Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XV.

VERSETS 1-12.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Une parole douce apaise la fureur,

- mais la parole dure excite la colère.

Cette sentence est au nombre de celles qui fixent peu notre attention, parce que la vérité qu’elle exprime nous semble n’avoir pas besoin d’être rappelée. Cependant nous devrions nous demander si nous la mettons toujours en pratique dans nos discussions, soit en famille, soit ailleurs.

Ah! que de troubles, que d’amertumes, de séparations et même de guerres désastreuses ont eu pour origine une parole dure qui a excité la colère dans un de ces moments décisifs où une parole douce et prudente prononcée à propos aurait pu encore apaiser la fureur et réconcilier des adversaires!

- La langue des sages embellit la science;

- mais la bouche des insensés ne prononce que folie.

On peut rapprocher ces paroles de celles du verset 7: Les lèvres des sages sèment la science; mais il n’en est pas ainsi du cœur des insensés.

Nous voyons par ces diverses déclarations que les sages ou les fidèles ne doivent pas seulement chercher à répandre par leurs discours des semences de foi et de piété, mais qu’ils doivent chercher à rendre leurs instructions intéressantes et agréables à ceux qui les entendent.

Sans doute, il ne faut pas dissimuler la vérité pour plaire à des oreilles trop chatouilleuses; mais lorsqu’on a un véritable amour pour les âmes, on sait trouver les paroles les plus propres à dissiper les préventions en se plaçant sur le terrain de ceux avec qui l’on discute.

Il y a aussi beaucoup d’occasions où des instructions directes ne seraient pas à leur place et ne rempliraient pas leur but; il faut alors les remplacer par des entretiens intéressants, dont la tendance soit d’élever et de purifier l’âme.

Bien des coeurs ont été amenés à l’Évangile, moyennant la grâce de Dieu, par l’attrait qu’ils avaient trouvé dans de pareils entretiens, attrait qui les avait portés à se rapprocher des chrétiens fidèles.

- Les yeux de l’Éternel contemplent en tout lieu les méchants et les bons.

Pour entrer plus complètement dans le sens de ces paroles, il faut les comparer avec ce passage du psaume XI:

- L’Éternel a son trône dans les cieux; ses yeux contemplent et ses paupières sondent les fils des hommes.

- L’Éternel sonde le juste et le méchant, et son âme hait celui qui aime l’extorsion.

Nous voyons ici que les regards de l’Éternel ne se portent pas seulement, comme ceux des hommes, sur l’extérieur de notre vie, sur nos paroles et nos actions, mais qu’ils pénètrent et sondent jusque dans L’INTÉRIEUR DE NOS PENSÉES et de NOS PLUS SECRETS SENTIMENTS.

Les sentiments que Dieu pénètre, il ne les voit pas avec indifférence; il les juge à la balance du sanctuaire, et c’est d’après eux, et non d’après ce que voient les hommes, qu’il nous place au nombre des régénérés ou de ceux qui sont encore sous l’empire de notre nature déchue.

Nous avons vu tout à l’heure de quelle manière les hommes instruits dans les choses de Dieu devaient chercher à communiquer aux autres le précieux trésor de leurs connaissances. Mais, suivant les occasions, ils peuvent être appelés, à joindre à leurs instructions des avertissements ou des reproches:

- Une langue qui corrige est comme l’arbre de vie;

- mais la perversité qui est en elle, est comme un vent qui brise tout.

Si le devoir des uns est souvent d’exhorter et de reprendre, c’est le devoir des autres de recevoir avec docilité les avertissements et les remontrances. Aussi Salomon ajoute-t-il:

- L’insensé méprise l’instruction de son père;

- mais celui qui prend garde à la correction deviendra prudent.

- Le sacrifice des méchants est en abomination à l'Éternel;

- mais la requête des hommes droits lui est agréable.

- La voie du méchant est en abomination, à l'Éternel;

- mais il aime celui qui s’adonne soigneusement à la justice.

