Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIENS ET VOIS

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MÉDITATION

ÉLOIGNÉ DE LA FOULE


«Il renvoya la foule.» «Je vis seul cette grande vision

(Matthieu XIII, 36... et Daniel X, 4-11.)

Daniel au bord du grand fleuve Hiddékel, l’apôtre Jean en exil à Patmos et les disciples retirés de la foule devaient bénéficier d’une façon toute particulière de cette solitude. La révélation de la vérité du salut, la manifestation de la gloire du Fils de Dieu et la pénétration des mystères divins est IMPOSSIBLE en restant en contact avec une foule tumultueuse et superficielle.

Certainement, les messages saisissants des paraboles s’adressent aux multitudes, mais la véritable compréhension, l’application spirituelle de ces messages est réservée à ceux qui sont prêts à s’éloigner du monde, à rompre avec cette foule chancelante et agitée à tout vent de doctrine.

Jésus nous a parlé de maintes manières: le Semeur du céleste froment a premièrement labouré; il a manifesté sa puissance par des miracles et des guérisons en vue de travailler les cœurs et de les rendre aptes à recevoir la semence de la vie éternelle.

De frappantes images ont passé devant, nos yeux:

le trésor caché,

la perle de grand prix,

le levain qui fait fermenter la pâte,

le fils prodigue,

le bon Samaritain, etc... ;

Et maintenant la question nous est posée comme elle le fut autrefois aux disciples: «Avez-vous compris toutes ces choses?»

Les disciples pouvaient répondre: «oui!», parce qu’ils avaient reçu les instructions aux pieds du Maître — éloignés de la foule — seuls avec Lui, la révélation de la Vérité avait pénétré leur cœur au point que l’un d’eux s’écria, un certain jour, avec une profonde conviction, dans la joie et l’émotion: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant!»

À propos de paraboles, le Seigneur désigne toute une catégorie d’hommes qui entendent les messages, sans cependant les comprendre! Leurs yeux voient les œuvres merveilleuses de Dieu et... ils restent aveugles! Il y a là, dit Jésus, l'accomplissement d’une prophétie d’Ésaïe. Ce n’est pas quelque chose de particulier au peuple de Dieu sous l'Ancienne Alliance, ce même reproche s’adresse souvent au peuple de Dieu sous la Nouvelle Alliance.

Un appel, une exhortation, un avertissement peut nous arriver de la part du Seigneur, et le cœur est transpercé; il y a, dans un domaine quelconque, un redressement qui s’impose, une humiliation à subir.

Sur telle question ou dans telle affaire, la vie et la conduite du chrétien peuvent ne pas être en accord avec la Parole de Dieu.


ON SAIT QUE DIEU A PARLÉ ET CEPENDANT ON HÉSITE À S’ABAISSER; nous savons que Jésus veut nous «prendre à part» afin de nous aider à pouvoir mieux comprendre son amour et sa grâce, à mieux le suivre, mais... on se soustrait et l’on préfère se dissimuler dans la foule de telle façon que Son message si pressant et si personnel reste sans effet à l’égard de ses destinataires.

L’amour-propre, le prestige et les conceptions charnelles obturent les oreilles et obnubilent les yeux, au point de ne pouvoir ni entendre, ni voir!

Triste état d’une âme qui a eu l’occasion d’entendre la voix de Dieu et de saisir la grâce du Sauveur!

Il est intéressant aussi de remarquer qu'en général l’homme a peur d’être seul; il redoute la solitude. Cette crainte a son origine dès le Jardin d’Éden où, après sa chute, l’homme fut abandonné à lui-même, privé de la gloire de Dieu et de la communion avec son Créateur.

Depuis, la peur s’est généralisée parmi tous: les hommes qui vivent sous la malédiction du péché.

D’autre part, les hommes qui n’écoutent pas les enseignements divins cherchent alors, par des moyens; humains et des voies détournées, un remède à la crainte qui s’empare d’eux afin de pouvoir la braver et stimuler l’incrédulité de leur cœur, et ils s’imaginent l’avoir découverte par une sorte de solidarité dans la révolte et la désobéissance. Comme l’ivraie de la parabole, ceux-là sont LIÉS EN GERBES, GROUPÉS EN BANDES, POUR FINIR DANS LE FEU!

