Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIENS ET VOIS

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LE CRIMINEL ET LE SAVANT


Le récit pathétique que ce titre indique forme un chapitre du Livre «Le Christ chez les Sans-Dieu; un témoin sous la Croix» par C. Martens. L’auteur né, en Russie, a vécu personnellement tout ce qu’il raconte.

C'est l'histoire terrible de la persécution impitoyable déchaînée par les Soviets contre Dieu et ses témoins. Mais c'est aussi l’histoire des triomphes remportés par l’Évangile dans ce pays, souvent sur ses ennemis les plus acharnés.

Il est une période dont je me souviendrai toujours avec bonheur; c’est le temps que je passai dans la ville de P... avec le frère T... qui m'accompagnait! souvent dans mes voyages. Nous nous y étions rendus comme délégués du Comité Central Évangélique pour régler certains conflits. Quand ce fut terminé nous commençâmes à évangéliser la localité. Dès notre premier jour le travail fut abondamment béni.


Un soir où la Salle était particulièrement remplie, il y avait au premier rang le Directeur de l’École Réale. Il regardait les auditeurs d’un air assez dédaigneux. On voyait qu'il ne se sentait pas à son aise dans ce milieu, car l’auditoire était très mélangé: de simples paysans, des ouvriers, des communistes et quelques intellectuels.

Après l'allocution, on vit se lever un homme sale et répugnant qui avait pris place au fond de la Salle et avait écouté avec de grands yeux étonnés; iI s’écria:

«Regardez mon visage comme il est noir. Eh bien! mon cœur est plus noir encore! Pendant 18 ans, sous l'ancien régime, j’ai été au Bagne, en Sibérie. Depuis mon enfance, je suis un meurtrier et un voleur. Lorsque les Soviets vinrent au pouvoir, on me libéra;je revins au pays, je rentrai aussitôt dans le parti communiste et je reçus des pouvoirs étendus. Mettre les gens à mort était mon plaisir. Légalement et illégalement, j'ai fait périr plus de gens qu'il n’y en a dans cette Salle.»

Puis il se jeta à terre en pleurant. Je lui demandai s’il connaissait l'Évangile de Jésus-Christ.

«Non, dit-il, je ne l'ai jamais lu. C’est par hasard que je suis entré ici et que j’ai entendu parler de Jésus pour la première fois. Je regrette mon passé. Est-ce qu’un homme comme moi peut obtenir le pardon de ses péchés?»

Nous autres faibles humains, nous avons peine à admettre que des assassins pareils puissent obtenir le pardon et l'assurance de la Vie Éternelle. Cet homme avait tué nombre d'innocents et commis des forfaits épouvantables, irrémissibles.

Mais le Sauveur aime les grands pécheurs, et la Parole est bien vraie qui dit:


«Si vos péchés étaient rouges comme le cramoisi,

ils deviendront blancs comme la neige.»


Chez cet homme s’accomplit aussi le miracle de la nouvelle naissance. Il reçut la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence. Nous croyions assister à la guérison d'un démoniaque et son visage rayonnait quand il prit place à nouveau sur son banc. Tous les yeux étaient fixés sur lui. D’abord il trouvait trop grand l’honneur d’être assis au premier rang, il voulait rester accroupi à terre disant: «Je ne suis pas digne de m’asseoir au même rang que les autres gens.» Mais je l’invitai à prendre place.

Le Directeur de l’École Réale avait tout écouté et s'agitait sur un banc. Finalement, il se leva en colère, frappa du pied, fit claquer ses mains et s'écria: «Non! ce qu’il faut voir parmi cette foule d'imbéciles et d’ignorants! !» Et il sortit; sa femme resta dans la Salle.

Ce fut pour moi un soulagement de le voir partir, car il me dérangeait. Il n'avait cessé de me regarder fixement pendant toute mon allocution et semblait soupeser chacune de mes paroles.


Environ 1/4 d’heure après, il revint un mouchoir à la main; il s'épongeait continuellement le front ou perlait une sueur d'angoisse puis il s’avança lentement vers la Tribune.

Cher Monsieur, me dit-il, que faut-il donc que je fasse, moi?

Vous qui êtes un homme instruit, lui répondis-je, c’est vous qui devriez connaître le chemin du ciel.

Justement, c'est ce que je ne sais pas; je suis un athée et un blasphémateur, je ne me suis jamais soucié de l'Évangile.

Le chemin du salut est très simple. Reconnaissez et confessez vos péchés, humiliez-vous devant le Créateur du Ciel et de la Terre, comme l'a fait le criminel: Le sang de Christ nous purifie de tout péché. Il n’y a pas d’autre chemin.

