Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIENS ET VOIS

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L’ENTRAIDE FRATERNELLE

(Un ministère pour chacun)


Jean XIII, 34-35

L’entraide fraternelle est un des plus beaux aspects de la vie chrétienne. Le chrétien, celui dont le cœur a été purifié par le sang du Sauveur, et qui, dans les eaux du baptême, a pris «l’engagement d’une bonne conscience devant Dieu et devant les hommes», n’est plus appelé à vivre, dès ce jour, une vie d’égoïsme, mais une vie de service du prochain.


C’est un changement radical.

De même que tout fut nouveau dans notre âme lorsque nous sommes passés de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, de même aussi, à partir du jour où nous avons consacré notre vie à Jésus-Christ, le but de notre existence nouvelle ne doit plus être notre propre intérêt, mais celui d'autrui. C’est une révolution complète et tout homme qui devient chrétien doit en arriver là.

Peut-être cet amour vous apparaît-il encore bien théorique, c’est là où l’entraide fraternelle va le convertir en un amour pratique. En accomplissant des actes d’amour, le nôtre s’intensifiera, aussi bien pour Dieu que pour nos frères, et il provoquera un amour réciproque chez celui qui en a été l’objet.


L’entraide fraternelle est semeuse d’amour.

Oui, l’entraide fraternelle, c’est de l’amour théorique vécu d’une façon pratique. Avec une grosse barre d’or, un homme très riche mourra de faim si cette barre d’or n’est pas transformée en un certain nombre de pièces d’or avec lesquelles il achètera du pain.

L’amour est cette barre d’or pur et l’entraide fraternelle est l’un des moyens de monnayer cet or d’une manière pratique pour le bonheur de nos frères et sœurs. L’exemple de Jésus lavant les pieds de ses disciples nous donne un précieux modèle d’entraide fraternelle. Jésus n’a pas donné ce commandement: «Vous devez vous laver les pieds les uns les autres», pour que nous instituions un rite de plus, mais bien pour réaliser l’entraide fraternelle en faveur les uns des autres dans les mille détails de la vie.

Cet acte de Jésus est non seulement un enseignement de la plus haute valeur morale et spirituelle, mais c’est pour nous un commandement formel.

Voici comment il fut réalisé un jour dans l’Église primitive à Jérusalem: les frères et sœurs ayant mis tous leurs biens en commun, il fallait répartir équitablement pour chacun la subsistance quotidienne. Mais les Juifs hellénistes commencèrent à murmurer parce que leurs veuves étaient mal servies. Or, il ne doit jamais y avoir de murmures dans une église, sous peine d’un grand dommage spirituel.

Il y avait cinq mille membres à servir. Quel immense travail! Pour exercer une entraide fraternelle indispensable, on institua donc le ministère des diacres (diacre signifie: celui qui rend un service à un autre). Et pour servir aux tables avec un réel amour spirituel, on élut sept hommes qui étaient remplis du Saint-Esprit et de sagesse. Pour une œuvre d’amour, il faut toujours des hommes ayant des qualifications spirituelles et portant le fruit de l’Esprit: l’amour.

Il est excellent pour un disciple de Jésus-Christ d’accepter des tâches, même humiliantes, pour le service de ses frères; il faut pouvoir soigner un malade, secourir un frère ou une sœur exténués de fatigue ou une famille dans la détresse, non pas seulement par de l’argent, mais aussi par une collaboration matérielle pratique. C’est un acte qui, loin de diminuer l’homme, au contraire l’élève.

«Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison, nous dit encore Jésus, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns les autres» (interpréter par: «vous entraider les uns les autres sur tous les plans»).

Je connais le cas d’un couple chrétien qui dut partir lors de l’évacuation de juin 1940. D’autres chrétiens, leurs voisins, purent rester. En vrais disciples de Jésus-Christ, ils se chargèrent d’entretenir le potager. Et lorsque ce couple revint au bout d’un mois, quelle ne fut pas leur surprise de trouver leur jardin dans un ordre parfait, et comme ils bénirent le Seigneur pour cette entraide si fraternelle.


J’ai connu jadis une vieille demoiselle infirme, incapable de soigner son jardin et elle n’avait pour vivre qu’une toute petite pension. Je me demandais comment elle pouvait parvenir à donner au service du Seigneur de grosses offrandes, mais j’ai compris un jour: elle avait non loin d’elle quelques frères et sœurs qui avaient compris ce ministère de l’entraide fraternelle: pleins du désir de servir, ils avaient mis en œuvre l’exhortation de l’apôtre Pierre: «Que chacun de vous mette au service des autres ce don qu’il a reçu» (I Pierre IV, 10), et ils assuraient son jardinage. Ils faisaient le leur, puis le sien.


Ils avaient davantage de peine, mais une joie plus grande.

Voilà comment cette vieille demoiselle chrétienne pouvait à son tour, avec une grande reconnaissance et une vraie consécration, apporter de grosses offrandes au service du Seigneur.

Il est merveilleux de découvrir, dans notre récit de l’Évangile, que Jésus a pris la place de l’esclave. Lorsque le Maître rentrait au foyer, l’esclave préparait l’eau chaude et lui lavait les pieds, agenouillé devant lui. Jésus a pris la place de l’esclave.

L’apôtre Paul aussi s’intitule, dans ses épîtres: «esclave de Jésus-Christ», et ailleurs: «Nous nous disons vos esclaves à cause de Jésus-Christ» (II Cor. IV, 5).


