Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XVI.

VERSETS 1-6.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Les dispositions du cœur sont à l’homme;

- mais le discours de la langue est de l’Éternel.

Cette sentence est difficile à expliquer. Évidemment elle ne peut pas signifier que, Dieu étant celui qui dicte nos paroles, nous en sommes moins responsables que de nos sentiments et de nos actions.

Le livre des Proverbes est rempli, au contraire, de préceptes relatifs aux péchés de la langue, préceptes qui seraient complètement inutiles si nos paroles ne dépendaient pas de notre volonté.

Il y a cependant des occasions dans lesquelles l’homme n’est pas le maître de ses paroles. Tel est le cas des prophètes ou des hommes qui ont parlé par l’Esprit de Dieu. Non seulement Dieu leur dictait des paroles que leur propre esprit n’aurait pas pu leur suggérer; mais ils étaient quelquefois forcés de dire des choses toutes contraires à celles qu’ils auraient voulu dire.

C’est ce qui arriva en particulier à Balaam, lorsque, conduit par Balak en vue du camp des Israélites pour maudire cette nation, il ne put prononcer que des bénédictions en leur faveur (Nomb., XXXIII).

Outre ces occasions exceptionnelles, il arrive souvent aux personnes qui ont désiré prendre la parole dans telle ou telle circonstance particulière, et qui peut-être s’y sont même préparées à l'avance, il leur arrive, disons-nous, lorsqu’elles sont au moment de parler, de ne point trouver d’expressions qui répondent à leurs pensées. Elles se sentent comme enchaînées par une puissance supérieure à la leur, et elles éprouvent que, si les dispositions du cœur sont à l’homme, le discours de la langue est de l’Éternel.

Aussi toutes les fois que nous sommes dans le cas de parler sur quelque sujet qui peut être utile devons-nous toujours demander à Dieu de mettre lui-même sur nos lèvres les paroles les plus propres à remplir notre but.

Il va sans dire que ce devoir concerne particulièrement les hommes qui, chargés d’expliquer la Parole de Dieu, se préparent à exercer quelqu’une des fonctions de leur ministère.

- Toutes les voies de l’homme lui semblent pures;

- mais l’Éternel pèse les esprits.

Cette déclaration frappante est bien propre à nous faire rentrer en nous-mêmes pour nous dégager, s’il est possible, des illusions dont nous aimons à nous bercer.

Lorsque telle ligne de conduite qui favorise notre paresse ou nos intérêts n’a rien de coupable aux yeux des hommes, nous cherchons à nous persuader qu’elle est légitime aux yeux de Dieu, et nous ne faisons aucun effort pour discerner si c’est bien en effet sa volonté que nous suivons. Alors, quoique nos voies nous semblent pures, l’Éternel qui pèse les esprits voit que nous ne sommes pas sincères devant lui et qu’il y a de l’interdit dans notre conscience.

Ce n’est pas seulement lorsque nous avons quelque détermination à prendre, que cette pensée doit nous effrayer salutairement. Nous pouvons nous l’appliquer dans le cours ordinaire de la vie pour examiner si notre état spirituel et l’ensemble de nos habitudes sont bien tels que doivent l’être ceux d’un chrétien.

Heureux, non pas ceux qu’un pareil examen pourrait satisfaire, mais ceux qui savent reconnaître tout ce qui manque encore à leur amour, à leur zèle, à leur sanctification, pour que leurs voies puissent sembler pures à Celui qui pèse les esprits!

- Décharge-toi de tes affaires sur l’Éternel et tes desseins seront affermis.

C’est toujours avec un sentiment de joie que nous rencontrons dans l’Écriture des déclarations de ce genre.

Au milieu des difficultés qui se renouvellent sans cessé dans notre vie, nous aimons à nous entendre répéter que Dieu se charge lui-même du soin de nos affaires et qu’il fera réussir tous nos desseins.

Mais pour pouvoir nous confier en Dieu, il faut que par la foi nous ayons trouvé en lui un père.

