Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS PRATIQUES

SUR LES

PROVERBES DE SALOMON.

CHAPITRE VI.

VERSETS 1-11.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur ; nos liens vous renvoient vers la version Louis Segond)


Les premiers versets de ce chapitre sont relatifs aux engagements imprudents, par lesquels on se rend caution pour des sommes prêtées par d’autres.

Si nous devons éviter de pareils engagements, ce n’est pas seulement parce que, plus peut-être qu’aucune autre affaire temporelle, ils troublent le repos de ceux qui les ont contractés; c’est surtout parce qu’ils sont une source de toutes sortes de dangers pour l’âme.

- D’abord, ils sont souvent peu légitimes en eux-mêmes; c’est-à-dire que, par différents motifs, on prend des engagements sans être certain d’être en état de les remplir lorsque le moment en sera venu;

- souvent aussi, ces engagements sont d’une telle nature, que l’on ne sait pas d’avance quelle est la perte à laquelle ils peuvent nous exposer.

Il résulte de ces incertitudes une anxiété qui peut empêcher l’homme qui l’éprouve de prêter son attention aux choses relatives à son éternelle paix.

Sans doute, les hommes même dont la position extérieure semble la plus assurée dépendent à cet égard de la seule volonté de Dieu, qui peut, quand il lui plaît, enrichir les pauvres et appauvrir les riches.

Mais la pensée de NOTRE DÉPENDANCE À L’ÉGARD DE DIEU ne trouble point la paix d'une âme chrétienne qui se dit que Dieu lui donnera toujours la position la plus convenable pour elle.

Il en est tout autrement des risques que l’on court par suite de son imprudence.

On sent que l’on a en quelque sorte tenté Dieu et qu’il peut vouloir nous en punir, pensée qui ne dispose pas à une joyeuse confiance.

Si donc nous avions pris témérairement quelque engagement de cette espèce, nous devrions, dans l’intérêt de notre paix et de notre salut, chercher à nous en dégager le plus tôt possible et même au prix d'une perte qui nous servirait de punition. C’est là l’ordre positif de la Parole de Dieu dans ces versets:

- Ne donne point de sommeil à tes yeux, et ne laisse point sommeiller tes paupières. Dégage-toi comme un daim se dégage de la main du chasseur et comme un oiseau s’échappe de la main de l'oiseleur

(Il paraît qu’aux jours de Salomon les cautionnements se faisaient avec beaucoup de légèreté. Ces contrats avaient fini par être purement verbaux. On se contentait de se frapper dans la main devant témoins.).

Une chose digne de remarque dans les paroles qui précèdent immédiatement celles-ci, c’est qu’il faut nous dégager, lors même que nous serions tombés dans les mains d’un ami. En effet, on sait trop que les liens d’amitié ou même de la parenté la plus étroite peuvent être rompus par le conflit des intérêts matériels et remplacés par la froideur ou par une animosité plus ou moins déclarée.

On ne peut donc trop prendre soin, pour soi et pour les autres, d’arranger ses affaires de manière à prévenir de pareils conflits autant que possible.

Il ne faut pas craindre, sous ce rapport, d’employer des précautions qui pourraient paraître minutieuses et superflues. Tout cela vaut beaucoup mieux que le moindre danger de quelque altération dans l’intimité des relations de famille.

D'un autre côté, si nous mettons notre cœur aux choses d’en haut et que nous sentions que c’est là qu’est notre trésor véritable, nous ne serons pas entraînés à perdre pour des intérêts matériels, soit notre propre paix, soit notre charité pour nos frères.

Nous éviterons les querelles et les procès, selon cette exhortation de Saint Paul:

- C’est déjà un défaut parmi vous d’avoir des procès les uns contre les autres.

- Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt qu’on vous fasse tort?

- Pourquoi n’endurez-vous pas plutôt quelque perte?

Les versets qui suivent, dans le chapitre que nous méditons, se rapportent à un sujet tout différent: Va, paresseux, vers la fourmi; regarde ses voies et deviens sage, etc.

On trouve beaucoup d’exhortations contre la paresse dans le livre des Proverbes.

Le travail est une obligation imposée à tous les hommes, quelles que soient leur position et leurs circonstances. Dieu nous a dit à tous dans la personne de notre premier père: Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage; et ce n’est pas impunément que l’on cherche à se soustraire à cette obligation.

Les uns sont destinés à un travail manuel et les autres à un travail de l’esprit; mais tous sont appelés par différents devoirs à se donner de la peine, à vaincre leur paresse, à surmonter leurs goûts et leurs habitudes.

