Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIENS ET VOIS

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MARTYRS CHRÉTIENS EN FRANCE


Ainsi s’exprimèrent les chrétiens des églises persécutées de Lyon et de Vienne en France à leurs frères d’Asie et de Phrygie.

Nos paroles ne pourront jamais exprimer tous les maux que l’aveugle fureur des païens leur a inspirés contre les saints, ni tout ce que leur cruelle animosité a fait endurer à nos bienheureux martyrs.

L’Adversaire a ramassé toutes ses forces contre nous; il n’a rien oublié pour habituer et exercer ses esclaves à persécuter les serviteurs de Dieu; il n’y a ni affront ni injure que sa méchanceté ne leur ait fait subir.


Non seulement on les chassait des maisons, des établissements de bains et des places publiques, mais encore de tous les endroits où ils paraissaient. Mais la grâce de Dieu, supérieure à toutes les puissances de l’enfer, a veillé sur les siens, épargnant les faibles et exposant les forts, qui, semblables à des colonnes, sont demeurés inébranlables à tous les assauts de l’Ennemi, supportant les plus cruelles tortures avec une intrépidité et une patience où l’on reconnaissait des âmes convaincues que les souffrances du temps présent ne sont pas comparables à la gloire qui nous est réservée dans la vie à venir.

Ils ont donc essuyé, avec une constance admirable, toutes sortes d’insultes de la part de la populace; on les a frappés, traînés dans la boue, dépouillés de tous leurs biens, assaillis de pierres, jetés, en prison; en un mot, ils ont éprouvé tout ce que la fureur et la rage peuvent suggérer à une foule brutale.

Ayant ensuite été conduits sur la place publique par un tribun militaire et par les magistrats de la ville, ils furent interrogés devant le peuple et, s’étant déclarés hautement chrétiens, ils furent enfermés dans la prison jusqu’à l’arrivée du gouverneur. Celui-ci s’étant rendu quelques jours plus tard à Lyon, ils comparurent devant lui.

Ce juge passionné les traita si durement qu’Epagathe, l’un des frères, qui se trouvait présent à ce moment, ne put s’empêcher d’en témoigner de l’indignation; il demanda avec instance la permission de disculper ses frères du crime d’impiété et de profanation dont on les accusait.

Alors, tous ceux oui entouraient le Tribunal se récrièrent contre lui, car c’était un homme de qualité fort connu dans la ville. Le gouverneur, blessé d’une telle demande faite pour parler en faveur des accusés, lui demanda à son tour s’il était chrétien. Il l’avoua hardiment et, à l’heure même, il fut réuni aux martyrs. Il fut surnommé, par dérision, l’avocat des chrétiens; cette raillerie est son plus bel éloge. Il avait aussi, pour lui-même, un avocat: l’Esprit Saint qui habitait en lui...


Cet exemple anima d’autres fidèles qui se firent gloire de se faire connaître et de se distinguer des païens parmi lesquels ils étaient restés confondus jusque-là. Il y en eut plusieurs qui, s’étant depuis longtemps préparés à tout événement, se montrèrent prêts à mourir.

Mais il y en eut aussi qui, pour ne pas s’être exercés à ce combat de la foi, donnèrent de tristes preuves de leur faiblesse. Il s’en trouva une dizaine qui succombèrent dans la foi et leur chute nous remplit de douleur et de consternation; elle refroidit l’ardeur de ceux qui n’avaient pas encore été saisis...

Ce n’était pas les tourments que nous redoutions, mais plutôt le danger de l’apostasie qui nous jetait dans les plus grandes alarmes.

Bientôt les membres les plus zélés des églises et ceux qui avaient contribué à affermir le règne de Dieu dans cette contrée furent tous mis en prison. On arrêta aussi quelques-uns de nos domestiques qui étaient païens. Soit par la peur des tortures dont on les menaçait, soit pour d'autres raisons, ils nous accusèrent de manger la chair humaine et de nous livrer à des débordements abominables; en un mot, ils renouvelèrent contre nous les anciennes et affreuses calomnies dont les païens ont si souvent noirci notre réputation et l'innocence de l’église.

Cependant, dès que ces fausses accusations eurent été répandues contre nous parmi le peuple, il se produisit comme un déchaînement de rage à notre égard. Ceux qui, jusque-là s’étaient montrés modérés, à cause des relations de parenté ou d'amitié que nous avions avec eux, nous accablèrent de malédictions et devinrent nos plus cruels ennemis...

Toute la fureur de la multitude, depuis le gouverneur jusqu’au moindre soldat, s’exerça principalement sur Sanctus, diacre de l’église de Vienne (France), sur Maturus, sur Attale et enfin sur Blandine.

Christ fit voir, dans cette dernière, que ce qui paraît vil aux yeux des hommes est souvent ce qu’IL se plaît à combler des plus hautes grâces.

Elle était d’une complexion si faible (constitution physique) que nous tremblions tous pour elle, craignant qu’elle n'eût pas assez de force pour rendre ouvertement son témoignage à la vérité... Mais cette femme admirable se trouva, par le secours de la grâce, en état de braver les... différents bourreaux qui la tourmentèrent depuis la pointe du jour jusqu’à la tombée de la nuit.