Il faut une réelle humilité pour exercer l’entraide fraternelle.

Il serait souvent plus facile, au lieu de s’abaisser à rendre des services matériels, de donner une pièce d’argent, mais c’est l’acte d’entraide qui confère à l’enfant de Dieu une dignité supérieure. De plus, pour celui qui est l’objet de l’entraide, il lui faut accepter avec humilité le service rendu et c’est pour lui l’occasion d’un enrichissement spirituel. Je voudrais vous voir tous devenus des géants de l’entraide fraternelle et de l’humilité.

Bien des frères et sœurs se sont étiolés dans une petite vie spirituelle parce qu’à l’heure où d’autres frères et sœurs avaient besoin d’un secours immédiat, ceux-là ont oublié de vivre le commandement de l’amour fraternel. Au contraire, pan ce désintéressement, l’orgueil et l’égoïsme s’épuisent, le cœur s’agrandit, les difficultés de chacun sont mieux comprises et l'Assemblée devient une merveilleuse famille.

Voyons dans la Parole de Dieu quelques beaux exemples d’entraide fraternelle:

Actes IX, 36: Dorcas, de Joppé:

«Elle faisait beaucoup d’aumônes.» Je la vois coudre avec application et zèle: pour elle, sans doute? Non, elle coud rarement pour elle, presque toujours pour les autres. Et quand elle fut morte, toutes les veuves entourèrent l’apôtre Pierre et lui montrèrent les tuniques que faisait Dorcas.

Quelle oraison funèbre glorieuse! Elle tricotait, cousait, teignait, etc. Toute son activité était mise au service des détresses de Joppé. Et l’on comprend que le Seigneur, invisible et l’apôtre Pierre aient eu l'ardent désir de lui rendre la vie. Elle serait si utile encore pour apaiser tant de souffrances! Que le Seigneur suscite beaucoup de Dorcas parmi nous! Alors, vous serez de vraies sœurs les unes pour les autres.

I Cor. XVI, 15: La famille de Stéphanas. C’est une des premières familles converties de l'Achaïe. Ils ont vécu pour le service des saints (c’est-à-dire des enfants de Dieu, des autres convertis).

On ne pensait plus aux avantages personnels, dans la maison de Stéphanas, mais on disait: il y a là-bas une nouvelle famille nécessiteuse, l’un de nous ira préparer le bois pour la saison froide, un autre aidera au ménage. Quant aux enfants, l'aînée des nôtres ira les garder et raccommoder leurs vêtements. Voyez quelle vie belle, saine, fraternelle. Le Seigneur avait vraiment fait une œuvre merveilleuse en amenant à la foi la famille de Stéphanas. Et l’apôtre Paul ajoute avec raison: «Ayez de la déférence pour une telle famille

Actes XVIII, 1-3: Et Aquilas et Priscillle? Semblables à la femme sunamite qui, jadis, avait préparé pour le prophète Élisée une petite chambre haute, nous voyons à Corinthe Aquilas et Priscille, recevoir l'apôtre Paul dans leur maison et le faire participer à leur vie de famille

Aquilas se chargeait de tout ce qui aurait compliqué la tâche spirituelle de l’apôtre, tandis que Priscille soignait son linge et ses vêtements. Plus tard Apollos fut aussi reçu à demeure dans leur foyer. Leur maison était la maison de Dieu et celle des serviteurs de Dieu.

Frères et sœurs en Christ, nos maisons doivent aussi être mises à la disposition de nos frères et sœurs. «Exercez l’hospitalité», c’est un chapitre édifiant de l'entraide fraternelle.

II Timothée I, 16: Onésiphore. Il est l'entraide fraternelle personnifiée. L’apôtre Paul écrit à Timothée, alors pasteur à Éphèse: «Tu sais mieux que personne les services qu’Onésiphore m’a rendus.» Voilà un frère qui a servi d’une façon active et pratique. C’est à cela que nous sommes appelés par le Seigneur les uns à l’égard des autres. Nous pouvons, derrière ces mots suggestifs, deviner toute la persévérance de ce fidèle disciple dans une vie de service efficace et fraternel.

Rom. XVI, 1-2: Enfin l’exemple de Phoébé, la diaconesse de Cenchrées. «Je vous recommande Phoébé, notre sœur, qui est diaconesse.» Voici encore une sœur qui a accompli un rôle de diacre (quand c’est une sœur, on l’appelle diaconesse). Phoébé avait compris que la mission bénie de la femme, c’est de servir (et celle de l’homme aussi). Malheureusement, beaucoup d’hommes pensent que la mission de la femme est de servir et que la leur est de se faire servir!


Servir fraternellement est le privilège de l’enfant de Dieu.

«Tu naquis pour servir et servir fut ta gloire», dit une strophe de l’un de nos cantiques. C’est pour cela que nous vous encourageons dans cette voie, à l’exemple de Jésus-Christ.

L’apôtre Paul dit encore: «Soyez pleins d’affection les uns pour les autres, usez de prévenances réciproques.»

C’est l’honneur du chrétien.

«Portez les fardeaux les uns des autres», c’est la façon pratique de prouver la sympathie. Jésus-Christ ne nous invite-t-il pas à lui apporter les nôtres?


«Si vous savez ces choses, dit le Seigneur,

vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez!»


Frères et Soeurs en Christ, aimez et servez. De même qu'il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir, il y a plus de joie à servir qu'à être servi.

R. Fauvel

Paris 25-8-40

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1941 - 10


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