VIENS ET VOIS

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SEMER

— Quelle est cette espèce de choux, Madame?

— Eh ben! c’est des choux!

La brave femme qui répondait ainsi à ma question avait semé un peu au hasard, et elle aurait pu être trompée, avoir des plantes fourragères au lieu de vrais légumes. C’eut été fâcheux pour elle.

Nous le savons, pour vivre il faut semer.

Ésaïe nous montre, chap. 28: 24-26, le semeur intelligent à l'œuvre. Il conclut: «Son Dieu lui a enseigné la marche à suivre.»

Le semeur intelligent emploie des graines de choix ou sélectionnées, donnant à tous égards le meilleur rendement, et il accomplit son travail dans les règles voulues.

Le semeur ignorant ou négligent sème d’une façon routinière, sans méthode bien comprise et sans aviser sérieusement au résultat.

La nature nous montre aussi un semeur à l’œuvre, mais un semeur aveugle: LE VENT. Peu lui importe ce qu'il sème, et où et comment il sème, et aussi ce qu’il en résultera. Il sème indifféremment de tout: du bon et du mauvais: Aussi l’on voit des choses curieuses dues au vent:

un arbre dont le tronc sort de la fente d’un rocher;

Des fleurs sur la crête d’un mur;

Des terres incultes, il amène, dans les champs et les jardins, la graine féconde de plantes fort nuisibles comme le chardon et l’ortie.

Par leur négligence, certains hommes ressemblent assez au vent.

Pour vivre spirituellement il faut semer.

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Point de vie de l'âme ou de l’esprit sans travail. Et si le discernement s’impose dans les semailles matérielles, à combien plus forte raison dans les semailles spirituelles. Ici point de négligence sans de graves dommages, et l'aveuglement peut causer la ruine complète.

Semez-vous pour l’esprit?

C’est-à-dire pour la partie essentielle de votre être, pour ce qui est votre noblesse: le souffle vivant de Dieu en vous (Gen. 2:7 — Eccl. 12: 9), ce souffle qui fait déclarer à votre Créateur: «J’ai dit: vous êtes des dieux.» (Jean 10: 34) Si oui, vous récolterez la vie éternelle.

Sans cet esprit vous ne seriez rien que de la matière mouvante ou un être purement instinctif, dépourvu de pensées vraiment intelligentes ou hautes, et de sentiments pénétrés de dignité, et donc sans personnalité réelle.

PAR VOTRE ESPRIT VOUS ÊTES SUPÉRIEUR DANS LA CRÉATION DE DIEU; vous êtes l’image de Dieu, sa ressemblance, vous êtes quelqu'un. Votre esprit, mais c’est vous!

Votre travail est-il pour l'esprit?

Vous allez, vous venez, vous prenez de la peine, vous lisez, écrivez, parlez, écoutez. Dans vos occupations et vos préoccupations, votre agitation et votre action, quelle part y a-t-il pour l’esprit?

Semez-vous pour la chair?

La chair, c’est-à-dire la confusion chez l’homme: le mélange des besoins et des désirs physiques avec les penchants fâcheux, du légitime et de l’illégitime, du vrai et du faux; c'est l’aberration mentale avant sa source dans le péché, les déformations ou infirmités, les maladies de l’esprit. Alors vous récolterez la corruption, allant du mal au pire jusqu’à la perdition.

«Pourvu que j’aie une bonne table, c’est tout ce que je demande.» Ainsi disait un jeune homme. Pauvre idéal! Son esprit malade et infirme se laissait dominer par la chair. Le besoin de manger et le sens du goût étaient devenus chez lui la vulgaire gourmandise. «Ils ont pour Dieu leur ventre.» Phil. 3: 19.

À qui voulez-vous ressembler?

Au semeur négligent qui sème sans sagesse et au vent aveugle qui sème sans se soucier de rien?

Alors vous prêterez l’oreille à n’importe quels discours des vrais et des faux prédicateurs, des athées, des spirites, des moqueurs, etc.

Vous lirez un jour la Bible, le jour suivant un roman douteux.

À l’occasion vous donnerez votre argent pour des œuvres philanthropiques ou pour la cause de Dieu, mais encore plus spontanément pour des œuvres inutiles: spectacles, sports peu féconds, plaisirs des plus mondains.

Gracieux et prévenant avec celui-ci parce qu’il l’est aussi ou que ce sera votre intérêt; grincheux, rancuneux pour des raisons plus ou moins justifiées avec cet autre. Mélange de choses bonnes et de choses mauvaises, les unes pour Dieu, les autres pour Mammon. Le service impossible de deux maîtres.

En vivant ainsi, ce sera l’oubli des recommandations de Jésus, exhortant à la prudence, à la foi, à l’amour chrétien. Sans doute, vous avez parfois des joies, joies fugaces puisque seulement du présent siècle. Plus encore, vous risquez de récolter déjà maintenant l’amertume la plus profonde par les déceptions et les désillusions. Vous êtes presque sûr de récolter la ruine au jour des rétributions: «les vents ont soufflé et ont battu cette maison et sa ruine a été grande». «Car qui sème le vent récolte la tempête», et C’EST LÀ CE QUE VOUS FAITES EN PRÉTENDANT SERVIR DIEU ET LE MONDE, deux adversaires irréconciliables.

Qui ne devient pas plus saint de jour en jour devant Dieu, presque toujours devient plus pécheur, plus corrompu.

Il s’endurcit par la séduction du péché, il est rebelle vis-à-vis de son Souverain, le Créateur, il tient pour profane le sang de Jésus. Il va de son plein gré vers la réprobation, la perdition éternelle.

Revenez à vous-même, à votre bon sens et changez de méthode. Écoutez.

«Son Dieu lui a enseigné la marche à suivre.» Ainsi en est-il pour celui qui se présente humblement à Dieu avec cette supplication: «Ô Seigneur, enseigne-moi toi-même!»

Il comprend que Jésus est mort à la croix pour ceux qui sont morts par leurs péchés, et que ceux qui vivent par leur conversion et le don du Saint-Esprit, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort pour eux.

Conduit par le Consolateur, l’Esprit de Vérité, il s’applique à faire toute chose pour la gloire de Dieu; qu’il écoute, lise, parle ce sera avant tout et par-dessus tout, en vue du spirituel, pour recevoir du bien ou en faire, être plus éclairé quant aux plans de Dieu et quant à sa volonté, ou afin de témoigner des réalités éternelles.

Il sera foncièrement généreux par la libéralité, le support, le pardon, le désintéressement. Quelle belle et bonne chose: vivre par Christ et pour Christ! Être dans l’adoration devant ce merveilleux Sauveur, mais aussi le voir en chaque frère ou sœur, en chaque être humain qui souffre ou a besoin de savoir qui est Jésus et ce qu’il peut faire!

«Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits,

c'est à moi que vous l’avez fait».

Avec de telles semailles que récolte-t-on?

– Le soutien de Dieu dans les difficultés,

– ses consolations dans la tristesse,

– sa délivrance dans les détresses;

– parfois de glorieuses persécutions, mais aussi des âmes pour le salut et la vie éternelle avec la reconnaissance de plusieurs rachetés,

– puis avec l’approbation de sa conscience, celle plus précieuse de Christ en Dieu

«Cela va bien, bon et fidèle serviteur, entre dan s la joie de ton Maître.»

Et cette joie est un superbe rayonnement de vie divine et éternelle.

O. Guillaume, pasteur

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1932- 09