Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XIV.

VERSETS 1-9.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Toute femme sage bâtit sa maison;

- mais la folle la ruine de ses mains.

Il ne faudrait pas que les femmes passassent trop légèrement sur cette déclaration, quoiqu’elle n’ait pas besoin d’être expliquée.

Comme ce n’est pas aux femmes à diriger en grand les affaires de leur maison, il y en a qui s’imaginent pouvoir se livrer sans de grands inconvénients à leur penchant pour la prodigalité, pour la paresse ou le désordre. Mais c’est là une grave erreur; et l’on voit, au contraire, dans toutes les classes de la société combien la prospérité ou la ruine d’une famille dépendent de la prudente activité ou de la négligence avec laquelle une maîtresse de maison s’acquitte de ses devoirs.

Si cela est vrai dans les choses matérielles, que sera-ce sous les rapports encore plus importants de l’éducation des enfants et de l’influence qu’une femme exerce nécessairement sur ceux qui sont autour d’elle!

Ah! ce n’est pas seulement ici-bas qu’une femme sage bâtit sa maison et que la folle la ruine de ses mains.

C’est surtout dans l’existence à venir qu’elle savourera les bénédictions que Dieu aura accordées à ses soins spirituels pour sa famille, ou qu’elle aura à déplorer éternellement les tristes suites de sa négligence!

- Celui qui marche dans la droiture révère l’Éternel;

- mais celui dont les voies sont perverses, le méprise.

MÉPRISER DIEU! Cette expression, qui se retrouve assez souvent dans les Prophètes, paraît d’abord extraordinaire.

Comment l’homme, cet être d’un jour, qui n’a pas même la puissance de conserver un seul instant la moindre de ses facultés, pourrait-il mépriser Celui dont il reçoit de moment en moment la vie, la respiration et toutes choses?

Cependant il n’en est pas moins vrai que lorsque nous transgressons VOLONTAIREMENT les commandements de Dieu, NOUS MÉPRISONS L’AUTORITÉ DE CELUI QUI NOUS LES DONNE, tout comme on dit d’un gouvernement humain qu’il est méprisé lorsque la masse de la nation se permet de contrevenir à ses ordres.

Si donc nous voulons révérer l'Éternel, il faut marcher dans la droiture. Il faut chercher quelle est la volonté de Dieu à notre égard et y conformer par son secours nos sentiments et notre vie.

- Où il n'y a point de bœuf, la grange est vide;

- mais l’abondance du revenu provient de la force du bœuf.

Cette sentence est une espèce de comparaison destinée à nous faire comprendre que lorsqu’on veut obtenir un résultat, il faut employer les moyens qui, même indirectement, peuvent y conduire.

En effet, ce n’est pas d’une manière directe que des boeufs nous procurent du pain; et un enfant pourrait s’imaginer que, pour en avoir davantage, il faudrait mettre tout son terrain en blé au lieu d’en laisser une partie en herbe pour la nourriture do bétail. Il oublierait que si l’on n’a point de bœufs pour labourer la terre, le champ restera inculte et la grange dépourvue de blé.

Il y a beaucoup de choses dans lesquelles, sans raisonner comme un enfant, on agit souvent d’une manière aussi peu sensée.

Ainsi, un malade demandera les conseils d’un médecin; mais, tout en cherchant la guérison, il se refusera peut-être aux privations d’un régime, aux inconvénients d’un voyage ou à la douleur d’une opération, quoique ces moyens soient jugés nécessaires au rétablissement de sa santé.

On pourrait citer bien des exemples de ce genre dans les choses temporelles. Mais n’en est-il point de même dans les choses spirituelles?

Nous voulons obtenir le salut éternel, SALUT GRATUIT, mais INSÉPARABLE DE L’OBÉISSANCE, puisque Dieu nous sauve, afin de nous rendre saints (Ephés., I, 4).

Cependant lorsque Dieu nous appelle à des devoirs pénibles et à de longs renoncements, ou lorsque pour lui rester fidèle il faut nous soumettre à quelque sacrifice, ne nous arrive-t-il point de nous abattre en perdant courage?

N’oublions-nous jamais qu’il faut que le laboureur travaille avant de recueillir les fruits, et que celui qui combat n’est point couronné s’il n’a combattu suivant les lois!