C’est parce que la voie des méchants, c'est-à-dire leur manière de penser et d’agir, est en abomination à l'Éternel qu’il ne peut recevoir qu’avec dégoût les divers actes de leur culte.

Ainsi Jésus, bien que les démons reconnussent sa divinité, se refusait à recevoir leurs impurs hommages et il ne leur permettait pas; est-il dit souvent, de dire qu’ils sussent, qu’il était le Christ.

La déclaration de Salomon; est donc bien importante pour les adorateurs de tous les temps. Chacun de nous, lorsqu’il s’adresse à Dieu, aime à penser que ses requêtes lui sont agréables, et que si Dieu tarde à les exaucer, elles ne lui paraissent, du moins, pas une offense.

Cependant, pour qu’il en soit ainsi, il faut que nous soyons DROITS DE CŒUR, c’est-à-dire que le service que nous rendons à Dieu soit sincère.

Dieu n'exige pas, pour accepter nos prières, qu’elles soient pures de tout péché; car, hélas! celles des fidèles les plus avancés sont encore si mélangées de distractions, de tiédeur, et même quelquefois de secrets mouvements d’orgueil et d’incrédulité, qu’elles ont besoin, comme tous les autres actes de leur vie, de l’expiation et de l'intercession de notre Sauveur.

Mais c’est précisément parce qu’elles ont besoin de cette expiation, qu’il faut que nos prières partent d’un cœur uni à Jésus-Christ par UNE FOI VIVANTE ET EFFICACE.

- Le châtiment paraît fâcheux à celui qui quitte le droit chemin,

- mais celui qui haït d'être repris, mourra.

- Le sépulcre et le gouffre sont devant l'Éternel; combien plus les cœurs des enfants des hommes!

- Le moqueur n’aime point qu'on le reprenne, et il n'ira jamais vers les sages.

C’est un des sujets lesquels Salomon revient le plus souvent que le devoir de nous soumettre avec humilité aux reproches et aux corrections que nos fautes nous attirent.

Ce devoir est, en effet, un de ceux qui nous sont les plus difficiles à remplir, tant l'orgueil est profondément enraciné dans le cœur de tous les hommes.

- LE MOQUEUR, dans le langage de l’Écriture, ce n’est pas toujours l'homme qui fait des infirmités physiques ou morales de son prochain un objet de raillerie:

- c'est celui qui n'est pas sérieux à l'égard des intérêts de son âme;

- c'est l'incrédule qui ne s’occupe pas des choses relatives à la religion, ou bien qui se plaît à les tourner en ridicule.

Un tel homme sent confusément et par intervalles qu'il est dans une voie dangereuse, et qu'il compromet le sort de son éternité. Il sent que s’il allait vers les sages, vers les fidèles, il serait repris de sa folie; de sorte qu’il n’aime pas à se rencontrer avec eux. Et cependant celui qui hait d’être repris, mourra, nous dit le Saint-Esprit, c’est-à-dire sera, après cette vie, précipité dans LA SECONDE MORT.

Cette terrible sentence ne s’applique pas seulement aux hommes qui rejettent tout à fait les avertissements de la Parole de Dieu. Elle s'applique aux personnes malheureusement trop nombreuses qui, en faisant profession d’une foi éclairée, se permettent sans scrupule diverses sortes de péchés, et s’offensent, comme, d’un outrage, fait à la grâce de Dieu, lorsque leurs frères les avertissent du danger de leur âme.

Il est vrai que, selon l'expression de Saint Pierre, les élus de Dieu sont gardés par sa puissance au moyen de la foi (1 Pierre, I, 5).

Mais Dieu seul connaît ceux qui sont siens. Celui seul, devant qui sont à découvert les abîmes insondables du gouffre et du sépulcre peut aussi sonder les coeurs des enfants des hommes et voir quels sont ceux qui sont conduits par l’Esprit.