Pour pouvoir croire et même souhaiter qu’il accomplisse nos desseins, il faut que notre volonté soit assez identifiée AVEC la volonté de Dieu pour que nous recherchions uniquement les choses qui y sont conformes. Alors nous serons heureux de penser que Celui qui dispose de tous les évènements les fera concourir au succès de nos projets, toutes les fois qu’ils seront compatibles avec notre vrai bien et celui de nos frères.

- Assure-toi en l’Éternel, dit David, et fais ce qui est bon....

- Prends ton plaisir en l’Éternel et il t’accordera les demandes de ton coeur.

- Remets ta voie sur l’Éternel, et t’assure en lui et il travaillera.

L'Éternel a fait toutes choses, en sorte qu'elles se répondent l’une à l'autre, et même le méchant pour le jour de la calamité. Dieu est un Dieu d'ordre et non de confusion, dit l’Écriture.

L’aspect du monde visible nous enseigne partout, cette vérité!

Chaque chose y est à la fois l’effet d'une cause et la cause d’un effet.

Tout être a été créé dans un but qui se rattache à l’unité de l’ensemble, et aucun d’eux ne se soustrait jamais aux lois qui, dès l’origine du monde, lui ont été assignées par le créateur.

Mais Dieu n’est pas seulement le Dieu de la nature, il est aussi le Dieu des esprits.

- Il faut que l’ordre règne dans le monde moral aussi bien que dans le monde physique, et cet ordre consiste avant tout dans l’union inséparable de la sainteté avec le bonheur et du péché avec la souffrance.

C’est pour cela que Dieu qui a fait toutes choses; en sorte qu’elles se répondent l'une à l'autre, a même fait le méchant, pour le jour de la calamité.

Il n’est pas nécessaire d’insister sur ce que Dieu ne peut jamais être l’auteur du mal (Jacq. I, 13).

L’expression employée ici nous indique seulement avec une grande énergie que LE PÉCHÉ AMÈNE AUSSI NÉCESSAIREMENT LA SOUFFRANCE, que partout dans la création chaque cause produit son effet et chaque moyen atteint son but.

Cette vérité, nous sommes quelquefois tentés de la mettre en doute, parce que ce n’est pas toujours d’une manière visible, ni même toujours dans cette vie que le péché rencontre son châtiment. Mais pour être différé, l’effet de cette loi du monde moral n’en est pas moins infaillible, et c'est quand nous verrons la punition des pécheurs dans l’existence à venir que nous comprendrons quelle était la profondeur de cette redoutable parole: L’Éternel a fait toutes choses, en sorte qu'elles se répondent l’une à l'autre, et même le méchant pour le jour de la calamité.

- L’iniquité sera expiée par la miséricorde et la vérité,

- et par la crainte de l'Éternel on se détourne du mal.

On lit dans d’autres versions: Il y aura propitiation pour l’iniquité par la miséricorde et la vérité.

Cette manière d’exprimer la sentence en fait mieux comprendre le sens. Au reste, si ce sens était difficile à saisir pour les Israélites, il ne l’est pas pour les chrétiens; car ils savent que dans la miséricorde de Dieu et la vérité immuable de ses promesses:

IL Y A EU PROPITIATION POUR L’INIQUITÉ DES HOMMES

PAR LE SACRIFICE DE JÉSUS-CHRIST.

Nous avions besoin que cette vérité nous fût rappelée après la déclaration que nous venions de rencontrer!

Nous sommes tous, de notre nature, de ces méchants réservés pour le jour de la calamité.

Le seul moyen de nous y soustraire, c’est d’avoir, par la foi, notre part dans la propitiation qui a été finie pour le péché.

Cependant, il faut que les lois de Dieu se maintiennent jusqu'au bout. Dieu, tout en nous pardonnant, ne peut nous rendre heureux que si nous sommes sanctifiés.

Mais ce qui rend précisément la dispensation évangélique admirable, c’est qu’elle nous fait trouver dans le pardon même tout ce qui peut à la fois nous inspirer et l’amour de Dieu et cette crainte de l'Éternel par laquelle on se détourne du mal.