- Quand on est jeune, il faut du travail pour se préparer à la vocation qu’on doit embrasser et pour acquérir les connaissances qui sont nécessaires dans la suite de la vie.

- Quand on est à l’âge mûr, il faut du travail pour élever sa famille, pour exercer sa vocation ou pour se rendre utile par d’autres moyens à la société et à l’Église.

Ceux qui se refusent à ces différents appels subissent quelquefois, dans leur famille et dans leurs affaires, les suites naturelles de leur négligence. Mais presque toujours ils éprouvent un vide de l’âme et une satiété dans les jouissances qui pourraient leur faire envier le sort de l’artisan dont le travail fournit à peine à ses besoins.

Cependant, ce n’est pas tout.

Il y a un travail auquel les chrétiens, quels qu’ils soient, sont appelés, et qui se continue dans la vieillesse, dans les infirmités et jusqu’aux portes de la mort; C’EST CELUI DE LA SANCTIFICATION DU CŒUR ET DE LA CONDUITE.

Ce travail est le plus difficile de tous, puisqu’il consiste précisément à combattre les penchants de notre caractère.

Mais quoique un travail, dont la conscience est l’instrument, soit d’une nature toute différente que les travaux des mains ou de l’esprit, il n’en est pas moins vrai que l’habitude de faire des efforts et de vaincre notre paresse nous est utile encore lorsqu’il s’agit de sonder les sentiments de notre cœur et de surmonter nos habitudes.

C’est bien dans le travail de la sanctification qu’il faut, plus que pour tout autre, de l’activité et de la vigilance.

C’est à cet égard surtout que l’on peut dire:

- Un peu de dormir, un peu de sommeil, un peu les mains pliées pour être couché, et ta pauvreté viendra comme un passant et ta disette comme un homme armé.

- Veillons donc et soyons sobres, dit Saint Paul; car ceux qui dorment, dorment la nuit; et ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit. Mais nous qui sommes enfants du jour, soyons sobres, étant revêtus de la cuirasse de la foi et de la charité, et du casque de l’espérance du salut; car Dieu ne nous a point destinés à la colère, mais à la possession du salut par notre Seigneur Jésus-Christ (1 Thes., V, 6-9).


VERSETS 12 JUSQU’À LA FIN.

(La version David Martin est utilisée par l'auteur ; nos liens vous renvoient vers la version Louis Segond)


Dans les premiers de ces versets, le prophète nous dépeint le caractère et la conduite de ce qu’il appelle l’homme inique ou méchant; et il nous représente chacun des membres de son corps comme concourant à ses mauvaises œuvres.

Cette énumération est répétée ensuite sous une autre forme, lorsqu’en nous déclarant les choses que Dieu a en haine, le prophète nomme successivement les yeux altiers, la fausse langue, et ainsi de suite.

Les membres de notre corps nous servent, en effet, d’instruments d’iniquité, ainsi que s’exprime Saint Paul (Rom., VI, 13).

Ce n’est pas, comme le croient quelques personnes, qu’il y ait une union nécessaire entre le corps ou la matière et le péché. Nous savons que Dieu avait créé l’homme droit, quoiqu’il lui eût fait un corps de la poudre de la terre.

Notre Sauveur lui-même, lorsqu’il a daigné revêtir notre nature, a participé à la chair et au sang; et lorsque nous entrerons dans ces nouveaux deux et cette nouvelle terre où habite la justice, ce sera avec des corps glorifiés, dont la résurrection nous est positivement annoncée, quoique nous n’en puissions pas bien concevoir la nature.

Mais, sans qu’il existe une union nécessaire entre la matière et le péché, on comprend qu’une fois que l’homme est devenu pécheur, il a employé à faire le mal les divers membres de son corps, comme les diverses facultés de son âme.

Aussi l’Écriture ordonne-t-elle, à ceux qui ont été régénérés par le Saint-Esprit, de consacrer à Dieu les membres de leur corps, aussi bien que les facultés de leur cœur et de leur intelligence.

- Je vous exhorte donc, dit Saint-Paul, par les compassions de Dieu, que vous offriez vos corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, ce qui est votre service raisonnable (Rom., Xll, 1).

- Comme donc, dit le même apôtre, vous avez livré vos membres pour servir à l’impureté et à l’injustice, et pour commettre l’iniquité; donnez aussi maintenant vos membres pour servir à la justice dans la sainteté (Rom., VI, 19).

