Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XIII.

VERSETS 1-11.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- L’enfant sage écoute l’instruction de son père;

- mais le moqueur n’écoute point la correction.

En rapprochant ce verset du verset 10:

- L’orgueil ne produit que des querelles;

- mais la sagesse est avec ceux qui prennent conseil,

nous pourrons ne pas borner aux enfants l'utile leçon qu’il renferme. Sans doute, c’est tout premièrement aux enfants qu’elle s’adresse. Ce sont eux qui doivent écouter, non seulement les instructions, mais encore les corrections de leurs parents; c’est-à-dire se bien rendre compte de la faute pour laquelle on les punit, afin de s’en humilier et de ne pas y retomber dans une occasion semblable.

Mais le même orgueil qui déjà visible, hélas! dans le tout jeune enfant, le fait si souvent résister à la correction paternelle, nous empêche aussi nous-mêmes de rechercher ou de suivre les conseils qui nous seraient utiles; et c’est lui qui, dans les occasions les plus petites comme dans les plus grandes, excite ou prolonge la plupart des querelles, soit des individus, soit des nations.

Ne peut-on pas dire aussi que c'est l’orgueil qui nous empêche souvent d'écouter la correction de notre Père céleste, ou qui, comme, s’exprime Saint Paul, nous fait mépriser le châtiment du Seigneur?

- Ne nous étonnons pas des avertissements continuels que nous rencontrons dans l’Écriture contre une disposition si fortement enracinée dans le cœur de l’homme, et qui est la source de tant de péchés envers nos semblables et envers Dieu!

Nous ne nous étonnerons pas non plus que le livre des Proverbes en particulier nous avertisse si souvent de prendre garde à nos paroles.

- L’homme sera rassasié de biens par le fruit de sa bouche;

- mais l’âme de ceux qui agissent perfidement mangera l’extorsion.

- Celui qui garde sa bouche garde son âme;

- mais celui qui ouvre à tout propos ses lèvres, tombera en ruine, etc.

Lequel de nous n’a pas tous les jours à déplorer quelque péché commis en paroles?

Par conséquent, lequel de nous ne serait pas plus heureux si, au lieu d'ouvrir à tout propos ses lèvres il savait garder sa bouche jusqu’à ce qu’il se fût assuré que ce qu’il va prononcer n’est ni une exagération, ni une flatterie, ni une expression de colère, ni une médisance, ni aucune autre parole coupable?

Plusieurs des déclarations qui suivent peuvent se prendre dans un sens temporel et dans un sens spirituel. Telle est celle-ci du verset 4:

- L’âme du paresseux ne fait que souhaiter, et il n’a rien;

- mais l’âme des diligents sera engraissée.

S’il est évident qu’un homme paresseux, dans son travail, ne pourra pas acquérir les richesses qu’il souhaite, il n’est pas moins certain qu’une âme qui voudrait avancer dans la foi et dans la piété, mais qui ne fait aucun effort vers ce but, ne parviendra jamais à l’atteindre.

Il ne faudrait pas nous tranquilliser dans notre indolence, en nous disant que c’est Dieu seul qui peut convertir et sanctifier ses enfants.

En toutes choses Dieu veut que nous soyons ouvriers avec lui; et c’est en nous donnant la volonté et la force de faire des progrès dans les diverses dispositions chrétiennes, qu’il remplit à notre égard les vues paternelles de sa grâce.

C'est ce qu’exprime Saint Paul dans ces paroles remarquables:

- Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, car c’est Dieu qui produit en vous et la volonté et l'exécution selon son bon plaisir.

Nous devons donc faire autant d'efforts pour avancer dans la connaissance de Dieu et pour combattre nos mauvais penchants que si le succès dépendait de ces efforts mêmes. En même temps nous y serons encouragés par la pensée que Dieu, qui veut notre sanctification, l'accordera certainement à notre fidélité et à nos prières.

- Tel se fait riche qui n’a rien du tout,

- et tel se fait pauvre qui a de grands biens.

Il nous semble que c’est surtout dans le sens spirituel qu’il faut prendre cette parole.

Il y a des personnes qui se font de grandes illusions sur l’état de leur âme.

Quelquefois, elles ne reconnaissent pas la misère profonde dans laquelle sont plongés tous les hommes depuis la chute de nos premiers, parents.