Le Psalmiste exprimait déjà cette vérité profonde lorsqu’il s’écriait:

Ô Éternel! si tu prends garde aux iniquités Seigneur!

Qui est-ce qui subsistera?

Mais le pardon se trouve auprès de toi,

AFIN QU’ON TE CRAIGNE.


VERSETS 7-17.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Quand l'Éternel prend plaisir aux voies d’un homme,

- il apaise envers lui même ses ennemis.

C’est là une vérité dont les vrais serviteurs de Dieu ont bien souvent fait l’expérience.

Lorsque dans un pays où la plupart des hommes sont plongés dans le sommeil spirituel, une âme vient à recevoir d’une manière vivante et efficace les vérités de la Parole de Dieu, il arrive pour l’ordinaire qu’elle commence par être méconnue et repoussée.

Les parents et les alentours de ce fidèle, ne comprenant pas les motifs qui le font agir, lui en attribuent de blâmables ou de ridicules; et ces accusations s'exagérant à mesure qu’elles sont répétées, il finit quelquefois par avoir chez ses concitoyens la réputation d’un fanatique insensé ou d’un orgueilleux hypocrite.

Mais si la piété de cet homme est véritablement éclairée et que sa conduite soit, jusque dans ses moindres détails, d’accord avec ses principes, on en viendra à le respecter même sans le comprendre.

En voyant chez lui la réunion si difficile de la fermeté et de la douceur, une grande horreur pour le mal et une tendre charité pour les hommes, on dira qu’il serait heureux que des erreurs comme les siennes fussent répandues dans tous les esprits, si même on ne vient pas à reconnaître que ces erreurs sont la vérité qui sauve.

C’est ainsi que Dieu apaise envers lui ses ennemis et le fait souvent devenir à leur égard l’instrument de ses miséricordes.

- Le cœur de l'homme délibère sur sa conduite,

- mais l’Éternel dirige ses pas.

Cette vérité, que Dieu dirige toutes nos démarches, ne doit pas nous faire supposer que lorsque nous avons des partis à prendre, il est inutile de nous donner la peine d’examiner avec soin comment nous devons agir.

Non; Dieu ne nous a pas donné des facultés pour les laisser sans emploi. Il veut que nous fassions usage de notre raison et de notre intelligence aussi bien que des organes de notre corps; et c’est au moyen de l’usage que nous en faisons qu’il accomplit ses desseins à notre égard.

Ainsi, dans toutes les occasions où la conscience est intéressée, nous devons chercher avec soin quel est notre devoir, sans nous préoccuper des conséquences; parce que Dieu, qui dirige nos pas, aura disposé les conséquences de notre conduite de manière à remplir envers nous les vues de sa sagesse et de sa bonté.

Dans les choses purement temporelles aussi, nous ne devons négliger aucune des précautions de la prudence. En agissant ainsi, nous suivons la route que Dieu trace devant nous; et Dieu, qui dirige nos pas, fera conduire cette route au succès ou au désappointement, suivant qu’il le jugera le plus convenable à notre véritable bonheur.

- La divination (Des oracles) est sur les lèvres du roi,

- et sa bouche ne se fourvoiera point du droit.

La version anglaise dit: Une sentence divine est sur les lèvres du roi.

Quoi qu’il en soit du sens exact de ce terme, il est évident qu’ici le mot de divination ne peut pas signifier l’art occulte des magiciens qui prétendaient découvrir la vérité par leurs enchantements, puisque cet art est sévèrement condamné dans plusieurs endroits de l’Écriture (voyez Deut., XVIII, 10-12, etc.).

Salomon veut peut-être exprimer que Dieu accorde aux rois qu’il aime une sagesse extraordinaire et divine, en sorte que leurs sentences puissent toujours être conformes à la justice et à l'équité.

C'est ainsi que, dans une prière de David pour son fils Salomon lui-même, il dit: Ô Dieu! donne tes jugements au roi et ta justice au fils du roi. Qu’il juge ton peuple avec justice et avec équité les tiens qui seront affligés (Ps. LXII, 1, 2).