Étant seul, l’homme est craintif, peu assuré, mal à l’aise, hésitant, tandis qu’en foule il devient téméraire, arrogant, parfois cynique. Dans ces conditions, il est rarement accessible au témoignage de douceur, d'amour et d'humilité, bien que le Saint-Esprit puisse infliger la blessure salutaire à son cœur à quelque moment que ce soit.

Jésus désire nous éloigner des vagues tumultueuses de ce monde pour s'entretenir avec nous dans l'intimité, dans une retraite où nous serons à l'abri des bruits et des excitations d'ici-bas. C'est dans ces conditions que le cœur s'ouvrira le plus facilement à la grâce de Dieu.II arrive parfois qu'un petit détail de la vie courante jette une lumière particulière sur ces vérités divines.

Je me souviens qu'un jour, faisant une visite à l'une de ces modestes, mais si hospitalières familles chrétiennes de la région minière du Nord de la France, je fus reçu avec une joie réellement débordante: le jeune fils, alors sous les drapeaux, avait écrit une longue lettre à ses parents.

Ce garçon avait connu l'Évangile dès son enfance; c'était un brave cœur, sans doute, mais il n'était pas encore devenu un enfant de Dieu, un disciple de Jésus-Christ. Il avait, maintes fois, entendu le message, mais il était resté dans la foule sans faire le pas décisif vers le Royaume de Dieu.

Essayons de nous imaginer ce que peut être une foule agitée par l'athéisme, entraînée et abusée par des frivolités et les stupidités d'un monde sans Dieu, sans scrupules et sans conscience.

Où trouver la force d'échapper à un tel torrent de mensonge et d'iniquité, sinon en Celui qui a, pour toujours, vaincu l'empire de Satan?

Notre jeune ami n'était pas revêtu de l'armure spirituelle nécessaire; il n'avait pu résister à l'assaut terrible des puissances de l'enfer; et ses parents prièrent souvent pour lui avec le cœur angoissé. Se trouvant arraché à son milieu, éloigné de ses camarades habituels, loin du foyer, souvent seul au cours de son service militaire, il commença à repasser dans son cœur les sublimes enseignements reçus à l'École du dimanche; Jésus lui parla dans sa soIitude et lui fit comprendre les «pourquois?» qu'il s'était posés, les difficultés, les déceptions, les défaites, et dirigea ainsi son cœur vers la révélation de la grâce et l’amour du Sauveur. «TU ES POUR MOI LE CHRIST, LE SAUVEUR!», ainsi s’exprimait-il dans cette touchante lettre, montrant un cœur attendri et humilié dans les épreuves et l’adversité.

Puissions-nous considérer nos difficultés, notre pénible passage au travers du désert de ce monde sous cet aspect! Alors que de bénédictions et de révélations merveilleuses ne pourrons-nous pas recevoir!

Nous sommes environnés, ici-bas, d’une foule superficielle, irréfléchie et aveuglée; comparable à une marée montant et descendant dans un bruit de rumeurs sourdes et de murmures qui arrivent à nous distraire trop facilement et qui nous influencent au point de provoquer en nous l’insensibilité à l’égard de Dieu et de Son appel!

C’est, probablement, pour cette raison que, par la permission divine, notre route nous conduit vers la solitude où nous nous trouvons éloignés de nos vaines habitudes, séparés des affaires propres à entretenir notre égoïsme naturel, obligés, enfin, de reconnaître la fragilité et l’instabilité des biens et des richesses terrestres.

La Bible, d’ailleurs, est remplie de ces salutaires leçons.

Le prophète Osée nous montre le peuple de Dieu dans son infidélité: «C’est pourquoi, dit le Seigneur, je veux l’attirer et le conduire au désert, et là, je parlerai à son cœur

Quand Dieu voulut délivrer son peuple de l’esclavage en Égypte, il appela un homme qui avait séjourné dans le désert et c’est dans le feu du «buisson ardent» qu’il lui parla et lui révéla sa gloire, sa puissance ainsi que son amour à l’égard des misérables soupirant et souffrant sous l’empire du mal.

Jacob errant dans le désert rencontra enfin son Dieu à Béthel; dès ce moment, sa vie et son caractère changèrent, il devint un homme nouveau et un serviteur utile au lieu d’être un usurier subtil et égoïste.

