Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PRÉDICATION CHRÉTIENNE

PROCLAMÉE

PAR LE CHOLÉRA.

(ou pour ce qui nous concerne par le COVID)


MÉDITATION RELIGIEUSE

Par Émile FROSSARD, Pasteur.

1835.

Couverture2


Les prédications chrétiennes sont faites pour parvenir à toutes les oreilles et pour émouvoir tous les cœurs. Après les avoir prononcées en chaire, c’est une œuvre de conviction et non de vanité que de leur donner la plus grande publicité possible; cette idée, qui seule a décidé l’auteur des pages suivantes à les faire imprimer, le dispensera de tout autre préambule.

L’auteur a cru devoir puiser largement à la source de toute vérité, UNE MÉDITATION CHRÉTIENNE DEVANT ÊTRE ESSENTIELLEMENT BIBLIQUE; mais il a cru devoir s’abstenir de faire imprimer toutes les paroles tirées de l’Écriture sainte en caractères italiques, pour ne point interrompre souvent l’uniformité de l’impression.


* * *

Si aujourd’hui vous entendez sa voix, n’endurcissez point votre coeur. (Ps. XCV, 7-8.)

L'Éternel a jugé convenable de sauver les hommes par la prédication chrétienne.

Aussi des temples ont été élevés en honneur du vrai Dieu, le peuple a été invité à s’y rendre avec respect et crainte.

L’Évangile de grâce a été proclamé, et les ministres de Jésus-Christ ont adressé aux hommes, qui sont leurs frères, des instructions et des exhortations, des censures et des reproches et, des promesses  des encouragements.

Ils ont mis devant eux la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction, (Deut. XI, 26; XXX, 1.) et les ont conviés avec larmes à chercher la seule chose nécessaire, (Luc X, 42.) en travaillant chaque jour à leur salut avec crainte et tremblement (Philip. II, 12.)


Mais voici, les hommes ne se sont point souciés de la maison de Dieu, ni de la prière, ni de la prédication de l’Évangile; et lorsque l’Éternel les appelait à lui, chacun commençant à s’excuser, est resté dans sa maison, à ses affaires ou à ses plaisirs, et C'EST AINSI QUE LA VOIX DE DIEU N'A POINT ÉTÉ ENTENDUE.

L'Éternel qui parlait autrefois à nos pères, et, par une dispensation extraordinaire, leur faisait entendre directement sa voix, s’est révélé dans ces derniers temps par son Fils Jésus-Christ; et comme la mémoire des hommes est devenue infidèle, comme leur cœur s’était surtout corrompu, Dieu n’a plus confié sa vérité à leur mémoire, ni sa loi sainte à leur cœur ingrat, mais IL LEUR A DONNÉ SA PAROLE ÉCRITE, propre à instruire, à corriger, à consoler et à former à la justice; il a mis au cœur de quelques hommes de répandre sa BIBLE, et chacun doit reconnaître qu’il n’a tenu qu’à lui seul d’en posséder le précieux exemplaire.

Mais voici:

- Les uns ont négligé de l’acquérir;

- Les autres, ô honte, ne se sont pas souciés de la posséder quand elle leur était offerte,

- Et la plupart, puissé-je me tromper, la plupart ont placé la Parole de Dieu dans un coin obscur de leur maison, comme un meuble inutile et délaissé, et C’EST AINSI QU’ILS ONT ENCORE MÉCONNU LA VOIX DE L’ÉTERNEL.

Alors l’Éternel, qui ne se lasse point en nous faisant du bien, (Ésaïe XL, 28.) l'Eternel nous a prêché ses promesses et sa volonté par les événements de la vie, par des événements qui ont ébranlé des trônes et émancipé des nations.

À ces signes qui n'eût reconnu la main de Celui qui tient le cœur des rois dans ses mains, qui délie ceux qui sont liés, et qui fait droit à ceux à qui on a fait tort.

Mais, dans ces circonstances extraordinaires, QUI EST-CE QUI A CRU À LA PRÉDICATION DE L’ÉTERNEL, et à qui son bras puissant est-il devenu visible?

Pour être plus libres, les peuples sont-ils devenus plus religieux?

Pour être plus heureux, ont-ils été plus reconnaissants?