Quant à nous, nous n'en pouvons juger, que par notre horreur pour le péché et notre désir de plaire à Dieu par une sanctification croissante, désir qui nous porterait, au contraire, à aimer qu’on nous reprît.

Si ce sont, là nos sentiments, nous pouvons; en effet, nous reposer sur la grâce de Dieu pour ne pas tomber dans la seconde mort.

Nous pouvons être certains qu’après avoir été appelés et sanctifiés en Dieu le Père, nous serons conservés par Jésus-Christ (Jude, I) jusqu’à ce qu’il nous introduise dans sa gloire.


VERSETS. 13-20.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Le cœur joyeux embellit le visage;

- mais la tristesse du cœur abat l’esprit.

Ce verset et ceux qui le suivent décrivent les effets d’un cœur joyeux ou de la sérénité de l’âme.

D’après la manière dont Salomon s’exprime, il nous paraît, en effet, vouloir parler surtout de la joie qui provient des dispositions du cœur, dispositions qui, comme on sait, influent encore bien plus sur notre bonheur que les circonstances extérieures de notre vie.

Salomon indique ici quelques-unes de ces dispositions qui entretiennent en nous la joie.

- Peu avec la crainte de l'Éternel, dit-il, vaut mieux qu’un grand trésor où il y a du trouble.

- La piété avec le contentement d’esprit est un grand gain, nous dit Saint Paul.

- Car nous n’avons rien apporté dans ce monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter; ainsi, pourvu que nous ayons de quoi nous nourrir et de quoi nous vêtir, cela doit nous suffire.

LA CRAINTE DE L'ÉTERNEL ou LA PIÉTÉ, car ici la signification de ce mot n’est pas douteuse, nous dispose naturellement au CONTENTEMENT D’ESPRIT.

Les hommes vraiment pieux savent qu’ils n’ont pas mérité le bonheur et qu’ils ont même encouru une condamnation éternelle dont ils ne sont délivrés que par un miracle de miséricorde.

Ils ne s’étonnent donc pas des privations qu’ils peuvent avoir à supporter ici-bas, et ils sont reconnaissants des biens que Dieu leur dispense.

De plus, ils savent que Dieu, qui est devenu leur Père en Jésus-Christ, sait ce qui convient à leur âme, et leur enverra l’exacte proportion de biens et de maux, qui est le plus propre à les faire avancer dans ses voies.

- Si donc ils ne possèdent que peu, ce peu leur procurera plus de vraies jouissances qu’un grand trésor n’en donnerait à un homme dépourvu de leurs précieuses convictions.

Une autre condition, sans laquelle la sérénité du cœur ne peut se conserver, c’est la concorde et l’affection mutuelle au sein d’une famille.

- Mieux vaut, dit Salomon, un repas d’herbes où il y a de l'amitié que celui d’un bœuf engraissé où il y a de la haine.

Il ne faudrait pas que ceux qui lisent ces paroles se hâtassent de conclure que de pareilles expressions sont trop fortes pour leur être applicables.

Dieu voit le péché dans son germe; et, si nous sondons attentivement notre cœur, nous y découvrirons peut-être par moments, même à l’égard de nos relations les plus intimes, des sentiments bien différents de ceux que l’affection doit inspirer.

Par une triste inconséquence de notre nature, c’est dans leur famille, c’est-à-dire précisément à l’égard des personnes qu’ils aiment le mieux, que bien des hommes se laisseront aller à des mouvements d’égoïsme, d’irritation ou d’amertume qu’ils ne se permettraient pas envers des étrangers.

On oublie que Dieu a confié, en grande partie, à chaque individu le bonheur, des personnes qui l'entourent, bonheur dont les éléments délicats exigent les plus grands ménagements et une attentive vigilance. Mais là, plus encore que partout ailleurs, la négligence ou l'accomplissement de notre devoir portent avec eux leur peine ou leur récompense; et tous les soins par lesquels nous travaillerons au bonheur de nos proches tourneront au profit de notre propre bonheur.