Elles s'imaginent qu’il suffit de ce qu’on appelle dans le monde avoir de la moralité, pour nous rendre agréables à Dieu; et elles ne se font aucune idée de ce que signifie la régénération ou la nouvelle naissance sans laquelle nul ne peut voir le royaume des cieux.

C’est à de telles personnes que s’applique cette parole de l’Écriture:

- Tu dis: Je suis riche, je me suis enrichi et je n’ai besoin de rien; et tu ne connais pas que tu es malheureuse et misérable, et pauvre, et aveugle, et nu.

D’autres personnes moins aveuglées reconnaissent bien la nécessité de la conversion; mais elles croient trop facilement être converties, parce que leur esprit a accepté les grandes doctrines du christianisme et qu’elles ont du plaisir à les entendre développer.

- Si le cœur et la conscience ne sont pas atteints de manière à produire un changement visible dans la conduite, ces personnes n’ont pas éprouvé une véritable conversion.

C’est d’elles que l’Écriture dit: Tu as la réputation d’être vivant, mais tu es mort; et on peut leur appliquer cette sentence: Tel se fait riche qui n’a rien du tout.

D’un autre côté, il arrive souvent à des âmes timorées de croire qu’elles n’ont pas la foi parce qu’elles n’ont pas cette assurance positive de leur salut que possèdent quelques chrétiens.

Mais les personnes qui pensent ainsi prouvent cependant leur foi par leur humilité même et par leur désir d’avancer dans la connaissance et dans l’amour de Dieu. On peut donc leur appliquer cette parole: Tel se fait pauvre qui a de grands biens.

Quelque faible que soit leur foi, elles doivent être encouragées par la pensée que cette foi est un don de Dieu, et que Dieu achèvera l’œuvre qu’il a commencée. II faut qu’elles se servent de ce grain de foi pour demander de nouvelles grâces qui les exciteront à de nouvelles prières; et c’est ainsi qu’elles avanceront peu à peu dans la route qui nous mène au bonheur éternel.

Le verset suivant, dont le sens ne peut être que temporel, paraît d’abord difficile à comprendre:

- Les richesses font qu’un homme peut racheter sa vie;

- mais le pauvre n'entend, point de menaces.

Nous savons, au contraire, par toute la teneur de l'Écriture et même par des déclarations expresses (Ps. XLIX, 7-10. Luc , XII, 15, etc.), que nous ne pouvons, par nos richesses, ni conserver ici-bas notre vie ni racheter notre âme de la condamnation.

Aussi le vrai sens de ce passage, tel qu’on le voit dans plusieurs versions, paraît être celui-ci: Les richesses font qu’un homme est rançonné; ce qui s’accorde mieux avec la contrepartie de cette sentence: Mais le pauvre n’entend point de menaces.

En effet, il y a bien des occasions de guerre ou de brigandage dans lesquelles on se saisira d’un homme riche, afin de lui faire payer une forte rançon, tandis qu’on laissera libre un homme pauvre dont il n’y aurait rien à attendre.

Cette remarque peut se faire dans un sens plus général.

Les usages de la société soumettent les personnes riches à toutes sortes d’exigences auxquelles ne sont pas astreintes les personnes placées dans une autre position. Les exigences, toujours plus ou moins gênantes, deviennent des tentations dangereuses lorsqu’elles sont en désaccord avec les scrupules d’une conscience réveillée par l’Esprit de Dieu. C’est donc une illusion bien trompeuse que de s’imaginer, comme on le fait si souvent, que de grandes richesses procurent le bonheur. Sous ce rapport, comme sous beaucoup d’autres, Dieu a établi des compensations qui rendent l’inégalité des destinées humaines dans ce monde moins considérable qu’on ne le croirait d’abord.

- L’essentiel, c’est que chacun se souvienne que SA POSITION LUI A ÉTÉ ASSIGNÉE PAR LA SOUVERAINE SAGESSE, comme celle qui convenait le mieux à son véritable bonheur.

Quelles que soient nos circonstances, cherchons à bien connaître les devoirs de notre position, afin de les remplir avec zèle dans l’intérêt de la gloire de Dieu. C’est ainsi que cette parole de nos versets: La lampe des justes réjouira, pourra nous être applicable; car notre Seigneur a dit: Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.

- La lampe des justes réjouira;

- mais la lampe des méchants s’éteindra, nous dit Salomon.