Les sabbats (ou jour du Seigneur) oubliés,

les temples délaissés,

les liens de la famille relâchés,

l’égoïsme s’emparant chaque jour davantage des âmes:

Voilà ce que nous t’avons rendu, ô Éternel, pour les biens immenses dont tu avais comblé notre patrie; voilà comment nous avons compris ta prédication!

Et l'Éternel aurait pu nous laisser dans notre aveuglement; et puisque les hommes ne se sont point souciés de le connaître, il aurait pu les abandonner à un esprit dépourvu de tout jugement; et retirant sa main protectrice, il aurait pu, à son tour, ne point se soucier de nous....

Mais il ne l'a point fait; dans son amour immense, il s’est souvenu d’avoir compassion; et estimant peu l’enveloppe d’infirmité et de péché qui emprisonne notre âme, sachant que la grâce vaut mieux que la vie:

Il a frappé le corps pour sauver l'âme;

Il a étendu sur la terre un fléau dont le nom seul porte partout la terreur;

Il a promené sa justice au milieu des nations.

Ce fléau, les hommes de l’art l’appellent CHOLÉRA (ou le COVID), et nous, ministres de Christ, nous l’appelons LA PRÉDICATION DE DIEU adressée à son peuple.

Quel épouvantable malheur serait le nôtre, Mes Frères, si, en entendant la voix de Dieu, nous allions endurcir nos cœurs, et si, au malheur qui nous accable, nous allions joindre le malheur, mille fois plus grand encore, de ne pas comprendre les devoirs et les vérités qu’il proclame de la part de Celui qui l’envoie.

Quel malheur si, à la maladie du corps, nous allions joindre le blasphème, et aux châtiments de Dieu, notre indifférence mortelle! Qu’il n’en soit pas ainsi.

Venez donc et écoutez la prédication que Dieu nous adresse par le fléau dont il frappe son peuple.

Venez justifier avec nous les voies de la Providence et reconnaître ses desseins d'amour et de patience dans ses châtiments les plus épouvantables.

Mais, grand Dieu! toi seul peux nous faire connaître ta volonté; toi seul peux ouvrir notre intelligence à l’ouïe de la voix, notre cœur aux effusions de tes grâces; viens à notre aide et convertis-nous à toi. — Amen!


* * *


I


Ce que nous oublions chaque jour, ce que nous aimons à oublier, c’est que nous ne sommes ici-bas que des étrangers et des voyageurs.

Aisément nous prenons les délassements de la route pour le repos de la patrie.

La vie est, pour la plupart, si douce, les jours de tristesse que Dieu nous a comptés sont si peu nombreux et si tôt oubliés, nous sommes si bien dans notre famille, dans notre honnête et paisible aisance, le soleil brille si beau sur nos têtes, qui songerait à un avenir, meilleur, dit-on, mais environné de vague et d’incertitudes?

Qui songe à sacrifier le présent pour l’avenir, la terre pour le ciel, et qui ne se sent tenté de dire comme les Apôtres admis à contempler une lueur de l’éclat céleste: Maître, il fait bon ici, bâtissons-y nos tentes? (Matth. XVII, 4.)

Et cependant la prédication de l’Évangile, grave et mélancolique, suffisait pour nous désabuser de toutes ces dangereuses illusions:

La Bible devait nous rendre sérieux sur notre avenir;

Les événements de la vie devaient nous démontrer suffisamment la brièveté de la vie et l’incertitude de l’heure de la mort.

Mais puisque les hommes ne se sont pas souciés de ces avertissements de Dieu, l’ÉTERNEL A SOUFFLÉ SUR NOUS SON FLÉAU DESTRUCTEUR:

Les peuples gémissent,

les nations mènent deuil,

les hommes forts ont été abattus,

ceux qui comptaient sur la vie, sur la force et la jeunesse, l’ont vu s’enfuir comme un éclair,

celui qui, hier, s’asseyait à notre table, ou se mêlait à notre conversation et nous faisait part de ses projets pour l’avenir, est aujourd’hui un cadavre immobile.


Ainsi Dieu a prêché au milieu de nous.

Alors les hommes sont devenus, sérieux et attentifs aux signes du temps. ; on les a entendus s’entre-dire «Qu’est-ce que la vie?