On pourrait mettre au nombre des dispositions qui favorisent le contentement d’esprit, cette force de caractère qui nous fait apprécier à leur valeur, et surmonter avec calme les petites difficultés de là vie.

Salomon exprime la disposition contraire en disant:

- La voie du paresseux est comme une haie de ronces;

- mais le sentier des hommes droits est un chemin battu.

En effet, lorsqu'on s’exagère les inconvénients de chaque résolution et qu’on ne sait pas discerner quelles sont les choses à l’importance desquelles les autres choses doivent se sacrifier, on est constamment arrêté dans ses démarches, et l’on est exposé à manquer bien des devoirs.

Mais il y a une remarque de plus à faire sur ce passage.

Ce n’est pas l'homme énergique, l’homme actif qui est ici opposé au paresseux, c’est de l'homme droit qu’il est dit que son sentier est un chemin battu.

Cela signifie probablement que si notre vrai désir est de remplir notre devoir, Dieu finira par nous accorder, dans les occasions les plus difficiles, les secours nécessaires pour discerner notre chemin.

Nous marcherons au but qu’il plaça, devant nous, même au travers des contradictions et des obstacles, et Dieu aplanira cas obstacles à mesure qu’il verra que nous savons les surmonter.

- L'enfant sage réjouit son père;

- mais l’homme insensé méprise sa mère.

Nous avons vu, dans un verset précédent, combien il était nécessaire au bonheur d’une famille que chacun de ses membres cherchât à y entretenir la concorde et l’amitié. Mais il y a, dans les relations domestiques, des liens et, par conséquent, des devoirs encore plus sacrés, pour ainsi dire, que tous les autres; et, parmi ceux-là, se placent, en première ligne, ceux que les enfants ont à remplir envers leurs parents.

Ce sont les seuls qui soient formellement prescrits déjà dans la loi du décalogue, et le commandement qui y est relatif précède tous ceux qui ont pour objet nos devoirs envers le prochain.

C’est aussi, comme le remarque Saint Paul, le premier commandement qui ait une promesse: Honore ton père et la mère, afin que tu sois, heureux et que tu vives longtemps sur la terre (Ephés., VI, 2).

Ce précepte est répété et développé, sous diverses formes, dans beaucoup de passages de l’Ancien et du Nouveau Testament. Au reste, la voix de la nature est si forte à cet égard qu’il semblerait que ces commandements n’eussent pas même été nécessaires.

Cependant Dieu sait de quoi nous sommes faits.

Il savait que l’orgueil étant une des premières passions qui se manifestent dans le cœur du jeune enfant, elle le porterait facilement à manquer de respect pour son père et pour sa mère, et que ce triste effet de l’orgueil continuerait trop souvent à se produire chez les hommes faits.

Aussi était-il ordonné, sous l'ancienne loi, que l’homme qui aurait maudit son père ou sa mère serait puni de mort. Et ici il est dit que l'homme insensé (l’homme et non pas seulement l’enfant) méprise sa mère.

Ces choses sont importantes à rappeler dans un temps où les liens de la subordination tendent tous à se relâcher, et où l’on est disposé à manquer de respect à ses supérieurs dans l'ordre de la nature, comme à ses supérieurs dans l’ordre de la société.

Heureux ceux qui peuvent encore honorer leur père et leur mère, s’ils savent profiler avec un saint empressement d’un aussi doux privilège! Une observation qui a souvent été faite, c’est que déjà, dans ce monde, on voit se réaliser les bénédictions promises à l’accomplissement de ce devoir.

En revanche, les hommes qui ont manqué de respect envers les auteurs de leurs jours en sont souvent punis, dès ici-bas, par l'ingratitude et le mépris que leur témoignent, à leur tour, leurs propres enfants. On peut dire de la piété filiale ce que le Saint-Esprit déclare de la piété envers Dieu, c'est qu’elle a les promesses de la vie présente aussi bien que de celle qui est à venir.


