Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE VIII.

VERSETS 1-13.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur ; nos liens vous renvoient vers la version Louis Segond)


Ce chapitre serait peut-être difficile à expliquer dans tous ses détails; mais on peut en retirer de précieux enseignements, même en ne saisissant pas tout le sens de chacune des paroles dont il se compose.

Ici, comme dans le chapitre premier, la voix de Dieu instruit les hommes, sous le nom de la sagesse.

Nous verrons plus clairement par les derniers versets du chapitre actuel, ce qu’il faut entendre par cette expression. En attendant, nous pourrons voir dans les premiers versets quels sont les caractères et les effets de la véritable sagesse.

- La voix de Dieu s’adresse de nouveau aux hommes QUI N’AURAIENT PAS ÉCOUTÉ SES PREMIERS AVERTISSEMENTS, et que le Saint-Esprit appelle des imprudents et des insensés.

En effet, lors même qu’un homme serait renommé pour la prudence et l'habileté avec lesquelles il dirige ses affaires temporelles, qu’y a-t-il de plus insensé et de plus imprudent que de négliger les révélations de Dieu et de ne pas se soucier de ce que sera notre sort pendant toute l’éternité?

- Que servirait-il à un homme, a dit Jésus-Christ, de gagner le monde entier s'il perdait son Âme, et quel dédommagement lui donnerait-on pour la perte de son âme?

Vous, imprudents, dit la sagesse, apprenez la prudence; vous, insensés, devenez INTELLIGENTS DE COEUR.

Cette expression confirme ce que nous disions à l’occasion d’un autre passage, c’est que, pour l’ordinaire, c’est par un défaut de notre coeur plutôt que de notre esprit, que nous ne comprenons pas les choses qui se rapportent à notre salut.

Si nous désirons SINCÈREMENT les connaître pour y CONFORMER nos sentiments et notre vie, Dieu exaucera les prières que nous lui adresserons à cet égard, et nous conduira dans toute la vérité.

Aussi Saint Paul déclare-t-il que c’est du coeur que l'on croit à justice; et il dit en parlant des adversaires de l’Évangile qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés.

- Le secret de l’Éternel, dit David, est pour ceux qui le craignent, et il leur fera connaître son alliance (Ps. XXV, 14).

La connaissance de la vérité doit nous amener à l’amour de Dieu ou à la piété, comme nous pouvons le voir par ce qu’ajoute la sagesse; car mon palais parlera de la vérité, et mes lèvres détesteront l’impiété.

De même Saint Paul écrivait à son disciple Tite qu’il avait été établi apôtre de Jésus-Christ pour faire connaître la vérité qui est selon la piété (Tite, 1,1).

- Toutes les fois donc qu’en croyant être dans la vérité, on n’a pas pour Dieu les sentiments d’amour et de reconnaissance que sa miséricorde doit nous inspirer, on se fait des illusions sur les connaissances que l’on possède, et on n’est pas dans la vérité qui seule peut nous conduire au salut.

Lorsque nous sommes devenus intelligents de cœur, c’est-à-dire que nous sommes humbles et sincères, il n’y a rien dans nos sentiments qui soit opposé aux enseignements bibliques, et qui nous les fasse trouver étranges.

C’est ainsi qu'ils sont tous aisés à trouver à l’homme intelligent et droits à ceux qui ont acquis la science.

Non seulement de tels hommes ne verront rien de détourné ni de mauvais dans les enseignements de la sagesse divine, mais ils reconnaîtront que cette sagesse est meilleure que les perles, et que tout ce qu’on saurait souhaiter, ne la vaut pas. C’est là une disposition que suppose nécessairement la profession du christianisme.

Cependant, nous devons EXAMINER SI DANS LA PRATIQUE NOUS LA CONSERVONS TOUJOURS, et si nous ne désirons jamais, pour nous ou pour nos proches, la santé, l’aisance, le repos, l’affection de nos semblables, ou tout autre bien temporel, plus ardemment que nous ne désirons les progrès dans la connaissance de Dieu et dans la sanctification.

C’est bien à la sanctification que doit amener la véritable sagesse, puisque la voix même de cette sagesse continue en disant:

- La crainte de l’Éternel, c’est de haïr le mal; j'ai en haine l’orgueil et l’arrogance, la mauvaise conduite et la bouche qui parle avec perversité.

Il y a des chrétiens qui n’aiment pas qu’on insiste sur le devoir de craindre Dieu, parce qu’il leur semble que ce sentiment ne peut pas s’allier avec l’amour.

D’autres chrétiens, au contraire, pensent qu’en cherchant à inspirer l'amour de Dieu, sans parler, en même temps, de la crainte qui lui est due, on risque d’affaiblir les sentiments de respect et d’adoration que la pensée de Dieu doit exciter dans notre cœur.

Mais si l’on fait attention à plusieurs des déclarations de la Bible sur ce sujet, on verra que les sentiments divers de l’amour et de la crainte de Dieu, lorsqu’ils sont tels que Dieu les demande, bien loin d’être opposés l’un à l’autre, produisent, au contraire, les mêmes effets et deviennent comme un même sentiment dans notre âme.

Ainsi Saint-Jean nous dit:

- C’est en ceci que consiste l’amour de Dieu, que nous gardions ses commandements (1 Jean, V, 3),

- et le Saint-Esprit nous dit ici: La crainte de l’Éternel, c’est de haïr le mal.

Ce rapprochement explique une déclaration de Saint-Jean qui semble contredire les préceptes de la Bible sur la crainte de Dieu. Il n’y a point de crainte dans la charité, dit-il, mais la charité parfaite bannit la crainte.