C’est là ce que Saint Paul rappelait à son disciple Timothée pour le fortifier dans son pénible ministère (2 Tim., II, 5,6) et que nous devons répéter toutes les fois que nous sommes abattus par les diverses difficultés de la vie.

- Le moqueur cherche la sagesse et ne la trouve point;

- mais la science est aisée à trouver pour un homme entendu.

Nous voyons par l’opposition de ces deux sentences qu’ici, comme presque partout dans les Proverbes, la science signifie la connaissance des choses de Dieu, ce qui est le fondement de la sagesse.

Cette science ou cette sagesse, le moqueur la cherche et ne la trouve point, PARCE QU’IL N’A PAS UN VÉRITABLE DÉSIR de trouver ce qui contrarierait ses préventions ou ses convoitises.

Il ne croit pas d’une manière ferme à la divine inspiration des Écritures. Aussi, lorsqu’il y rencontre des choses contraires à ses propres idées, au lieu de soumettre son esprit aux déclarations de Dieu, il doute de leur réalité, il tord les Écritures, suivant l’expression d’un apôtre, et cherche à leur faire dire ce qu’elles ne disent pas.

Comment donc pourrait-il faire des progrès dans la vérité divine?

Saint Pierre nous cite un exemple de ce défaut de sincérité:

- Sachez, nous dit-il, qu’aux derniers jours, il viendra des MOQUEURS OUI SE CONDUIRONT PAR LEURS PROPRES CONVOITISES et qui diront: Où est la promesse de son avènement?

- Puis, il ajoute: Ils ignorent volontairement que la terre qui, autrefois a été tirée de l’eau, doit être détruite par le feu au jour du jugement et de la destruction des hommes impies (2 Pierre, III, 3-7).

Dans les versets qui suivent, Salomon parle des insensés et il les oppose comme les moqueurs aux hommes qui possèdent la véritable sagesse, c’est-à-dire à ceux dont la conduite est conforme à leur devoir.

- La sagesse d’un homme habile, dit-il, est de connaître les règles de sa conduite;

- mais la folie des insensés est la fraude.

Dans un verset précédent, il avait dit:

- La bouche de l’insensé est une verge d’orgueil;

- mais les lèvres des sages les conservent.

Peut-être faut-il comprendre ces paroles comme s'il y avait: La bouche de l’insensé est une verge POUR l’orgueil.

En effet, les hommes qui ne mesurent pas leurs paroles d’après la prudence et la charité, emploient souvent des expressions qui blessent l’orgueil de ceux auxquels ils s’adressent. Souvent aussi, ils s’attirent par là de leur part des humiliations de divers genres qui sont une verge pour leur propre orgueil.

Mais la plus remarquable peut-être des déclarations de ce chapitre, au sujet des insensés, est celle-ci du verset 9e:

- Les insensés excusent le péché;

- mais la bienveillance est parmi les hommes droits.

Bien des personnes s’imaginent que c’est en excusant le péché qu’on montre de la bienveillance. Il leur semble que c’est manquer de charité que de se montrer trop sévères à l’égard de bien des choses que l’opinion du monde tolère ou même approuve, quoiqu’elles soient contraires à la Parole de Dieu.

Mais Salomon nous fait comprendre combien une telle manière de juger est fausse.

- Ce qui est vraiment contraire à la charité, c’est de laisser notre prochain dans l’illusion de ses péchés et de l’empêcher ainsi de recourir au pardon de Dieu.

Dans le monde, on excuse le mal, et cependant il est rare que l’on pardonne les offenses.

La bienveillance chrétienne, au contraire, tout en détestant le péché, a de l’amour pour le pécheur; elle croit facilement à sa repentance, et elle est toujours prête à lui accorder son pardon.

C’est en nous conduisant ainsi que nous serons les imitateurs de Celai dont les yeux sont trop purs pour voir le mal et qui cependant ne veut pas la mort du pécheur, mais plutôt qu’il se convertisse et qu’il vive.