Ces diverses instructions nous sont données pour nous préserver d’une illusion funeste, illusion qui consiste à croire que nous pouvons avoir dans le cœur de vrais sentiments de piété, tout en conservant dans les détails de notre conduite des habitudes qui leur sont opposées.

Non; si nous devons glorifier Dieu, c’est aussi bien dans notre corps que dans notre esprit; car tous deux lui appartiennent.

Dans l’énumération que fait Salomon des choses que Dieu a en haine, on pourrait s’étonner de voir les yeux hautains nommés AVANT la fausse langue et les mains qui répandent le sang innocent.

Mais c’est que Dieu ne juge pas du péché comme nous en jugeons.

Nous sommes surtout frappés des iniquités qui ont les hommes pour objet, parce que nous sentons confusément que nous pourrions nous-mêmes en être les victimes.

Mais devant Dieu, ce qui constitue le péché, c’est LA DÉSOBÉISSANCE À SES LOIS, parce que cette désobéissance porte atteinte à sa gloire.

En ayant cette pensée présente à l’esprit, on comprend que l’orgueil soit, de tous les mauvais penchants de notre nature, celui qui nous rend le plus coupables aux yeux de Dieu, puisqu’il nous fait méconnaître notre misère et usurper en quelque sorte la place de Dieu, en opposition directe à sa gloire.

Aussi l’Écriture est-elle remplie des plus terribles menaces contre l’orgueil et des plus pressantes exhortations à une humilité sincère.

Après avoir nommé la fausse langue, les mains qui répandent le sang innocent, les pieds qui se hâtent pour courir au mal et le faux témoin qui prononce des mensonges, le prophète nomme celui qui sème des querelles entre des frères.

La manière dont ces deux derniers péchés sont distingués l’un de l’autre nous montre que l’on peut se rendre très coupable en fomentant des divisions entre des hommes unis par différents rapports, lors même qu’on ne fait usage, dans ce but, d’aucune parole de mensonge.

Rien n’est plus contraire à l’esprit de l’Évangile, esprit d’amour, d’union et de paix, que tout ce qui tend à provoquer de l’irritation ou de la défiance entre des parents, des amis, des frères en la foi, des concitoyens, ou même entre des hommes, quels qu’ils soient.

Si ceux qui procurent la paix sont enfants de Dieu, comme l’a dit Jésus-Christ, ceux qui font l’office contraire doivent être influencés par l’esprit du démon.

C’est une des dispositions sur laquelle les apôtres insistent le plus dans leurs Epîtres, que le soin d’entretenir parmi les chrétiens la concorde et l’union.

- S’il y a donc quelque consolation en Christ, écrit Saint Paul aux Philippiens, s’il y a quelque soulagement dans la charité, s’il y a quelque affection cordiale et quelque compassion, rendez ma joie parfaite, étant en bonne intelligence, ayant une même charité, étant bien mis ensemble, ayant les mêmes sentiments.

Il serait facile de multiplier les citations de ce genre.

Les instructions qui suivent, dans le chapitre que nous méditons, nous paraissent, d’après leur forme, s’adresser particulièrement aux jeunes gens.

Salomon les exhorte de nouveau à se préserver de la séduction des femmes étrangères. Ne convoite point sa beauté dans ton cœur, leur dit-il, et ne te laisse pas prendre par ses yeux.

C’est ainsi que Jésus-Christ déclare que celui qui regarde une femme avec des yeux de convoitise a déjà commis adultère avec elle dans son cœur.

Le prophète exhorte de plus les jeunes gens à se garder des flatteries de la langue d’une étrangère.

Les jeunes gens sont encore plus susceptibles que les personnes d’un autre âge de se laisser séduire par la flatterie; et c’est par là bien souvent qu’ils ont peu à peu été entraînés jusqu’à de scandaleux désordres. Mais ce n’est pas seulement en vue de ce danger particulier que nous devons nous tenir en garde contre la flatterie. Elle sait prendre toutes sortes de formes, et le chrétien le plus avancé n’est jamais à l’abri d’un genre de séduction qui affaiblit son âme en endormant sa vigilance.

Quels que soient donc notre âge et notre position, sachons veiller à cet égard sur nous-mêmes.

Repoussons les paroles flatteuses, en laissant voir qu’elles ne nous paraissent qu’une dangereuse tentation.

Ne craignons pas, au contraire, que les hommes nous reprochent nos défauts, et sachons surtout nous en humilier devant Dieu, puisqu’il vient encore de nous être rappelé, en d’autres termes, que Dieu résiste aux orgueilleux, mais qu’il fait grâce aux humbles.


 

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