Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE XII.

VERSETS 1-10.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


- Celui qui aime l’instruction aime la science.

Cette sentence du premier verset paraît presque superflue tant la chose est évidente en elle-même. On suppose, en effet, qu’il est impossible d’aimer la science, c’est-à-dire de désirer d’être savant dans quelque genre que ce soit, sans aimer l’instruction, c’est-à-dire sans rechercher les leçons de ceux qui peuvent nous instruire.

Il n’est pas rare cependant qu’un ridicule orgueil mette des obstacles à une marche aussi simple. Bien des gens reconnaîtront, d’une manière générale, qu’ils sont ignorants sur tel ou tel sujet; puis, lorsque, sur un point particulier, on voudra leur montrer qu’ils sont dans l’erreur, ils défendront obstinément leur opinion, ou bien ils décourageront, par leur air d’indifférence, la personne qui aurait été disposée à les instruire.

- Mais c’est surtout à l’égard de la science religieuse, de la science du salut, que la sentence de Salomon est loin d’être superflue.

- C’est d’elle aussi dont il veut particulièrement parler, puisqu’il ajoute: Mais celui qui hait d’être repris est un insensé.

Sans doute, dans tous les genres de connaissances, il est insensé de ne pas se laisser reprendre par ceux qui sont plus éclairés que nous ne le sommes; mais la chose est bien plus funeste et malheureusement aussi bien plus commune lorsqu’il s’agit de religion.

En effet, là tout s’adresse à la conscience plus encore qu’à l’esprit, et lorsqu’on nous reprend, c’est de nos torts plutôt que de nos erreurs.

- Aussi nos diverses convoitises se joignent-elles à l’orgueil pour nous faire repousser les reproches qu’on nous adresse, quelque justes qu’ils soient en eux-mêmes.

- Ce sont là, du moins, les dispositions de l’homme naturel;

mais le chrétien doit les combattre dans son âme et demander à Dieu cette précieuse humilité qui nous fait profiter de tous les moyens pour avancer dans sa connaissance et dans sa grâce.

Les versets qui suivent ont peu besoin de développements; mais on y trouve des expressions dont l’énergie est remarquable:

- Une femme vertueuse est la couronne de son mari;

- mais celle qui fait honte est comme la vermoulure à ses os.

Ces expressions figurées nous étant devenues familières, nous ne sommes plus aussi frappés de leur justesse et de leur beauté. Mais, si nous les rencontrions pour la première fois, elles produiraient sans doute sur nous une vive impression, comme toutes celles du même genre que l’on trouve dans les Proverbes.

Les versets 5 et 6 nous montrent que ce n’est pas seulement d’après leurs actions que Dieu discerne et juge les justes et les méchants, mais que c’est d’après LEURS PENSÉES ET LEURS PAROLES:

- Les pensées des justes sont à la justice;

- mais les conseils des méchants ne sont que fraude.

- Les paroles des méchants ne tendent qu’à dresser des embûches pour répandre le sang;

- mais la bouche des hommes droits les délivrera.

Aux yeux de Dieu, le crime est consommé lorsque son exécution n’a été empêchée que par des circonstances indépendantes de celui qui le projetait, soit que celui-ci en eût gardé le secret dans son cœur, soit qu’il l’eût révélé à des complices.

Il n’est pas même besoin d’un projet de crime pour nous rendre aussi criminels devant Dieu que si nous l’avions commis.

-Il suffit pour cela de tout mauvais désir à cet égard, de toute haine, de tout esprit de vengeance.

Celui qui hait son frère est un meurtrier, a dit Jésus-Christ.

Examinons donc avec une crainte scrupuleuse, non pas s’il y a quelqu’un dont nous souhaitons la mort, mais s’il y a quelqu’un dont nous ne souhaitions pas le bonheur, quelqu’un pour qui nous ne fussions pas disposés à prier, quelqu'un dont nous ne pussions pas partager les peines ou les joies.

Et si nous faisons à cet égard d’humiliantes découvertes, demandons à Dieu avec ardeur de nous ôter cette racine d’amertume qui empêche peut-être la bonne semence de croître et de fructifier dans notre cœur.

S’il est effrayant pour les méchants d’être jugés déjà sur leurs pensées et sur leurs paroles, il est consolant, d’un autre côté, pour des fidèles qui ne peuvent pas faire tout le bien dont ils auraient le désir, de savoir que Dieu connaît leurs pensées et les juge sur leurs intentions et non sur les résultats qu’elles produisent.

Il faut seulement qu’ils ne se fassent pas d’illusions sur la sincérité et l’ardeur de leur zèle, qu’ils ne s’exagèrent pas les obstacles particuliers qu’ils ont à vaincre et qu’ils cherchent VÉRITABLEMENT à travailler, selon leurs moyens, au bonheur temporel et spirituel de leurs semblables.