VERSETS 10-19.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


On rencontre à chaque instant dans les Proverbes une de ces paroles profondes, quoique simples, où se reconnaît l’inspiration de Celui qui, ayant créé le cœur de l’homme, en peut seul pénétrer tous les sentiments. Telle est celle-ci du verset 10e:

- Le cœur de chacun sent l’amertume de son âme,

- et un autre n’aura point de part à sa joie.

Oui: tous ceux qui ont connu la souffrance, tous ceux dont l’âme est douée de délicatesse et de sensibilité, savent combien leur cœur peut sentir d’amertume sans que personne autour d’eux ne la comprenne et ne puisse la deviner.

Il y a beaucoup de sentiments que la prudence, et même la prudence chrétienne, nous empêche de communiquer, ou qu’un instinct secret nous avertit de taire, parce qu’ils ne seraient pas compris.

Si Dieu permet que le fidèle dans la souffrance éprouve souvent ainsi un pénible isolement, c’est afin que ses besoins de sympathie le conduisent au seul ami qui puisse toujours, non seulement le comprendre, mais aussi le soulager dans ses douleurs.

- Éternel mon Dieu, dit David, j’ai crié vers toi, et tu m’as guéri (Ps. XXX, 3).

- J’ai cherché l’Éternel, dit-il ailleurs, et il m’a répondu et m’a, délivré de toutes mes frayeurs.

- L’a-t-on regardé? On en est illuminé et leurs faces ne sont point confuses (Ps. XXXIV, 5, 6).

C’est lui qui fait la plaie et qui la bande, dit un prophète. De même, le cœur éprouve quelquefois des joies qui ne sont pas de nature à être communiquées. Mais si, sur la terre, un autre n’y a point de part, le fidèle peut toujours les rendre plus complètes en les recevant avec actions de grâces de la main de son Dieu Sauveur.

- La maison des méchants sera détruite;

- mais la tente des hommes droits fleurira.

- Il y a telle voie qui semble droite à l’homme,

- mais dont l’issue sont les voies de la mort.

Pour peu que l’on ait quelque idée de la religion, on sait que les méchants seront punis et que Dieu bénira les justes. Mais ce que nous avons besoin de bien connaître, c’est ce que signifie dans l’Écriture LE TERME DE MÉCHANT, afin de ne pas nous faire d’illusions dangereuses sur notre état et de n’être pas de ceux dont la voie semble droite à l’homme, tandis que son issue sont les voies de la mort.

II y a plusieurs passages dans l’Ancien et le Nouveau-Testament qui nous font comprendre que:

TOUS LES HOMMES, DONT L’ÂME N’A PAS ÉTÉ RÉGÉNÉRÉE

PAR LE SAINT-ESPRIT,

SONT ENCORE DES MÉCHANTS AUX YEUX DE DIEU.

La manière dont l’Écriture parle du monde peut aussi nous le confirmer.

- Nous savons, dit Saint Jean au nom des fidèles, que nous sommes de Dieu et que tout le monde est plongé dans le mal.

Ailleurs il s’exprime ainsi:

- N'aimez point le monde ni les choses qui sont dans le monde.

- Si quelqu’un aime le monde, l'amour du Père n’est point en lui, car tout ce qui est dans le monde, savoir: la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais du monde.

- Et le monde passe et sa convoitise; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement (1 Jean, V, 19; 11, 15-17).

Ce n’est pas seulement dans l’existence à venir que nous aurions à regretter d’avoir suivi les voies du monde plutôt que celles de la piété.

- Même en riant le cœur sera triste, ajoute Salomon,

- et la joie finit par l’ennui.

Lorsqu’on n’a d’autre but dans la vie que le bonheur de cette vie, on ne réussit jamais à l’atteindre. Il faut à notre âme un objet plus relevé qui la sorte de son égoïsme; et cet objet, elle ne peut le trouver qu’en Dieu.

Jusque-là, elle éprouvera, même au milieu de circonstances prospères, un vide et un malaise dont elle ne se rend pas compte, et qui se tournent souvent en mécontentement et en amertume.

Il y aura sans doute des moments de dissipation, où l’âme, absorbée par le plaisir, oublie tout le reste. Mais ces moments sont bien courts, et ils laissent après eux une tristesse que le contraste ne rend que plus pénible.

