LA CONVERSION DE ZACHÉE
— Je me représente Zachée, rentrant dans son bureau après sa conversion et disant à l’un de ses commis: aidez-nous à vérifier les comptes de nos grands livres, et vous, dit-il à un autre, asseyez-vous là et munissez-vous de vos livres de chèques.
Après que le premier commis eut lu quelques pages, il s’arrêta et dit à son maître: il y a ici quelque chose d’irrégulier, voici un homme qui a payé beaucoup plus qu’il ne devait en réalité.
— Je le sais, dit Zachée. Je me souviens que ce compte est incorrect. Combien a-t-il payé de trop?
— 1.500 francs, répondit le commis.
— Et bien, dit-il au second commis, faites-lui un chèque de 6.000 fr.
— Mais il n’a payé que 1.500 fr. de trop.
— Ne vous ai-je pas dit, répliqua Zachée, que j’ai promis de rendre 4 fois autant?
Les comptes vérifiés et les chèques remplis, l’employé principal partit le lendemain de bonne heure visiter les clients.
Arrivant chez le premier, il lui dit: Monsieur, je voudrais vous parler de la part de Zachée, mon maître.
— De la part de Zachée! Le vieil usurier.
— Ne m’a-t-il pas soutiré assez d’argent comme cela?
— Aujourd’hui, je vous apporte de l’argent de sa part Monsieur.
— Comment vous m’apportez de l’argent de la part de Zachée? Entrez donc et asseyez-vous. Qu’avez-vous à me dire? Pour quelle raison Zachée m’envoie-t-il de l’argent?
— C’est, voyez-vous, que Zachée a examiné vos comptes, et il a découvert que vous lui aviez payé plus que vous ne lui deviez.
— Oh! le vieux drôle! cela ne fait aucun doute!
— Eh bien, puisqu’il en est ainsi, il désire vous le restituer. D’après vos comptes il a reçu 1.500 francs de vous en trop et il m’a chargé de vous remettre ce chèque.
Il lui remet le chèque!
— Six mille francs!
— Qu’est-ce que cela signifie?
— Zachée vous restitue la somme multipliée par quatre.
— Vous dites que vous venez de la part de Zachée le publicain?
— Mais oui, Monsieur, vous n’avez nulle raison d’en douter.
— Que lui est-il donc arrivé? Est-il fou, ou à l’article de la mort?
— Non, monsieur, tout ce que je puis vous dire: c’est qu’il est en parfaite santé, mieux même: à son âge, il grimpe sur les arbres comme un écureuil!
— Est-ce que le pauvre homme a perdu la tête?
— Non, non, Monsieur, jamais nous ne l’avons vu examiner ses comptes avec tant de soin, pas un centime d’erreur n’échappe à son œil perçant et sous le rapport de la santé, il ne s’est jamais si bien porté de corps ou d’esprit.
— Alors, comment m’expliquez-vous tout cela? Que lui est-il donc arrivé?
— C’est que Zachée est, Monsieur, ce qu’on appelle converti.
— Vraiment dans ce cas je crois à la conversion.
— Oui, Monsieur, et moi aussi. Depuis hier que Jésus de Nazareth a passé et logé chez mon maître, il n’est plus le même. Subitement il a changé.
— Alors, Monsieur, l’œuvre de Jésus de Nazareth n’est pas à dédaigner, mais à être examinée de près, car nul ne peut faire ce qu’il fait si Dieu n’est point avec lui.
(Extrait d'un sermon de L. Moody)
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