- Oui, tandis que la lampe des VIERGES FOLLES, de ceux qui ne font qu’une stérile profession de l’Évangile, s’éteindra dans les ténèbres du dehors,

- celle des justes, entretenue par l’huile de la grâce de Dieu, brillera d’un éclat toujours plus pur, jusqu’à ce que, comme les VIERGES SAGES, ils soient appelés au banquet des noces de l'Agneau!


VERSETS 12 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- L’espérance différée fait languir le cœur;

- mais le souhait accompli est comme l'arbre de vie.

Cette sentence doit peut-être se compléter par celle du verset 19;

- Le souhait accompli est une chose douce à l'âme;

- mais se détourner du mal est en abomination aux insensés.

Ici, il est vrai, on a un peu de peine à saisir la liaison qui existe entre les deux parties de la sentence. On ne peut l’expliquer qu’en supposant que le souhait était relatif à des intérêts SPIRITUELS, intérêts qui ne touchent point l’insensé, puisque, au contraire, il redouterait d’être détourné de ses coupables habitudes.

On comprend, en même temps, comment des souhaits qui se rapportent à notre avancement dans la foi et la sanctification soient un arbre de vie pour l’âme qui les a formés et dans laquelle ils s’accomplissent.

- De tels désirs, lorsqu’ils sont sincères, ne peuvent manquer d’être réalisés tôt ou tard, puisque c’est Dieu qui les excite et qui les exauce.

- L’espérance peut être différée pour provoquer davantage en nous l’humilité et l’esprit de prières; mais à la fin, celui qui cherche trouve, celui qui demande reçoit, et on ouvre à celui qui heurte.

Si nous voulons recevoir ces bénédictions, il faut que nos prières soient accompagnées de la lecture ATTENTIVE et RESPECTUEUSE de la Parole de Dieu, ainsi que de SINCÈRES EFFORTS POUR OBÉIR À SES PRÉCEPTES:

- Celui qui méprise la Parole périra à cause d’elle;

- mais celui qui respecte le commandement en aura la récompense.

Il y a des chrétiens qui ne cherchent dans la Parole de Dieu que les consolations et les promesses dont elle abonde pour ceux qui ont mis leur confiance en Jésus-Christ.

Il leur semble qu’en leur parlant de préceptes et de devoirs, on les fait descendre des hautes contemplations auxquelles ils aiment à élever leur âme. Ce n’est pas qu’ils nient précisément la nécessité de l’obéissance; mais ils supposent qu’il n’est pas indispensable de beaucoup s’en occuper, et qu’elle découlera tout naturellement de la foi et de l’espérance qu’ils cherchent à entretenir dans leur coeur.

Cela serait vrai si nous n’étions pas naturellement disposés au mal et comme sur une pente glissante où des efforts continuels peuvent seuls nous empêcher de descendre toujours plus bas. Aussi la Parole de Dieu est-elle remplie de préceptes détaillés que nous devons étudier avec soin pour les appliquer à notre conduite.

Nous devons aussi mettre de l’empressement à rechercher les instructions et les conseils que peuvent nous donner, à cet égard, les hommes qui sont plus avancés que nous dans l’expérience des choses spirituelles.

- L'enseignement du sage est une source de vie pour se détourner des pièges de la mort..... Tout homme bien avisé agira avec connaissance;

- mais l’insensé fera voir sa folie

- La pauvreté et l’ignominie arriveront à celui qui rejette l’instruction;

- mais celui qui profite de la répréhension sera honoré.

Entre ces deux dernières sentences, il s’en rencontrait une dont l’objet est différent.

Elle se rapporte à la vérité dans les discours; mais ici ce devoir nous est présenté dans une de ses applications particulières:

- Le méchant messager tombera dans le mal;

- mais le messager fidèle est santé.

Ce n’est pas seulement dans des occasions importantes que celui qui est chargé de quelque message doit s’en acquitter scrupuleusement. Nous devons y prendre garde même dans les plus petites circonstances.

Il y a une véritable infidélité envers la personne dont nous transmettons les paroles à ne pas les répéter avec exactitude, du moins quant au sens qu’elles doivent présenter.

Se permettre, comme on le fait trop souvent, d’y ajouter ou d’en retrancher quelque chose par un motif d’intérêt personnel, c’est manquer à la justice non moins qu’à la vérité.