Combien ne sont pas différentes les joies sérieuses de la piété, joies pour lesquelles il n’est pas nécessaire de s’étourdir sur sa véritable destinée, et que nous sentirons au contraire avec toujours plus de profondeur, à mesure que nous connaîtrons mieux et notre propre misère et la miséricorde de Dieu en Jésus-Christ notre Sauveur.

Le verset qui suit est un peu plus difficile à comprendre:

- Celui qui a le cœur pervers sera rassasié de ses voies,

- mais l’homme de bien le sera plus que lui.

Cela signifie probablement que l’âme fidèle est destinée à un bonheur encore plus grand que ne sera le malheur de ceux qui seront restés éloignés de Dieu. C’est ainsi qu’il est dit dans le second commandement:

- Je suis un Dieu fort et jaloux qui punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu’à LA TROISIÈME ET LA QUATRIÈME GÉNÉRATION de ceux qui me haïssent, et qui fait miséricorde JUSQU’À MILLE GÉNÉRATIONS à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements.

L’Écriture nous dit que Dieu est amour et que le châtiment est son œuvre étrange.

Il nous adresse des menaces qui nous sont nécessaires à cause de la dureté de notre cœur; mais c’est le plus souvent par les promesses de sa miséricorde qu’il attire nos âmes à lui, afin que nous trouvions dans sa communion une félicité éternelle.

- Un homme simple croit tout ce qu'on lui dit;

- mais un homme bien avisé considère ses pas.

- Le sage craint, et il évite le mal;

- mais l'insensé se met en colère et se tient assuré.

- L'homme emporté fait des folies, et l'homme rusé est haï.

- Les imprudents possèdent la folie;

- mais les bien avisés sont couronnés de science.

La simplicité de cœur nous est souvent recommandée dans l’Écriture; et nous voyons ici que l’homme rusé est haï. Mais alors il s’agit d’une simplicité qui ne soit pas contraire à la prudence. Notre Seigneur disait même à ses disciples: Soyez prudents comme des serpents et simples comme des colombes.

Ce que Dieu nous prescrit en nous disant d’avoir l’œil simple et le cœur simple, c’est de ne voir qu’une seule chose et de ne nous attacher qu’à une seule chose; c’est de vivre en un mot, selon l’esprit de cette déclaration: UNE SEULE CHOSE EST NÉCESSAIRE.

La disposition contraire à cette simplicité, c’est celle par laquelle notre cœur est partagé entre Dieu et les objets de ce monde, celle par laquelle, tout en voulant conserver notre titre aux promesses de Dieu dans l’éternité, nous voudrions, en même temps, ne pas renoncer aux jouissances de la vie présente.

Mais la simplicité que condamne ici Salomon signifie tout autre chose que la simplicité évangélique, puisqu’il la met en opposition avec cette prudence qui nous porte à considérer nos pas, c’est-à-dire à bien peser toutes nos démarches.

Les versets que nous avons lus nous enseignent, dans leur ensemble,

1. d’un côté, à ne pas nous laisser séduire par de mensongères promesses;

2. et, de l’autre, à redouter les dangers dont on nous avertit au lieu de nous irriter contre ceux qui nous les signalent.

Ces règles sont utiles à suivre dans toutes les affaires de la vie; mais elles sont surtout nécessaires dans ce qui concerne nos intérêts spirituels. C’est là que nous croyons trop facilement à notre propre force et que nous ne craignons pas assez les dangers auxquels certaines positions pourraient nous exposer.

C’est là qu’il est particulièrement vrai que les imprudents possèdent la folie et que les bien avisés seront seuls couronnés de science.

Sachons donc nous défier, et de notre propre faiblesse, et des ruses de notre grand adversaire.

Souvenons-nous que cet ennemi tourne autour de nous comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer, et que nous ne pourrons lui résister que par la fermeté de notre foi, par la vigilance et par la prière


VERSETS 20 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Le pauvre est haï même de son ami;

- mais les amis du riche sont en grand nombre.

Il est bien évident que cette sentence n’est que la déclaration d’un fait.

Son but ne peut pas être certainement d’autoriser l’égoïsme qui dispose trop de personnes à se faire les amis de ceux qui sont placés de manière à leur être utiles, et à s’éloigner peu à peu de celles de leurs anciennes relations dont la pauvreté humilierait leur orgueil.