Certes, nous ne sommes que d'hier, et nos jours sur la terre sont comme une ombre!» (Job VIII, 9.)

Alors les nations ont été comme en travail; les indifférents eux-mêmes ont pensé, pour la première fois peut-être, à la question grave du salut; et c'est ainsi que, pendant l’affliction de la terre, le ciel a retenti de chants d’allégresse, car il y a de la joie au ciel toutes les fois qu’un seul pécheur vient à se repentir. (Luc XV, 7.)

Sondez encore la plaie de vos cœurs et reconnaissez que nous donnons, d’habitude, toute notre confiance aux causes secondes.

Le soleil pour nos moissons,

la pureté de l’air pour la prolongation de notre vie,

les secours de la science pour le rétablissement de notre santé,

l’appui de l’homme pour la réussite de nos entreprises,

et, trop souvent, ses impuissantes consolations pour nos heures d’angoisses.

Mais la cause première, qui y songe?


Qui ne considère comme une faiblesse d’avoir recours à Dieu d’abord, et aux causes secondes, après!

Et cependant c’est cette tendance funeste de notre âme qui tue le sentiment religieux, qui anéantit la foi et attache irrévocablement l'homme à la vie positive, aux calculs mesquins, et parvient enfin à flétrir toutes les pensées nobles et généreuses.

Dieu nous avait fait voir, comme à l'œil, et sa puissance et sa divinité dans les ouvrages de la création et dans les révélations de son Évangile; (Actes I, 20.) son bras puissant avait, agi dans les événements dont nous avons été ou les témoins ou les objets....., mais en vain!

Eh bien! dès ce jour, il vous adresse une dernière prédication.

IL SOUFFLE SON FLÉAU SUR LES PEUPLES, mais il le leur envoie INCOMPRÉHENSIBLE et MYSTÉRIEUX.

Ici, la science humaine est en défaut.

Ici, les précautions qu’ordonnent la prudence, la religion même, ne peuvent donner l’assurance d’être épargné.

L'observation la plus consciencieuse, les études poursuivies avec le plus de persévérance et de soin, ne peuvent faire connaître:

ni les conditions de la contagion,

ni sa durée,

ni ses symptômes infaillibles,

ni son action destructive,

ni son antidote spécifique,

ni sa marche à pas de géant....., sa marche sur l'aile du vent ou dans le flot des ondes, qui laisse partout le désespoir et la ruine.


Alors, Mes Frères, et soyez attentifs aux cris des peuples, alors on prononce le nom de DIEU parmi les enfants des hommes, même parmi ceux qui, naguère, l'oubliaient, ou trop souvent se permettaient de le blasphémer.

Alors l'âme se replie sur elle-même, et lorsque tout ce qui est terrestre et humain lui manque, elle tourne ses regards vers Celui qui ne se laisse point voir face à face pendant nos jours terrestres, mais qui fait entendre sa voix pendant l’affliction de son peuple, et dont le bras est visible dans les châtiments que nous avons attirés sur nos têtes.


ALORS, EN FAISANT DES PROJETS SUR SON AVENIR D’UN JOUR,

L’HOMME A SOIN D’AJOUTER: S’IL PLAÎT A DIEU.


Au milieu de ses appréhensions, il s’écrie: «Nous sommes dans sa main, il faut se confier en lui.»

Et dans le ciel de lumière, notre affliction produit encore une sainte joie, car enfin les hommes s’apprêtent à faire la volonté de Dieu sur la terre.

Jetez encore les yeux autour de vous; tournez-les encore sur vous-mêmes, ô Mes Frères; cette vie si courte:

À qui la donnez-vous?

À qui vos travaux et vos sueurs?

À qui votre fortune?

À qui votre influence?

À qui votre temps?

À qui vos loisirs?

À vous-mêmes... à vous seuls! Ou peut-être – car le cœur n’est pas tout à fait desséché – à un petit monde bien étroit que l’on compose de quelques amis, des parents les plus proches, et après lesquels tous les autres sont oubliés et confondus, comme si aisément on pouvait se dispenser de les aimer.