Quand, enfin Dieu voulut préparer l’entrée du Messie, du Sauveur, du Rédempteur, dans le monde, c’est de nouveau dans le désert qu’il parla par le précurseur, retiré du monde, dont l’apparat religieux était devenu le pire obstacle à la révélation divine.

Et, lorsque notre christianisme, à son tour, devint somptueux, orgueilleux fanatique, superstitieux, pharisaïque et oppresseur, Dieu intervint par le moyen de quelques âmes préparées dans le désert.

Une poignée d’hommes de conscience, de foi et de courage relevèrent la mission prophétique sous la huée furieuse d’une foule fanatisée et égarée; ainsi se forma l’Église «du désert».

Quel fut son appel? «RETOUR À LA BIBLE!», clamèrent-ils.

Quel fut son message aux hommes qui osaient braver les traditions religieuses et les interdictions des autorités ecclésiastiques en se rendant dans les lieux désertiques des hautes Cévennes, dans les forêts, dans les solitudes, où les vérités divines étaient annoncées par ces nouveaux prophètes et apôtres choisis de Dieu? «RÉSISTE VAILLAMMENT!»

Mais, une fois de plus, l’assoupissement puis l’infidélité s’emparèrent de l’Église de Jésus-Christ, et voilà la raison pour laquelle un nouveau cri de Réveil retentit aujourd’hui de tous côtés. À nouveau Dieu suscite des hommes fidèles, animés de l’esprit de prophétie qui est le témoignage de Jésus (Apocalypse XIX, 10). 

De nouvelles voix crient dans le désert de ce monde, préparant le chemin du Seigneur:

«Réveille-toi, toi qui dors; relève-toi d’entre les morts et Christ t’éclairera!» (Éphésiens V, 14),

«Sortez du milieu d’eux (des infidèles) et séparez-vous, dit le Seigneur; ne touchez rien d’impur et je vous accueillerai» (Il Corinthiens VI, 17).


Ami lecteur, que réponds-tu à cette voix de Réveil que le Saint-Esprit fait entendre aujourd’hui?

Quelle est ton attitude à l’égard de cet appel de Dieu?

«Sortons, donc pour aller à Lui, hors du camp, en portant son opprobre» (Hébreux XIII, 13). 

Marcher seul avec Dieu, quelle inestimable faveur, quelle merveilleuse puissance ne pouvons-nous pas y puiser! C’est un fait digne de remarque qu’il est nécessaire de passer par de telles expériences dans quelque solitude afin d’arriver à la possibilité de réaliser un ministère spirituel propre à remuer la foule ainsi qu’à produire des œuvres durables dans le cœur humain.

D’autre part, le disciple qui suit la foule et se laisse influencer par le monde pour se conformer à ses caprices ne sera jamais qu’un médiocre témoin de Jésus-Christ, sa vie, son activité, son témoignage resteront paralysés, sans effets bienfaisants, sans saveur, sans puissance...

Que le Seigneur soit béni pour ses îles favorables à l'exil; pour ces fleuves près desquels les douleurs même d’une captivité se transforment en visions de la gloire céleste: Béthel, Horeb, Kébar, Patmos et toutes les autres solitudes qui furent des lieux de la révélation divine; points de départ ou étapes sur la route royale qui conduit l’homme vers son Dieu, vers le salut, la joie, la paix, et lui donne la possibilité d’entrevoir et de reconnaître la gloire du monde à venir, l’amour éternel et la lumière divine qui règnent où le pêché ne trouve pas asile, c’est-à-dire dans le ciel.

Abandonnons entièrement notre vie à notre Sauveur et Maître afin d'entrer dans le plan de Dieu, de devenir de puissants instruments dans Ses mains pour relever, renouveler, régénérer et sauver de nombreuses âmes qui se précipitent en foule vers les ténèbres et la perdition éternelle.

«Le désert et le pays aride se réjouiront; la solitude s'égaiera et fleurira comme une rose, elle se couvrira de fleurs et tressaillera de joie, avec chants d'allégresse et cris de triomphe; ils verront la gloire de l'Éternel, la magnificence de notre Dieu.» (Ésaïe XXXV. 1-2)

O. F. Le Havre-Graville

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1941 - 10


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