Nous voyons même ici combien une pareille disposition nous rend coupables aux yeux de Dieu, puisque Salomon ajoute:

- Celui qui méprise son prochain se fourvoie du droit chemin;

- mais celui qui a pitié des affligés est heureux.

Il dit encore au verset 31:

- Celui qui fait tort au faible déshonore Celui qui l’a fait;

- mais celui-là l’honore qui a pitié du nécessiteux.

Nous honorons donc notre Créateur lorsque, aimant comme nos semblables tous les hommes quels qu’ils soient, nous nous empressons d’assister de nos dons et de nos services ceux qui ont besoin de ces divers secours.

Mais lorsqu’il s’agit de nos frères en la foi, nous sommes encouragés par UNE PROMESSE ENCORE PLUS PRÉCIEUSE à leur faire tout le bien qui est en notre pouvoir. Les choses que vous aurez faites à l’un des plus petits de mes frères, nous dit Jésus, vous me les avez faites à moi-même.

Les sentences des Proverbes ont quelque chose de simple et de frappant à la fois qui les grave dans la mémoire. Telle est en particulier celle-ci du verset 23:

- En tout travail il y a quelque profit;

- mais les vains discours ne tournent qu’à disette.

Ici, ce ne sont pas seulement les paroles proprement coupables qui sont condamnées, ce sont encore les paroles INUTILES, FRIVOLES, VIDES DE SENS, par lesquelles on remplace si souvent des conversations qui pourraient être intéressantes et même édifiantes.

Tous ceux dont la conscience est plus ou moins réveillée, auront senti d’une manière pénible combien il est vrai que ces vains discours ne tournent qu’à disette, puisqu’ils appauvrissent l’âme au lieu de la nourrir.

Nous y sommes très facilement entraînés à cause de notre légèreté naturelle. Aussi chacun de nous devrait-il faire plus d’efforts pour que les entretiens auxquels il prend part soient dirigés de manière à n’être pas sans utilité pour lui-même ou pour les autres.

- Les richesses des sages leur sont comme une couronne;

- mais la folie des insensés est toujours folie.

Il s’agit ici de la véritable sagesse, celle qui consiste à attribuer aux choses du temps et à celles de l’éternité leur véritable valeur et à agir en conséquence. Cette sagesse, les richesses ne la donnent pas; mais elles sont souvent l’occasion qui la manifeste.

Ainsi, plus un homme sera connu par son opulence, plus on sera frappé de le voir employer ses biens, non à satisfaire sa sensualité ou son orgueil, mais à soulager les misérables et à concourir à l’avancement du règne de Dieu.

Ses richesses serviront donc à le faire reconnaître pour un homme sage et seront comme une couronne qui le fera briller aux regards.

Quant à l’homme insensé, au contraire, qui ne vit que pour les intérêts du temps présent, les richesses qu’il pourra posséder mettront seulement dans une plus grande évidence la folie de ses principes.

- Le témoin fidèle délivre les âmes;

- mais celui qui prononce des mensonges n’est que tromperie.

Quelles que soient les circonstances grandes ou petites dans lesquelles un homme est appelé à rendre quelque témoignage, il est nécessaire que ce témoignage soit fidèle. Mais par un témoin fidèle qui délivre les âmes, il est probable que le Saint-Esprit entend particulièrement l’homme qui rend témoignage de la vérité de Dieu.

La vocation que notre Seigneur avait donnée à ses apôtres, en quittant la terre, était:

Vous me servirez de témoins tant à Jérusalem que dans toute la Judée, la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre (Actes, I, 8. — Voir Luc, XXIV, 48. Actes, 1, 22, etc.).

Ce témoignage, transmis de siècle en siècle dans l’Église, est arrivé jusqu’à nous.

Son but est de délivrer les âmes, puisque c’est pour nous sauver de la condamnation que Jésus-Christ est venu dans le monde.

Mais pour que ce but puisse être atteint, il faut que le témoignage soit fidèle!

Combien n’est donc pas effrayante la responsabilité de ceux qui, à quelque titre que ce soit, sont appelés à instruire leurs frères sur les vérités du salut! Et quelle ne doit pas être l’ardeur de leurs efforts et de leurs prières pour que leurs enseignements, dégagés de toute erreur dangereuse, puissent, par la grâce de Dieu, amener les âmes à la conversion et au bonheur.