- L’homme qui ne s’estime point soi-même, bien qu’il ait des serviteurs, vaut mieux que celui qui fait le brave et qui a besoin de pain.

Ce passage nous montre combien l’on est dans l’erreur, lorsqu’on s’imagine que l’orgueil se rencontre exclusivement chez les hommes qui ont des richesses ou un rang élevé dans le monde.

Sans doute, tous les avantages qui nous distinguent de nos frères, le rang et la fortune, aussi bien que la science et le talent, peuvent nous disposer à l’orgueil à cause de la corruption de notre nature.

Au lieu de nous dire: Qu’as-tu que tu ne l’aies reçu? nous nous glorifions des dons de Dieu comme si nous ne les avions point reçus. Cependant cette disposition est loin d’être toujours proportionnée au degré des avantages que l’on possède; et souvent, au contraire, ce sont les hommes dont les prétentions n’ont pas été justifiées par le succès qui se dédommagent par leur approbation d’eux-mêmes de celle que les autres leur refusent.

Enfin, la grâce de Dieu peut amener un homme riche à sentir sa misère spirituelle et le besoin qu’il a d'un Sauveur; et c’est alors qu’il connaîtra la véritable humilité, celle qui est indépendante des circonstances extérieures et qui nous met à notre place devant la sainteté de Dieu.

Le dernier des versets que nous méditons se rapporte à un sujet particulier et que nous ne voyons que rarement présenté dans l'Écriture, celui des mauvais traitements envers les animaux:

- Le juste a égard à la vie de sa bête;

- mais les entrailles des méchants sont cruelles.

Il serait aussi superflu que pénible de s’étendre sur un mal qui n’est que trop continuellement sous les yeux de tout le monde. Il y a même des personnes pour lesquelles il a été une pierre d’achoppement, parce qu’il leur semblait que le pouvoir laissé à l’homme de faire souffrir les créatures privées de raison portait atteinte à la bonté et à la justice de Dieu.

Remarquons ici que ce n’est pas seulement l’homme qui fait peser un joug cruel sur les animaux; ils se font aussi souffrir les uns les autres. Il n’est pas douteux que l’état du monde, sous ce rapport comme sous tous les autres, ne soit une suite de la désorganisation introduite par le péché, désorganisation qui ne cessera que lors du rétablissement de toutes choses, comme s’exprime l’Écriture.

- Aussi, dit Saint Paul, les créatures attendent-elles avec un ardent désir que les enfants de Dieu soient manifestés; car ce n’est pas volontairement que les créatures sont assujetties à la vanité, mais c’est à cause de celui qui les y a assujetties.

En attendant, nous devons combattre contre ce mal, de même que contre toutes les autres manifestations du péché.

- Ceux qui connaissent la bonté de Dieu en Jésus-Christ auront des sentiments de bonté, non seulement envers leurs semblables, mais envers toutes les créatures douées de la faculté de sentir, et ils voudront leur procurer tout le bonheur dont leur nature est susceptible.

- Ceux qui, tout en faisant profession de piété, se permettent encore de durs traitements envers les animaux montrent par là qu’il leur manque un des traits que l’Écriture assigne au caractère du juste, et qu’ils ne peuvent pas être du nombre de ces hommes de bien qui s’attirent la faveur de l’Éternel.


VERSETS 11 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur; nos liens renvoient vers la version Louis Segond)


Malgré la diversité que présentent ces versets, on peut dire que la plupart d’entre eux se rapportent à deux sujets principaux, les péchés des lèvres et la paresse ou l’indolence.

- Il y a un mauvais piège dans le péché des lèvres;

- mais le juste sortira de la détresse.

- L'homme sera rassasie de biens par le fruit de sa bouche,

- et on rendra à l’homme la rétribution de ses mains.

La réunion de ces deux dernières sentences nous montre que devant Dieu nos paroles sont, tout aussi bien que nos actions, des œuvres qui peuvent nous attirer des châtiments ou des récompenses.

Si cette pensée était bien gravée dans notre esprit,

nous serions plus attentifs à tout ce qui sort de nos lèvres.

Les plus coupables d’entre les paroles sont celles où il y a de la tromperie et du mensonge.

- Les fausses lèvres sont en abomination à l’Éternel;

- mais ceux qui agissent sincèrement lui sont agréables.

Les divers motifs qui nous font trahir la vérité peuvent être plus ou moins criminels; mais le mensonge en lui-même est TOUJOURS un péché et transgresse un des préceptes les plus positifs de la Parole de Dieu.

Aussi, pour peu que l’on fasse profession de VRAI christianisme, on s’abstiendra sans doute de tout mensonge direct; mais on se permettra peut-être diverses sortes de dissimulations ou d’exagérations sans réfléchir que ce sont aussi des mensonges.

On peut appliquer aux personnes qui se les permettent cette sentence de Salomon:

- La parole véritable est toujours ferme;

- mais la fausse langue n’est que pour un moment.