VERSETS 21 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- La folie est la joie de celui qui est dépourvu, de sens;

- mais l’homme prudent dresse ses pas pour marcher.

Celte sentence peut se compléter par celle du verset 24e: Le chemin de la vie élève l’homme prudent et lui fait éviter l’abîme profond.

Ces déclarations nous paraîtront déjà d’une bien grande valeur à ne les envisager que sous leur rapport temporel. On sait combien l’imprévoyance, l’irréflexion et les imprudences de diverses sortes peuvent compromettre la destinée, non seulement de celui qui s’en rend coupable, mais quelquefois aussi d’un grand nombre d’individus.

Cependant, il nous semble que c’est surtout dans un sens spirituel que ces paroles doivent se prendre.

Lorsqu’on envisage les choses de ce monde à la lumière de l’Évangile, on reconnaît qu’elles ne sont que des folies plus ou moins sérieuses, lorsqu’au lieu de contribuer à notre véritable bien, elles nous éloignent de Dieu et nous font oublier le compte que nous avons à rendre.

C’est ce qu’exprime l’Ecclésiaste en disant: Il y a des folies dans leur cœur durant leur vie, et après cela ils s'en vont chez les morts (Ecclés., IX, 3).

Mais il n’en est pas ainsi de l’homme qui possède la vraie prudence. Le chemin de la vie, au lieu de l’entourer d’illusions successives, le rapproche toujours davantage du but élevé auquel il tend.

Une fois qu’il a connu sa misère et l'amour infini de son Dieu sauveur, toutes les circonstances de son pèlerinage terrestre deviennent pour lui des moyens d’instruction et de sanctification. Il se défie de lui-même, il dresse ses pas pour marcher; en sorte qu’il ne prend aucune détermination sans avoir recherché l’approbation et imploré le secours de son Père, céleste.

- L’homme a de la joie de la réponse de sa bouche et qu’une parole dite à propos est bonne!

Cette déclaration est un peu difficile à comprendre dans tous ses termes.

Elle signifie probablement que l’effet produit par nos paroles nous donnera de la joie, quand ces paroles auront été ce qu’elles devaient être selon les circonstances, paroles d’avertissement, paroles de consolation, paroles d’humilité et de charité.

Si l’expérience ne nous enseigne que trop combien de maux peuvent résulter d’une parole imprudente et coupable, elle nous montre aussi, grâce à Dieu, et souvent beaucoup au-delà de nos prévisions, le bien que des paroles dites à propos peuvent produire.

La langue, dit Saint Jacques, est un petit membre, et elle peut se vanter de grandes choses. Si nous voulons que ces grandes choses puissent toujours être de notre part des choses bonnes, il faut mettre en pratique cette autre sentence:

- Le cœur du juste médite ce qu’il doit répondre;

- mais la bouche des méchants prononce des choses mauvaises.

C’est, le plus souvent, parce que nous ne nous donnons pas le temps de réfléchir à ce que nous allons dire, que nous prononçons tant de paroles qui, bien loin de nous donner de la joie, sont pour nous une abondante source de regrets et de remords.

- L’Éternel démolit la maison des orgueilleux,

- mais il affermit les bornes de la veuve.

Les veuves, étant privées de leur protecteur naturel, vivaient chez les Juifs, comme encore aujourd’hui chez beaucoup de nations, dans une sorte de dépendance. Elles peuvent donc représenter, en général, les personnes que leur isolement ou leur pauvreté exposent à toutes sortes de gênes. Mais précisément parce que ces personnes ont moins de secours à attendre des hommes, ce sont elles que Dieu protège particulièrement; et il est souvent répété, dans l’Écriture, que l'Éternel prend en main la cause de la veuve.

Ce qu’il y a de remarquable dans la sentence de Salomon, c’est l'opposition qu’il établit entre les orgueilleux et les veuves.