On voit des exemples de cette sagesse extraordinaire dans la manière dont David découvrit les desseins perfides, de Joab (2 Sam., XIV, 19, 20) et dans la sentence souvent citée connue sous le nom de jugement de Salomon (1 Rois, III, 28).

Cependant cette parole: Sa bouche ne se fourvoiera point du droit, peut aussi se prendre à l’impératif et signifier: Il ne faut pas que sa bouche se fourvoie du droit.

Cette manière de lire le verset serait confirmée par les versets qui suivent, dans lesquels Salomon insiste sur l’horreur que les rois doivent avoir pour l’injustice, soit dans leurs paroles, soit dans leurs actions.

En effet, leurs sentences sont des sentences divines, en ce sens qu’elles décident, d’une manière absolue, du sort des peuples ou des individus:

- La fureur du roi, dit Salomon, est comme des messagers de mort.....

- C’est une vie que le visage serein du roi, et sa faveur est comme la nuée qui donne la plaie de l'arrière-saison.

Les souverains ne peuvent donc trop prendre garde à ce que des paroles dont l'effet est si puissant soient toujours dictées par la vérité et la justice.

On peut dire la même chose quant aux magistrats et, en général, à toutes les personnes qui exercent sur d'autres quelque espèce d’autorité, comme les maîtres à l’égard de leurs domestiques et de leurs ouvriers, les instituteurs à l’égard de leurs élèves, etc.

TOUTE AUTORITÉ QUI N’EST PAS EXERCÉE D’UNE MANIÈRE ÉQUITABLE

DEVIENT UNE TYRANNIE.

Il n’est même peut-être pas inutile de recommander aux pères et aux mères de faire tous leurs efforts pour qu’il n’y ait jamais d’injustice dans les punitions ou les réprimandes qu’ils font à leurs enfants. Précisément parce que c’est surtout de la part de leurs parents que les enfants attendent la justice et la tendresse, leurs sentiments sont d’autant plus froissés lorsqu’ils se voient jugés par eux avec légèreté ou d’une manière partiale.

Lorsqu’on réfléchira la difficulté de se conduire envers ses inférieurs avec la fermeté et la douceur convenables, on sent toute la force de cette exclamation de Salomon:

- Combien vaut-il mieux acquérir de la sagesse que de l’or fin,

- Et combien est-il plus excellent d’acquérir de la prudence que de l’argent!

Personne n’oserait contester une vérité aussi évidente; cependant on ne voit que trop souvent des hommes faisant profession de piété montrer, par leur conduite, qu’ils mettent plus de prix aux richesses périssables qu’à leurs progrès dans les saintes dispositions que l’Écriture appelle sagesse et prudence.

Puissions-nous avoir faim et soif de ces biens spirituels!

Nous sentirons alors toujours davantage combien nous manquons de sagesse. Mais nous la demanderons à Celui qui la donne à tous libéralement sans rien reprocher; et elle nous sera donnée, pourvu que nous la demandions avec foi.


VERSETS 18-25.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- L’orgueil va devant l'écrasement, et l'esprit hautain devant la ruine.

- Il vaut mieux être humilié d’esprit avec les débonnaires que de partager le butin avec les orgueilleux.

Plût à Dieu que ces déclarations, dont nous reconnaissons tous la profonde vérité, ne fussent pas seulement gravées dans notre esprit, mais dans notre conscience et dans notre cœur!

En effet, il n’est pas nécessaire d’avoir une grande expérience des hommes pour savoir combien l’orgueil nous attire d’humiliations et peut nous être de mille manières une cause de douleurs.

- Cela même est peu de chose en comparaison du mal que l’orgueil fait à nos âmes en nous empêchant de sentir le besoin que nous avons à toute heure du pardon de Dieu et du secours de son Saint-Esprit.

