Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIENS ET VOIS

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NE TOUCHEZ PAS À MES OINTS

1 Chr. 16: 22


Le diacre Lee, homme bon, silencieux, sincère et généreux, fut entrepris un jour par un membre de l'église, personnage turbulent, ambitieux et mondain, qui cherchait à semer la discorde dans la congrégation. Il s’efforçait tout particulièrement à faire renvoyer le pasteur.

Le diacre vint pour recevoir son visiteur qui, après les compliments d'usage, commença à se lamenter sur le triste état de la religion, puis demanda pourquoi il n'y avait pas de réveil dans l'église depuis trois ans.

«Voyons, que pensez-vous de tout cela? Pourquoi l’église semble-t-elle morte? Le savez-vous?... insistait-il.

Le diacre n'était pas d’humeur à donner son opinion; après quelques réflexions, il répliqua franchement:

«Non, je ne le sais pas.

«L'église semble-t-elle capable à faire face aux difficultés qui se dressent devant elle?

«Non, je ne le crois pas.»

«Croyez-vous que le serviteur réalise pleinement la gravité de sa tâche?

«Non, je ne le crois pas.»


Un éclair passa dans les yeux de celui qui voulait troubler la famille de Dieu, et s’armant de courage il demanda:

«Trouvez-vous son sermon sur «Leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître», quelque chose de remarquable?

«Non je ne le trouve pas.»


S’enhardissant après cet encouragement, il poursuivit:

«Alors, ne pensez-vous pas qu’il serait préférable de destituer cet homme et d’en nommer un autre?»


Le vieux diacre sursauta comme sous le coup d'une décharge électrique, et d’un ton plus élevé que de coutume, il cria:

«Non, je ne le pense pas.»

«Pourtant, riposta le visiteur étonné, vous partagez mon avis sur tout ce que j’ai dit, n’est-il pas vrai?

«Non, pas.»

«Vous parlez si peu, Monsieur, reprit son hôte — non sans trouble — que personne ne peut savoir ce que vous pensez.»

«Il fut un temps où je parlais autant que six chrétiens en prière, répondit le vieillard en se levant. Mais il y a trente ans, mon cœur fut humilié, et depuis lors, j'ai toujours marché humblement devant Dieu, a cette époque, je fis des vœux aussi solennels que l’éternité. Ne venez pas me tenter; n’essayez pas de me les faire rompre.


L’importun fut troublé par le ton véhément et sincère de cet homme jusqu’ici silencieux et impassible. Il demanda:

«Que vous est-il donc arrivé il y a trente ans?

«Eh bien, Monsieur, je vais vous le dire.

Je fus entraîné dans une intrigue exactement semblable à celle que vous me proposez, pour déraciner un des serviteurs de Dieu du champ dans lequel il l’avait planté. Dans mon aveuglement je trouvais tout naturel de déplacer une des «étoiles» que Jésus tient dans sa main.

Nous nous flattions, moi et les hommes que je suivais — car j'avoue que j’étais une dupe et un jouet entre leurs mains — d'agir en toute honnêteté. Nous pensions que nous travaillions à la gloire de Dieu en éloignant ce saint homme de sa chaire et de son ministère. Nous lui dîmes que sa tâche à B... où j'habitais alors, était terminée.

Nous gémissions parce qu’il n'y avait pas de réveil. Nous bavardions et écrasions au lieu de soutenir par nos efforts l'instrument des mains duquel nous réclamions si rudement les bénédictions. Mais, Monsieur, il ne pouvait tirer le char du salut tant que nous pendions aux roues, comme un poids mort, et qu’une demi-douzaine d'entre nous le tentaient sans cesse en l’accusant de faiblesse.

Il n’avait pas la puissance de l’Esprit et ne pouvait me convertir. Nous le traquâmes comme un cerf jusqu’à ce que, épuisé et blessé, il s'enfuit dans un abri pour y mourir.

À peine avait-il quitté notre ville que Dieu vint parmi nous par son Esprit et nous montra qu’il avait béni les travaux de son fidèle serviteur. Nos cœurs furent brisés et nos enfants égarés convertis. Je résolus d’aller voir mon ancien pasteur dès que cela me serait possible, pour lui confesser mon péché et le remercier de son dévouement pour mes fils égarés, qui, semblables à des graines enfouies depuis longtemps dans la terre, venaient soudainement de paraître à la lumière.

Dieu me refusa cet adoucissement à mes remords.

Il me donna une leçon que chacun de Ses enfants aurait besoin d’apprendre, que:


Celui qui touche à l’un de Ses serviteurs,

touche à la prunelle de Ses yeux.