Travailler pour soi, jouir seul, augmenter sa fortune, sa considération et ses plaisirs, à n’importe quel prix, fût-ce même aux dépens du monde entier......; voilà, mes Frères, la tendance du siècle (je l'ai entendu dire souvent par des hommes qui connaissent bien le monde et qui le servent encore): voilà la direction que chacun de vous suit, peut-être sans s’en douter, avec plus ou moins d’entraînement, mais toujours de préférence à tout autre.

Et cependant l’exemple du Christ, qui s’est dévoué, avait souvent été mis devant vos yeux; la charité avait été proclamée la plus grande des vertus, la livrée honorable* du Chrétien, le seul signe auquel on connaît ceux qui sont nés de Dieu; car Dieu est amour, (1 Jean IV, 8.) et ceux qui aiment sont les seuls qui lui ressemblent.

* (Livrée honorable: Vêtement qu'un souverain ou un seigneur faisait porter à ses gens et qui rappelait ses couleurs et ses armoiries. – Habit d'un modèle particulier que portent les domestiques masculins d'une grande maison, d'un établissement. Source: Lexilogos)


Mais la prédication de la charité était demeurée impuissante,

parce que les cœurs sont endurcis et desséchés.


Ô malheur! malheur! si l'amour eut été pour jamais chassé de la terre!

Malheur! si l’égoïsme eût porté à jamais ses fruits maudits!

Malheur! car ce monde n'eût été qu’une anticipation de cet enfer où l'on ne sait pas aimer, où l'on ne croit que pour craindre, où l'on ne connaît que pour haïr, où l'on ne cohabite que pour s'entre-déchirer!

Béni sois-tu, ô Éternel! de ce que tu as châtié, dans ton amour, tes enfants qui s'égaraient; et si au milieu des bénédictions dont tu les avais comblés, les hommes oubliaient de s’aimer, c’est par le malheur, c’est par la compassion que tu veux les unir.

À l’approche de l’orage, voyez les hommes se rapprocher; ils s'inquiètent, ils s’agitent pour savoir comment ils pourront le conjurer:

les riches sont appelés à ouvrir leur trésor,

les veuves charitables à donner la pite de leur indigence,

les hommes forts à prêter l’appui de leur bras,

les hommes sages à donner une direction utile aux intérêts de la cité,

les saints à se montrer calmes et inébranlables au milieu du danger,

les pauvres à attendre avec patience et gratitude le soulagement et la compassion.

Voyez comme les hommes se mêlent,

voyez comme ils se visitent,

voyez comme l’indolent est réveillé de son indolence,

voyez comme chacun, à défaut de bon vouloir, donne par convenance, par importunité, de force, ses sueurs ou son or, mais donne enfin et trouve du bonheur après avoir donné.

L’Éternel parlant d’amour et de dévouement n’avait point été écouté; eh bien! il vous force à vous aimer, et c'est violemment qu’il vous appelle à marcher dans une route dont sans cesse vous vous détourniez; et comme le bien ne marche jamais sans sa récompense....

Déjà plusieurs sentent le bonheur inconnu jusqu’ici, le bonheur nouveau, le bonheur indicible de bien faire, les délices de la compassion; et si l’apparence du bien, la charité faite de force, récompense déjà si largement celui qui la fait, que sera-ce donc du bien fait par principe, DU BIEN FAIT EN DIEU; et lequel d'entre vous, après avoir mis le pied dans ce paradis, pourra songer à retourner en arrière pour se replonger dans les ténèbres de son égoïsme et de son péché?

Et si vous étiez tentés de le faire, rappelez-vous, ô mes chers Frères, que Dieu nous annonce dans ses fléaux QU'IL COMPTE AMENER TOUTE ŒUVRE EN JUGEMENT.

Ô vous qui dans vos erreurs avez pu croire un moment que la vie de l’homme se borne à ces quelques heures de combat qu’il passe ici-bas, ô vous qui avez pu douter un moment de l’avenir qui se prépare pour chacun de vous, apprenez par la prédication que Dieu vous adresse aujourd’hui,


QU’APRÈS LA MORT NE VIENT POINT LE SILENCE ET LE NÉANT,

MAIS LE JUGEMENT ET LA VIE.


Soyez attentifs, à ce qui se passe sous vos yeux!

Apprenez vos destinées dans les voies de Dieu.

VOICI: LA JUSTICE DE DIEU PASSE DANS VOS RUES..., et cependant tous les justes ne seront pas épargnés, tous les pécheurs ne seront point atteints.