Mais il ne suffit pas de reconnaître les dangers de l’orgueil pour avoir une véritable humilité. Nous ne serons humbles que si, réfléchissant aux droits que Dieu a sur nous comme ses créatures et comme ses rachetés, nous comparons soigneusement notre conduite, soit avec les préceptes de sa Parole, soit avec l’exemple que nous a laissé notre Sauveur.

Encore avons-nous besoin que Dieu nous éclaire de son Saint-Esprit pour que cet examen puisse être fait avec droiture, tant nous sommes sujets à de dangereuses illusions sur ce qui concerne notre état spirituel.

C’est parce qu’il est difficile d’être sincèrement humble devant Dieu que l’on trouve si peu d’hommes débonnaires; car on peut dire que la débonnaireté n’est autre chose que l’humilité appliquée à nos rapports avec les hommes.

Un homme débonnaire se laissera facilement mettre à la dernière place; ou plutôt il la prendra lui-même.

Il ne sera pas irrité des humiliations qu’il pourra recevoir, et il ne paraîtra pas se souvenir des torts dont il aura été l’objet.

Il sera toujours disposé à rendre à ses semblables les services les plus humbles et les plus obscurs, sans s’étonner de ne rencontrer peut-être de leur part aucune reconnaissance.

LA DÉBONNAIRETÉ est une des vertus les plus rares.

On pourrait compter beaucoup d’hommes bienfaisants, dévoués, actifs à s’employer au bonheur temporel ou spirituel de leurs semblables, pour un seul homme vraiment débonnaire.

Cependant les chrétiens sont appelés à la débonnaireté (Voir Matth., V, 38-41. Gal, V, 22, etc.), et ils y feront des progrès à proportion qu’ils sentiront plus profondément que loin d’être eux-mêmes dignes des bienfaits de Dieu, ils sont continuellement les objets de sa gratuite miséricorde. Aussi notre Seigneur a-t-il dit: Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre!

Sans doute, dans ce monde, ils ne partageront pas le butin avec les orgueilleux! ils n'auront pas une grande part de gloire et de richesses; mais les fruits que porte leur foi prouvent qu’ils auront part à l’héritage du siècle à venir, à ces nouveaux cieux et à cette nouvelle terre où la justice habite.

- Celui qui prend garde à la Parole, trouvera le bien, et celui qui se confie en l'Éternel sera heureux.

- On appellera prudent celui qui a un cœur sage, et la douceur des paroles augmente la science.

- La prudence est, à ceux qui la possèdent, une source de vie;

- mais la science des insensés est folie, etc.

Puisque dans le premier de ces versets, il est parlé à la fois de ceux qui prennent garde à la Parole et de ceux qui se confient en l'Éternel, il est permis de supposer que c'est de la Parole de Dieu qu’il s’agit ici, Parole à laquelle nous ne pouvons prendre garde de trop près.

Il ne faut pas se contenter, dans la lecture de la Bible, comme on le ferait pour un autre livre, de saisir le sens général d’un passage, soit qu’il s’agisse d’un récit d’une instruction ou d’un précepte. Il faut en PESER SOIGNEUSEMENT LES EXPRESSIONS; et alors un mot, qui n’avait pas jusqu’alors attiré notre attention, nous frappe inopinément par sa signification profonde, et nous révèle quelquefois toute une vérité.

Cependant, dans les versets qui suivent, c’est bien de nos propres paroles qu’il est question; et c’est à leur sujet que Salomon nous recommande encore ici la douceur et la prudence. La conscience de chacun de nous jugera si de telles exhortations nous sont trop souvent répétées.

LA PRUDENCE, dans le langage de la Bible, c’est la véritable sagesse, c’est-à-dire l’attention à tout ce qui nous rapproche de Dieu et la crainte de ce qui peut lui déplaire.

C’est pour cela qu’elle est en nous UNE SOURCE DE VIE et qu'elle est en opposition avec la science des insensés.

Les hommes qui ne vivent pas dans la crainte de Dieu, peuvent avoir sur divers sujets beaucoup de science; mais ils verront un jour que cette science n’était que folie, si elle ne les a pas conduits à la communion avec Dieu et au bonheur éternel.