La charité, c’est-à-dire ici l’amour de Dieu, bannit la crainte des jugements de Dieu; mais bien loin de bannir la crainte de l’offenser, elle l’augmente.

Éprouvons nos sentiments d’après ces règles.

Voyons si quand nous croyons aimer Dieu, cet amour nous pousse à faire sa volonté; et si, lorsque nous éprouvons de la crainte en pensant à lui, ce n’est point LA CRAINTE DE LA PUNITION, PLUTÔT QUE LA HAINE DU MAL EN LUI-MÊME.

Puis nous demanderons à Dieu de nous purifier sous ces deux rapports et de sanctifier ainsi notre obéissance.



VERSETS 14 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur ; nos liens vous renvoient vers la version Louis Segond)


Les instructions que nous donnent ces versets sont d’un genre moins pratique que ne le sont, en général, celles du livre des Proverbes; mais elles élèvent notre âme en lui ouvrant un sujet de profondes méditations dont notre foi peut être éclairée et vivifiée.

Elles nous font apercevoir, en effet, quoique d’une manière voilée, que cette sagesse, dont nous avons vu les préceptes dans les versets précédents, C’EST LA VOIX MÊME DU FILS DE DIEU, ou de la seconde personne de la très-sainte Trinité.

Sans doute, il s’agit ici d’un mystère que l’intelligence des hommes ne saurait jamais sonder et dont on ne doit approcher qu’avec une humble adoration. Mais cette considération ne doit pas nous empêcher d’examiner respectueusement, pour en faire l'objet de notre foi, les instructions que nous donne le Saint-Esprit.

S’il y a une témérité coupable à vouloir deviner ce que la Bible ne nous enseigne pas, il y aurait peut-être une négligence non moins présomptueuse à ne pas chercher à comprendre tout ce qu’elle nous enseigne, même sur des sujets qui ne s’appliquent pas directement à nous.

- Les choses cachées sont pour l’Éternel notre Dieu; mais les choses révélées sont pour nous et pour nos enfants.

- L’Éternel, dit la sagesse, m’a possédée dès le commencement de ses voies; avant qu’il fît aucune de ses œuvres, j’étais déjà alors.

- J’ai été établie princesse dès le siècle, dès le commencement, dès l’origine de la terre.

- J’ai été engendrée lorsqu’il n'y avait point encore d’abîmes, ni de fontaines chargées d'eaux...

- Quand il agençait les cieux, j’y étais...

- Quand il établissait son règlement pour la mer, afin que les eaux n’en passassent point le bord; quand il compassait les fondements de la terre, alors j’étais auprès de lui son nourrisson, j'étais ses délices de tous les jours, et je me réjouissais devant lui en tout temps.

- Je me plaisais dans le monde et dans la terre, et mes plaisirs étaient avec les enfants des hommes, etc.

Il est difficile de méconnaître le rapport frappant de ces paroles avec le commencement de l’évangile de Saint-Jean, qui nous dépeint avec une simplicité sublime la divinité essentielle, mais distincte du Père, que possède éternellement le Fils de Dieu.

- La Parole était au commencement, dit l’apôtre. La Parole était avec Dieu, et cette Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait, n’a été fait sans elle. C’est en elle qu’était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

- Puis, plus loin: Et la Parole a été faite chair, et a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité.

Il y a un autre rapprochement qui peut servir à nous éclairer. Nous lisons aux versets 14 et 18:

- C’est à moi qu’appartient le conseil et l’adresse; c’est moi qui suis la prudence; la force est à moi. C’est par moi que les rois règnent et que les princes ordonnent ce qui est juste, etc.

Or Ésaïe annonce en ces termes la venue au monde du Fils de Dieu. Car l’enfant nous est né, le Fils nous a été donné et l’empire a été posé sur son épaule; et on appellera son nom l’Admirable, le Conseiller, le Dieu fort, le Puissant, le Père d’éternité, le Prince de la paix (Ésaïe, IX, 5).

Nous devons peut-être conclure de ces enseignements que, comme c’est le Fils de Dieu qui par sa médiation nous obtient le don du Saint-Esprit (voyez Jean, XIV, 26-XVI, 7, etc.), c’est lui qui peut dire qu’il nous communique la force, la sagesse, la justice et la prudence dont cet Esprit divin est l’unique source.

Quoi qu’il en soit, il demeure certain que nous avons besoin du secours du Saint-Esprit pour connaître et pour pratiquer la volonté de Dieu, et que nous devons continuellement demander ce secours au Père au nom et par les mérites de son Fils bien-aimé.

- Je fais marcher, dit-il encore, par le chemin de la justice et par le milieu des sentiers de la droiture.

Ces expressions sont remarquables.

La Parole de Dieu compare souvent la carrière du fidèle à un sentier étroit dans lequel il faut marcher avec précaution pour ne pas s’en écarter d’un côté ou de l’autre.

Ici, elle donne encore plus de force à cette image en disant que le secours de Dieu nous fait marcher PAR LE MILIEU des sentiers de la droiture.

Alors nous ne risquerons pas, en voulant éviter un mal, de faire un mal opposé, peut-être plus grave encore.

Dieu veut bien récompenser chez ses enfants les œuvres d’obéissance que sa grâce leur a donné le désir et la force de pratiquer.

Il donne en héritage des choses permanentes à ceux qui l’aiment, et il remplira leur trésor. Oui, le bonheur que peut nous procurer déjà dans ce monde le sentiment du pardon et de l’amour de Dieu, n’est encore que le gage des choses permanentes que sa bonté nous réserve dans la vie qui est à venir.

C'est là que le vide immense de notre cœur pourra être complètement rempli, et que notre trésor sera pour jamais à l’abri de toute atteinte et de toute vicissitude.




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