Lorsque vous verrez un juste enlevé de la terre, ne blasphémez point Dieu, car d’un homme il a fait un ange.

Quand vous verrez un méchant épargné, ne maudissez point la justice de Dieu, car sa miséricorde a voulu d’un méchant en faire un juste.

Ainsi, que les rachetés de Christ se réjouissent en mourant, car bienheureux est celui qui meurt dans le Seigneur; que les méchants qui sont épargnés se repentent, car DIEU FAIT MISÉRICORDE AFIN D’ÊTRE CRAINT.

Il y a donc un ciel pour les rachetés de Christ; il y a donc pardon pour le pécheur qui s'amende;

il y a donc perdition pour celui qui lasse la patience de Dieu;

il y aura donc jugement sur toute âme d’homme.

L’Eternel vient donc dans nos murs prêcher la MORT, le JUGEMENT, le REPENTIR et le dévouement.


Si donc aujourd’hui vous entendez sa voix,

n'endurcissez point votre cœur.


* * *


II


L'Éternel parle, soyez attentifs; imposez silence aux préjugés; chassez des erreurs fatales. Hommes intelligents, COMPRENEZ L’APPEL DE DIEU, n’endurcissez point votre cœur.

Mais la Bible ne parle pas ici de l’entendement, elle parle du cœur, et ce n’est pas sans dessein.

L'intelligence ne nous manque pas pour connaître la vérité, mais souvent le cœur nous manque pour l’aimer. Et cependant C'EST NOTRE CŒUR QUE DIEU NOUS DEMANDE.

Notre culte, nos prières, que dis-je, le sacrifice de nos biens, de notre vie même, n’ont de valeur auprès de lui qu’autant que le cœur les donne!

Et voici la parole de sa sagesse autant que celle de son amour:


MON FILS, DONNE-MOI TON CŒUR!

(Prov. XXIII, 26.)


Ah! si, lorsque Dieu vous parle par ses épouvantables fléaux, en affligeant vos familles, en les laissant veuves ou orphelines, en décimant les nations et en vous menaçant, chaque jour, du retour des mêmes malheurs, ou de malheurs mille fois plus grands encore; si, frappé de l'Éternel, vous alliez endurcir votre cœur, y avez-vous bien songé?

Il n’y aurait plus de remède, plus d’espoir, plus de patience, plus de pardon à attendre, car sachez que LORSQUE LE MALHEUR NE NOUS REND PAS MEILLEURS, il nous rend infailliblement pires:

il endurcit le cœur,

il le trempe d’un acier inattaquable,

il le met pour toujours à l’épreuve de toute autre prédication de Dieu, et peut-être de tout autre appel de sa grâce.

Ah! plutôt, n’écoutez point sa voix; ne cherchez point à la comprendre; fermez les yeux pour ne point voir la clarté de sa face; renfermez-vous dans vos maisons quand la mort court vos rues....

Mais si jamais vous entendez la voix de Dieu, si, malgré le tourbillon dans lequel vous vous jetez pour ne point l'entendre, elle tonne au-dessus de toutes les autres voix, elle fait pâlir toutes les autres clartés, oh! alors, Mes Frères, mes bien-aimés Frères, n’endurcissez point votre cœur.

ET POUR ÉCHAPPER À CE MALHEUR, la route est plus aisée que vous pourriez le croire; c'est l'Éternel qui a pris soin de l'aplanir lui-même; et comme vous ne veniez pas, vous ne pouviez pas venir à lui, il est venu à vous; et comme vous ne l’écoutiez pas dans ses temples, il est venu frapper à votre porte; il vient loger avec vous; sa visitation est terrible, mais enfin elle se fait entendre pour émouvoir vos cœurs; elle ne vous laisse certainement pas tout à fait indifférents.

Eh bien! suivez ces mouvements de vos cœurs, ces mouvements vers les idées sérieuses, vers les sentiments généreux qui ne viennent pas de vous-mêmes, car LE CŒUR DE L'HOMME COUVE L’ÉGOÏSME ET CHÉRIT LE PÉCHÉ.

Suivez ces sentiments qui vous sont imprimés par l'Esprit de Celui qui est la source de l'amour et de la vérité.