Il y a dans ces versets une expression que nous ne devons pas négliger.

La douceur des paroles augmente la science. Cela signifie probablement que la douceur de notre ton et de notre langage fait ressortir d’une manière plus pénétrante la force de nos arguments ou celle des sentiments que nous exprimons. C’est ce qu’on peut remarquer dans toute espèce de discussion; mais puisqu’il s’agit ici de la science religieuse, c’est un devoir positif pour les chrétiens que d’éviter dans leurs discours ce ton tranchant et orgueilleux qui éloigne si facilement de l’Évangile les âmes qu’on voudrait y attirer.

C’est bien assez du scandale de la croix, sans y joindre le scandale des défauts de ceux qui l’annoncent.

Aussi Saint Paul recommande-t-il à Timothée d’instruire avec douceur ceux qui sont d’un sentiment contraire, afin de voir si Dieu ne leur donnera point la repentance pour connaître la vérité.

Soyez toujours prêts, dit Saint Pierre à tous les fidèles, à répondre AVEC DOUCEUR ET AVEC RESPECT à tous ceux qui vous demanderont raison de l’espérance que vous avez.

- Il y a telle voie qui semble droite à l'homme,

- mais dont la fin sont les issues de la mort.

Cette sentence se trouvait déjà dans un chapitre précédent (XIV, 12); mais ce n'est pas une raison pour la laisser passer sans y prendre garde.

Nous devons croire, au contraire, que, si elle nous est répétée, c’est à cause de son excessive importance.

Elle nous invite tous à sonder nos voies devant Dieu.

- Les uns verront alors que, malgré les vertus pour lesquelles ils peuvent être estimés des hommes, ils sont encore, devant Dieu, dans un état de condamnation et de mort.

- Les autres, tout en faisant profession de n’être sauvés que par la pure grâce de Dieu, s’apercevront peut-être qu’ils se font à cet égard de dangereuses illusions.

Dans les temps de réveil religieux bien des personnes, à force d’entendre exposer les doctrines de l’Évangile, finissent par les admettre sur l’autorité de ceux qui les annoncent, sans que ces doctrines soient encore devenues leurs propres et personnelles convictions.

Quelquefois aussi, on a bien reconnu la vérité de ces doctrines; mais elles sont une notion de l'esprit plutôt qu’un sentiment du cœur.

Ceux qui sont dans cet état se mêlent avec les vrais chrétiens et s’imaginent avoir les mêmes principes. Mais la foi sur laquelle ils s’appuient n’est encore qu’une foi morte; et si elle ne devient pas vivante par l’amour et le dévouement, leur voie, qui leur avait semblé droite, n’aurait pour fin que les voies de la mort.

Combien n’est-il donc pas nécessaire de nous sonder devant Dieu! Si en nous éprouvant nous-mêmes, comme dit Saint Paul, nous reconnaissons nous-mêmes que Jésus-Christ est en nous, nous pourrons avoir l’assurance que nous ne sommes pas réprouvés; mais qu’au lieu d’avoir pour fin les voies de la mort, nous aurons pour fruit la sanctification et pour fin la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Sauveur.


VERSETS 26 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- L’âme de celui qui travaille, travaille pour lui, parce que sa bouche l’y contraint.

Comme la faim et la soif sont les plus impérieux de nos besoins matériels, il était naturel de les choisir pour désigner l’ensemble des besoins que notre travail est destiné à satisfaire.

La plupart des hommes travaillent, en effet, pour subvenir à leur entretien et à celui de leur famille. Cependant, sous ce rapport, la nécessité du travail n’est pas la même pour tous, et il y a bien des hommes qui, lors même qu’ils vivraient dans l’oisiveté, ne risqueraient pas de manquer du nécessaire. Mais cette position exceptionnelle n’empêche point du tout que l’obligation du travail ne leur soit imposée comme à tous les autres.

- Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage, avait dit l’Éternel à Adam et dans sa personne, à la race humaine tout entière.

