Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIENS ET VOIS

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SIGNES DES TEMPS

Un monde mûr pour le feu


Un monde en musique; un monde en armes; un monde en larmes; un monde mûr pour le feu...

J’entendais, l’autre jour, d’une personne, qui me le rapportait comme une chose toute naturelle, ce mot: «Ils sont très pauvres, ils ne gagnent que 1.000 frs par mois!... »

Il s’agissait d'un ménage de deux personnes et un enfant, un ménage d’employés. «QUE» mille francs par mois!...

C’est peu, évidemment, pour trois, 1 000 frs par mois, c’est très peu si l’on veut mettre un peu de beurre sur son pain. Mais il faut s'entendre: De quel beurre s’agit-il?

Oui, quelle espèce de beurre le ménage «moderne» estime-t-il nécessaire pour donner du goût à son existence, aujourd'hui?

Vous comprenez que lorsqu’on parle de beurre c’est purement une image. Il ne s’agit ni du mauvais beurre campagnard, ni davantage du «centrifuge», pas même du fameux beurre d’Isigny. Il s’agit DES EXTRAS, il s’agit de tous les condiments raffinés qu’une multitude de nos contemporains estiment indispensables à un ménage modeste de nos jours.

Un ménage de trois personnes — moyenne de la famille française: monsieur, madame et bébé – qui n’a que 1 000 frs à dépenser par mois, est classé: MÉNAGE INDIGENT.

Mais, songez donc:

À ce ménage il faut à monsieur, son tabac, l’apéritif, la tournée au café, et le reste.

À Madame, il faut l’indéfrisable, fréquemment renouvelée, tout l’attirail de chichis et de peinture dont n’usaient autrefois que les femmes de théâtre, ou les malheureuses du trottoir.

Il faut le maquillage, aujourd'hui, à une honnête femme de bourgeois ou d’ouvrier, qui se respecte.

Il faut un chapeau à chaque saison et de la toilette en conséquence.

Une ou deux petites soirées par semaine au cinéma ou au théâtre est-ce trop?

Et un tantinet de pâtisserie est-ce du luxe?

Et même, nous allions oublier, il faut du lait pour bébé; or, le lait est si cher!

Comment voulez-vous qu’avec mille francs par mois, dans de telles conditions, on puisse vivre?

Et l’on songe ici à la réflexion du vieux philosophe Alphonse Karr:

«En sorte que ce n’est plus à Dieu, mais au diable, que l’on demande son pain chaque matin.»



* * *


Le problème de la natalité, Messieurs nos dirigeants, pourrait se résoudre, oui, mais point avec des gros sous. C’est une réforme radicale de nos mœurs qu’il faudrait, et de notre mentalité.

Dans le numéro du 8 février de l’an dernier on pouvait lire dans L'Humanité cette déclaration d’un «bistro» à un reporter chargé d'une enquête dans un quartier du XVe arrondissement de Paris:

«L’augmentation des salaires a été pour nous le principal facteur d’une reprise certaine des affaires... Pendant quelques mois, nous avons vraiment bien travaillé. D’anciens clients revenaient prendre quotidiennement leur apéritif, d'autres plus assidus dépensaient plus largement...»

Ce «bistro» se rencontrait avec cet actionnaire d’une importante société qui fabrique et vend des apéritifs et qui, lui aussi, déclarait:

«Quant à l’augmentation des affaires en volume, je crois savoir que, pour l’excellent apéritif qu’est le C..., l’augmentation de la consommation croît en fonction directe de l’augmentation de la durée des loisirs. Nous avons tout lieu de nous en réjouir.»

C’est comme ça.

Que l’on ne s’imagine pas que cet état de choses n’existe qu’en France. En Allemagne, la moralité n’a jamais été aussi bas, comme ailleurs du reste...

Et si dix-neuf siècles de «christianisation» du monde ont laissé l’humanité dans le bourbier de boue et de sang où elle se débat aujourd’hui, quel remède imaginera-t-on qui fera mieux que l’Évangile?

Ce n’est plus l’eau, comme au temps d’Augias et d’Hercule, qui suffirait à nettoyer ces écuries infectes que sont nos sociétés modernes, c’est le feu.

«Mais si je trouve à combattre des ronces et des épines, je marcherai contre elles, je les consumerai toutes ensemble, dit l’Éternel». (Ésaïe 27-4). Et par la voix de l'apôtre Pierre, le Saint-Esprit déclare:

«Le jour du Seigneur vient comme un voleur; en ce jour les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés se fondront et tout ce que renferme la terre sera consumé....» (2 Pier. 3-10).


Frères, ce jour est proche.

Veillons et prions.


Jean Grégor.

(L’attente du Maître) (Août-Septembre 1939)

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1940 - 01


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