Cela semble indiquer que les hommes placés dans des circonstances favorables sont sujets à oublier que c’est de Dieu qu’ils tiennent tous les biens dont ils jouissent, biens que sa bonté seule leur conserve de jour en jour.

Ceux qui sont, au contraire, dans une position dépendante, sentent le besoin qu’ils ont du secours continuel de Dieu et sont entretenus dans des sentiments d’humilité et de confiance. C'est pour cela que Dieu leur fait sentir sa protection; car il est écrit:

DIEU RÉSISTE AUX ORGUEILLEUX, MAIS IL FAIT GRÂCE AUX HUMBLES.

- Celui qui est adonné au gain déshonnête trouble sa maison;

- mais celui qui hait les présents vivra.

La première partie de cette sentence suffirait pour nous expliquer la seconde. Puisqu’il s’agit ici de gain déshonnête, il est évident que les présents qu’il faut haïr sont ceux qu’un plaideur ferait à un juge pour l’engager à lui donner gain de cause aux dépens de la justice. C’est ainsi que David dit dans un psaume: N’assemble point mon âme avec les hommes sanguinaires dont la main droite est pleine de présents.

Il en est de même des présents qu’un accusé ferait à un juge pour l’engager à l’absoudre, malgré sa culpabilité.

La sentence de Salomon s’adresse donc particulièrement aux hommes que leurs fonctions appellent à rendre la justice au nom de la société. Mais il n’y a peut-être aucune vocation où les réflexions qu’elle suggère ne soient applicables.

Il se présente très souvent des circonstances où nous pouvons être tentés, par des considérations d’intérêt, de faire des choses qu’une scrupuleuse équité ne saurait permettre.

Souvenons-nous, dans ces occasions, que tout gain déshonnête, fût-il toléré par les hommes, nous expose à la colère de Dieu et finirait par apporter le trouble dans notre maison et dans notre cœur.

- La lumière des yeux réjouit le cœur, et la bonne renommée engraisse les os.

Le sens de ces paroles nous paraît être celui-ci: De même que la clarté du jour, en nous permettant de voir les objets qui nous entourent, est une source de jouissances continuelles, de même la certitude de posséder l’estime des autres est une des plus grandes sources de paix pour notre cœur.

La privation de cette paix pourrait, comme toute autre peine, nuire même à notre santé, ce qu’exprimait déjà une sentence du chapitre XVII, 22: Le cœur joyeux vaut une médecine; mais l’esprit abattu dessèche les os.

La bonne réputation est peut-être le plus précieux de tous les biens temporels; et cependant nous devons, s’il le faut, savoir la sacrifier à notre devoir envers Dieu. Il peut y avoir des occasions, en effet, où, pour obéir à Dieu, nous sommes obligés de tenir une conduite que les hommes méconnaissent et condamnent.

Notre cœur pourra quelquefois en éprouver de grands déchirements. Pensons alors, pour nous encourager, à ces paroles des apôtres: Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.

Pour moi, disait Saint Paul aux Corinthiens, il m’importe fort peu d’être jugé par vous, ni par aucun jugement d'homme... mais celui qui me juge, c’est le Seigneur.

Le dernier verset du chapitre confirme cette réflexion:

- La crainte de l'Éternel est une instruction de sagesse, et l'humilité va devant la gloire.

Oui, si nous pouvons nous égarer en recherchant l’approbation des hommes, nous ne nous tromperons JAMAIS en nous laissant diriger par la crainte de déplaire à Dieu.

SA PAROLE EST LA SEULE INSTRUCTION DE SAGESSE

QUE NOUS PUISSIONS RECEVOIR AVEC UNE ENTIÈRE CONFIANCE.

Laissons-nous donc humblement reprendre et corriger par ses leçons. Alors nous ferons toujours de nouveaux progrès dans la route qui mène à Dieu, et nous reconnaîtrons un jour, par notre bonheur éternel, que l’humilité va devant la gloire.




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