Après avoir épuisé sur elle toutes les ressources de leur art barbare, ils s’avouèrent vaincus et déclarèrent qu’ils ne pouvaient comprendre comment leur victime respirait encore alors que son corps était déchiré et percé de toutes parts.

Pour Blandine, ainsi qu’un invincible athlète, elle reprenait de nouvelles forces à chaque nouveau supplice; elle trouvait dans la confession du nom de Jésus-Christ une secrète vertu qui la rendait presque insensible à la douleur: «JE SUIS CHRÉTIENNE», s’écriait-elle fréquemment; et ces paroles émoussaient le fer des bourreaux.


Le diacre Sanctus endura aussi des tourments inouïs avec une patience extraordinaire. Les païens pensaient lui arracher quelque parole indécente ou impie par leurs tortures, mais il résista courageusement.

À chaque question, il répondait: «JE SUIS CHRÉTIEN»; répétant sans cesse, que ce titre lui tenait lieu de nom, de patrie, de naissance, de tout.

Jamais on ne put tirer de lui aucune autre réponse.

Le gouverneur et les bourreaux étaient au comble de la rage. Leur imagination se lassait à force d’inventer pour lui de nouvelles cruautés. Ils appliquèrent des lames de fer rouge aux parties de son corps les plus sensibles et les plus délicates. Le martyr ne fléchit point et persista dans sa foi; son corps était tellement meurtri et couvert de blessures qu’il n’avait, pour ainsi dire, forme humaine. Mais le Seigneur l'animait et montrait aux hommes qu'il n’y a plus de crainte où est l’amour du Père, plus de douleur où est la gloire de Christ...

C’est ainsi que la grâce de Jésus-Christ et la patience des saints déconcertaient la cruelle adresse de leurs ennemis.

Puis le démon leur suggérait sans cesse de nouveaux artifices. On jeta les martyrs dans un cachot infect et ténébreux ou ils eurent les pieds enfermés dans des ceps de bois et étendus jusqu’au cinquième trou.

Ils essuyèrent encore toutes les indignités qu’on peut souffrir dans ces horribles lieux. Il en coûta la vie à un grand nombre; les autres après avoir été tourmentés, à tel point qu’il est difficile de le décrire, étaient dans un dénuement absolu de tout secours humain.

Cependant, dans cet état lamentable, ils avaient encore assez de force de corps et d’esprit, soutenus par le Seigneur, pour encourager et consoler leurs frères en la foi; il y en avait qui, arrivés nouvellement, mouraient sur le champ sans avoir subi aucune torture, ne pouvant supporter l’infection du cachot...

Cependant le bienheureux Pothin qui dirigeait à cette époque l’église de Lyon et qui, à l’âge de plus de quatre-vingt-dix ans et dans un corps usé par la vieillesse, faisait paraître les sentiments d'une âme jeune et vigoureuse, était porté par des soldats et conduit au pied du tribunal.

La vue prochaine du martyre répandait sur son visage une vive joie. Ses membres exténués par le grand nombre de ses années et par une récente maladie ne retenaient plus son âme que pour faire triompher Jésus-Christ par elle.

Le peuple et les magistrats le suivaient, le couvrant d’opprobres, comme s’il eût été lui-même le Christ qu’ils abhorraient.

Ce saint vieillard rendit alors un magnifique témoignage à la vérité. Le gouverneur lui ayant demandé quel était le Dieu des chrétiens, il lui répondit, pour prévenir les blasphèmes qu’il prévoyait: «Tu le sauras si tu en es digne.»

Il fut aussitôt accablé de coups et traîné, sans pitié, dans la boue, sans que son grand âge inspirât le moindre respect à la multitude qui se jetait sur lui avec toute la rage des animaux féroces. Les païens pensaient ainsi venger leurs dieux. Enfin, ce saint pasteur, qui n’avait plus qu’un souffle de vie, fut jeté en prison, où il expira deux jours plus tard.

Ceux qui avaient renié la foi, lors de la première arrestation, furent conduits avec les martyrs et emprisonnés comme eux. Ce fut en vain qu’ils alléguèrent leur changement; leur apostasie leur fut complètement inutile! Elle ne servit même qu’à les rendre plus malheureux et plus infâmes, car ceux qui avaient persévéré dans la confession du christianisme ne furent traités que comme chrétiens sans qu’on leur imputât d’autres crimes, tandis que ces lâches apostats furent regardés comme des meurtriers, des incestueux et punis deux fois plus sévèrement que les autres.

Les fidèles serviteurs de Jésus-Christ étaient consolés dans leurs peines par le privilège de verser leur sang pour le Maître, par les promesses divines et par le Saint-Esprit qui les animait.

Les autres souffraient sans consolation et trouvaient encore un surcroît de douleurs dans les remords de leur conscience. On les distinguait aisément des autres par leur apparence extérieure.

(À suivre.)

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1943 - 02


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