LA LAMPE BRISÉE
ou la victoire de l’Esprit sur le caractère
Pendant que j’étais en pension dans un collège de jeunes filles à St....., j'appris subitement la mort de mon père bien-aimé. Le coup fut si rude que je tombai sur le plancher, inerte, heurtant ma tête sur une malle. Le résultat fut un épuisement nerveux et bien des années de souffrance, qui devinrent l'occasion pour Satan de me «cribler comme le blé».
Avec une disposition naturelle à la susceptibilité, il profita bien des circonstances et du cœur nature pour rendre mon caractère insupportable. Une allumette n’a jamais pris feu plus vite que ce «paquet de nerfs» phosphorescent. Le temps ne réussirait pas à raconter les efforts, les angoisses de l'âme, les cris, les larmes, les prières qui s’élevèrent pour obtenir la délivrance, et tout cela sans résultat.
Après avoir imploré le secours de Dieu pour la journée, à genoux, je me relevais, seulement pour retomber à propos d’un gâteau ou de pommes de terre brûlés ou n'importe quelle autre bagatelle.
Quoi que je fasse, il y avait toujours «une loi dans mes membres qui luttait contre la loi de mon entendement et qui me rendait captive de la loi du péché». (Rom. VII: 23).
Une occasion qui amena un dérangement de mes habitudes me plongea dans un état de désespoir insurmontable; suppliant le Seigneur de me délivrer, quatre points me furent clairement indiqués par l'Esprit, comme guide, pour obtenir la bénédiction désirée.
– Premièrement: Regardez-vous comme morts au péché. (Rom. VI: 11).
– Secondement: Regardez-vous comme vivants pour Dieu en Jésus...
– Troisièmement: Donnez-vous vous-mêmes à Dieu, comme étant vivants, de morts que vous étiez et offrez à Dieu vos membres, comme des instruments de justice. (Rom. VI: 13).
– Quatrièmement: Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. (Phil. II: 12-13).
D’un cœur plein de joie et de reconnaissance, je sentis que ces quatre points étaient quatre clefs, qui employés par l’Esprit, apporteraient la délivrance désirée.
– Première clef: Je devais me considérer comme morte à l'égard de la colère.
– Deuxième clef: Je devais me considérer comme vivante pour Dieu dans la douceur de l’amour.
– Troisième clef: Je devais m’abandonner à Dieu.
– Quatrième clef: Je devais laisser Dieu enlever l’esprit d’impatience et produire l’esprit d’amour.
Mais comme toujours, quand on reçoit la vérité, elle doit être incorporée à notre être pour nous servir d’une façon pratique; ainsi surgit une épreuve qui introduisit la vérité de la tête dans le cœur.
Quelques jours après, je fus réveillée par un lourd craquement dans le vestibule. À moitié endormie je tâtonnai et regardant en bas de l’escalier, je vis mon cher mari qui, essayant de déplacer la lampe du vestibule, l’avait laissé glisser de sa main et je fus horrifiée de voir le pétrole ruisselant dans l’escalier et sur le tapis, avec des débris de verre partout, et mon mari essayant frénétiquement de réparer le dommage, ne soupçonnant aucunement ma présence.
En un instant, je fus complètement éveillée intérieurement et extérieurement, et malgré tous mes calculs et mes résolutions j'étais folle. La vieille habitude de «dire ce que je pense» en de semblables occasions se présenta promptement. Je sentis qu’il me fallait dire:
«Voyons, Georges, comment pouvez-vous être aussi maladroit?» en accentuant convenablement le mot «pouvez». Mais une voix murmura au-dedans de moi:
«Oui, mais ce ne serait pas chrétien.»
«Je le sais répondis-je, mais je crois devoir dire quelque chose qui le rendrait plus soigneux à l’avenir.»
«Oui, mais ce ne serait pas chrétien», répéta la même Voix.
— C'est vrai, mais je veux dire quelque chose.
— Oui, mais ce ne serait pas chrétien, murmura de nouveau la douce voix.
— Certainement, mais il faut que je dise quelque chose, ou il cassera toutes les lampes de la maison et détruira tout.
— Oui, mais ce ne serait pas chrétien. As-tu oublié les quatre clefs que je t’ai données?
Je retournai dans ma chambre. En un moment, je me souvins, et je commençai à me considérer comme morte à ces pensées, qui déferlaient sur mon âme comme les vagues de la mer, pour faire jaillir la parole blessante; et je me considérai comme vivante à l’amour, qui dirait la bonne parole. Mais encore aucun soulagement. Tout était «de moi et rien de Lui». Alors je dis:
«Je m'abandonne à toi, ô Père céleste, il faut que tu arraches les mauvaises pensées, que tu me donnes des pensées justes, car moi je ne peux rien.»
Instantanément, comme un éclair ceci fut fait.
Tout désir de dire quelque chose de désagréable fut banni; mon cœur fut rempli de tendresse et d’amour. J’allai en haut de l’escalier et appelai du ton le plus doux:
«Hallo, Georges, qu'est-ce qu’il y a en bas?»
D’un regard angoissé, attendant des reproches, il dit:
«J’essayais de descendre la lampe et elle a glissé de ma main. Oh! c'est trop fort!»
«Oui, c’est bien une triste affaire, mais ça ne fait rien, nous l’arrangerons après déjeuner.»
Jamais homme plus soulagé ne respira. Il leva les yeux pour voir s’il était possible que ce soit sa femme et le regard exprimait tant de gratitude!
Les calculs et les abandons avaient donné au Saint-Esprit une occasion d’obtenir la victoire.
À partir de ce moment la puissance du péché fut brisée et ces quatre clefs furent les moyens d’entrer et de fermer bien des portes qui, auparavant, avaient été des entrées pour l’Ennemi. Ce ne fut pas seulement une victoire pour moi, mais pour ma fille aussi. Comme elle descendait pour déjeuner, elle murmura: avez-vous vu ce qu’a fait papa?»
— Écoute Fannie, dis-je, papa est bien assez triste à ce sujet, il ne faut pas lui en parler.
«C’est ça», dit-elle, et elle s’en alla heureuse et satisfaite.
Eh bien, après tout, le nettoyage ne fut pas si formidable qu’il avait paru, parce que l’Esprit continuait d'agir, tandis que nous continuions de compter sur Dieu et de céder. Le résultat fut une des journées les plus heureuses parce que le Seigneur Jésus avait eu le droit de passage et qu’il conduit toujours sur des sentiers paisibles et agréables.
Depuis lors ce fut toujours une expérience des plus bénies en appliquant ces principes à toute chose dans la vie chrétienne et «grâce soit rendue à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ». (I. Cor. XV: 57).
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