Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIENS ET VOIS

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LES SOUFFRANCES DE CHRIST


Voici ce que m'écrit une malade:

«Nous parlons souvent des souffrances que Christ a endurées pour nous. Mais qui, parmi nous, pourrait dire qu’il les a réellement vécues, sinon intellectuellement?»

Cette phrase, prononcée par le pasteur de ma paroisse, me bouleversa un soir, au sortir de l’étude biblique du quartier. Je rentrai chez moi le cœur remué, me demandant jusqu’à quel point je prouvais m’imaginer les douleurs que Christ avait souffertes pour moi.

Ce soir-là, sincèrement, naïvement, j’ajoutai cette question à ma prière:

Est-il possible, Père, de ressentir pour une minute ce que Christ a souffert pour moi?


Deux jours s’écoulèrent. Je ne pensais plus à la demande de ma prière, quand je fus terrassée par un stupide accident. Je ressentis, en tombant, comme un coup de poignard dans le dos.

Les médecins constatèrent une fracture de la colonne vertébrale. Mise aussitôt dans un corset de plâtre, j’étais réduite à l’immobilité qui devait durer plusieurs mois.

Il me semblait être sur une croix dont le centre de crucifixion se trouvait en bas. Je ne savais que faire de mes bras et de mes jambes, et ne pouvais changer de position sans une aide. Je me sentais remplie de pitié pour moi-même; je gémissais et je maugréais intérieurement.

Soudain, une voix douce comme un murmure me dit:

Mais tu n’as qu’une vertèbre de cassée! et tu as les pieds et les mains libres; tu n’as pas les deux pieds cloués ensemble et les mains transpercées de clous, et tout le poids de ton corps qui tire sur ces clous!

J’ai soif! soupirai-je.

Mais tu n’as qu’à étendre le bras, tu as de l’orangeade à ta disposition et, si tu ne peux pas l’atteindre, tu n’as qu’à sonner; c’est mieux qu’une éponge imprégnée de vinaigre, avec laquelle les bourreaux se sont lavé les mains.


Alors je sortis de ma douleur et un seul mot vint sur mes lèvres: «Pardon! Seigneur! Pardon!»

Après un certain temps, je soupirai encore:

Comme je suis mal dans ce lit! Comment poser ma tête?

Mais tu as un oreiller, tu es confortablement installée; tu n’as pas une couronne d’épines sur la tête et tu n’es pas exposée nue à la risée du peuple; personne ne t’a encore craché au visage.


Alors, j’ai eu honte. Et, chaque fois que revenait la douleur, ces seuls mots revenaient toujours sur mes lèvres: «Pardon! Seigneur! Pardon!»

La nuit vint. Angoisses, malaises, forte transpiration ruisselant sur mon visage.

Mais ce ne sont pourtant pas des larmes de sang! reprit la voix.

«Pardon! Seigneur! Pardon!»

Plus la douleur de Christ me devenait sensible, plus la mienne diminuait. Bientôt, je vis se dresser sur le mur blanc de ma chambre une immense croix, avec le Christ, dont la tête, surtout, devint très nette, avec une expression de profonde tristesse et d’intense douleur.

Ma prière avait été exaucée; certes, je n’avais pas pu vivre les souffrances du Christ, mais j’avais compris que toutes les douleurs que nous croyons être les plus grandes deviennent infimes, comparées à celles dont II a souffert.»

Extrait de l’ouvrage intitulé Médecine de la Personne, par le Docteur Paul Tournier.

(https://www.paultournier.org/archive.html)

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1942 - 09


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