J'appris que mon Pasteur était malade et emmenant mon fils aîné avec moi, je me mis en route pour aller le voir. J’arrivai le soir, et sa femme animée d'un sentiment que toute femme aurait témoigné au persécuteur de son mari, refusa de m’admettre près de lui. Elle me dit, — et ses paroles pénétrèrent dans mon cœur comme des flèches:

«Il va peut-être mourir. Vous voir pourrait ajouter encore à son angoisse.»

«Est-il possible me dis-je, que l'homme dont les travaux m’ont — par la grâce de Christ — amené dans la Bergerie, que celui qui m’a consolé lorsque j'étais dans la peine, et qui, jusqu’à ce que des intrigants nous aient séparés, ait été pour moi un frère, est-il possible, me répétai-je que cet homme ne puisse mourir en paix si je suis à son chevet?

Seigneur, aie pitié de moi, criai-je Qu'ai-je fait!

Je confessais mes péchés à cette humble femme et la suppliait au nom de Christ de me laisser m’agenouiller devant Son disciple mourant, afin de recevoir son pardon. Avec joie, j'aurais pris pour toujours toute sa famille à ma charge, et j’en aurais pris soin comme de ma propre chair, comme de mon propre sang. Malheureusement, un tel bonheur ne m’était pas réservé.

Comme j'entrai dans la chambre du guerrier blessé, de ce guerrier qui ne pourrait plus porter son armure, il ouvrit les yeux, et dit:

«Frère Lee! Frère Lee»!

Je me penchai sur lui en sanglotant: Mon pasteur! Mon pasteur!

«Alors élevant sa main pâle et décharnée, il murmura d’une voix grave et impressionnante: Ne touchez pas âmes oints, et ne faites pas de mal à mes prophètes!»

«Je lui parlai tendrement et lui dis que j'étais venu pour confesser mon péché et lui présenter un des fruits qu’il avait portés. J’appelai mon fils pour qu’il lui dise comment il avait trouvé Christ. Hélas! Le malade n'avait plus conscience de ce qui se passait autour de lui. Me voir avait été pour son âme troublée, la dernière douleur de cette terre.

Je baisai son front et lui dis combien il m’avait été cher; j'implorai son pardon pour mon infidélité et lui promis de prendre soin de sa veuve et de ses petits orphelins; mais son unique réponse murmurée comme dans un mauvais rêve, fût:


Ne touchez pas à mes oints et ne faites pas de mal à mes prophètes.»


«Je le veillai toute la nuit, et à l’aurore, je lui fermai les yeux. J’offris à sa veuve, une maison où passer le reste de ses jours; mais comme une héroïne elle répondit: «Je vous pardonne de bon cœur, mais mes enfants qui ont vécu si douloureusement les heures d’angoisse de leur père, ne me verront jamais accepter quoi que ce soit de ceux qui l’ont fait souffrir. Ce serait manquer de respect à sa mémoire. Il nous a laissés à la garde de Dieu, qui prendra soin de nous.»

«Croyez-moi, Monsieur, ces paroles d'un mourant montaient sans cesse de son cercueil et de sa tombe vers moi. Quand je dormais, Christ se tenait devant moi dans mes rêves et me disait:


«Ne touchez pas à mes oints et ne faites pas de mal à mes prophètes.»


«Ces paroles me poursuivirent jusqu'à ce que j’aie vraiment COMPRIS EN QUELLE ESTIME CHRIST TIENT CEUX QUI ONT TOUT ABANDONNÉ POUR LE SERVIR.

Aussi, j’ai juré d’aimer tous ses disciples à cause de Lui, même s’ils n’étaient pas parfaits.

Depuis ce jour, Monsieur, j'ai parlé moins qu’auparavant et j'ai toujours soutenu mon pasteur, même lorsqu'il n’était pas un homme remarquable. Ma langue s’attachera à mon palais et je perdrai l'usage de ma main droite avant que je ne me permette de réparer ce que Dieu a uni.

Quand la tâche d’un ministre est terminée dans un endroit, je crois que le Seigneur le lui fait comprendre. Je ne me joindrai pas à vous, Monsieur, non, je ne me joindrai pas à vous dans le plan que vous me proposez.

De plus, si j’entends un autre mot de tout ceci de vos lèvres, je demanderai à mes frères d’agir avec vous, comme avec ceux qui sèment la division. Je donnerai tout ce que je possède pour réparer ce que je fis, il y a trente ans.

Arrêtez-vous où vous êtes et implorez la clémence de Dieu, si toutefois II veut pardonner votre mauvaise pensée.

Voulez-vous que nous priions maintenant?»

R. Tiding

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1939 - 08


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