Suivez-les, ces impulsions, et elles deviendront plus fortes encore; en faisant valoir votre trésor vous le doublerez, vous serez entrés dans les vues de votre Créateur et de votre Juge, et ce ne sera plus en vain que sa voix puissante aura retenti à vos oreilles et à vos cœurs.

Le temps nous presse, l’éternité s’avance.

Rachetez le temps, car les jours sont mauvais. (Eph. V, 16.)

La terreur et l’épouvantement nous poursuivent; nous sommes tous condamnés à mort, et y a-t-il autre différence entre un homme et un autre homme que la longueur du sursis?

Voulez-vous ne point craindre le Choléra (ou le COVID)? On vous a dit qu'il était utile de ne point le craindre. Mais voici le moyen, il est infaillible:

Que chacun se dise:

«Je suis entre les mains de Dieu, ni plus ni moins, sous l’influence ou hors de l’influence de son fléau.

Si Dieu veut m’appeler à lui, il n’a pas besoin de son ange exterminateur;

s'il veut me laisser la vie pour sa gloire ou mon bonheur, son fléau ne me fera point de mal


Ne vous y trompez pas, ceci n’est point l’absurde croyance à la fatalité qui laisse l’asiatique immobile et stupide devant la peste; c’est la confiance d’un fils pour son père.

Craignez l'égoïsme plus que le Choléra (ou le COVID)!

Que chacun reste à son poste.

Et où iriez-vous pour échapper à la main de Dieu?

Au jour où le fléau de Dieu apparaîtra dans vos rues, que chacun se dise: «Je me dévouerai à ma famille et à mes concitoyens

C’est le moment de s’aimer les uns les autres; que celui qui habite le premier étage monte chez son frère malade qui habite le troisième; que celui qui vit au troisième vienne assister du secours de son bras celui qui habite le premier.

Le dévouement donne du courage et de la force; et ne vaut-il pas mieux mourir en faisant son devoir que de vivre en réprouvé?

Voulez-vous ne point craindre le Choléra (ou le COVID)?

Que votre âme soit préoccupée, absorbée tout entière par la crainte d'un danger mille fois plus grand encore, d’un danger qui vous menace, non pas d'aujourd'hui, ni d'hier, mais depuis de nombreuses années; et cependant vous n'y preniez point garde.


Ce danger, c’est le PÉCHÉ!


Le péché et ses suites funestes; le péché sous quelque forme qu’il se soit manifesté, que ce soit l’avarice, la vanité, la sensualité, l’égoïsme, l’oubli de Dieu, le blasphème ...., n’importe, car IL N’EST QU’UN SEUL SALAIRE POUR TOUTES CES CHOSES:


LA MORT DE L’ÂME.

(L'Enfer)


Et qu’est-ce que la mort SANS le péché?....

Le passage d'une vie d'épreuve et de tentation à une vie où il n’y a plus ni deuil, ni tristesse, ni passions haineuses, ni cruelles séparations, où il n’y a que rassasiement de joie pour jamais dans la présence de Dieu.

Mais la vie AVEC le péché, c'est l’esclavage, c’est le trouble, c'est le désordre, c’est une maladie lente et mortelle pour l’âme, c’est l'anticipation d’un tourment indicible et certain.

Et la mort AVEC le péché qui subsiste; le péché qu’on n’a pas songé à se faire pardonner, qui n’a point été voilé par l’amour de Jésus-Christ l’ami des pécheurs qui s’amendent, la mort qui n'a point inquiété l'âme et qui vient enfin la réveiller d'une manière si douloureuse mais si tardive!

Ô Mes Frères, Mes Frères, CRAIGNEZ LE PÉCHÉ PLUS QUE LA MORT.

Au lieu d’émouvoir vos âmes par des craintes puériles ou déraisonnables, cherchez à les émouvoir par la crainte légitime et salutaire que l’idée de l’avenir doit faire naître en vous; et pour cela, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement. (Philip. II, 12.)

Travaillez-y, car c’est un travail pour celui qui a si longtemps été sourd à la voix qui le lui offrait; c’est un travail pour celui qui a laissé envahir son cœur par les ronces et les épines. Il faut combattre le monde, lutter contre la chair et le sang, et, renonçant à soi même, se donner enfin à celui qui s’est donné pour nous.

