Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIENS ET VOIS

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MÉDITATION

LA VIE INTÉRIEURE


À notre époque de travail intense, quand les appels à des activités nouvelles retentissent de tous côtés, le chrétien le plus courageux, le plus ardent, éprouve parfois des moments de lassitude et de crainte. Il ne peut suffire à la tâche. Il examine avec anxiété ce qu’il pourrait supprimer, il essaie de mettre plus d’ordre, plus de méthode et de ponctualité dans ses occupations; mais bientôt, il est encore débordé, submergé par une vie extérieure vraiment trop encombrée et où, pourtant, tout semble indispensable. Je ne crois pas exagérer en disant que ce sentiment d’insuffisance continue est, pour la plupart d’entre nous, une des croix les plus lourdes que nous ayons à porter.

Notre insuffisance nous est surtout pénible par le sentiment que notre travail est moins bon, que nous devenons en partie comme des machines, marchant par vitesse acquise et pour un temps seulement, au lieu de marcher et d’agir en hommes maîtres d’eux-mêmes et dominant toujours les événements.

La cause de cette déchéance, qui à la fin risquerait de devenir très grave en compromettant tout l’avenir, réside, non dans ce que l’œuvre est trop grande, mais dans ce que les ouvriers sont insuffisants; il leur manque l’essentiel: la vie intérieure.

Les chrétiens oublient qu’avant d’agir, il faut vivre, car la vie personnelle, vigoureuse et profonde, est la condition première de l’action, et, de plus, la vie seule engendre d’autres vies, c’est-à-dire d’autres actions possibles. C’est là une vérité élémentaire, mais c’est peut-être pour cela même qu’elle est si oubliée de nos jours et que tant de chrétiens s’épuisent dans des efforts presque inutiles.


«Si le sarment ne demeure attaché au cep, dit Jésus, il ne peut porter de fruit.» Cette parole, qui s’applique à nous, ne signifie pas un attachement mécanique accompli une fois pour toutes au jour de la conversion, elle signale une relation organique et vivante.


Un sarment reçoit du cep la sève en tous temps; si on interrompt ce courant bienfaisant par une petite incision, le sarment souffre, il peut même perdre ses feuilles et se dessécher.

Il en est de même du chrétien. Il n’a pas la vie en lui-même; c’est Christ qui est sa vie, à la condition que son contact avec lui soit permanent, qu’il soit soudé à demeure à son cep divin et que la sève, l’esprit de Christ, coule continuellement en lui.

Cet afflux PERMANENT entretient sa vie, il est sa vie, et il lui permet de manifester la vie au-dehors. C’est cette relation, cette communion de vie avec le Christ qui constitue la vie intérieure du chrétien et que nous devons désirer avant tout.



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Examinons comment cette vie se manifeste actuellement en nous, et de plus tout ce que nous pourrions espérer d’elle.

Tout vrai chrétien sait bien qu’il ne peut être indéfiniment absordé par les occupations et les préoccupations extérieures. Dès lors, aussitôt qu’il sent la faiblesse l’envahir, il doit, non pas s’en attrister, mais s'en réjouir.

«Voici, dit le Seigneur, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un m’ouvre, j’entrerai, je souperai avec lui et lui avec moi.»

Le disciple AVERTI et OBÉISSANT entend, il cherche un moment de liberté, il se retire à l’écart, il ouvre la porte à son Maître, à son Ami divin. Alors, seul avec lui, dans le silence, devant sa Bible ouverte, il médite et il prie.

Il a de la peine à oublier son travail, à calmer son agitation. Bien souvent, le cœur sec et vide, il supplie à genoux le Seigneur de le calmer, de le fortifier, de le vivifier. Il tremble en voyant le temps passer sans réponse apparente, et dans son angoisse, il lui rappelle ses appels et ses promesses, il le remercie aussi d’être là, présent, quoiqu’invisible. Et la réponse vient.

Souvent, elle vient sans éclat, un changement imperceptible se produit en lui; en écoutant ces assurances divines qu’il repasse une à une, il comprend qu’il ne s’agit pas tant de sentir que de savoir et de saisir, par la foi, l’Ami qui vient à lui, de se confier entièrement en Lui. L’amertume du sentiment de faiblesse et d’abandon lui est alors enlevée, elle est remplacée par une douceur pénétrante, la joie d’avoir cru sans voir.


Et c’est tout.

Le chrétien peut se relever, il n’est plus seul. Il peut aller à son travail, c’est-à-dire à l’œuvre que Dieu lui a confiée, le Seigneur le conduit et l’anime quoiqu’il lui soit toujours invisible.

Quelquefois aussi l’expérience est plus manifeste pour le chrétien, surtout lorsqu’il sait profiter d’un moment favorable pour se recueillir plus complètement. Progressivement ou subitement, le Seigneur se fait sentir en lui, la Sainte Présence s’affirme ineffable et glorieuse et l’âme du disciple en tressaille de joie et d’amour.

