MÉDITATION
L’amour du Bien et la haine du Mal
«Ayez le mal en horreur;
attachez-vous fortement au bien;
ayez du zèle et non de la paresse;
soyez fervents d’esprit; servez le Seigneur.»
«Ayez le mal en horreur»: la haine ou l’horreur du mal est une forme de l’amour du bien. Comment, en effet, pouvoir aimer Dieu, source de tout bien sans haïr le Mal lui-même.
Le chrétien qui veut servir et aimer Dieu réellement ne pactisera pas avec le mal. Ayons le mal en horreur; littéralement: «abhorrant le mal».
Ce mot abhorrer vient de la racine latine «horrore», qui signifie «se hérisser», comme les cheveux se hérissent dans une grande frayeur. Cette horreur du mal doit être, chez l’enfant de Dieu, le mouvement réflexe et immédiat de dégoût à l’égard de ce qui est «mal» à un degré quelconque et dans un domaine quelconque à cause de la nature spirituelle du croyant, laquelle ne peut supporter les émanations délétères de ce qui vient d’en bas sous peine d’en subir les tristes conséquences d’asphyxie morale, au moins partielle.
Premièrement, dans le domaine de l’action: «haïssant jusqu’à la tunique souillée par la chair» (Jude 23); malheur à ceux qui se complaisent à contempler la souillure!
Ensuite dans le domaine de la parole: «Que l’impudicité, qu’aucune espèce d’impureté et que la cupidité ne soient même pas nommées parmi vous (c’est-à-dire ayez d’autres sujets de conversations), ainsi qu’il convient à des saints. Qu’on n’entende ni paroles déshonnêtes, ni propos insensés, ni plaisanteries contraires à la bienséance, qu’on entende plutôt des actions de grâces» (Éphésiens V, 3-4).
«Ce qui sort de l’homme (par la parole), c’est ce qui souille l’homme», a dit le Seigneur (Matthieu XV, 11). Ne permettons donc pas à notre pensée de vagabonder et à notre parole une certaine intempérance qui seraient très préjudiciables à notre communion spirituelle avec le Seigneur.
Enfin, dans le domaine de la pensée, animatrice et génératrice de la vie, ayons le mal en horreur. «Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées» (Philippiens IV, 8).
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«ATTACHEZ-VOUS FORTEMENT AU BIEN»; comme l’amour de Dieu suppose la haine du Mal, cette dernière implique l’attachement à tout ce qui est «Bien».
Le texte original dit «collés au bien», par le ciment divin du Saint-Esprit. Sens littéral: «La poussière de votre ville qui s’est attachée à nous» (Luc X, 11). Sens moral: «L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme» (Matthieu XIX, 5). Application spirituelle: «Ne rendez à personne le mal pour le mal. Recherchez ce qui est bien devant tous les hommes.
Autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. Ne vous vengez point vous-mêmes... mais, si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s’il a soif, donne-lui à boire, car en agissant ainsi, ce sont des charbons ardents que tu amasseras sur sa tête. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien» (Romains XII, 17-21).
L’expression «charbons ardents» fait allusion à un honneur conféré dans certaines cérémonies païennes.
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«AYEZ DU ZÈLE ET NON DE LA PARESSE»; littéralement: «en diligence et non pas en paresse».
Ce même mot, rendu par «zèle ou diligence»... donne aussi l’idée de l’initiative.
La paresse est un véritable vice qui doit être définitivement banni de la vie du chrétien.
«Mettez votre honneur à vivre tranquilles, dit l’apôtre, à vous occuper de vos propres affaires et à travailler de vos mains, en sorte que vous vous conduisiez honnêtement envers ceux du dehors et que vous n’ayez besoin de personne» (I Thessaloniciens IV, 11-12).
«Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus. Quelques-uns vivent dans le désordre, et s’occupent de futilités... : nous vous invitons à manger votre propre pain en travaillant paisiblement» (II Thessaloniciens III, 10-12).
En un mot, ne restons «ni oisifs, ni stériles» (II Pierre 1, 8).
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«SOYEZ FERVENTS D’ESPRIT»; littéralement: «en esprit, fervents».
Ce mot fervent nous vient du latin «fervor» qui signifie chaleur, zèle, enthousiasme, et se trouve être opposé à tiède (voy. tiède: Apocalypse III, 16-19).
Le lieu de rencontre de Dieu avec l’homme est l’esprit: le Saint-Esprit rend témoignage avec notre esprit (Romains VIII, 16) et rien n’est plus propre que l’esprit de l’homme pour rendre témoignage «à» ou «avec» l’Esprit de Dieu.
L’esprit de l’homme est le «saint des saints», les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité (Jean IV, 23), c’est-à-dire que le principe de la véritable adoration ne repose pas sur le lieu, localement ou topographiquement parlant, mais bien sûr le fait que la rencontre divine ne peut se produire qu’en l’esprit de l’homme par l’Esprit de Dieu. «En esprit: fervents»; zèle intelligent, contrairement à Romains X, 2.
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«SERVEZ LE SEIGNEUR», ou, selon une variante: «En temps convenable, servant.»
«Ne nous lassons pas de faire le bien; car nous moissonnerons au temps convenable si nous ne nous relâchons pas» (Galates VI, 9).
En temps et hors de temps, ayons présente à la pensée la nécessité de servir le Seigneur.
P. Nicolle (Rouen).
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