Et il vaut bien la peine qu’on travaille à l’acquérir, car enfin il s’agit du salut, l'oubli de vos fautes, l’aurore d’une vie nouvelle, le bonheur, la liberté, la paix, la paix avec Dieu!

On comprend qu'il faut y travailler avec crainte, avec tremblement, de peur qu’il ne nous échappe enfin après l’avoir si longtemps délaisse.

Il faut y travailler, non pas demain, car, DANS NOS JOURS DE DEUIL, QUI OSERAIT PARLER DE DEMAIN, mais AUJOURD’HUI, à présent.....

Et puisque vous avez compris la voix que l’Éternel vous adresse dans nos temps d’affliction, comprenez aussi celle qu’il vous adresse depuis votre enfance, et que vous aviez méconnue.

Lisez sa parole écrite, son livre vieux de plus de dix-huit siècles, et toujours nouveau, toujours plein de consolations, riche d'idées profondes, toujours la lumière du monde et l’espoir de la terre.

Que chaque jour vos enfants et vos serviteurs, réunis autour de vous, entendent les paroles sublimes de l’Évangile; car, bienheureuse est la famille dont l’Éternel est le Dieu!

Venez dans la maison de Dieu que quelques-uns ont si imprudemment délaissée; venez-y disposer votre âme à la prière et à la méditation des choses saintes; venez rendre à l'Éternel l'hommage public que chacun de ses enfants lui doit.

Celui qui confessera Dieu sur la terre, Jésus-Christ le reconnaîtra devant les anges qui sont au ciel; mais celui qui reniera Dieu parmi des hommes, il sera méconnu de Jésus-Christ devant le tribunal de son Père. (Matth. X, 32-33.)


Ô Mes Frères, nous voudrions vous laisser une idée puissante et efficace, une idée qui réveille vos âmes, les console et les sanctifie, car enfin cet appel peut être le dernier, ou pour moi qui vous le fais, ou pour vous qui l’entendez.

Eh bien! la voici cette idée, ancienne comme l’Évangile éternel, et qui le résume tout entier:

Nous sommes tous des pécheurs, nous nous sommes TOUS égarés, nous nous sommes TOUS volontairement privés de la gloire de Dieu, et chacun de nous est déjà condamné; car nulle chair ne sera justifiée devant Dieu par les œuvres de la loi, et la plus excellente de nos œuvres, la plus belle de nos vertus n’est, aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte, que semblable à un linge souillé.... (Ésaïe LXIV, 6.)

Mais voici: Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais sa conversion et sa vie; c’est au pécheur qu’il dit: «Venez à moi, vous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai, et vous trouverez le repos de vos âmes, quand même vos péchés seraient rouges comme le vermillon ils peuvent devenir blancs comme la neige; vous qui avez faim et soif, venez et achetez du lait et de la viande sans qu’il vous en coûte rien.» (Matth. XI, 28; Ésaïe I, 18; Ésaïe LV, 1.)

Christ le juste est mort pour vous injustes; il vous a rachetés de vos péchés; il les oublie, il les anéantit, il les jette au fond de la mer; pourquoi péririez-vous?

Pourquoi repousseriez-vous la main secourable qu’il vous tend avec tendresse?

Pourquoi persévéreriez-vous à aimer le monde qui vous a si souvent trompés, et à mépriser Jésus-Christ qui n’a jamais trompé personne?

Croyez en Jésus-Christ; aimez Jésus-Christ: humiliez vos âmes devant le tableau de ses vertus, mais ouvrez vos âmes à l’espoir, en présence de son dévouement, et sachez que c’est une parole certaine et digne d’être entièrement acceptée, alors que vous n’étiez que des pécheurs; Christ est mort pour vous(1 Tim. I, 15; Rom. V, 8.)


Ô Dieu, lumière du monde, esprit de vérité! ôte, ôte notre cœur de pierre et donne-nous un cœur de chair, écris ta loi dans nos cœurs.

Renouvelle notre entendement; rends-nous ta glorieuse ressemblance que le péché nous a ravie et puis, appesantis, si tu le veux, appesantis sur nos têtes tes fléaux et tes châtiments, nous saurons courber la tête et adorer!

Amen!



- Table des matières -