- Il y a une ferme assurance dans la crainte de l'Éternel;

- et il y aura une sûre retraite pour les enfants de celui qui le craint.

- La crainte de l’Éternel est une source de vie pour se détourner des pièges de la mort.

Ce n’est pas directement que la crainte de Dieu nous donne de l’assurance. Mais lorsqu’elle domine dans notre cœur, elle nous affranchit de la crainte des hommes. Par là, elle nous donne le courage d’agir toujours d’une manière conforme à nos convictions, et elle nous délivre des tentations auxquelles pourraient nous entraîner la crainte ou l’amour du monde.

- La magnificence d’un roi consiste dans la multitude du peuple;

- mais quand le peuple manque, c’est la ruine du prince.

Le but de cette sentence est peut-être de diminuer l'orgueil des rois en leur faisant comprendre que leur gloire se tire de la nation dont ils sont les chefs, et que ce n’est pas la nation qui tire sa gloire de celui qui la gouverne.

On peut appliquer ce raisonnement aux diverses positions de la vie.

Les richesses de l’homme le plus opulent n’auraient pour lui aucune valeur s’il ne pouvait pas par leur moyen acheter les services des hommes pauvres qui l’entourent. Il ne doit donc pas se croire supérieur à ceux dont les services lui sont aussi nécessaires que peut l’être pour eux la portion de ses biens avec laquelle il les rétribue.

- Celui qui est lent à la colère est dm grand sens;

- mais celui qui est prompt à se courroucer excite la folie.

Tout développement ne ferait qu’affaiblir une déclaration dont chacun reconnaît la profonde vérité, quoique malheureusement sans la mettre toujours en pratique.

Nous nous bornerons à citer là-dessus l'exhortation de Saint Jacques: Ainsi, mes frères bien-aimés, que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler et lent à se mettre en colère. Car la colère de l’homme n’accomplit point la justice de Dieu.

Lorsque nous lisons cette autre déclaration dont l'expression est si frappante:

- Le coeur tranquille est la vie du corps;

- mais l’envie est la vermoulure des os,

nous ne devons pas en conclure que l’envie soit la seule disposition coupable qui nous rende malheureux. C’est, au contraire, d’une manière générale que Salomon déclare ensuite que le méchant sera poussé au loin par sa malice, tandis que le juste trouve une retraite même en sa mort.

Ce passage peut signifier que celui qui rejette la grâce de Dieu, tombera dans des péchés toujours plus grands; ou bien aussi que, pour le punir, Dieu lui enverra divers genres de souffrances.

Quant au juste, il peut bien avoir aussi des maux en grand nombre, mais au milieu de ces maux, il trouve une retraite, c'est-à-dire une source de paix et d'assurance dans le sentiment de l’amour paternel de son Dieu, sentiment qu’il peut conserver même aux approches de la mort. C’est ainsi que Job s’écriait: Voilà qu’il me tue, je ne laisserai pas d’espérer en lui!

Si le juste ou l’homme qui sert Dieu est plus heureux déjà dans ce monde que l’homme qui ne le sert pas, la différence est encore plus frappante lorsqu’il s’agit de peuples et non d’individus:

- La justice élève une nation;

- mais le péché est la honte des nations.

Comme la justice de Dieu envers les nations ne peut s’exercer que dans ce monde, il a arrangé les choses de manière à ce que l’impiété et le vice ne peuvent dominer chez un peuple sans qu’il en résulte des maux de divers genres qui finissent par amener sa ruine.

On a prétendu quelquefois que les gouvernements n’étaient pas liés par les mêmes règles de morale et de justice auxquelles sont soumis les individus; mais l’expérience a montré combien ils s’attirent de malheurs lorsqu’ils veulent s’y soustraire.

Ceux qui aiment leur patrie doivent donc, avant tout, contribuer pour leur part à y faire régner la piété et le respect pour tous les devoirs. La bénédiction qu’ils attireront ainsi sur leur pays commencera par être leur partage, selon cette parole de nos versets:

La miséricorde et la vérité seront pour ceux qui procurent le bien.



 

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