Oui, dit-il, il vous est facile de parler ainsi. Vous me montrez le criminel, et vous pensez que moi un intellectuel, je n’ai pas un passé comparable au sien. C'est vrai, je suis un intellectuel; j’ai été 25 ans Professeur à l'Institut de Pétrograd et j’y ai occupé une haute situation.

À grand-peine j’ai réussi à me réfugier ici. Mais je dois dire et confesser que, 55 ans durant, j’ai blasphémé Dieu et pendant 25 ans, j’ai enseigné l’athéisme, ayant chaque année plus de 1.000 étudiants à mes cours.

Chaque année, je leur prouvais qu’il n’y a ni Créateur, ni Dieu, ni ciel, ni enfer. C’est épouvantable, car, depuis la Révolution, j’ai constaté que bon nombre de mes étudiants participent aux atrocités révolutionnaires.

Voilà le fruit de mon travail: j’ai commis plus de meurtres que le meurtrier que vous voyez ici.

J'ai empoisonné des âmes, j'ai engendré et élevé des meurtriers qui, maintenant accomplissent la besogne que je leur ai enseignée. Cet homme assassinait tout seul, moi j’assassine par de nombreux agents. Sa conversion met fin à sa vie passée; moi, je ne puis rien réparer. Même si Dieu me pardonne, mon œuvre démoralisatrice subsiste et continue à produire meurtre et terreur. Me voilà dans toute mon horreur. Pour des hommes comme moi, il n’y a pas de salut.

Accablé, il courba la tête; il avait les joues mouillées de larmes, il se cachait le visage dans les mains. Je lus dans l'Écriture les merveilleuses et inconcevables paroles d'invitation et d'amour aux perdus de ce monde. Alors il se releva et se tournant vers l’Assemblée, il dit.

- «C’est nous qui avons fait de la Russie ce qu’elle est actuellement.

C’est nous les responsables de sa grande détresse, nous autres blasphémateurs et athées.

Nous avons tué la conscience des hommes; ils ont révolutionné la Russie et maintenant ils y dominent de la façon la plus effroyable. Priez pour moi, je veux m’incliner devant Dieu et croire humblement qu'il peut nous exaucer.»


Bien des gens pleuraient, il n'était personne qui ne réfléchit à son propre passé. Nous eûmes une heure de prière inoubliable. Un grand nombre intercédèrent pour le vieux Professeur, lui-même se mit à prier disant:

«Ô Dieu, si tu existes, révèle-toi à moi. Si tu le peux accorde-moi la grâce de faire aujourd'hui l'expérience de ton salut et pardonne-moi mes péchés.»

Sa confession produisit une profonde impression sur chacun, la nuit n’aurait suffi à entendre les prières de tous ceux qui voulaient rompre avec leur vie passée. L’Esprit de Dieu se donnait libre carrière et convainquait les hommes de péché. C’était poignant d’entendre les témoignages et les actions de grâces des nouveaux convertis. Quand nous nous relevâmes, nous chantâmes le Cantique:

Rien, ô Jésus que ta grâce;

Rien que ton Sang précieux

Qui seul mes péchés efface

Ne me rend saint, juste, heureux.

Alors, le Directeur embrassa l'ancien criminel et ils pleurèrent longtemps de joie, comme s’ils étaient des frères qui se retrouvent après une longue séparation.

N'en est-il pas ainsi?

Ne sommes-nous pas, nous autres hommes, les enfants d’un même Père, divisés et séparés par le péché?

Quel miracle de voir les cœurs se retrouver frères en Jésus-Christ! Seul, l’Esprit de Dieu peut faire qu'un homme d’une haute culture et un criminel se reconnaissent enfants d’un même Père.

Le lendemain je fus invité à dîner chez le Directeur. C’était touchant de les voir, lui et sa femme; ils se tenaient par la main, et, heureux comme des enfants à Noël, ils ne cessaient de parler du salut qu’ils avaient trouvé.

Comme nous allions partir ensemble pour la réunion du soir, il me dit: — «Allez en avant, avec ma femme, j’ai encore quelque chose à régler.»

Pendant le chant du premier cantique, il entra avec toute sa classe, et s’assit au premier rang avec ses élèves. Sept de ceux-ci, jeunes gens et jeunes filles, trouvèrent ce soir-là la paix de Dieu.

C’était merveilleux: avec quel entrain le Directeur rendait son témoignage et amenait d’autres gens au Christ, comme s’il voulait réparer tout le mal qu’il avait commis au cours des années où il était éloigné de Dieu. Il avait parmi ses élèves un beau champ d’activité.

Pendant deux semaines, frère T... et moi, nous travaillâmes dans cette localité. Des adultères, des voleurs, des assassins trouvèrent le chemin qui mène au Christ:


RIEN N’EST IMPOSSIBLE À DIEU


(Notre Espérance, 15 décembre 1934)

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1939 - 05


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