Nous ne sommes même pas innocents quand c’est par simple négligence que nous transmettons inexactement le message dont nous avions été chargés; car nous ne savons pas quel tort il peut en résulter quelquefois pour la personne que cela concerne.

On a dit avec raison que la véracité est un art aussi bien qu’une vertu; et c’est un art qu’il faut cultiver avec soin, surtout lorsqu’on est encore à l’âge où se forment les habitudes.

- Celui qui fréquente les sages deviendra sage;

- mais le compagnon des fous sera accablé.

On trouverait difficilement, dans tout le livre des Proverbes, une déclaration dont la vérité soit plus incontestable et plus incontestée; mais jamais on ne la met en pratique avec assez de soin dans toutes les diverses applications dont elle est susceptible.

- Ce sont, en particulier, les pères et mères chrétiens qui doivent s’attacher fermement à cette maxime dans le choix des personnes dont ils entourent leurs enfants, puisque autrement ils risqueraient qu'une influence contraire ne vint s’opposer à l’effet de leurs enseignements et de leur exemple.

Les versets suivants sont relatifs aux bénédictions temporelles que Dieu accorde aux justes, c’est-à-dire à CEUX QUI L’AIMENT ET QUI CHERCHENT À LUI OBÉIR.

Nous répéterons ici que, sous l’ancienne alliance, ces bénédictions formaient le plus fréquent objet des promesses de Dieu, tandis que, sous la nouvelle, c’est principalement le bonheur de la vie à venir qui nous est présenté comme le but de nos espérances.

Cependant Dieu nous donne, dès ici-bas, par son Esprit, les arrhes de l’héritage éternel qui nous attend dans les cieux (2 Cor., V, 5); et un des premiers effets de cet Esprit est de produire en nous la paix et la joie (Gal.; V, 22. Rom., XIV, 17). Que pourrions-nous espérer de plus sur cette terre de douleur et de péché?

Parmi les versets dont nous parlons, il en est un qui paraît difficile à comprendre:

- Il y a beaucoup à manger dans les champs des pauvres;

- mais il y a tel qui est consumé faute de jugement.

On voit, par la seconde partie de cette sentence, ainsi que par celles qui la précèdent, que les pauvres dont il s’agit ici sont au nombre de ces justes que Dieu promet de bénir.

C’est à cause de cette bénédiction que leurs champs, quoique petits, fourniront beaucoup à manger et suffiront aux besoins de leurs familles.

Enfin, l’avant-dernier verset du chapitre est celui-ci:

- Celui qui épargne sa verge hait son fils;

- mais celui qui l’aime se hâte de le châtier.

Il y a des personnes à qui de pareilles déclarations sont pénibles et qui répugnent à toute punition corporelle. Cependant l’expérience a prouvé que ce moyen d’éducation est souvent nécessaire et peut avoir de très bons résultats lorsqu’il n’est employé que dans les occasions les plus graves.

II faut surtout remarquer que, dans ce passage, ainsi que dans d’autres du même genre, CE N’EST QU’AUX PÈRES ET AUX MÈRES QUE LE SAINT-ESPRIT S'ADRESSE.

On ne peut donc s’en autoriser pour punir un enfant de cette manière que si l'on a dans le cœur, pour cet enfant, toute la tendresse que suppose la relation paternelle.

Hors de là, on ne ferait qu’exercer la plus coupable tyrannie.

Non seulement on ne doit punir un enfant que par amour pour lui, comme la sentence de Salomon nous le rappelle, mais il faut que dans le châtiment même il puisse s’apercevoir de cet amour et comprendre combien toute punition est pénible à celui qui la lui inflige. Aussi devons-nous bien nous garder de croire que cette expression: Se hâte de le châtier, suppose et autorise un mouvement de colère.

Elle signifie plutôt que, dès que nous voyons là-dessus clairement notre devoir, nous devons le remplir avec décision, en faisant taire pour cela les sentiments de notre cœur.

Trop de sévérité dans l’éducation est une chose encore plus fâcheuse peut-être que trop de faiblesse.

Heureux les parents qui, dirigés par la Parole et par l’Esprit de Dieu, savent toujours joindre la douceur à la fermeté et remplissent fidèlement, selon leurs forces, la tâche aussi difficile que belle que la Providence leur a assignée!




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