Ce n’est pas que ses yeux, ni aucun de ses sens physiques soient impressionnés, c’est une Présence intérieure, infiniment intime, réelle quoiqu'inexprimable.

Notre esprit est mis en face de Celui qui est esprit. Notre œil spirituel s’ouvre, il contemple Jésus et perçoit sa beauté; notre oreille spirituelle entend et reconnaît sa voix, la voix du Bon Berger, qui répète les paroles de la Bible et ces paroles deviennent vivantes et lumineuses:

«Ne crains point, crois. — Je suis tous les jours avec vous jusqu’à la fin. — Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, mon Père l’aimera, nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui.»


Et le disciple écoute.

C’est alors que «les doutes s’évanouissent, que les problèmes se résolvent, que se prononcent les engagements décisifs, que se consomment les sacrifices sans repentir, que:;e prennent les résolutions irrévocables» (Frommel, Foi et Vie, 16 août 1907), car le Seigneur est entré en nous comme dans un temple et nous a sanctifiés en nous vivifiant.

Quiconque a goûté, même une seule fois, cette céleste communion, en garde le souvenir comme un trésor. Il la recherche et la désire, comme le plus précieux des biens, la source même de toute vie et de toute activité. Sa préoccupation est de la posséder de plus en plus. Heureux celui qui, à la fin, obtient la communion constante avec Jésus, car alors sa vie intérieure devient une vie débordante, une vie puissante et glorieuse, qui transforme cet homme en une nouvelle créature, en un témoin de Jésus-Christ.

«Toutes mes sources sont en Toi», s’écrie-t-il avec adoration.

«Oui, celui qui est à Moi, n’aura jamais soif» lui répond le Seigneur. Au contraire il devient lui-même «une source d’eau vive et vivifiante

«Celui qui croit en Moi a la vie éternelle. Je suis le chemin, nul ne vient au Père que par Moi.Quiconque m’a vu a vu mon Père. — Nous viendrons et nous demeurerons en vous.»

En le contemplant, notre esprit s’anime d’un saint enthousiasme. La Bible nous devient un livre ouvert, tout rempli de vérités substantielles et lumineuses parce que nous le lisons avec Christ.

Le monde aussi, nous paraît changé parce que Christ, en qui nous vivons maintenant, nous le montre comme il le voit: UN MONDE PERDU PAR LE PÉCHÉ, mais vaincu et sauvé par Lui. Comme Lui, nous avons le cœur rempli, à la fois d’horreur pour le péché et d’amour pour le pécheur.

Et, quant à nous, nous ne demandons qu’une chose: ÊTRE À LUI, VIVRE POUR LUI, qu’il nous prenne de plus en plus, afin que notre vie soit de plus en plus cachée avec Lui en Dieu.

Chaque moment de solitude devient, par Lui, comme un repas avec un ami de plus en plus intime; repas où tout l’être, retrouvant sa vraie nourriture et ses vraies relations, se réconforte de toutes manières.

Relations saintes où le disciple remercie, où il écoute, où il questionne parfois; où il supplie aussi pour lui ou pour ses bien-aimés.

Relations bénies où il se sent libre de pleurer sans contrainte sur le sein de son Ami, où il peut chanter aussi et faire éclater son coeur en joie débordante.

Communion mystérieuse où le Seigneur se confie Lui-même à cet homme qu’il a racheté, où II lui dit ses plans d’amour, où II lui montre les vraies difficultés et les vraies solutions, où II le dispose à la patience aimante, à la soumission définitive, à l’abnégation complète; pénétration sainte et mystérieuse de Dieu Lui-même en une pauvre créature et de cette créature en Dieu.

C’est ainsi que s’accomplit le mystère de la Rédemption, que se développe l’homme intérieur, celui que l’apôtre appelle «Christ en nous, l’espérance de la gloire

C’est ainsi que «nous tous qui contemplons Son image, nous sommes transformés comme Lui de gloire en gloire par l’Esprit du Seigneur» et qu’il fait de nous ses témoins.

Une femme de Dieu m’a demandé d’ajouter à ce qui précède un paragraphe concernant l’heure la plus favorable à la prière.

Cette heure est le matin.

C’est aux premières heures du jour, après le repos de la nuit, que notre âme entend le plus nettement l’appel du Maître et qu’elle peut lui ouvrir la porte le plus largement.

Une journée commencée dans la prière est une journée consacrée, elle est, alors, tout entière saisie par Jésus-Christ. Il la discipline, Il l’organise; Il distribue dans chaque heure la tâche la plus convenable: travaux et repas, conversations, correspondance, efforts ou délassements, souffrances ou joies, tout est dominé par Lui.

«Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi», dit le disciple.

«OUI, dit Jésus, je vis, et parce que je vis, vous vivez aussi, car je suis venu pour que mes brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abondance.» (Jean X, 10 et XIV, 19).

H. Devaux


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(Cette excellente « Méditation » a été écrite il y a plus de 20 ans par M. H. Devaux, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. Nous remercions M. Devaux pour la gracieuse autorisation accordée en faveur de Viens et Vois.

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1940 - 10


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