- Si quelqu’un ne veut pas travailler, dit Saint Paul d’une manière générale aux chrétiens de Thessalonique, il ne doit pas non plus manger.

Tout homme a quelque chose à faire pour remplir ses devoirs envers ses semblables; et il ne peut, sans en souffrir, se soustraire à cette obligation.

Le travail, soit de corps, soit d'esprit, est nécessaire à la conservation de nos organes et de nos facultés. Il ne nous est pas moins nécessaire, dans l’état de santé pour pouvoir jouir des biens de la vie.

Lorsque nous n’avons pas travaillé, nous sentons qu'il nous manque quelque chose, quoique nous ne nous en rendions pas toujours compte, et il nous semble que nous ne sommes pas dans la légitime possession de nous-mêmes.

Mais pour que notre travail ait sur nous ses effets salutaires, il ne faut pas qu’il soit à lui-même son propre but. Il faut que notre travail, de quelque nature qu’il soit, ait, indépendamment de notre jouissance, un but utile ou intéressant. Il faut que nous cherchions consciencieusement à atteindre ce but et que, sans écouter les conseils de la paresse, nous n’épargnions aucun effort pour que la chose dont nous nous occupons soit aussi bien faite qu’elle peut l’être.

Alors nous éprouverons que celui qui travaille, travaille pour lui; et quand notre travail se trouverait n’avoir aucun autre résultat, il aurait toujours contribué à notre propre avantage.

S'il en est ainsi de tout travail légitime, même lorsqu’il se rapporte à un intérêt temporel, la chose est encore plus évidente lorsqu’il s’agit du TRAVAIL SPIRITUEL par lequel nous devons constamment avancer dans la foi et dans la sanctification.

Ce travail nous est imposé à tous. Notre Seigneur disait aux troupes qui le suivaient:

Travaillez pour avoir; non l'aliment qui périt, mais celui qui se conserve jusque dans la vie éternelle et que le Fils de l'homme vous donnera (Jean , VI, 27).

De même, nous sommes assurés que ce travail ne demeurera pas sans récompense. C’est pourquoi, dit Saint Paul aux Corinthiens, après leur avoir développé la doctrine de la résurrection des morts: Soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, puisque vous savez que votre travail ne sera pas vain auprès du Seigneur (1 Cor., XV, 68).

Nous avons lu dans un chapitre précédent: En tout travail, il y a quelque profit; mais les vains discours ne tournent qu'à disette.

Ici, après avoir parlé de la nécessité du travail, Salomon rappelle les maux positifs produits par les paroles de méchanceté et d’outrage:

- Le méchant homme se creuse le mal, et il y a comme un feu brûlant sur ses lèvres.

- L’homme pervers sème des querelles, et le rapporteur met les plus grands amis en division, etc.

Remarquons la force de cette expression: SEMER DES QUERELLES.

Quand on sème quelque chose, on met en terre de petites graines qui produiront des plantes entières portant elles-mêmes de nouvelles semences.

C’est ainsi qu’un FAUX rapport, une réflexion MALIGNE ou un MAUVAIS conseil peuvent être LA SOURCE D’UN ENCHAÎNEMENT DE TORTS ET DE MALHEURS qui semblent hors de toute proportion avec les causes qui les ont produits.

Aussi n’est-ce pas toujours avec une intention malfaisante que le rapporteur met les plus grands amis en division.

- Souvent une parole prononcée à la légère, un fait rapporté avec exagération, un jugement téméraire ou une simple médisance suffisent pour introduire l’amertume et la défiance dans des coeurs unir auparavant par une tendre affection.

Que de fois, en remuant ses lèvres, n'exécute-t-on pas le mal, même d’une manière involontaire!

- Les cheveux blancs sont une couronne d'honneur;

- elle se trouvera dans la voie de la justice.

