attirons par notre faute. Aussi l’un des traits les plus frappants de la misère naturelle de l’homme, c’est bien la difficulté que nous éprouvons, malgré notre expérience, à être lents à parler.

Nous devons demander à Dieu de nous donner, sous ce rapport et sous tous les autres, la prudence que les enfants de lumière n’ont pas assez; prudence qui nous sera nécessaire jusqu’à ce que nous ayons échangé l’infirmité de notre condition présente contre la sainteté inaltérable du royaume à venir.





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