En effet, de même que les hommes reconnus pour menteurs ne peuvent plus tromper ceux auxquels ils s’adressent, de même on ne reçoit plus à leur véritable valeur les paroles des personnes dont les expressions ne sont pas scrupuleusement exactes; et cela même les excite à de nouvelles exagérations ou à des affirmations superflues.

Les paroles trompeuses ne sont pas les seules condamnées dans les versets que nous avons lus. Ils condamnent aussi LES PROPOS IRRITANTS et nous exhortent à faire tous nos efforts pour entretenir ou rétablir la bonne harmonie entre les hommes:

- Il y a tel homme dont les paroles blessent comme des pointes d’épée;

- mais la langue des sages est santé.

- Il y a de la tromperie dans le cœur de ceux, qui machinent le mal,

- mais il y a de la joie pour ceux qui conseillent la paix.

Combien de maux ne seraient pas évités si de telles exhortations étaient plus souvent mises en pratique!

Mais pour que nos conseils de paix produisent d'heureux fruits, il faut joindre la prudence au zèle et à la droiture:

- L’homme prudent cache ce qu’il sait,

- mais le cœur des insensés publie la folie.

Il y a des occasions où il faut cacher beaucoup de choses, afin de ne pas augmenter des préventions ou des ressentiments qu’on doit plutôt chercher à éteindre.

Nous ne devons pas seulement, dans l’intérêt de la paix, taire, à ceux qui en étaient les objets, les médisances ou les jugements téméraires que nous avons eu occasion d’entendre; nous devons taire aussi bien souvent les torts dont nous sommes nous-mêmes les victimes.

- Le dépit de l'insensé se connaît le même jour, dit Salomon;

- mais celui qui est bien avisé dissimule l'injure.

Gardons-nous de voir dans ces paroles qu’un conseil de prudence tonte charnelle. Nous avons souvent pu remarquer que dans le livre des Proverbes LA PRUDENCE DÉSIGNE LA VÉRITABLE SAGESSE; et est opposée à l’iniquité.

Ainsi, nous lisons dans les premiers versets de ce même chapitre:

- L’homme sera loué suivant sa prudence;

- mais le coeur dépravé sera dans le mépris.

C'est donc par des motifs de charité, d’humilité et de prudence chrétienne que nous ne devons pas parler inutilement des torts dont nous sommes les objets.

Outre que cela aussi est une médisance, il n’y en a aucune que nous courions un plus grand danger de changer en calomnie par des exagérations.

N’ouvrons notre coeur sur ce sujet qu’à des chrétiens avancés qui, bien loin d’irriter nos blessures, sachent adoucir nos ressentiments et nous enseignent à gémir sur nos propres péchés.

Et lorsque, notre tour, c’est nous qui sommes appelés à voir quelque douleur ou quelque amertume dans le coeur d’un de nos frères, conduisons-nous à son égard selon l'esprit de cette déclaration si profondément vraie dans sa simplicité:

- Le chagrin qui est dans le cœur de l’homme l'accable;

- mais la bonne parole le réjouit.

Les autres versets de cette portion de chapitre ont pour sujet principal les heureux effets d’une sage activité: comparés aux tristes suites de l'indolence:

- Celui qui cultive sa terre sera enrichi;

- mais celui qui suit les fainéants est dépourvu de sens, etc.

Parmi ces passages, il y en a un qui, lorsqu’on y réfléchit, paraît surtout remarquable:

- Le paresseux ne rôtit point sa chasse;

- mais les biens précieux de l'homme sont pour celui qui est diligent.

On peut être paresseux et cependant montrer une sorte d’activité dans bien des choses, parce qu’elles ne contrarient pas nos goûts et nos habitudes. Mais alors nous laisserons de côté ou nous ne ferons qu’avec négligence les portions de notre tâche qui exigent de notre part un peu d’efforts et de renoncement.

Il peut résulter de ces lacunes que les choses mêmes que nous avons faites restent sans aucune utilité. On ressemble à un homme qui va bien à la chasse parce que cet exercice lui plaît, mais qui ensuite ne se donne pas la peine de tirer quelque parti du gibier qu’il a abattu.

Cette image est encore plus frappante sous un autre point de vue.

- De même qu’en ne se hâtant pas de rôtir sa chasse, on la livre infailliblement à une prompte corruption,

- de même aussi dans la vie chrétienne, si l’on ne se hâte pas de saisir les occasions de faire le bien que Dieu met à notre portée, ces occasions sont le plus souvent perdues sans retour.

Nous voyons donc combien il est important que chacun de nous combatte le genre particulier de paresse auquel il est disposé.

Demandons à Dieu de nous donner plus d’énergie dans l’accomplissement de nos devoirs et de rappeler à notre souvenir que les biens précieux de l’homme sont pour celui qui est diligent, et qu’il faut avoir:

combattu le bon combat pour obtenir à la fin la couronne de vie.



 

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