Sons l’ancienne économie, une vieillesse prolongée était regardée, en général, comme une bénédiction de Dieu. Mais, quoique nous ne puissions point juger, par cette marque, si un homme est ou n’est pas dans la voie de la justice, il est également utile aux jeunes gens et aux vieillards de se souvenir que les cheveux blancs sont UNE COURONNE D’HONNEUR.

- Si les jeunes gens s’en souvenaient, ils témoigneraient à l’âge avancé un respect devenu rare de nos jours, et à l’égard duquel bien des peuples païens pourraient servir d'exemple aux nations chrétiennes.

Lève-toi devant les cheveux blancs et honore la personne du vieillard; c’est là un précepte divin qui subsiste encore dans toute sa force.

D’un autre côté, si les vieillards se souvenaient que les cheveux blancs sont une couronne d'honneur, ILS PRENDRAIENT SOIN DE NE JAMAIS LES DÉSHONORER, non seulement par une conduite qui fût en scandale au monde, mais par des propos légers, par des plaisanteries contraires à l’esprit de l’Évangile qui, si elles sont toujours malséantes chez les chrétiens (Ephés., V, 4), le sont surtout chez ceux à qui leur âge confère une sorte d’autorité.

Saint Paul recommande aux vieillards d'être sobres, graves, prudents, purs dans la foi, dans la charité, dans la patience.

Il veut que les femmes âgées ne soient point médisantes, mais qu’elles donnent de bonnes instructions aux jeunes femmes (Tite, II, 2, 3).

Il faudrait qu’on respirât, en quelque sorte, auprès des vieillards comme un parfum de sainteté, de sérénité et de paix qui montrât en eux des êtres détachés des faux biens de ce monde, et ne voyant plus les objets d’ici-bas que dans leur rapport avec nos intérêts éternels.

Cette retenue, ce soin de donner à la conversation un caractère d’élévation et de pureté sont quelquefois plus difficiles pour les chrétiens avancés en âge que pour les plus jeunes, parce que, chez eux, les convictions chrétiennes peuvent ne s’être formées qu’après de longues habitudes de légèreté. Mais ce n’est pas là une excuse pour manquer à leur devoir. Il faut seulement qu’ils y apportent plus de vigilance et plus de prières.

A quelque âge que nous soyons parvenus, nous serons forts contre nos penchants et nos habitudes, si la Parole de Dieu demeure en nous (1 Jean, II, 14); car nous pouvons tout en Christ qui nous fortifie.

- On jette le sort au giron;

- mais tout ce qui en doit arriver vient de l’Éternel.

Dieu est le maître du hasard comme de toutes choses; ou plutôt le hasard n’existe pas pour Dieu, puisque ce mot exprime seulement notre ignorance des causes qui produisent certains effets.

Il ne faut pas conclure de là que nous devions prendre l’habitude de consulter Dieu par le sort, comme on le fait dans quelques communions chrétiennes. Il y a là, si on peut s’exprimer ainsi, une sorte de paresse de conscience.

C’est par les dispensations providentielles de Dieu et par sa Parole, consultée dans un esprit de prière, que nous devons nous diriger. S’il arrivait, néanmoins, que, tout en étant sincères dans notre recherche, nous ne vissions pas quel est notre devoir, nous pourrions recourir à ce moyen après avoir demandé à Dieu de s’en servir pour nous manifester sa volonté. C’est là l’exemple que nous donnent les chrétiens de la primitive Église (Actes, I).

Ce n’est qu’après avoir choisi parmi eux les deux hommes qui leur paraissaient les plus dignes d’être mis au rang des apôtres que, ne pouvant se décider entre les deux, ils demandèrent à Dieu de leur indiquer, par le sort, celui qu’ils devaient élire.

Il est bien précieux pour notre paix de savoir que toutes les circonstances de notre vie, même celles qui paraissent dépendre d’un aveugle hasard, sont en réalité préparées et combinées par la sagesse infaillible de notre Dieu.

Lors même que ses dispensations nous seraient incompréhensibles, nous devrions encore dire avec le Psalmiste:

Je me suit tû et je n’ai point ouvert la bouche, parce que c'est toi qui l’as fait.



 

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